Dans la liste des choses où elle n’avait jamais osé mettre des mots précis sur ce qu’elle ressentait, ses sentiments pour Phaedrig avaient une place particulière. Jules savoue, Jules profite, le début des amours et des premières décharges électriques. Elle n’aurait jamais imaginé, la pauvre, que cela puisse lui arriver, condamnée à être hantée par ses échecs et les erreurs d’un fantôme du passé. Aujourd’hui, elle était prête à mettre tout ça de côté, à avancer vers quelque chose de nouveau et de moins destructeur. Qui s’annonçait à l’horizon n’était rien de plus que ce qu’elle pensait ne pas mériter mais elle s’empresserai de s’y noyer et de s’en imprégner, celle de la douceur et la chaleur d’un contact sincère et amoureux.

Toute trace de tension semblait avoir quitté la pièce, ne laissant plus que les deux tourtereaux sur leur petit nuage. Lorsqu’il évoque son inquiétude de la possibilité que Jules puisse avoir quelqu’un dans sa vie, elle se contente de secouer la tête négativement, comme si c’était évident. Phaedrig ne devait pas savoir pour Luke ; pas maintenant. Il était encore à l’image d’une plaie béante dans l’âme de Jules et les flots de ténèbres et d’angoisses qui en réchappaient n’avaient pas leur place dans un moment aussi tendre. Peut-être un jour ; peut-être, si elle trouvait le courage de le faire.

Leurs doigts se mêlent, le rouquin plaisante et Jules lève les yeux au ciel avec un sourire un coin, incapable de donner un contre-argument autre que :

« Toi peut-être, mais l’anglaise que je suis ne réunis pas assez de clichés pour me permettre d’en faire ! »

La brune avait de Londres l’accent, mais rien d’autre ne pouvait laisser envisager ses origines. Après un bref instant de réflexion, elle lance :

« M’enfin, je n’ai d’anglaise que le nom puisque j’ai vécu à Boston toute mon enfance. »

Boston, terre d’accueil que son père les avait forcé à adopter pour ensuite les délaisser pour sa nouvelle vie de famille. Comme quoi, on peut être un borde sans nom jusqu’au bout… Vie familiale terrible, ex relations amoureuses à gerber, carrière tirée en plein vol… Elle avait un sacré curriculum. Mais encore une fois, la chance lui souriait et elle était bien décidée à la saisir tandis qu’il se penche pour lui voler un autre baiser ; le goût du paradis sur ses lèvres. Décidément…

Mais elle ne souhaitait pas que la soirée se termine ; il n’y avait plus que leur cocon et tout ce qui se déroulait à Arcadia prendrait place sans eux. Jules secoue la tête resserrant ses doigts sur ceux du tonnelier :

« Ecoute moi bien, Kearney : je n’ai aucune intention de te laisser partir. »

Ses dossiers n’avaient rien d’urgent, rien qui ne pouvait patienter jusqu’au lendemain. Abolissant définitivement la distance entre eux pour venir se blottir contre lui, elle vint demander d’une voix douce :

« On devrait commander un truc à manger, qu’est-ce que t’en dis ? La prochaine fois, je ferais l’effort de cuisiner… Mais pas ce soir. »

Car ce soir, ils devaient profiter de l’euphorie de leurs premiers moments à deux.

Sans leurs récurrences et les mafias pesant sur leurs consciences.

CODAGE PAR AMATIS
AVATARS PAR cliffs edge & sharkloé.