Ce n'est qu'une silhouette dans la foule. Ses yeux sombres fixent celle-ci sans réellement la voir. Les voix se mêlent dans sa caboche. Les gens défilent. Certains sont pressés, d'autres non. On rigole, on parle ou fend simplement la foule. Etre silencieux. Mais ils la surplombent tous. Des regards passent sur la jeune femme, d'autres l'ignorent. Pitié, dégoût, compassion.. A cause du gobelet poser devant elle. Ou peut être des bleus qui marbrent son visage, maigre preuve de ce qu'elle cache sous ses vêtements. Mais elle s'en fout Molly. Depuis longtemps la belle a mit de côté sa fierté. Ce n'est pas ce qui fait survivre. A cet instant elle cherche juste à se réchauffer. La brûlure du froid la dévore malgré ses multitudes de couches. Une nouvelle année est commencée, certaines choses ne changent pas. Il fait bien trop froid en ces mois de l'année. Qu'est-ce qu'elle a hâte que l'été revienne. Ou au moins le printemps. C'est derniers jours elle a un peu squatté chez Karl, le temps de lutter contre le début de grippe. Mais la brune déteste être dépendante vis à vis de quelqu'un. Alors la revoilà dehors, à mendier pour essayer de manger ce soir.

On a qu'à aller péter quelques gueules ce soir. On aura moins froid Murmure à elle même. Personne de l'entendra de tous de façon.
Non j'suis fatiguée.. Tu veux que je te rappelle ce qu'on a fait hier ?
Ce n'était qu'un petit échauffement ça !
Non.
Large bâillement qui étire la mâchoire. Brièvement la foule disparaît de sa vue. Mais pas l'Autre. Allez gamine ne me dis pas qu'on se fait pas mal de blés dans ces combats Il n'a pas tous à fait tord mais à cet instant, non elle n'a réellement pas envie.
Faudrait surtout que je trouve un emploi stable
Je te rappelle que tu n'as pas de diplôme et une vie pas trop stable. Tu as bien vu que ça refroidit la plupart des patrons . Soupire. Ma Dame n'a pas tord, faisant jubiler l'Autre. Pas trop longtemps. Mais je te rappelle que la dernière fois que tu as tenu à nous traîner pour te battre quand la gamine n'était pas en forme tu as perdu. Lamentablement

Sourire qui étire les lèvres. Douleur légère pour celle éclatée. L'Autre lui grommelle. Il n'aime pas perdre. Les minutes passent. Quelques pièces tombent. Des remerciements dit du bout des lèvres. L'après midi est là maintenant, bien entamée. Mais quelque chose attire l'attention de l'Autre. Des gens qui viennent. Vers eux. Mais pas pour leur donner des sous. Non non. Leur costume sont identiques. Ils ont tous les trois un air de gros con.. Doublement pour le grand chauve sur la droite. Il n'aime pas son regard sur Molly. Cette dernière tente de se faire toute petite mais rien à faire c'est elle la cible.
Son regard scanne les alentours. Il les voit. Femme a l'allure guindée, accompagné de deux autres blondasses. Langage Claquement de langue sur le palais. Regard réprobateur sur la silhouette appuyée sur le mur sur sa droite. Mais l'Autre ignore la mise en garde de Ma Dame, sous le sourire amusée de Molly.
J'suis sur que c'est ces connasses qui ont appelé les poulets.. On fait tache peut être ?
Prunelles sombres qui fusillent les dames du regard. Murmures choqués, des regards qui se tournent vers cette demoiselle encore au sol. Voix trop rauque. Yeux trop mauvais. Stop. On va se faire remarquer Attention de nouveau tournée vers les trois hommes qui surplombent maintenant la brune.

Qu'est-ce qui se passe messieurs ? Je peux faire quelque chose pour vous ?
Sa voix est de nouveau douce, presque timide. Mais cela n'émeut personne. L'un d'eux, l'Autre est sur que c'est une perruque qui trône fièrement sur cette petite tête, prend la parole.
Oui. On va vous demander de quitter les lieux.

Réflexe de l'Autre, la brune se redresse, mettant sur ses deux pieds. Ce n'est pas la première fois qu'on lui fait le coup. Mais cela la met toujours en rogne. Elle estime qu'elle n'embête personne. La belle reste juste dans un coin, une pancarte devant elle avec le gobelet et c'est tous. Elle n'apostrophe personne. Ce n'est qu'une ombre, une silhouette que l'on remarque de temps en temps. Et là, la fatigue piquant ses paupières, la douleur sourde dans son corps l'agacement que sent l'Autre le ravit.

 Molly..
Mais je n'ai rien fait de mal.
Nous avons reçu un appel. On s'est plains de vous. Vous dérangez les commerces..
Molly doucement. Je ne pense pas.. Et Toi..
Laisse tomber la rabat joie. Je prends le flambeau. Va te reposer gamine.

Dans un soupire Molly s'exécute, se glissant dans les bras de Ma Dame alors que l'Autre émerge. Comme toujours le sourire se fait arrogant. Les prunelles luisent d'une lueur effronté. Le corps se redresse, les mains viennent se loger dans les poches. Son poids se balance sur ses talons. Puis les mots sortent, presque gutturaux.

