La crasse colle aux poumons, les pieds flirtent avec le vide, le givre sur les joues rougies. «  Ça te fais mal ? » Non, pas mal, c’est pire. Ça gangrène et ça déchire, ça empeste l’alcool se mauvaise qualité qui coule sur la plaie. «  J’ai pas mal. » Jamais mal, Astrid, même avec un trou de le bide.

BANG.

La balle siffle et vient caresser l’épiderme, ça frôle à peine sa maxillaire. «  A couvert ! » Le troupeau s’esquive, se réfugie derrière les murs, dévalent les escaliers alors qu’en haut, y’a le chant du plomb qui ne fait que résonner. «  Ils vont changer de trajectoire, ça va aller. La voiture va venir nous chercher. » Comment tu le sais, Astrid ? Parce que c’est ce que t’aurais fais. S’adapter, changer, évoluer. Pour mieux gagner.

Le moteur ronronne furieusement, le bolide trace dans la nuit, les phares éclairent les poubelles et donnent des airs de démons aux bouteilles qui s’empilent. La portière s’ouvre à la volée, pilote déjà agacé, pare brise défoncé par les retombées de balles sur le bitume. « Connards, les rétros ont couté une fortune. » Le cuir du siège aussi, pourtant Astrid le souille sans états d’âme de petites fleurs carmin. Il fait volte face, voit la silhouette élancée qui défonce son cuir tout neuf : «  T’es qui, tu veux faire quoi ? » Elle répond pas Astrid ; c’est lui qui doit se la fermer et appuyer sur l’accélérateur. C’est comme ça que ça marche, les getaway cars.

BANG.

La carrosserie accuse le choc, le conducteur braque à gauche et s’enfonce dans une allée pavée, faisant tanguer l’ensemble des passagers. Un regard dans le rétro, un échange non verbal, les mains sur le volant, il déraille :  «  On t’as déjà dis que tu ferais une belle morte ? » Elle aime croire que cette idée fait rêver, le palpitant qui ne vibre que pour le danger. «  Prends sur la droite, essaye de les semer. » Car s’il ne s’agissait que de pognon, ils auraient déjà abandonné mais ils ont soif de sang et de vengeance, ce que la criminelle peut comprendre. C’est comme du carburant : quand y’en a plus, il en faut encore.

Y’a plus de courant dans cette maudite ville, la nuit est plus sombre que certains desseins, les démons sortent aux premiers rayons de lune, le crime dans l’obscurité la plus totale, les ténèbres pour seules témoins. «  T’as le blé ? T’as l’adresse ? Je vous dépose tous ? » La brune fait un signe de la main, appuie sur sa blessure dans l’espoir d’arrêter la fleur qui éclôt sur son flanc droit. «  Un par un, sur toute les frontières. Je veux un agent posté à chaque entrée et chaque sortie. » Il embraye, sans discuter. Il contourne, il jette les passagers. Chacun sait ce qu’il a à faire, c’est réglé comme du papier à musique : dans les règlements de compte, on connaît déjà le montant de l’addition avant même d’avoir commandé. «  Et toi, la macchabée ? » Elle ricane, se pensant déjà sauvée : «  Cornucopia District. »

***

Une allée à la con, un lotissement à la con. Elle savait que le loft de Snape était dans le coin, et qu’il serait trop surpris de la voir sur son paillasson qu’il en oublierait qu’elle était vulnérable. Elle sonne même pas, pas le temps, pas l’envie. A quoi bon faire semblant d’être invitée ? Y’a pas de téléphone, pas de réseau de toute façon. Elle frappe du plat de la main sur la porte, gueule de ses petits poumons énervés : «  Ouvre moi ! » Il sait qui c’est, pas besoin de dire son nom. Il reconnaîtra au son de sa voix. «  Bordel de merde, Snape, ouvre ! Il pleut dehors ! » Le sol est trempé, l’air est encore froid.

Non, j’ai pas besoin de lui, c’est lui qui a besoin de moi.

Pas de nouvelles l’un de l’autre depuis le black-out. Pas de nouvelle de l’autre depuis leur descente dans le magasin. Un franc succès, assurément, une série d’arrestation, une liberté retrouvée pour Arsenault, tout ça pour se jeter de nouveau dans la gueule du loup, dans l’espoir que personne n’a réussi à suivre sa course.

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Dehors, c'était la guerre. Il ne comprenait pas tout ce qui pouvait pousser les gens à être aussi chaotique alors que la situation en elle même l'était. Blackout totale de la ville, pas d’électricité, rien ne fonctionnait et ils en profitaient pour voler, piller, agresser les autres. La Police déjà débordée, avait au moins l'aide du niveau maire, mais surtout de l'armée qui était la pour aider au couvre feu et tout ce qui était gestion et approvisionnement. Les problèmes ressurgissaient de partout, les mafias en profitaient pour filer en douce, les ripoux n'aidaient pas et la crise n'en était que pire lors des nuits noirs comme celle-ci. Le Capitaine était à bout de nerf, à bout de force, il menait trop de batailles sur différents fronts et il pouvait enfin rentrer se reposer pour reprendre une minimum de force et surtout refaire le plein de vêtements pour les jours à venir. Ils devaient tous se préparer au pire, mais apparemment, ils n'avaient pas encore atteint les sommets.

Il ouvre finalement sa porte, l'odeur de son loft lui avait manqué en un sens, mais à quoi bon, il avait plus vécu au poste et dormis derrière son bureau que chez lui depuis bien longtemps. Il prend son sac de linge sale et balance le tout dans sa machine machinalement, comme si elle pouvait encore fonctionner. Pas le temps de traîner, il attrape une bière et commence à la boire, vite, un peu trop vite. Jusqu'à ce qu'il n'y en ait plus une goutte. Cela faisait longtemps. Cela faisait du bien. Il allume plusieurs bougies, chassant l'obscurité, mais ça ne valait pas une lampe. Le feu part également. Pas le temps de se reposer qu'on frappe à sa porte. Il fronce les sourcils, attrape son flingue dans son dos, approche jusqu'à entendre Astrid crier qu'il fait pleut dehors. C'était louche. Il ouvre, toujours la main dans le dos pour voir la furie brune débarquer chez lui. « Toujours un plaisir de te voir débarquer à l'improviste... » Ce n'était pas forcément le cas. Depuis la dernière nuit passée ensemble, pas de nouvelles, bonnes nouvelles. Il n'avait de toute façon aucuns moyens pour communiquer avec elle et elle se jouait probablement encore de lui.

Un coup d’œil dehors et il ferme la porte à clé. Plutôt deux fois qu'une. La brune semble bien énervée et impatiente et la voilà qui visite son loft ou tout du moins fait comme chez elle. Au timbre de sa voix, il y a quelque chose qui va pas. « Un problème ? » Question qui attend forcément une réponse et bien malgré l'obscurité, il pouvait voir qu'il n'y avait pas que de l'eau qui coulait de ses fringues. Il y avait ce liquide sombre qui dégoullinait d'on ne sait ou et il n'aimait pas ça. Surtout qu'elle vienne foutre la merdre chez lui. Heureusement, avec le bordel dehors, personne n'aurait de preuve de la présence de la femme ici bas. « Je vois le problème. Je pose pas de questions. Je reviens, retire tes fringues. » Ce n'était pas pour ce que les gens pourraient penser, mais il revient avec une serviette, des fringues propres et secs ainsi qu'un kit de premier soin. Il pose le tout sur le buffet de la cuisine et sort une bouteille de whisky. « Je suis pas infirmier tu sais. » Il lui tend un verre plein.

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Non, Astrid n’émettrait pas avoir mal, elle n’admettrait pas sentir la souffrance parcourir ses muscles, secouer ses nerfs. A quoi bon ? Cela lui rappelait simplement qu’elle était encore et toujours humaine, malgré ce qu’elle essayait de se dire et à quel point elle essayait de se persuader du contraire. Elle avait réussi à faire bonne figure devant ses hommes mais cela ne serait pas suffisant encore longtemps. Devant la porte de Matthew, elle se laisse traîner, s’appuie sur le bois comme pour essayer de se soulever, grognements à peine libérés. Putain de merde. Obligée de se traîner jusqu’ici, d’affronter son regard. D’ailleurs, ça ne tarde pas à arriver : les lumières sont mortes et on entend que la pluie clapoter sur le porche quand Matthew finit par ouvrir la porte. Un soupir de soulagement s’échappe d’entre ses lèvres, la pénombre cachant encore les stigmates de sa dernière bagarre. Sans se faire prier, et ce malgré l’accueil glacial du propriétaire des lieux, la mafieuse passe la porte. Eh merde, elle ne pourrait même pas anesthésier sa douleur avec de l’alcool. Elle avait su dès le moment où cela s’était produit que la déesse s’était un peu plus ancré en elle, se réveillait toujours plus. Oh, Aura lui avait déjà expliqué ce qui l’attendait, petit à petit. Ce n’était pas forcément pour lui déplaire : en dehors de l’alcool et de la nourriture qui ne lui était plus nécessaire désormais, le reste ne lui déplaisait pas. Elle était une déesse. Elle était Hel. Une déesse dans une enveloppe de chair, mais ce n’était pas la première fois qu’elle était blessée et ça ne serait sans doute pas la dernière.

