Elle court comme si sa vie en dépendait. Au fond, peut-être que sa vie en dépend. Ses cheveux lui fouettent le visage tandis qu’elle file comme le vent, à contre courant de la foule qui commence à se réunir, les poumons et la gorge qui brûle, le coeur qui bat à cent à l‘heure. Elle n’a pas peur, Astrid, elle est confiante, elle croit en sa chance. La mafieuse se fond dans la masse, prend des zig zags, oublie les sirènes de police qui hurlent leur mélodie stridente, parfois, elle en oublie même sa présence. Derrière elle, elle entend des injonctions : « Police ! Poussez vous ! » Elle a un demi-sourire sur le visage.

Car elle jubile d’avance.

Oh, ça n’avait pas commencé sous les meilleurs hospices, à vrai dire. Peut être avait-elle trop joué avec sa chance, visage découvert, quartier peu recommandé. Quand on sait qu’un certain agent de police avait un peu de mal à la laisser filer… Pourtant, elle avait eu l’esprit obnubilé par sa tâche, loin de ces considérations pourtant essentielles. Astrid savait qu’il n’était pas sage de rôder ainsi sur les terres de la Bravta, néanmoins il fallait aussi qu’elle trouve des endroits inédits pour ses besognes et ce qui devait arriver arriva. N’était pas né celui qui la maintiendrait en état d’arrestation…

Elle prend un virage serré dans sa course, une allée à double voie que les policiers seraient obligés de prendre séparément. La brune connaissait sa petite flicaille et n’avait aucun doute sur l’identité de celui qui réussirait à la poursuivre le premier. Elle avait cette auto-satisfaction de se dire qu’elle l’avait suffisamment marqué pour qu’il en soit à ce point obsédé. Astrid repousse les corps qui lui barrent le passage ; elle s’engouffre dans les profondeurs du quartiers, loin des néons et des affiches sales puis elle se fige lorsqu’elle sent les pas devenir solitaires. Il ne lui fallu que quelques secondes pour émerger du noir pour se retrouver enfin face à face avec sa némésis, cintré dans son uniforme stupide tandis qu’elle arborait une tenue à l’image de ce qu’on pouvait attendre d’une criminelle en pleine balade nocturne, la veste en cuir solidement attachée à ses épaules comme l’armure d’un chevalier. Astrid avait évalué les lieux et les possibles moyens de fuir. Cependant, un petit face à face pendant une course poursuite avait éveillé sa curiosité, fait battre le sang dans ses veines ; rien de mieux que de narguer l’autorité sur son propre terrain de jeu.

« Bonsoir, monsieur l’agent. Je peux vous aider ? »

La condescendance dans sa voix était volontaire, presque triomphante, son assurance écrasante.

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Encore et toujours elle. Les messages radio n'avaient pas tardés a inonder les réseaux après les prouesses de la criminelle. Tout le monde savait dans le département de police qu'il dirigeait que le Capitaine Snape était en vendetta contre cette femme, contre cette Arsenault qu'il n'avait jamais réussit a arrêter du fait de son talent, mais aussi du fait qu'elle courait aussi vite que son ombre. Le manque de preuves l'empêchait toujours de l'arrêter a vu, la seule solution était qu'elle face une erreur ou bien qu'il l'attrape alors qu'elle avait été vu sur le lieux du crime. Chose qu'il s'éfforcé de faire depuis un petit moment déjà, chassant cette femme qui, s'il devait la remercier, ce serait pour le cardio qu'elle lui offrait depuis des mois, des années. Même s'il passait plus de temps derrière son bureau depuis sa nomination, au moins, il pouvait se targuer d'avoir la meilleur endurance et condition physique du département. La preuve en était qu'il n'était plus que le dernier a suivre le rythme, tous ayant abandonnés, ils en avaient marre de courir derrière quelqu'un qu'ils n'avaient encore jamais rattrapé, même en voiture. Finalement il la rattrape, elle a cessée de courir et ne peut pas s'empêcher de le narguer une nouvelle fois. S'arrêtant lui aussi, il regarde son nouvel environnement, s'attendant a un piège ou quelque chose du genre.

« Mademoiselle Arsenault, vous faites une petite pause ? Besoin de reprendre votre souffle ? »

Lui aussi pouvait lancer quelques piques, mais il était indéniable qu'il avait lui même besoin de respirer un bon coup même s'il tentait de paraître au meilleur de sa forme. Néanmoins il ne s'arrête pas et tourne autour de la jeune femme, prédateur ? Apres tout, il était le chasseur, elle était la chassée' même si elle semblait prendre goût a ce genre de situations.

« Pourquoi ne pas vous mettre a genoux ? Les mains derrière la tête ? Ces courses poursuites sont très plaisantes pour garder la ligne, mais toutes les bonnes choses ont une fin non ? »

Il a déja les menottes dans ses mains. Il n'a pas sortis son arme, jusqu'a aujourd'hui, ni l'un ni l'autre n'en avait fait usage et il doutait que ce genre d'arme puisse la dissuader de s'échapper.

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La demoiselle était sortie des ombres comme si elle en était composée, le souffle certes saccadé et une fine pellicule de sueur sur le front, à peine perceptible mais elle ne souhaitait pas lui laisser la satisfaction de la voir après l’effort. Elle mettait un point d’honneur à maintenir son image quasi mystique de courant d’air impossible à attraper, du même acabit que ces personnage de séries télé, tout impeccable et implacables. La jeune femme tente un sourire espiègle, tandis qu’elle garde une distance certaine sans pour autant être sur la défensive. Il se prête volontiers à cet échange passif-agressif, assez typique de leurs interactions habituelles. Ils étaient tous les deux à bout de souffle et curieusement, ni l’un ni l’autre n’avait l’intention de montrer le moindre signe de faiblesse, la moindre once d’humanité dans leur attitude. Ils étaient là, comme des animaux prêts à se jeter à la gorge de l’autre tout en exécutant une sorte de rituel.

« Je fais ça pour vous, Capitaine. Vous prendriez de l’embonpoint avec tous ces verres que vous accumulez. »

Nombreuses avaient été les fois où le duo s’était retrouvé confronté. Le capitaine Snape avait prit en grippe Astrid depuis bien longtemps, sans doute car sa carrure et les rumeurs sur lui avaient piqué la jeune femme également. Bien qu’elle soit d’ordinaire assez neutre sur les relations entre les différentes factions, elle ne boudait pas son plaisir lorsqu’il s’agissait de faire tourner en bourrique les représentants de l’ordre, d’autant plus si cela pouvait les occuper à regarder ailleurs, notamment à regarder loin d’Aura. Et les voilà toujours en face à face. Que se passerait-il, si l’un venait à tomber ? Finalement, ils n’avaient pas trop d’intérêt à ce que cela arrive. Où irait toute l’énergie qu’ils dépensaient ainsi à jouer au chat et à la souris ? Elle se le demandait, parfois. La distance entre eux reste marquée, perceptible, comme si le moindre pas en avant pouvait déclencher les hostilités. Dans un souffle, elle s’entend dire :

« A genoux, vraiment ? Je ne fais pas ça dès le premier soir, vous m’en excuserez. »

L’insolence de la criminelle est palpable mais elle ne le gratifie pas de son sourire habituel, plutôt d’un air las lorsqu’elle reprend :

« Je suis confuse, je n’ai pas entendu que j'étais en état d’arrestation. A moins que vous n’ayez des preuves ou un mandat d’arrêt ? »

Ce qui n’était pas le cas, elle le savait. Bien trop consciencieuse pour ce genre de gaffe… Aussi, la brune secoue doucement ses boucles, détaillant de la tête au pieds le policier. Il était séduisant. N’allons pas nous mentir.

« Ne parlez pas trop fort. Je ne voudrais pas que votre collègue nous interrompe… »

Il y avait une chance non négligeable pour que le coéquipier du capitaine rebrousse chemin en réalisant qu’il avait perdu de vue la cible. Consciente que le policier devait porter sur lui une radio, elle désigne du menton le bloc de plastique fixé à la poitrine de l’homme.

« Et éteignez moi ça. Vous savez bien que je préfère quand on est intimes et qu'on se tutoie. »

Intimes était le mot. Astrid appréciait régulièrement sur ces moments à deux où elle pouvait ainsi se jouer de lui, lui faire croire qu’il obtenait des informations alors qu’elle le baladait là où elle le souhaitait. Lorsque l’ennui la gagnait, il n’était pas rare qu’elle lui organise des jeux de pistes partout dans Arcadia qui ne menaient à rien.

