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Cocktail [pv - Siobhán Kearney]

 :: - ARCADIA - :: cornucopia district
calavera
Aina Summers
BLAZE : Epic
CREDITS : Epic
FACE : Imogen Poots
DOLLARS : 2550
SACRIFICES : 265
PORTRAIT : Cocktail [pv - Siobhán Kearney] Bovp
ANNEES : 305 - 31 ans
CŒUR : Elle aime les coeurs encore chauds et bien juteux
RÉINCARNATION : Oupyr
TALENT(S) : Hypnose et caméléon
FACTION : Calavera
TALON(S) D'ACHILLE : Le soleil, l'ennui et la solitude
JUKEBOX : Girls Just Want To Have Fun - Cyndi Lauper
RUNNING GUN BLUES : Cocktail [pv - Siobhán Kearney] Kz3b
- On mord pas les gens !
- Ah bon ? Hmm, je suis sûre que si.
calavera
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Cocktail [pv - Siobhán Kearney] - Ven 14 Aoû - 11:40


       



L

a nuit, tous les chats sont gris.

C’était ce qu’elle avait entendu, en tout cas, quelque part, sans trop savoir où. Néanmoins, l’oupyr eut beau fixer le matou dans les yeux, chercher, essayer de comprendre, elle ne voyait pas. Ce chat-là n’était pas gris, il était blanc, même de nuit. Il dardait, sur elle, de gros yeux verts aux pupilles rondes à cause de l’obscurité et se tâtait entre fuir l’étrange personnage et lui réclamer un bout de steak. Ou quelque chose comme ça. Aina ne savait pas vraiment ce que ça mange, un chat. Finalement, le félin bâilla, dévoilant de longs crocs jaunes, de part et d’autre de plus petites dents. Ça amusa la blonde qui étira les lèvres et claqua son ongle contre ses propres canines. Apparemment, le mouvement effraya l’animal qui cracha un peu et s’enfuit dans les poubelles.

Aina se redressa et regarda le popotin du félin qui disparaissait dans la ruelle. Elle restait formelle : il n’était pas gris, même si les taches brunes, sur ses cuisses, prouvaient finalement qu’il n’était pas blanc. Elle se détourna de l’obscurité et ressortit dans une avenue de la ville, éclairée par d’innombrables lampadaires. Vivre de nuit semblait simple pour tout le monde, dans une ville comme celle-ci, alors que les lumières inondaient les trottoirs et repoussaient les ténèbres. Comme s’ils avaient peur de voir surgir un croquemitaine à la nuit tombée. La blonde ricana, toute seule, ce qui attira un regard ou deux, et traversa la route sans regarder la circulation. Il y eut bien un coup de klaxon, mais il n’y prêta aucune attention.

Son bébé chat (ou presque bébé) n’avait pas voulu d’elle, apparemment, et Aina devait se trouver une nouvelle compagnie pour passer les prochaines heures et s’occuper l’esprit. Elle s’ennuyait ferme, constamment, et redoublait d’ingéniosité (ou de folie) pour trouver de quoi passer le temps. Arcadia regorgeait de choses étranges qu’elle ne connaissait pas du tout et qu’elle découvrait avec beaucoup de curiosité. Le moindre flash lumineux dans une boutique, le moindre feux de circulation qui, soudain, passait au rouge ou au vert, le moindre passant affublé d’un vêtement qu’elle n’avait encore jamais vu, Aina ne loupait aucun détail et passait, parfois, plusieurs minutes bloquée devant, à essayer de comprendre.

Évidemment, ça ne plaisait pas à tous les passants, mais elle s’en fichait.

Au détour d’une nouvelle rue, tout aussi lumineuse que la précédente, l’oupyr s’arrêta et lorgna, sans la moindre discrétion, en direction d’une rouquine, attablée en terrasse, qui présentait un drôle de bidon. Oh, il ne fallait pas croire qu’Aina ne savait pas de quoi il s’agissait. Même dans les égouts d’Angleterre, on trouvait des femmes enceintes, des accouchements dans des conditions tout à fait déplorables et un taux de mortalité infantile absolument incroyable. Néanmoins, Aina n’avait plus eu l’occasion d’admirer la rondeur d’un tel ventre depuis fort longtemps. Ou, en tout cas, ne s’était plus présentée l’occasion de squatter une femme enceinte depuis longtemps.

La blonde se cala sur le seuil d’une porte d’immeuble, dans un souci relatif de discrétion, et patienta quelques minutes, pour s’assurer que personne ne viendrait lui piquer sa proie du jour. Elle fut interrompue, dans sa surveillance, par la porte qui s’ouvrit sur un homme qui la regarda droit dans les yeux, pour lui indiquer qu’elle dérangeait. Aina fronça ses sourcils sombres, lui rendit son drôle de regard et lui fit la grimace. Non mais ! C’était lui qui la dérangeait, là. Elle ne se poussa pas, inquiète à l’idée d’avoir perdue la trace de la rousse, et dut se retenir de bondir sur le dos de l’inconnu, quand il la bouscula. La blonde n’aimait pas être touchée contre son gré, mais elle était si concentrée sur la chevelure de feu qu’elle n’en fit rien.

À la place, elle se décida enfin.

Aina prit un pas décontracté presque naturel – presque – et longea la terrasse jusqu’à la table de sa cible. Elle se glissa entre deux chaises avec la grâce – ou pas – d’un chaton et se jeta rapidement sur un siège libre, à la table de la rouquine. Peut-être un peu trop rapidement, puisqu’elle faillit glisser de l’autre côté et tomber à terre. Par réflexe, elle se raccrocha à la table, réussit à garder l’équilibre et relever, sur l’inconnue, ses yeux bleus pleins d’envie. D’envie de lui parler, évidemment, mais les oupyrs sont teeeeellement des bêtes incomprises…


Coucou ! dit-il, d’un ton enjoué. Je t’ai vue… euh… faire tomber… un truc. Alors, voilà.


