Cela faisait plusieurs mois désormais que j'avais pris Malkina pour épouse, sans véritablement m'encombrer de son accord. Je le lui avais tout de même demandé, mais plus pour la forme en définitive. Et elle me l'avait donné, bien que je pressente d'obscures raisons qu'elle conservait secrète à mon égard, du moins en partie. Sa prophétie. Ça, elle n'avait eu aucun mal à m'en faire part, et son contenu me troublait depuis. Ce mariage était dénué d'amour, du moins la seule certitude à ce sujet que je puisse avoir me concernait. J'avais pour elle un certain attachement mais qui n'était pas de l'amour. Je retrouvais en mon épouse des traits, des attitudes, qui me faisaient penser à Oksana, ma mère. Je la soupçonnais d'en jouer allègrement afin de s'assurer une importance capitale à mes yeux, et pour le coup cela fonctionnait tant je ressentais un vide du fait de son absence. Mais ce soir ce n'était pas le cas de ma mère qui me préoccupait, mais plutôt la prophétie de mon épouse.
Pourquoi? Cette simple question me trottait dans la tête constamment, et il me fallait toute ma détermination pour ne pas qu'elle me consume l'esprit. Pourquoi? Je savais cloisonner les choses et c'était cela qui était important dans ma quête de réponse. Pourquoi? Pourquoi avait-elle proféré cette maudite prophétie? Quelque part tant mieux, car à présent que me voilà averti, je pouvais prendre les mesures nécessaires pour m'en préserver. Et tant pis pour mon épouse. Néanmoins j'avais besoin de réponses, de comprendre les choses et ce que Malkina m'apportait n'était pas suffisant pour étancher ma soif. Aussi n'y tenant plus je composais un numéro sur le téléphone de mon bureau, à l'écart de l'animation du Kremlin.
Ce lieu n'était autre que LE bar russe d'Ashmill, où en tant que Pakhan j'avais un accès inconditionnel. Depuis mon bureau donc, une pièce hermétique dont la porte même ne laissait transpirer le moindre son, je patientais tandis que la tonalité sans réponse me servait de musique d'attente. Patientant, je m'interrogeais toujours à propos de ce fils que je n'aurai jamais. Il était hors de question d'être l'auteur de ma fin. Lorsque la voix de l'autre côté de l'appareil se fit entendre, je pris un ton neutre mais ferme.
Bonsoir Maître Nikolaïevna. Artyom Kozyrev… Je vous attends au Kremlin dans l'heure. Indiquez votre convocation au bar, vous serez guidée jusqu'à moi. lui dis-je avant d'écouter sa réponse, puis de raccrocher. Je sortis de mon bureau en direction du bar, saluais quelques têtes avant de glisser à l'oreille de la barwoman qui avait la gérance des lieux que j'attendais de la visite. Je pris une bouteille de vodka sous le bar avant de reprendre le chemin de mon bureau. En tant que dieu de stade 4 je n'avais plus besoin de me nourrir, mais je n'arrivais pas à me défaire de la sensation de l'alcool dans ma gorge. Je n'en ressentais plus l'ivresse mais pour le reste la chaleur de ses gorgées elle demeurait.
Alexandra Nikolaïevna, jeune avocate talentueuse qui avait déjà défendu quelques affaires pour la Bratva et récemment intégrée à notre famille. Cela faisait un moment déjà que je l'observais, me présentant en personne à quelques unes de ses plaidoiries sans pour autant me montrer à elle. Ce soir c'était son don qui m'intéressait. Oracle au sein de la Bratva, je faisais appel à elle pour un second avis, comme ces individus qui allaient chez plusieurs médecins lorsqu'ils n'étaient pas satisfaits du premier. Si mon épouse m'avait récité sa prophétie, peut-être qu'en tant qu'Oracle l'avocate pourrait m'offrir une porte de sortie, une solution pour que je puisse m'affranchir de la première prophétie.
Bonsoir. lui dis-je en me levant, l'invitant à prendre place face à moi, avant d'entamer la conversation.
Comment se passe votre intégration au sein de notre famille? dis-je en lui posant une nouvelle question. Si je vous ai convoqué ce soir c'est dans un but bien précis. Je vais avoir besoin de votre compétence pour une affaire personnelle. lui dis-je avant de boire une gorgée d'alcool, puis de sortir un second verre pour le lui tendre, avant de me taire et de la laisser répondre.
Le voile sombre venait de se disperser, laissant apparaître la silhouette fantomatique de l'oracle. Suspendue dans le vide telle une marionnette faite de chair, la belle au regard clair se perdait presque dans cette atmosphère mélancolique. Les teintes grises se mêlaient aux quelques touches de couleurs monotones qui parsemaient le paysage onirique, lui rappelant avec aisance qu'elle se trouvait dans le monde des rêves et non dans la réalité. Un tic tac lointain rythmait le fond sonore, marquant à chacun de ses coups les secondes fictives qui s'écoulaient. Les arbres morts, la brume grisâtre, les quelques objets qui parsemaient le sol. Tout était fictif, tout n'était qu'illusion. Une ombre familière se mit à apparaître devant elle. C'était celle d'Artyom Kozyrev, le pakhan de la Bratva. Alexandra, toujours spectatrice muette de la scène, se contentait de l'observer se rapprocher d'elle.