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Il posa sa main sur le ventre suite a la remarque de la criminelle en face de lui. Il n'était pas du genre a prendre des kilo en trop non plus, mais il était vrai que sa nouvelle position de capitaine était différente et il ne bougeait plus autant qu'avant. Bien entendu, il avait toujours du temps pour courir après les criminels tel qu'Astrid qui le poussait dans ses derniers retranchements. La ville était bien assez a feu et a sang, il n'avait pas de temps a perdre dans un fauteuil bien au chaud dans son bureau.  

« Je ne boirais pas autant si je n'enrageais pas a chaque fois que tu me file entre les doigts. »

Il ne buvait pas forcément qu'a cause de ça, ses problèmes étaient nombreux et venaient de tous les horizons, mais il buvait toujours après une course poursuite comme celle ci ou il n'arrivait pas a l'attraper. Sauf ce soir ? Il en doutait, elle était trop intelligente pour s'arrêter ainsi sans avoir un plan ou encore un moyen de faire pression. Il y avait quelqu'un pour la protéger dans l'ombre ? Autre chose ? Il était hors de sa juridiction ? Il devait rapidement se repéré, il avait perdu le fil a force de courir.

« Et pourtant je suis certain que vous aimer ça. »

Lache t'il. Il aurait été trop heureux qu'elle lui obéisse de la sorte, mais la criminelle avait bien trop confiance en elle pour se laisser faire. Dommage pour le capitaine de police qui allait devoir utiliser la persuasion ou plutôt la force. Pas la peine de rêver avec elle, elle ne se rendrait jamais. Il serra les dents aux propos de la brune qui avait en somme raison. A l'heure actuelle, il n'avait aucunes preuves, juste la présence de la femme sur les lieux qui, qui plus est avait fuit la police. Elle connaissait bien toutes ces choses la pour mettre le capitaine dans l'embarras. Il soupira.

« Si seulement nous étions dans les anciens temps ou les hommes faisaient justice par eux même. Votre petit manège serait terminé depuis bien longtemps. »

C'était le héro qui parlait, Siegfried qui par sa lame avait rendu justice bien des fois. Sans pour autant la lâcher du regard, il se rapproche d'elle tout en appuya sur sa radio.

« Ici le Capitaine Snape, la cible a encore une fois filée. Mendez, il faudra reprendre sérieuse la course demain, vous êtes a la traîne. Retournez sur les lieux et tenez moi au courant de l'avancée de l'enquête. »

Il soupira une nouvelle fois.

« C'était bien pensé que de me faire sentir de ma juridiction en me faisant courir dans de si petite ruelle. J’espère que vous ne m'avez pas attiré loin des regards indiscrets pour vous débarrasser de moi ? Cela me fâcherais beaucoup vous savez. »

Un sourire amusé, mais aussi plein de défis. Apres tout, il avait envie, d'en découdre. Toute cette frustration accumulée n'était pas bonne du tout pour le capitaine.

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Tigresse sauvage et sensuelle, la prédatrice rôde, son œil brillant d’une lueur malicieuse. Elle a toujours aimé se jouer de lui, plus particulièrement lorsqu’elle était physiquement présente pour voir sa défaite. Rien n’était plus grisant que ce visage frustré, cet ego défait... Pas de doute, ce simple fait la faisait jubiler. Matthew fulmine, conscient qu’une fois de plus elle a raison. Elle a raison sur toute la ligne...

« Tu devrais avoir honte de soutenir ainsi la violence policière. Je tiens à rappeler qu’un nombre non négligeable d’innocents ont été exécutés suite à l’abus de pouvoir des forces de l’ordre. »

Le message était clair : elle lui faisait comprendre qu’elle même était innocente et qu’il s’acharnait donc pour rien. En réalité, Astrid savait pertinemment qu’il avait raison de douter ainsi de la bonne foi de la jeune femme, pourtant elle voulait jouer sur le doute que certains de ses collègues apportaient à son obsession.

« Oh je t’en prie, on se connaît maintenant, tu peux m’appeler Astrid. »

Il abdique ; elle sourit. Leur tête à tête était désormais officiel quand il annonce la fin de la course poursuite. Puis il fait une remarque sur le fait de le descendre, ici dans cette ruelle. Honnêtement, l’idée était tentante, de se débarrasser une bonne fois pour toute de ce chewing gum collé sous sa semelle et qui n’avait de cesse de la surveiller comme le lait sur le feu. Pourtant, elle ricane :

« Enfin, Captaine... Tu penses que j’ai besoin de t’attirer dans une ruelle pour t’ôter la vie ? »

La garde du corps avait bien des manières d’en fini avec lui, ou même de le torture. Chantage, poison, payer quelqu’un qui payera quelqu’un pour payer quelqu’un pour l’assassiner... Les solutions ne manquaient pas mais elle n’y avait jamais eu recours. Elle hausse un sourcil :

« Comment va ta relation avec la bouteille ? »

Nouvelle pique gratuite qui signifiait qu’elle en savait bien plus sur lui qu’elle ne pourrait l’imaginer.

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Il eu un petit sourire de satisfaction. Depuis qu'il avait été éveillé, depuis que Matthew avait comme qui dirait fusionné son esprit avec le héro des anciens temps, il y avait une colère sourde qui clamait dans son esprit. Celle que de rendre justice par sois même, sans se préoccuper des règles que le Capitaine mettait un point d'honneur a faire appliquer pour ne pas devenir comme tous les autres ripoux de sa juridiction. Les deux esprits étaient semblables, ils voulaient aider leurs prochains, faire de cette ville quelque chose de meilleur, mais les pratiques d'antan n'allait pas forcément a celles d'aujourd'hui.

« Qui parle de violence policière ? Ce ne serait que Mr. Snape qui s'occuperait d'une jeune femme. En toute discrétion bien entendu. »

Un sourire, un haussement d'épaules. S'il devait avoir un côté obscur le Snape, ce serait bien Siegfried qui l'incarnerait. Néanmoins, il ne pouvait nier que les règles étaient mauvaises et que les criminels s'en sortaient un peu trop facilement a son goût. Pas forcément Astrid qui était trop consciencieuse pour se faire avoir, mais d'autres. Soupirant, il sait qu'il n'a pas vraiment le choix. Ca l'enrage de ne pouvoir pas faire respecter la loi, mais encore une fois, c'est elle la plus endurante et la plus maligne. Il l'aurait un jour, c'était obligé, mais ce ne serait pas ce soir. Elle lui offrait même le loisir de l'appeler par son prénom. Le déshonneur presque. Cela montrait bien que ca faisait un moment qu'ils jouaient au chat et a la souris.

« Oh, je ne doute plus de tes compétences Astrid. Tu serais capable de t'introduire chez moi pour me tuer dans mon sommeil sans que je ne m'en aperçoive. Tout la est le problème vois tu. »

Il était un amusement pour elle actuellement, un défis perpétuel de le faire tourner en rond et l’énerver. Mais quand ce petit jeu ne lui plairait plus, elle pourrait tout aussi bien se débarrasser de lui comme il venait de le dire. Dans son sommeil sans même voir la mort arriver. Il grogna lorsqu'elle lui demanda comment allait sa relation avec la bouteille. Elle semblait en savoir beaucoup et franchement, il avait plus la force de luter. Ses jambes comme ses poumons étaient en feu apres une telle course poursuite. Il regarde sa montre.

« Plutôt pas mal et justement, elle est en train de m'attendre. C'est pas que je t'apprécie Astrid, mais vu que j'ai rien contre toi et que très sincèrement, ça m'agace au plus haut point, je vais aller me faire réconforter par mademoiselle la bouteille. Au moins elle, elle ne me pose pas de problèmes. »

Il desserra sa cravate et tourna le dos a la jeune femme sans plus de procès pour retourner a sa voiture et atterrir dans le premier bar digne de ce nom pour descendre un verre ou deux.

« La garce. On dirait qu'elle croit que ça me fait plaisir de courir après son petit cul encore et encore toutes les nuits ! »

Il enrage dans son coin le capitaine et il y a de quoi !

