La chaleur a été la première à nous accueillir à l'arrivée. Une vague étouffante qui ne semble ni affecter Dmitri, Indira ou bien évidement Preeti. Je vais donc comme si de rien était à ceci près que je déboutonne les deux premiers boutons de ma chemise.
- Sheitan style ! -
La seconde chose est la lumière aveuglante qui commence à me brûler les yeux à cette heure de zénith du soleil. Mon corps est en mode nuit et rend la chose encore plus pénible. Je pense un instant à aller chercher mes lunettes de soleil avant de me rendre compte que je m'y habitue peu à peu.
Le train n'était pas le voyage le plus pénible que j'avais eu à faire mais le fait de ne jamais savoir quand nous allions arrivés était frustrant pour moi. Enfin, nous voilà contre toute attente pour l'heure du déjeuner à Varanasi.
Ma Déesse a l'air d'être dans son élément et une excitation grandit peu à peu en elle. Cela me fait vraiment plaisir de la voir ainsi, et savoir qu'Indira a tout fait pour que nous puissions commencer à visiter ensemble me comble de joie.
Les couleurs, les odeurs et la rumeur de la ville me sont vraiment étrangères. Dmitri m'imite et déboutonne aussi sa chemise mais je me doute que c'est plutôt pour essayer de plaire à sa belle qu'il ne quitte pas des yeux.
Je prend la main de Preeti pour y déposer mes lèvres avant de lui demander :
"Tu es heureuse ?"
Je remarque alors que les deux autres du voyage nous regardent et nous font signe qu'ils nous attendent. Nous les suivons alors en dehors de la gare.
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Le train s'arrête, et on respire enfin: logée entre deux indiennes assoupies, je n'étais clairement pas à la meilleure place du train. Mais bon, This is India comme on dit! Je suis bien contente d'avoir gardé mon sari: l'air chaud de l'extérieur n'est pas le même (étouffant) de l'intérieur, et je glousse devant mon chéri, transpirant à grosse gouttes, tandis qu'il déboutonne sa chemise. Première étape: trouver des vêtements adéquats aux garçons, des vêtements qui respirent et qui ne font pas trop touristes.
Indira et Dmitri sont sortis en premier, l'un suivant à la trace l'autre (devinez lequel!), et nous arrivons juste derrière eux. Kyan m'attrape les doigts et les déposent sur ses lèvres. Je lui fais un regard tendre, l'embrasse à mon tour avant qu'il ne me demande:
"Tu es heureuse?"
Je prend un temps et regarde autour de moi:
Je reconnaît les allées bondés de trickshaw, les vaches sacrées cherchant l'ombre rafraîchissante des bâtiments, l'odeur du tchai qu'on trouve partout. Le goût de l'Inde reviens au fur et à mesure que je le vois.
Je prend mon chéri par le bras et l'entraine d'une force nouvelle dans les ruelles étroites, n'attendant pas le reste du groupe (après tout, Indira connaît le chemin!), et après une centaine de mètres, nous nous retrouvons aux ghats au bord du Gange. A la vue de l'eau , je m'arrete, extatique, avant de m'exclamer et prenant mon amour dans mes bras:
"ON Y EST! onyestonyestonyest!!! "
Ma joie fais place aux larmes: je ne voulais pas y croire jusqu'à arriver à la rivière sacrée qui m'avait vu grandir.
"Je suis si heureuse Kyan, tu ne peux pas savoir!"
Comment peut-on avoir autant d'énergie après autant d'heures de voyages et autres décalages horaires ? Je suis tellement fatigué que je me sens presque pâlir de l'intérieur. Pourtant, je me laisse entraîner par ma Déesse, la suivant docilement dans sa course folle.
Quand le paysage s'étend devant nos yeux, je le contemple, totalement sous le charme, l'esprit aussi conquis que s'il s'agissait d'un rêve. On dit que quand on fait un voyage en Inde, cela nous change pour la vie. Je regarde Preeti et me dit que je n'espère que ça.
Sa joie ne fait aucun doute et est même contagieuse. Je la prends dans mes bras avant de la soulever de terre pour la faire tournoyer. À travers ses larmes, je depose des baisers sur sa joue puis sur ses lèvres. Je commence enfin à faire fi de la fatigue et de la chaleur quand nous sommes brusquement interrompu.
"Kyan ? Je dois te piquer à Preeti quelques minutes, Dmitri veut lui parler."
Une séparation ? Déjà ? Si seulement je n'avais pas tout se savoir vivre, j'aurais simplement envoyé valser la demande. Indira me fait signe de la suivre et ne voulant pas froisser la précieuse cousine, je la suis docilement tandis que mon frère rejoint ma Preeti.
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Le soleil indien se reflète sur la rivière accueillant déjà les nombreux croyants. Les prières sont nombreux, surtout en fin d'année, et les fleurs et les bougies sont ramené au bord par le doux ressac de l'onde.
Malgré la fatigue qui se lit sur son visage, Kyan me soulève et je pousse un cri de ravissement: je suis redevenue une jeune fille sans soucis et sans préoccupation, juste comblée de vivre, l'espace d'un moment avec mon Trésor.
Il m'embrasse et je lui rend chaque baiser, me serrant contre lui, caressant la peau et les cheveux ondulant sous la chaleur écrasante pour lui.
Mais Indira arrive beaucoup trop vite, et me dit de rejoindre Dmitri. Je fronce les sourcils: espérons que ça soit important pour nous interrompre! J'acquiesce, la mine légèrement boudeuse, et pique un baiser aux lèvres de mon chéri, avant de le laisser en pâture à ma charmante gardienne.
Dmitri s'avance, et je lui fait un sourire malgré le kidnapping de mon chéri, et notre séparation (certes éphémère) mais forcée.
"Pourquoi on me détourne de mon fiancé? Tu sais que la vengeance est un plat qui se mange épicé ici?"
J'accompagne Indira un peu plus loin. De quoi souhaite-t-elle me parler ? On aura deux jours entiers pour faire connaissance. Est-ce un autre genre de test ? Est-ce pour ce qui s'est passé dans l'avion ?
J'essaie de garder un visage neutre en pensant à ce qu'elle a pu voir. S'il y avait effectivement des caméras de sécurité dans la salle de bain, alors elle a pu me voir en train de virer les sous-vêtements de Preeti, puis cette dernière s'énerver contre moi avant de se mettre à genoux et de ... il fait déjà chaud, Kyan, n'en rajoute pas !
Une fois arrivé à une distance minimum de conversation privée, je demande à mon interlocutrice de la voix la plus naturelle que possible :
"Aurais-je déjà fait quelque chose de répréhensible ?"
J'attends les remarques et les questions de pieds ferme.
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Dmitri est resté aux côtés de Preeti au bord de l'eau. Visiblement un peu gêné, il finit par dire :
"Écoute, Preeti... Après, on aura plus trop le temps de parler tous les deux donc je voulais en profiter. Je voulais m'excuser auprès de toi pour vous avoir surpris tout à l'heure... Je t'assure que je n'ai rien vu parce qu'il faisait noir mais bon j'ai bien deviné."
Il marque un temps avant de reprendre de plus belle.
"Bon, maintenant, il FAUT que tu m'expliques ce que tu as fait avec mon frère ! C'est plus du tout le même homme ! C'est un clone ? Un frère jumeau ou tu l'as ensorcelé ? Quand je repense à ce qu'il était avant, j'ai vraiment du mal à y croire. Ou t'as des pouvoirs, ou il était mourant, un truc comme ça ?"
