Ritournelle en monochrome. Le monde qui se répète et les réalisations qui ont été faites. Étouffées. Ritournelle. Son monde qui ne change pas, mais lui qui ne trouve plus sa place. Déplacé. En trop. Et les pensées qui se bousculent, s’entrechoquent sans qu’il ne trouve un point d’équilibre. Balloté par sa vie, par son propre être. Gamin qui trébuche dans ses propres habitudes. Réalisation personnelle qui lui fait fuir son propre regard dans les miroirs. Entre aliénation et déni il ne sait comment être Sora. L’amertume forte de se savoir divin, de se savoir si haut, soi-disant supérieur. L’amertume forte d’être au-dessus de l’humanité et pourtant soumis à des chaines qui le rongent. L’étouffent. Gamin qui se savait maudit, différent, prônant plus la monstruosité qu’un quelconque donc, le côté divin qu’il ne pouvait imaginer, et voilà qu’il sait. Le nom de qui il est qui résonne au fond de ses entrailles tandis qu’il s’abaisse, finit à genoux devant les pires. Main forte dans ses cheveux tandis qu’il s’avilie. Main forte tandis que gronde une identité qu’on lui ignore, gamin des bas-fonds, trop longtemps déjà qu’il ne cherche plus à briller, étoile mort-née qu’on a noyée. Et c’est dans des draps sales qu’il se noie, instant de solitude qu’il profite, qu’il savoure. Moment en arrêt et le temps qui se plie un peu à ses envies, les minutes qui semblent se rallonger, jusqu’à ce qu’il se décide à quitter l’endroit. La baignoire comme cocon protecteur, comme endroit de repli et l’eau qui murmure et chante à son oreille. Et le garçon qui ne voudrait ne plus sortir. Juste rester dans ce royaume aquatique qui semble être le sien. Juste disparaitre dans l’eau pour de bon. Petite sirène chanceuse, si ton cœur est brisé, tu as cette possibilité de devenir bulle d’écume, de disparaitre. Mais son propre cœur il ne sait pas s’il est brisé ou non. Il ne sait pas s’il l’a détruit de ses propres mains ou non. Éclat de pensée qui le brise et Sora qui finit par sortir de son bain. Garçon qui ne fuit plus. Il sait bien que ce n’est pas la solution. Il ne le sait que trop bien. Oui. Gestes en automatisme, il se prépare pour la soirée à venir. Quitte ou double dans un sens. Un habitué de ses services. Des deux types. Que ce soit de l’accompagner en ville ou de lui tenir compagnie dans des draps. Quitte ou double. Sora qui espère la première solution. L’esprit encore trop en pagaille pour offrir son corps. Des élans de rébellions qui abiment son cœur et pourraient le mettre en danger. Même si c’est Kalen. Il ne craint rien avec lui. Tendresse envers sa personne, gentillesse qui détonne toujours. Le rendez-vous est devant le casino et c’est en âme ombre qu’il s’y traine. Sora qui longe les murs. Enroulé dans un gilet trop grand, il sort de l’endroit, talons haut qui résonne tandis qu’il s’écarte de la porte sans pour autant trop se rapprocher de la rue. Services qui ne sont pas à vendre ce soir. Déjà pris. Silhouette connue qui se dessine, et lorsque les salutations sont échangées, il le suit tranquille, presque soulagé de la normalité qui existe entre eux. « I’m … okay I guess. » Semi-vérité ses états d’âme qu’il ne veut pas exposer, imposer. « Ice cream? » La demande le surprend, l’escort ne peut le nier, mais l’innocence de l’action le fait sourire. Épaules qui se détendent et le rire léger qui résonne un instant. « Depends if you like Asian weird ice cream? » Léger sourire, sa main qui glisse aérienne jusqu’à passer à son bras. Et Sora qui le dirige calmement, le masque enfin posé, et les angoisses rangées.