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I believe in annoyed at first sight ♣ Asad

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I believe in annoyed at first sight ♣ Asad - Dim 2 Sep - 17:05



Les lustres épiçaient d’une poussière d’or la pièce resplendissante, répandant une atmosphère animée sur les convives lumineux. Des dîners gigantesques qu’Arcadia préparait, les galas de charité s’avéraient parmi les plus grandioses, comme une petite claque supplémentaire à la crasse que l’on pouvait trouver pourtant dans les recoins de la ville. Il y avait dans l’air un savant mélange d’intimité et de mondain, des noms connus, de l’argent, des corps et des langues déliées et graciles sous la main des plus offrants. C’était là l’essentiel. Les conversations allaient bon train, des fiançailles prochaines du fils du maire, à celles d’un Trianon récemment en travaux, des nouvelles tenues de cette actrice en vogue en passant par les collections plus snobs venant d’Italie, des maîtresses collectionnées par certains pontifes jusqu’aux critiques voilées des mafias environnantes, Catalina évoluait dans un chuintement espiègle entre les invités, le bout du nez sempiternellement fouineur doublé d'un sourire qui se voulait étincelant, peut-être  plus qu’à l’ordinaire.

Sertie d’une robe courte d'un rouge vif, Catalina apporta joyeusement son verre à ses lèvres, prête à en découdre avec un ballet d’un nouveau genre. Tout se déroulait comme prévue, la symphonie mousseuse sous des pas mainte fois rêvés. Il avait fallu faire de grands yeux de Bambi égarée pour obtenir de son père la promesse non négligeable d’être bien installée durant ce repas rébarbatif où les bracelets d’or côtoyaient les rires écarlates. Elle avait montré un intérêt tout particulier pour le mannequin fétiche des podiums, Asad Belhaj en feignant un besoin de renouveau quand à son entourage. « J’ai tant de questions sur le monde de la mode, s’il te plaiiiiit, solo por esta vez* » avait-elle assénée durant quelques soirées à la manière d’une puce opiniâtre, utilisant la langue paternelle à des fins toute émotives. Sa mère avait eu beau claquer la langue sur un palais nerveux en guise de désapprobation, voyant tout à fait clair dans le jeu de sa fille, le père avait gentiment cédé, persuadé que Catalina, en petite étoile prometteuse, considérait ici uniquement de nouvelles options de carrière à rajouter sur son emploi du temps. As if. Il n’y avait bien que son papounet pour croire un seul instant que Catalina pouvait prétendre une seule seconde à cet univers fait de jambes trop longues et de flashs étourdissants.

Ses parents du reste, aussi merveilleux étaient-ils, avaient toujours eu du mal à comprendre combien la danse pouvait consumer de l’intérieur, elle ne laissait aucun espace possible pour d’autres activités, la mâchoire imposante se refermant dans un claquement parfois sinistre sur des corps trop graciles et trop jeunes pour réellement savoir se débattre. On entrait dans cette discipline comme on entrait en église, l’âme pieuse et les bras tendus en offrandes et en sacrifices, le sang s’écoulant des pieds et la douleur au creux des paumes comme une mise en croix assommante. Le prix pourtant était mince par rapport à l’ivresse ressentie d’une nouvelle Pâque merveilleuse, la gravité soudain défiée dans une calypso ample, le sourire téméraire dans un entrechat aérien. Danser c’était faire un avec les étoiles, les constellations glissant sur les mouvements gracieux des bras et des mains, les supernovas accrochées aux boucles des cheveux rebondissants sous les casques de plumes et de soie et les comètes au bout des pointes, filantes à souhait dans de rapides courbes moelleuses.

« Mesdames, messieurs, le dîner va être servi. » Catalina eut un petit coucou de la main vers ses parents. Eux-mêmes avaient œuvré pour ne pas perdre de temps - ou d’influence – durant cette soirée. Ils s’étaient placés stratégiquement l’un à une table de financiers, l’autre auprès d’un juge à l’aura ténébreuse. Chacun ses batailles, et si la brunette encouragea silencieusement les siens, son regard se tourna irrémédiablement vers celui dont la lumière diffuse vous accaparait instantanément.

Voir Asad, c’était se retrouver comme un chaton devant un reflet doré unique contre le mur. Catalina ne savait pas encore que la notion de béton n’était en effet pas bien éloigné de la réalité et se contenta donc de faire un sourire plein de confiserie cachée à son voisin de table. Saluant les autres convives présents de quelques mots rapides, la sud-américaine ramena une boucle de ses cheveux derrière l’oreille. « Catalina Valente. Monsieur Belhaj, j’ai entendu dire que c’était vous qui alliez présenter le dernier chèque de la soirée, c’est vrai ? » Le secret lui permettait de se pencher légèrement vers le mannequin phare d’Arcadia. Oh! Il était encore plus beau en vrai que sur le papier glacé et elle en trépigna presque sous la table. Les traits dessinés comme sur un programme de Photoshop, la peau divinement calcinée par un soleil velours aux yeux tout amoureux et un regard brun où des paillettes d’or semblaient se miroiter selon les angles. Son seul défaut - même s’il n’en était pas un – était de vraisemblablement avoir décidé de faire une compétition avec les tours du quartier. Heureusement, ils étaient assis et par la même, la différence s’avérait moins drastique à vivre. Elle trouverait une solution en temps et en heure à ce fâcheux problème d’esthétisme et, encore une fois, sa taille posait des barrières là où elle aurait dû être parfaitement souveraine. « Vous ne pouvez peut-être rien dire… c'est terrible ce désir de secret dans ce genre de soirée. Vous risquez d'exploser si vous ne dites rien. Oh évidemment beaucoup serait ravis d'avoir des petits bouts d'Asad Belhaj. C'était un compliment, mais enfin on ne devrait pas parler de ce genre de choses avant un repas, ce n'est pas bien joli. Vous pouvez dire quelque chose ? Non ? Mmmm.... » Elle eut une moue calculée doublé d’un battement de cils. « Je sais, si je devine l’ingrédient de notre première entrée, vous me dites tout à l’oreille. Je sais garder un secret. » Oh le pieux mensonge confit d’un sourire satisfait. Elle se permit de boire un peu d’eau en jouant de la pointe de son talon. Elle allait l’avoir tout plein et sincèrement, il fera tellement son effet sur son instagram, ce sera divin!


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*seulement pour cette fois.
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I believe in annoyed at first sight ♣ Asad - Dim 9 Sep - 19:08



Cela fait à peine une heure qu’Asad honore les convives de sa présence et on aurait légitimement pu attendre de lui qu’il en ait déjà assez des interminables poignées de main, des bises savamment exécutées qui livrent tout nez trop sensible aux plus capiteux et improbables parfums, des foutaises prétendument polies échangées sur un mode tout appris enfin ; mais il n’en est rien : la boue chamarrée des mondanités reste après tout son univers et c’est avec une allégresse mesurée, mêlée bien sûr d’une abnégation affectée, qu’il se roule dedans sans manifester le moindre signe d’impatience. Il aime à se dire qu’il est devenu terriblement endurant à ces conneries à force d’y patauger et que son image rendra en fin de compte le gala moins pénible aux invités les plus introvertis – si.