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Je regarde mon homme s'éloigner avec Indira, et lorsqu'elle se tourne, je vois son nez froncé: un petit tic de famille lorsqu'on interroge quelqu'un, ou que l'on est pas d'accord sur quelque chose. Je m'inquiète presque, puis me ravise: J'ai confiance en Kyan, et tout se passera bien. Après quelques seconde, elle ouvre la bouche:
"Penses-tu avoir fait quelque chose de répréhensible?"
Elle croise les bras, attendant une réponse à une question qu'il a donné lui-même.
Elle tourne ensuite son regard vers moi un moment, et je vois ses lèvres bouger de nouveau:
"Que penses-tu de ta future femme? Elle te plaît physiquement, mentalement?"
Elle se rapproche, et un frisson me parcourt lorsqu'elle lui murmure à l'oreille:
"Quelle est l'importance de ce mariage à tes yeux?"
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Je coupe les excuses de Dmitri en posant un doigt sur sa bouche beaucoup trop bavarde.
"Je préfère qu'on fasse comme si tu avais vraiment dormi, d'accord?"
Le dire à voix haute était clairement trop honteux, et ça confirmait: il avait bien regardé toute la scène. Encore plus la honte!
Mais lorsque je lui redonne la parole, il ne s'arrête plus, et ses hypothèses toutes plus délirantes les unes que les autres, et je ne peux m'empêcher de rire devant l'absurde des propositions:
"Ça doit être tout d'un coup: Je suis une sorcière avec des pouvoirs magiques qui ont laissé ton frère mourant, créant un clone de lui-même pour qu'on puisse s'amuser à foison!"
Oups, j'en ai peut être trop dit? Je reprend mon sérieux et déclare:
"Je crois juste que l'amour change la donne, tu ne pense pas?"
Tant qu'à être face à face, je lui murmure:
"Au fait, tant qu'on est que tout les deux... Pour la dot, demande un piano. ça fera énormément plaisir à Kyan, et ça peut être un cadeau de dot très acceptable. Tu peux y rajouter ce que tu veux!"
Voilà, c'était dit, la surprise serait entière pour mon futur mari.
Je scrute Indira un moment. Sait-elle ? Ingore-t-elle ? Impossible de le savoir sans la connaître d'avantage. Cependant, son flegme m'indique que l'information sulfureuse ne soit pas être connue ou qu'elle n'en a que faire. Comme me l'a conseillé Peeti, je joue donc l’honnêté en bloc :
"Je pense qu'il est évident que j'ai fait quelque chose de répréhensible. Notre union elle-même est un sacrilège aux yeux de mon obédience. En fait, ça nous est même très compliqué de faire la moindre chose sans trahir ma foi, ses convictions ou mon amour pour elle."
Ou Sheitan...
"Du coup, il va falloir que vous préciez un peu votre question. Moi, je parlais de votre point de vue à vous. Ça, je ne peux pas y répondre à votre place."
Sa question suivant me fait l'effet d'un coup de poing. Si ma future épouse me plaît ? Comment trouver les mots pour lui dire combien cette question est vaine, qu'il me faudrait sans aucun doute plus de quatre jours pour expliquer en détail tout ce que j'adore chez elle. Je serais très tenté de faire une plaisanterie à ce moment mais, encore une fois, je ne connais pas encore assez Indira. Continuons à jouer cartes sur tables.
"Le physique est très secondaire pour moi et n'aurait pas suffit à me faire tomber dans ses bras. Cependant, je dois bien admettre qu'effectivement..."
Ce que je ne suis pas doué pour décrire ma femme sans paraître pour quelqu'un de profondément superficiel ... Ou d'irrespectueux. Bon, allez, à l'eau mon cher Kyan !
"Effectivement, ses yeux m'ont ébranlé plus que personne d'autre avant elle. Quand je l'ai vu danser pour la première fois, je dois admettre ne plus être tout à fait le même homme. Pour moi, et sans vous vexer, Preeti est la plus belle femme du monde."
Encore une fois, je suis très loin du compte, mais il est des détails que je préfère qu'Indira ignore, aussi proche soit-elle de Preeti.
"Quant au moral. Je n'ai jamais rencontré une personne plus courageuse et gentille que Preeti. Même les personnes qui se disent les plus vertueuses ne lui arriveront jamais à la cheville. Pour le reste, elle est très intelligente et me donne jours après jours l'envie d'être meilleur pour essayer de lui être digne."
Encore une fois, je suis très très loin du compte. Il n'y a aucun mots pour la décrire et ce n'est pas aujourd'hui, dans cette chaleur étouffante et soumis à un interrogatoire que j'y arriverai.
La dernière question arrive et je sens un malaise en moi grandir. Son corps s'est approché du mien et je n'aime pas du tout cela. Ma main qu'elle touche à présent, mon épaule sur laquelle elle a posé sa propre main et le fait qu'elle me murmure quelque chose à l'oreille, tout cela appartient à Preeti. Ce n'est pas parce que j'avais récemment découvert que j'aimais être tactile avec Preeti que je l'étais avec tout le monde.
Pour ma part, j'avais toujours eu une sainte horreur des contacts physiques.
Preeti a fait le tour de force d'avoir su m'apprivoiser et m'approcher et elle en avait fait son unique privilège.
Je me recule alors légèrement pour ne plus sentir cette proximité, créant une distance polie. Mes mains se rejoignent dans mon dos pour adopter une posture formelle. Ceci étant fait, je peux répondre à la question.
"S'il est important ? Très franchement, je ferai tout pour qu'il réussisse ! Et si ses parents s'y opposent pour une quelconque raison, alors je devrai te demander ton aide pour l'enlever et célébrer quand même le mariage. Et si tu refuse, je demanderai à quelqu'un d'autre. D'une manière ou d'une autre, seule Preeti peut m'empêcher de devenir son mari."
Ais-je répondu sérieusement ? Tout à fait.
C'est presque ironique car je me rend compte maintenant que ces questions sont plus ou moins les mêmes que celles que l'évèque et ses disciples m'ont posées avant de me donner leur bénédiction.
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"D'accord. Je le ferai pour toi. Pas pour Kyan parce j'adore l’embarrasser, et ça, ça vaut de l'or !"
Il se marre littéralement devant la réponse. Preeti est donc une sorcière, méfiance, message reçu. Même l'idée du clone le fait rire. Un Kyan sage et un Kyan plus aventureux. Ça explique pas mal de choses !
"L'amour, oui ..." Dit-il sur un ton presque dubitatif.
Les yeux de Dmitri s'agrandissent quand l'idée vient pour la dot. ENFIN ! Une idée ! Malheureusement, de l'embarras viens vite couvrir son visage.
"Tu n'as pas de chance, Preeti, mais dans le train, Lyan m'a parlé de ton accord pour son piano. J'ai donc contacté la ferme en Serbie pour savoir ce qu'ils avaient fait du piano de notre maman et il s'avère qu'ils en ont pris soin. Visiblement, il aurait de la valeur. Je vais donc le rapatrier, le remettre en état et l'accorder avant de l'offrir en cadeau de mariage. Un piano neuf coûte presque aussi cher de toutes façon. Désolée Preeti mais ta surprise devient la mienne."
Il regarde la future mariée presque contrit.
"Du coup... t'aurais pas une autre idée ? Ça m'aiderait beaucoup."
