Blasphème. Corps lourds de sommeil, entremêlés en leur plus simple appareil dans les draps conjugaux couverts d'opprobre, tiédeur des soies qui s'effleurent, des dextres qu'on sépare. Règne légitimé sous un toit qui n'est pas sien, lorsque la môme s'en va pour pleurer ailleurs, ne supportant plus l'infâme et l'outrage que l'on pousse jusqu'à laisser la maîtresse posséder la demeure. Elle sait pourtant – il ne lui ment pas, pas plus qu'il ne le prétend, ne s'offense pas même des humiliations réitérées que fomente chaque fois la harpie qui s'éveille. Doña ouvrant un œil, glisse la pogne le long d'un torse nu jusqu'à enserrer la taille, se rapproche davantage. Coule un baiser sur la clavicule, un autre sur le gorge, mordille la chair en soupirant. Elle n'est pas rentrée hier – a quitté la grande scène sans dessein autre que de gagner le domicile familial, lorsqu'elle l'a vu, attendant au dehors, pour mieux la faire revenir à lui. Sa patte folle et son ego. C'est qu'il était furieux, Levi, comme à chaque fois qu'elle prétend mourir pour les beaux yeux de la plèbe, et qu'il fallu qu'elle lui donna tord. Il est aussi vrai qu'il la fit taire lorsque ses cuisses trouvèrent preneur – comme toujours. Trop longtemps absente, une semaine, dix jours tout au plus ; déjà trop. Boulimie amoureuse des amants naufrages. Carcasse endormie qu'elle épouse des paumes, veillant sur l'ogre inconscient en se lovant contre lui, chatte qui miaule toujours davantage jusqu'à ce qu'elle obtienne satisfaction et qui, lasse, referme les yeux un instant. Prétend retrouver son Morphée tout personnel quand elle l'ignore mieux qu'elle ne l'aime. Ça remue déjà sous son corps ; le monstre s'éveille, saisit sitôt les hanches qui le surplombe sans qu'elle ne daigne s'en préoccuper. Feint l'assoupissement pour mieux piquer ses ires. C'est une garce, Trinidad, quand bien même elle le materne ; elle a deviné très vite de quoi ses névroses étaient façonnées, s'est faite mère pour ses beaux yeux, mioche accroché à ses jupes, pendu à son sein – l'enfançon qui déchire et assassine son œdipe catin. Mère devenue mère à son tour par les amours de quelques drôles – rien que deux, indifférenciés. Et ça l'enrage ça encore, parce qu'il jure être pater mais elle ne sait ; le convainc de ne provoquer nul outrage supplémentaire parce que les mafioso auront toujours la main. Un soupir, encore, lorsque les paumes redessinent les encrages sur la barbaque, trop près pour qu'elle ne remue pas, rien qu'un peu. Se redresse sur un coude, buste dénudé, retient un rire en s'amarrant à ses lèvres avec ces tendresses amères empreintes de brutalité. Elle n'aime pas, Trinidad, quand bien même elle mime savamment les usages, humanité apprise à lire sur les gueules le vice et l'immoral.

« Quand rentre ta femme ? »

Pas un bonjour, rien qu'une caresse mordante, sans faire ne serait-ce que mine de s'intéresser à ses humeurs. Chienne qui ne s'gêne guère pour pisser partout, marque son territoire autant sur le mâle que sur l'environnement dé-personnel au possible. Jalousie meurtrière, serres s'arrimant à la gorge de l'amant pour contrefaire les suffocations, brutalise l'épiderme du nacre insensé, le coït grossier, carne redressée pour mieux se faire cavalière du bourreau de la nuova. Toile vivace couverte de volutes noirâtres, éphémère martyrisé pour la postérité dont il connait jusqu'aux défaillances. Cubaine qui parle trop, déteste qu'il ne soit pas loquace. Le juge silencieusement, ne lui offrant qu'un coup de rein pour le faire réagir. Puta. Elle n'a que faire de jouer les parfaites petites épouses même s'ils savent pertinemment tous les deux que c'est sans doute ce qu'il voudrait ; qu'elle joue les soumises, plutôt que de sans cesse l'outrager tel qu'elle le fait.

Absence de raison poussant l’ignoble à se faire délice. L’animal contraint d’aller à la rencontre de sa faiblesse, soumis à ses bassesses et ses envies folles. Possessif jusque sur les rivages de l’illusion que la maîtresse offre aux ignares chaque soir. Parce qu’il est la mort, il ne tolère pas la chimère, la réprime de toute sa rage lorsque la furie se tient devant lui. Abandonner ses canassons, profiter de l’absence de l’épouse pour se crever les reins contre ceux de l’amante infernale. Mort entre les cuisses de sa succube, guerrier du sale trouvant le repos tant mérité après la lutte. Amants violents, éternels insatisfaits. Du fond de ses songes perturbés, la caresse de la bouche insolente sur sa peau lui parvient. En douceur fugace, morsure féline éveillant les sens du rustre au réveil difficile. Certainement pas de ces êtres adorateurs du lever du jour, il l’exècre à s’enfoncer plus fort dans la couche et sous les draps. Etendre l’emprise de son sommeil jusqu’aux glas tardifs d’une journée bien entamée. Loin est le temps où il se levait dans les ombres des nuits et des aubes pour prier la gloire de Dieu. Vengeance absurde qu’il perpétue inconsciemment. Pognes déjà actives à revenir s’accrocher aux courbes insolentes, les doigts enfoncés dans la chair satinée, exclusifs serpents mordant le derme pour le marquer de leur présence. Afficher insolemment sur le corps de l’épouse les restes de leur adultère violent. Mari cocu juste bon à souffrir des convoitises de cet autre qui s’approprie ce qui lui appartient sans vergogne. Souille les entrailles de sa perfidie, à en devenir seigneur dans la naissance d’un rejeton. La créature à la paternité désabusée, n’en démord pas mais reste muet pour maintenir l’ordre précaire entre leurs deux clans. Rustre à la loyauté démesurée, écartelé entre les siens et sa progéniture supposée.