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Elle était prête à bondir sur sa proie, à fondre sur lui si l’occasion venait à se présenter. Pourtant, ce ne fut pas le cas, il fut le premier à abandonner les hostilités. L’avait-elle blessé en évoquant ses problèmes d’alcool ? Pas qu’elle le regrette au contraire, mais c’était donc tout ce qu’il avait dans le ventre ? Sans cacher sa déception, la criminelle le vit faire volte-face et retourner à la civilisation. Une fois encore, elle avait gagné la confrontation... Mais cette victoire avait un goût amer, quelque chose qui n’était pas terminé. Et étrangement, malgré tout ce temps à se courir après, elle était persuadée que quelque chose avait changé en lui, quelque chose d’imperceptible.

Convaincue qu’elle n’en avait pas encore terminé avec lui, Astrid remet sa veste en place, essuie une pellicule de sueur sur son front, puis elle décide de contourner la ruelle avant d’elle aussi affronter le monde de nouveau.

Pourtant, toute cette entrevue lui restait gravée en mémoire, si bien qu’elle en fut totalement obsédée, comme possédée. Sans réfléchir davantage, elle emboîte le pas à l’homme, le suivant de loin pour finalement retrouver sa trace dans le premier bar venu. La devanture ne donnait pas spécialement envie mais il avait l’avantage de tenir ses promesses quant à l’ivresse cherchée, en témoigne les quelques habitués qui titubaient en sortant de l’établissement. Astrid franchit la porte, l’air froid plaqué sur le visage. C’était son visage par défaut, elle n’était pas du genre à vouloir s’assurer de la sympathie d’autrui mais plutôt qu’ils hésitent à la dévisager. Les épaules solides du policier se découpaient sur le bar tandis que le serveur s’efforçait déjà d’empiler les verres qu’il consommait petit à petit.

« La garce. On dirait qu'elle croit que ça me fait plaisir de courir après son petit cul encore et encore toutes les nuits ! »

Astrid hausse un sourcil, amusée, puis pose ses poings sur ses hanches :

« C’est moi la garce ? »

Rire du barman, aussitôt étouffé quand la brune lui lance des éclairs avec les yeux. La mafieuse prend place à côté de son ennemi juré puis fait signe au tenancier de leur servir deux whiskys. Pas de glaçon. Il fallait réchauffer la glace entre eux.

« Merci pour le compliment sur mon cul », dit-elle en portant son verre à ses lèvres.

Elle le finit d’une traite, l’ambré venant brûler sa gorge qui lui arrache un petit sourire. Puis elle repose le verre vide, le glissant vers le barman pour une seconde tournée.

« Considère ça comme une trêve. »

Ils pouvaient bien taire les hostilités le temps d’un bourbon...

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L'alcool n'était pas la solution, elle ne l'avait jamais été, mais depuis que Matthew avait été trahis par un membre de son équipe et qu'on lui avait tiré dans le dos, il avait... sombré dans la dépendance de certaines substances. Après l'opération, ce furent les anti douleurs, mais lorsqu'ils n'étaient plus nécessaires, il ne franchit pas le cap et n'acheta pas des drogues pour se substituer à cette odieuse douleur qu'était la trahison non. Il était trop droit pour passer dans l'illégalité non. Il avait donc commencé à boire, en dehors de ses heures de services, un peu trop pour certain, pas assez pour lui, car il y avait toujours une limite qu'il ne pouvait atteindre. Son bras se levait, mais lorsque son esprit embrumé saisissait que c'était celui de trop, celui qui le ferait dérailler, alors il posait le verre et partait se coucher ou courir pour se vider la tête. Chacun avaient ses démons, ceux de Matthew étaient au fond de cette bouteille qui allait se vider. Il avait de la chance, il avait ce réflexe d'auto protection, non auto destructeur car il avait tant de choses à accomplir et il ne pouvait pas vraiment se fier à tous les membres de son commissariat. Seul à sa table, il faillit recracher l'alcool dans son verre lorsqu'il entendu les paroles d'Astrid juste à ses côtés alors qu'il venait de l'insulter de garce. C'était la dernière personne qu'il aurait pensé croisé en cette fin de nuit. Elle venait encore le narguer ?

« Il faut bien te donner de jolis surnoms. »

Elle commande à boire et s'installe tout en le remerciant pour le compliment sans tant est que s'en était un. Il n'y répond rien, ce qui était dit était dit après tout et tout en s'installant avec lui et en finissant son verre comme un véritable bonhomme, d'une seule traite, elle lui annonce qu'il peut considérer ça comme une trêve tout en recommandant un autre verre. Matthew hausse les épaules et finit lui aussi son verre pour être sur la même longueur d'onde et surtout : ne pas se laisser distancer une nouvelle fois. Son esprit de compétition et de policier qui n'arrivait pas à la coffrer ne pouvait pas laisser une autre défaite s'installer entre eux deux sans en payer le prix fort.

« Normalement ce serait pas à moi de dire ça ? M'enfin, je ne suis plus en service et j'ai assez donné pour la soirée ! Tu es venue rencontrer ma douce bouteille ? Tu vas voir, elle n'est pas aussi fuyante que toi . »

Oh non, elle ne désirait qu'une chose, se faire vider ! Dans tous les cas, elle au moins ne pourrait pas être aussi décevante et frustrante que cette Astrid qui se trouvait en face de lui. S'installant un peu plus confortablement sur sa chaise, les deux mains entourant son verre, il regardant cette femme qu'il pourchasser depuis déjà bien trop longtemps. Néanmoins, il n'avait pas envie de parler de choses fâcheuses, la personne la plus irritante était déjà devant lui alors autant profiter de l'occasion pour en apprendre plus sur elle ou alors parler de quelque chose de totalement à l'opposé de cette relation de chasseur et de chassé.

« Tu as l'air d'avoir une bonne descente toi aussi. Alors dis moi Astrid. Pourquoi venir partager quelques instants avec ton ennemie si tant est que tu me considère comme tel. J'ai une petite hypothèse : Tu pourrais être bien plus rapide et ne jamais te faire attraper ni même courser par nous, alors pourquoi ? Ça te plaît de me voir en chier à aller à ton rythme? Avoue que tu aime bien les admirateurs acharnés et que tu ne te lasse pas de te faire poursuivre. »

Il regarde la barman et lui demande directement la bouteille.

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Astrid n’était pas étrangère aux bars et à l’ivresse. Elle n’y était pas encore accro, mais elle se laissait aller à la douceur des effluves d’éthanol lorsque le sommeil venait à lui manquer ; ces derniers temps, cela se faisait de plus en plus couramment, compte tenu des différentes capacités qu’on lui avait ainsi donné. Un cadeau empoisonné qui prenait petit à petit sa sanité et son désir de neutralité. Il n’y a rien que la brune n’aurait pas accompli pour obtenir l’approbation d’Aura, ni même pour se protéger. Depuis son intégration aux Obscuris, Astrid se trouvait dans une spirale de violence sans fin qui trouvait petit à petit sens en elle, sans qu’elle ne veuille l’admettre. Alors piquer du nez sur son verre.. Ce n’était pas rare que cela lui arrive. La mafieuse ne manquait pas d’argent; au contraire. Mais elle était du genre minimaliste et avait en horreur les espaces étendus, les mètres carrés à absolument rempli d’un meuble dont personne ne se servirait ou d’un cadre moche qui ne représentait rien. Elle vivait avec le strict minimum, sans jamais souhaiter rien de plus d’un matelas confortable dans lequel elle aurait du mal à trouver le sommeil. Finir sa nuit dans un bar ne lui était pas inconnu et peut être qu’elle réussirait même par s’assommer par la même occasion.

La compagnie de Matthew se révéla intéressante, même agréable. Astrid n’avait aucun doute sur le fait qu’en dehors d’être un policier misérable, il en était un humain intéressant mais il lui fallait ce genre de moment pour pouvoir en juger par elle-même. La brune bascule légèrement sa tête en arrière, fixant ainsi les bouteilles présentées derrière le bar, trônant fièrement avec leur contenu à moitié disparu dans le gosier des clients avides de sa douce brûlure.

