Il se perd ainsi jusqu’à n’être plus capable de respirer, souffle coincé à la commissure de ses lèvres à l’instant où le renard atteint le paroxysme du plaisir. Incapable de réfléchir davantage, le corps s’affaisse sur celui de son amant du soir qu’il n’avait pas prévu, respiration devenant erratique contre la peau de son cou durant de trop longues secondes. Il est comme vidé de toute énergie, dans l’incapacité la plus totale de se mouver et s’empêcher de l’écraser. La question qui s’envole dans les airs est voilée du plaisir qui en son sein vient tout juste d’éclater et il ne peut s’empêcher de plisser le nez à la réponse du môme. Alors seulement il s’écarte du corps suffisamment pour prendre place sous les draps et s’installe confortablement, flottant encore dans une bulle qu’il se refuse à briser. Les ténèbres sont en paix avec la part d’humanité qui subsiste, pour la première fois depuis longtemps, la voix intérieur de Cael ne résonne pas dans un coin de sa caboche, le meurtrissant à coup de
t’as pas honte ?! Car la créature n’a jamais honte de rien, elle prend, se sert, et ne doute jamais. De rien.
Allongé de profil, l’obscur s’endort bien vite, termine de céder à l’appel des bras de Morphée dans lequel il se donne plus qu’il ne le faudrait. L’alcool a fini par avoir raison de lui, plafond tournant bien trop vite à ses prunelles émeraudes pourtant transpercées de brun. Il ne voit pas le regard d’Ezeckiel sur sa personne ni même ne le devine, bien trop profondément perdu dans un sommeil réparateur, libre de toute perversité ou besoin abjecte de se montrer vil. Ainsi endormi, il ne parait jamais aussi jeune et apaisé, presque trop adorable pour que l’on ne puisse soupçonner le vice qui le ronge depuis tant d’années. Il en est ainsi jusqu’au matin, premières lueurs du jour passées où, corps nu s’étalant sur le ventre, nulle lumière ne saurait venir le troubler. Il accorde du temps au greffier sans le savoir, ce dernier observant chacune de ses courbes reposées, points noirs visibles dans le bas de son dos, comme la veille. Imperturbable même lorsque le gamin se lève il demeure perdu dans ses songes jusqu’à sentir les baisers qui pleuvent dans son cou et la silhouette chaude tout contre son dos. «
Mmh… » qu’il marmonne, yeux fermés et cheveux ébouriffés de ne pas avoir été séchés convenablement la veille. Lentement, il s’étire sous le corps d’Ezeckiel, en proie au réveil et sent sa peau frissonner aux mains décidément bien baladeuses. Lentement, l’esprit reprend contenance et se remémore des évènements. Oui, c’est bien lui qui l’a laissé rester ici. Que le greffier s’en sente honoré, cela n’arrivait pas souvent. Ce qui le fait surtout tiquer est le…
Docteur. Il n’a pas pour habitude de jouer au docteur et à l’infirmière avec les quelques amants d’un soir qu’il a pu avoir.
Il ne saurait dire combien de temps il reste ainsi avant que ses émeraudes ne s’ouvrent sur la lumière matinale, doigts du gamin encore plaqués entre son torse et le matelas. Il pourrait lui demander s’il a bien dormi, mais le fait est que Cael ne demande pas ce genre de choses au réveil car il n’est d’ordinaire plus là pour le faire. Chose qu’il n’avouera jamais également : il n’a jamais été en
couple donc il ne sait pas ce que c’est. Laissant échapper un long soupir tandis qu’il s’étire une seconde fois, il ose enfin donner le plaisir de faire résonner sa voix rauque du réveil dans le silence ambiant de la pièce. «
Il y a du café dans la cafetière si tu veux. ». A faire réchauffer, certes, mais du café tout de même. L’autre urgence contre laquelle le psychologue essaie de se faire violence est la chaleur de ce corps contre le sien. S’il ne se décroche pas de lui tout de suite, il y a fort à parier qu’il va repartir dans de nouvelles envies peu catholiques… Alors il se retourne afin d’être sur le dos et remonte les draps sur lui au passage qui se sont fait la malle. «
Quelle heure il est ? ». Il n’a pas son téléphone et à en juger par le sous-vêtements qui a repris place sur le brun, il est debout depuis plusieurs minutes. Non pas que Cael souhaite qu’il s’en aille – peut-être un peu dans le fond, ou pas. Il ne sait plus – mais il a surtout des rendez-vous très important qu’il ne peut rater… Même pas pour les beaux yeux de son… De son… De son quoi déjà ?