Il n’a pas beaucoup dormi, c’est vrai. L’esprit occupé par sa discussion virtuelle avec Lyra, Finn n’a pas vu le temps passer. D’un coup, on était le lendemain soir. Par pure bravade, il a promis un dîner en bonne et due forme à la jordanienne. Mais voilà, il ne sait pas ce qu’il va préparer. Il ignore tout de ses goûts culinaires et la vilaine a refusé de le mettre sur une piste. Fais simple, a-t-elle dit. Mais il y a de la complexité partout, même dans la facilité. Ainsi se retrouve-t-il planté devant le rayon des épices orientales, avec en tête des images de plat jordaniens typiques, qui dépassent de très loin ses compétences. Il espère l’impressionner, mais il voit déjà se profiler l’incendie qui ravagera l’appartement de la jeune femme. Il est comme ça, Finn. Plein de bonne volonté, mais finalement terriblement maladroit. C’est un miracle que son propre appartement n’aie pas déjà pris feu suite à ses expérimentations. Un soupir lui échappe, lourd de regrets. Adieu, tajines, couscous et méchouia. Ses longues jambes le portent finalement devant la rôtisserie, où il choisit un poulet déjà prêt, encore fumant. L’odeur, alléchante, lui chatouille les narines et promet un bon repas. Le rayon légumes crache dans son panier quelques patates douces, auxquelles il ajoutera du paprika. Un dessert, sucré à souhait, vient compléter son menu. Quinze minutes après, le voilà sur le trottoir, tenant fermement le sac plastique qui renferme leur repas de ce soir. L’air est encore chaud et il décide de marcher, profitant de la soirée. Occupé par les horaires hors normes de la boutique, il y a longtemps qu’il n’est pas sorti. Sa vie sociale se réduit au strict minimum et les distractions se font rares. Aussi est-il ravi de cette occasion d’échapper au boulot. Ravi, également, de retrouver la belle. Lui qui l’a veillée une semaine durant, protégeant son sommeil et permettant à son corps de se reposer, est encore tout surpris de la tournure qu’on prit les événements. Il y a encore deux semaines, elle était une totale inconnue. Désormais, une forme de routine s’est installée entre eux et c’est très naturellement qu’il glisse la clé dans la serrure. « C’est Finn ! »

Il pénètre dans l’appartement comme s’il était chez lui, habitué aux lieux. Le son répété d’une cavalcade lui fait tourner la tête, à l’instant où un énorme husky lui saute dessus. L’animal lui fait la fête, manifestement tout heureux de le retrouver – et plus probablement, attiré par l’odeur du poulet. « Laisse-moi passer, Sirius. Allez, pousse-toi ! » Il rit alors qu’il tente de refermer la porte, tout en repoussant le fauve. Le périlleux exercice est couronné de succès et, le chien sur ses talons, Finn rejoint le salon. Tenant à bout de bras le précieux sac, il s’efforce de tenir à l’écart la boule de poils avide de dévorer leur repas. Un rire lui fait relever la tête et il découvre Lyra, installée sur le canapé, un plaid sur les genoux. L’image le fait sourire et fait jaillir dans son esprit des brides de leur conversation. Qui en amène d’autres, pleines de sous-entendus. Il rougit aussitôt mais s’approche néanmoins de la jeune femme, sourire aux lèvres. Il se penche et de sa main libre, effleure la joue de la belle. « Content de voir que tu as pu te lever. » Prévenant, il l’embrasse sur le front. Un léger goût amer envahit sa bouche. Il aurait aimé avoir le courage de goûter à ses lèvres rosées, mais s’en tient pour l’instant à la plus stricte politesse. Ce baiser chaste, déposé au-dessus de ses sourcils sombres, est déjà un énorme pas en avant pour eux. Son sourire se fait tendre, alors qu’il la contemple. Un peu trop longtemps, car le poids du chien contre ses jambes le rappelle à l’ordre. Toujours attiré par son contenu, l’animal lorgne d’un peu trop près sur le sac. « Je vais aller mettre ça à la cuisine avant que ce monstre ne mange notre dîner. Tu as besoin que je te ramène quelque chose ? »

Les derniers jours ont été difficiles, délicats à passer. Le retour à la réalité brutale. Les soirées d’Arcadia se passent pas comme dans les comtes de fées. Ca ressemblerait bien plus à une histoire tirée de l’imagination des frères Grimm. Du bordel et du sang. Puis la venue d’Anthea qui s’est avérée être plus mouvementée qu’elle ne l’avait imaginé. Ca l’avait crevé, et ça la travaillait encore. Pourtant, elle tentait de mettre tout ça dans un coin de sa tête. Parce qu’il y avait Finn. Finn et tout ce qu’il lui avait inconsciemment autorisé à rêver. Finn et sa capacité à prendre soin d’elle, sans qu’elle ne se rebute complètement. Un exploit. Cet échange de sms l’avait amusée. Ca l’avait surprise aussi. Mais surtout fortement amusée. Elle l’avait découvert taquin, un peu bossy, aussi, lorsqu’il le voulait, et encore plus intriguant que la première fois qu’elle l’avait vu.

Le bruit de la serrure la sort de ses pensées, et Sirius relève la tête immédiatement. « C’est Finn ! » Les lippes qui s’étirent, et cette sensation de chaleur qui l’envahit à l’entente de sa voix est loin d’être désagréable. Ca semble presque familier. Et rassurant. Sa présence, c’est tout ce dont elle a besoin dernièrement. Ca et beaucoup de repos. Et y’a pas qu’elle qui est ravie de le voir. A peine sa voix reconnue que Sirius a sauté du canapé pour rejoindre la porte d’entrée. Si c’est pas de l’amour, elle sait pas ce que c’est. Si son chien est adorable les trois quarts du temps, il n’en reste pas moins méfiant avec les inconnus. Et Finn semble avoir dépassé ce stade depuis un moment.
Elle les entend d’ici, l’un bruyant à vouloir sans doute s’amuser quand l’autre tente de se frayer un chemin sans se faire chiper le diner. Et Lyra finit par le voir arriver, tout sourire. Le palpitant qui fond, ou qui s’excite. Ou les deux à la fois. La scène lui semblerait presque irréelle. Un mec adorable, attentionné, déjà en possession de ses clés et qui connait sans doute son appartement autant qu’il connait le sien. Irréelle mais loin d’être déplaisante. Et plus encore lorsqu’elle le voit légèrement rougir. Repenserait-t-il à ces nombreux messages échangés la veille ? Une conversation bien plus longue que tout ce qu’ils ont pu avoir jusque-là. Et sans aucun doute plus libre, plus osée. Des sous-entendus qui ont fini par ne plus en être. Des blagues aux allures de promesses sérieuses avec un gout de futur prometteur. Sa main qui vient caresser sa joue, et le sourire se dessine naturellement. C’est officiel, elle aime et a besoin de son contact. « Content de voir que tu as pu te lever. » « Je t’ai que ça allait mieux, je voulais te le prouver. » Pourtant, les évènements de la veille l’ont remué, et l’ont fatigué plus que nécessaire. Elle sait que c’était une connerie, qu’il était trop tôt. Pour s’énerver, pour se servir de son don, pour dépenser de l’énergie inutilement et stupidement. Mais Lyra l’impulsive avait fait son retour. Seulement il était hors de question qu’elle reste une soirée de plus au lit alors que Finn se déplaçait une nouvelle fois pour elle. Qui plus est, pour un véritable dîner. Les lèvres de l’irlandais viennent alors se poser contre son front, et elle ferme les yeux, un bref instant, savourant pleinement ce contact. Pourtant, elle veut plus. Elle ne fait que repenser inlassablement à leur baiser échangé, au gout de ses lèvres, et cette envie de recommencer. Mais elle veut pas le brusquer, encore moins l’éloigner. Alors cette douceur, elle l’accepte avec plaisir, tout en regrettant de le voir se redresser bien trop rapidement. « j’suis contente que tu sois là. » pour ce diner et pour prendre soin d’elle. pour elle. dernièrement, tout se confond. « Je vais aller mettre ça à la cuisine avant que ce monstre ne mange notre dîner. Tu as besoin que je te ramène quelque chose ? » « une tasse de thé ? » demande-telle, un sourire sur le coin des lèvres. « Et ton corps… je crois que tu me dois plusieurs calins. J’ai déjà le plaid. » Même fatiguée, Lyra ne se gêne pas pour le taquiner, et peut-être même pour le faire rougir un peu plus. Elle craque un peu plus à chaque fois, face à sa timidité, à ses envies qu’il tente de réprimer. Il ne lui en faut pas plus pour s’éclipser sous le regard de la jordanienne, légèrement tournée, la tête reposant sur le haut du canapé. Image parfaite de cet homme qui l’est tout autant, évoluant naturellement chez elle. Mais elle tient pas. Elle tient pas, Lyra, à rester là bien sagement. Tant pis si elle se trahit, si la fatigue est plus apparente qu’elle ne veut lui faire croire, mais elle se lève du canapé. Ses jambes la portent sans trop de mal jusqu’à la cuisine. « Tu me prends dans tes bras ? » C’est qu’elle aurait l’air presque innocente Lyra, avec cette demande soudaine et ses yeux pétillants. Des teintes émeraudes avec des éclats de noisette qui luisent de sincérité.