La blonde plissa les paupières, peu convaincue, elle-même, par ce qu’elle racontait. Elle n’avait pas mis au point sa technique d’approche, avant de s’incruster à la table de la rouquine, comme si sa vie en dépendait. Maintenant, de toute façon, il était trop tard et rien de ce que pourrait dire l’autre ne ferait fuir Aina, bien accrochée à sa chaise. Elle pouvait toujours essayer, ceci dit, mais l’oupyr était plus collante qu’un tube de super glue.
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poison ivy
Siobhán Kearney
BLAZE : honey.moon ou le chat
CREDITS : all souls (ava) bandersnatch et jenesaispas (aes profil)
FACE : jessica chastain
DOLLARS : 2269
SACRIFICES : 4327
PORTRAIT : Cocktail [pv - Siobhán Kearney] Tumblr-ofm3vt-Hh9-L1vdr7syo8-250
ANNEES : l'apparence figée dans ses quarante et une années (sept. 78)
CŒUR : doucement réchauffé par le dieu forgeron qui en a relancé la mécanique
RÉINCARNATION : airmed, déesse irlandaise des plantes médicinales ; guérisseuse, empoisonneuse, enchanteresse
TALENT(S) : phytokinésie / contrôle des toxines--par le toucher / connexion végétale / superphysionomie / vérité oculaire
FACTION : an riocht, de retour à la maison
OCCUPATION : ma petite entreprise ne connaît pas la crise ; herboriste - fleuriste - fabricante de cosmétiques - produit des substances divines (propriétaire d'Emerald Garden & l’Élixir) ; supervise la production de nectar à la distillerie
GENÈSE : (primus) stade 7 ; essence retrouvée dans cette vie pour protéger le ventre qui s'arrondit de jour en jour
TALON(S) D'ACHILLE : la tarte au citron - ses enfants - les feux de forêt
JUKEBOX : The Cinematic Orchestra - Arrival of The Birds & Transformation | John Tavener - Funeral Canticle
RUNNING GUN BLUES :
Cocktail [pv - Siobhán Kearney] U7zg

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'Cause I wanna touch you baby, and I wanna feel you too. I wanna see the sunrise on your sins just me and you ; light it up, on the run, let's make love tonight. Make it up, fall in love, try.

Cocktail [pv - Siobhán Kearney] JcCnDZF
« Spending time with you showed me what I've been missing in my life. I have to thank you for giving me the greatest gift ever. I'm scared but If someone asks me, i think i'll answer that the rest of my life looks like you. » ღ pinterest

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« I know it hurts, it’s hard to breathe sometimes. These nights are long, you’ve lost the will to fight ; your heart’s a bird without the wings to fly. But you are not alone, I’ve been here the whole time singing you a song. I will carry you » ღ pinterest

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S.K.
la cité des mâles veille sur le quartier des lunes ; elles veulent y faire leur place et doivent y bouffer du bitume ; de peines, de vaines, tenaces, elles brillent d'audace ; s'enflamment, un flegme, qui brûle ; si belles. bien plus qu'au soleil.

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ANGER AND TEARS
Is that all that's left us after hating all these years? In a house full of anger and a heart full of tears

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« They say mother earth is breathing with each wave that finds the shore ; her soul rises in the evening for to open twilight's door ; her eyes are the stars in heaven watching o'er us all the while, and her heart it is in Ireland, deep within the Emerald Isle. »

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[size=8]Help me out here. All my words are falling short and there's so much I want to say. Please forgive me ღ kearney-killough


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POISON IVY
They used to call me Poison, like I was Poison Ivy. 'Cause I was filled with poison, but blessed with beauty and rage

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EMERALD GARDEN


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Cocktail [pv - Siobhán Kearney] - Sam 29 Aoû - 2:32

cocktail.

@aina summers@SIOBHÁN KEARNEY

Les doigts graciles redessinaient sans fin l'arrondi grandissant au fil des mois. Parfois, ils s’arrêtaient pour mieux percevoir les mouvements, pour ressentir chaque vibration avec intensité. Les douleurs, les chamboulements et la peur du premier trimestre avaient fini par laisser place à ces plaisirs totalement inédits. Son ventre répondait déjà aux caresses prolongées, aux berceuses fredonnées et au son de sa voix. Les yeux brillant d’une lueur exaltée, elle pouvait se perdre des heures dans sa contemplation. Chacune des sensations lui procurant un bonheur infini, elle tâchait tant d’en profiter que de les graver pour toujours dans sa mémoire divine.

Ses gants reposaient sur la table qu’elle avait choisie. Maintenant que ses hormones ne jouaient plus sur la stabilité de ses pouvoirs, et que la chaleur de l’été rendait le port de tout tissu de plus en plus insupportable, elle les ôtait sans trop d’hésitation. Tous les sens décuplés par son état, la Belladone n’en appréciait que davantage cette liberté soudaine et les perceptions découvertes - ou retrouvées pour la plupart.

Sa commande l’attendait près des accessoires, suscitant de temps à autres des regards curieux : une assiette creuse remplie de frites, une coupe de glaces aux couleurs insolites, et dans un verre bien assez grand pour deux, ce qui ressemblait fort à un smoothie, décoré de fruits frais. Elle picorait sans retenue dans un met ou dans l’autre, mélangeait les saveurs quitte à en écoeurer plus d’un, et essuyait souvent ses mains pour consulter son téléphone. A la regarder faire, on aurait dit qu’elle attendait quelqu’un.

C’était précisément le cas. Moins angoissée que ces dernières semaines, la divine s’affichait plus sereine et plus épanouie dans son corps de future maman. Elle s’autorisait des sorties - même si elle n’allait jamais loin, et s’affranchissait peu à peu des pensées négatives qui régentaient sa vie depuis l’enfance. Ce changement salvateur, elle le devait à l’être qui lui donnait envie de vivre au lieu de végéter ou de survivre. A la force tranquille capable de chasser ses peurs plutôt que de les renforcer, à celui qui chamboulait tout et rendait paradoxalement tout si facile qu’elle n’avait d’autre choix que celui de trouver la paix. A celui - bien entendu - qui devait la rejoindre à la terrasse de ce café, avant de la raccompagner chez elle et partager son lit.