Sans même avoir déjà vu l’appartement de Matthew auparavant, elle fut certaine en un coup d’oeil que la décoration et l’ameublement lui correspondait. Tout se voulait chaleureux et sophistiqué, quand bien même il devait passer plus de temps au bar qu’à occuper les lieux. A la lueur des bougies, sans se soucier de salir le plancher ou les meubles du policier, Astrid obéit immédiatement aux directives de l’homme et s’effondre sur le canapé, la main appuyée sur sa blessure. Son souffle saccadé accompagnait sa poitrine qui se levait et se baissait en un rythme aléatoire, la sueur se mêlait à la pluie qui formait une fine pellicule sur sa peau, se mêlant à l’hémoglobine qui continue d’imbiber ses vêtements. «  Je ne t’aurais rien dis de toute façon. » A quoi bon parler ? Cela n’aurait été que lui donner des informations qu’il ne devrait pas savoir et dont il aurait un rapport dès le lendemain matin par ses collègues. Il lui demande de se déshabiller et si auparavant elle aurait sans doute quant à l’innocence de cette demande, leurs derniers ébats avait eu pour effet de leur ôter toute forme de pudeur qui aurait pu subsister. Prenant une grande inspiration pour se donner du courage, elle retire enfin la main qui comprimait la blessure pour retirer rapidement ses vêtements et mettre la plaie à l’air libre. Ce n’était pas si horrible, mais les traces de balles et la poudre que cela avait laissé sur le pourtour ne rendait pas la vision aussi jolie qu’elle aurait voulu. Pas infirmier, policier certes mais il avait sans doute suivi des stages de premier secours et compte tenu de la panique dans la ville, personne ne penserait à venir la chercher ici. «  Je sais. Essaye, s’il te plaît. » La vérité, c’est qu’elle n’avait personne vers qui se tourner depuis le début du black-out et si elle avait désespérément tenté d’en faire un avantage, il faut croire que cet espoir s’était volatilisé au moment même où la balle l’avait traversé. «  Je te payerai un nouveau canapé. » Ruiné, le canapé. Ruiné et imbibé de tâches rosées qu’il ne pourrait jamais enlever. Un brin d’ADN de la jeune femme, le même qui avait recouvert sa bagnole quelques mois auparavant. Prenant le verre entre les doigts, Astrid se surprend à se dire que le geste est touchant et… Se rappelle que cela ne sert plus à rien. «  J’peux pas, Snape. » Inutile de lui expliquer, il ne comprendrait pas. Elle voyait bien l’aura du héros qui l’entourait, cependant elle ne pouvait se résoudre à lui révéler quoi que ce soit.

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La porte ouverte, il ne s'attendait pas a revoir la brune et même si le ton utilisé n'est pas le plus accueillant, il faut savoir que quelque chose ce passe en ce moment même dans son cœur de héros. C'est indéniable qu'il a complètement craqué pour la femme malgré tout ce qui pouvait les séparer. Le métier, la façon de vivre, l'éthique et tant d'autres choses. Ils étaient le feu et l'eau. La justice et la criminelle. Rien ne devrait les attirer l'un l'autre et pourtant. La chambre d’hôtel qu'ils avaient partagés il y a de cela quelques semaines devaient encore porter les stigmate de cette soirée qui n'aurait jamais du se produire. Elle rentre, prend possession des lieux, s'écroule sur le canapé. Il ne faut pas bien longtemps pour que Matthew comprenne et sente le sang. Il ne poserait pas de questions, elle n'y répondrait pas de toute manière. « Je vais encore soupirer d'exaspération en lisant le rapport sur tes exploits demain de toute façon. » Le dossier sur la française était épais, il prenait de la place et ils n'arrivaient pas a trouver assez de preuves incriminant a chaque fois.

Il va chercher de quoi la soigner, le kit de premier secours plutôt bien fournis ainsi que de quoi oublier l'alcool. Il ramène un peu plus de bougies afin de mieux y voir tout en étant surpris de la réponse de la jeune femme. Elle ne pouvait plus boire d'alcool ? Il avait dit qu'il ne poserait pas de questions, mais celle ci lui démangeait les lèvres. « Ca en fera plus pour moi et mes tremblements.  » Oui, il n'était pas le plus doué pour ce genre de choses. Plutôt brute, il le faisait surtout pour lui habituellement, mais la, il tenterait d'être doux. Il boit une gorgée tout en attrapant de quoi la désinfecter. Son regars bifurquer du visage de la brune a sa blessure, l'état de son canapé n'étant que secondaire en un sens pour lui. Le plus important était de refermer cette blessure, empêcher le saignement trop abondant.

« Tu fais chier Arsenault. Il était tout neuf. Allez j'y vais.  » Il désinfecté. Il le faut. Il nettoie la plaie, le sang continue a couler, mais il attrape ensuite une aiguille a recoudre et du fil pour refermer la plaie. Il souffle un bon coup. Boit une nouvelle gorgée et se concentre pour cesser de trembler comme une feuille. L'aiguille transperce, le fil suit et le plus rapidement possible, il tente de refermer la plaie. Elle aurait tous les droits de l'insulter sous la douleur, mais il est concentré, il ne veut pas faire plus de mal et c'est au bout d'un moment interminable qu'il ressert le tout et constate le résultat pas trop dégueulasse de son oeuvre. « Allez, j'ai presque terminé. Courage.  » Il pose sa main gantée sur la cuisse de la jeune femme et désinfecte de nouveau, nettoie la plaie et y fait un bandage. Il termine son verre et s'écroule sur ses fesses par terre.

Il finit par se relever pour aller tout ranger se se remettre de l'eau sur le visage. Qu'est ce qu'il faisait encore a aider une criminelle hein ? Retournant auprès d'elle, il ne remarque pas les présences dans l'ombre et il se fait happer par ces dernières, Un coup bien placé derrière la tête et le voila qui sombre.

La douleur le force a se réveiller et il comprend que ca n'allait pas s'arrêter.

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Il faut serrer les dents, oublier l’espace d’un instant. Ce n’était pas une blessure majeure, plutôt un petit désagrément, une perte de temps pour la mafieuse. Entre ses doigts gantés filait les rivières pourpres, elle qui avait l’habitude de se maquiller avec celui des autres devait s’habituer à l’odeur de son propre sang. Lorsqu’elle vit Matthew revenir avec le kit, elle eu un instant d’hésitation, il lui aurait fallu un rien pour l’achever s’il en avait eu envie, elle s’était offerte à lui alors qu’elle était vulnérable. Mais curieusement, elle était presque sûre qu’il n’irait pas sur ce chemin là, aussi grande était la haine qu’il clamait lui vouer, il ne transgresserait jamais ses principes pour la tuer. Non, elle lui était essentielle et pas seulement parce qu’il avait besoin d’elle vivante pour la coffrer mais parce qu’elle s’était assurée de sa loyauté, aussi étrange et tordue était-elle. « Fais ça bien, ça serait dommage d’abimer une si belle carcasse...  » Carcasse couverte de cicatrices, hématomes qui fleurissent, entaillent qui sévissent. Chaque ravage sur sa peau a une histoire, celle ci serait l’emblème de la fois où elle a réussi à mettre le capitaine de police sous sa coupe.

Et il s’applique. Ce n’était pas son genre d’être redevable, à Astrid, ni de faire des cadeaux. Pourtant quand on lui rendait des services, elle savait s’en souvenir et pour le moment, le policier avait été au delà de toute espérance. Jusqu’où irait ces services ? Que pouvait-elle demander ? A quel point pouvait-il repousser ses valeurs ? C’était la question qu’elle se posait alors qu’il retourne vers la salle de bain avec le kit rangé, la française fixe le plafond un moment en essayant d’oublier sa peau et ses entrailles léchées par le feu de la blessure ; elle ferme les yeux, une minute, soudain à l’aise et le calme revenu lui rappelle à quel point elle est fatiguée, épuisée de toute ces nuits sans sommeil avec les murmures des morts à ses oreilles. Si seulement elle pouvait s’endormir, rien qu’une minute, rien qu’un instant, rien qu’un battement de cil où Matthew serait son gardien…

Le sommeil ne vint pas. C’est plutôt un coup assené sur sa tête qui l’envoie dans les bras de Morphée.

Putain.
Ils l’ont eue.