Sourire tendre aux lèvres, il contemple la malade emmitouflée dans son plaid. Elle n’est pas vraiment malade, Lyra. Seulement extrêmement fatiguée. De toute son existence, il n’avait jamais vu cela. Véritablement inquiet les premiers jours, il avait été rapidement rassuré par l’état de la jeune femme, qui s’améliorait plus vite qu’il ne l’aurait cru. Ce corps, svelte et tonique, semble renfermer des ressources insoupçonnées. Néanmoins, il ne peut s’empêcher de remarquer les cernes sous ses yeux, qui créent des ombres inquiétantes sur le visage délicat de la jordanienne. Il le devine, elle doit puiser dans ses réserves pour être capable de l’accueillir ce soir. Un court instant, il regrette un peu de s’être imposé pour le dîner. Elle aurait plus besoin de dormir que de se concentrer sur lui. Malgré ses dires, il se mord les lèvres. Elle ne va pas aussi bien qu’elle veut bien le dire ; pas aussi bien qu’elle veut le montrer. Son corps a beaucoup subi, ce fameux soir à l’Eden Manor. Et la reconstruction est lente. Trop au goût de l’impatiente. Trop, au goût de l’inquiet. Finn ne supporte pas la maladie, car immanquablement elle appelle la mort. Et si on en réchappe presque toujours, il suffit d’une fois pour effacer une existence toute entière. Chassant ses pensées macabres, il sourit de plus belle lorsqu’elle gratifie sa présence d’un mot gentil. Lui aussi est heureux d’être là, malgré l’inquiétude qui fait discrètement se plisser son front. Lorsqu’elle réclame une tasse de thé, il ne peut s’empêcher de repenser à leur première nuit. Pas tout à fait une première nuit, pas au sens où le commun des mortels l’entend. Pour lui, cette nuit reste un souvenir impérissable, curieux mélange de nostalgie, de rires et de discussions passionnées, arrosé de thé anglais. « A vos ordres, chef. » Le sourire qu’il esquisse se trouble lorsqu’elle réclame son corps. Son rire est partagé entre sincérité et crispation. Il est plus facile de flirter par sms, plutôt qu’en face à face. Comme elle l’a certainement escompté, ses joues rougissent encore un peu plus. « Attends un peu, pour ça... » Sourire espiègle, qui masque son manque d’assurance. « Pour les câlins, en revanche, je dois pouvoir arranger ça. » Lui adressant un clin d’œil taquin, il emporte leur dîner à la cuisine. Bien évidemment, le chien le suit.

Il ne faut pas longtemps pour que Lyra le rejoigne. Moqueur, il s’appuie au plan de travail tout en la regardant avancer péniblement dans la cuisine. Elle peut jouer les grandes, elle n’en reste pas moins fortement touchée par les événements du manoir. Bras croisés sur sa poitrine, Finn hésite une seconde à l’aider. Mais il se doute que la fierté de la jeune femme en prendrait un coup. Se lever pour le rejoindre est une petite victoire, pour elle comme pour lui. Cela signifie qu’elle se remet peu à peu. Cela signifie qu’il a fait du bon travail, en veillant sur elle. Alors ces quelques pas sont aussi sa fierté. Une main légèrement en appui sur le plan de travail, l’air de rien, Lyra s’approche et lui adresse le plus éblouissant des souvenirs. Soupirant, secouant doucement la tête, il la rejoint en deux enjambées et passe tendrement ses bras autour de sa taille frêle. « Qu’est-ce que tu ne me fais pas faire, Al Khayzuran. » Son ton est amusé. Se détendant au contact de la belle, il enfouit son visage dans la masse de ses cheveux bruns. Lentement, l’étau de ses bras se resserre sur elle, alors qu’il l’attire un peu plus contre son torse. « Je suis content que tu ailles mieux. » Il le dit en toute sincérité, d’une voix chargée d’affection et d’émotion. Il a réellement craint pour sa vie, après l’avoir ramenée inconsciente du manoir des italiens. Sa résurrection miraculeuse lui a cependant ouvert de nouvelles portes. Après une semaine d’angoisse, Finn se prend à espérer… quelque chose. Il ignore quoi précisément, mais il sait que son histoire avec Lyra Al Khayzuran ne s’arrêtera pas là. Tendrement, sans un mot, il s’extirpe de la chevelure brune pour embrasser sa joue. Ses mains caleuses quittent la taille de la jordanienne, pour venir prendre en coupe son visage. Ses lèvres tracent un chemin jusqu’aux lippes rosées de la belle. Il l’embrasse délicatement, comme un trésor précieux, inestimable. Il se laisse le temps de profiter de l’instant, de profiter de sa saveur. Le sourire malicieux qui étire ses lèvres déforme un peu le baiser, et sans la prévenir, il abandonne son visage pour glisser ses mains sous ses cuisses et la soulever sur le plan de travail. Il rit, amusé de son tour de passe-passe, alors que la jeune femme le domine. Ses lèvres retrouvent le chemin de la maison, opérant un détour par la gorge et le menton de la brune. Taquin, il mordille la lèvre inférieure de Lyra, imprimant la marque de ses dents sur la chair tendre. Sa main effleure sa hanche puis la quitte à regret, alors qu’il recule de quelques pas. « Maintenant, tu ne bouges plus et tu me laisses préparer le repas. » Le ton est plein d’humour, amusé et coquin. Il ne peut s’empêcher de venir cueillir un nouveau baiser, rapidement arrachée à la princesse. Puis il se détache d’elle et entreprend de cuisiner leur dîner. Il lui jette de temps en temps un regard, avant de lui tirer la langue, malicieux. « Tu peux me le dire, maintenant. Que tout ça n'était qu'un piège pour m'attirer dans tes filets. »

Elle ne manque pas de se rappeler de leur première soirée, et surtout de ce thé proposé comme s’il disposait d’étranges propriétés. C’est ce que les anglais auraient dit. Et la môme, ça l’a sacrément amusé. Elle se souvient de cette nuit à rire, à partager des souvenirs, des histoires loufoques et parfois embarrassantes. Elle se souvient de ce sentiment de bien-être sur son canapé, de son regard bienveillant et cette impression de le connaitre depuis bien longtemps. Elle se souvient parfaitement de cette facilité qu’elle avait à se confier à lui. La soirée avait été une réussite, et plus encore, l’un des meilleurs moments qu’elle avait passé. Alors forcément, le thé revient à elle, la buveuse de café invétérée, comme un souvenir impérissable, prête à de nouveau partager. « A vos ordres, chef. » Lyra se pince les lèvres pour se retenir de rire face à la réaction de Finn. Prévisible, et tout de même horriblement craquant. Le taquiner et le faire rougir commence à être un jeu auquel elle prend bien trop goût. « Attends un peu, pour ça... Pour les câlins, en revanche, je dois pouvoir arranger ça. » Son sourire s’agrandit, et sans un mot, elle le suit du regard se rendre dans al cuisine, suivi de près par son husky. C’est à se demander si Sirius suit l’odeur alléchante du poulet ou simplement l’irlandais.

