Le gymnase resplendissait de milles couleurs en ce moment. La recrudescence de violence avait amené de nouvelles recrues à rejoindre les rangs, et le géant celte avait eu beaucoup de travail. Comme le marteau frappant l’enclume, il attendait patiemment son heure pour inculquer à ses jeunes les durs vérités de la vie. Et il faut dire qu’une certaine brune avait squatté son esprit des heures durant, bien malgré lui. Il essaya de s’en débarrasser, mais c’était difficile de lutter contre ces stupides sentiments. Le cœur a ses raisons. Avec la batte traditionnelle, le celte mena donc ses affaires cordialement, l’esprit dangereusement occupé par une femme qui le haïssait probablement. Mais malgré ça, quelques extorsions se passèrent bien. L’incursion des jeunes étaient agréables, et ils apprenaient vite. La menace de la batte était sans défaut. En rentrant à son luxueux loft, Aedan se perdit de passer par l’escalier extérieur, semblable à une hacienda espagnole, ce qui faisait souvent tilter ses compagnons ridicules du Royaume. L’escalier en pierre permettait d’éviter soigneusement les couches-tard qui peuplait encore le gymnase. C’était le problème du celte : il habitait au-dessus de son lieu de travail.

Longue journée, et naturellement le géant entreprit de terminer celle-ci en laissant quelques légumes mijoter sur le feu. Il pouvait se permettre de cuisiner. Il aimait ça. Et il se sentait doucement perdre la saveur des bonnes choses : l’alcool. Alors, cuisiner le rassurait un peu. Mijotant à petit feu, les légumes permirent à Aedan de se jeter à corps perdu dans une douche chaude. L’eau coula quelques minutes. Au diable l’environnement. Et avec lenteur, le celte épongea son corps d’Apollon. Il y avait de la surface à savonner. Il nettoya doucement sa peau, caressa sa cicatrice. Elle lui rappelait un si mauvais souvenir, une maladresse d’une vie qu’il préférerait oublier. Pensif, il y pensait encore.

Puis, un bruit l’éveilla hors de ses songes si étranges. Il s’écria. « Nat ? » Son chien n’allait pas répondre,et pourtant il aboyait pour un rien ce bébé-husky. Ce silence convainquît Aedan d’enfiler sa plus belle serviette autour de la taille, et de se rendre dans son salon. Explorant celui-ci, arme de poing à la main -vieux réflexe à la vie dure - il vit rapidement un visage connu. « Tu viens à l’improviste ? » Dégoulinant sous l’eau de la douche, Aedan n’avait prit la peine d’enfiler un teeshirt. Sa serviette était le seul barrage à sa nullité, et il trouvait ça gênant. Il posa son arme sur la table du salon. Légèrement timoré pourtant, il fixait son invité du coin de l’oeil en souriant. Qu’il l’admette ou non, il était toujours content de la voir.

L’eau chaude avait une saveur particulière. Douce caresse de la vapeur qui s’excitait dans cet endroit contigu, Aedan ne stoppa cette extase que pour répondre à un bruit. Son premier réflexe fut de saisir l’arme dans un tiroir de la salle de bain. Gros calibre. Belle arme de poing imposante à la crosse nacrée. Alors qu’il fit le geste pour s’assurer que l’arme pouvait faire feu, il songea à mettre une simple serviette comme habillement avant de se diriger vers son grand salon, laissant une traînée d’eau derrière lui. L’arme cachée dans son dos, il aperçu Makjen, et posa immédiatement l’arme sur une commode de passage. Nat, qui devait dormir, ne lui fit pas un accueil digne de ce nom, et c’était suffisamment rare pour être souligné. Ce husky était bien trop sociable, bien plus que son maître. Mais il devait dormir. Rien n’était plus sacré que la sieste pour le mignon petit chiot.

Aedan déposa son arme sur une commode et s’approcha. La lumière caressait timidement ses formes de rêve. Bras sur les hanches,il s’étonna de voir ce qui semblait être son invité. Son cœur avait failli bondir hors de son corps en pensant que son visiteur aurait pu être une certaine brune. Ironique, mais pas déplaisant de penser à elle par moment. Mais il ne fut pas mécontent de voir Majken. « toujours, tu le sais bien. Mais je m’attendais pas… à ça. ». Il souriait. Il gloussa une seconde. «  Oh, tu sais.. c’est le résultat d’un long entraînement quotidien. » Il tapa doucement sur ses abdominaux de sorte à faire un petit bruit gras. Il en rigolait presque. Puis, laissant la jeune femme à ses divagations sur les koalas, il répondit. « J’accepte toujours tes câlins. » Il souriait.

Il s’avança doucement vers la cuisine pour vérifier l’état de sa préparation. Il plongea doucement la cuillère en bois, non sans regarder son invité surprise. «  Tu as faim, je présume ? » . Puis soudainement, un aboiement se fit entendre. Le Monstre était réveillé. Oubliez les Minotaures et Basilics, le vrai monstre arriva en furie dans le salon, comme attiré par l’odeur de Majken. Il aboya par trois fois en courant tel une furie autour de Majken, reniflant les pieds de la jeune femme avant de ré-entamer sa course folle à travers le loft. Ravi de la voir, Nat sembler s’épuiser à courir. Il s’approchait doucement d’elle en mendiant une caresse.  

