la grossesse fut inattendue. femme vendant ses charmes au sein d'une maison close, elle aurait tout imaginé sauf donner naissance à un enfant dans un endroit pareil. l'identité du géniteur est un mystère des plus brumeux. elle aurait sans doute dû s'en débarrasser. n'en trouva pas la force. alors elle l'a gardé malgré les protestations, éduqué du mieux qu'elle le pouvait. gamin encombrant dans un environnement loin d'être sain. pourtant elle y reste, y a toujours été enchaînée sans réussir à trouver la volonté de s'enfuir. difficulté évidente de la tâche qu'est de le protéger de toute cette perversion. comme si ça ne suffisait pas, l'enfant s'avère atteint d'une maladie insidieuse, inconnue, qui l'affaiblit et lui cause douleurs insoutenables.


il a dix-neuf ans quand son monde s'écroule. sa mère décède brusquement, dans des circonstances inconnues. avec sa disparition s’émiettent les protections qu’elle avait érigées autour de lui. elle n’est plus là pour le défendre, le tenir à l’écart. alors rapidement on s’intéresse à lui, à ce qu’il pourrait rapporter. à son utilité. il n’a nulle part où aller, aucun proche pour le sortir de ce piège qui se referme lentement sur lui. aucune échappatoire. innocence arrachée sans état d'âme, enfant contraint malgré lui à suivre la même voie que sa mère.


apathie qui s'installe quand défilent les mois, le voilà sombrant dans une espèce de léthargie salvatrice qui l'éloigne de la dure réalité. esprit isolé, écarté, sourd aux peines de son corps, comme s'il était profondément enfoncé sous l'eau. ne brise l'illusion que la souffrance  de sa maladie qui se rappelle sans cesse à lui, toujours plus forte. rappel malicieux d'une vie qui brûle par les deux bouts, plus éphémère que jamais. lassitude mêlée de douleur incessante, insupportable, à la quelle il décide finalement de mettre fin. à coups de psychotropes, glissant doucement sous la surface de l'eau d'un bain, avec la triste pensée qu'il ne manquera à personne. 

dans la morgue d'arcadia, où il a fraîchement été déposé, l'âme d'un baku trouve son chemin jusqu'à lui et décide de se réincarner. vient d'abord l'incompréhension, puis une panique viscérale s'empare rapidement de lui lorsqu'il se rend compte qu'il est enfermé dans un espace étroit et peut à peine bouger. instinctivement, alors qu'il ne comprend toujours pas ce qui lui arrive, il utilise son don et se téléporte, disparaît comme s'il n'avait jamais été là, dans ce tiroir. sombre dans l'inconscience puis finit par se réveiller, exténué, dans l'un des rares endroits où il se sentait en sécurité, avant. puis la réalité le frappe de plein fouet avec l'effet d'une douche froide. il est bien mort, mais il est revenu. il partage son corps avec une étrange créature. et surtout, il ne souffre plus. alors le choc passé, il décide de saisir cette seconde chance qui s'offre à lui. fuit loin d'arcadia, le temps de se faire oublier. change d'identité. intègre l'école de police avant de revenir, quatre ans plus tard, dans cette ville gangrenée par la violence, territoire de mafias plus viles les unes que les autres. avec la volonté d'aider à en faire un lieu plus sûr pour tout le monde.