Autour de lui gravitaient des visions de son futur sous la forme de volutes de fumées lugubres. Dans l'une d'elle se dessinait un nouveau-né, lové tendrement dans les bras de sa mère. Le visage de cette dernière n'était pas visible, mais l'oracle pouvait clairement sentir que cette femme n'était pas la vedmak. Dans une autre vision, on pouvait voir ce même nouveau-né, une fille, enveloppée dans des linges immaculés et allongée sur un autel sacrificiel. Un homme se tenait au-dessus d'elle, tenant la lame scintillante d'un poignard entre ses mains, prêt à fendre l'air pour se planter dans l'abdomen de la créature innocente. Un cris brisa le silence, puis, plus rien. Le visage satisfait du pakhan apparaissait très clairement dans une dernière vision. Gorgé de puissance, il tenait entre ses mains une sphère semblable à la Terre, son regard sombre et terrifiant fendait l'air de manière malfaisante. Toutes ces images se succédaient devant ses orbes interdites, sans qu'elle ne puisse rien faire. Ce spectacle spectral qui se jouait devant ses yeux était horrible. Si seulement elle parvenait à échapper à ces visions, si seulement elle parvenait à se réveiller.
Driiing, driiing, driiing.
Réveillée en sursaut par la sonnerie de son téléphone, Sasha se tenait désormais assise dans son lit. Son corps en sueur portait encore les marques de ce début de nuit agité qu'elle venait de passer. Le bras tendu dans le vide, la blonde mit un certain temps avant de parvenir à attraper son téléphone portable. « Nikolaïevna, j'écoute ? » La voix grave d'un homme se fit audible à l'autre bout de la ligne. C'était celle du pakhan. « D'accord, j'arrive. » Qu'avait-il à vouloir l'appeler en plein milieu de la nuit. Une affaire urgente nécessitait-elle sa présence ? Quelques minutes lui suffirent à effacer les traces du sommeil sur son visage, puis Alexandra Nikolaïevna s'échappa de la demeure de sa tante pour rejoindre le Kremlin. De nombreuses images défilaient encore dans son esprit perturbé. Ce bébé sacrifié, cette femme inconnue, ce visage terrifiant du pakhan qui tenait la Terre entre ses griffes acérées. Cette vision n'était pas anodine.
Après avoir suivi les consignes téléphoniques, la belle fut conduite directement dans les profondeurs de l'établissement, jusqu'au bureau de son propriétaire. « Bonsoir pakhan. » Dit-elle sur un ton des plus courtois tout en s’asseyant à l'endroit indiqué par Artyom. Un bureau les séparait, mais Alexandra sentait parfaitement toute la supériorité qui se dégageait de cet homme puissant. Ses premières paroles la laissèrent perplexe, même si elle se contenta de le fixer calmement. L'avait-il réellement fait venir à cette heure pour s'inquiéter de sa récente venue dans l'organisation ? La suite des explications ne tarda pas à arriver. « Je vous remercie de vous soucier de mon intégration. Tout se passe bien, j'apprend à connaître les différents membres de notre famille. J'ai l'impression de retrouver ma Russie natale. » Commença-t-elle en laissant son regard divaguer autour d'elle. C'était étrange de se retrouver face à cet homme qu'elle venait de voir dans ses rêves quelques minutes auparavant. Elle reporta rapidement son attention sur son regard perçant qui la dévisageait. « Je vous écoute, que puis-je faire pour vous ? »
Posant un regard sur le verre que j'avais posé rempli devant l'avocate, je bus une gorgée du mien, suivant les sensations de l'alcool qui descendait dans mon oesophage. Le pouvoir, la puissance et la richesse, voire l'amour. La multitude était constamment à la recherche d'au moins l'un de ces quatre piliers, moi-même je n'échappais pas à cette quête intemporelle. Et pourtant certains petits détails pouvaient avoir davantage de valeur en un sens. Redirigeant mon regard dans celui de la jeune femme alors qu'elle avait repris la parole, je lui dirigeais à nouveau toute mon attention.
La Russie. Contrairement à elle je n'y étais pas né, de ce fait je n'éprouvais pas pour elle l'attachement d'un natif. Néanmoins j'étais fier de mes origines et les revendiquais à travers tout ce que j'entreprenais pour la Bratva. Nous étions des guerriers du froid, descendants lointains des vikings et des mongols, d'où notre lien privilégié avec d'autres panthéons nordiques. En réalité l'ensemble de l'Europe étaient issus de différents peuples nomades, dont certains auront choisi de se sédentariser à différentes époques. Tout comme à Arcadia, nous n'étions tous que des nomades. Cependant en ces terres, chacun voulait s'y établir, s'étendre et tenir, quitte à combattre pour cela.
Tout d'abord écouter ce qui va suivre, en ayant bien conscience que cela ne devra jamais être évoqué en dehors de notre tête à tête. Mon goût du secret est bien connu dans notre famille. lui dis-je en posant mon verre sur mon bureau avant de pencher légèrement la tête sur le côté, plongeant dans son regard comme pour y chercher quelque chose.
Votre don. C'est la raison de votre présence ce soir. lui dis-je en premier avant de poursuivre, après m'être gratté la barbe sous le menton.
Une prophétie m'a été adressée, funeste et inexorable à l'écoute. Cependant je considère que rien n'est inexorable. ajoutais-je avant de me faire craquer les différentes articulations des doigts, vieille habitude de ma jeunesse.