« Justement. » embraye-t-elle. « Je me doutais que tu serais incapable de relever tes fesses pour me coffrer maintenant que tu avais retrouvé ta belle. »

Le barman approche du duo pour leur donner la bouteille sur ordre du capitaine. Presque comme un conseil à elle-même, elle rétorque :

« Ce n’est pas bon pour toi, tout ça. »

Ils avaient tous les deux conscience que de s’empoisonner de la sorte ne leur apporterait rien de bon. Et surtout, de s’empoisonner ensemble. La picole rapproche, mais c’était aussi étrange que de voir Tom et Jerry se rassembler pour une cause commune. Le verre se remplit de nouveau sous les yeux d’Astrid, elle le rapproche rapproche pour y tremper ses lèvres lorsqu’il commence à l’interroger. Un léger rire lui échappe :

« Inspecteur un jour, inspecteur toujours hein ? Qui étais-tu, le bon flic ou le méchant flic ? Tu n’es pas assez impressionnant pour être le méchant. »

Les piques, toujours gratuites, étaient un moyen agréable de faire tomber la tension entre eux, de se rappeler qu’ils étaient vivants. Ses questions n’étaient pas dénuées de sens, bien sûr qu’Astrid pouvait leur échapper en un claquement de doigts, mais elle aimait l’adrénaline de se sentir coursée, comme lorsqu’elle était plus jeune et expérimentée. Plus elle montait en grade dans l’organisation criminelle, moins elle devait se salir les mains, c’était la loi. Elle jette un coup d’œil curieux à son acolyte avant de lui servir une nouvelle rasade.

« J’ai une autre idée. Je vais te dire un mensonge et une vérité ; si tu arrives à savoir ce qui est vrai, tu me fais boire. Et sinon... c’est toi qui consomme. »

Elle ne souhaitait pas lui en révéler trop, mais il avait 50% de chances de découvrir quelques détails qui ne lui nuirait pas trop et peut être finirait-il trop éméché pour s’en rappeler. Astrid n’attendit pas son consentement et commence le jeu :

« J’aime te savoir me courir après donc je fais exprès d’être sur ton chemin. Ou alors, c’est totalement involontaire et j’arrive à t’échapper. »

Elle commençait doucement, sans que rien de personnel ne soit révélé.

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Son doigt glissait le long du verre, formant un cercle alors que la jeune femme s'installait pour le rejoindre dans cette enivrante soirée dans un bar tout à fait lambda et basique d'un secteur qu'il ne fréquentait pourtant pas souvent. La course poursuite l'avait encore emmené dans des lieux atypiques, il pouvait remercier Astrid pour la visite guidée des nombreux bas fonds de la ville, au moins, il pouvait dire que sa connaissance des lieux commençait à devenir assez impressionnante. Un jour il arriverait probablement à la coincer à force d'avoir expérimenté toutes ces allées et ruelles crasseuses. Il soupira à la remarque de la jeune femme sur la bouteille, sur la course poursuite, esquissant un sourire. Oui, bien entendu, de toute façon, la loi étant ce qu'elle était, il ne pouvait point coffrer une citoyenne sans preuves non?

« Bien vu, elle serait probablement jalouse hein! Mauvais je ne sais pas, en tout cas, ça me fait du bien. Pendant un temps. »

La bouteille était la. Pour la soirée. Une fois qu'il remettrait son badge le lendemain, il devrait l'oublier jusqu'à la nuit tombée. Ainsi était sa règle, ne pas boire pendant le service, jamais. Ne pas être sous l'emprise de ce breuvage chaud et réconfortant pour ne jamais faire d’erreurs stupides ou bien d'offrir à ses détracteurs une chance de le descendre. Non. Matthew lui pose la question alors que les verres se remplissent et que la bouteille dépérit. Il se pose des questions, car il sait que cette femme pourrait être un véritable courant d'air si elle le désirait et qu'elle en avait encore sous le capot. Elle cachait bien son jeux, il s'en doutait bien, mais quelque chose lui disait au plus profond de lui qu'elle était bien plus que ce qu'elle semblait être. Elle se contente de lui demander s'il était le bon ou le méchant flic. Elle n'avait pas tord, il n'était pas le méchant. Ou tout du moins, pas ce genre de méchant.

« Le gentil, je serais toujours le gentil tu le sais bien. »

Il ne pouvait se défaire de son idée d'une justice propre, sans corruption. Il ne pouvait s'abaisser à devenir un ripoux. Néanmoins, il pouvait toujours faire quelques alliances, trouver des compromis, faire tomber une tête, puis une autre. Il n'était malheureusement plus tout blanc, mais dans ce nouveau monde qui s'offrait à lui, la justice du héro Siegfried commençait à prendre un tout autre sens. L'homme s'installa plus confortablement dans son siège à l'idée de jouer avec la jeune femme et pouvoir la faire boire. C'était une façon assez dangereuse de voir un rapprochement, mais il était du genre joueur à ce niveau la alors il acquiesce alors qu'elle énonce la première vérité et le premier mensonge. Il ne faut pas longtemps pour qu'il donne sa réponse, pour lui c'était totalement évident.

« Tu le fais exprès, sinon je ne tomberais pas aussi souvent sur toi. Pour moi, ça te donne une seconde dose d'adrénaline après le premier shoot de tes méfaits. Tu en redemande encore alors tu m'attend. Tu viens premier un troisième shoot ici? »

Sourire tout en regardant le verre. Lui aussi est plutôt joueur et se mêle à la partie.

« A mon tour. J'adore te courir après parce que ton cul est le plus parfait du monde. Ou j'adore te courir après parce que l'idée de te rattraper est la plus jouissive partie de ma journée? »

Pas trop compliqué non?

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Un sourire presque amusé monte sur ses lèvres tandis qu’une forme de complicité se forme dans le duo. Leurs avant-bras s’effleurent lorsque les coudes se lèvent pour vider les verres, le liquide se remplit continuellement, sans que ni l’un ni l’autre ne soit capable de savoir lequel des deux avait prit l’initiative de le faire.

« Je suis désolée pour toi. On préfère les méchants flics, chez nous. L’odeur du danger, tu comprends ? »

Aucune statistique ne venait appuyer cette affirmation, si ce n’est les préférences personnelles d’Astrid, mais elle était convaincue qu’elle ne faisait pas fausse route. Les gentils flics se laissaient attendrir par un battement de cil et des courbes suffisamment intéressantes, tandis que les méchants flics voyaient au delà de cette poudre aux yeux. En ce qui concernait Matthew, son désir de justice relevait plus d’une croyance manichéenne qu’autre chose et il était donc facilement manipulable. Il avait suffit d’attirer son attention sur un jeu stupide pour qu’il enterre la hache de guerre et recommence à faire des sous-entendus salaces. Sa vulgarité ne choquait pas la criminelle qui en avait entendu des plus belles lors de ses passages de gangs en gangs où il était difficile pour une femme de se faire respecter. Il répond immédiatement et vu la facilité de la question il tombe dans le mille sans que cela ne soit surprenant. Comme convenu, elle finit son verre d’une traite, commençant à sentir ses épaules se détendre et ses muscles s’engourdir sous l’effet de l’alcool brut. Quand vint son tour, Astrid lève la main pour répondre :

« Je serais tentée de répondre la première option, car avec toute les fois que je te croise, tu dois voir peu de derrières pour être tant obsédé par le mien. Mais la logique viendrait plutôt à accepter que tu préfères t’occuper comme un chien qui court après son os. »

Dénigrer ainsi la traque de sa vie avait un petit côté amusant pour la brune qui avait eu, quelques heures auparavant, l’information concernant la descente du Capitaine via sa propre secrétaire. On ne se méfie jamais assez de ceux qui nous entourent et on ne fait pas assez confiance à ceux qui nous fuient. Si Astrid avait voulu descendre Matthew, il y aurait bien longtemps qu’il aurait été retrouvé avec une balle dans la tête.

Sans attendre qu’il ne finisse son verre comme le voulait les règles du jeu, les lumières du bar se tamisèrent et dénuée désormais de retenue mais néanmoins sans perdre de vue la situation, Astrid se lève de son siège, se balançant au rythme de la musique qui envahissait l’établissement.  Tenant la bouteille dans sa main droite, elle tend la seconde au Capitaine pour l’inciter à la rejoindre :

« Aller viens. »

Elle effleure son poignet de ses doigts et ferme ses doigts sur les siens pour l’entraîner au milieu des autres clients qui se laissaient aller au rythme. Personne ne pourrait les écouter ainsi mêlés à la foule et à la musique, pas comme au bar où les oreilles trainaient. Les marchants d’informations se faisaient de plus en plus nombreux. Tout le monde voyait ou entendait quelque chose d’intéressant, dans le coin. Venant annihiler la distance entre eux, elle continue sa petite danse improvisée, l’haleine alcoolisée :

« Je te préviens ; si tu essayes de me mettre la main aux fesses, je te ferais couper les doigts et je te les ferai bouffer un à un. »

Une promesse qu’elle comptait bien tenir, sauf si l’alcool avait raison de son esprit.