***

« Merde.  » crache-t-elle, un goût métallique dans la bouche. Avait-elle été imprudente ? Ses yeux se baissent instinctivement sur sa blessure, dont les points n’avaient pas encore sauté. La balle. Un traceur. A peine a-t-elle reprit ses esprits qu’elle peut faire deux conclusions : la première, elle est attachée. La seconde, elle saigne. La troisième… Matthew est attaché juste en face d’elle. Ils n’ont pas bougé de l’appartement et les agresseurs parlent entre eux, dans une langue qu’Astrid identifie comme du flamand. « Snape ? Réveille toi, Snape, parle moi…  » Elle est trop loin de Matthew pour essayer de le secouer, néanmoins elle s’assure qu’il respire et elle est soulagée de voir la poitrine du policier se soulever à un rythme régulier.

Oh, ils lui payeraient. Dès qu’elle serait défaite de ses liens, il n’y aura pas que le sang d’Astrid dans cette maison. Lorsqu’ils l’entendent, ils cessent enfin la conversation pour reporter leur attention sur elle, ils parlent désormais un français parfait : «  Mlle Arsenault, ravie de vous avoir de nouveau parmi nous. Nous tenons à vous faire passer un message de la part de notre patron. » Saisissant le policier par la nuque, ils l’obligent à relever la tête. «  C’est votre chauffeur, alors ? » La bête rage et gronde en elle, la déesse se réveille et invoque les enfers. Il n’y a qu’elle qui pouvait toucher le Capitaine. «Votre patron est tombé tout seul. Je n’ai rien eu à faire. » Ils parlaient évidemment de la mission, celle où Matthew l’avait accompagnée au restaurant de l’hôtel et ils s’étaient fait griller. Bordel. Non. Combien d’erreurs avait-elle commis ce soir là à cause de la présence du policier ? «  Vraiment ? Demandons son avis au jeune homme. » L’un d’entre eux se place derrière lui pour le maintenir et l’autre se met en face, lui assénant un coup pour le réveiller, des mots prononcés dans un anglais aléatoire et haché : «  Réveille toi, chauffeur. Parle nous de ta patronne, elle a l’air de t’apprécier. On traite pas aussi bien les esclaves, chez nous. » L'homme sourit : « Ou alors, t'es pas le chauffeur. Tu la saute ? »

Ils allaient lui faire du mal pour la pousser à parler.
Et pendant un instant, tout ce qui l’effrayait, c’est que ça pouvait marcher.

Astrid lance un regard à Matthew, un espèce de SOS. Ne dis rien. Par pitié, qu'il joue le jeu. Sinon ils lui feront du mal... Ou alors ils profiteraient de son influence en la torturant elle.

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La douleur. Il avait l'habitude maintenant, avec le temps et avec les souvenirs de Siegfried. Il n'avait rien vu venir et pourtant, il était du genre à être attentif, mais chez lui, en pleine nuit noire, il ne se serait pas douté que quelqu'un tente de venir l'emmerder chez lui. C'est donc cette si douce souffrance qui l'extirpe de son sommeil agité ou il avait plus ou moins entendu des brides de conversations et les paroles plus ou moins audibles d'Astrid qui semblait si lointaine. Il entend aussi de drôle de mots, ce n'est pas américain, ça ressemble à du français, mais il n'est pas sur, bien que ce serait logique vu qu'il était avec l'une d'entre elle. Un coup au ventre finit par le réveiller complètement et il ouvre les yeux de force. Son esprit se remet tranquillement à sa place alors qu'on lui pose des questions dans une langue qui ressemblait à de l'américain que l'on écorchait. La première réaction fut de garder son calme, la seconde, de regarder furtivement tout le petit monde qui se tenait la et finalement rire de bon cœur à ses question. « Tu peux sortir tes couilles de ta bouche, je comprend pas grand chose à ce que tu me raconte l'ami. » Il croise le regard d'Astrid avant qu'une droite ne se loge dans sa mâchoire. Il est bien attaché sur la chaise, les mains dans le dos. Il reconnaît le mordant froid des menottes. « Tu devrais pas trop la ramener l'ami. » » Le goût du sang. Il c'est lui même coupé la peau avec ses dents et il crache par terre tout en se remettant droit sur sa chaise, bien aidé par l’acolyte.

« Mlle Arsenault me demande de la conduire la ou elle le désire, mais je ne suis pas un simple chauffeur. » Il force sur ses poignets, son corps se tend lentement, il cherche à rompre ses liens. Impossible, impensable pour certain. Sûrement pas pour Matthew et Siegfried. Ça allait lui prendre du temps, mais il sentait, il sentait cette haine, cette puissance que l'âme du héros pouvait lui offrir. Il devait juste gagner un peu de temps et surtout ne pas se faire remarquer. « Je peux lui faire à manger, lui fournir des armes ou bien sortir les poubelles dans votre genre une fois qu'on en a terminé avec les déchets. » Sourire aux lèvres pourpres, les coups ne tardèrent pas à pleuvoir de nouveau. Il ne pouvait le nier, ils avaient de la force et savaient très bien s'en servir la ou ça faisait mal. L'un des gars, celui qui parle tout le temps, le chef donc arrête son homme de main et Matthew crache de nouveau au sol. Ca commence à faire mal de s'en prendre plein la gueule... « Laisse le souffler voyons. Alors, toujours pas envie de parler ? Tu sais, si tu n'es que le larbin, ca lui fera rien que tu crève. Alors parle, c'est juste elle qui nous intéresse. » Ne jamais lâcher prise. Le regard de Matthew se fait plus rude lorsqu'il se rapproche de la brune, une lame dans la main, le tranchant laissant une petite marque pourpre, cette dernière remontant du bas du ventre jusqu'à la base du cou de la brune. « Tu pourrais même participer le larbin.»  » Il lèche la joue d'Astrid et s'en est presque trop pour Matthew.

« Je vais te tuer. » La colère est la. Mais il y a une froideur dans ses propos, comme si Siegfried reprenait le dessus. Comme si voir qu'on allait s'en prendre à quelqu'un d'autre que lui, comme si le fait qu'il commençait à égratiner Astrid ne lui plaisait pas le moins du monde. Si quelqu'un regardait à présent les poignets de Matthew, il verrait que du sang commence à couler. Il force, force, cherchant à briser ce piège et de se faire ces enfoirés de Français.  

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Elle avait le goût du sang dans la bouche. Un goût métallique. Un goût de défaite. Un grognement animal monte dans sa gorge, alors qu’un frisson parcourt sa colonne vertébrale lorsque les agresseurs approchent du Capitaine de police. Ce genre de règlement de compte, c’était elle qui les dirigeaient d’ordinaire et se trouver ainsi à la place d’anciennes victimes laissait un goût amer à la mafieuse. La douleur sur son flanc droit la lance de nouveau, si elle s’agite trop, les fils sauteront : elle était pieds et poings liés sur la chaise, ils ne les avaient pas bâillonné, c’est que personne ne les emmènerait hors d’ici et qu’ils savaient déjà que le duo ne serait pas assez stupide pour crier à l’aide. Les cheveux bruns désordonnés de la française le cachaient la vue et son souffle faisait voler une mèche rebelle devant ses yeux. La haine dans le regard. Les agresseurs ont détourné leur attention d’elle mais Astrid est loin d’avoir dit son dernier mot, alors qu’ils l’interrogent, elle essaye de trouver un moyen de défaire ses liens, n’importe quoi qui lui permettrait de s’en sortir. « Il ne vous dira rien. Il sait rien.  » Elle tentait de le protéger, un peu. Quelque part, Astrid était réputée pour ne pas avoir de coeur mais ce n’était pas une raison pour entraîner le Capitaine dans ses problèmes : il s’était révélé très utile ces derniers temps et… Non, elle n’avait pas envie de refaire tout ça avec quelqu’un d’autre.

La réponse de Matthew n’a rien de surprenant : on ne lui enlèverait pas son caractère, même quand il essayait de jouer les durs avec l’ennemi. Ils étaient inconscients qu’il parlait à un haut gradé de la police et que s’il s’en sortait, il aurait tous les moyens nécessaires pour les mettre au trou. Si Astrid ne les tuait pas avant… Vite, une solution, n’importe quoi ; les mouvements de la brune étaient discrets, mais elle essayait désespérément d’avoir une ouverture avec le plastique qui liait ses poignées, elle grattait la surface pour affaiblir la matière et espérer s’en délivrer. Si seulement ses pouvoirs ne concernaient pas que les cadavres… Et l’affront qu’ils te font Astrid, tu vas le pardonner ? La colère monte, son hybris prend le dessus. Bientôt, la boule de rage accumulée explosera, face à Matthew et elle devrait en accepter les conséquences. Le duo se tourne vers elle, se rappelant de son existence et Astrid s’étrangle presque.

Merde.