Ce ne fut pourtant pas lui qui vint s’asseoir en face de l’herboriste pour lui tenir compagnie.

Alors que l’écran de portable annonçait son retard, la rousse se redressa d’un bond et darda ses yeux pâles sur la silhouette envahissante. De magnifiques boucles blondes entouraient un visage de poupée, un regard aussi bleu que l’océan par temps clair la fixait, mais elle ne s’attarda que sur l’aura grisâtre et le corps putréfié que sa nature divine lui permettait de distinguer quand elle se concentrait suffisamment.

Son coeur rata alors un bond dans sa poitrine. Et puis un autre encore, alors que l’estomac noué et le souffle venant à lui manquer lui rappelaient l’enfer vécu l’année d’avant : elle avait bien failli périr sous les crocs d’une telle créature, et renouveler l’expérience n’avait jamais été dans ses projets.

D’instinct, la future mère s’écarta de la table et recula son siège. Un bruit désagréable résonna dans l’espace alors que les pieds en ferraille glissaient contre les dalles du revêtement. Comme si ça changeait quelque chose, elle entoura son ventre rebondi d’un geste protecteur, déjà furieuse et prête à répliquer si la situation venait à l’exiger. Quelques regards lancés ça et là autour d’elles - la rue était bondée - lui rappelèrent qu’il était tout aussi dangereux pour les surnaturels de se donner en spectacle. Qu’il n’y avait pas encore matière à se défendre et que, par conséquent, elle allait devoir garder son sang-froid tant que l’oupyr se contenterait de lui faire la conversation.  

« Plaît-il ? » demanda-t-elle alors, sourcils froncés et la mâchoire serrée, après avoir tenté de l'ignorer un long moment. Aucune de ses affaires ne manquait à l'appel. Son portable était , son sac à main aussi, ses gants et puis surtout... le bracelet la gênait toujours autour de son poignet, objet précieux qui ne la quittait plus quand elle fuyait l'appartement, et qui serait capable de la protéger en cas d'attaque physique. Le seul rappel de sa présence contribua à rassurer la botaniste, qui refusa malgré tout de se montrer plus avenante. « Vous devez confondre. Et… » Elle désigna l'emplacement de l'oupyr en relevant le menton, tâchant toujours d’éviter son regard et l’hypnose diabolique. « ... la place est prise », s'empressa-t-elle d'ajouter, espérant sans trop y croire que la remarque suffirait à s'en débarrasser...


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Aina Summers
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ANNEES : 305 - 31 ans
CŒUR : Elle aime les coeurs encore chauds et bien juteux
RÉINCARNATION : Oupyr
TALENT(S) : Hypnose et caméléon
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TALON(S) D'ACHILLE : Le soleil, l'ennui et la solitude
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Cocktail [pv - Siobhán Kearney] - Jeu 17 Sep - 10:06


       



L'

oupyr avait, parfois, du mal à comprendre que le monde entier n’était pas aussi joyeux qu’elle voulait l’être, elle, loin des clichés de sa… race – ou peu importait le nom que l’on pouvait leur donner – ou des préoccupations qui, de temps à autre, faisaient vibrer son cœur mort. Elle se persuadait qu’elle pouvait s’incruster à une table pour se faire un ami sans qu’on ne l’envoie bouler ; qu’elle pouvait attraper le bras d’un inconnu et le forcer à la suivre sans que ce fut considéré comme un kidnapping en bonne et due forme. Aina ne pensait pas à mal, dans sa manière d’être, et elle partait trop souvent du principe que ça se voyait.

Ce qui la forçait à oublier qu’elle était et resterait une créature, une morte encore trop vivante, que certains sont prêts à découper en rondelles, à réduire en cendres ou à torturer pour le seul plaisir de débarrasser le monde d’un monstre. À ses yeux, elle était tout autant oupyr que femme, morte que vivante, joyeuse que violente. Elle avait ces phases étranges dans lesquelles elle se perdait, parfois, et qui la poussaient à détruire une vie à la force de ses poings. Pourtant, au plus souvent, la blonde restait une jeune femme qui n’avait pas su connaître la vie avant d’y être jetée de force, ou presque de force, et qui s’émerveillait de la moindre chose. Si elle posait son regard sur quelqu’un, elle ne voyait pas des veines, mais entendait des mots, sentait la chaleur du vivant.

Mais elle restait une oupyr et ce n’était pas elle qui déterminait de quelle façon le monde lui répondait.

Face à cette nouvelle inconnue bientôt connue, Aina se força à ne pas paraître blessée par le recul soudain de la chaise, dans un crissement désagréable qui lui vrilla les tympans. Néanmoins, la blonde n’était pas une actrice hors-pair. Sur son visage, bientôt, une moue triste vint prendre le relai de ses sourires intempestifs et elle baissa les yeux sur la table, la glace, les frites, les gants. Tout ce qui n’était pas les pupilles accusatrices de sa nouvelle amie. Un soupir lui échappa même, comme une adolescente qui ne comprend pas que ses parents ne veulent pas la laisser sortir mais qui sait qu’elle ne peut rien y faire, et Aina s’affala un peu sur son siège.

Heureusement pour elle, malheureusement pour la rouquine, la blonde était persévérante, plus collante que la colle la plus puissante, prête à se pendre au bras du pire criminel, sans aucune peur dans le regard, juste pour qu’il lui offre, enfin, un peu d’attention. C’était tout ce dont elle avait besoin, au final, que le monde lui prouve qu’elle était bien là, face à lui, vivante. La solitude et l’ignorance étaient des poisons puissants qui bouillonnaient dans ses veines avec force, depuis le départ de son colocataire. Elle essayait tout ce qu’elle pouvait pour les réduire à néant, désormais, mais le remède était lent, dur à trouver, et toujours accompagné de ce genre de réactions qui traînait, derrière lui, un peu de son propre poison.

