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Somewhere only we know [PV Amok]

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Somewhere only we know [PV Amok] - Mer 19 Juin - 8:44

    Le front posé contre le battant de la fenêtre, j’observe l’extérieur sans vraiment regarder. J’entends les gouttes qui s’écrasent contre le verre détrempé sans vraiment écouter leur chant nuptial. Mes pensées sont ailleurs. Mes pensées sont nulle part. Elles se dispersent avec une telle facilité que j’ai, depuis quelque temps déjà, abandonnée l’idée de les attraper ou encore de les rattraper. Qu’elles vaguent et divaguent donc. Qu’elles vivent leur vie loin de la mienne.

    Le temps se prête parfaitement à mon humeur. Épais nuages de noirceur. Déluge digne des histoires contées dans un Livre ancien. Avis de tempête et dégâts collatéraux en prévision.

    Mon regard absent se porte distraitement sur le trottoir adverse. Vide. Esseulé. Abandonné. Même les animaux errants ont décidé de se cacher. Une bourrasque soudaine emporte dans son élan une benne à ordures mal ancrée. Elle rafle le sol à travers un boucan seulement perceptible dans le lointain. Elle trouve son point de chute en percutant à travers une certaine violence, voire une violence certaine, un obstacle aléatoirement déposé sur son passage. Une voiture somme toute banale qui fait pourtant office de parfait défouloir. Le métal crie et grince. Les éléments insistent pour graver leur fougue dans la mémoire du malheureux propriétaire. Il suffirait de peu pour imaginer un ricanement trouvant sa source première dans les Ténèbres. Une force aussi invisible qu’invincible qui se prête au jeu du chat et de la souris. Un gigantesque troupeau de souris. Et tout en haut de la pyramide, un tigre rassasié. Savez-vous qu’il s’agit là du seul être du royaume animal enclin à s’amuser de ses proies en absence de tout besoin purement alimentaire ? En dehors de l’homme, on s’entend bien.

    Un ersatz de soupire s’extirpe de mes narines tandis que le temps passe et me laisse dans son sillage. C’était il y a trois jours. Ou trois nuits. Comme vous préférez. Le temps passe tellement vite quand on s’amuse. Quand on se tracasse aussi. Entre les deux, mon cœur balance. Vacille. Je me rappelle de tout et de si peu à la fois. La route sombre et humide. Deux énormes phares blancs qui déboulent en ma direction. Une symphonie de klaxons pour m’encourager à dégager. Mon esprit que refuse. Mon corps qui obtempère. La machine qui grince, crisse, hurle, couine. Je ne l’écoute pas. Je la regarde droit dans les yeux. Je n’ai pas peur. Je n’ai PLUS peur. Le chauffeur qui braque. Je suis sa courbe improvisée du regard. Le temps se fige. Le temps se tord. Ralenti de la scène. Arrêt sur image. Comme c’est beau. Puis vient l’impact. Le temps reprend son dû et exige une compensation. Du coin de l’œil j’aperçois une roue de bécane valser dans le décor.

    Dans mon dos, le sifflement d’une bouilloire qui m’annonce son impatience. Je suis renvoyée vers le ici et le maintenant. Dans ce petit appartement de banlieue qui ne m’appartient pas. Murs sans décorations. Pièce sans histoire et multiples à la fois. Tellement de choses ont pu, et dû, se produire ici. Voir naître le jour. Ou, au contraire, s’enterrer dans l’anonymat et la médiocrité. Pas que l’endroit laisse à désirer. Loin de là même, c’est plutôt cosy et assez bien entretenu. Le sifflement persiste et signe. Je finis par me décrocher de mon éphémère perchoir au profit de la partie demanderesse. Mes jambes sont lourdes. Mes épaules sont lourdes. Tout est lourd. Pesant. Épuisant. Je me traîne plutôt que j’avance jusqu’à un petit coin cuisine où m’attendent deux tasses identiques. Dans chaque fond, un petit sachet triangulaire dont la languette extérieure définit la saveur. Mes ancêtres doivent se retourner dans leurs tombes. Même pas capable de préparer un véritable thé anglais, mais où est donc passé mon hospitalité ethnique ? M’est avis qu’elle a dû trépasser au même moment que le camion …

    En parlant du loup … ou plutôt de son lointain cousin éloigné. Je me retourne vers la porte qui vient de s’entrouvrir. Une silhouette reste tapie dans l’ombre de son entrebâillement. Je ne prends en aucun cas mal ses réticences à mon égard. Je me demande vaguement ce dont elle se souvient. Je le saurai de toute évidence bien assez vite.

    - « Bonsoir la Belle au bois dormant. »

    Je tente l’approche saupoudrée d’humour. À moins que cela ne soit de l’ironie. Est-ce vraiment important ? Je verse l’eau bouillante dans chaque tasse et laisse les arômes infuser.

    - « Je commençais à me demander quand tu finirais par te réveiller. »

    Ou même si tu te réveillerais un jour. En soit, cela n’aurait peut-être pas été plus mal. Mais ne vendons pas la peau de l’ours avant de l’avoir décapité. Je ne te connais pas. Tu ne me connais pas. De nous deux, ça tombe c’est toi qui avait le plus envie (ou besoin) de passer l’arme à gauche.

    - « Comment te sens-tu après ces trois nuits inoubliables ? »

    Autant tâter le terrain. Voir ce dont elle se souvient. Où se situe exactement son ici et son maintenant à elle. La phrase laisse à interprétation. C’est voulu. Le tutoiement aussi. Il faut dire que je suis, si pas totalement en tout cas pour la majore partie, responsable de son état actuel. Cela crée forcément une certaine proximité … non ?

    Je lui tends la tasse fumante, un semblant de sourire collé aux coins des lèvres.
    Hypocrite, moi ?
    Où allez-vous chercher ça ?
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