Fight for the delicious brioches Pasquier
Andrei et Dwayne

Le faciès plissé par la contrariété, Dwayne arpente les allées du supermarché. Commissionné pour acheter une boîte de tampons, l'homme maugréé contre l'épouse devenue furie à cause d'un épisode menstruel qui lui ravage le bide.

La main mise sur la boite de protection féminine, son propre ventre se met à gémir et le guide vers le rayon qui célèbre le diabète. Les yeux vagabondent sur les gâteaux en tout genre avant de s'illuminer à la vue d'un superbe-paquet-de-pitchs. L'effet de ces petites brioches est immédiat et les souvenirs d'enfance envahissent instantanément sa caboche et son estomac. La paluche avance pour se saisir du dernier sachet mais se heurte à une autre venue quérir le même sésame que lui. « Désolé pour toi, je m'appelle pas Joe-Wilfried Tsonga. » Non, il ne partagera pas ces petites merveilles à la fraise. Pas avec un "noiraud" de surcroît.

dwayne et andrei

Les portes s'ouvrent et dévoilent le supermarché. Andrei n'est pas bourge pour rien, il ne met jamais les pieds dans ce genre d'endroits destiné aux pauvres mortels.

qu'est-ce qu'il ne ferait pas pour combler l'appétit insatiable de salome ? une main passée sur la gueule, un long soupir et il se lance à la recherche des pitchs dont elle le bassinait l'heure précédente.

mais malheur, une paume tente de saisir le graal. l'inconnu l'invective, le défend en citant une personne qu'il ne connait pas. la notion de partage ne lui parlerait pas, andrei qui n'a jamais eu besoin de le faire. désolé, question de vie ou de mort.

la bête est sur les crocs, salome attend rarement patiemment dans la voiture, termine toujours par mâchouiller le pommeau de vitesse. elle il se détourne, s'en va passer aux caisses sans un regard de plus, ultime paquet de pitchs en main.

Fight for the delicious brioches Pasquier
Andrei et Dwayne

Sa mauvaise humeur redouble face à la déconvenue qui l'empêche de se saisir des brioches qu'il se rappelle être si bonnes. Tellement bonnes qu'il pourrait écrire un speech pour venter leur mérite. La musique de la publicité lui vient à l'esprit et c'est tout juste s'il ne se dandinerait pas en chantonnant les paroles qui invitent à mettre un pitch - ou deux - dans la poche en cas de petit creux. Mais l’enjeu est trop important pour se laisser perturber et Dwayne doit faire vite pour rattraper le trublion qui s'enfuit avec l'objet de son désir.

La main se pose sur l'épaule pour l'obliger à faire volte-face. « Si tu avais eu un bonnet D et un cul à tomber on aurait pu négocier un pitch contre une nuit torride mais là c'est mort. » Octogone à coup de boîte de tampax, Dwayne envoie le missile flux-super-plus qui s'écrase sur la face constipée du quidam et profite de cette diversion pour arracher le sachet et se précipiter vers les caisses automatiques. La mégère utilisera du coton, balec.

dwayne et andrei

une paluche inconnue se pose sur son épaule, andrei qui pensait avoir été assez clair allait devoir se faire violence pour ne pas exsanguer l'importun. il la retire d'une tape sèche, s'assure que le quidam n'a pas abîmé - rien que par le toucher - son veston  que personne ici ne pouvait prétendre rembourser.

la réplique se coince dans sa gorge devant la sottise du bougre. immobile, un doigt levé, il reste planté là avant de partir à la poursuite de l'homme, paquet de tampons en main.

tous crocs dehors, l'ombre file pour rattraper l'inconnu et se jeter sur son dos. Rendez ce que vous m'avez pris, sans quoi je vais réellement me mettre en colère. le spectacle cocasse ne manque pas d'attirer du monde.

Fight for the delicious brioches Pasquier
Andrei et Dwayne

Impatient d'exploser les sachets dans un bruit de prout très satisfaisant, le goinfre se hâte pour payer le précieux butin. Mais le métrosexuel ne le lâche pas d'une semelle et saute sur son dos en braillant comme un parfait retardé. Dwayne dégage le boulet d'un coup d'épaule, se retourne et hausse un sourcil perplexe. « Du calme ma biche, tu vas pas risquer l'infarctus pour des pitchs. » La main tapote la joue pour humilier et infantiliser le trouble-fête avant de se diriger vers le présentoir non loin. « Allez je suis sympa : je t'offre des tic-tac à la place. Fini le caprice, t'as passé l'âge. »  

dwayne et andrei

jamais n'avait-il été traité de la sorte. l'immortel songe au scandale que sa protégée lui infligerait s'il revenait les mains vides. Absolument vrai, longtemps que j'ai passé tous les âges.

il était temps de revenir en arrière, profiter de la jeunesse éternelle dont on l'avait doté. il vole le sésame à présent payé aux frais du bourreau, coincé sous le coude du terrible géant.

une quête dont il ne manquerait plus qu'un servant destrier prêt à sauver le slave de son infortune. Tes tic-tac tu peux te les mettre où je pense! qu'il hurle en sortant du magasin, choqué de sa propre répartie, prenant la fuite. au diable la bienséance, nul doute que salome allait adorer cette histoire.

Fight for the delicious brioches Pasquier
Andrei et Dwayne

Les yeux écarquillés Dwayne regarde le quidam lui arracher le sachet et courir vers le parking en savourant sa victoire. Qu'il pense. Il faudra lui passer sur le corps d'abord.

Bien décidé à en démordre, l'homme grimpe dans sa caisse qu'il démarre avant de la diriger droit dans la carrosserie du voleur de pitchs. Les voitures s'entrechoquent et Dwayne descend pour affronter l'ennemi. Ça coûtera bonbon en réparation mais l'orgueil du juge n'a, quant-à lui, pas de prix. « Tu ne m'as pas laissé le choix, rends moi mes brioches sale petite fiotte ! » qu'il hurle en foulant le bitume.

dwayne et andrei et salome

L’estomac gronde. La bête est affamée. Des minutes qui lui semblent des heures, elle patiente sur le siège passager. Ah, le voilà enfin. Ca l’amuse de le voir se mêler au bas peuple, et la gamine ricane en dévisageant ce père de substitution prêt à tout pour combler ses désirs. « Tu les as fabriquées ? » Elle demande en grognant.

Et le choc est terrible. La gosse passe son minois par la vitre et s’adresse à ce fou du volant qui les a percutés. « Tu t’es cru à la foire ? » Les auto-tamponneuses, c’est pas sur les parkings.

Alors ses bras se croisent et la gamine maugrée à l’attention d’Andrei ; « J’ai envie de churros maintenant ».

salome et dwayne et andrei

l'adrénaline retombée lorsqu'il avait posé ses fesses sur le précieux cuir de son auto, elle revient au galop. un bras tendu en avant pour protéger la gamine en passager qui n'était bien sûr pas attachée lors du choc, il retire son bras pour lui aussi sortir.

jamais il ne s'était fait empoigner sur un parking de supermarché, se demandait comment on s'y prenait. la question ne persiste pas, son col de chemise versace entre les mains du quidam mécontent. le géant empoigne la fiotte furibonde. Touche pas c'que tu peux pas t'payer!