Aina releva ses yeux de chien battu, d’enfant grondé, vers la rousse qui, enfin, lui répondait. Elle les glissa aussitôt vers la table, dans un nouveau soupir, pour prouver au monde entier qu’elle était blessée. Une oupyr blessée, ça existait, oui. La blonde avait beau ne pas être douée pour les approches normales, elle ne méritait sûrement pas un tel accueil. C’était sûr et certain. C’était, du moins, ce dont elle essaya de se persuader alors que la rousse niait les mots de la blonde.

Confondre n’était peut-être pas le bon mot, étant donné qu’Aina avait tout inventé. D’habitude, elle fonçait moins vite et préparait son attaque, pour être certaine que les poissons ne fileraient pas entre les mailles de son filet. Cette fois, attirée par le ventre rond, si rond, elle avait voulu aller trop vite et elle ne pouvait que s’en prendre à elle-même. Cette histoire n’avait pas le moindre sens pour l’humaine et l’oupyr fit une nouvelle moue déçue, cette fois, que ça n’ait pas fonctionné.

Non, non, je ne confonds pas, nia-t-elle, mentant sans honte. J’ai peut-être mal vu. Mais si t’as vraiment perdu un truc, je t’aurai prévenue, voilà.

Elle n’était pas née de la dernière pluie, la blonde, et elle voyait pertinemment que l’autre ne voulait pas croiser son regard. Ça aussi, ça lui arracha un profond soupir, comme l’être mal aimé que l’oupyr était, de par sa nature-même. Que pouvait-elle faire contre ça ? Aina aurait beau crier au monde entier qu’elle n’aimait pas ses pouvoirs, personne ne la croirait. Les siens étaient des prédateurs et la blonde ne déviait pas de cette règle, en vérité. Elle savait juste mieux le cacher.

Oui, la place est prise. Par moi ! ajouta-t-elle, avec un sourire qui disparut rapidement au profit d’une mine triste. Tu attendais quelqu’un d’autre… ?

Ce qui ne voulait pas dire qu’Aina laisserait tomber sa place et partirait en courant. Non, il ne fallait pas avoir ce genre d’espoir avec elle. À la place, l’oupyr s’agrippa aux barreaux de la chaise et se rapprocha, de quelques petits sauts, de sa cible du soir. Si la rouquine ne voulait pas d’elle à cette table, sous prétexte que « la place est prise », alors la blonde pouvait tout aussi bien s’arranger pour qu’il n’y ait plus la moindre chaise de libre sur cette terrasse. Comment ça, ça ne résoudrait rien ? Il ne faut pas briser les espoirs des enfants, voyons.

Bah ! c’est en retard et moi, je suis là ! C’est mieux, non ? (Ses yeux brillaient de joie, essayant de persuader l’inconnue de ne pas la contredire.) Si ça vient, je partirai… En attendant, je te tiens compagnie ! Être toute seule, c’est pas drôle, à deux c’est mieux. Moi, c’est Aina ! Aina Summers.

La blonde tendit une main, les doigts écartés pour prouver qu’elle ne tenait aucune arme, vieux réflexe, et se para d’un grand sourire satisfait. Elle faillit bien donner, approximativement, son lieu de résidence, voire toutes les informations qu’elle pouvait offrir sur sa personne, mais elle se souvenait d’un ami qui lui avait dit de ne pas le faire, alors elle n’en fit rien. Tout comme il était fort à parier qu’elle ne ferait rien de ce qu’elle venait de dire, si, d’aventure, la personne attendue par la rouquine venait à pointer le bout de son nez. Mais ça… c’était une autre histoire.
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FACTION : an riocht, de retour à la maison
OCCUPATION : ma petite entreprise ne connaît pas la crise ; herboriste - fleuriste - fabricante de cosmétiques - produit des substances divines (propriétaire d'Emerald Garden & l’Élixir) ; supervise la production de nectar à la distillerie
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la cité des mâles veille sur le quartier des lunes ; elles veulent y faire leur place et doivent y bouffer du bitume ; de peines, de vaines, tenaces, elles brillent d'audace ; s'enflamment, un flegme, qui brûle ; si belles. bien plus qu'au soleil.

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Cocktail [pv - Siobhán Kearney] - Dim 11 Oct - 11:55

cocktail.

@aina summers@SIOBHÁN KEARNEY

A l’intérieur du ventre rebondi, l’enfant  - sensible à l’angoisse de sa mère, commença à donner des coups. Diffus, légers mais réguliers, comme pour rappeler qu’il était là et que déjà, il était en mesure de se fier à son ressenti.
C’était la première fois qu’une situation pareille les liait tous les deux. La première fois, depuis ce stade avancé de sa grossesse, que la rouquine se sentait perdre ses moyens, rattrapée par un traumatisme difficile à dépasser. La peur, soudaine et prononcée, l’avait fait sortir de sa bulle. Elle n’avait rien à voir avec son anxiété latente, laquelle elle avait réussi à étouffer pour profiter pleinement de cette période ; elle était pugnace et violente, au point de modifier son souffle et son rythme cardiaque, et d’éveiller en elle l’instinct le plus primaire du monde… celui d’une mère devant préserver son engeance.

Pour autant, il n’était pas question de subir ses pulsions et de céder à la panique.  L’esprit vint soutenir la fougue alors, et l’herboriste envisagea toutes les options. La plus sage décision était de prendre son mal en patience. Peut-être de continuer à lui faire la conversation, tout en espérant que l’oupyr finirait par se désintéresser de son cas simplement… Mais rester douce et avenante, c’était bien trop lui demander.