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Les méchants flics hein ? En un sens, c'était compréhensible, les méchants pouvaient êtres achetés, mais dans une ville telle que celle-ci, il ne pouvait pas savoir s'il était gentil ou méchant, les normes n'étant plus les mêmes, il avait autant de gens dans son camp que dans le camp adverse et encore. Il ne savait plus vraiment sur qui il pouvait véritablement se fier. Certains se prenaient pour des héros, d'autres des vilaines, mais il était impossible de dire pour Matthew qu'il était un méchant.

« Cela ne me dérange pas. Les méchants ont tendances a se laisser aller aux charmes du mauvais côté de la loi. Je ne suis pas de ce genre la. Mais tu peux toujours tatter des miennes, on m'a donné un 9/10 dernièrement sur ces dernières ! »

Du moins, pas a se laisser charmer par le fait de se faire acheter pour des services, pour fermer les yeux, pour falsifier des preuves. Il n'était pas de ce côté la. Pour tout le reste, il ne pouvait nier que la ténacité pour laquelle il continuait encore et toujours a poursuivre Astrid était principalement pour l'arrêter, mais qu'il trouvait cela assez... excitant de la chasser ainsi, cette criminel au visage qui revient si souvent dans ses rêves. Le jeux s’enchaîne, ils ont tous les deux raisons, il ne se pose que des évidences bien entendu et elle comme lui boivent a la réussite de l'autre bien que l'image ne soit pas si agréable. Avec d'autres ca aurait surement l'effet d'un chien poursuivant un chat, mais la c'était différent depuis le temps qu'il tentait de lui mettre la main dessus. L'ambiance tourne, change, plus agréable pour les fêtards et le capitaine de police se fait attirer sur la piste de danse avec la criminelle. L'alcool  ingurgité lui permettait surement ce genre d'écart avec elle, car il la suivit sans trop savoir comment et pourquoi, surement a cause de cette main qui l'attire. La distance entre eux fut rapidement diminué, disparaissant entre les musiques et les pas de danse.

« Ce n'est pas parce que je t'ai fais des compliments dessus qu'il faut penser que je désir les toucher Astrid. »

Il se laisse aller avec un sourire, après une telle course poursuite et une bouteille d'alcool, son corps était tout de même bien plus détendu et il bougeait en adéquation avec la jeune femme, lui prenant la main pour la faire tourner, puis la ramener vers lui lorsqu'elle s'échappait un peu trop loin.

« Alors quel est le vrai du faux... J'ai été marié a une femme pendant de nombreuses années avant que mon mariage ne s'évapore comme neige au soleil a cause de mon travail trop prenant. OU. Je n'ai jamais trouvé une femme me correspondant, autant sur le plan physique qu'intellectuellement ? Qui ne partageait pas ma conception du monde ? »

Mains posées sur les hanches de la brune, la musique était plus douce, plus lancinante, sensuelle, appelant a un rapprochant encore plus lent et intense. Bien que son esprit était embrumé par la bouteille, il ne laisserait pas ce jeux tombé a l'eau, lui offrant une chance d'en apprendre plus sur l'ennemie.

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La brune se laissait glisser dans le slow qui avait été installé, la fin de soirée justifiant le rapprochement entre les ivrognes et les désespérés. La bouteille solidement tenue entre ses doigts, elle se balançait au rythme de la musique et on aurait presque pu oublier qu’il s’agissait d’une tueuse de sang froid. Un fin sourire s’était dessiné sur ses lèvres et l’insouciance sur son visage. Elle retrouvait sa vingtaine au travers des autres clients du bar. Matthew et elle s’étaient adonnés à cette petite chorégraphie, elle s’éloignait, il la rapprochait, et n’importe qui aurait pu imaginer qu’il s’agissait des prémices d’un jeu de séduction étrange compte tenu de leur position.   Leurs pas dure un instant, Astrid boit au goulot de la bouteille et propre le baiser indirect à son partenaire de danse en lui tendant à son tour. Les mains du capitaine tombent sur ses hanches et pour une fois, elle ne lui interdit pas le contact, son jugement embrumé mais néanmoins toujours alerte. Soyez proches de vos amis et encore plus de vos ennemis… Rien de mal, en somme.  

Pourtant, le Capitaine ne semblait pas prêt à abandonner leur jeu de vérité pour autant et il reprit avec deux propositions étranges, la question avait l’air largement plus personnelle et intime. La mafieuse hausse un sourcil, surprise par ce retournement de situation, cette prise de risque qui ne ressemblait en rien au capitaine incorruptible qu’on lui avait décrit. Elle fait une pirouette avant de revenir contre lui pour lui glisser près de l’oreille :

« Tu es un solitaire, Snape. Tu es trop exigeant envers toi-même pour ne pas l’être envers quelqu’un qui partagerait ta vie. »

La psychologie de comptoir était sa préférée puisqu’il ne fallait s’appuyer sur rien d’autre que sur l’égo de la personne en face pour que l’analyse devienne parole d’évangile. Flatter ainsi Matthew lui avait évité de répondre tout de suite ; la réponse semblait évidente mais elle ne voulait prendre aucun risque, son esprit de compétition prenant le pas sur sa raison. Son oeil s’attarde sur la main droite du policier afin d’y voir la moindre trace qui aurait pu prouver qu’il y eu la moindre alliance pouvant y avoir trôné mais ce ne fut pas le cas. Presque triomphante, la jeune femme reprend :

« Et je ne suis pas sûre que tu rencontreras quelqu’un comme toi, si ce n’est une héroïne sortie d’un comics. Pour survivre dans ce monde, tu as besoin d’avoir un peu de zone grise, ce que tu n’as pas. Avoir fait quelques larcins ne m’empêche pas de déposer une pièce dans le verre en plastique d’un sans abri. »

Pour lui, il n’y avait que le mal et le bien. Le monde était bien plus varié mais Astrid doutait qu’elle puisse un jour lui faire comprendre ça. Même si elle était irrécupérable, certains délinquants de plus petite envergure pouvaient très bien s’en sortir une fois accompagnée de la bonne personne.

« A mon tour je suppose ? »

Son petit tour de passe passe lui avait évité de répondre franchement, elle espérait qu’il ne le remarque pas. Soudain, quelque chose attire son regard, un éclat de lumière au loin. Aussitôt, elle enchaine pour ne pas lui laisser le temps de réfléchir :

« On est encerclés. »

Elle lui saisit le poignet et l’attire à elle, les voilà peau contre peau. Astrid souffle à peine :

« Je ne sais pas si c’est toi qui a été reconnu ou moi. Mais on nous regarde. »

La soudaine proximité, mêlée à l’alcool, fit réagir le corps de la jeune femme de manière surprenante, se trouvant à apprécier cette soudaine absence d’espace vital. Elle en venait même à se demander à quoi pouvait ressembler le Capitaine, délesté de ses affaires. Astrid qui flirte encore avec le danger. La brune reprit :

« Agis naturellement. Mais il va falloir qu’on file d’ici, tu comprends ? »

Un coup d’oeil sur la droite lui fit repérer plusieurs personnes au bar qui les observait silencieusement, un verre à la main. Peut-être qu’ils attendaient que le duo sorte ? L’entrée principale n’était certainement pas une bonne idée. Astrid reporte son attention sur le policier :

« Fais semblant de m’embrasser. Je ne plaisante pas. (elle ne lui laisse pas le temps de réfléchir) Ils détourneront naturellement le regard. »

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Ne pas lâcher prise, ne pas se laisser distancer, ne pas perdre de vu ses objectifs. L'alcool aidant, Matthew n'était pas ce que l'on pourrait dire a cent pour cent de ses capacités, mais même alors que le corps de l'ennemie ondulait au même rythme que le sien, il pouvait dire sans conteste qu'il se laisser aller a la pire des sensation pour un flic envers la criminel qu'elle était : cette attraction physique, cette envie de continuer tout cela et d'aller plus loin. On est souvent attiré par l'interdit, c'est ce qu'il entend souvent et dans une certaine mesure, il le comprend, il avait faillit goûter a la drogue et au vu de sa facilité a tomber dans la dépendance des mauvaises substances, cela aurait été la pire des erreurs. Celle qui se trouvait contre lui était ce genre d'erreur qui ne pardonne pas ? En plus de ca, elle avait parfaitement cerné le capitaine de police qui était bien trop exigent envers lui même et qui me pourrait certainement pas trouver une personne a la hauteur de ses ambitions et espoirs.