Caresses douloureuses à même la chair, explore un corps connu par cœur pour l’avoir tant de fois brisé. Les paupières lourdes s’ouvrent, s’habituent à l’éclat ambiant avant d’offrir aux pupilles le loisir de contempler le visage adoré. Se perdre contre les rondeurs lourdes des seins s’offrant à lui, les lèvres tendres contre les siennes qu’il épouse avec cette ferveur brutale qui jalonnent leurs moments à la tendresse faussée. Grogne en réponse à l’offense, salut agressant les esgourdes mal éveillées. Il s’en fout de sa femme. Qu’elle épanche son cœur meurtri auprès d’une âme sensible à ses peines, si cela peut la rendre plus affable. Le jaloux qui accepterait presque à la laisser se faire abîmer par un autre si seulement son entrecuisse ne lui était pas si précieuse. Nymphette engrossée, parait-il, qu’il compte bien garder sous la main. Réaction morne dans les gestes fauves de la maîtresse assassine, le regard suivant les gestes, les courbes offertes à son appétit vorace. Paluches labourant les hanches, aux égides d’une conversation silencieuse, les regards se faisant maîtres et juges de l’instant. Des escarbilles de fureur dans le fond des pupilles à la clarté fanée. Un râle pour souligner l’injure, la provocation des reins féminins contre le mâle.

« - Quand elle passera la porte. » Qu’il lâche dans un souffle rêche. Pointe d’agacement dans le timbre, rocaille du sommeil détruisant la voix. L’éternelle insolente, dès le réveil. Levi qui s’enlise dans son silence, sa contemplation muette du corps qui le chevauche avec une absence de pudeur à en faire rougir une pute. Mains sur les cuisses, à caresser les chairs, frivoles remontant contre les courbes, il cueille dans sa paume un sein alourdi, l’autre s’égarant sur les lignes d’une gorge s’offrant à lui. Corps lourd qui se redresse dans un équilibre précaire, la bouche cannibale dévorant sa jumelle outrancière. La morsure d’un instant et le contact se défait. Levi repousse la démone, sans douceur, pour lui faire payer son audace castratrice le rustre se rhabille de ses sales habitudes. Se lève et s’en va jusqu’à la salle de bain de sa démarche cassée. Patte folle non maîtrisée comme il se maintient à le faire le reste du temps. Soulage ses envies les plus primaires sans se soucier de la femme restée à côté, rituel exécute puis il revient dans l’antre de leur débauche. Regagne le lit supposé conjugal pour s’y assoir, tournant le dos à sa cubaine, une main s’emparant de son biberon d’acier, ivrogne assoiffé de son spiritueux vespéral. « - S’tu veux l’attendre, elle sera ravie de te voir… » Ricane le bougre, un souffle d’amusement dégueulasse qui s’extirpe du gosier avant qu’il ne le brûle en s’envoyant une lampée ambrée.

Sous les draps défaits déjà, l'homme gronde. Maltraite la carne de ses paluches adroites, s'empare sans préoccupation véritable de la tétine comme il saisirait sa main, l'étrangle un peu plus à son tour. C'est qu'elle ricane sur ses lèvres lorsqu'il lui chaparde un baiser querelleur, diaphragme microcosme, alors que le souffle manque et qu'elle exulte face à ces humeurs habituelles, frisson agitant l'échine de tout son long. Faites qu'il serre un peu plus, que le palpitant s'emballe, hypoxie fantasmée. Tue moi de ces paumes, semble-elle miauler en affrontant son regard avec malice. Déjà, il la repousse, catin abandonnée sur la literie souillée qui subit l'affront du rejet ; se laisse glisser sur le ventre, vénus sanglante au derme cuivre. Patiente, rien qu'un peu, qu'il ne revienne à elle. Alcoolat surperflu usurpant ses droits, moue déformant les lèvres et le visage charmant lorsqu'elle se redresse, se glisse en son dos pour mieux l'étreindre – le haïr. Les bras qu'elle glisse autour de son cou, son souffle sur sa peau, la nuque mordue à dessein, elle s'irrite qu'il lui soit si indifférent, ne tolère pas qu'il ne l'honore pas davantage. L'égocentrisme dégueulasse de celle qui ne voudrait qu'il ne soit dévoué qu'à elle.

« Ne veux-tu donc pas l'enfermer dehors, que je reste encore un peu ?  Elle ne sait pas t'aimer comme moi. »

Lobe torturé de canines expertes, mièvreries coulées jusqu'à l'épaule, c'est avec amertume qu'elle dérobe la flasque, furia s'écartant de lui pour mieux s'allonger à nouveau, sirotant une simple gorgée dont la simple envie suffit à lui faire connaître l'ivresse. La referme, envoie paître l'instrument de ses passions à l'autre bout de la pièce pour ne plus le souffrir et qu'il ne soit qu'à elle, tout consacré. Subsiste en ses statures de dominée sans rien cacher, sans rien omettre. Qu'il n'élude pas ses attentes primaires.