La dernière question a du mal à sortir. Dmitri regarde partout et pose ses yeux sur moi et Indira. Il se dit sans doute qu'elle même est en train de me cuisiner et que ça lui donne le droit de partager sa crainte la plus profonde envers Preeti. Il soupire et regarde l'intéressée droit dans les yeux.
"Écoute Preeti, Kyan est profondément amoureux de toi. Et j'ai qu'une seule question à te poser. Réponds moi honnêtement après, tu pourras me détester autant que tu veux pour l'avoir envisager. Mais votre histoire de rencontre et de mariage en même pas un mois, ça sent vraiment pas bon, surtout que c'est toi qui l'a demandé en mariage."
Son regard s'allume, inquisiteur, la question arrive.
"S'il te plaît, Preeti, ne me dit pas que tu fais ça pour la carte verte."
Dmitri sait d'avance que la réponse sera nécessairement négative. Cependant, la manière de répondre, le regard fuyant ou pas, la réaction outragée ou non, va permettre à mon militaire de frère de déceler le mensonge.
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La silhouette se fige devant le monologue de Kyan, puis reprend plus de souplesse, elle sourit, et dit plus légèrement:
"Je croyais que c'est moi qui posais les questions! Mais j'aime ta réponse, alors pas besoin de préciser. Tu es de quelle religion? "
Un moment, le silence raidit de nouveau ma soeur émotionnelle. Si je pouvais savoir ce qu'ils disent, glisser une oreille... Et finalement je reconnais le ton de voix de Kyan, sans comprendre le fond des mots. Quelle frustration! Et après un temps, Indira lui tend la main:
"Belle performance, futur beau cousin, j'aprécie. Tutoies moi et on sera prêts pour le mariage, d'accord?"
Petit recul de mon chéri, je respire un peu mieux: il a réussi l'un des tests d'Indira les plus performants! D'ailleurs, la voilà qui se recule, le sourire élargie, et après la réponse, donne une tape sur l'épaule franche du plat de la main:
"Très bien, tout me va pour le moment! J'ai hâte de voir le mariage! Tu as des questions? Et je suis pour t'aider à l'enlever, mais si tu te débrouille comme aujourd'hui ça le fera! Tu peux te détendre maintenant, j'ai fais ça pour te tester, je reste à distance et je ne mord pas! "
---
La remarque me fais rire et je marchande:
"D'accord! Mais l'embête pas trop, avec le mariage, il est un peu nerveux !"
Le ton de l'humour reste et Dmitri éclate de rire, entrainant le mien de nouveau. bien que lorsqu'il murmure d'un ton différent, je n'y fais pas vraiment attention.
Mais yeux s'ouvrent de surprise et je regarde Kyan une demie-seconde avant de montrer mon enthousiasme:
"Mais c'est fantastique! Il va être tellement heureux! J'ai hâte de voir, ça va être un des plus beau cadeaux de sa vie! Je suis très contente que tu ais eu cette idée, elle est cent fois meilleure que la mienne! "
Je réfléchis un instant, puis hausse les épaules:
"Demande un petit appartement à Arcadia, tu iras quand tu viendras nous voir et ça sera parfait pour mes parents."
Le ton solennel si soudain de Dmitri me fait redouter une blague, et quand j’entends la sentence j'éclate de rire, avant de prendre ma meilleure voix de Gollum et de dire:
"Vous m'avez découvert, clairvoyant hobbit, je retourne dans ma tanière de sorcière concocter un nouveau plan..."
Mais au visage de Dmitri, je me rend compte... qu'en fait il est sérieux. ça coupe instantanément l'humeur, et je le regarde avec des yeux surpris, avant de murmurer:
"Mais...Je veux pas de carte verte.... pourquoi tu dis ça?"
Je me tend légèrement. Preeti ne lui a pas dit ma religion ? Je reste perplexe devant cette interrogation mais je me dit qu'elles ont du parler d'autres choses me concernant ou il s'agit peut-être encore d'un test.
"Je suis de religion catholique." Je dis simplement
J'attends la réaction, Indira se raidit à cette révélation.
"Qu'on se tutoie, je suis d'accord." Cette nouvelle règle entre nous me détend un peu.
Indira semble m'avoir soumis à un nouveau test en s'approchant de moi. Celui-là, je l'ai détesté au plus haut point car il m'a mit terriblement mal à l'aise. Sur le plan moral, je suis prêt pour toutes les questions d'honnêteté possible, mais venir dans mon cercle intime est, je trouve, quelque chose à ne pas faire à son futur beau cousin... Si mon frère se marie avec elle un jour, je jure devant Dieu que je lâche Sheitan sur elle...
- Oh ouais ! Merci mec ! -
"J'ai toujours des questions. Mon frère a du mal à décider de la dot. Aurais-tu une idée d'un montant minimum et maximum ? Je voulais aussi savoir si les femmes indiennes recevaient une alliance pour leur mariage car je n'ai trouvé d'information nulle part ? Si oui, où en trouver une digne de ce nom et est-il possible de la faire graver ? Et sinon, que pouvons nous préparer à l'avance pour être sur d'être prêt pour la rencontre et le jour J ? Preeti pourrait-elle m'aider à choisir la tenue que je vais porter ?"
Et enfin ...
"D'ailleurs, je pourrai aller la rejoindre après ou tu as d'autres questions toi-même ?"
---
"Je suis content que l'idée te plaise. Par contre, pas un mot ! Le piano devrait être déjà parti au moment où vous arriverez en Serbie. Si j'ai la clef de votre maison, je pourrai même faire en sorte qu'il soit livré à votre arrivée."
Pour la question de la dot, Dmitri réfléchit un moment.
"Je ne sais pas, ça ne vous servirait pas. Il faut que j'y réfléchisse encore. De ton côté, si tu as d'autres idées, n'hésites pas."
Preeti répond à la question par une plaisanterie. C'est plutôt bon signe. Par la suite, elle semble vaguement comprendre la situation et ce dont Dmitri l'accuse sans détour. Pour lui, c'est CETTE discussion qui est la plus dure.
Il soupire avant de se lancer dans l'explication du pourquoi du comment.
"Ecoute, Preeti, tu n'es pas de nationalité Américaine, ton visa expire dans un an et tu es très jolie. Tu as rencontré mon frère qui, je croyais, était un asexué. Par la suite, vous m'annoncez que vous allez vous marier un mois à peine après votre rencontre ce qui t'éviterait de faire la paperasse pour renouveler ton visa, voire essuyer un refus. J'apprends aussi que c'est toi qui l'a demandé en mariage et non le contraire. J'aime mon frère énormément et j'admets que j'avais des doutes sur toi et je voulais m'assurer que les apparences sont simplement trompeuses. Voilà, maintenant tu peux me détester de t'avoir mal jugée... L'amour fraternel fais parfois entrevoir de drôles de choses. Comme ta cousine qui a le droit et le devoir de juger sévèrement Kyan en ce moment même d'ailleurs."
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Indira claque de la langue. Mauvais signe ça...
"ça ne plaira pas à Ama... Évite de lui dire ce genre de détail, ça facilitera grandement votre mariage, d'accord? "
Elle lance un "Super!" de loin. Je souris, soulagée. ça se passe bien!
"Je suis désolée d'avoir outrepassée tes limites personnelles. Je voulait être sûre que tu n'était pas attiré par la beauté, ou les autres femmes, même si elle te donnait une occasion. ça ne se reproduira évidemment pas."