Il sait sourire – la bouche fermée, les yeux secs –, murmurer une parole affable, faire semblant de s’intéresser à quelque apparition ou événement dont il se contrefout et ne pas contrarier par une poigne trop imposante les serrements de main avec lesquels certains hommes – voire femmes – s’emploient à lui broyer les doigts – à mesure, semble-t-il, des centimètres qui leur manquent de toute évidence sous la ceinture. Il ne refuse jamais de prendre un selfie, parce qu’il a sur le dos un tailleur Carelli, généreusement offert par la maison en échange d’une promotion assidue, et qu’il met un point d’honneur à diffuser son image partout, qu’il ait à ses côtés une pin-up ou un lama.

Du reste, il lui paraît absolument nécessaire de rentabiliser un tel événement. Les galas de charité – notion dont le nom Belhaj est la plus parfaite antinomie – ont toujours eu de quoi donner de sévères palpitations à son cœur de rapiat. Aussi est-il avant tout là pour soigner sa réputation, consolider son réseau de contacts et, accessoirement, parce qu’il ne s’entend pas trop mal avec l’un des membres organisateurs et qu’il est toujours bon de rendre son prochain redevable, quand bien même les gens vraiment solvables, humainement comme financièrement, restent finalement assez rares – il aurait bien ajouté qu’il y a toujours moyen de s’arranger, mais il n’a jamais cherché à arranger qui que ce soit. Il s’agit enfin de se montrer hermétique à la vomissure de bons sentiments qui graisse chaque geste et chaque parole et, par bonheur, ne pas se sentir concerné est l’un des sports dans lesquels il excelle le plus.

Au fond, ce genre de festivités rappelle surtout à quel point les gens – y compris lui – s’emmerdent au quotidien : il y a bien quelques causes nobles représentées ces soirs-là, comme la promotion de la recherche pour mieux soigner des maladies infantiles rares, mais celles-ci sont généralement perdues entre d’autres dont l’intérêt est beaucoup plus discutable. Il est par exemple fort probable que le comité de sélection ait eu à opposer un refus à plusieurs participants désireux de financer leur propre mariage – qu’ils ont sans doute présenté comme une cause d’utilité publique – et Asad ne doute absolument pas que de nombreuses personnes, ne sachant quoi faire des milliers voire millions de dollars qu’elles ont en trop, seraient en réalité tout à fait disposées à investir dans l’accroissement des moyens accordés à la lutte contre la phobie des fougères, à œuvrer en faveur de la protection des réverbères souvent lésés par les piétons ou chauffeurs irrespectueux, à reconnaître le danger universel que représentent les cacahuètes, celles-ci figurant après tout – « On l’oublie trop souvent, Barnabé ! » – parmi les composants de la dynamite, et même, pourquoi pas, à changer le nom du type apparaissant sur les paquets de Pringles, Julius étant désormais jugé trop daté – bon, là, il s’agit peut-être d’une blague pensée par Vito et lui, cependant nul ici n’a besoin de le savoir, n’est-ce pas.

Mais enfin, ces mesdames et messieurs sont servis, il était temps, plaisantent les plus téméraires qui ne craignent pas de passer pour des morfals, suivis d’un sourire grimaçant par ceux qui n’auraient jamais osé toucher au buffet en premier. Asad prend place, se réjouit vaguement d’avoir deux voisines de table qui, à défaut de lui tenir chaud d’un simple regard ou d’un épanouissement de décolleté, ne lui donneront pas envie de vomir le contenu de son assiette. Celle de gauche semble posséder la qualité suprême d’avoir appris l’art de se taire, tandis que celle de droite a déjà produit avec ses tours de langue l’énergie de tout un champ de moulins. Qui diable l’a donc placé à côté d’une telle plaie ? songe-t-il sans que l’opacité courtoise de son regard ne varie. Il n’a pas remarqué les saluts qu’elle a adressés à ses fortunés parents, aussi ne la rabroue-t-il pas tout de suite : peut-être a-t-il affaire à quelqu’un d’important. Son nom lui dit quelque chose, d’ailleurs, sa physionomie de petite souris aussi, néanmoins un bref examen ne lui apprend rien de plus : il lui aurait été difficile de reconnaître une danseuse, avant tout exhibée à travers la souplesse de son corps ; or celle-ci, il en est presque sûr, ne lui a fait aucune démonstration privée par le passé – quel âge a-t-elle, d'ailleurs ? quatorze ans tout au plus ?

Et puis, pense-t-elle éponger le miel de son sourire en babillant autant ? Asad est on-ne-peut-plus familier de ce genre de bouche sucrée, qu’on imagine aussi bien tartinée de rouge à lèvres que de sang. Méfiant comme seul peut l’être un avare, il lui retourne un sourire de circonstance et se défend déjà, par là même, de la curiosité qu’elle manifeste à son égard. Il considère avec une réserve encore aimable la proximité qu’elle crée l’air de rien, ne cherche pas à se dérober, pour le moment, à son flot intarissable de paroles, résiste encore un peu à ses réflexes ordinaires – ceux qui l’auraient poussé à lui répondre du tac au tac qu’elle-même semble se sentir dans l’obligation de parler pour ne pas exploser et qu’il risque d’être difficile pour lui d’en placer une si elle s’obstine à lui agacer les oreilles avec sa logorrhée. Il ne doit l’alourdissement de ses paupières qu’au tour sordide que prennent tout à coup ses paroles – mais il lui pardonne aussitôt sa faute de goût, en ce qu’elle flatte, ne serait-ce qu’un peu, son intraitable vanité.

Ses oreilles sont déjà épuisées. « On ne vous a jamais dit que la capacité à garder un secret est précisément le premier secret qu’il faut savoir garder ? » rétorque-t-il avec un début de raillerie dans la voix. « Gardez donc vos devinettes : je vais vous le dire, moi, à quelle cause va bénéficier le dernier chèque de la soirée. » Il marque une pause, dramatise ostensiblement le silence qui s’érige en rempart insolent entre sa curiosité et la révélation tant attendue, et a même le vice de réduire un peu plus la distance qui les sépare. Il finit par déclarer, d’un ton à la fois docte et dédaigneux : « À l’ablation des langues trop bien pendues. » Il ignore pourquoi son premier réflexe est de reculer son pied sous sa chaise – vraiment, il l’ignore. « Plus sérieusement : combien payez-vous pour une telle information ? » De toute évidence, il est très sérieux. « Je vous conseille par ailleurs de garder le contenu de votre verre d’eau pour l’homme qui s’obstine à reluquer votre décolleté pourtant inexistant. » Pendant une seconde, alors qu’il désigne l’homme en question installé en face d’eux, son sourire paraît très sincère, dénué de toute causticité : selon toute apparence, il voit avant tout le service qu’il lui rend très généreusement en attirant son attention sur quelque pervers, et non la remarque désobligeante qui s’est sournoisement glissée dans sa conversation.