« Levi... »

Menace latente. La dextre qui saisit soudainement la gorge, l'attire sur la couche si vite quittée pour mieux le punir de l'avoir humiliée, elle. Trop vite mise de côté. Et si la dévote de môme devait rentrer, qu'elle le fasse et qu'elle admire de quelle manière on se devait d'aimer un homme. Faciès sertis de quelques caresses prodiguées par l'amante qui se tord et qui ploie pour contrefaire ses innocences de béguine, jouant tel qu'elle l'a toujours si bien fait. Un sourire encore, plus carnassier, et les mots qui rassurent l'enfant qu'elle invite sitôt en son étau, affluence perverse.

« Mon amour... » qu'elle murmure avec une plainte, badine en martyr pour mieux lui plaire quand les orbes luisent de quelques flagorneries grotesques, effleurant le rêche d'une barbe négligée. Elle a remarqué Trinidad, qu'il n'est plus aussi violent avec la doucette. Exige d'en connaître les justifications. N'envisage pas le moins du monde les vérités sanglantes, l'ironie du fatum qui se veut plus implacable quand il s'agit des autres que d'elle. Tendresse soudaine pour l'ogre, griffes doucereuses effleurant la carne, occultant le vice de la plus ignoble des manières ; invitation aux amours qu'elle ne formule guère, creuse les lombes et incline le poitrail pour mieux s'offrir, ébauche un gémissement en laissant retomber les pognes, régicide des désirs conquis. L'aimer un temps, l'abandonner plus vite. Il n'y a jamais eu que les rages, le tourment du meurtre planant sur leurs noces adultères, innocence résultante nulle, ou presque. Épigastre ceint d'aurore, garçonnet éclos de fertilités acquises, comme une offense supplémentaire, le coup de poignard offert à l'épouse jusque-là stérile. Elle ne dit jamais rien, Vivas, ignore sans doute s'il en est vraiment le géniteur. Voudrait y croire, laisse planer le doute, refuse de laisser l'enfançon piqué dans la lutte au génome. Se contente de ployer l'échine lorsqu'il la veut à nouveau grosse de ses œuvres, comme s'il avait encore l'espoir que la mignonne ne devienne sienne. Comme si le fruit de leurs amours légitimait chaque bassesse, chaque sacrifice. Personne ne t'aimera comme je t'aime.  

Bouge dans son dos, la diablesse féline qui vient se poser contre son dos. A en épouser la ligne dans une étreinte vouée à provoquer. Etau de ses bras, le souffle brûlant sur la peau gravée d’encre, des frissons dégringolent le long de l’échine, trahissent l’emprise qu’elle a sur lui. Maîtresse de ses passions, de son corps sans limites et sans hésitation. Il en soupire, Levi, soumis à la succube collée à son dos. Myocarde palpitant contre les côtes, le rustre fait preuve d’indifférence, s’abreuve d’une nouvelle gorgée, manquant s’étouffer à l’entente de la question. Ricane devant l’audace, se laisse charmer par les morsures pour se crisper lorsque son trésor lui est dérobé. « - Pour qu’elle hurle derrière la porte et alerte tous les clampins du quartier ? » La suite s’apporte dans un grincement amer. Elle l’aime la môme pourtant, s’y accroche à cette illusion douloureuse de passion. Nymphette aux charmes fous attirant le dément dans ses filets pour mieux le garder. Nul ne sait l’aimer parce qu’il ne le mérite pas vraiment. Amour violent à l’image de celui qu’il entretient avec Trinidad. Utopiste avec celle qu’il a épousé. Forcé, dans une autre vie, sous la perversité chaste d’un religieux libidineux. Il appelle l’échec Levi, l’implacable fatalité destructrice, rien de plus. Sursaut de la carne, flasque envoyée mordre le plancher, les sourcils se froncent dans une expression de consternation courroucée. Femelle s’octroyant des libertés qui agacent.

Il imagine se lever pour l’ignorer plus encore, retrouver la chaleur suave de cette ivresse qu’il adore. A défaut, les doigts s’accrochent à sa gorge et le somment de revenir contre le corps alangui. Dans un murmure plaintif, un palabre qui le révulse et le fait geindre dans un soupir simulacre de rire au cynisme à peine dissimulé. Tendresse dans les gestes de la diablesse, l’azur des pupilles ancrées aux ténèbres de ces autres pour lesquelles il se consume. Perdu dans les abysses aux invitations lancinantes, la contemplation lui arrache des chaleurs fauves dans le creux des reins. Les courbes qui s’offrent, se vendent à la tentation, exige et reçoit. Levi immobile dans sa puissance, domine la femelle qui s’offre sans sourciller. L’hésitation ceinturant les envies et le cœur, l’amant à la paternité bafouée, l’époux que la promise honore de ce cadeau trop précieux à ses yeux pour être pris à la légère. Pour un doute, prêt à renoncer aux plaisirs cruels de leur liaison vouée à la destruction. Certitude du paternel quant à la légitimité de sa progéniture, la pogne s’appose sur le ventre de la délicieuse. S’enfoncent les doigts dans la matrice comme pour en extirper un nouvel être babillant du giron pourtant vide. Le corps se rapproche, épouse les courbes du flanc contre lequel il se coule. Dextre s’arrimant au sein au-dessus duquel il se penche, carnage de ses lèvres l’obole laiteuse, à la mordre comme un môme avide. Baise à en faire courir la douleur le long du mamelon honteusement offert à la morsure de ses dents, le rustre empoigne la chair qu’il délaisse. Martyrise le galbe et grignote la naissance du cou, laissant à loisir son autre pogne glisser vers les horizons interdits nichés entre les cuisses satinées.