« Gâcheur de câlin ! » maugréa-t-il sur la boule de poil alors que l’adorable petit chiot avait le droit à toute l’attention. Il adorait tous le monde, et Majken ne faisait pas exception. Peut-être même qu’il l’aimait plus que les autres. Il faut dire qu’elle le caressait suffisamment pour gagner son attention et son amour. Nat n’aimait que deux choses : les caresses et la nourriture. Donnez lui une de ces deux choses, et vous serez son héros. Aedan regarde avec un air presque parental les deux acteurs dans son salon, sans se presser pour aller mettre une chemise. Il sourit délicatement. Il les aime bien ces deux acteurs. Et puis les visites de Majken sont si rares.. Il sourit en s’approchant, comme pour rappeler par sa taille imposante qu’il est encore là. Maj ne se fait pas prier et le géant se retrouve rapidement embarqué dans une étreinte forte agréable, sentant la fraîcheur des cheveux de sa protégée sur son torse. Il rend délicatement son étreinte à la jeune femme la serrant doucement dans ses bras. Le Celte est affectueux.

Elle se recule fatalement pour offrir à nouveau de l’attention au chiot, non sans avoir un mot taquin. Le géant rigole à sa plaisanterie, de toute évidence complètement détendu et pour moins gêné par sa tenue. « Qu’est-ce qu’on t’apprend ? Toujours être prêt. La tenue, on s’en fout. » Puis, jetant un petit regard taquin, il ajoute – non sans humour - : « Puis c’est assez confortable. » Il n’a alors qu’à tendre son bras gigantesque pour caresser le chiot prisonnier des bras affectueux de la Valkyrie. Il s’interrompt assez vite, se dirigeant vers la cuisine en ramenant deux assiettes et les couverts qu’il posa sur la table basse. Il revînt une dernière fois avec la casserole de légumes qu’il pose sur un sous-main, non loin des assiettes avant de se poser sur le canapé et de se laisser tomber sur le dossier en cuir si agréable. Il tapota le canapé pour faire venir la jeune femme au plus près. « Raconte-moi tout ce que j’ai loupé depuis que tu es venue, la dernière fois. » Celà ressemblait à un véritable ordre d’un paternel inquiet de voir son enfant partir pour l’université, et soucieux de garder un lien. Ce n’était pas complètement faux dans le cas d’Aedan. « Tu t’entraînes toujours ? »
 

Chemise revêtue, Aedan s’installe sur son canapé. Rapidement, sa petite Majken vînt se poser à ses côtés. Ses jambes s’allongent sur les cuisses d’Aedan qui ne les repoussent pour rien au monde. Au contraire, il s’évertue à les installer le plus confortablement possible. Jetant un léger regard, le géant s’aperçoit rapidement que la boule de poil se refuse à quitter ses bras. Il en sourit. Il est attachant, mais il est aussi chiant. Il est attachiant. Pire qu’un chat. Toujours à vouloir l’attention. Il en était presque fatiguant. Aedan rigole pourtant à voir cette scène. C’est presque comme si le pauvre géant était condamné à voir sa famille réunie. Elle était clairement la fille qui grandissait loin dans ce scénario, et Nat ressemblait au chien acheté pour combler un manque affectif. L’idée fit rire Aedan.

Le rire fut rapidement entrecoupé par le récit des journées de Majken. Aedan se força à sourire. Il n’était pas vraiment rassuré. Il maugréa. « N’oublie pas d’apprendre par toi même. Elle a pas la science infuse. » dit-il. « Sinon, je lui aurais pas recousu la gorge.. » le ton est médisant. Aedan n’avait pas vraiment supporté qu’elle ne le remercie jamais pour son sauvetage. Il se racla la gorge. Tapotant les jambes confortablement installé sur ses cuisses, il chercha des nouvelles à raconter. « On m’a tiré dessus. » dit-il, en se vantant. Les balles avaient la fâcheuse habitude de ricocher. «  J’ai une belle cicatrice. » Le géant se remémora alors la scène. Assez drôle pensa t-il. Il en souriait volontairement. C’était un bon souvenir. Qui d’autre que le Dagda aurait pu considérer ça comme un bon souvenir.. Il réfléchissa, et avoua un autre secret. « J’ai une petite amie aussi. Genre, une vrai. » précisa t-il. Majken ne l’ignorait pas. Aedan était un coureur de jupon. Se consacrer à une femme était une mission impossible pour lui. Malgré tout, il avait trouvé une chaussure à son pied, un chaussure qui tiendrait bien plus qu’une nuit entière. Il jeta un œil à Majken avec son regard fier. Il y avait un miracle dans cette trouvaille.