Boom boom, dans mes oreilles, seul le son de la musique résonne, seul le mouvement de foule captive mon regard, je suis ailleurs, nouveau monde sans penser que la descente sera spectaculaire. La musique s'est ma vie, je ne passe pas une journée sans avoir ma dose, drogue douce, mélangé avec de mauvaise, me donnant l'illusion d'être immortel. Mon corps contre celui des autres, plus d'espace personnel, ce n'est pas comme si c'était le genre d'endroit o on pouvait s'en soucier. Quoi que tu te fasses, t'auras toujours quelqu'un pour te tripoter t'aguicher et si ce n'est pas le cas, je me ferais un plaisir de changer ça. Quand tout me semble au ralenti, que je sens que ça redescend, j'enchaîne les verres d'alcools, meilleur moyen que la descente ne soit pas violente, la poudre n'a de bien que ses débuts. Je ne peux plus vivre de jour, alors mes nuits sont de plus en plus violentes et longue, je profite de chaque minute dès que le soleil n'est plus. Chaque soirée est un pas vers une mort certaine, mais l'inconscience me sauve toujours de cette idée. Sortie trop tôt de la boite, il n'y a que le monde extérieur pour m'accueillir, pas dans un super état, mais faudra faire avec. Pas envie de rentrer à l'appartement pour le moment, je me débarrasse de ma chemise dans un coin de rue, sans raison, je n'avais pas spécialement chaud, mais voilà. Si je devais trouver une logique à ma vie, je devrais beaucoup trop réfléchir. Bien que maintenant je sois lié à quelques choses que je ne suis pas sûr d'avoir compris, toi qui est là, toi qui es une partie de moi, je n'ai pas compris qui je dois manger.

J'avance dans les rues sans vraiment de but, sans vraiment faire attention à ce qui pourrait arriver quand je traverse les rues d'Arcadia. Je suis comme un animal sauvage perdu dans les rues, avec une boule au ventre, un truc qui me dérange, une torture qui grandi. Industrial district, l'endroit que tout le monde fuit, alors que c'est certainement le meilleur endroit pour faire des trucs louches, c'est l'endroit où tu peux t'imaginer les pires histoires, de vrais films d'horreurs avec tous ses immeubles qui ne servent plus que de squat à ceux qui trouve le courage de dormir sous un toit qui pourrait leur tomber sur la gueule en moins de cinq minutes. Je ne sais pas pourquoi je suis là, j'aime bien l'idée que tout soit quasiment détruit ici, elle m'attire cette destruction. Les yeux vers les hauteurs, je chante, enfin je grogne quelques mots sûrement incompréhensible, alors que pour moi c'est totalement le feu. Prochainement en concert dans tous les pubs de la ville, au moins. Tête qui tourne et cette douleur qui ne fait que grandir, je rebaisse les yeux peut-être un peu trop rapidement et ça tourne un peu trop. « Oh la sal... » Pas le temps de finir ma phrase que je me penche pour venir vomir, toute une soirée déversée sur le sol et tiens, quelque chose qui ressemble à des chaussures, qui peut bien laisser traîner ses chaussures comme ça. Mon regard qui remonte sur ce qui semble être dans les chaussures, un homme, j'ai gerbé sur un type. « Ça fera dix dollars. » Je suppose que tu ne comprendras pas que pour moi j'ai amélioré tes chaussures, ce n'est pas contre toi, mais j'ai un concept très particulier avec le style. Enfin, je dis ça alors que je me trimbale torse nu depuis un bon moment maintenant. Je sens que je vais passer un sale moment, mais je n'ai pas encore conscience que ça ne fera mal que demain au réveil, dans les poubelles sûrement, coincé en ville aveugle et à demi nu.

Tavor & Malyen

like father like son ?

Nuit étoilée sans un seul nuage à perte de vue, le temps idéal pour piquer un somme à l’air libre mais pas moins pollué d’Arcadia. S’il parvient à demeurer chez lui de temps à autre, ce soir n’est pas l’un de ces soirs où il s’en sent capable, angoisse cuisante et hybris bien trop présents pour supporter cette impression de cage thoracique qui s’affaisse sur elle-même. Nuit sans encombre, repos salvateur qu’il s’offre aux portes de la cigarette qu’il tient entre ses doigts et dont la fumée s’éclipse en volutes harmonieuses. Ainsi allongé de tout son long, même la fraîcheur de la nuit d’été ne saurait le déloger de sa place. Ce n’est pas la première nuit qu’il passe ici et ce ne serait sûrement pas la dernière. Animal des rues, certains pourraient clairement l’appeler ainsi mais il n’est pas dans les habitudes de Malyen de s’en offusquer, il a appris à accepter les insultes voire même à les ignorer purement et simplement. Le simple fait d’exister en soi est une insulte que son oncle n’a eu de cesse de lui rappeler autant de fois que possible. Alors depuis que Fenrir a fait son apparition, tout parait d’autant plus clair sur les aspects familiaux et les liens du sang. Tôt ou tard ils finissent toujours tous par trahir.