« - Il te délaisse autant, ton infructueux bonhomme pour que tu te fasses à ce point chienne dans mes draps ? » Salopard peu loquace aux mots tranchants quand il décide de l’ouvrir. Sourire aux morceaux de délices amers apposé sur les lippes désœuvrées, l’amant reprenant un semblant de hauteur pour s’écorcher la rétine contre les récifs nébuleux. L’indécence au bout des doigts, ceux glissant contre les lignes d’un féminin qu’il adore et bousille. Infâmes caresses du bourreau fustigeant les désirs, lacérant l’intime de sa présence écrasante. Presse les chairs ayant enfantées les fruits de leurs bacchanales prohibées, s’invite d’une pression brute dans l’écrin humide de l’humanité. « - Lui non plus ne sait pas t’aimer comme tu l’attends... » Avec violence et sans pudeur. Juste l’ardeur et l’infamie des corps qui se détruisent. Dans les ondulations sales d’un bassin soumis à la torture des phalanges prisonnières entre les chairs. Son souffle qui se fait plus lourd contre les lèvres de sa cubaine, l’indécence qu’il invoque chez son amante éveillant ses propres bassesses.

Elle voudrait rire de tout ça, Trinidad. Se dire que ce n'est qu'une sottise de plus, qu'il n'y a en jeu que les cœurs qui se tourmentent, les gueules qui s'esquintent à en faire taire les maux par le baiser fervent des canines au labre. Elle a l'amour aliéné, la nymphe, quand elle accueille en son giron le monstre, écorcheur tremblant sous l'écho de ses ires. Passe les bras autour de son cou lorsqu'il la surplombe sans même feindre le contrario, pèse sur elle pour mieux l'immobiliser. Saccage et s'approprie d'un coup de rein, attente une nouvelle fois à ses dignités par la loi du tout ou rien. Une plainte, encore, lorsque les mots éraillent le myocarde ensuqué, comme un sursaut, un élan, violence assassine qui ne fait qu'imposer à la psyché la vision de ses inconstances. Est-elle heureuse comme ça, la question ne se pose guère. C'est plus fort qu'elle le mord, sitôt que les lippes s'écrasent sur les siennes, sans même daigner lui offrir de réponse puisqu'ils savent déjà tous deux ce qu'il en est. Le meurtri jusqu'au sang, voudrait arracher cette bouche insolente qui ose la faire souffrir chaque fois qu'il la quitte – qu'il retrouve des bras qui n'ont plus rien d'opportuns. Usurpation sentimentale de la môme qui croit pouvoir l'aimer en l'état, cubaine qui enrage et fulmine, ne cessera les pugilats qu'au trépas de la doucette aux yeux fanés. Elle n'attend que ça au fond ; que l'idiote calanche pour ses caprices, l'échine sciée par l'opprobre. Qu'elle s'ôte la vie par sa volonté propre, offre à Ixtab l'étrange mélancolie du sacrifice, cette sainte damnation pour n'avoir pas été assez aimée. Et c'est la mère qu'il marque au fer, tâtant l'épigastre dont il se ferait l'onction miracle, encore une fois. Comme si ça n'était pas suffisant, pas assez vite. Que son engeance soit, prient les orbes si noires chaque fois qu'il se meut en elle, bouscule la grognasse pour lui rappeler qu'il n'est pas son bellâtre, renie ses droits à mieux la maltraiter. Pas qu'elle s'y refuse ; encense ses sévices pour mieux l'aimer, serres dévalant les lombes, lésant le derme jusqu'à le faire saigner.

« Ne t'avise pas de me parler comme ça, Levi. » qu'elle gronde avec fureur en le repoussant brusquement, plantant les paumes sur ses épaules pour mieux le surplomber, puisque c'est elle qui mène, juchée sur sa carne. Dresseur devenu étalon, rythmique réitérée d'un coup de rein, c'est sans pudeur qu'elle piaffe, sa garce. Qu'elle l'aguiche, à s'écarter, union disloquée un bref instant, jusqu'à ce qu'il ne la rattrape – tonnant face à l'audace. C'est à celui qui aimera le mieux, qui se brisera le pelvis à la tâche, et déjà les lèvres de l'ingénue qui s'égarent ; happent les siennes quand les canines chérissent mieux encore sa langue, éclat de rire barbare qui pique les flancs égarées, la peau rougie, mais ce n'est jamais assez. Hanches de bleu peinturlurées, arlequinade grossière, des paluches qui serrent trop fort le giron stérile. C'est qu'elle souffre ; fibrillations, éréthismes confondants du plaisir retiré sous les coups. Oh, elle supplie, Trinidad, geint son nom à n'en plus rien supporter, voudrait ne plus rien désirer d'autre, enfouie bien assez vite la gueule contre son torse en se laissant éduquer ; mama ne lui fera que ce plaisir-là, garçon dont elle sabrera les doigts. Subit les langueurs, les effervescences de l'amant, du fou, du toqué. Cède, digue rompue à la misère de ses abandons, foutrement méprisable. Ça n'est pas terminé ; dextre fermement plaquée sur l'assise, égérie qu'on besogne jusqu'à n'en plus pouvoir, dans l'espoir que les saillies soient prolifères. Plus louve que chienne, manque de s'arracher à son partenaire pour lui laisser le goût amer de l'inachevé ; songe sitôt à l'autre qui n'attend qu'une occasion de la faire chuter de son piédestal, se cambre plus encore, jusqu'à ce qu'il en ait assez. Geint et ploie, se laisse glisser sur le côté, guibolle persistant sur le ventre nu de l'homme, à percevoir les érotismes dyspnées. Tente tant bien que mal de reprendre son souffle, paupières closes, un maigre sourire échoué sur le labre.