Elle s'incline, et je comprend que ses épreuves sont terminées. Tant mieux!
Indira fait mine de réfléchir puis lance en mettant les bras dans son dos:
"Le plus simple, c'est de demander de l'or! ce n'est pas de l'argent à proprement parlé, mais c'est plus facile que des objets, et dans le pire des cas il se revend facilement, même en occident. Tout les indiens ont de l'or, au moins 10% du patrimoine et de ce minerais, et comme tu n'est pas indien, si tu en demande, c'est un signe d'intégration: tu deviens un peu indiens en ayant un mariage... et du l'or. Et du tchai aussi!"
Elle rit et reprend:
"Tu dois une bague en or au tholan, mais comme Preeti est fille unique, elle m'a choisie comme "témoin de famille". Et pour Preeti, il y a la Minji, une bague que l'on met à l'orteil. Et toi tu auras la Metti! Après, les graver... j'imagine que c'est possible."
Elle regarde Kyan, dubitative, avant d'indiquer:
"Elle peut t'aider à choisir ta tenue, mais les traditions sont les traditions: toi en blanc, chandail et véti, et Preeti en rouge, c'est les couleurs traditionnelles."
Et bientôt je les vois revenir vers nous, doucement.
---
"Évidemment que je ne dis rien! Je préfère la surprise! Tu rentreras avec nous pour voir quand nous rentrerons? Il voudra te remercier je pense..."
Définitivement, j'aurais voulu avoir des frères et soeurs... Je tend les clefs de la maison à Dmitri, et lui fait un clin d'oeil: et voilà pour un piano à domicile!
Je fais un hochement de tête: aucune idée ne me vient à l'esprit tout de suite, je suis déjà heureuse comme ça!
Je pâlit au fur et à mesure de son explication: non seulement ce n'est pas une blague, mais en plus c'est un vrai doute, pas un petit questionnement... Comment répondre à ça? Je tremble des mains et les portent au coeur pour ne pas le montrer.
"Ecoute... Je ne sais pas comment réagir à ça. A vrai dire, ça me fait peur que tu le pense. Mais en y réfléchissant bien, tu ne pense pas que si j'avais ce genre d'intention, tant qu'à faire, j'aurais pris un homme riche et surtout pas prêtre? Parce que notre relation a été rapide, mais elle n'a pas été simple a concilier! Et puis... en me remariant je prend des risques. C'est mal vu dans mon pays, et d'autant plus avec un homme qui n'est pas de la religion. Mais tu dois comprendre... Je l'aime. Je n'ai rien pu faire contre, je n'ai pas eu le temps d'y réfléchir... Je l'ai aimé tout de suite. Ton frère est prévenant, doux, et il savait écouter. Quand il a posé ses yeux sur moi... Je ne peux pas décrire le sentiment que ça m'a procuré. Je ne m'attendais pas à tomber amoureuse. Ni de lui, ni d'un autre... C'est arrivé. Et pour te rassurer... Je ne veux pas être américaine. Je suis indienne, de coeur et d'esprit, et de terre aussi. J'habite en Amérique, mais mon coeur n'appartiens qu'à l'Inde...et à Kyan. Et je me fiche de refaire un visa provisoire, même si c'est long. Je suis patiente, et je ne veux pas de la nationalité américaine. Je ne sais pas quoi te dire d'autre..."
Les larmes aux bords des yeux, je veux juste que Kyan revienne, et qu'on puisse sortir de cette discussion... qui malgré moi me blesse.
"Certes mais je ne peux pas me faire passer pour un hindou. Et puis elle ne risque pas de le demander elle-même ?"
Quand elle m'explique ses gestes, cela me convainc que moyennement. Une personne un tant soit peu tactile n'aurait certainement pas pris ombrage de son geste. Et que ce serait-il passé si j'avais été trop tétanisé pour m'écarter ? Ou si j'en avais rougis ? et puis ... elle n'est pas Preeti. Personne n'a le droit de m'approcher à part elle.
Enfin, plus de tests de ce genre, cela me rassure un peu.
J'écoute et prend note des explications. Le fait de les graver me tenait particulièrement à cœur dans tout cet exotisme. Je voulais quelque chose qui vienne de moi, pour elle. Quelque chose d'unique.
J'écoute la consigne pour la dot. De l'or ? Étrange, j'en parlerai à mon frère et nous verrons bien ce qu'il décidera. Après, pour repasser la douane, je ne pense pas que ce soit le plus facile. Pour le moment, je décide que ce n'est pas spécialement mon problème.
Le blanc me va tout à fait. Je serai sans doute plus à l'aise qu'avec une tenue plus bariolée. Pour la première fois de ma vie, je vais aller choisir et acheter un vêtement pour moi. C'est étrange et révélateur quand on se dit que c'est pour mon mariage. J'acquiesce en silence avant de commencer à rejoindre ma promise ... Enfin !
---
Dmitri regarde Preeti et commence à se confondre en excuse. Je n'aime pas ça et accélère mon pas.
"Non, s'il te plaît. Je ne le pense plus. Je te le jure ! Mon frère a de la chance de t'avoir ! J'ai juste eu du mal à y croire mais tu as raison sur toute la ligne. C'est juste que cela m'a traversé l'esprit et je ne voulais pas que Kyan se fasse avoir ! Mais c'est pour ça que je voulais m'en assurer avec toi, face-à-face ! Non, ne pleure pas... Preeti, s'il te plaît ..."
Je passe mes mains sur les épaules de Preeti dès que j'arrive à sa portée, devançant légèrement Indira. Je remarque que ma dulcinée à les larmes aux yeux. Immédiatement, les miens fusillent Dmitri du regard.
"Qu'est ce qui s'est passé ? Réponds-moi tout de suite."
Jamais mon frère ne m'avait connu avec une colère froide, sans cris, sans gestes brusques. Une voix grave, posée, et mes mains qui se serraient sur ma Déesse, voilà tout ce dont j'étais capable avant de prendre ma prochaine décision avant sa réponse.
"Rien... Je ... Voulais juste m'assurer qu'elle ne voulait pas abuser de toi ..."
Pour peu, la réaction de peur de Dmitri m'aurait fait rire. Lui d'habitude avec autant d’aplomb, celui qui me défendait tout le temps, celui qui me martyrisait étant jeune, voilà qu'il sait d'instinct qu'il vient de faire la seule chose qui peut me mettre hors de moi.
Malheureusement pour ma colère, la raison me dicte qu'il n'est pas très sage de s'embrouiller tout de suite.
"On verra ça ce soir." J'ajoute sur le même ton.
"Preeti, tu me comprends, n'est ce pas ?"
Je suis tenté de lui interdire de lui adresser la parole, seulement il s'agit d'une volonté de pardon à laquelle je suis très attaché. Je laisse donc Preeti décider s'il l'a outragée ou pas. Si c'est le cas, je pense que moi et Dmitri passeront une soirée en tête-a-tête...
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Elle radoucit ses traits:
"Je ne te demande pas de mentir. Juste, évite la question. Si elle te la pose, soit honnête. Tant que tu respectes la religion hindoue de Preeti, et qu'Ama le sait, elle peut surement passer outre. Même si tu ne crois pas que nos dieux existent...Tant que tu ne l'exprime pas ouvertement, ça ira!"
Et Indira se tourne vers nous, et lance:
"Bon, je te ramène à ta fiancée!"