Cette prophétie prédit qu'un fils légitime scellera un jour ma fin. lui exposais-je le regard sombre. L'espace d'un instant je repensai à ce jour où Malkina m'avait partagé cette annonce, et ma réaction à son encontre. La colère et la surprise s'étaient alors entremêlées dans mon esprit, nombre de plans s'échafaudant et disparaissant les uns après les autres pour me préserver de ce sinistre futur. Pourtant ma réaction avait été tout autre, et je m'étais contenté de n'afficher qu'une attitude neutre face à mon épouse. Néanmoins la surprise passée, la colère elle demeurait, alimentée par l'insistance de Malkina pour que je l'engrosse. Serrant le poing devant ma bouche durant quelques secondes avant de reposer ma main à plat sur mon bureau, je poursuivis à l'attention de l'avocate.
J'ai besoin de réponses afin de trouver une solution à mon problème. Avoir une descendance n'ai pas un besoin vital. Néanmoins je n'apprécie pas de ne pas avoir le choix sur ce point. Aussi j'espérais qu'avec votre don vous pourriez m'aider dans ma quête de réponse Alexandra. lui dis-je avant de me taire et de laisser s'installer à nouveau le silence.
La Bratva avait déjà pu profiter des capacités de la koldun, mais ce soir je m'interrogeais pour la première fois quant à ce dont elle pourrait être capable. Après tout, il était des choses qui pouvaient rester hors de portée, même de celle des divinités.
[FB] Deux avis suffiront-ils pour obtenir les réponses attendues? - Lun 16 Déc - 17:59
Deux avis suffiront-ils pour obtenir les réponses attendues ★ @Artyom Kozyrev (tenue) + (soundtrack) Après avoir pris quelques secondes pour s'aclimater à l'endroit, Alexandra baissa ses iris claires sur ce verre déposé si sagement devant elle, comme un subtil appel à la consommation. Il ne lui fallait pas longtemps avant de déceler les puissantes effluves, si caractéristiques de la vodka, émaner du liquide transparent. L'homme face à elle savait comment recevoir. Installé de manière impériale dans son fauteuil, son verre à la main, le pakhan laissait ses orbes sombres fondre sur elle. Il la déstabilisait, c'était indéniable. Par sa simple présence, cet homme imposait sa puissance sur ses adversaires. Il n'avait pas obtenu sa position au sein de la mafia pour rien.
Dans un mouvement de tête, l'avocate acquiesça à la demande de son chef. Le secret était la clef de la survie, elle en était consciente. Alexandra leva son verre à ses lèvres, se délectant en silence de l'alcool qui venait tapisser l'intérieur de sa bouche, tout en écoutant les aveux mystérieux de l'homme qui dirigeait la Bratva. Peu à peu, elle se sentait s'enfoncer dans l'assise de son fauteuil, ratatinée par les paroles qu'elle entendait.
Une prophétie annonciatrice de dénouement fatal. Une autre qui viendrait éclaircir son avenir, mais qui en étoufferait un autre. Devait-elle parler ? Devait-elle tout lui avouer ?
A nouveaux les souvenirs se mirent à apparaître sous forme de flashs dans son esprit. Lui rappelant très clairement ces images fantomatiques qui avaient envahi ses rêves quelques heures plus tôt. Ce bébé, ce rire malfaisant, et puis cette sensation de toute puissance qui suintait de l'imposante carrure du pakhan.
Les lèvres étonnement fines, comme pincées pour ne pas laisser ses aveux s'échapper de sa bouche, Alexandra finit par poser son verre à moitié vide devant elle tout en fixant son pakhan de son regard azuré. Elle le vit se crisper, portant son poing serré à ses dents comme pour se retenir d'un geste fâcheux. L'homme resta pendant quelques instants totalement immobile, puis finit par poser sa main à plat devant lui. La respiration courte mais régulière, l'oracle sentait bien cette tension se masser sur les épaules de son supérieur. Elle devait être très vigilante, la portée de ses paroles pouvait dépasser bien des espoirs fantaisistes. « Hélas, je ne peux revenir sur la vision d'un autre oracle. » Dit-elle, avec précaution.
Malgré tout, la belle ne pouvait pas garder ses visions pour elle. Elle se devait de lui dire, elle se devait de lui avouer. « Il n'y a parfois pas de solutions à l'annonce de certaines prophéties. Il est souvent question d'interprétation. La réponse parait parfois moins évidente que la question en elle-même. Je peux cependant vous apporter une possibilité. » Elle prit une profonde inspiration, faisant gonfler sa poitrine féminine sous son pull difforme. « Il est possible que votre trépas dépende d'un fils légitime, et que votre ascension repose sur le sacrifice d'une fille illégitime. » Sur ses mots, Alexandra marqua volontairement une pause pour laisser à son interlocuteur le temps d'analyser sa révélation. Le dos bien droit, largement séparé de son dossier, la belle cabrait naturellement sa posture pour se tenir près de la table.
Tandis que l'avocate prenait son verre avant d'y porter ses lèvres, je laissais mon regard voyager dans le sien avant de poursuivre sur sa silhouette. Celle-ci venait d'ailleurs de s'affaisser dans son assise au fil de mes paroles. Une fois devenu muet, je me contentais de l'observer en silence, avant que ne sortent ses mots, source de surprise et de curiosité.