« Putain. »

Un soupir, doigts perdus dans maints enchevêtrements capillaires, paupières closes. Sous son pied, chaleur délicieuse, la panse frôlée – indulgence du cœur qui se plie à quelques affections, symbolique absente si ce n'est celle de l'émoi, si vite rompu par les mots. Ce n'est pas une interrogation ou une requête, mais bien un ordre, et Trinidad ne renâcle jamais tant que devant les hypocrisies lâches, déclame simplement sa prose le plus simplement du monde.

« Je veux que tu la quitte. »

Bacchanales au goût cannibale, morsure fauve pendue aux lèvres pour le contraindre. Soumettre au silence dans un râle qui s’écrase sur la langue effrontée. Maître du corps qu’il bafoue, seigneur entre les cuisses qu’il possède d’un mouvement de rein brutal. Fidèle alliée de ses délires douloureux, l’amante qui devient furie dès que les corps s’enchaînent et s’abîment. A l’emprisonner dans l’étau de ses charmes, le bougre cède et martèle sa nymphe de sa dévotion dégueulasse. Laboure le giron stérile, creuse le sillon de leur adultère jusque dans les entrailles matrices. A la faire souffrir d’un délice interdit, la pupille accrochée aux orbes noirs, à s’y noyer. En devenir fou et démolir plus fort. Qu’il ne reste qu’un charnier de l’épouse sacrifiée lorsqu’elle retournera dans les draps du cocu humilié. A jamais marqué de leur infamie en une victoire douce-amère, peine sur le sourire écorchant les lèvres du mâles, suspendues à celles de la cubaine. Grogne à l’échange des pouvoirs, aux paroles incendiaires irritant l’orgueil et les tympans. Rictus fauve sur la trogne, il se moque, Levi. N’en a que faire des ordres qui lui sont donnés. « - Quand on commence à me donner des ordres, souvent, ça se passe pas très bien chérie. » Qu’il lâche dans un râle sourd, les pognes revenant s’accrocher au galbe d’une croupe qu’il malmène, à y imprimer la trace, incruster les ongles dans les chairs satinés. « - Si la chose qui te sert de mari l’accepte, tant mieux pour lui... » Brutalité douloureuse dans les reins pour faire comprendre à l'impudente qu'il n'est pas le piteux mari, punition dans les hanches fracassées. Acerbe ironie, l’indigne rappelant l’impur de leur entrevue, remettant l’époux trompé dans l’équation tordue de leur existence pour raviver le souvenir de ce qui les attend une fois l’instant révolu. Danse malsaine mainte fois répétée, constamment différente. Fuir pour mieux se retrouver, se blesser contre les carcasses, à se fracasser sous les heurts de reins devenus fous. A s’agripper toujours plus fort, enfouir le visage dans les chaleurs maternelles de la poitrine glorifiée. Sale môme dans les jupons de sa matrone, à en retrouver le chemin dès que l’indécence lui bouffe le bas-ventre.

Souffle dément, claquent les peaux ennemies, son nom qu’elle geint à l’en faire perdre la raison. Pousser l’audace plus loin encore, s’abîmer la carcasse et le cœur qui bat à s’en démolir une artère. Fauves à l’appétit vorace, il la dévore de son avidité sale, embrasse et embrase l’épaule, la gorge, ce qu’elle lui offre dans la cambrure insolente de ses reins qui cède sa propre perte. Bénédiction du mâle, onction crasseuse dans les lombes sanctifiées acclamée d’un râle à la profondeur rocailleuse. A faire valoir ses droits d’une paternité avariée, incruster son engeance pour la faire totalement sienne. Séparation des amants maudits, alangui des plaisirs tiraillant encore la carne, paupières clauses et souffle à l’agonie, il ronronnerait presque de satisfaction. A l’envelopper de son bras, faire rouler ses doigts contre le galbe de la hanche jusqu’à pétrir la cuisse abandonnée en travers du ventre. Enveloppée dans un silence fragile, l’affection fébrile de deux êtres certainement pas faits pour la tendresse. Œil malavisé presque capable d’en déceler dans les frôlements et les caresses. Illusion sereine dont les fibres se déchirent sous l’injonction. Face impassible, un sourcil se hausse mais les paupières restent closes. A ne pas relever le nouvel ordre donné malgré la mise en garde. « - Et après hm ? On s’enfuit tous les deux, avec le gosse et on joue à la petite famille modèle dans un autre tas de merde ? » Ricane, en chaos de rire sonnant faux. Trop fracassés pour seulement s’imaginer en tableau de famille modèle. Trop enlisés dans les appartenances régissant leurs existences pour tout abandonner.

Môme servant de femme aisément bafouée, l’abandon en ultime trahison. Prisonnier Levi, de la sylphide lui servant d’épouse et de la démone qui partage ses plus sombres passions. Pris au piège l’animal. Chuchote à sa propre adresse, conversation d’un fou avec lui-même. Levi et ses propres saints qui l’accompagnent, évangiles blasphèmes accrochés à la caboche depuis l’enfance. Phalanges pétrissant plus fort la chair meuble, à abîmer la guibole, s’y ancrer comme pour s’y raccrocher. Il sait, le bougre que ses mots seront une tempête. Déferlement de folie furieuse, celle propre aux femmes qui se sentent en danger. Trahies quand bien même elles n’ont aucun droit sur l’homme qu’elles dérobent à une autre sans vergogne. « - L’est enceinte la môme. Je peux plus la quitter. » Psalmodier sans plus de cérémonie, avec la sérénité d’un prêcheur devant sa paroisse. Simplicité sublimement assassine. Les caresses sur le corps sanctuaire de l’amante dévorée se sont arrêtées. Fatalité invoquée, Moros grattant la chair sous la promesse de massacre.

