Un satyre qui rougit,
Si un jour on me l’avait dit.
Malgré que cela me démange,
J’arrive à garder mon facies d’ange.
Décidemment, quelle bien étrange créature que voilà.
Une journée banale dans une vie de psy, on est bien loin de ça.

J’en viens de plus en plus à me demander,
Si ce n’est pas un bouc pubère qui se tient à mes côtés.
À peine entré dans la maturité,
Voilà que sa réputation doit encore être prouvée.

- « Si vous m’embrassez, je serai obligée de démissionner. »

Obligation professionnelle.
Et oui, ici les restrictions sont tel.

- « À vous de voir. »

Bouc et prête se partagent le corps,
L’un empêchant à l’autre de me faire quelconque tort.
Le choix m’appartient,
Pour autant qu’il lui convient.
L’appel du péché le tente bien,
À ce petit vilain.

- « Le cadre professionnel ne s’arrête pas dès lors on franchit la porte de son établissement. »

Si seulement il convenait d’agir si simplement.
En journée sur mon divan,
Et le soir un total assainissement.
Mais je dois bien avouer connaître trop de mes patients,
Que pour m’accorder un tel revirement.

- « S’il n’y a qu’un baiser que vous recherchez, je ne suis certes la personne la plus avisée. »

Qui pour prétendre que mon souhait est d’en sortir ?
Et quel genre de protection cela pourrait-il me garantir ?

En reluquant ainsi le divan,
Il ne tente même pas de dissimuler ses plus basiques pensées.
Homme comme animal,
Se font mener par ces instincts primaires qui ont la dalle.

- « Un baiser de votre point de vue anodin pourrait fort bien me pousser au déclin. »

Croyez-vous vraiment que je serai prête à mettre ma carrière en danger,
Sous prétexte qu’un satyre a envie de jouer ?
Je me rapproche pourtant,
Nos genoux presque se frôlant.

- « Je souhaite l’avis de l’homme. »

- « Kyan, oui. Je souhaite son avis, sur le baiser proscrit. »

Que pense donc le clergé,
D’une telle preuve d’immaturité.
J’aimerais beaucoup le lui demander.
Même si je sens votre réticence à me laisser.

- « Je vous promets de vous réinviter avant la fin de la session. »

Ajouté d’une voix empreinte d’une certaine allusion.
Caresser la bête dans le sens du poil,
Des sept, je lui accorde l’octroi du premier voile.
Je termine par un clin d’œil complice,
Histoire de parfaire le vice.
Pour lui assurément cela rime avec victoire.
Pour moi celui équivaut à la définition du savoir.

- « Monsieur Skoro ? »

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- « Il ne m’en convient d’en décider. »

Si oui ou non il doit se faire pardonner.
Comme il est étrange de constater,
Que la bête suit l’homme dans ses moindres mouvements,
Mais qu’au contraire l’homme accorde à la bête son plein consentement.
Quel petit jeu décidemment bien malsain.
Non pas que je m’en plains.

- « Je peux néanmoins vous concéder qu’il s’est montré particulièrement galant. »

Est-ce que cela vous surprend ?

- « Allant jusqu’à me demander la permission pour l’octroi d’un baiser. »

Ne dit-on point faute avouée à moitié pardonnée ?

- « Vous comprendrez ma position délicate en la matière. »

Ce qui peut déplaire.

- « Votre corps a-t-il déjà été exposé au péché? »

Quel bien vilain défaut de curiosité.
Est-il que j’aspire réellement
À mieux connaître cette relation ainsi que ses véritables tenants et aboutissants.

- « Veuillez pardonner le côté intrusif de la question. Il en va de soi que vous n’êtes pas obligé d’y répondre. Comme pour toute autre que je pourrais vous poser. »

Il me semble judicieux de l’en informer.

- « Je ne cherche qu’à voir plus clair dans votre cohabitation. »

Ou colocation.
Le choix du terme vous appartient, pour autant que cela vous convient.
J’aimerais également apprendre pour quelle raison, exactement, l’autre vous craint.

Souillé.
Quel mot intéressant pour se qualifier.
Il en révèle bien plus sur cet homme de Foi,
Que ce qu’il anticipait peut-être confesser à l’encontre de quelqu’un comme moi.

Problème.
Voilà un deuxième dilemme.
Comme résoudre une énigme quand rien que son énonciation,
Porte en elle déjà une telle péjoration ?