Elle  est pas capable de rester là à le regarder s’éloigner, Lyra. L’envie de l’avoir près d’elle, de se perdre dans son sourire et dans chacun de ses gestes. Elle tente de le rejoindre, doucement. Ses pas sont moins déterminés qu’avant, moins assurés. Et elle le voit, devant elle, appuyé sur le plan de travail, l’air légèrement le moqueur, et elle rit alors qu’il l’attend. Une manière d’observer ses progrès, son rétablissement. Une manière de s’assurer qu’elle dit vrai quand elle lui affirme qu’elle a mieux. « j’apprécie que tu te retiennes d’aider. » lache-t-elle en rigolant. Elle se doute qu’il doit prendre sur lui pour rester à sa place, ne pas la rejoindre pour venir l’aider. Elle a besoin de faire ces quelques pas d’elle-même. La jordanienne finit par s’arrêter, léger sourire sur les lippes, à peine appuyée sur le plan de travail mais déjà fatiguée. Quelle connerie de ne pas s’être plus reposée. Tout ce qu’elle veut comme récompense, c’est ses bras. Elle en a rêvé. Elle les a imaginés. De nouveau se retrouver contre son torse, dans cette étreinte si particulière, si réconfortante. Comme s’il savait, Finn s’approche, bien plus rapidement qu’elle, et réduit à néant l’espace entre eux, ses bras se glissant autour de la taille de la brune. La tête légèrement relevée, les bras glissés derrière son cou, elle détaille chacun de ses traits, admirative.  « Qu’est-ce que tu ne me fais pas faire, Al Khayzuran. » « Rien que tu ne puisses pas faire, O’Meara » La tête blonde enfouie dans ses mèches brunes, il resserre son étreinte alors qu’elle laisse sa tête reposée sur son épaule. Les yeux clos, elle se laisse bercée par la mélodie de son palpitant, serein, régulier, sécurisant. « Je suis content que tu ailles mieux. » aucun doute qu’elle a dû le faire flipper. Et au fond, peut-être qu’elle aussi, a un peu flippé. Rien de pire pour une femme comme elle que de n’être capable de rien, que de rester cloitrer au lit parce qu’elle n’a pas la force nécessaire pour faire plus de trois pas. Mais Finn avait pris soin d’elle d’une manière qu’elle n’aurais jamais imaginé, à un point qu’elle n’aurait pas soupçonnée. « Merci… Pour tout. » Pour être revenu chaque jour, pour l’avoir veillé, s’être inquiété, avoir pris soin d’elle –et de sirius lorsqu’elle en était incapable.  Il a fait plus que ce que n’importe quelle autre personne aurait fait. Elle se sent presque coupable de lui avoir imposé tout ça, sans qu’il n’ait rien demandé. Pourtant, d’une manière un peu tordue et sans doute un peu égoïste, elle ne regrette pas un seul moment. Même dans les vapes, elle savait qu’il était là. Sa présence, elle la sentait Lyra le sent alors redresser la tête, et sourit à ses lèvres qui viennent doucement se poser sur joue. C’était sa mission à elle, de l’embrasser sur la joie pour le remercier de tout ça. Cette douceur l’envoute, autant que ses mains viennent délicatement se poser de chaque côté son visage. Envoutée, c’est le mot. Parce que la môme se laisse complètement faire. Son cœur s‘emballe un peu plus, cogne contre sa poitrine en entant ses lèvres s’aventurer sur les viennes. Un baiser d’une douceur à l’en faire tressaillir, avec ce léger son, entre le soupir et un gémissement quasi inaudible qui s’échappe de ses lèvres lorsqu’il presse les siennes. Elle a l’impression que ses jambes vont lacher. Non pas à cause de la fatigue, mais de ce qu’il provoque en elle. Et le voilà qui sourit contre ses lèvres, avant de poser ses mains derrière ses cuisses pour la soulever. Assise sur le plan de travail, Lyra se met à rire, encore envoutée par ce moment. Ailleurs, au milieu des étoiles, perdue dans son regard pétillant. Quel meilleur moyen pour la faire taire ? aucun. La bouche de l’irlandais se perd une nouvelle fois sur son épiderme, atterrie sur la sienne pour en mordiller sa lèvre inférieure. Elle reste là, à s’humecter les lèvre, revivre chaque instant, chaque sensation, à crever de plus, plus longtemps. Qu’est ce que tu fais de moi, O’Meara ? qu’elle pense. « Maintenant, tu ne bouges plus et tu me laisses préparer le repas. » « Bossy. » commente-t-elle, un sourire amusé sur les lippes. « C’est cruel de me laisser comme ça. » pourtant, il revient déjà, un baiser voler avant même qu’’elle ne le réalise, pour s’occuper du diner.

Elle l’observe, en silence. Il est concentré, malgré ses quelques coups d’œil. L’odeur lui fait envie, mais sans doute pas autant que celle de retrouver ses baisers. addiction. « Tu peux me le dire, maintenant. Que tout ça n'était qu'un piège pour m'attirer dans tes filets. » Elle se met à rire Lyra, de rire cristallin franc, qui soulève les cœurs. « Totalement. La soirée à l’Eden Manor n’était qu’un horrible scénario pour que tu t’occupes de moi. Tu dois au moins reconnaitre que j’suis une scénariste hors pair. » alors qu’il se rapproche légèrement, elle vient encercler sa taille de ses jambes, le collant un peu plus à elle. Ses bras de nouveau sur sa nuque, le bout de ses doigts glissent naturellement dans ses cheveux. Elle laisse le bout de son nez glisser sur la ligne de sa mâchoire, l’y embrasse, puis sa joue, avant de lui voler un baiser. « Et maintenant que tu es dans mes … filets, t’as plus le droit d’en partir… » et c’est bien la dernière chose qu’elle souhaiterait. Lyra presse ses lèvres sur les siennes, une drôle de de sensation dans le bas du ventre, alors c’est à son tour de sourire contre ses lèvres et rompre le baiser. « Vaudrait peut-être mieux se remettre à la tâche » pourtant, elle le garde là, prisonnier de ses jambes, un sourire heureux sur les lèvres.

Lorsqu’elle le rejoint, Finn observe sa silhouette longiligne, un sourire amusé aux lèvres. Depuis qu’il la connaît, Lyra lui paraît forte, indépendante. L’image même de la femme émancipée telle qu’elle est décrite dans la presse féminine actuelle. Une femme qui n’a besoin de rien ni de personne pour exister. Et c’est ainsi qu’il voit Lyra. Audacieuse, la belle a hanté ses nuits avant de pénétrer dans son existence, égale à elle-même. Pendant des jours, il a craint d’avoir perdu cette aventurière, de ne trouver, à son réveil, qu’une coquille vide. Mais Lyra s’est peu à peu remise, recouvrant lentement ses forces et son caractère hors du commun. Et maintenant, alors qu’elle s’avance dans sa cuisine, il retrouve la femme qui a attiré son regard au beau milieu de la nuit. Ses mots, lâchés sur le ton de l’humour, le font sourire de plus belle. « Je tiens beaucoup à mes mains. » L’étreinte qu’il lui offre contredit un peu ses dires, alors qu’il les laisse se balader sur le corps de la jeune femme. Son ton espiègle résonne même à ses propres oreilles. Au contact de Lyra, Finn ne se reconnaît plus. Elle déteint sur lui, le rend plus audacieux à chaque rencontre. « Je crois que tu me surestimes beaucoup. » Une fois encore, il se fait malicieux, joueur. Et pourtant, il énonce une vérité. Son incapacité chronique à avancer. Bloqué dans son propre passé, Finn pose lui-même les barrières qui l’empêchent de s’en extraire. Même s’ils ne parlent pas de la même chose, Finn se connaît suffisamment pour savoir que Lyra le croit plus fort qu’il ne l’est véritablement. Le remerciement qu’elle lui adresse lui va droit au cœur et fait se resserrer un peu plus l’étreinte. Une nouvelle fois, l’irlandais s’étonne de la facilité ave laquelle la brune s’est immiscée dans son existence et l’a chamboulée. Lentement, elle balaie le souvenir d’Eo pour s’imposer. La blonde reste malgré tout présente dans chacune de ses cellules. Jamais il ne pourra l’oublier. Mais Lyra, envoûtante et passionnée, devient peu à peu une part importante de sa vie. C’est donc tout naturellement qu’il se laisse aller à l’embrasser. Un baiser comme une caresse, comme un effleurement délicat et délicieux. Le gémissement qui échappe à la belle l’encourage à appuyer un peu plus l’offrande, avant qu’il ne la fasse s’asseoir sur le plan de travail. Le souffle court, il peine à s’échapper de ses bras. Pas parce que Lyra le retient avec trop de force ; simplement parce qu’il manque cruellement de volonté.