Le sacrifice d'une fille illégitime. Je ne m'attendais pas à cela, aussi ne prononçais-je aucun mot dans l'immédiat. Elle venait de m'apporter une réponse qui en soit ne m'éclairait nullement mais au contraire me nourrissait d'un lot supplémentaire d'hypothèses et autres interrogations. Une fille illégitime. Dont je serais le père, ou Malkina la mère? La prophétie de cette dernière concernait un fils dont je serais le géniteur, mon premier réflexe serait d'en imaginer de-même pour cette fille illégitime. Cependant comme elle venait de le dire avec justesse, tout n'était question que d'interprétations lorsqu'il s'agissait de prophétie.
Son changement de position depuis son siège attira mon regard tout comme il me sortit de mes réflexions effrénées. Un instant son dos droit mettait en avant sa poitrine, et la question fusa dans ma tête, folle mais pas dénuée d'une certaine logique. L'annonce au sujet d'un fils m'avait été faite par Malkina, épouse et prophétesse, qui devrait être la mère de cette enfant. Cette seconde m'était aussi énoncée par une prophétesse, cela signifiait-il qu'elle devrait être la mère de cette fille illégitime? En l'état j'étais dans le flou le plus complet, ce qui ne m'empêcha pas d'esquisser un bref et léger sourire à cette idée. Avant qu'une nouvelle question ne vienne à balayer l'image fugace de nos deux corps soudés.
Comment pouvais-je éviter ma chute sinon en me coupant les couilles? Et encore, mon esprit capable de tant d'imagination me fit profiter l'espace d'un instant d'une Malkina serrant comme l'on essore une éponge, ma paire jetée dans une poubelle. Première décision: si j'en venais à me séparer de mes burnes, je les ferais brûler.
N'est-ce là qu'une hypothèse, ou s'agit-il de votre prophétie concernant mon avenir? lui demandai-je sans détour. Ma demande n'était pas anodine aussi n'avais-je pas besoin de prendre de pincettes pour échanger avec elle sur ce sujet.
Existe-t-il un moyen pour que je puisse en apprendre davantage à ce sujet, déterminer quelle serait l'interprétation la plus probable, la plus pertinente? Chercher un moyen à y échapper ne ferait-il pas au final que m'y jeter plus vite tel Oedipe? demandai-je à nouveau, partageant avec elle certaines de mes questions.
[FB] Deux avis suffiront-ils pour obtenir les réponses attendues? - Sam 21 Déc - 22:21
Deux avis suffiront-ils pour obtenir les réponses attendues ★ @Artyom Kozyrev (tenue) + (soundtrack) Le silence s'empara du pakhan à l'écoute de l'annonce qu'elle venait de lui faire. Elle pouvait voir à travers ses orbes sombres toutes les interrogations qui se succédaient dans son esprit. Pourtant, rien ne transparaissait sur ses traits, l'homme était figé dans le marbre, en pleine contemplation de celle qui lui faisait face.
Que se passait-elle dans sa tête ? Alexandra restait prudente. La réputation de son supérieur avait dépassé les murs du Kremlin. Il restait un homme aussi craint que respecté, elle savait qu'elle ne devait pas prendre à la légère les aveux qu'elle venait de lui faire, car ils restaient synonyme d'interprétation. C'est alors qu'un étrange sourire vint tordre ses lèvres masculines, marquant l'apparition d'une fossette discrète sur l'une de ses joues. Impossible de déterminer l'origine de ce sourire, ni s'il lui était directement adressé. Totalement immobile sur sa chaise, les mains désormais posées à plat sur ses cuisses, la tension commençait à apparaître sur les traits de la belle.
Le pakhan était un bel homme, pour son âge. Etrange, intriguant, presque fou pour certains, il n'en était pas moins un homme d'influence. Dominant le quartier Ashmill d'une main de maître, il faisait régner l'ordre sur ce petit monde qui était le sien. L'ambition suintait de sa carrure imposante, et son charisme naturel -mêlé à cette forme de domination animale - avait rapidement déstabilisé la jeune avocate. Il avait fait d'elle un animal faible, sans pitié, l'obligeant de manière détournée à rejoindre la Bratva en la rattachant à cette grande famille. Alexandra était devenue membre de cette organisation mafieuse, totalement subjuguée par son leader, et intimement convaincue du bien-fondé de sa décision. Le pakhan avait réussi à laver son cerveau, retournant jusqu'à ses principes moraux. Elle était devenue l'esclave de ses volontés, bien malgré elle.
Il avait suffit d'une vision pour faire changer les choses. Sasha n'avait aucune idée de ce qui se tramait dans l'esprit tordu de son pakhan. Elle ne pouvait imaginer un seul instant la mécanique intellectuelle qui était en train de se mettre en branle sous sa chevelure brune, et elle ne pouvait pas se douter qu'elle allait devenir l'objet principal des ambitions démesurées de cet homme qui la dévorait du regard.