Elle fronce bizarrement les sourcils et murmure:
"Rassure moi, mes yeux me trompent? Ou elle pleure?"
---
Les larmes se concentrent tandis que j'essaye d’expliquer ce qui me semble inexplicable. Une accusation par un homme qui était trop important pour que je ne laisse le doute planer, cumulée avec la fatigue du voyage tombant au mauvais moment, le stress qui commence à glisser dans mes veines, de peur que cette personne si chère au coeur de l'homme aimé ne nous déteste... L'angoisse enserre ma gorge.
Les mains qui se posent contre mes épaules me figent: et si c'était les doutes de Kyan ? S'il avait demandé à Dmitri de le demander à sa place? Et si les doutes étaient partagés entre eux? Je regarde mon fiancé, l'air ahurie, n'osant pas ôter ses mains...ni avancer vers lui.
La peur et l'angoisse me transforme en statue de sel.
Loin de ma stupeur, les voix de Dmitri et Kyan se succèdent, et j'ai peur de ce qu'il se dit. Je fais un regard à Indira, qui attend derrière eux, le regarde bouillonnant de colère mais la sagesse d'attendre de comprendre.
J'entends soudain mon prénom et me retourne vers Dmitri. Je me rend compte que j'ai pleuré pour de bon, mais je ne m'en suis pas rendue compte avant.
"Si je ... comprend? Je ne sais pas... Je ne sais pas quoi penser... Je ne veux pas que tu me déteste, et je ne te déteste pas Dmitri... Je veux juste que tout se passe bien ..."
Je regarde encore Indira, la seule qui me connaisse intérieurement, et qui ne douterais jamais de mes sentiments pour Kyan, parce qu'elle me comprend toujours sans paroles.
Finalement, avec un regard à Kyan, et un geste, elle me prend dans ses bras, avant de déclarer, fermement mais pas méchamment:
"Preeti, calmes toi. Vous avez dû juste mal vous comprendre. N'est ce pas Dmitri?"
Mais je crois en vos dieux. Indira... plus que tu ne l'imagine.
Dmitri baisse les yeux et murmure :
"non, Indira. J'ai bien peur qu'elle ait compris la question mais je t'assure que ce n'était qu'une question. Preeti, je ne te déteste pas et je ne te détesterai jamais. J'avais eu une crainte j'ai voulu demander de front. Je ne pensais pas que ça te blesserait à ce point là. Je le regrette."
Preeti est dans les bras d'Indira à mon grand regret. Du coup, je regarde sévèrement Dmitri. Il a l'air de profondément regretter sa question. Il prend une voix douce pour s'adresser directement à ma Déesse.
"Preeti, tout le monde sait que Kyan ne te tromperait jamais. Il ne regarde pas les autres femmes, ni personne d'autre. Et pourtant, Indira lui a fait passé son test... c'est ça que j'aimerais que tu comprennes. Quand on aime quelqu'un qui va se marier, on ne veux pas douter de leur amour."
Le test ? Celui du rapprochement d'Indira ? Je commence à avoir un peu peur.
"Seigneur... Dmitri, qu'est-ce tu as fait ?" Il lève vers moi des yeux penauds et désolés.
"Je lui ai demandé si elle ne se mariait pas par intérêt. J'ai vu tellement de coeurs brisés que je préfère être honnête et poser la question que de douter."
"Tu as ... quoi ?"
Abasourdi, je me demande un instant si ce n'est pas encore une très mauvaise blague mais malheureusement il semble que non. Je ne sais pas quoi dire... et effectivement, douter de ma fidélité est aussi absurde que de douter de ses sentiments pour moi. Je ferme les yeux un instant, tentant de maîtriser mon énorme envie de balancer Dmitri dans le Gange.
"Dmitri, je ne sais pas ca que tu t'es imaginé mais je te prierai de ne plus juger de ce que tu ne connais pas.... Surtout si cela concerne Preeti. "
Pour être tout à fait franc, j'ai encore le goût du manque de confiance d'Indira sur la langue.
"On peut en finir avec ces tests, s'il vous plaît ? A moins que quelqu'un d'autre ait quelque chose de vexant a insinuer encore ?"
Mon frère secoue vivement la tête.
Le stress du mariage n'est rien en comparaison au jugement des autres à cet instant.
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Les yeux d'Indira se font plus durs, mais elle ne dit rien. Dmitri commence tout un monologue de pensées et d'excuses, mais j'ai le ventre nouée, la bouche muette. Rien ne sort, et j'écoute juste, les yeux perdus dans le néant, jusqu'à ce que je murmure plus pour moi-même:
"Indira n'a jamais eu la chance de le rencontrer. Toi tu es venu à la maison, nous avons eu le temps de discuter..."
Certes, cela n'excusait rien, mais son coté protecteur s'était révélé plus puissant parce qu'elle ne connaissait rien de lui: les mariages mixtes étaient rarissimes ici, et la plupart des gens le voyait d'un mauvais oeil, ce qui, j'en était sûre, n'était pas le cas d'Indira: tant que j'étais heureuse et en sécurité, avec qui je me mariais n'avait pas d'importance.
le ton de surprise de Kyan me rassure: au moins, ce n'était pas de sa volonté. Mon corps reprend sa forme, et je lâche Indira pour me blottir dans les bras de mon homme, l'esprit encore fragile, mais le besoin de me sentir protégée par lui.
La volonté de Kyan fait baisser les yeux de ma cousine, et celles de son frère qui hoche la tête. Les deux sont pris dans le même panier, mais je ne veux pas en vouloir à Dmitri, et je ne veux pas que mon futur mari en veuille à Indira. Alors, toujours collé contre mon Trésor, j'ajoute:
"Pour ma part, j'aimerais juste le pardon de chacun pour les autres. Je te pardonne Dmitri, et te prie de me pardonner pour avoir pu te donner une si mauvaise impression. Et je voudrais me faire pardonner aussi de toi, mon Amour, parce que j'ai eu un instant peur que la question vienne de toi. Et pour toi, ma cousine, je m'excuse de t'avoir mise dans cette situation de juge, alors que c'était une mauvaise idée de ma part..."
Malgré tout, je comprends sa démarche même si elle était maladroite. Ce genre de question malaisante est déjà revenu à mes oreilles, le jugement des autres, toujours. Les sanglots de ma douce et tendre ne se calment pas et me font douter... Dmitri aurait-il été trop dur avec elle ? Lui avait-il fait peur à ce point ? avait-il autre chose qui la faisait pleurer ou douter ?
Quand Preeti vient se blottir dans mes bras, je sens que plus rien n'a d'importance à part elle. Je la serre fort comme s'il s'agissait de la première fois. Personnellement, je ne me sens pas très bien moi-même, terrassé par la chaleur et la fatigue, je sais qu'il n'en aurait pas fallut beaucoup plus pour que je perde totalement patience.
C'est alors que ma fiancé prend la parole et un flot d'excuse sort tout à coup. Elle aussi a douté de moi car elle pensait, sans doute à juste titre, que j'avais moi-même demandé à mon frère de prospecter. Tout le monde y passe, Dmitri, moi et même Indira...
L'aveu comme quoi c'est Preeti qui a souhaité qu'Indira me teste me fait mal cependant. Lui aurais-je donné des raisons de douter de moi et de ma fidélité ou de mon amour ? Qu'Indira en doute et souhaite se poster en tant que matriarche est une chose mais que Preeti ait organisé tout cela me met un peu mal à l'aise. Le rapprochement physique, c'était son idée aussi ? Pourtant, elle sait à quel point je suis gêné par un contact avec les autres, pourquoi faire cela ? Mais les excuses fusent et je ne veux surtout pas enrayer le processus.