Il parvient néanmoins à abandonner la brune, alors qu’elle s’amuse de son ton autoritaire. « Toujours, avec toi. » Sourire en coin, parfait écho de celui qu’affiche la belle. Sans qu’il ne comprenne pourquoi, il est effectivement facile de se laisser aller à donner des ordres à Lyra. Il ne s’attend pas à ce qu’elle les suive ; n’en a presque pas envie, en vérité. Mais la voir rire et le taquiner lui procure un plaisir immense, presque enfantin. Lorsqu’elle se plaint de ses méthodes, il laisse échapper un rire. « Si je ne le fais pas, tu vas me distraire. C’est déjà le cas. » Regard éloquent, alors qu’il revient conquérir un baiser. Il s’éloigne ensuite, déterminé à préparer un dîner digne de ce nom. C’est lui qui, à l’origine, a lancé l’invitation. Ou plutôt, s’est invité pour la soirée. Proposition que Lyra n’a pas rejetée, loin de là. Toujours est-il qu’il entend tenir ses engagements. Alors qu’il épluche les patates douces et entreprend de les détailler en frites, il lance sa terrible accusation, énoncée sur le ton de l’humour. Accusation qui fait s’élever le rire de Lyra. Sa réponse lui fait lever un sourcil interrogateur. « Sérieux ? » Faussement choqué, il s’arrête un instant, couteau en l’air, pour fixer la belle. Il sait qu’elle blague et entre allégrement dans son jeu. Une lueur amusée pétille dans ses yeux, alors qu’il pose le couteau et s’approche d’elle. « Ça te correspond bien, en fait. Et puis, je me suis fait avoir comme un bleu. » Il ne peut s’empêcher de sourire lorsqu’il lui répond. Et, bien qu’il ait noté l’amorce de son geste et aurait pu y échapper, se laisse capturer par les jambes fines de la jeune femme. Soudain silencieux, il profite de la caresse qu’elle prodigue à sa nuque. Son souffle s’accélère légèrement, de même que son rythme cardiaque. Il n’a jamais su résister à ce contact et se laisse faire sans protester. Un gémissement monte à l’assaut de sa gorge, qu’il retient in extremis. Distrait par les caresses de la jeune femme, il est surpris par les baisers qu’elle lui offre. Ses mots le font sourire de plus belle, alors qu’il laisse sa main se perdre sur la cuisse nue de Lyra. « Qui a dit que je voulais partir ? » Quand il se précipite à la rencontre des lèvres de la brune, son estomac fait un looping et tombe en chute libre.

Encore une fois, le goût magnifique de la jeune femme s’épanouie sur sa langue. Il s’y accroche pour ne pas perdre pied, pour ne pas se perdre dans le baiser. Et lorsqu’elle s’éloigne, il se sent orphelin, abandonné. Comme un marin perdu en mer, il cherche désespérément à revenir chez lui. Le front s’appuie sur celui de Lyra, leurs nez s’effleurent et leurs yeux se croisent. Et elle a beau dire, elle a beau le renvoyer, par les mots, à sa tâche, ses jambes l’empêchent de s’éloigner tout à fait. « Il faudrait, oui… Mais tu me distrais. Je te l’avais bien dit. » Sourire malicieux, main baladeuse. Les doigts caressent la peau et remontent jusqu’à rencontrer le tissu qui recouvre le corps. Il s’y accroche, tire légèrement dessus. « Au fait, ceci est à moi, je crois. » Chemise abandonnée derrière lui, oubliée par inadvertance – ou pas. Sans doute un acte manqué. Fantasme inavoué de l’homme qui aspire à voir son aimée simplement vêtue d’un vêtement lui appartenant. Avançant légèrement le menton, il fait se rencontrer leurs lippes dans un effleurement léger. Pas vraiment un baiser, pas vraiment une caresse. « Je dois vraiment retourner cuisiner. Sinon on ne mangera rien ce soir. » Regard coulant vers le chien, assis au pied du plan de travail sur lequel a été abandonné le poulet rôti. L’odeur a peu à peu envahie la cuisine et ne manque pas d’attiser la faim du canidé. Lequel s’apprête à sauter pour chiper leur dîner. S’arrachant à regret à l’étreinte de Lyra, Finn étend le bras et attrape la volaille cuite avant que le voleur à quatre pattes ne s’en empare. Le poulet atterri dans le four, à l’abri des crocs du husky. Seules demeurent les patates douces coupées et prêtes à cuire ; mais elles ne craignent rien. Jetant un regard interrogateur à la jordanienne, il s’appuie sur le four. Là, éloigné de quelques pas de Lyra, il parvient à réfléchir. « Tu as vraiment faim ? Je veux dire… » D’un geste vague il désigne les légumes sur le plan de travail. Il sait à quel double sens sa question peut donner cours et ne veut plus de cela entre eux. Ils sont adultes, tous deux manifestement animés d’un même désir. Et si quelque chose doit arriver – et il est désormais sûr que cela arrivera – il ne veut pas la traiter comme un adolescent maladroit.

« Je tiens beaucoup à mes mains. » « Mais c’est que tu commences à bien me connaitre O’Meara… » lache-t-elle en déconnant, riante en s’abandonnant complètement de ses bras. Il commence à la connaitre, et à se lacher. A abandonner sa timidité, à sembler plus vivant. Et c’est bon de le voir comme ça. Il semble plus rayonnant, avoir moins de poids sur les épaules, Lyra doit reconnaitre que ça lui va bien cet air espiègle. Cet air malicieux, le sourire au coin des lèvres. « Je crois que tu me surestimes beaucoup. » « Et moi je crois que tu te sous-estimes bien trop. » voilà qu’il recommence. Et Lyra, elle est tellement butée qu’elle serait prête à lui démontrer le contraire. Elle est prête à faire ressortir au grand jour, chacune de ses ressources, chacune de ses qualités qu’il semble ignorer. Le remerciement sort du fond du cœur, parce qu’elle lui est réellement reconnaissante de toute l’attention dont il fait preuve, de tout ce temps qu’il lui a accordé, sans se faire prier. A ne pas en douter, finn a le cœur sur le moment, et Lyra s’est surprise depuis quelques temps, à vouloir en prendre soin. Alors quand ses lèvres s’échouent sur les siennes, son palpitant s’excite un peu plus, loupe un battement, reprend de plus bel. C’est pas le premier, mais celui-ci la réveille encore un peu plus, lui insuffle cette nouvelle énergie qui semblait lui faire défaut depuis plusieurs. Rien de miraculeux, seulement l’effet d’un cœur plus léger et envouté. Il la surprend, l’embrase avant même qu’elle ne s’en rende compte. Elle se trahit elle-même, ses envies et ses attentes. Portée pour être assise sur le plan de travail, la respiration moins régulière, elle ne rompt pas l’étreinte, pas encore. Juste un peu. Avant qu’il ne s’en détache pour cuisiner. Diner qu’elle avait presque oublié.

« Toujours, avec toi. » « Ca me plait » le sourire en coin ne quitte pas ses lèvres, amusée par cette facette de sa personnalité. Ce n’est pas ce qu’elle aurait deviné au premier abord. Moins encore en sachant le temps qu’ils avaient dû attendre pour réellement se parler. Mais c’est loin de lui déplaire. Bien au contraire. Assez bossy pour lui tenir tête avec amusement, pour la diriger sans grand sérieux. Tout pour continuer à la taquiner et la charmer. « Si je ne le fais pas, tu vas me distraire. C’est déjà le cas. » Elle hausse les épaules, comme si elle ne voyait pas vraiment de quoi il parlait alors qu’il lui vole un autre baiser. « T’as pas aimé la distraction ? » moue légèrement boudeuse, assez pour l’attendrir et tenter de le faire craquer une nouvelle fois.  Mais elle le regarde s’éloigner et s’occuper d’éplucher les patates. Finn O’Meara en homme parfait, tendrement fixé par la jordanienne, pour une fois sage, presque docile, à faire ce qu’on lui demande : ne pas bouger et regarder. Jusqu’à ce qu’il ne se mette à la chercher encore une fois.  « Sérieux ? » « Très » répond-elle en se retenant de ne pas rire. « Ça te correspond bien, en fait. Et puis, je me suis fait avoir comme un bleu. » « T’étais obligé de te faire avoir, c’est des grands moyens que j’ai mis en œuvre. » elle peut pas s’empêcher le fixer. Il est beau Finn, quand il sourit. Y’a son cœur qui fond un peu plus à chaque fois, quand son visage retrouve un peu de chaleur. Alors elle étend ses jambes pour l’y capturer. Enroulées autour de la taille de finn, et le approche jusqu’à elle, le bout de ses doigts caressant sa nuque, sans le lacher du regard. La réaction est minime, mais Lyra le sent réagir sous ses doigts, la faisant sourire, et continuer avant de l’embrasser. Nouvelle drogue dont elle raffole un peu trop, déjà. Comme cette main, qui glisse sur sa cuisse, sur ce corps qu’il découvre peu à peu. Aveu qui s’échappe de ses lèvres sur le contrat tacite qui s’écrit lentement, en finesse, à chaque seconde passée ensemble. Elle veut pas le voir partir Lyra. Elle se sent bien avec lui, contre lui. Elle veut continuer à le voir sourire comme ça. Elle veut continuer à voir cette audace grandir, à la taquiner, la contredire même. « Qui a dit que je voulais partir ? » L’étreinte de ses jambes se resserre, les corps collés quand il vient plaquer ses lippes sur les siennes. C’est l’explosion de son palpitant, les montagnes russes dans son ventre, et l’esprit qui s’étourdit.