« Qu’est-ce que vous voulez ? » Ses doigts crispés sous la table, la botaniste évitait toujours le regard d’en face. Machinalement, pourtant, l’une de ses mains se remit à fouiller son sac, lentement, sans trop savoir quoi y chercher, comme si l’aplomb de la blonde la faisait douter. Peut-être qu’elle était trop suspicieuse ? Peut-être que la créature lui disait vrai ? Ou peut-être que non, et que la déesse devait persister dans sa défiance.

L’art de jouer la comédie se lisait sur ses traits. Le ton léger, le minois enfantin, l’audace exagérée... tout sonnait fausse innocence. N’était-ce pas l’apanage des buveurs de sang ? L’image véhiculée dans la plupart des oeuvres culturelles, dont ils s’amusaient beaucoup trop… ?
Tout en se posant ces questions, la déesse se souvint dans un flash des crocs refermés sur sa chair, et elle réprima un frisson.

Ses sourcils se froncèrent tandis que ses nerfs étaient mis à rude épreuve. Tolérer une telle insistance n’était pas dans ses habitudes. Il fallait reconnaître que son port impérieux, et l’autorité naturelle de l’irlandaise dissuadaient d’ordinaire les comportements intrusifs. Rares étaient ceux qui pouvaient se targuer de l’avoir à l’usure, et s’entêter quand elle vous disait non, restait toujours très mal perçu…

Le nom que la blonde prononça n’éveilla rien chez l’herboriste. Quelle importance ? Il s’agissait très certainement d’un pseudonyme, d’un nom volé… mais Siobhan n’était pas la mieux placée pour la juger sur ça. Elle soupira, son corps raidi remuant dans son siège au même instant, et observa la main que l’oupyr lui tendait. Un rictus invisible fit trembler ses lèvres alors qu’elle s’imaginait la serrer.

La dernière fois, elle avait manqué de quelques secondes pour écraser sa paume contre l’épiderme glacé. Quelques secondes pour commander à son pouvoir et diffuser le poison qui aurait dû la sauver. Mais aurait-ce seulement eu l’effet escompté sur une créature de la nuit ?
La déesse grimaça, et refusa de s’adonner à ce geste de bienséance. « Vous le regretteriez... », murmura-t-elle doucement, à demi menaçante, espérant tant se montrer dissuasive qu’attiser la curiosité de l’importune. Au fond, peut-être que si elle comprenait qu’elle avait affaire à plus fort qu’elle - et ce même si la divine n’en était pas certaine - cette rencontre finirait bien ?

« Il y a des gens seuls à d’autres tables », renchérit-elle en balayant furtivement la terrasse du regard. Des hommes, des femmes, mais pas d’êtres surnaturels. Dans cette catégorie là, il n’y avait qu’elles. « Pourquoi vous asseoir à la mienne ? » Simple hasard, désir de distraction, le tempérament de la rousse l’empêchait fortement d’y croire. Soit elle cherchait du sang divin… soit des informations sur le Royaume.


 

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Cocktail [pv - Siobhán Kearney] - Dim 25 Oct - 9:48


       



P

arfois, la blonde avait la vie dure, le besoin de compagnie écrasé par le refus des autres. Elle s’éclatait contre un mur et devait repartir, la tête basse, à remettre en place, avec un peu de colle, les morceaux d’elle-même qui commençaient, peu à peu, à s’effriter, à ne plus concorder. Aina se trouvait, ce soir, face à l’un de ces murs qu’elle regarda de loin, avant de bondir dessus. Évidemment, elle se confronta à un nouveau refus, un non catégorique qui ne résonna qu’à ses oreilles. Et si des morceaux d’elle-même tombèrent à terre, elle revint à la charge, inlassable, persuadée de pouvoir trouver une faille et se frayer un chemin.

Aina avait, au moins, la force du désespoir, le besoin de toucher les vivants, plus qu’eux n’avaient, un jour, le besoin de toucher les morts. Ce qu’elle était sans l’être vraiment. Un paradoxe sur deux jambes qui se heurtait à d’autres contradictions : la gamine tueuse à gages, l’Anglaise au prénom suédois, l’élève sans plus aucun maître. Des inverses qui passaient, généralement, pour des mensonges et lui valaient des regards méprisants, la prudence des vivants. Ce n’était pas loin de la vérité, pourtant. Aina n’était pas son prénom, elle n’était plus l’élève de Rasmus et gamine… L’avait-elle été un jour ? si vite jetée dans les rues britanniques, à devoir brandir des lames pour se frayer un chemin jusqu’à la vie.

Son caractère, sa manière d’être, son besoin presque vital de s’incruster chez les vivants, dans leur monde qu’elle ne connaissait pas, s’écrasaient contre la vérité et la plupart ne voulaient pas lui parler. La méfiance dans le regard, la prudence dans les gestes, Aina pouvait le voir, le comprendre, l’apprécier, mais elle ne pouvait pas s’empêcher d’en être attristée. Dans ses contradictions, elle aimait voir la confiance du monde, alors qu’elle était, elle-même, incapable de lui faire confiance. Face à sa belle inconnue gonflée comme un ballon, la blonde aurait aimé, aussi, moins de défiance et elle ne pouvait, pourtant, pas lui en vouloir totalement.

Le besoin de protéger, elle connaissait.

Face à la question, l’oupyr ouvrit la bouche, réfléchit quelques secondes, et la referma sans pouvoir expliquer ce qu’elle voulait. Que voulait-elle vraiment ? Même elle n’était pas sûre d’avoir la réponse à cette question. Elle se contentait de faire ce qui lui passait par la tête, de voleter d’une information à une autre, d’une nouveauté à une autre, d’essayer de comprendre, sans faire, la moitié du temps, l’effort de comprendre, persuadée que le monde continuera de faire attention à elle si elle ne comprend rien. Alors, oui, peut-être était-ce ça, qu’elle voulait, mais pouvait-elle le dire à l’inconnue ?