Bon, elle est peut-être un peu plate, se dit-il, mais elle a le plus joli nez du monde – ce qu’il se garde bien de lui faire remarquer. Il faut absolument qu’elle se taise. « J’aurais bien aimé pouvoir prétendre que votre visage me dit quelque chose, mais… » Il s’interrompt en se composant – très mal – un air contrit. C’est une façon plus ou moins civilisée de dire : « On s’est déjà rencontré quelque part, non ? »



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I believe in annoyed at first sight ♣ Asad - Dim 9 Sep - 22:54



Vraiment, il était absolument divin à regarder. Le profil droit, la peau délicieusement cannelle, des cheveux dignes d’une publicité pour des shampoings au slogan aussi irritant qu’addictif. C’était presque pénible cette lumière diffuse et captivante vous chatouillant l’œil à la manière d’un doudou soyeux. Catalina réprima un petit rire de joie à sa manœuvre réussie: il avait à peine regardé son autre voisine. Tant mieux ! De toute façon, elle était sure d’elle de son entreprise, le verbe léger et le désir étincelant dans son envie de l’accaparer tout le long du repas. « On ne vous a jamais dit que la capacité à garder un secret est précisément le premier secret qu’il faut savoir garder ? » Elle leva les yeux au ciel, le rire vibrant de façon agréable entre ses lèvres. En voilà une plaisanterie douteuse ! « Balivernes. Les secrets c’est fait pour être chuchoté uniquement. » Il allait comprendre, oui? Rho! L’invitation perla au bout des cils gantés d’un mascara sombre, le soupir presque innocent en écho souterrain. Elle était si faible avec les beaux garçons. Franchement ce n’était pas sa faute, c’était au-delà de ses capacités de ne pas faire sa coquette en leurs présences quand bien même les jeux ne restaient souvent qu’à la surface. « Vous avez lu ça où ? » C’était une phrase de cookie chinois faillit-elle lui dire, une phrase pleine de sagesse et de vertu assurément, deux choses qui étaient absolument absente du monde dans lequel ils vivaient tous. « Gardez donc vos devinettes : je vais vous le dire, moi, à quelle cause va bénéficier le dernier chèque de la soirée. » Ah enfin, il allait glisser un peu de miel contre elle. Elle en frissonnait d'avance toute prête à l'entendre au creux de son oreille. « Oui ? » Commença-t-elle dans un sourire qui se voulait taquin avant qu’il ne la coupe, la mine nébuleuse, l’œil noir en guise de tranchant suave. « À l’ablation des langues trop bien pendues. » Oh. Non seulement les mots n'étaient pas ceux qu'elle espérait mais le ton employé était proprement scandaleux. Elle recula bien embêtée et les sourcils légèrement froncés. Il aurait dû se pencher et chuchoter ! Il n’avait jamais joué aux jeux portables mettant en scène des faux petits-amis ? C’était quelque chose qui aurait dû être obligatoire pour les hommes de son genre, histoire de coller un peu mieux à la fantaisie désirée. L'éducation dans ce monde laissait vraiment à désirer...

Asad eut un excellent réflexe en éloignant sa jambe, le pied de Catalina fusant sous l’espace de la table d’un coup sec, le vide comme seul récipient dramatique. « La mienne est très jolie, merci bien. » Et de la lui montrer en la lui tirant dans un mouvement de pimbêche synchronisé avant de reprendre la grâce présumée qu'on attendait d'elle. Ah.

Et bien. Elle ne l’avait pas séduit d’un iota, ce qui était ridicule puisque les mannequins hommes – contrairement aux féminins – avaient comme caractéristique première d’être hautement stupides. Tout leur tombait dans le bec avec une aisance insolente, congelant leurs neurones dans une atmosphère digne d'un bocal de confiture aux fraises, là où leurs pendants féminins devaient se montrer prudentes et endurantes devant les manières de requins environnants.

C'était bien sa veine d'être tombée sur quelqu'un de plus futé que la moyenne.

Une moue de mécontentement s’imprima sur les traits de la ballerine et elle lui jeta un regard noir. « Vous êtes jaloux ? Qu’il me regarde-moi et pas vous ? » Elle pencha son visage en jaugeant son voisin de table, une petite lueur intriguée dans la pupille. « Mmmm alors comme ça, vous êtes du genre jaloux. Et vicieux en plus. C’est terrible. Ça fait quand même deux grands défauts. C’est pour contrebalancer votre figure ? Il faudrait en rajouter un troisième alors. De défaut je veux dire. » Elle se trouva très mignonne avec ce compliment et fronça son nez chatouillé déjà par l'odeur imparable des délices à venir, elle en était certaine. Il allait l'adorer n’est-ce pas ? C’était un peu comme maître corbeau avec son fromage et elle faisait un renard tout à fait convaincant. « Ou alors, il vous plait ? » L’ennui fut palpable durant quelques secondes à cette pensée soudaine, le temps de tapoter d’un doigt aux ongles vernis des lèvres pensives et de se pencher pour chuchoter contre l'épaule de l'Adonis. « Si c’est ça, c’est une très mauvaise idée. On dit qu'il trempe dans des affaires très très louches. » Et de mimer le mot "calavera" du bout des lèvres, ce qu'il faut d'effroi dans l'arrondie de ses sourcils.

Faux ou tout du moins, elle n'en avait aucune idée mais ce n'était pas très important, si? Les questions existentielles peu encline à la perturber, la brunette s'empressa d'y mettre un terme et ne put s’empêcher plutôt de rayonner en voyant les manières impeccables d’Asad. Tom Ford avait raison : l’habit faisait définitivement le moine. Elle aurait certes apprécié de le voir sans chemise aussi mais n’avait rien contre les traditionnels compliments et flirts que l’on se devait d’avoir dans ce genre de circonstance. « Ah, je suis Catalina Valente. Première danseuse au Ballet de la région. Enfin, ballerine. Je sais que la hiérarchie en danse vous perd de façon générale. Vous êtes déjà venu une fois faire un photoshoot à l’Opéra. » Héhé, il s’était rappelé d’elle.

Pfff, évidemment.