"Il n'y a pas de soucis, Preeti ! C'est oublié et jamais je ne t'ai mal jugée, ne t'en fais pas. Je vous invite tous pour manger ce midi, où vous le voulez. C'est moi qui régale alors n'hésitez pas à abuser !"
Je reste encore quelques secondes avec Preeti blottie contre moi. Je n'ai pas encore le courage de la lâcher. J'aimerai tellement avoir un petit moment d'intimité avec elle, juste une heure, juste pour parler et m'assurer de son bien être. Cela semble cependant impossible.
Alors que nos deux accompagnants s'éloignent un peu, je murmure à Preeti afin que personne ne puisse nous entendre.
"Est-ce que tout va bien à présent, mon amour ? Tu sembles fatiguée et tendue, je veux dire ... Plus que normalement. Dmitri t'a juste posé une question, n'est-ce pas ? Il n'a rien tenté d'autres, rassure-moi."
Après un moment, je consent enfin à la lâcher mais je garde sa main dans la mienne. Alors que nous rejoignons Indira et Dmitri, je suis pris d'un doute, je demande du bout des lèvres.
"Tu as déjà douté de moi, Preeti ?"
Si c'est le cas, autant le demander directement plutôt que de passer par des intermédiaires.
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Les bras de Kyan se referment sur moi et je respire un peu mieux, même si les pleurs et les tremblements continuent encore un moment avant de se stopper. Je tiens sa chemise comme si ça soutenait le reste de mon corps, le front posé contre son épaule.
Dmitri répond en premier, et je lui fait un sourire bienveillant. Si la réconciliation passait par l'estomac, ça m'allait parfaitement: La faim me tenaillait vraiment à présent!
Indira prit alors la parole et se tourne vers nous:
"Je tenais à présenter de nouveau mes excuses à Kyan, je ne voulais pas que tu le prenne mal, j'ai utilisé une idée irrationnelle et malaisante sur toi et je n'aurais pas du le faire, j'aimerais juste qu'on passe outre ça et que ça se passe bien...Et je suis tout à fait d'accord pour le repas, j'ai une idée de restaurant dans la ville très sympathique!"
Tandis que les proches s'éloignait doucement en quête du lieu où nous mangerions, je leur dit:
"Je reste un moment avec Kyan, on vous rejoints vite!"
J'avais envie de prolonger ce moment, de pouvoir avoir mes cinq minutes de câlins juste lui et moi, après toute cette agitation... Juste pouvoir rester en tête à tête afin de reprendre nos esprits et être en paix avec moi-même.
Je repose ma tête contre lui tandis que mon fiancé essaye de savoir comment je vais. Je reste un instant silencieuse, avant de murmurer:
"Je vais bien, mais sur le coup c'était tellement dur...Je sais pas, ça m'a mise mal à l'aise tout de suite et j'ai plus eu de contrôle sur moi même, j'ai juste pleuré et parlé et pleuré... Mais je vais mieux. Et toi?"
Après un câlin de plusieurs minutes où je reprend contenance, nous commençons à rejoindre nos proches, jusqu'à ce que Kyan reprenne la parole. Je reste silencieuse, avant de murmurer:
"De ton amour, jamais. Mais j'avoue que lorsque la question a été posée par Dmitri...J'ai eu peur que tu ressentes les mêmes doutes. Tu as déjà douté, toi?"
Je souris franchement à Indira. L'incident est vite oublié si Preeti va bien et est dans mes bras.
"Je suppose qu'en d'autres circonstances, ce genre de petit jeu doit être efficace mais mon coeur et mon âme appartiennent à Preeti autant que mon corps."
Quand nous restons enfin ensemble, je ressens comme une certitude qui se resserre. Je vais me marier avec cette femme, quoi qu'il advienne.
Preeti m'assure que la simple question l'a ébranlée plus que de raison. J'essaie de mettre ça sur le compte de la fatigue et de la saturation mais je ne peux pas m'empêcher de penser qu'il y a autre chose de sous-jacent. Pour le moment, je mets cela de côté et me recentre sur le fait de faire retrouver le sourire de Preeti.
"Tant que tes parents ne me soumettent pas à ce même genre de test, je peux me détendre. Je suis si heureux d'être ici..."
Nous nous mettons paresseusement en route pour rejoindre les deux autres. Sa simple main ne me suffit pas et il ne m'en faut pas beaucoup pour passer mon bras autour de ses épaules. J'ai chaud mais j'ai plus besoin d'elle. Je remarque les regards sur nous, en Inde, ce genre de choses ne se fait pas, surtout avec un blanc. Je pense avoir payé suffisamment du regards des autres pour me permettre de ne plus en tenir compte.
Nos pas sont lents comme si, d'un commun accord, nous voulions retarder le moment de ne plus être seuls. Je suis infiniment rassuré quand elle me dit me faire pleinement confiance.
"Après nos religions, mes blocages, mon Satyre, ta Deesse... je dois admettre que l'idée que tu puisses profiter de moi pour les papiers ne m'a même pas traversé l'idée."
Sa question à elle reste imprécise. Je réfléchis posément avant de répondre franchement.
"J'ai douté énormément au début. J'ai douté de pouvoir être ton ami sans succomber au désir de ta peau. Quand tu m'as avoué tes sentiments, j'ai douté de pouvoir en être seulement digne. J'ai douté sur ma religion, sur Sheitan, sur moi, sur tout. Et finalement, je me suis enfermé dans ta salle de bain et j'ai découvert que tu est la seule sur laquelle je n'avais pas de doute et je me suis fait violence pour t'accorder ma confiance. Une confiance que tu mérites amplement et que tu es la seule à avoir."
Nous voilà arrivés devant le restaurant bien trop vite à mon goût. Je n'ai pas vraiment faim mais l'odeur épicée me met l'eau à la bouche.
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L'ambiance se détend et le sourire se met sur chaque paire de lèvres, qu'il soit de contentement ou de soulagement. La vie autour de nous reprend son cours, comme si toute la masse avait été avalée par le Gange pendant notre séparation, et avait été ramené par le fluide sacré lors de nos retrouvailles. Et dire que l'on devait encore se quitter... Le Gange dépeuplerait surement encore les rues de Varanasi...
L'embrassade est un véritable déchargement de tout le stress accumulé, et je souffle finalement, librement. Mon chéri me détaille un moment, mais ne dis rien. Je me demande bien ce qu'il pense, mais je ne dis rien non plus, savourant seulement l'instant et le contact.
"Mes parents ne testent rien. Ils posent des questions. C'est plus dangereux!"
Nous nous rapprochons de Dmitri et Indira avant de ralentir pour avancer parallèlement à eux sans les rattraper. Les rues sont pleines, et je me rapproche de mon chéri lorsque sa main se pose contre mon épaule. Ici, ce n'est pas bien vu, mais de toute façon, tout se que nous sommes l'est alors... Je pose ma tête contre lui naturellement, acceptant d'être jugée sans aucune honte.
Pendant qu'il parle, je réfléchis à ce qu'il me dit. Tant de doutes... Sur lui-même! L'accumulation des evenements devaient être si difficile à supporter seul...