Alexandra pouvait sentir l'augmentation de son rythme cardiaque à travers le battement sourd et régulier qui tapait contre ses tympans, tandis qu'il venait à nouveau de s'adresser à elle de sa voix rauque et sensuelle. « Il s'agit d'une prophétie. » Dit-elle, sans baisser son regard du sien. Elle ne pouvait pas lui mentir, pas à lui. C'était son devoir de lui avouer la vérité. Les questions du pakhan ne tardèrent pas à fuser. Nombreuses. Exigeantes. Précises. Il voulait des réponses. Il ne pouvait se contenter du flou derrière l'annonce qu'elle avait faite quelques secondes auparavant. « Les visions ne sont pas précises. Je ne peux vous apporter d'autres explications, mais je sais une choses. Vous n'y échapperez pas, si vous désirez asseoir votre pouvoir au-delà de nos frontières actuelles. Maintenant à vous de voir qu'est-ce que vous désirez pour votre propre avenir. » Alexandra se tue volontairement pendant quelques secondes, histoire de permettre à son supérieur d'avaler ses paroles et de les digérer. Elle reprit, sur ce même ton calme et posé, malgré le stress qui s'était sournoisement insinué dans son organisme. « Cette prophétie s'ajoute à la votre, sous la forme d'un choix à prendre. Je ne peux hélas ni le faire à votre place, ni vous suggérer une option. Je vous raconte ce que j'ai vu dans mon rêve. » Après tout, était-il vraiment nécessaire de sacrifier un nouveau par simple désir d'ambition ? L'idée restait très primitive, et sauvage.
Tandis que les hypothèses et plans affiliés foisonnaient dans mon esprit, une mèche de cheveux vint me chatouiller le haut du front. J'aurais pu la décaler de ma main, mais comme par réflexe j'usai de mon pouvoir pour le faire avec l'ombre de la-dite mèche. Ainsi elle vint à se déplacer comme de manière autonome alors que j'étais parfaitement immobile. J'ignorais si la prophétesse s'en apercevrait et je ne cherchais pas à le faire discrètement, après tout mon pouvoir n'était pas un secret pour la Bratva. Presque immédiatement le gémissement de la dernière personne que j'avais tué vint à se faire entendre pour mon esprit seul. Ce fut bref aussi cela ne me posa pas de souci, après tout il ne s'agissait que d'un très léger usage de mon don, le contrecoup n'en fut que fugace.
Une prophétie donc. Sa réponse avait fusé mais au moins mon interlocutrice n'avait pas cherché à éluder ma question. Décidément j'étais verni, avoir la primeur de tant de vision de l'un de mes futurs sur l'arbre des possibles. Pourtant je m'en serais bien passé.
Mon avenir. dis-je dans un premier temps avant de laisser mourir un court silence.Il est lié à celui de la Bratva, au moins tant que je serais à sa tête. Mon seul intérêt personnel n'est pas ma priorité, nous sommes une famille et tant que chef de famille je me dois de penser à chacun de nos membres.
Chaque loup de la Bratva avait son importance à mes yeux, néanmoins paradoxalement si j'étais prêt à brûler le monde pour eux il pouvait parfois être nécessaire d'en sacrifier l'un ou l'autre pour l'intérêt de la meute. Chacun en prenait conscience un jour ou l'autre au sein de notre famille. Ainsi était la Bratva. La meute sert chacun, mais chacun doit être prêt à mourir pour la meute.
Etendre nos frontières est une chose, s'assurer que nul ne puisse les franchir en est une autre. Notre territoire ne peut être envahi, et il est important que nos ennemis en soient bien conscients. Ensuite nous pourrons envisager de le faire croitre. lui dis-je pour qu'elle puisse avoir un aperçu de ma vision pour la Bratva. Comme toute meute notre famille défendrait farouchement son territoire, mais cela ne signifiait pas pour autant qu'elle s'y terrerait sans lorgner sur d'autres terres.
L'existence n'est qu'un enchainement de choix. Le tout est d'en assumer les conséquences, même imprévues. lui dis-je avant de poursuivre.
Seulement, que ce soit à propos de ces prophéties ou de la Bratva, mes choix sont lourds de conséquences pour bon nombre. Et vous Alexandra, serez-vous prête à en accepter ces conséquences?
Tout comme sa prophétie mes paroles laissaient place à de nombreuses possibilités d'interprétation. Quelle en serait la sienne?
[FB] Deux avis suffiront-ils pour obtenir les réponses attendues? - Jeu 26 Déc - 9:37
Deux avis suffiront-ils pour obtenir les réponses attendues ★ @Artyom Kozyrev (tenue) + (soundtrack) Une ombre menaçante semblait planer au-dessus de son crâne blond de manière constante, comme une épée de Damoclès qui se plaisait à lui rappeler les responsabilités qui découlaient de son don. L'ombre grandissante s'emparait des tréfonds de son âme, grandissant, imposant petit-à-petit sa noirceur. Les angoisses nocturnes. Les sueurs froides. La peur. Le doute constant, renfermant entre ses griffes la douceur naïve d'une jeune enfant qui n'avait pas mérité ce lourd fardeau.
Choix. Responsabilités. Conséquences.
Les paroles du pakhan étaient profondes. L'homme maîtrisait son sujet, et c'est avec la candeur d'un politicien chevronné qu'il répondait à ses présages, sans lui laisser l'occasion de le couper dans son élan. Quel charisme, quelle autorité. Artyom la dominait, corps et âme. Alexandra était totalement à sa merci. Ses orbes noires la clouaient sur sa chaise, elle ne pouvait rien faire d'autre que de s'abreuver de ses paroles en silence. La jeune russe s'étonnait de voir avec quel sang-froid il prenait les aveux qu'elle venait de lui offrir. Aucune frustration. Aucune parole plus haute que l'autre. Rien. Juste, des interrogations, et l'envie d'en apprendre plus sur cette prophétie qu'elle avait vu en rêve. Il se contentait de la fixer avec calme, laissant voguer son timbre rauque à travers la pièce.