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I believe in annoyed at first sight ♣ Asad - Dim 23 Sep - 21:23




Asad n’a d’autre choix que de considérer plus longuement sa voisine de table : c’est qu’elle est bel et bien en train de lui faire du rentre-dedans, n’est-ce pas ? Vu de loin, le tableau serait assurément charmant – lui, s’inclinant vers elle pour lui chuchoter suavement à l’oreille ; la photographie aurait été du plus bel effet, mais il est absolument inenvisageable pour lui de correspondre de près ou de loin à ses représentations de midinette. Il sait que les femmes ont leurs lubies : caresse-moi les cheveux pendant une heure, minaudent certaines avec aplomb, ce à quoi il est bien obligé de répondre qu’il n’a jamais aimé se graisser les doigts ; d’autres encore roucoulent quelque chose comme chuchote-moi des niaiseries ou des cochonneries à l’oreille ; celle-ci veut des secrets, se sentir le privilège d’être mise dans la confidence, soit ; lui a trop souvent pour maître un farouche esprit de contradiction. Aussi lui répond-il sans ménagement quand elle s’enquiert de la provenance de sa très intelligente réflexion : « Je l’ai lu sur le bout de votre museau de fouine. »

Il se fait aussitôt la réflexion qu’il n’aurait pas dû se faire une telle récréation de sa contrariété, rendue évidente par le froncement de ses sourcils et son mouvement de recul – l’aurait-il chassée d’une chiquenaude sur le nez qu’elle n’aurait sans doute pas réagi autrement. Ce n’est pas qu’il est toujours amusant de frustrer son prochain, n’est-ce pas, c’est qu’il est déjà amusant de la frustrer, elle, et en un sens, il est conscient que cela représente paradoxalement une forme de victoire pour la jeune femme – qui, selon toute apparence, se serait bien plus piquée de son indifférence. La complaisance qu’il estime se devoir à lui-même interrompt brusquement son analyse, cependant : il a perçu le mouvement vindicatif de sa jambe et se félicite très fort, intérieurement, d’avoir soustrait son pied à de si désagréables représailles. Une vraie chipie, se dit-il en haussant les sourcils face à la puérilité de sa réaction, comme on n’en voit plus que dans les cours des écoles élémentaires – il en aurait presque ri, s’il ne s’était pas opiniâtrement refusé à lui céder du terrain. Il s’efforce de ne formuler aucun commentaire à ce sujet – non, elle n’a pas une jolie petite langue adorablement rose – et de ne pas se laisser surprendre par la contenance qu’elle parvient aussitôt à récupérer, à la manière d’une poupée de boîte à musique bien accordée, préférant toiser sa bouche avec beaucoup de jugement au fond des yeux : « Allons bon, j’ignorais que le thème de la soirée serait filé jusqu’au bout et que j’allais devoir pousser la charité jusqu’à faire garderie. »

Toutefois elle n’a pas terminé de le surprendre. Sa moue et l’orage de son regard, qui signifient assez bien à quel point elle est contrariée, lui laissent tout présager, du miaulement plaintif au silence réprobateur, de l’insulte de pimbêche à la pique plus subtile et passive-agressive d’une princesse de cour de récréation ; mais certainement pas ce qu’il a bientôt le malheur d’entendre. Il a un écarquillement d’yeux d’abord, le temps d’intégrer l’énormité qu’elle vient de proférer : lui, jaloux de ne pas être l’objet de la convoitise d’un homme libidineux, et par extension le centre de toutes les attentions ? Dans l’absolu, elle n’a que trop raison ; pourtant sa supposition lui paraît si inattendue et hors de propos qu’il ne parvient pas, cette fois-ci, à réprimer l’éclat de rire qu’elle lui inspire. Son regard oscille déjà entre l’amusement sincère et le sarcasme. Cependant il n’a pas le loisir de persiffler : elle récidive avec plus d’audace encore en flattant sa vanité par un compliment qui n’aurait pu être plus joliment tourné – il doit bien l’admettre, au fond, tout au fond de lui. C’est inadmissible. Conscient de lui avoir déjà trop montré l’efficacité de ses minauderies, il se morigène, s’applique à retrouver sa contenance en se composant un regard sévère, insensible au froncement de nez qu’elle ne cesse de lui opposer. Soit, il ne peut lui ôter son aptitude à la flatterie ; néanmoins ce n’est pas pour autant qu’elle parviendra à refermer ses quenottes sur lui – autrement dit : sur son compte en banque.

Cependant, la résolution qu’il prend de l’ignorer est mise à mal sitôt qu’elle lui prête un goût improbable pour le pervers qui leur fait face. Ses paupières s’appesantissent d’exaspération : « Vous m’avez bien regardé… ? » Il ne sait ce qui le stupéfie le plus, du reste : qu’elle puisse lui supposer un tel penchant, qu’elle en conçoive un véritable ennui… ou qu’elle en fasse le prétexte de commérages auxquels il ne souhaite surtout pas être mêlé. Les organisations criminelles qui gangrènent la ville forment à ses yeux un monde totalement étranger, sale et de très mauvais goût, dans les miasmes duquel il ne veut absolument pas s’enfoncer. Lui, qui ne s’y est jamais intéressé, s’étonne de ce qu’une si jeune femme évoque un tel secret de Polichinelle lors d’un gala de charité. « Et comment savez-vous une chose pareille, mademoiselle Volante ? » s’enquiert-il en haussant un sourcil suspicieux. Le service de l’entrée – une daurade royale ensoleillée à la tapenade sur son lit de tagliatelles de courgettes – le distrait un instant de sa voisine, et c’est en reportant son attention sur elle, tandis qu’elle éclaire les circonstances de leur première rencontre, qu’il se la remémore enfin : « Ah ! s’écrie-t-il. Oui, ça me revient, maintenant. J’ai eu du mal à vous remettre pour commencer, mais je crois que j’y serais parvenu tout de suite si je vous avais vue sautiller comme vous l’avez fait la dernière fois pour dépasser les épaules des autres personnes présentes ce jour-là. » Il se compose un petit sourire prétentieux. « C’est une merveilleuse chose que le milieu de la danse classique ne soit pas trop discriminatoire de ce point de vue-là. » Voilà, se félicite-t-il, il a parfaitement su déployer des trésors de condescendance : elle va le trouver terriblement con, faussement bien-pensant, songer qu’il se permet d’ouvrir sa grande gueule alors qu’il n’y connaît strictement rien, et lui lâcher la grappe pour de bon. Il en rajoute cependant, afin d’être tout à fait sûr de son coup : « Pourquoi une ballerine se trouve-t-elle à la table d’un gala de charité ? Vous avez le droit de manger ou vous comptez faire semblant ? » Maintenant que tout le monde est servi, et avant que les fourchettes n’éventrent la daurade, le comité d’organisation leur adresse un adorable petit discours auquel il feint de s’intéresser – pour mieux manifester la charmante indifférence dont il prétend refroidir sa voisine.


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I believe in annoyed at first sight ♣ Asad - Mer 26 Sep - 23:56



Il était redoutable, plus que ce qu’elle n’escomptait. Pour une fille qui avait toujours su ce qu'elle pensait vouloir mais qui ne l’obtenait jamais que par des moyens tortueux, Catalina n’avait aucune idée de la façon de gérer ce type de résistance poudreuse qui ne faisait qu’attiser plus encore le regard, et par là même, les désirs éclopés qui allaient avec. « Allons bon, j’ignorais que le thème de la soirée serait filé jusqu’au bout et que j’allais devoir pousser la charité jusqu’à faire garderie. » Elle fonça les sourcils tant elle avait horreur de ça, cette condescendance trop pratique dû à son âge et à sa taille. Elle se serait voulue plus longue et moins sujette surtout à la sensibilité agacée que des remarques de ce genre pouvaient attiser. D’un point de vue théorique, tout le monde trouvait toujours l’idée d’être courte sur patte des plus adorables, digne d'un manga vraiment. On vous lançait alors avec grande conviction et étoiles dans les yeux combien vous étiez mignonne et chouquette. Tout un tas de termes infantilisant qui démontrait bien assez les limites des compliments qui accompagnait ce type de sourire. Elle les balayait d’ordinaire d’une saillie sarcastique et d'un coup de pied bien placé mais c'était ici impossible: non seulement ses réparties à lui étaient encore plus cinglantes mais il avait eu le réflexe étonnant d'éloigner ses jambes. Humpf.