"Tu aurais dû en parler... C'est triste que tu ais enduré ça seul. "
Nous arrivons finalement là où on a mangé des centaines de fois avec Indira: le Bowl of Compassion. Nous sommes accueillis par les gens de l'association et lançons des Namasté en boucle avant de monter sur la terrasse où est situé le restaurant. En contrebas, le Gange s'étend, presque immobile.Nous sommes installé sur une table de jardin classique, plastique vert et élimé, mais après tout, ça marchais très bien en table et chaises! Dans le bâtiment, les bruits d'enfants se font entendre, et nous nous échangeons un regard complice avec Indira, avant de nous tourner vers la carte. J'indique:
"Il y a une traduction anglaise, c'est de la nourriture locale, et les plats sont à tomber!"
"Des questions, pires ? Non... Tu n'en as peut-être pas conscience Preeti mais j'ai un réel soucis avec les contacts physique envers les autres personnes. Mes parents, mon frère et notre père adoptif étant les exceptions que je tolère. Et bien sur, avec toi, j'en ai fais un réel plaisir. Mais de tous les autres, je déteste être approché."
Quand Preeti me dit avec raison que j'aurais du partager mes angoisses, je baisse les yeux sur elle avant de lui sourire. Je me souviens douloureusement de cette période de ma vie et de son heureuse conclusion.
"Le fait est que tu m'as devancé sur tout les points, Preeti. Ta magnifique déclaration dont je me souviendrai toujours, tes gestes rassurants, tes mots, tout. Quand je te faisais suffisamment confiance pour t'en parler, je n'avais plus de doute. Sans le savoir, tu les as effacé les uns après les autres."
En plus, je me voyais mal déclarer ma flamme à Preeti le moment où elle est née, cela signifiait lui avouer tout mon attirance pour elle le jour de notre rencontre, dans ce salon de thé, quand j'ai posé ma main sur elle. Ma résistance à toucher les gens était totalement balayée par une impulsion d'audace, ce jour là.
Ensuite, un prêtre ne parlait jamais de ses désirs interdits autrement qu'avec Dieu et surtout pas avec la principale concernée. Il fallait tout faire pour s'en purger, tout simplement.
J'imite ma dulcinée dans ses salutations comme on m'a appris à le faire. On nous installe alors en hauteur, dans un endroit assez unique et totalement ouvert. La terrasse possède une vue magnifique et la vétusté de l'endroit me fait me sentir parfaitement à l'aise, pas de décoration superflues, que de l'authentique et surtout, que du nécessaire. A mon sens, c'était parfait. Comme à mon habitude, je prend place à côté de Preeti, face à mon frère qui hésite encore à me regarder.
Mais chassez le naturel ... A la remarque de Preeti, il dit en riant :
"A tomber où ? A genoux d'admiration ou par terre à l'agonie à cause des plats trop épicés ?"
Pour ma part, je ne prend même pas la peine de regarder la carte, mes yeux sont réservés à ma future femme pour le moment, je lui murmure :
"J'aimerai que tu commandes pour moi s'il te plaît. Quelque chose de végétarien si c'est possible. Sinon, ce qui te fera plaisir pour me surprendre."
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L'idée que mon chéri que je câline chaque fois que je le peux soit allergique au contact me montre une nouvelle facette de sa personnalité. Ce qui me rappelle...
"Pourtant, la première fois que nous nous sommes rencontrés, c'est toi qui t'es approché de moi..."
La mémoire de ce contact me fait sourire: le visage interrogateur qui s'était tourné vers son téléphone avant de baisser les yeux sur moi, le thé, le chocolat... Ce premier jour qui avait l'air si lointain alors que le temps réel n'était que d'un mois et dont le souvenir si vivace me laissait encore souvent rêveuse devant la baie vitrée du salon.
La déclaration me fit tourner mon sourire vers mon amour avant de l'embrasser tendrement. ça y est, nous sommes officiellement des touristes impudiques dans mon propre pays.
Arrivés aux locaux et installés, je suis heureuse de voir que Kyan est à l'aise et son frère, auparavant si dépité, ris de ma tournure de phrase, et je me demande si c'est parce que je l'ai mal employé ou s'il me fais un jeu de mot. Je rétorque alors:
"Essaye en un au hasard, tu verras bien!"
Les yeux de mon fiancé sont encore tournés vers moi, et lorsque je m’apprête de lui demander s'il y a un problème il me demande de choisir. Je l'embrasse doucement et lui répond:
"Malgré ce que tu as pu voir à la maison, la majorité des plats indiens de bases sont végétariens. Impossible de trouver du boeuf d'ailleurs, et les crustacés sont très rares. Nous ne sommes pas des gens de mer, surtout en Inde du Nord! Mais d'accord, ce sera donc un Sabzi Masala!"
Nous commandons donc et, en attendant, je profite qu'Indira montre la vue à Dmitri pour prendre Kyan par la main et le faire redescendre dans l'immeuble. Je toque ensuite à une porte, et lorsque l'on me dit que c'est ouvert, je passe la porte, le sourire au lèvre, avant de dévoiler une salle de classe d'enfants mangeant leur repas de midi. Après avoir fait les salutations d'usages, certains enfants viennent nous voir, les autres choisissant leur repas plutôt que la curiosité à notre égard, et tripotent nos mains, mes bracelets de chevilles pour les plus petits, les vêtements bizarres de Kyan... Je lui explique:
"Nous sommes dans un immeuble aménagé par une association qui aide les enfants des rues de Varanasi. Ici, ils ont de quoi manger, et dormir, ils peuvent apprendre l'hindi, l'anglais, et pleins d'autres matières. Ce lieu les protège un peu de l'extérieur, et nous venions souvent ici avec ma cousine, pour passer du temps avec les autres enfants à chanter et apprendre, ou simplement jouer."
"Justement, avec toi, c'est le contraire. Si tu n'es pas avec moi, je me sens mal à l'aise. Quand je te prends dans mes bras, je me sens entier, accomplit... et ce sentiment s'intensifie de jours en jours. Aujourd'hui, quand tu t'arraches à moi, c'est presque douloureux."
Non, les contacts tactiles d'usage, je les laisse à Sheitan bien plus à l'aise que moi. Lui qui vibre à la moindre caresse et qui n'est pas à l'aise avec les mots...
C'est sans doute pour cela que j'ai aussi mal vécu cette tentative de rapprochement. L'idée d'être séparé de ma moitié pendant deux jours plane toujours au-dessus de mon esprit. Je vais essayer de ne pas être trop distant et de faire connaissance avec Indira si Dmitri la laisse tranquille quelques minutes.
Notre commande passée, ma dulcinée m'entraîne dans une salle pleine d'enfants. Je regarde, bouche bée toutes ces petites têtes curieuses se tourner vers nous et même certains venir nous saluer. Terriblement attendri, je m'accroupi pour être à leur hauteur. Dans un langage plus qu'approximatif, je me présente et leur demande leur nom. Heureusement, la plupart parlent anglais et traduisent aux autres qui parlent une autre langue indienne.
Je suis terriblement ému d'être ici avec ma Déesse. Si j'avais su, j'aurais amené du papier, des crayons et quelques cahiers. Malheureusement, je n'ai rien sur moi à part le cerf en argent dont je ne me séparerai qu'une fois installé avec Preeti. Dans mes affaires, je n'ai que quelques livres et la photo de Sheitan que j'ai prise avant de partir. Rien d'utile malheureusement...
"Cela doit être étrange pour toi de revenir ici. Tu avais quel âge la dernière fois ?"