Elle perd pied, Lyra. Dans ce baiser, dans le goût enivrant de ses lèvres. Finn qui l’intrigue, son corps qui l’appelle, chaque mouvement, chaque sourire, une torture supplémentaire. Alors elle se recule, légèrement, en se rendant compte que ça pourrait déraper trop facilement. Au fond, c’est pas vraiment une surprise. Elle s’est surprise a rêvé ce baiser, à l’effet que ça lui ferait. Maintenant, elle se rêve à l’avoir entièrement. Elle se rêve à avoir à sentir sa chaleur, son odeur, à y baigner jusqu’à n’en plus pouvoir.  « Il faudrait, oui… Mais tu me distrais. Je te l’avais bien dit. » « oops. » sourire coupable, pas franchement désolée, bien au contraire. Elle baisse légèrement la tête, suit le chemin de ses doigts jusqu’à sa chemise. Nouveau vêtement favori.  « Au fait, ceci est à moi, je crois. »  « Tu veux la récupérer ? » elle l’avait trouvé par-dessus ses affaires, abandonnée dans un coin de sa chambre. Ca l’a fait sourire. Et elle a hésité un instant. Prématuré ? Elle se l’est demandé avant de l’enfiler. Mais peu importe, parce que cette chemise lui allait bien mieux que n’importe lequel de ses vêtements. Le visage qui s’avance, ses lippes qui touchent les siennes, elle sourit, mordille sa lèvre inférieure, doucement, dans un baiser qui n’en est pas franchement un, avant de le libérer. « Je dois vraiment retourner cuisiner. Sinon on ne mangera rien ce soir. » Elle suit son regard, qui va directement jusqu’à Sirius, assis devant le plan de travail où siège délicieusement le poulet. Incorrigible. Elle connait assez son chien pour savoir que ce n’est qu’une question de temps avant qu’il ne cherche à sauter pour attraper sa proie, bien qu’il sache pertinemment que ça lui est interdit. Le canidé, comme sa maîtresse, défiant les règles selon son bon vouloir. Finn attrape le poulet, désormais à l’abri dans le four, sous le regard suppliant Sirius qui ne tarde pas à disparaître. Un ventre sur pattes. Mais elle ne s’attendait pas à voir Finn s’éloigner ici. Pas autant que son chien, mais déjà bien trop à son goût. « Tu as vraiment faim ? Je veux dire… » Elle hausse un sourcil, amusée, comprenant parfaitement où il veut en venir. Son poulet est franchement alléchant, et s’il n’avait pas forcément très faim avant, l’odeur lui a ouvert l’appétit. Mais son ventre, elle peut bien le mettre en pause, parce que son esprit, son cœur, c’est vers lui qu’ils sont tournés, pas vers le poulet que Sirius était à deux doigts de dévorer. Alors elle descend du plan de travail, ne supportant que peu cet espace entre eux, et se rapproche, sans pour autant qu’ils ne soient collés comme il y a quelques instants. « O’Meara, tu me demandes si j’ai plus faim qu’envie de toi ? La réponse est non. » elle tourne brièvement la tête vers les légumes qui attendent d’être cuits. « Mon estomac peut largement attendre. Mais j’apprécie l’effort que tu mets à rester concentrer sur cette préparation… » qu’elle lâche en souriant, clairement amusée par son comportement à essayer d’éviter la distraction quand la jordanienne fait tout le contraire. Lyra se rapproche encore un peu, glisse ses mains sous son t-shirt, le bout de ses doigts rentrant en contact avec son épiderme, une zone encore jamais touchée, sentant des abdos délicatement dessinés. « Et toi, tu veux quoi ? »

Les moqueries qu’ils échangent font partie du jeu, finalement. De cet étrange ballet de séduction qui s’est installé entre eux. Finn n’est pas sûr d’être le premier à l’avoir initié. Dès le début, cependant, il a ressenti cette attraction pour Lyra. Pour son air mutin, pour ses allures de femme forte. Tout de suite, il a voulu la connaître et lui parler. Seul le souvenir d’Eo, ainsi que sa lâcheté, l’ont retenu de faire le premier pas. C’est finalement Lyra qui s’est décidée à le faire, pour le plus grand bonheur du libraire. Mais il n’imaginait pas que les choses iraient aussi vite entre eux. Une nuit, seuls dans la librairie, ils badinent sur le ton de la confidence. L’instant d’après, il l’embrasse dans son appartement. Un soir, ils se croisent à une fête donnée dans un cadre enchanteur. La minute suivante, Lyra est blessée et Finn passe une semaine à veiller sur elle. Hier, elle le remercie de s’être occupé d’elle et maintenant, il rêve de lui ôter cette chemise qu’elle a sur le dos. Tous ces changements de direction lui font perdre la tête, à lui qui n’a rien d’une girouette. Finn aime la stabilité, les choses simples et faciles. Il aime que son thé ait toujours le même goût, parfaitement sucré et infusé. Il aime prendre dans ses bras la fille dont il est amoureux, et le lui dire. Il aime envisager l’avenir sereinement, sans montagnes russes. Mais avec Lyra… c’est une ascension sans fin, qui lui donne le tournis. Alors il s’efforce de suivre le rythme, d’entrer dans la danse. Parce qu’il ne veut pas perdre la jordanienne. Pour elle, il se fait audacieux, taquin. Et cela semble plaire à la jeune femme, au vu du sourire qu’elle lui adresse. Entrant dans son jeu, il répond par un haussement d’épaules à sa moue. L’air de dire ni oui ni non. Son sourire contredit pourtant sa réponse. Il a adoré la distraction. Il doit pourtant repartir faire son devoir. Mais la question qui lui monte aux lèvres amène un nouveau jeu. Et s’il n’a pas envie de rire de l’état dans lequel s’est trouvée Lyra après la soirée de l’Eden, il ne peut retenir un sourire amusé. Elle fait tout pour que s’incurvent ses lippes. Tout pour qu’il se détourne de sa petite vie tranquille. Et cela ne déplaît pas au libraire. Sa vie monacale lui paraît terne en comparaison des dernières semaines écoulées. Depuis que Lyra est entrée dans sa boutique, tout semble plus vivant, lui inclut. Il se demande ce qu’Eo penserait de tout cela. Sans doute serait-elle heureuse de le voir ainsi. Car après tout, l’homme qui enlace et embrasse la jordanienne est assez similaire à celui qu’elle a connu. C’est sa mort qui a tout changé, tout bouleversé. Il n’a plus été le même depuis. Mais peu à peu, Lyra recolle les morceaux. Peu à peu, Lyra ramène à la surface un homme qu’il croyait mort. Et Finn, s’il peine à le reconnaître, sait qui il est. Le souvenir d’un temps révolu, pourtant destiné à vivre de nouveau. Lui-même n’est qu’une ombre, avide de retrouver le corps auquel on l’a arrachée. Une ombre qui prend chaque jour plus de consistance et qui peut désormais se serrer contre le corps vibrant, chaud, de la jordanienne. Le ton amusé sur lequel elle lui propose de récupérer sa chemise le fait rire. L'espace d'un instant, il imagine la scène. « Et te laisser nue dans ta propre cuisine ? Quelle sorte de monstre tu crois que je suis ? » Ton faussement outré. Il voudrait pourtant lui ôter, ici et maintenant, cette foutue chemise. Barrière entre eux, qu’il suffirait pourtant d’arracher. Mais Sirius vient le distraire de ses pensées et il est contraint d’abandonner la belle à son sort pour sauver le dîner. La question qu’il ose poser l’étonne lui-même. Encore un nouveau rebondissement dans l’histoire qu’ils écrivent à quatre mains.