Peu sont ceux à avoir menacé de la toucher sans son consentement. Mais à présent, le danger était bien réel, aussi réel que la langue qui venait lécher sa joue, un air de dégoût s’affiche sur le visage de la française : « Ne me touche pas.  » L’ordre est clair, froid, elle a le ton d’un impératrice : «   Ah, finalement ça t’agaces, le valet ? Je croyais que t’étais que l’homme à tout faire ?  » De sa ceinture, il sort un couteau, le genre d’arme effilée qu’il y a dans tous les films d’horreur et la lumière se reflétant sur le fil de la lame augmente d’un cran la tension dans la pièce : «   Je sais que vous avez trouvé le hangar et je sais que tu as vendu les informations à la police, ma jolie. Est-ce que c’est l’homme à tout faire qui a déposé les dossiers ? Comment ça se fait que t’aies pas été épinglée toi aussi, pour notre petit arrangement ?  » Le pot de vin. L’agression au bar. C’était trop d’affront pour Astrid, elle le regarde, serre les dents : « J’ai un peu plus d’expérience que votre patron. Vous lui direz d’ailleurs que s’attaquer à deux reprises à une potentielle alliée fragilise à long terme les relations de confiance.  » Elle était l’avatar d’Hydra, l’avatar de la mafia européenne même si elle ne la dirigeait pas. Ce genre d’actions, ça s’était déjà produit mais c’était mort dans l’oeuf car la jeune femme anticipait toujours les faits et gestes de ses opposants. Elle s’était laissée aveuglée par Matthew et le réconfort de la pièce. Le couteau s’approche d’elle, frôle ses vêtements déjà en lambeaux. Par tous les Dieux. Ce genre de moment ne devrait jamais se reproduire, pas depuis qu’elle était toute jeune dans la mafia lyonnaise. Elle secoue la tête : « Vous n’aurez rien si vous me faites du mal et vous le savez.  » Il sourit, la lumière des bougies se reflète sur ses dents : «   Je ne saurais rien mais au moins j’en aurais profité. Et ton ami ici présent, ça a l’air de le faire réagir… Je crois qu’il ma menacé.  » Astrid accélère pour essayer de défaire ses liens tandis que la pointe du couteau est sur son ventre et remonte sur son abdomen, coupant impeccablement son haut déjà meurtri par la bataille du début de soirée : «   Alors, l’esclave ? Elle est pas très agréable, cette nana. Jolie à regarder mais c’est mieux si elle se tait. Je suis sûr qu’elle a du t’en faire baver. Tu serais mieux traité avec nous, mon gars.  »  

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Il avait vécu des situations critiques avec la jeune femme, lors de cette soirée de tous les interdits ou ils s'étaient attaqués à ce groupe qui tentait de s'implanter. Cette soirée juste avant ou il l'avait poursuit et qu'ils avaient également étés attaqués dans un bar. Mais ce soir, c'était bien différent. Ils étaient chez lui. Ils avaient blessés Astrid au préalable et ils venaient vraisemblablement terminer le travail ou tout du moins, chercher les dernières informations dont ils avaient besoin. Une chance pour Matthew, ils ne c'étaient vraiment pas renseignés sur lui, le chauffeur qui n'était autre qu'un capitaine de Police. Attaché avec des menottes en acier qu'ils avaient sûrement trouvé sur lui ou la table, ils pouvaient s'amuser à la tabasser autant qu'ils le voulaient, il ne dirait rien pour la simple et bonne raison qu'il ne savait rien. Il se sentait bouillonner, cette lame qui s'attaquait à Astrid, c'était de trop. Il n'avait qu'une envie, la sauver, faire ce pour quoi il vouait sa vie depuis toujours. Défendre les autres alors qu'elle devait être entre eux deux la plus létale du duo.

Mais c'était ainsi. Il avait l'âme de Siegfried en lui, tel le héro, son désir de faire le bien était plus fort. Ne jamais lâcher prise, toujours luter et ne rien lâcher. Cela le rendait plus fort, plus vif, plus encré dans ce moment à vouloir planter ce couteau dans le ventre de cet enfoiré de bouffeur de grenouille. Il grogne sous les coups, mais ne parlera pas. S'attaquer à Astrid, la toucher ainsi, ça le rend encore plus fou, encore plus haineux, chose qu'il ne pensait pas pouvoir atteindre un jour. Ils parlent en français, il comprend pas un mot, ses hommes de main sont nombreux, mais se sentent tout à fait à l'aise et ne tiennent pas leurs armes. L'un d'eux est en train de se siffler sa réserve de whisky ! Il lui propose de travailler avec eux ou quelque chose dans ce genre la dans son américain approximatif. « Mlle Arsenault est sûrement une bien meilleur patronne que votre bouffeur d'escargot de patron. Lâche la et barre toi sinon tu vas comprendre pourquoi elle m'a engagé. » Il lui crache le sang qu'il a dans la bouche au visage, le regard noire.

Pas certain qu'il puisse comprendre, mais au vu de son sourire amusé, Matthew comprit que ce n'était pas bon signe et la lame continua son travail sur les vêtements et la peau d'Astrid tandis que ses deux hommes de main se rapprochaient de lui pour lui donner deux belles entailles sur ses cuisses. Le mordant de la lame fut intense, il s'empêcha de crier de douleur. C'était plutôt superficiel, mais il sentait le sang couler. « Vu que tu n'es pas très amicale, à chaque fois qu'on estimera que tu n'es pas poli, on va te faire une entaille ou deux. » Le type s'approche de lui et il lui en offre une sur le torse. La douleur le fait forcer sur ses poignets, il sent que le métal ne céderait pas comme il le voudrait, mais il ressent le mordant du métal et son sang couler. Il persiste alors que le chef revient vers Astrid un sourire encore plus amusé. « Voyons voir si elle parlera si on s'occupe d'elle comme de véritables hommes. Je suis sur qu'elle est du genre a aimer ça en plus. » Matthew lui, n'a pas compris un traître mot, mais vu comment ses complices semblent... réagir et ricaner, ce n'est rien de plaisant, c'était même pire que ce qu'il pensait lorsqu'il voyait des boucles de ceinture se déférent et que le poignard servait à découper le restant d'affaire que lui restait à Astrid.

« Dernier avertissement... Ne-la-touchez-plus ... » Il articule pour qu'ils comprennent. Il force, force et ça lâche. Comme quelque chose dans son poignet, mais ce n'est  rien. Les chaines lâchent finalement et les trois hommes devant Astrid ont juste le temps de se retourner pour voir le Capitaine de Police debout, oubliant la douleur sur son torse, sur ses cuisses et se jetant sur le premier type. Ils étaient réactifs ces gars, le premier homme de main se prit une droite bien placée dans le visage qui le fit décoller du sol et projeter plus loin, entraînant la chaise sur laquelle se trouvait Astrid, mais Matthew n'eut pas le temps de faire attention à tout cela, car les deux autres se ruaient sur lui.

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Aussi gênante était la situation, Astrid n’avait pas l’impression de la sentir lui échapper. En revanche, ce qui semblait hors de contrôle, c’était Matthew. A mesure que leurs assaillants parlaient, il semblait de plus en plus en proie à la colère. La mafieuse connaissait la colère, généralement elle l’accueillait comme une vieille amie désormais, hybris fatal que celui de la rage qui grondait en son sein depuis son adolescence, colère destructrice qui prenait le dessus et qui finissait souvent dans le sang et les larmes. Astrid avait conscience de la nature de héros de son allié, néanmoins elle n’était pas certaine de son identité, c’était encore flou et par conséquent elle ne pouvait savoir si lui même était esclave de quelque chose. Et quand la lame vint caresser la peau de la jeune femme, elle vit dans les yeux du policier une lueur qu’elle ne connaissait pas encore chez lui, comme si on s’en prenait personnellement à l’homme. Ils avaient réussi à appuyer là où ça faisait mal, que ce soit chez lui ou chez elle. Ce n’était probablement pas un secret qu’ils avaient fini par tenir l’un à l’autre et c’est aussi et sans doute la raison qui les poussait à ne plus jamais se croiser en public puisqu’il aurait été très vite fait de découvrir leur pot aux roses.

Mais le plus surprenant, c’est qu’Astrid n’avait pas peur pour elle. Au contraire, elle se sentait en pleine possession de ses moyens, baignant dans un environnement qu’elle ne connaissait que trop bien. La violence, la puissance, le goût du sang. « Vous avez entendu ? Si j’étais vous, je me méfierai. J’aime bien les chiens de garde. » Parce que Matthew aboie et Astrid veut donner l’impression que c’est elle qui commande, qu’elle leur fait une faveur en le retardant de mordre. Elle ignore si c’est réellement le cas, si même il serait capable de devenir un prédateur si on le titillait suffisamment mais elle pouvait le laisser croire aux intrus.