Asad ne souriait pas entièrement, le profil coulé dans le marbre, peu enclin à cacher son déplaisir sur le moment. Elle fit ce qu’il y avait à faire alors, la provocation souple sous une surprise guindée. Battre des cils était toujours à double tranchant, le mascara pointu sous un regard chocolat. « Vous m’avez bien regardé… ? » Elle réprima un petit rire boudeur. Bien sûr qu’elle l’avait bien regardé, c’était même ce à quoi il servait principalement: à être regardé. Touché aussi peut-être. Son regard caressa rapidement la gorge ocre sertie d’une chemise à la mode. Il était terriblement scandaleux à sa manière et elle en conçu un petit soupir charmé sous cape. « Je sais tout. » Répliqua-t-elle à sa question, fondant un peu plus sous le regard inquisiteur. Il était beau et intelligent. Mauvais combo. Les manières de cochon qu’elle devinait dorénavant sous le noir de ses gestes rajoutait une dimension triplement décourageante. Mauvais garçon hein. Elle n’avait aucun goût pour ce genre normalement et avait trop longtemps constaté les terribles effets des supposés « sentiments » chez ses camarades pour se prêter à ce genre de jeux nauséeux avec des hommes qui ne l’idolâtraient pas un minimum.

C’était dommage parce qu’il était si terriblement charmant à regarder…

« Ah ! Oui, ça me revient, maintenant. J’ai eu du mal à vous remettre pour commencer, mais je crois que j’y serais parvenu tout de suite si je vous avais vue sautiller comme vous l’avez fait la dernière fois pour dépasser les épaules des autres personnes présentes ce jour-là. C’est une merveilleuse chose que le milieu de la danse classique ne soit pas trop discriminatoire de ce point de vue-là. »

… si profondément irritant plutôt.

Catalina abaissa dangereusement ses paupières pour ne pas se laisser aveugler par une colère toute intrépide, les doigts se recroquevillant pour ne pas céder au désir subit de lui planter sa fourchette dans la cuisse. Il avait simultanément réussi à l’insulter sur son âge puis sur sa taille. « D’ordinaire j’ai mes talons, mais en danse nous sommes sur pointes. » Répondit-elle embarrassée, le teint coloré se tournant vers le discours entamé dans une moue vexée. Il n’avait pas totalement tort du reste, les ballerines se devaient d’entrer dans une zone de taille plutôt similaire, l’harmonie visuelle importante lors des chorégraphies en groupe. Il lui arrivait d’être mise à l’écart de par ce fait et la brunette se voyait obligé à travailler plus intensément ses sauts afin de ne pas ralentir la troupe. Malgré tout, l’insécurité sur le sujet s’avérait latente et elle ne devait qu’à son mauvais caractère naturel de ne pas en être trop affectée trop négativement. « Nigaud… » Souffla-t-elle mécontente et emplie de mauvaise foi.
Il fallait admettre qu’il y avait mis, qui plus est, une intonation suave qui rendait la remarque presque irrésistible sous l’ironie mordante, l’écueil intense de l’or qu’il dégageait se déposant en poussière invisible sur le minois hautain de la sud-américaine.

Voilà une guerre qu’elle n’aurait pas cru avoir à mener ce soir.

Il était plus âgé et ses épaules s'avérait bien plus larges mais l’idée n’était-elle pas de se confronter à ce qui était ardue après tout ? Les pensées frétillèrent, s'armant pour le champ de bataille.
La légèreté imprégna d’un sourire mutin le bout de ses lèvres lorsqu’elle ramena son attention vers le visage solaire et stoïque du mannequin. « Je ne vois aucun inconvénient à ce que nous partagions nos astuces. Bien au contraire, je serais ravie de partager avec vous ce genre de petits secrets monsieur Belhaj. Je devrais dire Asad, non ? C'est un peu plus chaleureux. Vous devez faire attention dans votre milieu aussi à votre tour de taille, non ? » Les yeux se parèrent d’une malice sournoise et elle attrapa la poivrière sans le lâcher du regard, dévissant la coque dans un entrain des plus suspicieux. « Par exemple, mettre du poivre ou du piment en quantité appréciable permet de couper la faim. » Et de saupoudrer la belle daurade trônant fièrement dans l’assiette de son voisin, les joues roses de délice. « C’est à cause de la capsaïcine, elle diminue la sensation de faim et brûle les graisses. C’est ce qui donne aussi ce gout piquant, c’est chouette non, ce double emploi ? Ça pique et ça agit sur le métabolisme un peu comme les barbes de quelques jours sur la peau. » Catalina reposa la poivrière une fois la daurade généreusement recouverte. « C’est imparable. Bon appétit » Elle pouvait commencer son repas dans la joie et la bonne humeur maintenant. « Mmm délicieux. »


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I believe in annoyed at first sight ♣ Asad - Sam 6 Oct - 17:07



Bien qu’il ait feint de se tourner entièrement vers le comité d’organisation, le poids de son regard ne lui échappe pas – c’est une caresse intangible, très reconnaissable, qu’il est maintenant habitué à percevoir comme à ignorer et dont il ne se lasse curieusement pas. La longueur ridicule de ses cils rend du reste très perceptible le moindre mouvement de ses paupières ; nul besoin de la regarder pour saisir du coin de l’œil qu’elles viennent de papillonner et qu’elles s’abaissent à présent dans un aveu tout cousu de dépit. Asad n’éprouve pas la plus petite espèce d’empathie mais il n’est pas difficile pour lui de deviner à quel point la jeune fille fulmine à cet instant, et il s’en félicite. La réponse qu’elle bredouille s’apparente plus à une justification maladroite qu’à une répartie bien sentie destinée à lui rabattre le caquet. Il en aurait presque été gêné pour elle, si seulement sa capacité à compatir n’avait pas été si atrophiée. Il a la magnanimité – oui. – de ne rien répondre, de la laisser se détourner pour s’intéresser, comme lui, au discours du comité – autrement dit, il se prive du plaisir suprême de la voir rougir d’embarras.

L’injure qu’elle lui adresse dans un murmure boudeur ne suffit pas non plus à lui délier la langue, mais le sourire qu’il esquisse alors n’aurait pu tromper personne, de même que l’air infiniment fat qui lisse insolemment les traits de son visage. Victorieux déjà, il s’attend à ce qu’elle abandonne l’envie de lui tenir compagnie, à ce qu’elle ne se tourne plus vers lui pour l’assommer de ses babillages ; cependant il n’a pas le loisir de se reprocher sa propre naïveté : à mille lieues de s’avouer vaincue, la ballerine revient à la charge, aussi opiniâtre que le bout de son nez n’est effronté – et ce qu’il n’aurait jamais admis alors, c’est que le contraire l’aurait sans doute un peu déçu.