Un peu de ton temps ? Discuter ? Apprendre des choses ? Devenir ton amie ? Faire passer le temps jusqu’à la prochaine nuit ?


La franchise au creux du ventre, Aina battit plusieurs fois des cils et sourit, pour prouver, à sa manière, qu’elle pensait ce qu’elle disait et qu’elle disait, plus ou moins, ce qu’elle pensait. La rousse n’était qu’un bon moyen de faire passer le temps plus vite, de la porter vers la nuit suivante, à attendre devant la porte de la maison que son ami rentre. Ce qu’il ne ferait pas, elle le savait, mais l’espoir avait quelque chose de doux et d’amer tout à la fois, une drogue à laquelle elle s’était faite et qu’elle ne voulait plus quitter.

Une fois encore, Aina se heurta à son mur et de nouveaux éclats cliquetèrent sur le sol de son esprit, mais il n’était pas encore l’heure de tout ramasser pour tout recoller. Elle laissa sa peine s’affirmer sur sa mine triste et baissa la main que l’autre ne voulait pas serrer, comme si l’oupyr pouvait la tuer, là, au milieu de la terrasse, en refermant ses doigts sur ceux de la mère. Peut-être pouvait-elle le faire ? Mais elle n’y réfléchissait même pas, seulement mue par un besoin de toucher, de sentir la chaleur du vivant, des cœurs battants.

D’accord…


Se contenta-t-elle de soupirer, tout bas, comme un enfant grondé qui capitule devant ses parents, même si, au fond de ses yeux bleus brillaient des convictions différentes. Aina était persuadée, elle, qu’elle ne regretterait pas de fermer ses doigts sur ceux, si blancs, de sa nouvelle amie (si, si, amie, ça ne se discute pas). Mais que pouvait-elle dire pour se défendre du rejet, brutal, auquel elle venait de faire face ? Pas le moindre mot, dans l’esprit de l’oupyr, ne pourrait apaiser la crainte de la future mère. Aina le savait. Aina décida de se taire. Exploit à noter dans le calendrier.

La menace avait, tout de même, quelque chose de néfaste, de mauvais, qui s’infiltrait dans le cœur de l’oupyr et lui donnait, toujours, ce besoin étrange de se protéger. Pour une fois, Aina laissa couler. La menace ne fut qu’un souffle glacé qui tomba dans sa nuque et disparut au loin, sans la toucher. La menace était, au final, moins violente, pour elle, que le rejet, encore le rejet, et la peur de l’autre face au monstre qu’elle était. Pourtant, l’oupyr le jurait et le jurerait à qui voudrait l’entendre dire : son inconnue n’avait rien à craindre d’elle et l’oupyr s’efforcerait de la protéger du monde. Personne n’a le droit de menacer une mère. Foi d’Aina !

Tant pis pour eux… souffla-t-elle, tout bas, en soupirant tout l’air de ses poumons.


Aina était, sans le moindre doute, parée de toutes les mimiques des enfants qui n’ont pas eu le droit à leur caprice. Qui n’ont, en vérité, même pas eu le temps de faire un caprice. Les épaules voûtées, elle regardait ses propres mains qui se battaient sur ses cuisses, et poussait quelques soupirs intempestifs, signe numéro un de désapprobation et de mal-être suprême chez les adolescents. Puis ses yeux bleus se redressèrent lentement, glissèrent, sans conviction, sur les autres tables, les visages seuls qui n’avaient pas eu le droit à sa présence. Elle pourrait les squatter aussi, oui. Elle n’en avait pas envie. Nouveau soupir.

Pourquoi m’asseoir à une autre ? Tu avais l’air gentille.


Cette fois, l’oupyr attaqua d’un reproche à peine voilé et d’un regard qui se posa, un instant, sur sa victime du soir et prouva qu’elle était déçue face à la vérité : elle n’est pas gentille du tout. Évidemment, ce genre d’attaques marchaient d’un enfant à un adulte, mais il y avait peu de chances que la réponse, même si elle était plus ou moins vraie, suffise à la femme aux cheveux roux et aux yeux si bleus qui, pourtant, continuaient de ne jamais la regarder. Aina gonfla un peu les joues à ce constat.

Pour ça. (Elle pointa, du doigt, le ventre rond, si rond, et caressa pensivement son propre ventre tout plat.) Ça faisait longtemps que j’avais pas vu de femme enceinte. C’est tout rond. C’est trop mignon !

L’excitation était revenue dans ses yeux clairs et Aina redressa le dos. En vérité, elle croyait bien ne plus avoir vu de femme enceinte depuis que Rasmus l’avait arrachée à son caniveau pour l’enfermer dans une maison. Ce qui commençait à faire long, très long. Et la blonde était loin de se douter que les accouchements avaient bien changé, ainsi que la mortalité infantile ou les risques, les enjeux… bref, tout ce qui tournait autour de la question.

C’est le père que tu attends ? Il est comment ? Il y en a beaucoup, là-dedans ?


Oui, bon, Aina avait, peut-être, lu un peu trop de contes de fée et jamais vraiment compris que « et eurent beaucoup d’enfants » ne voulait pas dire tous en même temps.
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Cocktail [pv - Siobhán Kearney] - Dim 1 Nov - 13:48

cocktail.

@aina summers@SIOBHÁN KEARNEY

Il lui avait fallu de la force, beaucoup de travail sur elle-même et de réassurance pour se balader dans les rues, vaquer à des occupations humaines, et profiter de son statut comme toute future mère l’aurait fait. Vivre cette vie ardemment désirée était une véritable aubaine et l’irlandaise tâchait de se donner cette chance du mieux qu’elle le pouvait. Elle comptait pour cela sur le père de l’enfant, son ancre et son modèle,  mais malgré tout le bien qu’il lui faisait en l’exhortant à vivre plutôt qu’à subir, elle restait incapable d’oublier que tout rêve pouvait prendre fin d’une seconde à l’autre. Elle avait beau se protéger, avoir gagné en puissance et su se mettre ses ennemis potentiels dans la poche, elle n’en restait pas moins une cible comme les autres à Arcadia. Une cible de choix même, de par son passé trouble et mouvementé, ses talents convoités et la vie à laquelle elle aspirait maintenant. Pace et elle le savaient tous les deux. Ils avaient pris leurs décisions en connaissance de cause, et même s’ils avaient su apaiser les tensions chacun de leur côté, le risque de voir leur famille exploser en plein vol ne serait jamais écarté. C’était sa première chance - peut-être même la seule avant des vies entières, et cette pensée sinistre lui souleva le coeur.