Ces même intrus qui passaient d’un prisonnier à l’autre, comme s’ils ne se laissaient pas des tortures. Pour le moment, aucun information n’avait été crachée et ils avaient vite fait de perdre patience : «  Bon, puisqu’on arrive à rien avec toi, le sous-fifre, on va parler entre patrons.  » Astrid ne tressaille même pas lorsqu’ils entaillent la peau du policier, elle serre les dents en sachant qu’elle est la prochaine : la pointe du couteau lui mord la joue et une goutte écarlate naît sur sa pommette : «  Ne m’oblige pas à abimer un si joli visage…  »  Et c’est alors qu’elle le vit : Matthew, libéré de ses entraves. Elle lève les yeux vers son agresseur, lui répondant dans un français impeccable : « Envoyez moi la facture.  » Et presque immédiatement, Matthew s’élance dans la bataille ; d’un coup de pied, Astrid envoie sa chaise en arrière pour s’effondrer au sol et terminer le travail sur ses liens déjà entamés. A peine sortie de sa captivité, le monstre prend le dessus sur la raison : il y a dans ses yeux une soif de sang terrifiante, des ténèbres qu’elle ne montre que rarement. Se saisissant du couteau étant tombé dans la bataille, elle observe la tranche d’une mine satisfaite en saisissant le premier et en se jetant sur le chef présumé, les sous fifres étant occupés à batailler avec le policier.

Alors qu’elle est au dessus de son ennemi, elle voit dans ses yeux quelque chose comme de l’amusement, dénué de peur : « Je savais que t’étais comme nous, Frenchie.  » Comme eux : incarnation de la puissance, la cruauté dans les veines. Un avatar de la faucheuse sur Terre. « Dis à tes amis que Frenchie leur passe le bonjour.  » Elle sait pertinemment ce qui l’attend une fois qu’elle aura abattu le couteau, elle serait hantée par un esprit de plus mais peu importe car c’est sa réputation qui est en jeu et sur ces mots, elle se laisse entraîner par ses instincts et vient répandre le sang sur le tapis du loft, les gerbes vermeilles venant tacheter le visage de la française.

Oups. 

Matthew n’allait pas apprécier. 

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Il avait mal, mal la ou ses poignets avaient forcés pour défaire ses liens, liens qu'il n'aurait sûrement pas réussit à défaire sans un mental et une force grandissante en même temps que son désir de protéger et de sauver Astrid. Pas un instant, il ne pensait qu'elle pourrait renverser la vapeur malgré son calme apparent. Dans l'esprit du capitaine, tout pouvait se terminer en un coup de couteau rapide, efficace, mortel, impardonnable. Il ne savait pas et ne comprenait pas ce qu'ils disaient, c'était donc compliqué pour lui de savoir si ça devenait sérieux ou non, mais à présent que ses liens étaient défaits, il allait pouvoir passer à la contre attaque malgré la douleur, malgré le sang qui coulait de ses cuisses. Non, tout ça n'était que superficiel et il sentait Siegfried bouillir en lui. Lui aussi avait ce goût du sang, cette envie de rendre justice, de rendre sa justice comme il l'avait toujours fait. Sans faire attentions aux lois, en n'en faisait qu'à lui même, car il était le héro des dieux, il était celui qui faisait régner l'ordre et la paix à son époque.

Il se jette donc sur eux, tel un animal, un prédateur, ou une proie qui se retourne contre la chaîne alimentaire. Il fait ce qu'il a à faire, protéger celle à qui il commence un peu trop à tenir malgré leur situation, malgré son métier, malgré son statut de meurtrière, malgré tout. Deux contre un, ce n'était pas vraiment un problème pour lui habituellement, mais les blessures, plus le fait qu'ils se jetaient sur lui le fit douter une micro seconde, mais il ne devait pas. Il ne devait pas douter de ses capacités. Prendre des coups faisait partit du boulot, il avait l'habitude, alors il encaisse, sans soucis, ils sont au corps à corps, très rapprochés, il empêche les deux de tirer leur flingue de leur veste, c'est à celui qui sera le plus fort, le plus endurant et Matthew n'avait pas l'intention de se laisser faire. Du coin de l'oeil il voyait bien Astrid s'en sortir toute seule. Il fit néanmoins une erreur en la regardant, ils en profitèrent pour le pousser derrière le canapé, et ils purent tirer leur flingue.

Ce fut rapide, sa main attrapa la poignée et tira la lame qui se trouvait accrochée au mur. Gramr, l'épée de Siegfried qu'il avait retrouvé avec son aide. L'arme était presque familière dans sa main et le héro plongea en avant et sa lame dans un mouvement de bas en haut trancha les deux mains porteuses d'armes et malheureusement, dans un cris de rage, l'épée fit un mouvement de gauche à droite pour faire sauter les deux têtes, sans plus de procès. Ce fut rapide, net précis, comme s'il avait fait ça toute sa vie. L'arme dans la main, il reprit peu à peu conscience de ce qu'il venait de faire. « Non... Ce n'est pas possible. » Même lors de rixes, lors d'affrontements, il avait apprit à ne pas tuer, après avoir découpé les mains, il aurait s'en arrêter la, mais sa haine et sa fureur avaient étés plus fort et il avait agis comme un bourreau. « Qu'est-ce que j'ai fais... » En proie à ses émotions, il tenta de se concentrer, se focaliser, tenter de comprendre, alors il regarde Astrid et est surpris, surpris par l'aura qu'elle dégage. Bleu foncé, quelque chose qu'il n'avait jamais vu. « Astrid ? Qu'est-ce que ... tu es ? » Un mal de tête intense le prit et l'arme glissa de ses mains et tombea à genoux. La douleur au cuisse plus la fatique avait raison de lui. Il perdit connaissance quelques instants.

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Le rush d’adrénaline parcourt ses veines, ses nerfs, l’odeur de fer qui accompagne les écoulements carmin, Astrid revit par la mort des autres et son visage est illuminé par cette soif de violence qui vit silencieusement en elle pour s’intégrer à la société. Lorsqu’elle retire le couteau de la chair, elle constate qu’il ne bouge plus mais elle n’est pas au bout de ses surprises ; reprenant rapidement conscience du danger environnant, la mafieuse reprend son souffle pour avertir Matthew qu’elle allait le rejoindre mais un coup d’oeil suffit à constater qu’il s’en est très bien sorti de lui-même puisque les têtes des deux sous-fifres roulent au sol, suivies de près par le corps de leur propriétaire qui s’effondre.

Hel est satisfaite. Elle voit presque leurs âmes se détacher de leurs corps. Un sourire en coin ne peut s’empêcher de monter sur le visage de la déesse alors qu’elle se redresse et laisse tomber le couteau à côté de sa victime dans un bruit fascinant qui rappelle les épées lâchées sur des champs de bataille après une victoire. Elle approche de quelques pas, féline, dangereuse, vers le policier qui était maintenant un meurtrier. Lui qui s’était félicité si longtemps d’être droit et incorruptible venait de franchir une limite, même s’il s’agissait de légitime défense, il ne pourrait pas expliquer la présence de trois cadavres chez lui et l’ADN omniprésent de la seule criminelle qu’il n’avait jamais pu arrêter. Oh, il aurait pu lui mettre la faute sur le dos, mais aux vues des liens qu’ils avaient tissés ces derniers temps, Astrid doutait fortement qu’il ne la trahisse. Pour le moment, il semblait bien plus choqué qu’autre chose et la criminelle voyait l’aura du héros vaciller autour de lui. Un héros nordique, pour sûr. Maintenant qu’elle avait grimpé de stade de conscience, elle était capable de reconnaître ce genre de détail, même si cela prenait encore du temps pour définir exactement qui se trouvait en face d’elle. Un mélange de couleurs quand elle traverse les rues, des visages inconnues et des figures antiques éternelles…

Matthew est choqué et il est en droit de l’être, Astrid ne le secouerai pas mais elle ne l’épargnerai pas non plus : « Oui. C’est toi qui a fait ça. Finalement, tu peux me comprendre un peu… » Même si ses actes avaient été dicté par quelque chose de plus grand que lui-même. Le policier la fixe avec les yeux grands ouverts, comme s’il voyait à travers elle et la jeune femme sut qu’il voyait son aura. « Oui. » confirme-t-elle juste avant qu’il ne s’effondre.



Les hommes… Choqués pour un rien.

Mais il avait prit soin d’elle et elle se devait d’en faire de même. Mais avant ça, il fallait nettoyer tout ça. Dégainant son téléphone, elle compose rapidement un numéro et porte le combiné à son oreille alors qu’elle fait lâcher le sabre à Matthew et qu’elle le recouvre d’une couverture, laissant sa jambe blessée à l’air. « C’est moi. J’ai besoin d’un ménage à domicile. »

Lorsque Matthew rouvrirait les yeux, ça serait comme si rien ne s’était produit. On ne trouverait pas une tâche de sang, tout sentait le vinaigre et la javel, le sabre était impeccable au mur. La seule chose qui pouvait assurer que tout ça s’était bien produit était la dague avec laquelle Astrid jouait entre ses doigts et la blessure du policier, maintenant bandée et refermée. « Bien dormi, la Belle au bois dormant ? Je n’ai pas osé t’embrasser pour te réveiller. » Sourire en coin, provocatrice. Frenchie dans toute sa splendeur.  