La question fatale ne tarda pas à arriver. Serait-elle capable d'en assumer les conséquences ? En quoi cela la concernait-elle ? Cette histoire d'héritier. Elle n'en était que la messagère. Qu'avait-il derrière la tête. D'abord silence pendant de longues secondes, Alexandra finit par prononcer ses premières paroles. « J'accepte les conséquences de mes visions à chaque fois que je me réveille le matin. Pakhan. » Son timbre aurait pu être grave, sévère. Pourtant, il était aussi clair que la rosée du matin, doux comme une caresse. Elle plongeait ses iris azurées dans celles beaucoup plus sombres du pakhan, toujours légèrement intriguée par le sens de cette question.
Un long silence suivi à nouveau la phrase de la jeune avocate. Volontaire, ou improvisé. Ce temps extrêmement long, presque gênant, permit au leader de la Bratva d'admirer les traits fatigués de la jeune oracle, pourtant subtilement mis en valeur par une légère touche de maquillage. La lumière tamisée, qui éclairait le modeste bureau en cette nuit glaciale, offrait une ambiance presque rassurante à la scène. Il fallait bien ça, à cette heure tardive. « J'imagine que je vous dérange pakhan. Peut-être désiriez-vous que je parte ? Je ne suis pas forcément de bonne compagnie » Dit-elle en faisant mine de se lever.
Accepter les conséquences. Les mots de Nikolaïevna n'étaient pas anodins mais encore fallait-il qu'elle en appréhende le sens et surtout qu'elle soit capable de s'y tenir. Il était facile pour la majorité de se vanter quant à ce dont on pouvait accepter, mais de-là à l'assumer réellement une fois face à la réalité des choses en était bien différent. Les membres de la Meute étaient très tôt mis à l'épreuve, dès leur postulat en fait. Et même après leur intégration, leur loyauté ainsi que leur engagement étaient régulièrement éprouvés. L'oisiveté n'était pas toléré chez nous, si le respect se gagnait, il n'était jamais donné indéfiniment: tout comme la confiance il s'entretenait.
Je n'en doute pas Alexandra. lui dis-je en esquissant un fin sourire de prédateur, esquisse qui s'évanouit aussitôt qu'elle était venue. Usant à nouveau de mon don, j'attrapais d'une serre d'ombre la bouteille à moi droite, l'obscurité levant la bouteille pour remplir mon verre avant de la reposer et de disparaitre. Quelques secondes je fermais les yeux pour accueillir le contrecoup de son utilisation avant de plonger à nouveau mon regard dans celui de mon vis-à-vis.
Au contraire, votre compagnie m'est agréable. lui dis-je en buvant une nouvelle gorgée d'alcool dans un élan de sincérité. Bien avant l'annonce de sa prophétie j'avais laissé mon esprit libre de ses représentations oniriques où l'avocate dansait dans sa robe de plaidoirie avec moi.
D'ailleurs j'ai une nouvelle question concernant vos talents, de prophétesse. lui adressai-je pour amorcer la suite de mes paroles à venir.
Vos visions, les commandez-vous ou surgissent-elles à tout moment? Car il se pourrait que je puisse en avoir besoin dans un avenir proche.
La Bratva avait de nombreux ennemis, ce qui nous m'imposait de réfléchir constamment à la manière de nous en préserver ou nous en défaire. Cela passait par débusquer d'éventuels espions mais aussi à recruter de nouveaux membres aux compétences diverses et variés. Et quoi de mieux qu'une prophétesse pour m'y aider?
D'aventure si elles vous mettaient sur la route de quelques individus susceptibles d'assoir notre emprise sur notre territoire mais aussi face à nos adversaires, venez me voir à n'importe quel moment. La Meute ne peut se laisser aller à l'oisiveté, nous devons constamment évoluer pour ne pas disparaitre comme certains de nos adversaires.
[FB] Deux avis suffiront-ils pour obtenir les réponses attendues? - Dim 29 Déc - 13:34
Deux avis suffiront-ils pour obtenir les réponses attendues ★ @Artyom Kozyrev (tenue) + (soundtrack) Légères, fluides, les paroles du pakhan glissaient sur les épaules tendues de la belle telle de l'eau de pluie. Impassible, murée dans un silence presque religieux, la jeune femme à la chevelure dorée se contentait de s'abreuver des paroles du leader de la Bratva. Par moment, on pouvait la voir acquiescer de la tête, marquant simplement son accord tout en gardant sa modeste place de koldun. Tandis que le dieu usait de ses pouvoirs pour remplir son verre de vodka, l'avocate continuait de l'observer à travers ses iris bleutées. Elle contemplait l'homme fort et puissant, le dirigeant, le dominant. Il était le mâle alpha de cette meute, celui autour de qui toute cette petite société gravité. Il était son maître, son unique leader. Son pouvoir, son charisme, l'incitaient à ployer l'échine devant lui. Inconsciemment elle vénérait cet homme, elle se nourrissait de sa sagesse.
Le pakhan rassura la jeune louve en lui avouant que sa présence n'était pas perturbante, il souligna même qu'elle lui était agréable. Flattée par ce compliment, la peau de ses joues se para d'une discrète teinte rosée. Loin d'imaginer ce qui se dessinait dans l'esprit tordu de son supérieur, la belle au regard de biche se réinstalla sur son assise en croisant ses mains sous la table. Elle n'imaginait pas un instant être l'agneau devant le prédateur, qu'il profitait de leur présence dans ce lieu reculé pour s’octroyer toujours un peu plus d'importance dans son esprit naïf, jusqu'à pouvoir enfin s'emparer de ce qu'il croyait lui appartenir. « Merci pakhan, pour votre patience. » Lui murmura-t-elle, de façon à peine audible, avant que ce dernier n'enchaîne par des questions toujours plus personnelles.