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Mon corps se colle alors automatiquement plus à lui pour enlever le peu de distance entre nous: si mon contact pouvais le faire se sentir bien... Autant en profiter un maximum!
La surprise de Kyan dans cette classe improvisé est un plaisir, et je profite pleinement de le voir aussi attentionné avec les enfants dans le besoin. Orphelins, serviteurs pour aider leurs parents ou enfants des rues, ils ont tous besoin d'une affection qui leur manque de la part des adultes, une enfance mise à mal par un système sociétal inégal, par une vie difficile.
La majorité de cette salle sont des enfants plutôt grands, ayant l'avantage d'avoir eu déjà quelques enseignements d'anglais, favorisant le contact avec l'homme blanc à leur coté. Le plus petit de la bande pousse le zèle jusqu'à grimper sur le genou de mon fiancé, tout fier, avant de baragouiner quelques mots hindis. Je glousse et traduit:
"ça y est, tu es devenu un cheval pour le héro de Varanasi!"
Je pose mes yeux dans ceux de Kyan, me remémorant parfaitement la dernière fois que j'étais venu...
***
"Preeti, votre avion vous attends! "
"Indi', pas d'inquiétude, Pavel fera de toute façon une maladie, je veux juste relacer quelques chaussures..."
Ma cousine fronce le nez, avant de murmurer:
"Pourquoi tu t'en va si tu n'as pas envie de partir?"
Je la regarde, peinée, et répond en reposant mes yeux sur la chaussure usée de la petite:
"Pavel est mon mari, Indira. J'ai fait une promesse, et maintenant que Nisha est née et baptisée... Il a tenu sa promesse, à moi de la tenir."
***
Je reprend contenance dans le monde réel, je pose une main sur la joue du chevalier éphémère, puis sur celle de son noble destrier, avant de répondre:
"La dernière fois, c'est quand j'ai quitté l'Inde. Cet endroit est très cher à mon coeur, il a gardé des souvenirs d'enfant autant que d'adultes. C'est un endroit sacré à mes yeux, et je suis contente de le partager avec toi!"
Le sentiment de bien-être quand elle me serre dans ses bras est entier, total. Pourrait-il être seulement plus fort ou avons-nous atteints un paroxysme ? Ma raison me dit que ce bien-être est inégalable, mon expérience me dicte qu'il n'a pas arrêté de s'intensifier. Cela me rend curieux.
À chaque plaisir son tourment. Quand son corps s'arrache du mien, c'est comme une brûlure de froid dans ma chair. Aussi surpris par son geste que par la douleur, je ne peux réprimer une grimace et un gémissement. Encore une fois, c'est la première fois que j'ai tant de mal à me séparer d'elle.
Quand l'enfant vient sur moi, la proximité de Preeti me permet de ne pas ressentir autant de gêne que je ne l'aurai cru. Quand ce qu'il me dit m'est traduit, je ne peux empêcher mon rire de fuser de manière inattendu.
"Tu veux faire du cheval ?"
Je porte alors le petit cavalier jusqu'à mes épaules pour qu'il s'y accroche. Je me redresse pour nous lever de toute notre hauteur. Du coin de l'œil, je vois ses grands yeux rieurs. J'admets que j'en profite un peu, une telle proximité n'est jamais tolérée par l'église et si certains humanitaires se lassent parfois aller à des gestes d'affections, c'est globalement très mal vu. Pour ma part, quand j'étais enfant, j'admets volontiers que j'aurais aimé plus de gestes d'affection de la part de mon père adoptif.
"J'adore cet endroit. Merci beaucoup de me l'avoir montré." je dis sur un ton presque rêveur.
Les yeux sombre se perdent un instant dans le vague. Il n'y a pas besoin de lire dans les pensées pour savoir de quoi il retourne. Je prononce alors comme une évidence :
"ça a du être un crève-cœur pour toi de le quitter la dernière fois."
Ma main se glisse dans la sienne et la serre en un geste d'affection timide.
"Tu me donneras l'adresse pour les équipes humanitaires. Ils pourraient vraiment aider cet endroit ou s'en inspirer pour en faire d'autres... on va manger ?"
Et me voilà en train de faire semblant de repartir. L'enfant toujours dans mon dos.
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L'homme de mon coeur dans le lieu de mon coeur: j'irradie de bonheur.
"Je suis heureuse qu'il te plaise! Nous reviendrons demain, on fera un tour sur le Gange avec l'association, ça permet de faire des profits pour les petits en faisant une bonne sortie!"
Je baisse les yeux un instant avant de répondre:
"ça a été difficile...Indira me donnait des nouvelles, mais ce n'est évidemment pas la même chose."
Je lui souris lorsque sa main prend la sienne, et le prend dans mes bras. Le contact physique m'enlève cette mélancolie... Être dans les bras de mon amour me fait toujours du bien, et sa sérénité... C'est un bonheur.
"Je te donnerais toutes les indications dont tu auras besoin... Comment tu voudrais reproduire cet endroit ailleurs?"
Au moment où mon chéri propose de remonter, Dmitri nous appelle, et nous arrivons, les plats déjà posés sur la table de jardin, les cuisiniers amateurs de l'association assemblés sur la terrasse. Je murmure à l'adresse de Kyan:
"Si tu veux poser des questions aux membres, ils parlent tous anglais ... Tu peux en savoir plus!"
Dmitri raconte des blagues jusqu'à ce que les épices fassent effet, et je rigole de son visage rougi et de celui impassible d'Indira à son côté qui n'a pas remarqué.
Je me tourne alors vers Kyan, et souris tendrement:
"Je serai ravi de revenir demain !" Je dis avec excitation alors que j'imagine déjà faire une magnifique balade avec Preeti et profiter des derniers instants en sa compagnie ... En tant qu'homme célibataire.
Preeti se blotti à nouveau dans mes bras mais cette fois j'arrive à mieux gérer les sensations, à les intérioriser, même s'ils sont toujours aussi violents. J'inspire profondément quand notre étreinte prend fin.
"En théorie, je vais juste soumettre l'idée. Je verrai avec les prochaines missions humanitaires sur les moyens de la mettre en œuvre. Pour le moment, nous allons manger, je t'avoue ne pas avoir spécialement l'esprit de penser à ça."
Nous passons enfin à table et l'ambiance sereine est à son comble. La chaleur et la luminosité semble s'être adoucis, les crispations ne se lisent plus sur les visages et le sourire de Preeti est revenu.
Face à Dmitri, je ne peux m'empêcher de lui jeter des regards. Lui non plus n'avait pas spécialement l'habitude de manger indien. Il me relance un regard de défi et avale une pleine bouchée de cette sauce rouge que j'évite depuis le début du repas et la réaction ne se fait pas attendre. Il tousse un peu et sa carnation devient écarlate. Je souris lui satisfait.
"Ça va, je m'attendais à pire" Je dis en intériorisant ma souffrance de feu interne. Contrôle, maîtrise, tout va bien ...
Dmitri tousse encore et j'étouffe un rire. Il ne pourra plus faire partie de la conversation avant un long moment. Me voilà en charge de distraire alors les deux femmes.
"Et du coup, dis-moi, Indira, ce soir nous dormons chez toi, n'est ce pas ? Quand nous serons seuls et séparés de Preeti, il y aura-t-il des règles à respecter ? Un couvre feu par exemple ?"
Du coin de l’œil, je vois mon frère approuver cette question avec ferveur.