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Il avait du mal à se rendre compte de ce que la colère, la haine, la peur lui avait fait faire. Depuis qu'il était devenu la réincarnation de ce héro, de ce Siegfried, il laissait ses émotions et ses actions êtres de plus en plus chaotiques, de moins en moins celles d'un capitaine de police comme il pouvait l'être. Il détestait ce genre de changements, c'était loin de ce qu'il aspirait à faire et pourtant... ce n'était que la partie immergée de l'iceberg, lui qui avait toujours voulu faire reigner la justice, n'y avait pas mieux que de tuer les criminels plutôt que de les laisser vivre dans des cellules jusqu'à ce qu'ils ressortent de prison, le sourire aux lèvres ? Non, il y avait une contradiction dans ce qu'était Matthew avant et aujourd'hui et Astrid venait de le voir, les têtes coupées, détachées de leur corps, il avait fait le ménage, comme dans le temps et avant enfin pu voir de ses propres yeux ce qui la rendait unique : cette aura qui l'entourait, celle la même qui faisait d'elle une personne si exceptionnelle. Néanmoins, cette vision le fit perdre connaissance, comme si un marteau le frappait en plein sur le crane. Il sombra.

Revenant à lui, il ne comprit pas exactement ce qu'il y avait eu sur le coup. Mal de crane incessant, il n'avait pourtant pas prit de coup autre qu'au visage. Pas derrière la tête ou ailleurs. C'était une drôle de gueule de bois et pourtant, il en buvait de l'alcool ! Il entend parler Astrid à ses côtés, tenant une dague entre ses doigts, lui murmurant quelques douces paroles comme elle savait si bien le faire. « Tu aurais du, ça aurait sûrement été plus agréable. » dit-il en grognant, son esprit s'éveillant, tout comme ses blessures un peu partout. Non, il n'avait pas rêvé cette attaque. Il regarde Astrid dans les yeux qui semble plutôt satisfaite avec son sourire et il regarde ensuite son appartement qui était... tout propre. Il semble vouloir se redresser, mais ses jambes lui disent non, alors il se penche, se redresse. Pas une seule marque de sang, pas une seule tête qui se balade, son épée à sa place. « Je vois que tu n'as pas chômée … je suppose que je t'en dois une. » Il se laisse retomber dans le canapé.

« J'ai une vieille bouteille de whisky dans cette armoire, tu nous servirais un verre s'il te plaît ? » En un sens, il voulait juste être tranquille, finir cette bouteille, oublier tout ce qu'il venait de ce passer, mais la, les questions le tiraillaient un peu trop. « Je ne crois pas être fou et avec tous les rapports que j'ai reçu et ce qui m'arrive à moi même, j'ai l'impression de mieux comprendre pourquoi je n'ai pas réussis à te rattraper une seule fois et sûrement pourquoi tu t'amuser de moi. » Il n'arrive pas à la lâcher des yeux, cherchant de nouveau à voir cette lueure. « Tu es une déesse ou quelque chose dans le genre ? » Oui, les militaires, les rapports, il y avait eu droit d'une façon plus ou moins détournées. Il avait fait des rencontres du troisième type, tout comme avec Siegfried, alors tout s'assemblait dans son esprit, comme un puzzle.

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La reine toise de haut de sa fierté bafouée, la moue insatisfaite par tant de gâchis. Ce genre de situation n’est pas rare pour une personne de sa trempe, néanmoins est-ce une raison pour laisser passer cette insolence envers elle ? Les corps débarrassés, le médecin dégagé, Astrid se pare de son aura menaçante, celle qu’elle revêt normalement pour les entretiens mafieux qu’elle dirige, ses yeux sont froids et dénués d’affection pour celui qu’elle a pourtant sauvé, pour qui elle a tué. Et pour qui elle tuerait encore. La déesse ignorait les raisons qui la poussait à protéger ainsi le capitaine de police, qui était pourtant un ennemi selon la définition officielle. Un ennemi qui s’acharnait à l’attraper, alors qu’elle était telle une brise légère, il pouvait la sentir mais jamais la saisir. Etait-ce là ce qui donnait tout le piment à leur relation ? Pourtant, quand elle avait été chez lui alors qu’elle avait été blessée, tout en sachant pertinemment qu’il ne profiterait pas de la situation et qu’il ne la chasserait pas.

Qui avait-il chez lui qui lui plaisait tant ? Son visage boudeur quand elle lui répondait, son air hautain lorsqu’elle utilisait son titre ? Etait-ce le souvenir de ses épaules, de ses mains la saisissant et des grondements rauques dans la chambre d’hôtel pendant leur mission ? Etait-ce l’aura du héros qui le possédait ? Plus elle le dévore du regard, plus elle comprend qu’il est, à elle, pareil à une proie avec laquelle elle se plaisait à jouer quand l’ennui venait frapper à sa porte. Il l’agaçait peut-être autant qu’il arrivait à éveiller ses instincts primaires, comme s’il avait trouvé l’interrupteur pour la faire démarrer au quart de tour. Encore plus maintenant qu’il était face à elle et qu’il avait du sang sur les mains. Le souvenir du policier tenant le sabre entre ses mains, les gerbes écarlates tachetant sa barbe, l’oeil déterminé… Pour la sauver ?

Ce héros a peut-être bien plus de valeur que je ne le pensais…

Hel se réveille en son sein, Astrid le sent par des vagues glacées dans ses veines, la déesse lui souffle à l’oreille et la force à relever le menton pour maintenir une couronne invisible. A cet instant précis, elle a l’ascendant sur Matthew et ce sentiment de puissant la remplit d’une satisfaction infinie. La lame du couteau appuie sur l’extrémité de son index, une perle sanguine vient se former comme pour rappeler à la déesse son humanité. Sa voix se fait joueuse, tentatrice : « Je ne t’aurais pas donné ce plaisir… Tu ne t’en es pas encore montré digne, même si j’admets ignorer que la maitrise du sabre fait partie de l’entraînement policier… » Elle laisse sa phrase en suspend, amusée de lui rappeler l’acte horrible qu’il venait de commettre sous l’effet de l’adrénaline. On est pas si différents, toi et moi, tu portes la Mort comme un costume d’apparat.

Oh, comme elle aurait voulu lui sauter dessus, là, maintenant, tout de suite.

Il se lève avec difficulté, comme si se mouvoir lui demandait un effort surhumain et il se laisse effondrer sur le canapé. Hm… Une autre fois pour les ébats. « Je n’oublie jamais quand on me doit un service. » La demi menace est réelle sous ces mots aussi doux que du miel. Astrid n’oublie jamais… L’amour, c’est pour les enfants. Ici bas, il n’y a que les jeux de pouvoir et les services rendus. « Je compte sur toi pour ne pas investiguer sur la disparition de criminels flamands dans les prochains jours. Tu risquerais d’y perdre la tête… » Oh, elle le torturerait à jamais. Jusqu’à la fin de leurs jours, quand bien même devaient-ils finir dans le sang et les larmes, de toute façon ils n’étaient pas un duo prêt à vivre une vie paisible. Elle hausse un sourcil à sa demande : « Est-ce une nouvelle demande que tu viens de me faire ? Je ne fais rien gratuitement, rappelle toi. » Et sur ces mots, sans la moindre crédibilité, la mafieuse se lève pour sortir la bouteille et la lui ouvrir, lui donnant directement la bouteille entière avec dédain, elle qui ne pouvait désormais plus d’enivrer à outrance pour oublier sa propre dépravation.

Finalement, ils se font faces, prêts à s’ouvrir sur la réelle question qui plane depuis le début. Qui étaient-ils, qu’est-ce qu’ils allaient devenir ? Astrid le savait, elle serait souveraine d’un monde de cendres. Mais lui ? Avait-il la moindre idée des pouvoirs impliqués dans une telle guerre ? La jeune femme le fixe de ses iris sombres, détaille son visage avec intérêt. Héros, mon héros, qui es-tu ? Qui caches-tu sous ces traits tirées, sous cette existence fatiguée ? Quels démons as-tu pourfendu dans ton passé ? M’as-tu déjà affrontée ? Dans un souffle, la toute puissante réponds : « Si j’étais une déesse, qui crois-tu que je serais ? » Simple curiosité, tandis que les quatre lettres lui viennent à l’esprit.  

H  E
  L  A

Comme si la déesse les soufflait elle-même pour rappeler sa souveraineté.
 