- « Quel genre de questions pourriez-vous donc craindre ? »

Est-ce par peur que certains vœux aient à se restreindre ?
Où serait-il plus avisé de divaguer vers d’autres horizons ?
Ceux qui remettraient en doute votre propre raison.
Passé ou futur … lequel recèle vos ombres les plus impures ?

Il s’installe de manière plus confortable,
Visiblement plus à l’aise pour aborder l’inévitable.
J’ignore si j’en suis quelque peu responsable.

- « Je récupérai Sheitan à la fin de notre entrevue. »

Rien de plus qu’une promesse due.

- « Je me répète : comment vous sentez-VOUS ? »

Là, tout de suite, ici et maintenant. Voyons, nulle pudeur entre nous.

- « Que se passe-t-il lors de ses incursions ? »

Êtes-vous devant ou seulement en arrière-plan ?
Et Sheitan, où est-il prestement ?

- « Votre corps vous apparait-il comme une prison ? »

Est-ce un choix volontaire de votre part ?
Ou plutôt le châtiment imputable à votre dard.

Je note donc bel et bien un dialogue entre ces deux entités.
Qui parfois mène à une certaine dualité.
Je me demande vaguement s’il est conscient du fait,
Qu’un des déclencheurs se cache quelque part dans sa propre tête.
Et cela, incarnation ou non.

- « Clés perdues ou clés dérobées ? »

Voilà une bien belle subtilité.

- « Souhaitez-vous pour autant les retrouver ? »

Contrairement aux divinités, il vous est autorisé de cohabiter.
Il est là une information capitale à ne pas fourvoyer.

- « Dites-moi révérend Skoro, comment vous êtes-vous rencontrés ? »

Comment en êtes-vous arrivé là,
Pour passer de vie à trépas ?

Confiées.
Confinées.
Confisquées.
Autant de nuances pour tellement de possibilités.
Mais est-ce que le verbe énoncé,
Est vraiment celui qui contient la vérité ?

Je remarque la négation au même titre que la réalisation.
Parfois il convient effectivement de penser à voix haute pour que certains doutes se ôtent.
Et parler devant une parfaite inconnue,
A par le passé déjà prouvé ses vertus.

- « Vous ne souhaitez pas évoquer votre mort avec moi ? »

Rassurez-vous, cela ne me vexe pas.

- « Est-ce le sujet qui dérange ou l’interlocutrice ? »

À n’en point douter, j’aime déranger.
Plus encore à l’encontre d’un duo d’étrangers.

Ma question semble quelque peu le prendre au dépourvu.
Ne s’attendait-il donc point à ce qu’on évoque ensemble son vécu ?
Pourquoi ne pas prendre comme point de départ,
L’endroit qui fait exploser le cauchemar ?
Ensemble, dissipons le brouillard.

- « Fermez les yeux et visualisez le lieu. »

Vous pourriez être étonné,
De tout ce qui se cache dans notre psyché.

- « Inspirez calmement par le nez. Retournez là où vous étiez. »

Je ne vous garantis en aucun cas que le voyage sera de toute gaieté.

- « Où êtes-vous ? Que voyez-vous ? Que sentez-vous ? »

Laissez donc vos sens guider votre pouls.

Il paraît que le subconscient aime à nous cacher des choses.
Ainsi lance-t-il des pistes, qui s’avèrent parfois être fausses.
Quand le révérend débute sa description,
Quelque chose me dit qu’il va lui falloir faire le tri entre le vrai et l’illusion.

- « M’autorisez-vous à poursuivre un instant avec Sheitan avant de revenir vers vous ? »

Non que je vous prends pour un fou,
Mais il m’apparait pour le moins intéressant de l’impliquer dans vos divagations.
Ne serait-ce que pour mesurer son degré d’implication.

- « Vous pouvez rester si vous le souhaitez. »

À moins que son ersatz d’intimité vous préférez respecter ?

Comme il est intéressant,
De converser avec un duo à ce point avenant.
Je me demande d’ailleurs si cela arrive souvent,
De se trouver au même plan,
Sur scène, tous les deux à l’avant.

- « Contez-moi les faits. »

Commençons par du concret.
Date, heure, lieu.
Est-il vrai qu’il pleuvait ?

- « Ensuite, quel est votre dernier souvenir révérend ? »

Celui qui flotte à hauteur du conscient.

- « Et le vôtre Sheitan ? »

Celui sur lequel le doute plane.
Comparons vos versions,
Avant d’en venir aux conclusions.

- « Est-ce votre première incursion ? »

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?
Ce choix est-il seulement vôtre ?