Nuit s’avance et cigarette écrasée plus tard, malfrat et loup se sont sagement endormis à la belle étoile. Ni le son des passants ni même les odeurs parfois nauséabondes ne parviennent à réveiller le bellâtre endormi dissimulé entre deux grands cartons vides. Pas même les chants étranges de ce mômes ne le troublent, il ne suffit que d’une goutte se déversant sur ses chaussures pour que les sens ne se mettent en alerte, parfum de vomi se répandant à vitesse grand V à ses narines parfois surdéveloppée. « Putain d’merde ! » qu’il vocifère en se redressant aussi sec et constatant avec un dégoût certain les relents d’alcool et l’attitude fière de ce pauvre gosse bourré. Ça fera dix dollars. La surprise se lit dans les yeux bleus du blondinet qui rabat sa capuche en arrière et se lève sur ses deux pieds en prenant garde de ne pas saloper une de ses couvertures. « Parce que t’gerbes sur mes chaussures tu crois que j’vais en plus te payer ? Tu t’fous royalement de ma gueule gamin. ». On apprend pas à un vaurien comme Mal’ comment les choses sont supposées se passer. « Il suffirait que je te souffle dessus pour que tu te ramasses le derrière par terre. ». Prunelles toujours baissées sur ses chaussures, ce n’est que lorsqu’elles se posent sur ledit gamin qu’elles se figent, perplexe. Ca tambourine à l’intérieur, monstre reconnaissant un autre monstre, mais pas n’importe lequel. Aucun réel moyen de le savoir néanmoins, pour l’instant du moins. « T’es qui, toi, au juste ? » qu’il prononce malgré tout de sa voix caverneuse à l’attention du petit. Et il ne parle pas forcément de son prénom, Fenrir sent quelque chose qu’il n’avait pas senti avant, chez personne.        

Spoiler:

Heureusement pour moi il est en vie. Quoi que s'il était mort, il n'aurait rien pu me reprocher. Après je dois bien l'avouer, voir ta réaction face à ce que je viens de t'offrir est des plus amusantes, elle me paraît bien douce d'ailleurs. Beaucoup m'aurait sûrement cassé la gueule pour ce que je viens de faire, toi tu sembles juste me faire la leçon comme si j'étais un gosse. « Je dis juste que je n'ai fait que les améliorer. Moi ? Me foutre de ta gueule ? » Je me mets à rire en manquant un peu de tomber puis mon regard qui se repose sur toi. « Totalement blondi. » Je ne sais pas pourquoi tu me regardes comme ça, sûrement ma beauté naturelle qui fait effet. La blague, sérieusement, j'ai quelques choses sur la face pour que tu me fixes comme ça ? Je gigote la main devant ton visage ne comprenant pas trop la situation, faut dire que l'état ne me permet pas d'être lucide et de t'apporter la réponse que tu veux. J'approche pour te souffler au nez avant de hausser les épaules. « Un petit monstre qui aime pourrir la nuit des gens. » Les mots sont choisis à la perfection, qu'est-qu'il y a de plus horrible qu'une nuit sans lune. C'est d'un triste, mais qu'est-ce que j'en rêve. « Sinon moi c'est Tavor. C'est quoi ton joli p'tit nom blondi ? » Pendant que je ne marche plus, le froid a le temps de me rattraper, alors je commence à te tourner autour, évitant le vomi à chaque passage, je te pousse peut-être de temps en temps. J'en sais rien, ça bouge de droite à gauche et je ne sais pas pourquoi je ne suis pas déjà parti en courant, j'ai l'impression d'être attaché là. Le pire, c'est que normalement quand je fais une connerie j'abandonne la personne sans répondre, mais j'ai cet instinct qui me fait rester là.

« Toi tu es qui ? » A la fois dominance et réconfort, t'as un truc blondi que je ne pourrais pas expliquer. Si j'avais une queue à remuer je le ferais volontiers. Oh, pitié, je ne dois pas imaginer ce genre de choses. Le loup a un talent pour m'offrir des idées débiles en tête, mais c'est tellement amusant. Je finis par, sans te demander ton avis, me faufiler avec toi dans ce qui te servait à te couvrir. Tu n'as pourtant pas l'air d'un sdf, mais tu dors dehors entre deux cartons, est-ce un genre de fétichisme ? Le genre de truc que personne d'autre que blondi ne peut comprendre ? Pas question que je quitte tes couvertures, j'ai froid et je n'ai aucune idée de où j'ai abandonné mes affaires. Tu pourrais me taper dessus, me pousser, je ne bougerais pas de là. « Tu es un copain étoilé ? » Référence à ce qui parcourt ma nuque. Aucun réflexe de vérifier de moi-même, je n'y pense même pas de toute façon. Autant demander directement. Le loup qui ne semble pas plus dégourdit que moi de toute façon. Le monstre et l'humain qui se plaisent dans ses folies nocturnes et qui malheureusement oublient qu'ils ont un but, les vacances vont peut-être se terminer un peu prématurément. On s'amusait si bien dans nos conneries.