On dérange hein ? Et comment ? Moi je pense plutôt qu'on dérange la mégère et les deux blondasses de l'autre coté de la rue. J'ai raison ? Vous savez c'est pas en nous virant que vous pourrez vous taper une des petites midinettes..
Mademoiselle vous ne pouvez..
Je ne peux pas quoi ?  C'est le pays de la liberté non ? En quoi rester là et demander rien à personne pose problème. Je ne saute à la gorge de personne. Je n'ai pas sorti mon couteau il me semble ? Du moins pas encore. Sourire de carnassier sur la figure de poupée.
Nous allons devoir vous amenez au poste. La détention d'arme..
Molly qui n'est pas réellement elle écarte les bras, fait un pas en avant. Fausse gamine effrontée.
Vous avez une preuve ? Allez y..  Fouillez moi.

Il s'en fout l'Autre des regards maintenant curieux qui l'entoure, les entourent. Finalement les poulets se décident. L'un d'eux s'avance, tend les mains pour faire la fouille. Le sourire se fait plus grand. Le coup vole. Avec force le poing s'est écrasé sur le visage du blondinet. Le nez craque. Le second ne se fait pas attendre. L'homme se plie en deux. Sang qui peint le visage. Peint le bitume. Et l'Autre sourit, sourit avec un air de canaille. Des gens hurlent, les autres hommes commencent à réagir. Trop lentement. Molly, l'Autre bondisse, ramasse le gobelet et s'éloigne en courant. La jeune femme court, court, poussant, forçant le passage. Un rire rauque se déverse de sa gorge.

En quoi c'est drôle ?! Qu'est-ce qui t'as pris ?
Arrête tu le voulais j'en suis sure. Pardon m'dame. Bon Ma Dame le gps je compte sur toi ok ? Veux pas que ces poulets nous choppe.

ps:

Un café avec Kaouthar. Rien de bien méchant, non ? Rien de très suspect. La capitaine de police et sa subalterne s’entendent bien, après tout, et cela fait bien longtemps que c’est ainsi. Des femmes qui se serrent les coudes dans un monde d’hommes. Ça a cet aspect, en tout cas. Les gens sont bien loin d’imaginer que leur proximité ne découle pas uniquement de cette pseudo-solidarité féminine, non. Mais tant mieux, bien sûr. Tant mieux qu’ils ne s’en doutent pas. Parce que les yeux du Commissaire sont troublés depuis quelques temps, et Elsie se demande si elle n’est pas en train de perdre l’appui et la confiance inestimables de Neil O’Caisin, ce qui desservirait grandement leurs desseins.

Un café. Un moyen de discuter tranquillement, sans être louches. Un moyen de s’écarter du Commissariat… quoique. Elles sont allées le prendre à Elysium Heights, où un salon de thé fait un superbe macchiato qui est à se damner. Ça ne changera pas grand chose à leur avenir, puisqu’âmes damnées, elles le sont déjà. Elles ont parlé de tout et de rien. Et puis le biper d’Elsie a commencé à vriller à sa ceinture, et elle a remis du son au Talkie-Walkie qu’elle avait embarqué avec elle. Retour à la réalité alors qu’on annonce une course-poursuite à pied avec une demoiselle forcenée. Le regard qu’elles échangent avec Kaouthar est suffisant pour ne pas avoir besoin de s’épancher en paroles. Les portières de la voiture de police claquent et les agents de l’ordre démarrent au quart de tour. Sans payer leur café, oui. On ne se refait pas, mais Elsie retournera payer plus tard, pour ne pas briser la couverture si confortable qui les protège des soupçons de disruption.

Les coordonnées se précisent et la conduite est brutale, la sirène à fond et le gyrophare sur le capot. C’est quand même ça, le plus drôle du job. La traque, l’adrénaline qui cogne dans le palpitant, et cette sensation de faire le bien. Enfin, c’est ce qu’elle racontera dans trois jours, quand elle accueillera les cadets de l’Académie de Police du Maine, venus faire un stage au Commissariat principal d’Arcadia. Les pauvres petits, ils ne savent pas ce qui les attend. Arrivées au bout de la large rue piétonne que la fuyarde a empruntée, garées en double-file sur Lafayette Street, voilà les deux policières qui sortent l’arme au poing. Au fond de la longue rue rectiligne, on les voit les trois policiers de la patrouille malmenée. Et on voit aussi la silhouette qui bondit et heurte et pousse les gens. « Police d’Arcadia, écartez-vous, bande d’abrutis ! », ordonne-t-elle impérieuse à la populace riche et essentiellement blanche de ce quartier doré. Elle adore donner des ordres à tous ces richards. Et à Kaouthar, elle propose : « J’la mets en joue pour l’occuper et tu lui fais une prise de catch ? » C’est qu’elle est trop vieille pour ces conneries de sauter sur les gens, hein. En tout cas, pas dans la rue.

Pas le temps de discourir davantage, elles ont avancé dans la direction de la poursuivie et la voilà à portée de voix. Campée sur ses pieds, jambes un rien pliées, pistolet fermement tenu à deux mains, la capitaine de police hurle à la cible : « NE BOUGEZ PLUS OU JE TIRE ! » Et dans ses veines, Ratatosk qui s’amuse beaucoup de cette situation chaotique.

( @Kaouthar al Sayid , à toi beauté, work your magic )
( @Molly Oak, 22 v'la la maison poulaga )