Appuyé à la porte du four, il contemple la belle. Le regard qu’elle pose sur lui suffit amplement à répondre à sa question. Pourtant elle descend de son perchoir et le rejoint en quelques enjambées souples, félines. Le balancement de ses hanches envoûte un instant Finn qui, pour une fois, se laisse guider par ses bas instincts. La confirmation qu’énonce à voix haute Lyra le fait se détendre ; lui faisant prendre conscience par la même occasion de la tension qui l’habite. Néanmoins, le rire qui lui échappe est nerveux. Lorsqu’elle s’approche et tend la main pour effleurer sa peau, il sent un immense frisson le parcourir. Sa gorge se noue, ses lèvres réclament celles de Lyra, alors qu’un brasier s’élève dans ses reins. La question de la jeune femme scelle son destin, lui fait perdre la tête, et pour toute réponse, Finn l’enlace. Le baiser qu’il lui offre est sauvage, brutal. Une main tenant en coupe son visage, l’autre unissant leurs hanches, il contraint la brune à se retourner pour la plaquer contre le mur. Maintenue prisonnière par le corps de l’irlandais, elle n’a aucun moyen de s’échapper. Et Finn n’a aucune envie qu’elle le fasse. Une main s’en va en exploration, se glisse sous la chemise empruntée pour agripper la taille de Lyra. Il serre sans doute plus fort qu’il ne le voudrait mais tout entier perdu dans le baiser, il n’en a pas conscience. Son autre main s’accroche dans les cheveux emmêlés de la belle, prise dans ses filets inattendus. Le baiser se fait plus appuyé à mesure que les minutes s’égrènent. Le souffle s’accélère, vient parfois à manquer. Le myocarde se serre douloureusement, peine à suivre le rythme imposé. Les mains abandonnent leur emprise, se retrouvent à nouveau sur les cuisses de la jeune femme. « Accroche-toi. » Sans attendre son accord, il la soulève et la laisse passer ses jambes autour de sa taille. Les mains de la brune s’agrippent à ses épaules, à sa nuque, alors que ses doigts caressent la peau échaudée. L’effet est immédiat. Le regard fiévreux qu’il échange avec Lyra traduit son empressement. Aussitôt, les lèvres retrouvent leur juste place. Un gémissement lui échappe. Sa prise bien assurée, Finn les emmènent sans un mot à l’étage, vers la chambre de la jordanienne. La porte claque derrière eux mais déjà, ils sont sur le lit. Précautionneusement, Finn permet à Lyra de s’allonger sur les couvertures défaites. Un instant, il ne peut s’empêcher de la contempler, muet. La surplombant de son corps, une main en appui à côté de ses cheveux éparpillés, l’autre caressant la joue de la belle, Finn ne peut empêcher son cœur de s’emballer. Elle est si belle, à ce moment précis. Ses yeux noisette plongés dans le sien, elle le fixe en toute confiance, sûre de lui. Sûre également de son choix, de son désir. Le sourire qui flotte sur ses lèvres rougies par les baisers rassure l’anxieux. Il n’y a là rien de mal. Aucune trahison, aucune profanation. Lyra se donne librement, et il fait de même. Tendrement, prenant appui sur son coude, il se penche pour l’embrasser à nouveau. Il est plus délicat cette fois, moins pressé. L’urgence a disparu et à moins que Lyra ne le pousse à nouveau dans cette direction, il souhaite prendre son temps. Prendre le temps de découvrir ce corps comme il le mérite. Prendre le temps d’en explorer chaque recoin, de mettre au jour chaque secret. Prendre le temps de l’aimer, aussi. D’apprécier le cadeau qui lui est fait. Sans précipitation, sa main quitte la joue de Lyra, effleure sa gorge, sa poitrine, avant de s’attaquer aux premiers boutons de la chemise. Bientôt, le tissu laisse place à la peau nue, que sa paume s’empresse de recouvrir. De sa hanche, sa main vient se perdre dans le creux de ses reins, la plaquant délicatement contre lui. Le baiser est rompu un instant, le temps pour Lyra de faire remonter son t-shirt le long de son torse et de lui ôter. Finn profite de la distraction pour embrasser la gorge de la jeune femme, mordillant la peau fine au passage. Très vite, ses baisers atteignent les deux globes blancs. Ses lèvres s’arrêtent un instant sur une extrémité tendue pour en goûter la saveur, tandis que sa main remonte les côtes pour venir effleurer son jumeau. Concentré sur le jeu de sa langue et de ses doigts, Finn se perd peu à peu dans les sensations qui l’envahissent. Des sensations qu’il croyait perdues à jamais, enterrées avec Eo.

« Et te laisser nue dans ta propre cuisine ? Quelle sorte de monstre tu crois que je suis ? » Elle hausse les épaules, Lyra, pas gênée le moins du monde. En réalité la scène aurait même tendance à l’exciter. « Un monstre ? Jamais. » elle sourit, se demande un instant si elle ne va pas le faire pour lui, devant son regard médusé. Mais elle se retient. Elle a bien trop envie que ça soit lui qui l’en débarrasse. Qu’elle frissonne au tissu quittant sa peau. Bordel. Les images s’enchainent dans sa tête. Finn déclenche tout ça bien trop aisément. Heureusement –ou non- pour eux, sirius vient calmer le jeu pour quelques instants. Lui, y’a que son estomac qui compte.

Eux, c’est loin d’être le cas. La question de Finn le lui confirme. Elle passe pas par quatre chemins, Lyra. Elle lui dit le fond de sa pensée. Entre lui et son poulet, bien qu’alléchant, le choix est vite fait. Sans doute depuis quelques temps déjà. Peu importe à quel point elle a besoin de manger. Et elle se contente pas de l’attendre là, de son perchoir. En quelques pas, la jordanienne se trouve face à lui, sans doute plus déterminée qu’elle ne l’a été ces derniers jours. Le bout de ses doigts qui viennent effleurer son épiderme, doucement, à peine. Elle le sent réagir, et lorsqu’elle finit par lui demander ce qu’il veut, elle obtient une réponse des plus claires. Aucune hésitation. Il a arrêté de réfléchir et a laissé la timidité et les réserves derrière. Y’a plus qu’eux et leurs envies. Eux et des milliers de possibilités qui se dessinent. Le baiser ne se fait pas attendre. L’étreinte est entière, presque brutale, passionnée. Comme un geste qu’il attendait de faire depuis longtemps. Une main qui tient son visage, et l’autre qui s’accroche à sa hanche pour venir la coller à lui. Plus fort qu’elle ne l’aurait cru, et c’est loin de lui déplaire. Elle se laisse guider, s’abandonne à un Finn qui prend les choses en main, qui se laisse lui-même guider par ses instincts les plus primaires. La jordanienne plaquée contre le mur, elle se retrouve coincée contre le corps de l’irlandais. Un délice. Lyra est hypnotisée par le baiser, par ses lèvres qui ne cessent de l’enflammer, ce désir, si ce n’est nouveau, désormais complètement hors de contrôle. Plus encore lorsqu’il s’aventure sous sa chemise en resserrant son étreinte sur sa hanche. L’autre main dans ses cheveux, point sensible, qui ne cesse de lui faire perdre pied. Elle a le cœur qui va exploser, les jambes qui vont lâcher. Elle est à bout de souffle, Lyra, haletante, les lèvres à la couleur plus intense, abimées par un désir dévorant. « Accroche-toi. » Pas le temps de réaliser, que les mains de Finn ont déjà glissé sous ses cuisses. Soulevée, elle enroule ses jambes autour de sa taille. Son front contre le sien, ses mains fermement accrochées à ses épaules, elles dérivent lentement sur sa nuque. Les regards enflammés, dopés à la dopamine se comprennent en silence. Pas besoin d’attendre, les attentes, les envies, l’empressement sont les mêmes. Depuis un moment déjà, suffisait de sauter le pas. Ses lèvres retrouvées, elle s’y noie, le dévore et savoure chaque instant. Le gémissement de l’irlandais résonne dans leur baiser, et ne fait qu’attiser un peu le plus brasier qui s’est allumé dans le creux de ses reins.