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La douleur était toujours bien présente, mais au moins, il était vivant et surtout : Astrid l'était également. Étrangement, c'était ce qui était le plus apaisant la dedans, il ne savait pas ce que cette femme lui avait fait, mais il devait sûrement être ensorcelé ou quelque chose dans le genre. Il n'y avait que ça pour expliquer la chose de toute façon, car il ne pouvait se résoudre à avoir des sentiments pour une femme telle que la Frenchie. Une assassin, une hors la loi, quelqu'un qui tuait sans le moindre scrupule. Une membre de la mafia qui plus est. Si cette pseudo relation venait à se faire connaître, s'en était terminé de lui et sa carrière. Le souvenir de lui, tenant se sabre plein de sang, éclaboussant tout son appartement lui tira une grimace. « Je suis plein de ressources. L'école de Police n'était pas assez... intense pour moi. » Sourire au coin des lèvres. Il ne s’entraînait à l'épée que depuis quelques temps, depuis qu'ils étaient deux à vivre dans son corps. Il avait juste habitué ce dernier à reprendre les mouvements de Siegfried pour ne pas être un poids lorsqu'il désirait reprendre le contrôle. La preuve était faite qu'il avait bien fait.

Il grimace en la laissant passer, soupirant. « Je n'ai aucuns doutes sur le fait que tu me rappellera cette histoire jusqu'à la fin de mes jours. » Elle lui en parlera tous les jours, lui demanderait des faveurs, elle le tenait. Pas la peine de faire des recherches sur ces gars la, il se doutait bien que ceux qui avaient nettoyés ça … avaient fait du bon boulot. Il attrape la bouteille en lui souriant. « Tu peux tremper au moins tes lèvres. Même si je suis sur, tu en as déjà bu des biens meilleurs. » Il prend une pause. « Donne moi ton prix, je verrais ce que je peux faire plus tard. » Elle était ce genre de femme qu'il ne pourrait pas maintenir en place ou même avoir un échange équivalent. Elle le mangerait sans nul autre procès, tout cru, tel était sa façon de vivre. Une chance pour lui d'être encore en vie à ce jour après avoir passé une soirée avec elle. Bouteille en main, il en prend un peu, histoire d'avoir du courage. Tout ce qu'il avait  vu et vécu, Siegfriend en lui, ces choses qu'il ne pouvait comprendre. Cette lueur qu'il avait vu pendant un bref instant après s'être éveillé à la brutalité du héros avec qui il cohabitait. Oui, elle ne pouvait être qu'une déesse ou une héroïne tout comme lui. Le héros lui parlait à l'oreille, alors qu'elle semblait bien plus sérieuse à présent.

Qui pouvait elle être ? Avant même ce genre de ré-incarnation, il avait toujours adoré la mythologie, n'y croyait qu'à moitié, il s'était passionné des dieux et déesses nordiques et s'il devait faire un lien entre cette femme la, son métier, sa façon de vivre, son... charme, il y avait plusieurs possibilités, mais Siegfried lui, semblait avoir plus de flair, sûrement bien plus de connaissance que lui, mais ils semblaient penser à une seule et même personne, cette divinité de la mort, celle qui semblait si bien coller à la peau de la jeune française. Il prend une dernière gorgée, la regarde dans les yeux sans jamais quitter ses iris, une main se posant sur le menton, puis la joue de cette dernière. « Tu ne pourrais être que la déesse des morts. » Il avait assez couru derrière elle après des scènes de crimes pour voir qu'elle était une experte en la matière. Siegfrid en était presque certain, l'aura qu'il avait vu, ses compétences, tout. Alors ensemble, ils parlèrent, d'une même voix, d'un même son. « Hel. »

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Trois petites lettres qui claquent sur la langue, avec elles l'ombre, la terreur, les enfers polaires, les étendues de glace infinies, les âmes perdues dans les limbes de l'hiver éternel. Hel. Astrid ne s'est jamais sentie aussi puissante que le jour où la vérité quant à la divinité en son sein s'était révélée, un peu comme si tous les indices avaient fini par se relier pour lui délivrer la pièce manquante dans son esprit. Sondant le regard du policier, alors qu'il finit par prononcer ce nom qui déclencherait presque une vague de frissons dans le dos de la criminelle, aucune émotion ne s'affiche sur son visage lorsqu'elle répond platement : « Qu'est-ce qui te fais croire que je vais te répondre ?  » Elle ne lui devait rien, aucune réponse : au contraire, c'est lui qui lui était redevable. Alors lui donner des informations aussi importantes ? Même pour prolonger légèrement ce sentiment de puissance infinie, cela ne valait pas le cœur. Astrid se caractérisait par une prévoyance sans failles, par sa capacité à tout anticiper sans craindre les imprévus : quand le plan A ne fonctionnait pas, elle n'était pas du genre à rester sur un échec et passer au plan B, il y avait toujours un plan bis caché dans sa manche. Matthew pourrait se creuser le cerveau autant qu'il le souhaitait, elle ne partagerait pas ce genre de choses : qu'il soit déjà au courant de sa nature divine était suffisant pour le moment. Si elle souhaitait rester une énigme pour cet homme, alors elle ferait en sorte de lui délivrer les messages au compte goutte, les demi-vérités à pas de fourmi.

Cessant de jouer avec la lame qui danse entre ses doigts, Frenchie lui lance un regard en coin, lourd de sous entendus et refuse la bouteille qu'il lui propose, même si la promesse d'ivresse d'une simple gorgée lui rappelle avec nostalgie le temps où ils pouvaient s'accouder tous les deux au comptoir pour partager un verre d'un mélange d'alcools improbables. L'époque où tout était encore simple, celle où la déesse ne lui susurrait pas les secrets de la vie après la mort. Les yeux roulent dans ses orbites en entendant les réflexions du policier, il était désormais sous son joug qu'il le veuille ou non. « Il existe bien un moyen pour toi de payer ta dette, mais crois moi, cela risque de moyennement te plaire.  » Si leurs assaillants connaissaient désormais l'adresse de Matthew, aux vues des événements, aucun ne se risquerait à envoyer ses larbins ici, en terrain miné. En revanche, le minuscule appartement d'Astrid pouvait se révéler un véritable piège à rats. Haussant un sourcil, un faible sourire triomphant au coin des lèvres, la française abat sa sentence, on entendrait presque le marteau du juge s'abattre quand elle dit : « Tu vas me laisser rester ici, le temps que je fasse profil bas. Et tu n'as aucun intérêt à me coffrer tant que je suis dans ton appartement, sous peine de devoir expliquer à tes collègues ce que font mes culottes dans ton placard.  » Se redressant, Astrid jette un sac de sport contenant quelques affaires d'urgence sur le fauteuil vide : « Tu vas me laisser ton placard aussi. Il est hors de question que je laisse des pièces de collection traîner dehors.  » Elle, faire comme si elle était déjà chez elle ? A peine.

Mais il est échec et mat pour le moment, et l'effet et du plus agréable.
 

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AVATARS PAR doom days & odistole.

Ce qu'il avait vu, ce qu'il commençait a comprendre... tous les pièces du puzzle commençaient a se placer correctement dans son esprit alors qu'avant, elles étaient toutes éparpillées. Du simple flic, il était devenu une réincarnation d'un héro et bien entendu, il ne pouvait pas être le seul dans cette situation. Ils devaient nombreux dehors et les problèmes insolubles devenaient a présents bien plausibles. Des combustions spontanées sans aucunes explications... des meurtrières qu'ils n'arrivaient pas a attraper. Astrid. Qui était elle véritablement ? Cette française, membre de mafia, assassin a ses heures perdues et amante du capitaine lorsqu'elle n'avait surement rien de mieux a faire... ou bien tout simplement manipulatrice émérite. Elle ne voulait donc rien lui dire sur qui elle était vraiment, mais le fait est qu'elle était bien plus que ce qu'elle semblait être. Des dieux, des monstres, des héros des anciens temps. Siegfried lui avait soufflé ce qu'elle pouvait être, lui qui avait côtoyé ces créatures de l'ancien temps. « Oh, parce que tu débarque chez moi avec tes assassins aux fesses. Ils nous torturent et foutent le bordel chez moi et tu veux pas me répondre ? De toute façon... je te ferais cracher le morceau. » Il jouerait son rôle d'inspecteur. Maintenant il avait de nouvelles... bases de recherches.

Astrid était une nouvelle énigmes, bien plus coriaces que celle qu'il pensait a la base. Leur relation était elle aussi toute aussi complexe... lui qui avait juré de la mettre derrière les barreaux, elle avait plutôt terminé dans le lit d'une chambre d'hôtel. Était une sorte de pouvoir qu'elle avait ? Le fait de le faire plier a sa volonté ? Une sorte de charme divin qui lui donnait envie d'être a ses côtés ? Tout en elle devrait le repousser, ses manières, sa façon d'être une criminelle internationale et pourtant... tous ses principes s'écroulaient en sa présence. Il pourrait être jugé pour ca, coucher avec l'ennemie, ne pas faire son travail, mais non, c'était plus fort que lui et la, elle lui dit qu'elle allait s'installer chez lui le temps de faire profil bas. Histoire qu'elle puisse se faire toute petite tout en prenant le maximun de place chez lui. Bien entendu, elle le tenant dans le creux de sa main. Elle pouvait le mettre a genoux si elle le voulait, car elle était la criminelle qui avait le pouvoir sur le policier.