Silence succédant au fracas, c'est l'enfer qui se tait, lorsque les démons s'immobilisent, consentent à baisser les armes. Un temps seulement – jamais longtemps. Les monstres ne cessent jamais de se débattre, c'est la faim qui fait gronder leurs entrailles, ce grand bûcher où on immole les rêves par milliers. C'est l'accalmie qu'on effraie de quelques mots, le regard fauve qui se reporte sur l'homme, et la géhenne – cinglante. L'acier au cœur martyr, palpitant maudit qui cesse de mugir.

« C'est fou c'que tu peux être con. »

Maigres tentatives de réitérer les amours, nidification qui semble être devenue impossible. Molosse pas si dévoué à sa rombière, aboie et se démène tant qu'il le pleut. Continue certainement d'agiter la queue jusqu'entre les cuisses de sa garce d'épouse – celle qu'il jurait, au demeurant, de délaisser. Celle qu'on hait, celle qu'on abhorre, pour l'essence même de ce qu'elle est. Gêne aux amours chaos, l'entrave aux libertés. Cubaine se redressant brusquement – sans même lui accorder un regard. Saisi avec maladresse les quelques nippes juchées ça et là, négligemment balancées, pognes tremblantes tant qu'elle voudrait hurler ; écart temps, minutes suspendues, saisie d'une jalousie incontrôlable et incontrôlée. Violence qu'on se fait pour ne pas oser le mot de trop, violence qu'elle se fait ; qu'elle sait risible. Sautera sans doute au matin du bord d'un tabouret. Persuadée qu'il l'oublierait, aussitôt. C'est l'âge qui mord les chairs, menace constante de ne plus pouvoir être mère – de devoir accepter, que les chairs se délitent, que les putréfactions latentes émergent. Et l'espace d'un instant, les traits pâlissent, la figure abominable. Humiliée de n'être que maîtresse, piquée de devoir tolérer l'autre. Résolution à ne nullement s'y laisser enfermer, précipitation, les doigts qui recoiffent difficilement la tignasse emmêlée. Assez. Il faut qu'elle parte – ne plus jamais lui adresser la parole, ne plus jamais le laisser l'aimer. Elle n'veut pas de cette amertume, Trinidad, s'en abreuve jusqu'à la lie, tandis que le myocarde enfle à en frôler l'empyème.

« Prend bien soin de ton idiote de femme, tu n'as jamais mérité mieux que ça de toute manière. »

Observe du coin de l'oeil la carcasse qui se redresse, se moque significativement de provoquer ses ires. N'a jamais eu peur d'en venir aux mains. Venin dispersé, crachat à sa gueule de géant, de ces orgueils de femmes dont on obtiendra plus rien. Bouscule la carcasse des deux pognes, s'en voudrait quitter les lieux, refuse de le laisser l'approcher, pire, la toucher encore. Chatte hérissant le poil face à ses intentions, mord plus fort, tandis qu'elle vocifère, déclame ses fureurs à n'en plus cesser.

« Je ne veux pas que tu essaies de t'approcher du petit. Tu n'as pas de droit sur lui, tu n'es rien, Levi. Tu ne seras pas son père, tu auras déjà bien assez à faire de ton merdeux. »

Déités chaotiques s’invitent, expulsent le calme mensonger succédant ces instants de velléités volées. Amours funestes devenus cimetières une fois l’épouse abhorrés couronnée de toute son importance. Celle qu’il lui porte maintenant que la semence est devenue procréatrice dans les lombes de la femme enfant. Brusque dans les gestes, l’amante se fait furie et l’époux infidèle cravaché par les premiers relents de courroux reste de marbre. En roc au milieu de la tempête, à se moquer des heurts menaçant de se fracasser contre sa carne. A lorgner d’une pupille brûlante les mouvements maladroits, ces vêtements revenus se perdre entre les doigts. A hurler du silence, la jalousie évidente puisqu’elle le dévore lui aussi. Entrave les entrailles et les mord avec la hargne des cabots de l’enfer. Leurs géhennes personnelles, l’épouse et l’époux cocufiés qu’il serait pourtant si délicieux d’écarter de l’équation tordue de leur existence.

Premier assaut et le bougre en sourit. Se redresse, lentement. La carcasse alanguie aux muscles reprenant du service. Fripes saisies au vol, c’est le jean qu’il remet sans accorder un regard à sa cubaine. L’ignorance est encore la meilleure chose qu’il puisse lui offrir. Elle reviendra, comme après chaque crise. Moue qui approuve, Levi quitte le lit, ferme les boutons et cherche du regard sa flasque abandonnée sur le plancher. Elle le bouscule, la muse désabusée. Et lui se moque, en ourle ses lippes d’un sourire moqueur et l’œillade pétillant d’un amusement sale, à lui gueuler à la figure tu es belle quand tu es dans cet état. Il l’aime chienne, Trinidad, l’aime plus encore lorsqu’elle se fait furieuse dans son univers. A en faire trembler Moros dans les tréfonds de son être, le divin et sa frénésie mortelle. Pognes promptes à se saisir de la créature, éjectées de son orbite par les griffes acérées. Elle ose pourtant, proféré l’infamie de trop. Celle qui brise, fracasse la mécanique pourtant bousillée dans la poitrine. Voile écarlate à même la rétine, toute la physionomie se fait menace. Statue sculptée à même la roche des géhennes, elle est allée trop loin. Tonnerre dans la chambre adultère, la gifle éclate sous la voûte de malheur perchée au-dessus d’eux. Tonitruante, marque la peau de satin d’un carmin brûlant, la trace de cette alliance sur laquelle ils crachent pour marquer l’offense.