Son don d'oracle avait toujours suscité bien des interrogations et bien des ambitions. Nombreux étaient ceux qui avaient tenté de s'approprier ses visions, tentant de manipuler son esprit pour parvenir à des fins bien précises. Hélas, ce don n'avait rien de contrôlable, et le pakhan serait probablement déçu de l'apprendre.
Après s'être repositionné de façon plus confortable sur son assise, croisant ses jambes l'une sur l'autre dans une position très féminine, Alexandra commença à répondre à son chef. « Mes visions surviennent de façon aléatoire. Souvent à travers des rêves, plus rarement le jour. Je ne peux ni contrôler ni maîtriser leur apparition, et encore moins savoir avec certitude ce qui se cache derrière. » D'un geste discret, la belle replaça une mèche blonde derrière son oreille. Cette même main retourna se poser sur l'une de ses cuisses, rejoignant sa jumelle en se glissant sur cette dernière. « Je serais à votre entière disposition si l'occasion se présente pakhan. L'avenir de la famille m'importe, il est vital que nous nous soutenions dans cette lutte. » Alexandra ne mesurait pas la portée de ses mots en exposant ainsi sa servitude à l'égard de son supérieur. Cela pouvait être facilement interprétable, surtout lorsqu'on connaissait les penchants particuliers de ce dernier. « Avez-vous des noms en particulier à l'esprit ? De personnes à recruter ou, au contraire, à bannir de notre famille ? »
L'avocate m'apparaissait de plus en plus tel un repas délicieux, un met raffiné que je voulais dévorer sans aucune bienséance. J'avais présentement le désir de salir son corps sans aucune retenue, d'en faire un jouet entre mes mains, de me vautrer au creux de ses reins sans m'embrasser d'une quelconque discrétion. Cependant malgré mon appétit grandissant pour elle j'enfouissais ceux-ci au plus profond de mon esprit car ce n'était pas encore l'heure. Aussi à ses mots de remerciement je me contentais de lui répondre par un bref signe de tête.
Sa réponse à propos de sa capacité de divination n'était pas forcément des plus satisfaisante. En effet ses visions ne pouvaient m'offrir aucune certitude, néanmoins ce pouvait toujours être une source d'indices, à condition de ne pas me perdre en interprétations et hypothèses. Un instant je souhaitais remplacer sa main lorsque celle-ci revint se poser sur sa cuisse, idée qui me fit naître un léger sourire avant que je ne me décide à lui répondre à mon tour.
Très bien. J'apprécie ce genre d'état d'esprit au sein de notre Meute, à condition que la vérité les porte. lui dis-je. La question de la vérité ne lui était pas adressée en vérité mais la paranoïa dont j'étais côté m'imposait à tout moment à privilégier la réserve même face à la plus forte preuve de loyauté. Nombreux étaient les déserteurs et les félons, prompts à tourner le dos à la Bratva. Pour chacun d'entre eux ma position était claire et tranchée, point de pardon. La Meute ne connait ni la peur, ni la pitié.
Comme dans toutes guerres, l'espionnage est une nécessité. Toutefois je n'ai aucun nom pour le moment. Je fais confiance à votre jugement pour me présenter à l'avenir tout élément susceptible d'être un atout pour nous. En fonction de ce que vous me présenterez, j'aviserai pour déterminer la meilleure attitude à adopter. ajoutai-je dans un premier temps avant de poursuivre.
Je songe à votre métier. En tant qu'avocate vous êtes susceptible de croiser de nombreux individus de tout bord. Aussi soyez attentive, et si besoin venez à moi. dis-je encore avant de me taire, passant une main dans mes cheveux avant de lui poser une nouvelle question plus personnelle cette fois-ci.
Avez-vous quelqu'un dans votre vie? Un petit ami susceptible de pouvoir être exploité par nos ennemis? Il me faut tenir compte de nombreux paramètres, et ceci pourrait être un détail important. lui exposai-je sans pour autant lui donner les véritables motivations de ma question.
[FB] Deux avis suffiront-ils pour obtenir les réponses attendues? - Jeu 2 Jan - 13:17
Deux avis suffiront-ils pour obtenir les réponses attendues ★ @Artyom Kozyrev (tenue) + (soundtrack) Plus les secondes défilaient, plus la jeune avocate sentait ses muscles se détendre. C'était totalement inconscient. Comme si ses cellules se gorgeaient d'une substance invisible qui émanait de l'ombre imposante du pakhan, et qui mettait sur pause les signaux d'alertes qui luisaient dans un coin de son esprit. Ambiance tamisée, l'endroit jouissait d'une forme de silence apaisant à cette heure tardive de la nuit. Les clients avaient délaissés le Kremlin, laissant Alexandra et le pakhan presque seuls dans les entrailles de l'établissement. Seuls quelques hommes de mains, postés à des endroits stratégiques, semblaient encore assez éveillé pour tenir leur poste, leurs visages murés dans une expression de sévérité malaisante.