« L'espoir fait vivre comme qui dirait... mais je ne pense pas être non plus quelqu'un ayant besoin d'un foyer aimant. Ce ne serait qu'un frein a ce que je désir accomplir. »

La bouteille lui revint ou boire sa gorgée suite a son échec. C'était donc a Astrid de passer aux questions. Il était tout ouïe mais les dieux quels qu'ils soient semblaient avoir l'envie de leur jouer un tour, car la jeune femme remarque qu'ils sont encerclés et c'est la douche froide pour le Capitaine. Son regard n'est plus perdu dans la foule, mais bel et bien a la recherche des dites personnes suspectes. Collés serrés avec la criminelle il ne sait pas quoi en penser. Ils doivent avoir tous les deux autant d'ennemies, mais actuellement la n'est pas la question. Son visage se glisse dans le cou de la belle, lui permettant de pencher sa tête et de regarder a l'extérieur ou une voiture semblait suspecte avec deux gars dedans qui regardaient vers l'intérieur.

« La audi noire a l'extérieur, deux hommes. Ils attendent que l'on sorte pour nous cueillir surement. »

Il reporte son attention sur la jeune femme qui lui ordonne presque de l'embrasser. Au vu de la situation, il ne cherche pas a comprendre, elle est sans nul doute l'experte dans le domaine de la fuite non ? Si l'entrée est gardée, la porte de derrière des cuisines aussi surement. Fort heureusement l'expérience policière lui rappel bien des choses bien malgré l'alcool et les lèvres de Matthew se collent a celles d'Astrid dans un baiser qu'il n'aurait pas pensé aussi électrisant, lui remettant les idées en place. Ils bougèrent a l'unisson, profitant de la diversion pour se diriger vers l’arrière, mais alors qu'Astrid allait vers la porte, Matthew lui attrapa le poignet et l'attirant dans les toilettes pour femme, la bloquant contre le petit mur derrière la porte. Un coup d’œil et il voit deux jeunes femmes pas spécialement surprises d'assister a ce genre de scènes. Elles comprirent d'elles mêmes qu'elles gênaient et avec un petit sourire en coin elles quittèrent les lieux.

« Il doit surement y avoir une personne derrière la porte de derrière. Ils ont pas pensés a la vitre des toilettes. Il n'y a que toi qui soit assez fine pour sortir par la et t'occuper du gars. Je m'occupe des voyeurs en attendant. Ça te va ?  »

Même si l'alcool engourdissait tout autant son corps que son esprit, il se sentait étrangement lucide.

« Pas de morts ok ? »

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Astrid bascule, un pied après l’autre, posant la bouteille sur la première table qu’ils rencontrent dans leur valse improvisée. Son menton au creux de son cou, Matthew repère derrière eux, les phares de l’Audi éteint n’arrivent pas à cacher l’éclair de lumière sur le pare-brise. Tandis qu’ils tournaient, la mafieuse cru voir le canon d’une arme dont la sécurité venait de sauter. Encore un tour, les pieds se croisent de manière méthodiques et elle repère un homme les bras croisés sur son costume trois pièces mal taillé. Suivant son conseil, le Capitaine écrase ses lèvres contre celles de la brune, la fièvre les emporte naturellement vers la sortie mais cela aurait été bien trop facile. Premier baiser entre deux ennemis, comme de la foudre qui s’abattent sur eux. La jeune femme n’avait pas peur d’en découdre mais peut-être allait-elle se précipiter, ce qu’il l’empêcha de faire sans l’ombre d’une hésitation. Le duo traîne jusqu’aux toilettes des femmes, Astrid est plaquée contre le mur et le choc des températures entre sa peau et le mur fait naitre un frisson le long de sa colonne vertébrale, sa peau se tend et les poils de sa nuque s’hérissent. Tirée de sa rêverie par la présence de deux femmes au lavabo, elles battent en retraite jusqu’à la sortie, fort peu étonnée de voir des préliminaires dans les toilettes du bar qui puaient le sexe et l’alcool. Les miroirs devaient avoir vu plus de fesses de la cuvettes des toilettes.

« Il doit surement y avoir une personne derrière la porte de derrière. Ils ont pas pensés a la vitre des toilettes. Il n'y a que toi qui soit assez fine pour sortir par la et t'occuper du gars. Je m'occupe des voyeurs en attendant. Ça te va ?  »

Astrid jette un coup d’oeil à la fenêtre, dont les dimensions n’étaient là que pour amener un peu d’air lorsque tout était trop humide dans la pièce. Les néons projetaient une lumière froide et trop blanche exposait bien trop la jeune femme, surtout si elle essayait de sortir d’ici. Ceux qui les encerclaient n’étaient pas stupides, aussi convaincante était leur petite scène d’amour. Se débarrassent de sa veste, la jeune femme la jette par la fenêtre, pour s’assurer que personne n’attend derrière. La retombée au sol se fit entendre quelques instants après ; personne n’avait prit le risque d’entendre leurs ébats. Du moins pour le moment.

« Tu as garé ta voiture dans le coin ? »

Il faudrait s’échapper et si ce n’était pas avec celle de Matthew, alors ça serait avec l’audi noire. Un simple tour de passe passe pour la jeune femme. Alors qu’elle grimpe sur la cuvette pour atteindre la fente qui serait son pass de sortie, elle se tourne vers le policier, qui lui lance presque comme s’il lui accordait une once de confiance ou qu'il semblait s'inquiéter pour elle, une question dont il connaissait la réponse. Elle pousse un soupir avant de répondre :

« Je ne peux pas te faire de promesse que je ne suis pas sûre de tenir. »

Elle n’avait sur elle aucune arme à feu, mais elle avait un couteau caché dans sa botte. Elle devrait se débrouiller avec ça, sauf si elle parvenait à dérober l’arme d’un des types dehors.

« Toi, ne te fais pas prendre. Compte jusqu’à cent soixante-dix. »

Sur ces mots, elle s’élance par la fenêtre, faisant passer avec difficulté ses épaules et ses hanches, elle eut presque l’impression de revivre sa naissance. Une fois à l’extérieur, elle se stabilise au sol, le froid de la nuit venant mordre sa peau à nue. La mafieuse récupère sa veste, enlève la poussière qui était venue s’inviter sur le cuir, puis elle la lance sur ses épaules avant de jeter un oeil dans les alentour. Un rapide calcul et la disposition du bar lui revient en tête. Restant le plus proche possible du mur, la brune approche de la sortie de secours où était placé un homme comme l’avait imaginé le Capitaine. Qui que ce soit qui ai été visé par cette opération, ils prenaient très au sérieux les capacités d’Astrid et Matthew.

Sans un mot, vive et prenant l’avantage de la nuit, Astrid s’élance sur sa cible qui riposte presque immédiatement. Bloquée au mur, la brune envoie son poing dans la gorge de son assaillant et désorienté, il titube, laissant Astrid lui asséner un coup de pied dans le ventre. Le souffle coupé, le type eu le réflexe de balancer son bras, le poing atterrit sur la mâchoire de la jeune femme, dont l’attention est détournée provisoirement suffisamment pour qu’il enchaîne avec un second coup de poing. Astrid chute, mais lui permet de récupérer la lame dans sa botte. Alors qu’elle allait riposter, elle entendit le son d’une sécurité qu’on faisait sauter et d’instinct, elle roule sur le côté alors qu’une balle rugit et vient déchirer la nuit. La douleur lui coupe le souffle alors que son bras est prit de plusieurs sursauts. Un liquide chaud et visqueux coule sur sa peau, l’odeur du fer dans les narines. La brune se fit la remarque qu’il n’y avait pas eu de bruit ; l’arme devait être équipée d’un silencieux. Elle grogne, enragée d’avoir été suffisamment déconcentrée pour se faire toucher. Immédiatement libérée de l’emprise de l’alcool, Astrid se saisit du poignet de son agresseur, basculant tout son poids sur lui pour le déséquilibrer et avoir l’espoir de le désarmer. Si proche de lui, l’homme ne pouvait utiliser son revolver à moins de prendre le risque de se blesser également et Astrid su qu’elle avait de nouveau l’avantage. Un coup dans le genou plus tard, elle lui tord le poignet pour l’obliger à lâcher son arme et l’achève d’un coup de pied dans la tête, suffisamment puissant pour l’endormir temporairement. Il ne restait plus qu’au capitaine de venir constater les dégâts.