Il est bien obligé de poser à nouveau les yeux sur elle, sur son sourire trop espiègle qui n’augure décidément rien de bon. Partager ses astuces ? Il n’a jamais rien prétendu ni recherché de tel. « Monsieur Belhaj, c’est très bien. » rectifie-t-il très cavalièrement, l’air de dire qu’il n’en est pas encore à se soucier de se montrer plus chaleureux avec elle. Il s’efforce de ne pas tomber dans le piège de ses vilaines interrogations – son tour de taille est son gagne-pain, après tout –, trop occupé à surveiller le moindre de ses faits et gestes. Pourquoi s’empare-t-elle de la poivrière, tout à coup ? Il a un petit mouvement de recul, comme pour anticiper un éventuel jeter de poivre à la figure, mais elle se montre plus perfide encore : elle s’attaque sans la moindre honte à sa daurade.

Asad a appris à rester maître de lui et à ne pas provoquer d’esclandre – ou pour le dire autrement : à remettre toute vengeance à plus tard. Aussi ne cherche-t-il pas à écarter le bras de sa voisine, se contente de la regarder faire, stoïquement, de contempler sans un mot la fierté qu’elle semble tirer de son geste et l’incarnat qui lui colore insensiblement les joues. Il aurait pu lui rétorquer qu’elle seule pique bien assez sans qu’il ne soit nécessaire d’y ajouter du poivre, mais cela lui aurait sans doute fait trop plaisir, n’est-ce pas. La note sensuelle qui ponctue sa remarque lui arrache un claquement de langue et, sans même y songer, il se passe une main pensive sur la mâchoire. « Bon appétit. » retourne-t-il laconiquement, ne pouvant se résoudre à la priver du contenu de son assiette en feignant, par exemple, de renverser son verre dessus. Il a vraiment horreur du gâchis. Cependant il sait déjà quoi faire pour qu’elle rougisse de honte une deuxième fois.

L’air tranquille, comme étranger à l’agacement qu’elle lui inspire pourtant bel et bien, Asad intercepte le regard d’un des serveurs qui semble n’avoir rien manqué de la scène et lui fait signe poliment. Il suffit d’une seconde pour que celui-ci parvienne à sa hauteur. Asad se compose un sourire tout fait de miel tandis qu’il explique posément la situation, regardant tour à tour le serveur et la ballerine : « Ma voisine n’est pas très au fait des usages de la table et s’est montrée un peu trop généreuse sur le poivre après avoir sous-estimé votre propre assaisonnement. Pardonnez-lui sa maladresse – et le gâchis qu’elle a ainsi occasionné. » Le serveur, sans se permettre d’adresser le moindre jugement à l’attention de la danseuse – mais n’en pensant peut-être pas moins –, hoche la tête et s’emploie aussitôt à débarrasser son invité. En vérité, le bon sens aurait voulu qu’Asad ôte simplement la peau de la daurade ; mais dans ce milieu, il n’y a pas de bon sens qui tienne et l’invité de marque n’a pas à se mettre en peine de quoi que ce soit. Il reste par ailleurs toujours des assiettes – soit que certains convives se soient décommandés à la dernière minute, soit qu’il ait fallu en prévoir d’autres, pour ceux qui les auraient inopinément honorés de leur présence. Il n’a donc pas à attendre longtemps avant que l’odeur d’une nouvelle daurade ne lui flatte les narines. Il remercie le serveur et finit par baisser arrogamment les paupières sur sa voisine de table : « Puisqu’il s’agit de partager nos astuces, apprenez que le poisson se mange à volonté, à plus forte raison quand il est maigre, comme la daurade. Ne vous couvrez pas de ridicule, la prochaine fois. » Son sourire, tout à coup, n’est pas bien différent de la courbure d’une lame. « Ce sont vos parents, là-bas ? demande-t-il en désignant discrètement un couple du bout des yeux. Ils vous regardent. » Il est toujours utile de savoir de qui on importune la fille – surtout quand elle nous le rend aussi bien.


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I believe in annoyed at first sight ♣ Asad - Ven 19 Oct - 22:00



La façon dont il décocha le « monsieur Belhaj » la fit froncer du nez mais de façon inattendue. Un battement de cœur lui manqua comme si l’arrogance avait été finalement des plus irrésistibles. Asad était impossible et il fallait bien comprendre que c’était là gage d’attrait insurmontable pour la brunette au caractère retors. « Asad. » Contra-t-elle, affreusement entêtée, dans un sourire aux coins charmants. Mais où la nervosité imposait un tremblement rose brillant, les doigts se firent agiles sur la serviette de table sagement étalée sur son genou. Elle attendit presque sereinement la réplique du brun acide et il n’eut même pas la décence de la décevoir comme tout autre l’aurait déjà fait. Elle ne sut pourquoi la chose l’irrita tandis qu’un sourire se creusa à la demande. « Ma voisine n’est pas très au fait des usages de la table et s’est montrée un peu trop généreuse sur le poivre après avoir sous-estimé votre propre assaisonnement. Pardonnez-lui sa maladresse – et le gâchis qu’elle a ainsi occasionné. » Elle suivit, sans mots, mais l’œil plein de tempêtes émerveillées la conversation brève entre le mannequin vedette d’Arcadia et le serveur empressé. Les poissons furent échangés, bien sûr, l’odeur du poivre s’évaporant entre les deux jeunes gens, chatouillant les caractères terribles. Personne autour de la table ne sembla remarquer la houle courtoise mais bien ancrée et Catalina se fendit d’un visage innocent et faussement désolée à l’ironie désarmante de son voisin. « Puisqu’il s’agit de partager nos astuces, apprenez que le poisson se mange à volonté, à plus forte raison quand il est maigre, comme la daurade. Ne vous couvrez pas de ridicule, la prochaine fois. » Sa bouche se froissa. La prochaine fois ? Elle ravala son étonnement dans un battement de cils rapide, la courbe des sourcils s’allongeant légèrement sous le mouvement surpris. Il lui plaisait de plus en plus maintenant - ou le contraire - elle n’en était pas certaine encore, le terrain glissant des rencontres qui n’étaient pas si hasardeuses que ça en sable mouvant sous ses pas. Cela ne voulait rien dire pourtant plaire à. Les gens se plaisaient à tout un tas de choses, l’éphémère des goûts étant la seule constante invariable chez les êtres. Elle le jaugea dans une moue rebelle, une fraction de seconde tout au plus.