Perdre l’enfant à naître, ceux qu’elle avait déjà, ce bonheur simple caressé du bout des doigts, resterait sa hantise. Qu’importe l’illusion qu’elle voulait bien donner et à laquelle elle s’efforçait de croire, elle serait toujours ravalée par ses angoisses à un moment ou à un autre. Il suffisait de situations comme celle qui se jouait sur la terrasse de ce café, a priori sans grand danger mais soulevant les interrogations, pour qu’elle se remette à douter et à gâcher ses nuits.  

« Je n’ai pas besoin d’ami. Je n’ai rien à vous apprendre et… je ne suis pas gentille ».
Etait-il besoin de préciser ? Trop aveuglée pour se rendre compte de la peine qu’elle causait, l’Empoisonneuse ne prenait pas de gants… Et ces derniers, justement, furent soigneusement récupérés et glissés dans son sac.

Le doigt blafard qui se tendit vers elle, lentement, lui donna l’impression exagérée qu’on voulait lui arracher le fruit de ses entrailles. S’accaparer ce qui y grandissait de jour en jour et ce qu’elle chérissait le plus au monde.
Elle voulut s’en aller sur le champ, mais une douleur nouvelle vint lui couper le souffle et entraver ses intentions. La rousse ferma les yeux une seule seconde - pas plus, n’aurait-ce pas été suicidaire ? - et entoura son ventre de ses bras, barrière absurde qui contribuerait toutefois à la calmer.

Fausse contraction, déclenchée par le stress, par la contrariété ; rien d’inquiétant mais le signe qu’elle devait rester tranquille, cesser de vouloir s’échapper et respecter le plan de la soirée. Quand bien même l’italien avait annoncé du retard.

Aux questions de la blonde, elle fronça les sourcils. Si elle n’avait pas l’intention de lui faire ce plaisir, le moment était mal choisi pour réfléchir à ses réponses de toute façon. Pace représentait déjà beaucoup de choses, mais il était trop tôt pour qu’elle se les avoue - plus encore pour l’entendre les dire à quelqu’un d’autre. Si elle s’était sentie à l’aise, elle aurait pu rester sur du classique : parler de son physique et de ses origines, évoquer son métier, son passé, ses traits de caractère ; le feu qu’il réveillait entre ses reins, le coeur gonflé dans sa poitrine quand elle pensait à lui et leurs projets communs... Et surtout la reconnaissance qu’il lui inspirait déjà, pour lui avoir fait réaliser tout ce qui lui manquait, et contribué à combler ce vide.

Mais ces choses là aussi, elle les gardait pour elle, qu’importait la confiance accordée aux curieux.

Elle soupira et le chercha des yeux sur l’avenue, sachant pertinemment qu’elle ne l’y trouverait pas. Elle avait hâte - ce soir plus que jamais - de se blottir contre lui sous les draps, quitte à mourir de chaud.

« Dangereux », finit-elle par confier à l’oupyr, tirant son inspiration de sa dernière pensée. Et ça lui rappela une fois de plus les oeuvres lues dans ses années adolescentes, les films de Jordan et Coppola, la peau des vampires extrêmement inflammable. « Je sais ce que vous êtes », s’empressa-t-elle de rajouter, les yeux posés sur son visage mais toujours loin de son regard. « Je n’ai jamais aimé Dracula ». Même si, avec ses boucles blondes et sa jeunesse impertinente, sa vis-à-vis avait plutôt l’air d’une Claudia.

Discrètement, elle s’efforçait de rythmer sa respiration, comme on le lui enseignait dans les cours de yoga prénatal. La déesse y songea, tout à coup, à ses séances hebdomadaires, et l’éclair de conscience la traversa sans crier gare. N’avait-elle pas déjà aperçu la créature, une fois, en quittant le parking chez Sophia… ?

« Je vous ai déjà vue... », siffla-t-elle, sans parvenir à s'empêcher de lâcher cet aveu.

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Cocktail [pv - Siobhán Kearney] - Jeu 19 Nov - 9:21


       



L'

attaque fusa sur l’oupyr à la vitesse de la lumière et la puissance de la foudre, plantée directement dans son petit cœur qui ne battait plus depuis longtemps. Ou qui ne battait plus comme celui des vivants. La blonde ouvrit la bouche, pour répliquer, trouver les mots pour se défendre, pour faire comprendre que ça ne se faisait pas, que c’était méchant. Néanmoins, les sons restèrent coincés dans sa gorge et elle se contenta de baisser les yeux, regarder la table, devant elle, en étudier les moindres détails. Tout était bon à inspecter, tant qu’elle ne regardait pas son interlocutrice.

Si elle se souvenait de quelle manière le monde pleurait, elle l’aurait peut-être fait.

Un petit trou enfoncé loin dans son âme, Aina eut presque envie de se lever d’un bond, drama queen jusqu’au bout des ongles, secouer ses boucles blondes et s’échapper, dans un grand éclat de voix, le cœur réduit en miettes par ceux qui ne l’aimaient pas. Mais qui l’aimait ? La question perça plus loin, encore, et l’oupyr se contenta d’un profond soupir, entre ses lèvres immobiles, sans plus savoir ce qu’elle pouvait répondre.