« - Répète un peu, hm, que je t’arrache la langue. » Calme tranchant du timbre en contraste affolant avec le geste. Sa main qui s’agrippe avec hargne contre la gorge gracile, oblige l’amazone à relever le menton vers lui. Etrangle la monstrueuse, plaque le corps insolent contre le mur le plus proche. « - Je serais le seul à devoir souffrir de cette situation ? Le seul à devoir jurer fidélité à des amours passagers quand toi tu retournes ronronner entre les cuisses de ton mari ? » Les doigts tapotent contre la ligne délicate de la mâchoire. « - Sois Reine de ton clan, si cela satisfait ton égo. Mais tu sais, oses seulement mettre en branle ce que tu viens de proférer et le petit se retrouvera bien rapidement orphelin de mère… » Menace au goût de miel, ronronne le timbre d’une folie douce. Géniteur bafoué, arraché à sa progéniture et le rustre se fera tueur s’il le doit. Détruira sa belle et tout son monde. Pour ne pas avoir pu l’avoir pour lui, personne ne le pourra, pas même le fruit de leur amour funeste.

Vérités qui brûlent le derme, bourreau ne tolérant plus les hystéries grandissant au palpitant rongé. C'est qu'elle est vulgaire, Trinidad, lorsqu'elle dédaigne tout, jusqu'aux amours qu'elle ose lui porter, quand il s'agit de défendre sa fierté. Ne tentera jamais de démordre de ses élans meurtriers, puisque c'est de sa portée qu'il s'agit ; son sang, sa chair. Bambin dont il n'a pas prouvé l'appartenance, mais les évocations parlent d'elle-même, à mesure que le môme se débat avec sa maigre existence. Les traits encre baignés de l'innocence mesurée des petits bouts, mais ce sont ces yeux, si intenses, de ces noirceurs infinis, qui la font croire avec plus de confidence en la paternité de l'amant. C'est qu'il la juge, plus fort encore, lorsqu'elle n'a que faire de l'autre – voudrait divorcer, s'y affairerait de bonne grâce si la garde de ses mômes n'étaient pas en jeu. Veut-elle seulement épouser Levi ? La question n'est plus là, puisque c'est le cœur qu'il assassine, par ses égotismes doucereux dont elle se fait l'éplorée, à dessein. Remise en cause de ses propres égoïsmes qui n'est plus à démontrer, c'est avec rancœur qu'elle lui fait avaler des couleuvres, lorsque les scènes se font plus familières. Gorge saisie pour épingler le papillon de nuit contre le mur, asphyxier la poupée qui se met à sourire, l’œil vif, glisse ses propres pognes sur celle de l'ogre pour le pousser à les refermer. Serre plus fort, serre encore. Qu'elle calanche enfin. L'enfer est pavé de bonnes intentions, ce serait service lui rendre que de refermer les doigts sur sa trachée jusqu'à esquinter la conduite d'air.

« Étouffe moi donc, Levi, si c'est là ton désir. Fais de notre fils un orphelin, abandonne le aux bons soins des miens, mais sache que tes actes ne resteront pas impunis. Tu veux satisfaire ta putain ? Serre plus fort. Débarrasse toi de moi. »

Orbes vissées aux siennes, brillant de quelques folies douces. La détermination des aliénés qui ne jurent que par les morts, petites et grandes, de même envergure que celles dont elle prétend être la muse sous le couvert de la sorgue. Elle ne se débat même pas, Trinidad, puisqu'aux entrailles raillées pour leurs dévotions infertiles succèdent adrénaline et satisfaction. Faites qu'il la crève, enfin. Ixtab qui ne périrait pas de sa main propre, mais de celle toute proche de l'amant déraison, qui atteindrait enfin l'objectif fixé, l'hybris désavoué tant que la chair marque et que les coups qui pleuvent ne font que l’égratigner sans jamais la tuer.  

« Tu crois encore, que je me perd entre ses cuisses ? Tu crois que je suis femme qu'on peut rendre docile par quelques promesses ? Tu avais juré et la voilà grosse. Bel idiot satisfait, que tu es. »

Menace palpable qui ne la démotivera pas pour autant à se venger, ivre de colère et de jalousie rien qu'à la pensée sordide de la môme enchantée, rivale dont elle n'a jamais toléré jusqu'à l'existence.

« Elle le sait, elle, qu'au soir de vos noces c'est dans mes draps que tu te pressais ? Tu crois qu'un môme résoudra tout ? » qu'elle continue de lui cracher à la gueule, exemple flagrant de leur propre marmaille mise au pilori pour quelques élans meurtriers. Ongles enfoncées dans sa peau pour qu'enfin, il la relâche, cubaine qui n'a plus que la détermination de quitter la garçonnière, lasse et garce à souhait.