Voilà le genre de spécimen qu’il était donc, les grands yeux trop noirs apposant leur beauté froide sur l’horizon et son orgueil achevant d’agacer complètement. Elle réprima le sien - d’agacement - et le noya dans son verre de vin blanc, le gout amer jetant un abîme temporaire sur ses traits. Fallait-il vraiment qu’il donne ainsi son avis sur tout ? Elle imagina un bref instant l’idée de le bâillonner pour de bon dans l’optique de contenter et flatter son œil d’un rayonnement réel mais l’idée la fit pivoter du regard, l’attention vers ses parents qu’il pointa poliment en quelques paroles légères.
Le sang reflua lentement de son visage. Chez tout autre personne, elle n’y aurait vu aucune malice mais Asad était capable – elle venait de le voir – de mettre à jour sans aucune vergogne les petites manigances dont elle avait le secret, et de les étaler avec des airs de marchand suspicieux devant ses parents adorés. « Oui tout à fait. Je suis étonnée que vous les ayez reconnus, Asad. » S’il avait voulu la calmer, il avait réussi, l’armistice prenant forme sous un repas plein de diplomatie. La première bouchée fondit en délice marin, la chair tendre et blanche succulente sur le palais. Elle se renfrogna un bref instant, comme elle le faisait toujours lorsque c’était trop bon. L’excès n’était jamais loin quand quelque chose plaisait. « Je pourrais vous les présenter si vous y tenez mais c’est un peu tôt. » Au diable la diplomatie. Elle le défia tranquillement, du bout des lèvres comme s’il était lui-même un morceau du repas délicieux, prenant garde à ce que ses manières soient irréprochables, comptant, malgré elle, déjà son avis et son opinion comme un élément important.

Il eut un léger mouvement du visage, presque anodin, probablement pour replacer en arrière des cheveux importuns, les boucles sages dans leurs volumes éclatants. Elle se laissa à peine distraire cette fois-ci, les mains voltigèrent au-dessus de son assiette, pointe, chair, lèvres entrouvertes. Il fallait se fier à la parade et ne pas oublier les pas de danse. Sa politesse était une ruse, Catalina en était sûr, même si ce n’était pas vraiment elle qu’il cherchait à tromper, ni même un public pourtant aveuglé par ses traits avenants.

On tremblait toujours un peu sous un trop plein de lumière, on plissait toujours un peu ses yeux devant une source de lumière, les ombres chatoyantes vous offrant des spectres qui s’avéraient souvent, après coup, inconnus. « C’est délicieux, mais c’eut été meilleur pour vous avec le poivre. » Elle avait émis un petit sourire en coin, la connivence surfaite imposée d’une voix mélodieuse. « Mes parents sont la raison de ma présence même si je pense que j’aurai été invitée de toute manière. Ils sont procureurs. » Les ballerines n’étaient généralement pas bien célèbres seulement de par leurs noms, des pieds légers roses dont on ne gardait en mémoire que le spectaculaire ou le sordide, des poupées qui tournaient sur des machines musicales d’un autre temps. Elle aurait réussi à se faire inviter pourtant lui disait-elle silencieusement, dans un mouvement hautain du visage. Tout n’était jamais que question de volonté et d’acharnement, la danse et le reste… « Vous n’êtes pas venu accompagné ? Personne de votre famille ? » Le cliquetis de fausses étoiles scintillantes anima les murs. Arcadia savait y mettre les formes quand il le fallait. La brunette esquissa un air pétillant avant de dodeliner de la tête. « Ou alors les tabloïds disent vrai à votre sujet. »

Et de laisser un petit air mystérieux filtrer.

Na.


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I believe in annoyed at first sight ♣ Asad - Ven 9 Nov - 12:53



Par bonheur, le picotement du poivre cesse progressivement de lui agacer le nez. Asad peut à nouveau respirer sans craindre un accès d’inélégance, pourtant il se sent toujours l’envie d’éternuer sur l’entêtement indomptable de sa voisine. Tandis qu’elle déploie savamment toute la gamme de ses moues pour l’emporter à la seule force de son caprice, il doit durcir son regard comme pour s’en défendre : son orgueil de mâle imbécile lui a très tôt donné une sotte préférence pour les filles dociles, plus proches du règne végétal qu’animal, mais les tempéraments de peste ont toujours exercé un étrange ascendant sur lui, comme l’esprit peut trouver un attrait à tout ce qui est susceptible de le maintenir en éveil – en un sens, la jeune danseuse, ce soir-là, s’apparente peut-être à une petite mais non moins salutaire dose de caféine. Elle s’obstine à jouer la carte de la familiarité en l’appelant Asad, et il doit se faire violence pour ne pas la corriger une deuxième fois, soucieux d’en apprendre un peu plus au sujet de ses parents avant de se complaire davantage dans son vilain naturel. Cependant il perçoit l’adoucissement de son attitude à leur évocation, la courbe moins farouche et mutine de ses yeux, le galbe tout à coup bien plus sage de ses lèvres et de ses joues. Il se surprend à sourire, amusé, et fait l’erreur de la regarder tandis qu’elle entame le contenu de son assiette. Il comprend un peu trop bien la signification du renfrognement adorable qui lui froisse bientôt le visage face aux délices qu’elle savoure et doit aussitôt se détourner vers sa propre assiette pour se distraire de l’indignation qu’elle lui inspire. Ridicule.

La remarque avec laquelle elle se défend de sa curiosité lui semble culottée, néanmoins, et il n’hésite pas à le lui signifier d’un haussement de sourcil. Il riposte sur le même ton, opposant non sans malice à son audace un désintéressement féroce pour ses agaceries. « Que font-ils dans la vie ? » Il se moque de toute évidence de se montrer cavalier dans l’intimité orageuse de leurs murmures. Sans manifester le moindre signe d’impatience, il éventre tranquillement sa daurade, enroule lentement sa fourchette dans les nœuds délicats des tagliatelles de courgettes. Il a toujours raffolé de poisson : cela le ramène immanquablement aux repas du dimanche, là-bas, en Tunisie, à la friture si satisfaisante pour les sens et pour le moral des incontournables maquereaux. Il n’en savoure que plus intensément le fondant bien assaisonné de la daurade – le secret d’un quartier de citron et d’une petite branche de thym dans le ventre, lui aurait expliqué sa grand-mère, et non pas du poivre, comme s’obstine à le dire sa voisine de table. « Vous sous-estimez de toute évidence la teneur en poivre de vos propres âneries. » rétorque-t-il d’une voix tout aussi chantante et mielleuse que la sienne.