Elle aurait pu s’insurger, taper du poing et assurer que c’était égoïste, qu’Aina, elle, avait besoin d’ami, qu’elle n’en avait pas un seul et qu’elle savait, au fond, qu’elle n’en aurait jamais. Elle aurait pu assurer, avec des exemples simples, que la seule posture de la rousse, assise en terrasse, lui apprenait déjà beaucoup de choses. Enfin, elle aurait pu avouer qu’elle non plus, elle n’était pas gentille, elle ne l’avait jamais été et elle ne le serait sûrement jamais, rangée dans la case des monstres avant d’avoir pu parler.

Aina garda le silence.

Blessée par le rejet le plus violent qu’elle ait eu à affronter depuis quelques semaines, la blonde resta immobile, statue de glace figée sur sa chaise, en terrasse, que la ville aurait tôt fait d’exhiber comme un trophée. Regardez ce que l’on fait aux monstres, de quelle façon on les aime. Aina ne voulait pas être aimée de cette façon-là. Elle releva, enfin, ses yeux bleus sur ceux si fuyants de son interlocutrice. Comment fit-elle, l’oupyr, pour ne pas fuir à son tour ? se réfugier chez elle, se perdre dans un des lits moisis et disparaître de la ville, de leurs vies, pour quelques nuits ? Fut-ce dû à un déni bien à elle, un rejet total de la vérité ou une naïveté exacerbée qui la poussait à croire qu’elle ne finirait pas par se sentir menacée, attaquée ? Et il ne valait mieux pas qu’elle se sente en danger.

L’attention de la blonde revint sur son interlocutrice à l’instant où elle offrait, comme une évidence, une menace qui fit frémir la créature. Dernière défense de la proie acculée qui, soudain, montre des griffes jusque là cachées, Aina eut presque envie de répondre qu’elle aussi, elle était dangereuse, qu’il ne fallait pas l’oublier, qu’elle restait et resterait à jamais le monstre que le monde voyait en elle. Heureusement, elle se contenta d’un petit sourire. Un sourire sans arrière-pensée, sauf celle qui lui jurait, qu’au moins, la femme enceinte ne devait pas craindre le danger, s’il venait plus volontiers de celui qui était censé la protéger.

Ce que je suis ? répéta-t-elle, la tête penchée sur le côté, en attente d’une illumination divine, peut-être. Je suis Aina Summers ! Je l’ai déjà dit, non ? Oh.


Le regard si bleu de l’oupyr se voilà un instant. Sa cervelle cherchait à la protéger de la blessure, de la lame enfoncée droit dans son cœur par les mots de la rousse, mais elle ne pouvait le faire indéfiniment. Cette fois, elle compris le sous-entendu et ne l’aima pas. Parce que l’autre ne la regardait toujours pas. Parce que l’autre ne l’aimait pas. Alors, Aina bouda, comme elle savait si bien le faire, les sourcils froncés sur ses yeux clairs.

Tu veux parler du monstre que tu détestes ? Oui, c’est ce que je suis.


Ce que l’on a fait de moi, mais les mots restèrent coincés dans sa gorge et la blonde détourna le regard. Elle n’avait rien demandé, elle, pas plus que son interlocutrice n’avait choisi de naître avec des cheveux flamboyants qui brillaient si fortement. Pourtant, aimerait-elle qu’on lui reproche d’être rousse ? Ça n’aurait aucun sens. Et la comparaison n’en avait que pour Aina. Mais la blonde était blessée. Elle préférerait, largement, qu’on lui reproche d’être une idiote. Sur ce point-là, au moins, elle avait un minimum d’emprise. Alors que sa nature… à part marcher sous le soleil et se jeter dans les flammes, comment pourrait-elle s’en défaire ?

Qui est Dracula ? demanda-t-elle, soudain, en regardant autour d’elle. J’aime pas son nom. Il est là ? Je peux lui dire de partir si tu veux. Dracula… Dracula…


Non, Aina ne connaissait rien des mythes sur les vampires. Élevée par la rue, elle n’avait appris à lire que récemment et se contentait, la plupart du temps, de livres pleins d’images, comme ceux des enfants. Il était plus souvent question de contes de fée que d’histoires d’épouvante. Elle connaissait Cendrillon, mais les monstres n’étaient que des syllabes étranges, des impressions de déjà entendu qui n’allaient pas plus loin.

Ah bon ? (L’attention de la blonde revint brusquement à la rousse, dans une envolée de boucles blondes.) Où ça ? Je t’ai jamais vue, moi. Sinon je m’en souviendrais. Je crois. Je cours un peu partout, alors c’est pas impossible.

La blonde n’avait pas vraiment de filtre et avouait tout sans la moindre honte. Oui, elle était un monstre. Oui, elle passait son temps à courir dans tous les sens. Oui, elle avait très envie de comprendre pourquoi l’autre pensait l’avoir déjà vue quelque part. Oui, sa joie de vivre ou survivre en avait pris un coup, depuis le début de cette entrevue. Non, elle ne comptait pas le garder pour elle. Aina préférait donner des mots à ses sentiments, la plupart du temps. Une très petite part du temps.

Si tu étais déjà si méchante, la première fois, je m’en serais souvenue et je ne serais pas venue. Je serais allée voir mes amis plutôt.


Ce qu’elle dit sur le ton boudeur de la gamine recalée par la seule personne à qui elle avait vraiment voulu parler, avec qui elle voulait jouer. Sans méchanceté. Lucjan, Winston, Sophia, qui aurait-elle pu squatter ? Aina n’avait que l’embarras du choix et, pourtant, il ne lui semblait pas avoir le moindre ami. Au fond, chacun eux finirait par s’effrayer de ce qu’elle était, de ce qu’elle pouvait faire, de ce qu’ils pensaient qu’elle ferait, incapable de se contrôler, parce que les monstres sont incontrôlables. Et ce même si le sien, bien au chaud au fond d’elle-même, passait son temps à dormir, comme un petit chat roulé en boule dans son coin.
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