Pogne aux meurtrissures infligées par les griffes de la harpie. Celles qui foudroient la chair de ces élans de souffrance à en flageller le corps insolent. Décadence à fleur de frisson, il n’en serre que plus fort. Chavire de la voir suffoquer sous sa poigne, faire taire la mégère et ses odieuses oraisons. La sentir mourir sous ses envies, seigneur de l’existence, le dieu impie détournant de sa route toute tracée l’existence de celle ayant osée se dresser devant lui. Vers l’implacable destin, celui brûlant dans la pupille, sur les esquisses du rictus fauve apposé à même la lèvre. Ô il serre, Levi, plus fort encore. Certainement pas dans l’illusion de satisfaire sa petite femme. Seulement pour faire ronronner ses propres délires, à frôler les rivages du Styx pour mieux s’en dépêtrer. Et il la laisse cracher, spectateur silencieux d’un dernier monologue poussé dans les soupirs du désespoir. Jalousie fleurie aux bords des lippes, celle qu’il cueille de l’audace des siennes. A frôler la chair tendre, caresse d’un baiser au goût de souffre. L’animal se joue de la furie, attise et s’en gorge, à défaut de lui-même l’instaurer par le fruit de sa volonté. Elle n’en a pas besoin, sa délicieuse cubaine, parfaite dans le rôle de l’indomptable.

Eclat de rire contre les lippes venimeuses, Levi se moque. Ca grince pourtant, ce rire qui secoue la carcasse. « - Docile, le seul mot sortit de ta bouche sonne comme hérésie. » Qu’il ronronne, douceur de miel à l’arrière-goût de venin. « - Juré, hm, oui, j’ai juré. Fidélité jusqu’à ce que la mort nous sépare. Etait-ce à toi ? Je n’en suis plus sûr. » S’enfoncent les phalanges dans la peau satinée, il malmène et attise la douleur sous la carne aimée et bafouée. Se redresse et l’entraîne dans son geste, à faire voleter les petons, effleurer tout juste le plancher. « - Je crois que tu ignores ce qu’il convient de faire. Te débarrasser de lui, de moi, des deux. Prendre le môme et quitter la ville, seule. De biens difficiles décisions à prendre. » Opine du chef l’animal, moue compréhensive sur les lèvres. « - Tu me prives de mon fils, ne crache pas parce qu’une autre s’occupe de me donner ce que tu me refuses, ma chérie. » Timbre enjôleur, au calme de lac gelé, à la trahison gravée dans la pupille. Brûlante d’une rage froide, ces colères doucereuses dont il est le maitre, sans jamais hausser le ton, tonnerre venant du fond des cavités sombres de son être, nul besoin de se perdre dans les hauteurs de l’hystérie pour faire trembler.

Ricane encore, notes aigrelettes voletant dans le silence. Pogne libre apposée sur celles de la suppliciée, il tapote doucement. Flatte les phalanges comme il flatterait la croupe d’un de ses canassons. Amant malmené au souffle qui se perd contre la ligne crispée de la gorge écrouée. A y enfouir sa trogne comme un gosse se perdrait dans les chaleurs maternelles. « - Elle le sait, et a compris que pour t’évincer, elle se devait de te surpasser là où tu échoues. » Blesse les entrailles matrices aux chaleurs stériles. L’assassine de sa violence douce comme elle le détruit de sa fureur jalouse.

Rancœurs de femme, excès de perfidie à mieux suffoquer. Voûtes plantaires qui n'effleurent plus le sol, à en faire trembler les fondations, de ces ruines concordes, bestialité qu'il fustige à mieux la faire céder. Sous ses cris. Sous ses poings. Primaire, l'animal, qui la broie de ses tourments castrateurs, à torpiller ses instincts de mère courage qui n'en a jamais eu que le titre. Monstre de femme, c'est aux services sociaux qu'elle devrait la plus belle des faveurs, si tant est qu'ils décident de lui dérober ses chérubins ; pas qu'ils soient mal-aimés, laissés à l'abandon d'une quelconque manière. Mignon à son corps défendant, prenant soin des mômes que la harpie lu abandonne, pressée de fuir, pressée de vivre, aux bras de celui qui l'oppresse. La conjure de lui offrir descendance, à mieux étreindre le galbe, à offenser le derme de sa bouche insolente. C'est qu'elle brûle, la garce, à chaque baiser dérobé, lorsqu'il l'enfouie en son cou frêle. Mieux la briser, tout ce qu'elle représente, l'infidèle au palpitant épars, brutalisé d'avoir trop aimé – ou juste pas assez. Orbes figées, silence en ses humeurs confondantes, vipère constatant chaque vigueur éteinte avec défaut, lasse et offensée. Contrainte à la vérité morose de ces soirées gâchées par les cris de l'un, les heurts de l'autre. A croire qu'il était temps pour eux de se quitter, avant d'y calancher. Se haïr pour mieux s'aimer.

Carcasse déchue de son piédestal, latina qui n'ose pas même entrouvrir les lèvres, ébaucher le moindre rictus, se garde bien de lui offrir la moindre réponse. Grogne subitement en fuyant ses yeux amènes, son regard brûlant. Estime en avoir dit assez, se tait, frêle et blessée en ses egos malices, de ceux dont on aurait le dernier mot qu'à la brûler vive, poupée au bûcher de ses déraisons. Adroite en ses débauches caprices, reine en ses drames familiers. L'intime persécuté par l'autre, c'est ainsi qu'elle doit l'accepter, Vivas. Consentir à reconnaître l'échec. Les siens par dessus tout.

« Je t'amènerais le petit demain. Que tu le vois. Que tu le garde la fin de semaine. »

Il le sait, que c'est le tien, l'autre, soupirent se yeux. Suffit d'admirer la tignasse, ces chatoiements caractéristiques hérités du père. Ces boucles et ces orgueils sublimes. Elle ne lui demande pas pardon, Trinidad, tire sa révérence sur ces derniers mots sans même l'effleurer, se refuse à l'embrasser. Le bruit et la fureur. Fulmine déjà sa prochaine trahison, leurs prochaines guerres, petites et grandes, puisqu'il n'y a que comme ça qu'elle osera l'adorer. Toute meurtrière qu'elle est.

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