Mais il n’en dit pas davantage, lançant un nouveau regard à ses procureurs de parents. Il ne doute étonnamment pas du fait qu’elle aurait effectivement réussi à se faire inviter sans leur appui : elle a quelque chose d’écrasant en dépit de son minuscule gabarit, et l’ombre de son petit pied aurait assurément pu couvrir des hectares. « Ils n’ont pas l’air de savoir à quel point vous pouvez être pénible. » remarque-t-il en cillant tranquillement. Et cela ne le surprend pas non plus : elle doit si bien faire illusion, à en juger par la tendresse de leurs regards. Il s’incline à nouveau sur son assiette, sans trop montrer, pour l’heure, que son indiscrétion l’importune. « Je suis venu seul. » Il ne peut décemment pas apparaître en public en compagnie d’une mamie redresseuse de torts. « Il faut croire que mon destin était d’être dérangé par une petite souris en tutu. » Il considère paisiblement l’air mystérieux qu’elle se compose, lui retourne un mince sourire qui laisse peut-être déjà trop paraître la vanité qu’il éprouve chaque fois qu’il est question de lui. Asad l’a très tôt appris : l’essentiel, en fin de compte, est que les tabloïds disent quelque chose à son sujet, peu importe quoi. « Vous vous informez donc de ce que l’on peut dire de moi ? s’enquiert-il nonchalamment. Je ne pensais pas que votre quotidien de ballerine vous en laisserait le temps. Cela dit, vous êtes bien là. » Il se tapote la bouche du coin de sa serviette. « Mais je vous écoute, mademoiselle Volante. Que disent-ils à mon sujet ? »


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I believe in annoyed at first sight ♣ Asad - Mar 11 Déc - 14:42



Elle se fait un festin avarié de ses remontrances. Pénible. Il avait osé sans même trembler des cils, l’adjectif naturel sur la langue sans le moindre égard pour l’ego fragile féminin qu’il avait à ses côtés. Pénible ? Elle ? Le bout du nez frétilla dans une franche désapprobation. Voyons. Elle se retint d’hausser les épaules, la joyeuse innocence comme seule rempart aux attaques sournoises du mannequin. C’était lui qui était pénible, d’abord. Ses cheveux étaient pénibles. Sa voix aussi. Et même la façon dont il enroulait ses doigts autour de sa fourchette. Est-ce qu’elle lui balançait à la figure combien il était irritant ? Non. Parce qu’elle avait été bien élevée, elle.

Catalina fronça légèrement les sourcils, le pli des lèvres en bouée de rancœur fugace et l’adrénaline de l’agacement en bulles de champagne empoisonnée dans les veines. Il n’était pas question de lui laisser la grâce bien trop suprême de réussir à l’énerver. Un petit mouvement d’épaules et elle se redressa dans un « pfff » parfaitement sonore. Il avait tout du rêve américain n’est-ce pas ? Les batailles menées âpres dans le recoin moqueur du sourire, le poids des attentes lourd sur les épaules si parfaitement dessinés. Le ronronnement de sa voix l’endormait un peu comme lorsque l’on se tient sous un soleil trop ardent un après-midi d’été et que la sieste pointe le bout de son nez et cachait presque trop suavement les lames qui se cachaient dans chacune de ses remarques.

Crétin.

La brunette réprima un sourire acerbe à sa remarque sur le rongeur en tutu, le désir si ardent de lui tirer la langue faisant trembler jusqu’à ses papilles. Au lieu de ça, elle lui dispensa vaillamment une soudaine douceur, taillé au silex, l’angle de son visage se faisant faussement soumis. « On ne doit pas lutter contre le destin. Ce serait trop pénible. » Fit-elle piquée au vif, une lueur de fascination latente au fond des iris. Comment avait-il fait pour tenir si longtemps sans se prendre une claque. Ou deux ? « Vous êtes toujours comme ça ? » S’entendit-elle demander, la réflexion interne trop puissante pour ne pas se matérialiser.

Ils ne seraient jamais amis et la réalisation ne sembla pas la déranger sur le moment. Un cordial challenge accepted résonna en son sein plein d’arrogance. Elle y trouva un curieux réconfort fait d’anticipation et d’excitation électrique. Elle l’agacerait tout autant puisque c’était ainsi et elle y verrait comme une victoire, toute stupide et douloureuse mais bien unique croyait-elle naïvement. « Je suis venu seul. » Elle eut un mouvement ondulant, rejeta ses cheveux en arrière dans un glissement de doigts aérien, l’information précieuse tournant dans son esprit. Il était venu seul et c’était heureux. Ça ne voulait pas dire grand-chose en soi mais elle savait user de la moindre faille pour faire passer sa lumière, les étoiles scintillantes au bout des doigts. « Vous vous informez donc de ce que l’on peut dire de moi ? Je ne pensais pas que votre quotidien de ballerine vous en laisserait le temps. Cela dit, vous êtes bien là. » Elle laissa son regard voguer sur son assiette. Il était trop brillant pour être contemplé sans arrêt, la chaleur presque perceptible d’une chaise à une autre. Elle avait par ailleurs toujours aimé la sensation qu’infligeait à l’âme et au corps la privation. Elle en était devenue experte, le manque se glissant sinueusement dans ses veines, jusqu’à en devenir intolérable, jusqu’à pouvoir se fondre dans la tentation offerte.

Elle avala une nouvelle bouchée, la mâchoire lente et la mine polie. Il n’avait pas manqué de mettre en relief une accusation sous un ton léger et inconséquent. « Je crains que ce ne soit là que le résultat de votre popularité. » se défendit-elle. A son crédit, elle s’intéressait à tout ceux qui brillait dans le taudis qu’était lentement devenu Arcadia, le mantra coincé entre les lèvres qu’un jour elle s’élèverait d’une pirouette divine. « La danse n’est pas une prison. J’ai encore du temps pour moi. Ce n’est pas le cas dans le monde de la mode ? » Il devait être si oisif maintenant qu’elle y pensait. Ou peut-être pas, c’était souvent les métiers de ce genre qui vous enseignait les vertus de la patience.

Le fait qu’il repoussa son assiette lui déplut profondément et elle fit claquer sa langue sur son palais. « Valente » rectifia-t-elle d’une voix fluette avant de se tourner vers lui. « Vous ne connaissez pas les rumeurs à votre sujet ? Ce n’est pas très prudent ! Je connais tout ce qu’il se dit sur moi. On n’est jamais assez préparé à affronter les serpents. C’est un peu comme dans les chansons de Taylor Swift, il vaut mieux avoir une liste de ceux qui ont un peu trop bavardé à votre sujet. » Elle le considéra d’un œil pointu avant de s’appuyer sur le bord de sa chaise d’une main leste. « Vous voulez vraimmmmment que je vous dise ? » Elle s’approcha dans un air conspirateur, le regard temporairement voilé par l’éclat mordoré du visage d’Asad. La respiration trépigna un court instant avant qu’elle ne secoue son visage de gauche à droite d’un air plus ou moins résolu. « Non, pas envie. Il aurait fallu que vous soyez gentil pour ça. » Elle commençait sérieusement à douter de la chose et un rire perla, amusée par le paradoxe qu’il représentait sur le moment. « Je ne crois pas que ça vous intéresse en vérité. Vous n’êtes même pas sur les réseaux sociaux. Oh je sais! Que diriez-vous de me laissez gérer ça ce soir pour vous ? Votre téléphone. » Elle n’eut pas le temps de continuer que les serveurs vinrent débarrasser les plats et elle suivit du regard l’assiette à peine entamée de son voisin. « C’était bien la peine de faire changer votre plat. » Et c'est moi qui suis pénible semblèrent lui dire ses yeux.

(Le courant passait fort bien, n'est-il pas.)


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