En temps normal, l'avocate n'aura pas ployé face à l'insistance de son interlocuteur, et surtout pas à cette heure. Mais là, elle devait rester. Pour une raison qu'elle ignorait encore, le pakhan ne semblait pas prêt à la relâcher dans son cocon familial. Il voulait lui parler, à elle seule. Cette forme de curiosité à son égare aurait pu être suspicieuse, voire inquiétante. Mais à nouveau la jeune humaine ne voyait à travers cet interrogatoire qu'une façon détournée d'en apprendre plus à son sujet, en s'intéressant à son don si particulier. Elle ne voyait pas les ambitions obscurs de cet homme à son sujet, et cette dernière question ne l'alarma pas plus que les précédentes.
« Non, il n'y a personne. » La phrase exacte aurait était qu'il n'y avait plus personne. Cela faisait quelques semaines à peine qu'Alexandra avait quitté l'homme qui partageait sa vie depuis neuf années. Une séparation douloureuse, un réel déchirement pour celle qui avait tracé un bel avenir dans leur union. Hélas, un terrible incident avait brisé ce couple, à l'apparence parfaite, et avait poussée la jeune femme à rejoindre cette organisation mafieuse. L'air un peu plus crispée après cette question, Alexandra décroisa puis recroisa ses jambes pour changer de position sur sa chaise. Les mains désormais posées à plat sur les accoudoirs, son regard se remplissait d'une tristesse indescriptible tandis qu'elle tentait d'échapper aux iris inquisitrices de son interlocuteur.
Il y avait là autant de tristesse que de honte. Le pakhan avait touché la corde sensible sans s'en apercevoir. Le pelage doré de la jeune louve semblait avoir perdu de son éclat à l'écoute de cette question, plus-ou-moins, innocente. « Ne vous inquiétez pas pakhan. » Reprit-elle sur un ton las, tout en reportant ses iris glaciales sur les siennes. « Je suis dévouée à la cause de notre famille. Il n'y a aucun obstacle dans ma vie personnelle qui pourrait entraver nos ambitions. » Il n'y en avait aucun pour l'instant, car de nombreux prétendants attendaient patiemment leur tour. Même si le cœur de la belle n'était pas pris, son corps lui ne manquait pas d'expérimenter les mystères de la sensualité avec de nombreux partenaires.
Ma question pouvait lui paraître anodine, mais il en était tout autrement et ce à bien des égards. Si présentement il s'agissait avant tout de curiosité intéressée, la question de la sécurité quant à son éventuel ex n'était pas dénuée de vérité. Un amant rejeté pouvait devenir le plus obstiné des ennemis, aussi allai-je mettre quelque chose en place à son sujet. Si j'avais de solides traqueurs au sein de la Meute, peut-être accepterait-elle de m'en dire davantage histoire de me faire gagner du temps.
Très bien. Les relations en dehors de la Meute ne sont pas interdites, en revanche il en va de la responsabilité de chacun de ne pas mettre en danger notre famille. lui dis-je après qu'elle m'eut assuré qu'il n'y avait personne, pour reprendre ses mots. Mon intérêt pour elle m'imposait en définitive de ne pas me contenter de la croire, aussi comptais-je lui assigner un ou deux éléments chargés de sa surveillance, et de creuser un peu si nécessaire.
Ses paroles suivantes auraient pu me rassurer, si seulement cela était possible, néanmoins ma paranoïa m'en empêchait. Il ne s'agissait pas de doutes à proprement parler, mais toujours était-il que je ne lui en montrais rien.
J'ai envie de vous croire Alexandra, gageons que l'avenir ira dans votre sens. lui dis-je en lui opposant un fin sourire compatissant, du moins en apparence. J'étais plutôt doué pour porter des masques avec mes différents interlocuteurs et malgré tout l'intérêt que j'avais désormais pour elle, elle ne pouvait échapper à mes habitudes diplomatiques. Jetant un regard à ma montre je poursuivis après avoir vidé le reste de mon verre d'une traite.
Bien. Je vous remercie d'avoir répondu à mon appel en dépit de l'heure. Je dors peu et j'oublie parfois que ce n'est pas le cas de tout le monde. lui dis-je en me levant, signe que notre entretien nocturne touchait à sa fin. Tout en parlant je m'avançais doucement vers la porte de mon bureau, attrapant la poignée d'une main, l'autre se posant au bas de son dos. Aucun signe d'intention particulière dans ce geste, bien que ce bref contact me fit frémir l'échine une seconde. En apparence il s'agissait seulement d'un contact cordial mais en vérité un moyen comme un autre de pouvoir la toucher physiquement même de manière brève.
J'ai foi en vous Alexandra. lui dis-je en plantant mon regard dans le sien avant qu'elle ne passe le pas de la porte. Volontairement je n'en avais pas dit davantage, laissant donc le flou sur quel point portait mes paroles, elle, ses capacités ou encore ce que je lui avais indiqué.
Vous êtes de ce type d'éléments qui renforcent la Meute. lui dis-je encore avant d'interpeler un de mes gardes.
Vlad. Reconduis-là où elle le souhaite. dis-je sans plus de formes à l'attention du Torpédo. Il était l'un de mes plus fidèles tueurs, et accessoirement mon chauffeur, et me devait la vie bien que cela n'était pas de notoriété publique.
Bonne nuit Alexandra. dis-je à l'avocate, un fin sourire étirant mes lèvres, avant de l'observer elle et ses courbes jusqu'à ce qu'elle quitte les lieux. Pour ma part j'avais encore à faire mais souhaitais m'aérer quelques minutes l'esprit aussi allai-je m'installer derrière le bar un moment.