Le muscle cardiaque retrouve peu à peu ses habitudes, se calme lentement entre les côtes. Les gémissements de Lyra résonnent encore dans la chambre ; résonnent encore à ses oreilles. Et ce simple son suffit à le ramener quelques minutes en arrière. Quand leurs corps s’entrechoquaient, que leurs âmes s’unissaient. Leurs souffles mêlés, leurs lèvres enlacées. Tout leur être, fondu en une seule et unique entité. Une forme indistincte de chair et de sang, de passion et de désir. Pour la première fois depuis longtemps, il est heureux. Simplement heureux. D’être ici, en vie, tenant entre ses bras une femme qui, il ne l’aurait jamais cru, tient sans doute dans ses mains la clé de sa rédemption. Ses doigts caressent la joue tendre, tandis que ceux de Lyra trouvent leur place habituelle, à la base de son crâne. Il frémit, un frisson dû tant au plaisir passé que celui à venir. Instinctivement, il attire encore la jeune femme vers lui. Peau contre peau, il aspire déjà à retrouver les sensations qui s’estompent lentement, très lentement. Il sent encore sur son épiderme les ongles de la jordanienne. Sur ses lèvres subsiste le goût de ses baisers, la caresse de son souffle effréné. Ses hanches se souviennent du va et vient jouissif qui les a animées, alors qu’ils escaladaient ensemble les sommets du plaisir. Maintenant qu’ils sont arrivés, maintenant que les sensations refluent, ne reste que l’amour. Une vague de chaleur le gagne de la tête au pied, alors qu’il contemple le visage de la jordanienne. Alanguie entre ses bras, son corps encore parcouru de frissons, elle lui donne le sentiment d’être plus fort que tout. Plus fort que les balles, plus fort que les bombes. Plus fort que les divins aux pouvoirs étranges dont ils font partie. Plus fort que la mort, même. Son instinct le pousse à la protéger, à s’assurer que jamais aucun mal ne lui sera fait. Et il sait déjà qu’il préférera se tuer plutôt que d’être responsable de ses larmes. Les bras se referment sur cette pensée, enlacent toujours plus fort la belle. Contre sa peau, elle murmure des mots qui le font sourire. « Tu es tombée dans mon piège, alors. » Echo de leur discussion précédente. Il dépose un baiser sur son front, alors qu’elle lui propose de filer sous la douche. Il lève un sourcil interrogateur, pas sûr qu’elle soit en mesure de tenir debout. Lui-même doute de sa propre capacité. Il sent ses jambes flageolantes, rendues faibles par la vague de plaisir intense qui l’a submergé. « La baignoire, ça te va ? » Son nez effleure celui de la belle, avant qu’il ne dépose un baiser sur ses lèvres. Incroyable, comme ce geste est devenu naturel. Incroyable, le nombre de fois où il l’a déjà accompli. Incroyable, le nombre de fois qu’il espère encore voir. Sa promesse le fait rire, puis esquisser un sourire en coin. « Personnellement je suis repu. Mais si ce n’est pas ton cas... » Un baiser, encore. Plus appuyé, cette fois. Evocateur de plaisirs à venir. « On pourra effectivement aller manger. » Sourire malicieux. Conversation à double sens qui reprend entre eux.

« Je vais aller préparer le bain, je reviens. » Il serre une dernière fois la belle entre ses bras, lui offre à contre cœur un dernier baiser. En vérité, ces gestes sont loin d’être les derniers, mais quitter le lit lui donne un goût d’inéluctable. Il se dirige rapidement vers la salle de bain, attenante à la chambre, refermant derrière lui la porte. En deux enjambées, il est à côté de la baignoire, fermant la bonde métallique et tournant les poignées pour faire jaillir l’eau. Fouillant un peu dans les produits de Lyra, il découvre une bombe de bain au parfum aérien, qu’il laisse tomber dans l’eau. Fasciné, il observe l’effervescence et les bulles qui se forment à la surface, tandis que l’objet se délite progressivement. Lorsque le niveau de l’eau attend la moitié de la capacité de la baignoire, il coupe l’arrivée et quitte la salle de bain, porte fermée derrière lui. Les vapeurs fleuries vont peu à peu embaumer la pièce et embuer le miroir. Le romantique en lui aurait aimé avoir des bougies à placer sur toutes les surfaces, ainsi qu’une bouteille de bon vin à déguster dans l’eau. Mais son côté alarmiste imagine déjà l’incendie des serviettes de bain et il se contente d’aller chercher la jordanienne. S’approchant du lit, il s’appuie sur ses deux coudes pour se pencher vers la belle. Une main vient caresser son visage, avant qu’il ne l’embrasse à nouveau. Déjà, son palpitant s’affole à nouveau. Leur nudité titille ses sens, de même que la pensée d’un bain avec la jeune femme. « Ne t’endors pas... » Elle a l’air somnolente, sûrement exténuée par leurs ébats. L’espace d’un instant il s’en veut, car il n’ignorait pas son état lorsqu’il l’a amenée dans sa chambre. Tendre, il l’attire contre lui et la porte dans ses bras jusqu’à la salle de bain. Ses mains passées sous les genoux et dans le dos de Lyra ; son bras à elle passé autour de son cou à lui. Ils ne se quittent pas des yeux et il l’embrasse délicatement, déjà désireux de la sentir tout contre lui. Il la laisse ouvrir pour lui la porte et sourit lorsqu’elle découvre le bain aux senteurs florales. « Ça te va ? » Son nez s’enfouit dans la chevelure, suit la ligne de sa mâchoire. Il est curieux de savoir si elle partage ses élans romantiques. Curieux de savoir si elle appréciera l’attention. Elle lui a déjà prouvé que oui, en d’autres occasions. Lui a déjà prouvé qu’elle faisait attention aux détails qu’il s’efforçait de rendre parfaits. Cette fois encore, il ne doute pas qu’elle le remarquera. Précautionneusement, Finn la dépose dans la baignoire. La chaleur de l’eau enveloppe ses bras immergés et lui fait hâter le pas lorsqu’il va fermer la porte et revenir vers la baignoire. Il se glisse à son tour dans l’eau, sa peau réagissant immédiatement à la différence de température. Ses muscles noués par l’effort se détendent peu à peu et il attire Lyra vers lui. Face à face, les jambes de la belle passées par-dessus ses cuisses, ils sont plus proches que jamais. Une main dégoulinante d’eau se lève pour effleurer la joue tendre de la brune, alors que les yeux se croisent. « J’aimerais rester ici toute ma vie, avec toi. » Le ton est assuré, plein de confiance. Pour une fois, Finn ne doute pas. Pour une fois, Eo se tient à l’écart. Et, probablement, sourit-elle en les voyants ainsi enlacés.  

Les mots sortent tout seul. Il la rend dingue. Il lui retourne la tête, il allège son cœur. C’est les papillons, les montagnes russes, tout en même temps. Elle veut rester dans ses bras, les lèvres contre sa peau, les jambes emmêlées aux siennes. Elle veut tout Lyra, elle veut tout de Finn. Elle veut ça et plus encore. Elle le veut tous les soirs, tous les matins. Elle veut l’entendre jouir, elle veut qu’il soit doux ou plus brutal. Elle veut de nouveau sentir ses mains glisser dans son dos, et sentir ses lèvres sur centimètre carré de sa peau. Elle veut le sentir en elle et en gémir. Elle veut le voir préparer son thé et qu’il la prenne dans ses bras. Elle veut le voir parler à Sirius comme ce soir et qu’ils se taquinent encore plus. L’irlandais la subjugue, et ça la fait flipper, mais elle est loin de vouloir arrêter. « Tu es tombée dans mon piège, alors. » elle se met à rire, lyra, avec le clin d’œil de leur discussion du début de soirée. Après tout, c’est peut-être bien lui qui lui a tendu un piège. Dans lequel elle a plongé à pieds joints, sans filet. Aucune sécurité. « Totalement. Comme une bleue. Tu peux être fier. » et elle n’a pas l’intention d’en sortir. Si bien qu’elle veut prolonger ce moment. Encore un peu. Va bien falloir qu’ils s’écartent à un moment donné, mais pas maintenant. « La baignoire, ça te va ? » Elle sourit, acquiesce d’un signe de tête avant de se laisser embrasser. Les lèvres qui trainent, veulent plus. Bordel, elle s’en lasse pas. Et la baignoire, ça sera sans doute plus adapté. Pas de risque de ne pas tenir sur ses jambes. Plus reposant, plus sensuel aussi. Une plus grande proximité pour un véritable moment de tendresse. « Personnellement je suis repu. Mais si ce n’est pas ton cas... » Il l’embrasse, doucement, et un peu plus fort. Le cœur s’emballe encore, et elle sait que peu importe sa fatigue, elle en veut plus. Ses baisers sont comme une invitation au plaisir, un sneak peak de ce qu’il attend. Un moyen de réveiller encore un peu plus, des sensations qui s’effacent doucement « On pourra effectivement aller manger. » Comme une enfant, elle secoue doucement la tête, le sourire aux lèvres. « Oublie ça. » elle préfère nettement rester dans ses bras, plutôt qu’aller en bas et diner. Ils pourront bien manger ce plus tard. La jordanienne veut seulement profiter de ce moment. Qu’il s’éternise un peu plus et ne s’arrête pas.  