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L'odeur de la brume sur ses lèvres et sa peau ne tarda pas a disparaître derrière l'adrénaline qui montait. L'excitation de l'alcool, de la danse et du rapprochement disparaissant en même temps que le policier entendait les bruits de pas des hommes qui approchaient. Deux mouvements vinrent trahir Matthew. Celui de Siegfried qui désirait dégainer son épée qui reposait dans la demeure du capitaine. Il avait encore ce réflexe ancestrale de vouloir en découdre avec une lame alors que tous possédaient des armes a feu. Son second réflexe fut de chercher son flingue au niveau des côtes, mais l'arme en question n'était pas sur lui mais bien dans la boite a gant de sa voiture. Il avait indiqué ou elle se trouvait a Astrid et elle avait filé sans même demander les clés. Il allait se faire voler sa voiture lui aussi... Improbable. Les gars ne tardèrent pas a entrer et Matthew fit le surpris'

« Elle vient de filer par la fenêtre ! Elle devait pas tant me trouver a son goût que ça...  »

Il testait, était-ce pour lui ? Elle ? Vu le mouvement de recul des trois premiers, il comprit que ce n'était pas pour lui finalement et le dernier gars semblait déjà vouloir tirer son flingue pour faire disparaître les preuves de leur passage. Matthew se jeta sur lui histoire de ne pas se faire plomber et frapper la ou ca faisait mal, entre les jambes. Le gars se tordit de douleur de surprise et cela permit au Capitaine d'attraper l'arme qu'il cachait dans sa veste pour le frapper avec. Matthew ou Siegfried, ils n'était qu'un, mais ils étaient tous les deux doués pour la baston. L'effet de surpris passé, un des quatre était déjà au sol, mais les autres ne tardèrent pas a riposter. Il se prit un crochet du droit en pleine mâchoire, on tenta de le faire tomber d'une balayette, mais il était bien cramponné sur ses appuis et ne bougea pas d'un pouce.

Un tire. Le bruit ne vient pas d'ici mais de l'extérieur et déjà il pense au pire. Coup de revolver derrière la nuque du second et ce dernier s'écroule tandis que le file d'une lame de poignard vient chatouiller la joue du capitaine qui recule assez vite pour ne pas se faire ouvrir la bouche. Clé de bras oblige, il fait lâcher l'arme du type avant de lui offrir le même sort de ses petits camarades. Le dernier est déja en train de fuire vers la porte arriere et Matthew le poursuit et lui lance l'arme a la tête. Cela fait ricoché vu que sa tête et poussé contre la porte. Il s'écrase et le Capitaine de police le fini avec un dernier coup de pied dans le visage avant de sortir. D'un revers de main il retire le sang coulant de ses narines et de sa joue. Personne ? Non, le bruit de son moteur se fait entendre et la brune arrive a vive allure. Il fait mine de montrer sa montre lorsqu'elle s'arrête devant lui.

« Pas très ponctuelle... Je te laisse conduire exceptionnellement tu connais mieux le coin que moi.  »

Ayant récupéré le flingue du type il pourrait faire des recherches.

« Il ne t'a pas loupé... Je suppose que l’hôpital c'est pas une option ? »

Il voit bien le sang de sa blessure par balle. Rien de grave a première vue, mais il préférait s'en assurer.

« Ils étaient la pour toi. »

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La douleur lui fit serrer les dents, lui arrache un ou deux jurons murmurés et perdus dans la nuit. Le bruit émanant du bar avait suffi à couvrir les bruits de l’affrontement, en tout cas c’était ce qu’elle pouvait en déduire puisque personne n’était venu vérifier. Ramassant l’arme de l’homme qu’elle venait d’assommer, elle vérifie le chargeur pour voir qu’en dehors de la balle logée dans son bras, le barillet était plein. Astrid remet la sécurité de l’arme avant de la fourrer dans sa veste, partant à la rencontre de Matthew. Les deux se rencontrent à mi-chemin, la brune croit desceller une légère lueur d’inquiétude dans le regard du policier même s’il tente un trait d’humour pour garder son calme. Un demi sourire naît sur le visage d’Astrid et en signe de bonne foi, elle lui tend le pistolet qu’elle venait de subtiliser :

« Tiens. Efface mes empreintes avant de le ramener au poste. »

Avec un peu de chance, le numéro de série n’aurait pas été limé et il sera possible de tracer le propriétaire ou à défaut, le fabricant. Sentant son propre sang couler sur son avant bras et imprégner le cuir, Astrid secoue doucement la tête lorsqu’il évoque l’hôpital. Les urgences n’étaient pas une option ; trop de monde, trop de risques, trop d’imprévus et trop de langues faciles à délier. Un nouvel éclair de douleur la frappe dans le bras et avec regret mais pour des raisons évidentes, elle s’entend dire :

« Je vais pas pouvoir conduire. Prends le volant, je te guiderai. »

Le duo se dirige jusqu’à la voiture de Matthew, garée non loin. Fort heureusement, il n’avait pas perdu les clés dans l’affrontement et la mafieuse se glisse sur le siège passager, appuyant d’une main sur son bras blessé. Il faudrait sans doute extraire la balle. Ce n’était pas très risqué, elle n’était pas gravement touchée et les dégâts ne seraient que fonctionnels mais à moins que Matthew n’aie déjà eu à faire face à cette situation, il n’était peut être pas qualifié pour des soins pareils. De toute façon, elle n’avait pas le temps d’y penser ; à peine avait-il démarré que la Audi allume ses phares comme si elle s’éveillait d’un profond sommeil et la brune entendit le moteur rugir à l’image d’un prédateur poursuivant sa proie.

« Putain, Matthew. J’espère que t’es rapide et que ta caisse peut suivre.  »

Car ils étaient partis pour une sacrée course-poursuite. Si les assaillants étaient effectivement sur le dos de la française, alors ils avaient mit les bouchées doubles sur les moyens compte tenu de sa réputation. Elle jette un coup d’œil et remarque une des armoires à glace sortir du bar ; il sort une arme d’un holter dissimulé sous sa veste et vise la voiture.

« Merde. Baisse toi ! »

Astrid entraîne Matthew vers elle et ils évitent de peu les premiers impacts qui viennent briser la vitre passager. Trois au total. Astrid se redresse après s’être assurée d’un soupir que Matthew allait bien puis elle désigne la route à suivre :

« Il faut se magner, ils vont vouloir viser les pneus. »

Et s’ils arrivaient à en crever ne serait-ce qu’un, ils étaient foutus.

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Il aurait donné cher pour avoir le sabre de Siegfried avec lui. Ce dernier était un as dans son maniement et lorsqu'ils s’entraînaient, Matthew comprenait pourquoi on le qualifiait de héro a son époque. Même l’atmosphère autour de lui changeait lorsqu’il manier son arme. Tres impressionnant, mais pour l'heure, il fit parler les poings et s'en sortit avec une Astrid blessée par balle. Ça ne semblait pas si pire que ça, mais dans ce genre de cas, il valait mieux ne pas faire dans la demie mesure. Il prit le flingue qu'elle lui tendit et le mit dans son dos avant qu'ils ne commencent a bouger vers sa voiture. Du coin de l’œil il vérifie qu'elle ne lui claque pas entre les doigts a cause de la blessure. Dans la pénombre ils retournèrent a la voiture et il prit le volant alors qu'ils constataient qu'ils étaient repérés.

«  Tu crois vraiment qu'un capitaine de Police a les moyens de s'acheter une voiture plus puissante qu'une audi ? Non mais... »

La main d'Astrid l'attire a elle pour qu'il se penche et les balles pleuvent sur la voiture. Il jure tout en se redressant. Il a beau avoir une belle assurance, sa mustang n'est toujours pas intégralement payée et ca lui fait chier ce genre d'affaire. La voiture rugie et bondit en avant, s'extirpant de sa place et filant sous les indications de la brune a ses côtés. Il lui dit de mettre sa ceinture pendant qu'il fait de même et s'engage dans une course poursuite ou les gars tentent de les tuer du loin.