« La chambre d'ami a l'étage est toute a toi Arseneault. Mais interdiction de ramener des gens ou des choses qui... pourraient me mettre encore plus dans le merde. » Il était bel et bien prit en tenaille et ca ne lui plaisait pas du tout. « Et tu vas payer le loyer aussi. Qui a dit que le crime ne paye pas hein ? » Il allait pas lui laisser le beau rôle trop longtemps non plus. Se redressant tant bien que mal, il commence a se faire a cette nouvelle douleur. Une gorgée de whisky et le voila qui va se cherche de quoi manger dans le frigo, mais franchement, il n'y a plus grand chose. Ou tout du moins, il n'a pas envie de cuisiner. Un regard vers la criminelle qui semble tout a fait joyeuse de finir quelques temps ici. « Je pourrais presque croire que tu as manigancée tout ça pour m'avoir a tes pieds... » Il regarde les escaliers menant au bureau mezanine, et aux chambres et se ravise. « Et tu commande a manger. J'ai terriblement faim après toute cette... aventure. Chuouchoute donc ton hôte. Qu'il ne se sente pas... prisonnier d'une situation qui pourrait littéralement le mettre en cellule.  »

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La belle ne lui donnerait rien de plus, sous son masque d’indifférence se cachait en réalité une prudence à l’épreuve de toute forme de négociation. Qu’il demande ou qu’il supplie, qu’il la menace ou qu’il lui fasse du chantage, rien ne serait suffisamment efficace pour lui arracher la vérité d’entre ses lippes. Un instant de flottement lui permet de réfléchir, de comprendre la situation : leur relation était telle qu’il était difficile de ne rien lui donner tout en lui prenant au passage. La déesse se comportait désormais comme si l’ensemble des lieux lui appartenaient, à la manière d’une guerrière conquérante foulant du pied le palais de l’ennemi ayant abdiqué, chaque pas lui garantissait un pouvoir supplémentaire. Loin des dix mètres carrés que lui offraient sa chambre de bonne habituelle, Astrid avait pour dangereuse habitude de vivre essentiellement pour le travail et passait le plus clair de son temps à la tour Ikaros ou en cavale… A quoi lui servirait un grand appartement ? N'était-ce pas un piège que de s’abandonner à un confort trop grand ? Elle voyait les grands espaces comme des ennemis, un peu comme si le vide lui-même s’opposait à son ascension. Mais elle savait aussi que les lieux étaient désormais sûrs, personne n’oserait approcher de nouveau les terres d’un massacre, le sol avait absorbé le sang des leurs et leurs âmes hantaient les murs ; Astrid pouvait presque les voir du coin de l’oeil se détacher de la peinture, mais elle ne pouvait prendre le risque de donner davantage d’indices à Matthew sur sa divinité et après tout, si les fantômes voulaient parler, ils le feraient quoi qu’il arrive. Pour le moment, elle devait prétendre ne rien voir pour espérer qu’ils la laissent tranquille.

Matthew se plaint, à raison, du comportement de la jeune femme. Tout était contre elle, de sa venue au milieu de la nuit avec des assassins sur le dos, jusqu’à la torture qui avait eu lieu dans son salon. Peut-être ne verrait-il plus jamais sa propre maison de la même manière mais Astrid n’en avait que faire et n’avait pas l’once d’un sentiment de culpabilité quand ses propres intérêts étaient servis, ce qui était parfaitement le cas à l’heure actuelle. A défaut de répondre dans son sens, c’est sur un ton inquisiteur qu’elle commande : « J’ose espérer que tu as une bouteille de vin qui traîne. » L’alcool ne fonctionnait plus sur elle, mais elle pouvait toujours se délecter de vin rouge, qui lui offrait à peu près la même satisfaction que lorsqu’une de ses manipulations fonctionnait à merveille. A son tour, l’inspecteur de police pose ses conditions sur leur colocation impromptue et inattendue, ce à quoi l’intéressée répond platement : « Inutile de te torturer l’esprit, je n’ai nullement l’intention de ramener qui que ce soit. Utiliser cet endroit comme abri n’aurait aucun sens si c’était pour ensuite le dévoiler. » Elle n’avait pas entièrement réfléchi au hasard à son plan, puisque le capitaine ne cessait de vouloir la coffrer, c’était sans doute chez lui que personne n’irait la chercher. Encore moins en sachant que Matthew avait des choses à se reprocher désormais : lui qui avait pour réputation de n’avoir jamais été corrompu avait désormais sa principale suspecte sous son propre toit. Un sourire en coin étire ses lippes tandis qu’Astrid renchérit : « C’est toi qui mène les enquêtes, capitaine. », lui laissant ainsi le loisir de décider si tout cela était une machination ou une perte de contrôle de la déesse. Avec le bénéfice du doute en poche, il ne pouvait qu’imaginer qu’elle avait encore joué ses meilleures cartes.

Se saisissant de son téléphone portable pour répondre aux exigences de son hôte (Astrid aimait se faire servir mais elle savait également qu’il était dans son intérêt de jouer le jeu pour le moment même s'il lui devait également une fière chandelle pour avoir nettoyé les lieux), elle fait défiler l’écran pour se rendre sur la page d’une pizzeria. Elle lui lance ensuite le petit objet : « Ne m'en demande pas trop et choisis. » répond-t-elle avec désinvolture, consciente que manger ne lui procurerait jamais les mêmes sensations qu’auparavant. Ils devaient désormais s'apprivoiser, même si cela signifiait devoir abandonner son éternelle et adorée solitude pour les prochaines semaines.
 

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Il était donc en présence d'un être divin, de quelqu'un qui, comme lui avait du avoir une genre de réincarnation, mais d'un autre genre. Ça remettait toutes ces choses inexpliquées et inexplicables qu'il avait vu au cour de sa carrière et ces derniers mois plus particulièrement. Et si les dieux qui avaient perdus tous leurs croyants au fil des siècles étaient de nouveau parmi eux a vivre une vie tout a fait normal ou alors : a faire la loi d'une façon différente ? Si Astrid était membre de la mafia francaise, elle devait aussi avoir des liens avec ceux d'ici. Pouvait il donc penser que ces ombres étaient aussi de ce bord la ? Trop de question dont il ne trouverait pas de réponses, surtout pas avec Astrid qui, il le savait, me dirait rien, sauf si elle avait quelque chose a y gagner et pour le moment, elle gagnait sur toute la ligne. Elle avait une nouvelle planque. Un coin au chaud inconnu de tous et surtout elle tenait le capitaine de police. Elle avait bien trop de carte en main. Astrid lui demanda avec désinvolture s'il avait du bon vin. Il arqua un sourcil.

« Une certaine personne m'a dégoutté de tout ce qui était français... alors du bon vin... il faudra aller t'en acheter par toi même.  » Bien entendu, il parlait d'elle. De toute facon, il n'en avait pas, il n'en buvait qu'a des repas a plusieurs, alors vu qu'il vivait seul, c'était bien difficile d'en ouvrir une et de la terminer. Enfin, non, se connaissant c'était simple, mais triste a la fois. Astrid lui dirait surement que le vin est fait pour être apprécié et non pas être sifflé comme un ivrogne. Il ne répondit rien au fait que oui, elle n'ammenerait personne ici, c'était une planque et cela devait la rester. Il soupira néanmoins, il sentait comme l’étau du piège de la frenchie se resserrer le long de son cou, montrant qu'elle avait le contrôle pour le moment. Pour combien de temps ? Surement jusqu'a la fin de cette mascarade, lorsqu'elle en aurait marre de jouer avec lui, ou que la mort n'emporte l'un ou l'autre. Il devait donc se préparer aux pires et a subir les conséquences de ses échecs.

Et comme il s'y attendait, elle axait jeté son dévolu sur lui parce qu'il était celui qui menait les enquêtes. Cela pouvait rapidement lui ramener les pieds sur terre. « Moi qui espérait que c'était a cause de mon charme ravageur... Me voila bien déçu. Tu n'avais donc d’intérêt que ma plaque et mon grade...  » Mais il ne perdait pas le nord, jouant même, lui demandant au moins de commander et payer le repas. Mais comme toujours, elle ne suivait jamais les directives et elle lui balança son téléphone pour qu'il commande, mais comme un malheur n'arrive jamais seul... son propre téléphone sonna et lorsqu'il vit le numéro, il comprit que le calme était terminé. « Merde... » Il se redresse en grimaçant et répond. Confirme qu'il arrive dans 15 minutes, raccroche et soupir. « Ce sera pour une prochaine fois... Le devoir m'appel.  » Il se leve et prend sur lui de faire taire la douleur et va se préparer avant de revenir vers Astrid avec un trousseau de clés. « Je sais que tu aime entrer par effraction... mais ca fera moins louche avec des clés. Ne m'attend pas pour dormir...  »

Et le voila qui repart a l'aventure, en boitant.

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