« Je vais aller préparer le bain, je reviens. » Un dernier baiser et elle le regarde s’éloigner. Un instant, elle reste les yeux fixés sur la porte refermée. Les pensées bousculent. Toutes plus agréables les unes que les autres, pas toujours très cohérentes… Entre la fatigue et l’esprit étourdi. Mais ça lui plait à Lyra, de savoir que Finn évolue parfaitement naturellement dans son environnement. Elle entend l’eau couler et elle ferme brièvement les yeux, heureuse, le corps léger et épuisé. Elle a encore son odeur sur sa peau mais sa chaleur commence à dissiper. Entre la fine couche de sueur et son départ, elle commence à avoir froid. Juste un peu, de quoi la faire frissonner avant d’entendre une nouvelle fois la porte. Les yeux de nouveau ouvert, elle sourit en le voyant arriver, les coudes appuyés sur le matelas. Son corps nu qui se présente devant elle, ça lui arrache un sourire, et sans doute quelques envies au passage. La main qui glisse sur sa joue, elle s’y est habituée rapidement. Trop pour son propre bien sans doute. Trop vite, qu’aurait envie de lui hurler sa méfiance. Mais Lyra, avec Finn, elle se méfie pas. Elle y va pas progressivement, elle a complètement plongé. Alors quand il vient l’embrasser une nouvelle fois c’est elle qui appuie un peu plus le baiser. Le geste lui semble déjà familier, apaisant. « Ne t’endors pas... » C’est vrai qu’elle est fatiguée. « Je pourrais rester éveillée toute la nuit. » elle sourit, sincère. Pour lui, elle le ferait. Ou alors elle s’endormirait dans ses bras. Les deux lui conviennent. Mais là, il n’y a pas moyen qu’elle s’endorme. Et elle se laisse faire. Elle se laisse porter comme une princesse, passe ses bras derrière son cou sans le lâcher du regard. C’est à se demander comment elle a fait jusque là. Comment elle a fait pour se contenter de s’asseoir dans son café et a juste resté l’observer de loin. Parce qu’aujourd’hui, rester loin de lui, lui semble impensable. Lyra resserre son étreinte, goute à ses lèvres un bref instant, avant d’ouvrir la porte de la salle de bain. Le sourire est immédiat. Les odeurs florales ont envahi la pièce. Juste ce qu’il faut. Assez pour que ça sente, mais pas trop à en donner mal au crâne. L’odeur est légère, agréable. « Ça te va ? » Elle lui vole un baiser, un deuxième, un troisième. « T’es parfait. Parfait. » Cette fois, son baiser est plus lent, plus, plus délicat, joue de sa langue sur la sienne, en sentant son corps se réveiller, progressivement. Déposée dans la baignoire, l’eau chaude lui fait un bien fou. Et elle se sent encore mieux lorsque l’irlandais la rejoint. Il n’y a qu’eux et leur bulle d’amour. Eux, la chaleur et les senteurs. Les jambes passées par-dessus celles de Finn, il la rapproche un peu plus. La main mouillée, il vient effleurer sa joue, alors qu’elle ne le quitte pas des yeux.  « J’aimerais rester ici toute ma vie, avec toi. » Y’a pas de doutes dans sa voix. C’est même pas une interrogation, il l’affirme. Il sait ce qu’il veut, et Lyra, elle est chamboulée. Submergée par l’émotion, les yeux légèrement embués, par l’intensité de leurs ébats, par cette connexion plus qu’évidente, par les mots qu’il vient de prononcer, qu’elle rêvait d’entendre sans même le savoir. « Alors reste. » qu’elle lache à voix basse, le poids de l’émotion encore trop présent. Elle attrape sa main, vient la placer sur son corps, un léger sourire sur le coin des lèvres. « Regarde ce que tu provoques O’Meara. » le palpitant ne s’est pas calmé, pas vraiment. Il bat fort, et vite. Il essaie de tout intégrer, de tout assimiler. Il essaie de se faire à tout ce que l’irlandais provoque chez la jordanienne. Lyra se rapproche un peu plus, glisse le bout de ses doigts dans son nouveau spot favori : les boucles de finn, juste au-dessus de sa nuque, et lui vole un baiser. « T’es sûr de vouloir me supporter pour le reste de ta vie ? J’suis pas un cadeau… » Parce qu’elle le sait, Lyra, qu’elle est pas toujours facile à gérer. Un tempérament de feu, parfois capricieuse, souvent impulsive. Elle aime et elle déteste avec chaque cellule de son corps. Elle aime à en crever, et elle déteste à en retourner le monde. Elle a jamais fait dans la  demi-mesure, et elle est consciente que ça peut être fatiguant. Que ça pourrait épuiser et effrayer n’importe qui. Seulement Finn, elle veut pas qu’il soit n’importe qui. Elle veut le voir rester près d’elle, qu’il la temporise s’il se risque. Qui sait, il pourrait bien être l’un des rares à réussir. Il semblerait que ça soit déjà un peu le cas. Encore un léger rapprochement, et elle est complètement collée à lui, à sentir sa virilité frôler son entre jambe. Les deux mains qui glissent de chaque côté de son visage, Lyra vient prendre possession de ses lèvres, délicatement. Elle s’en lasse pas. Elle pourrait pas. « T’arrêtes jamais de m’embrasser, Finn. » qu’elle murmure contre ses lèvres, avant de les sceller une nouvelle fois.

Leur échange taquin, joueur, le ravit. Il croyait avoir perdu cette faculté avec Eo. Il pensait qu’elle était la seule à pouvoir provoquer cela chez lui. Cette volonté de faire rire pour séduire. Pourtant, il découvre avec Lyra que rien n’est plus faux. L’habitude est là, déjà ancrée en lui depuis longtemps. Mais les deux femmes, bien qu’opposées, sont pourtant les deux seules personnes a avoir su faire ressortir ce trait de sa personnalité. C’est une facette de lui qu’il ne montre, consciemment ou non, que lorsqu’il aime. La surprise est de taille mais il s’y abandonne tout entier. C’est tellement facile, tellement naturel. Pour une fois, il parvient à se mettre à la place de Maithias. Pour une fois, il savoure le bonheur d’user de ses mots, prononcés à haute voix plutôt que couchés sur le papier. Longtemps renfermé sur lui-même, Finn apprend peu à peu ce que tout enfant découvre en grandissant : l’ouverture aux autres. Une chose pour laquelle il n’a jamais été doué, tout entier consacré aux livres. Ses seuls véritables amis soigneusement rangés sur les étagères de sa bibliothèque, Finn a oublié de vivre. Mais au contact de Lyra, il se mêle peu à peu à la société des hommes. Peu à peu, il retrouve figure humaine, après la mort d’Eo. En quelques semaines, Lyra l’a transformé. Elle fait d’elle un homme nouveau, par sa simple présence. Et ce fait, aussi minime puisse-t-il être, a une importance capitale pour l’irlandais. Inconsciemment, la jordanienne l’incite à vivre. A dépasser la douleur et le souvenir. Cela ne signifie pas oublier sa fiancée perdue. Cela ne signifie pas mettre de côté tout ce qu’elle lui a apporté au cours de ces années. Au contraire, cela signifie qu’il a le droit de vivre au-delà de tout cela. Que le souvenir ne doit pas se cristalliser et le transformer en fossile. Lyra, par une douce ironie du sort, l’empêche de se perdre. Alors, quand ils rient ensemble, quand ils font l’amour ou qu’il l’embrasse, Finn sent la vie courir dans ses veines. Il sent sa volonté de vivre, forte et vigoureuse, reprendre ses droits. Son corps atrophié s’irrigue à nouveau du précieux nectar. Et tel un champ fertile, il renaît après un long et morne hiver…