«  Met ta main sur le volant et quand je te le dis, tu tourne sec a droite ok ? »

Il lui donne les reines alors qu'ils approchent d'un tournant plutôt serré. Il tire l'arme que lui a donné la jeune femme, vérifie le nombre de balle et accéléré. Il décompte a voix haute et a zéro, elle abat le volant a droite. Ils tournent vite, mais Matthew freine dans la foulée, cachant cet état de fait aux poursuivant qui déboulent a fond au tournant pour se faire recevoir par un capitaine de police qui a les nerfs et qui touche des la deuxième balle le pneu avant de l'Audi. Marche arrière et ils repartent dans la direction opposée sans trop de bobo. Sous les directives d'Astrid, il entra dans un garage qui se referma derrière eux.

« Une planque ? Allez retire moi ca que je vois ce que je peux faire. »

Il lui tend la main pour l'aider a sortir de la voiture et l'emmener la ou elle désirait.

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Les yeux rivés sur le canon de l’arme, Astrid espère de toute ses forces que l’homme tirerait une seconde fois vers le pare-brise plutôt que les pneus, Matthew démarre et ils filent directement, le moteur à peine chaud qu’il tourne à plein régime.

« Le crime paye plus, on en a la preuve ! » lance-t-elle avec un brin de malice.

La brune le voit fouiller dans la boîte à gants, une main sur le volant, jusqu’à ce qu’il lui intime l’ordre de tirer sur le volant d’un coup sec. Elle lâche son bras et la main ensanglantée de la mafieuse vient saisir le volant, et lorsqu’il finit son décompte, elle obéit sans réfléchir, les faisant déraper sur une longue distance alors que le Capitaine fracassait de son pied la pédale de frein, laissant l’Audi les dépasser. Le policier use ensuite de son arme, le bruit caractéristique de l’air comprimé quittant le pneu se fait entendre dans une explosion et le duo repart en marche arrière pour semer leurs assaillants.

Le reste du trajet se déroule de manière silencieuse, la trace de la main d’Astrid imprimée sur le volant et par conséquent, sur la main de Matthew qui avait reprit le contrôle du véhicule. Elle lui indique un chemin, un parking banalisé mais dont les caméras étaient souvent réenregistrées sur le même disque dur pour sauvegarder de l’espace.  D’un coup sec, elle ouvre la portière et se laisse aider par le policier pour sortir.

« Sympa comme premier rendez-vous. Sauf la partie balle dans le bras, bien sûr. »

La brune fait volte face pour constater les dégâts, les impacts dans les portières sont précis et auraient atteint la tête sans mal s’ils ne s’étaient pas baissés à temps. Un coup de chance, ou peut être juste du timing.

« Désolée pour ta voiture. » La mine déçue, Astrid se tourne vers son acolyte pour finalement déclarer : « Je payerai les réparations. » Elle lui devait au moins ça pour l’avoir entraîné là-dedans. La jeune femme n’en était pas moins quelqu’un de réglo...

Puis, une fois à la lumière froide du parking, l’odeur du sang atténué par celle des souterrains, elle constate finalement l’étendue de sa blessure. Le trou formé dans son bras laissait entrevoir le bout de la balle qui n’avait pas traversé l’intégralité de la peau. Néanmoins, ça n’en restait pas spécialement beau à voir et la douleur se faisait ressentir jusqu’au bout des doigts maintenant que l’adrénaline avait baissé. Astrid grimace :

« Je connais un médecin discret qui saura s’occuper de ça. J’ai juste besoin d’un bandage en attendant, n’importe quoi pour appuyer dessus. »

Astrid l’observe et avec un ricanement, elle reprend :

« Tu n’as qu’à déchirer ton t-shirt, comme dans les films. »

Il ne le ferait pas. Elle ne lui faisait pas encore totalement confiance, donc elle ne l’entraînerait que dans des endroits neutres et surtout, elle ne pouvait pas l’emmener avec elle chez le fameux médecin. Cela dit, elle pouvait le faire venir où elle voulait, tant qu’elle allongeait les billets en conséquence.

« Je crois que je t’en ai assez fait baver pour ce soir, Capitaine. Je te ferai parvenir du cash à ton bureau, sous un faux nom. Pour le garagiste. Évite de retourner au bar, on est partis sans payer. »

Léger détail, mais ils avaient économisé une bouteille. Elle secoue doucement la tête en tentant de bouger les doigts, s’assurant qu’aucun nerf n’avait été gravement endommagé.

« Tu devrais partir. Je saurais survivre. »

Elle l’avait déjà fait. Même si sa tête commençait à tourner. D’ailleurs, elle ne marchait plus très droit mais tentait de faire bonne figure...

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Il aurait sûrement lancé des éclairs par les yeux sur Astrid après sa remarque, mais il était trop concentré sur sa conduite pour prendre le temps et de lui répondre et de lui lancer un regard assassin. Bien entendu que lorsqu'on transgresse les lois on gagne mieux sa vie. Le concept de travailler au black avait bien prouvé que cela pouvait ruiner une ville, un pays tout entier. Ne parlons même pas des voles et autres joyeusetés que pouvaient commettre les criminels pour s'offrir ce qu'ils désiraient. La course poursuite ne dura pas assez longtemps pour alerter la police, car ils ne croisèrent aucuns véhicules, ni même de sirène lorsqu'ils fuyaient. Matthew avait cloué les poursuivant sur place avec un pneu criblé de balles et sûrement la structure en piteuse état. Sous les indications de la jeune femme, ils se rendirent à un garage pas très voyant. Il ne posa pas vraiment de questions, elle devait avoir ses techniques, ca lui en apprenait plus sur son univers en fin de compte.

« Au moins je sais à présent que tu saigne quand on te tire dessus. J'avais l'impression d'avoir à faire avec une sur-humaine avec ton endurance à tout casser. Tu es comme tout le monde en fait. »

Il se rapproche d'elle après être sortis de la voiture et avoir placé le flingue dans son dos au cas ou. D'un revers de main il refuse la proposition de la jeune femme de lui rembourser les frais de réparation. Il ne voulait pas de son argent, ne sachant pas d’où il pouvait bien venir. Il utiliserait les assurances de la police même s'il allait sûrement devoir débourser de sa propre proche. La blessure n'était pas spécialement belle, la belle n'était pas sortie, mais au vu de l'écoulement de sang, ça n'avait rien touché de vital non plus. Elle ricana et lui demanda un bout de son t-shirt, comme dans les films. Il soupira, amusé par la demande en un sens.

« On va éviter. Avec ta perte de sang et ton cliché du fantasme masculin qui déchire son t-shirt, j'ai bien peur que tu ne tombe dans les pommes. Appel donc ton médecin, j'ai une trousse de secours dans le coffre. »

S'éclipsant un instant, il revint avec un bandage stérile qu'il ouvre devant elle pour commencer à bander le bras de la jeune femme, serrant le plus possible.

« Garde ton argent, cela pourrait être prit pour une sorte de pot de vin, même sous une fausse identité. Donne plutôt cet argent à des gens dans le besoin? Envoie en un peu au patron du bar aussi, histoire de nous donner bonne conscience hein. »

Il termine et lui fait un nœud tout en la regardant.

« Ouai, avec ça tu devrais pas y passer. Fais attention à toi Astrid, ça me ferait littéralement chier de ne pas pouvoir t'attraper à la loyale. Je vais quand même attendre un peu avec toi, le temps que ton docteur illégal n'arrive. Ce serait con que tu tombe dans les vapes entre temps et que les gars te retrouvent dans cet état. »

Il tire de son manteau une flasque d'alcool et lui en donne histoire de se donner du courage le temps d'attendre ce sauveur. Il n'avait pas non plus envie de s'éterniser, mais il ne pouvait point la laisser seule dans un tel état. Criminelle ou pas, Matthew ne pouvait laisser quelqu'un blessé sans surveillances. Il resta donc avec elle jusqu'à l'arrivée du docteur. Il la quitta sans regarder de qui il s'agissait sans trop se montrer non plus. Ca ne le faisait pas trop de voir un capitaine de police avec une criminelle comme elle non ? Il n'eut aucunes nouvelles d'elle, mais il ne pouvait croire qu'elle puisse être morte d'une simple blessure par balle !

CODAGE PAR AMATIS
AVATARS PAR AFTERMATH. & siren charms