Le ciel commence doucement à se colorer, empruntant au soleil des tons orangés alors que la mer reste d'un gris métallique imperturbable. L'été arrive à grands pas et même le vent ne refroidit pas le fond de l'air. La brise souffle souvent sur la baie et la main du jeune Russe a beau passer sans arrêt dans ses cheveux, ces derniers finissent toujours ébouriffés. Il vérifie sa montre. L'heure n'a pas avancé de cinq minutes depuis la dernière fois. Il le sait, le mélange d'excitation et d'anxiété qui pèse sur son ventre ne l'aide en rien à mesurer le temps qui passe. Et le roulis des vagues sur la plage, un peu plus loin, au pied des dunes, n'aide pas. Daniil pourrait sans doute passer des heures à contempler les vagues. S'il n'y avait pas les cadavres de la Bratva et des autres organisations un peu plus loin dans la baie. Il a entendu dire que la Calavera lance les corps nus, entourés de barbelés, attendant que la décomposition gonfle les carcasses pour que le fil les coupe en petits bouts. S'il n'était pas une des raisons de la présence ici de ces damnés. Il se dit, que peut-être un jour, ce sera lui qu'on jettera à la mer, à la lueur de la lune. Lui qu'on privera de sépulture, de mémoire, de dignité, encore une fois. Si la mer ne lui rappelait pas son entretien avec Écho et l'horrible pompier, peut-être, aussi, que ce serait plus simple de regarder l'étendue sans fin. Si la mer, ça ne lui rappelait pas à quel point la Russie lui manque, à l'opposé, avec ses pleines à perte de vue. L'idée selon laquelle ce rendez-vous n'est pas une bonne idée s’immisce en lui. Que la mer, elle est magnifique et sauvage, mais qu'elle est si loin de son monde. Daniil voudrait que ce dernier soit fait des toits de Petrograd enneigée, des rues blanches, du froid mordant, de tchourtchkhela, de sa langue maternelle. Mais pas de celle que les Russes d'Arcadia vomissent. Pas celle qui l'oblige à plonger dans ses visions. Pas celle qu'il débite, les yeux vident et l'âme vaseuse, alors qu'il dénonce les traîtres, qu'il regarde les ennemis de la Bratva se faire crucifier par sa haine. Non, il veut entendre les mêmes sons que prononçait sa mère en lui racontant les contes de leur pays natal. Ceux que chantonnait à toute vitesse Maria dans sa petite boutique. Ce ne sont que des rêves. Son monde, il est fait d'un sang invisible qui tache ses mains, qui brouille son esprit, qui lui hurle qu'il est un meurtrier et qu'il peut faire autant de tours de magie qu'il veut aux gosses, il le restera toute sa vie. Qu'il peut se donner l'illusion d'être normal, qu'il peut donner à tous un sourire, que derrière les cernes, il n'y a qu'une détresse trop grande pour être prononcée. Ce serait l'humiliation de trop, ce serait rendre sa dernière arme et s'avouer vaincu, possédé par une organisation qui le regarde manger dans la paume de sa main depuis neuf longues années.
Il contemple l’océan, cligne des yeux. Il essaie de sortir de ses pensées, essaie de balayer les souvenirs de sa dernière vision. Il y avait deux hommes et une femme. A l’étage un gamin. Beaucoup de sang et de supplications. Il y avait la haine et une joie mauvaise. A la fin, il y a quatre morts. Ça, il ne l’a pas vu. Ça, il le sait, en est certain. Il regarde sa montre. Il peut encore partir, Merlin n’est pas encore là, Daniil a encore deux minutes d’avance. Il essaie de se rappeler la raison de sa présence ici, ce soir, sur le sable encore tiède. Il repense aux sourires de Nadia, sa collègue, quand il lui a dit qu’il partirait plus tôt du boulot ce soir. Il repense à son rire quand elle lui a dit de profiter de la soirée. Il a peut-être rougi, il ne s’en souvient plus. Il essaie de se souvenir du plaisir timide ressenti en recevant le message de Merlin, la veille. De la pointe d’espoir. Il essaie de se concentrer sur le bruit de la mer, l’odeur de sel et le bruit, plus loin et porté par l’écho, d’une femme qui rit. Ça le calme un peu, ça chasse l’angoisse et l’envie, le besoin de partir. Il se dit que ce serait trop facile. Que la Bratva le pourrirait jusqu’au bout. Que ce soir, il est pour lui et que ce serait injuste de passer son temps à regarder par-dessus son épaule, presque résigné à l’idée de voir un de ses hommes arriver pour lui demander de venir. C’est déjà arrivé, de nombreuses fois. Un moment personnel réduit à néant à cause d’une prédiction meurtrière que les Russes ne peuvent et ne veulent pas attendre. Il se souvient du sourire de Merlin, de la manière dont ses yeux se plissent, dont son bras peut frôler le sien avec une légèreté innocente. Il se souvient du rire dans ses prunelles et du sentiment déroutant de liberté en sa présence. Quelque chose d’étrange et d’enivrant, que Daniil n’a pas envie d’abandonner, qu’il est prêt à découvrir, si on lui en laisse l’occasion.
Les couleurs joyeuses se font plus vives alors qu’il s’agite. Il aurait dû le savoir, que Merlin ne se pointerait pas à l’heure qu’il a lui-même donnée. Ça tire un sourire au brun et quand il entend enfin des pas derrière lui, ses yeux s’illuminent vraiment. Daniil s’avance vers lui, s’arrête à quelques pas, a envie de les franchir, mais est arrêté par une prudence dictée par un passé trop tumultueux. Les prochains mots sont soufflés du bout des lèvres, sans doute emportés par le vent. - Salut … Il hausse un peu les sourcils et détourne le regard sur la mer. Il comprend pourquoi Merlin a choisi cet endroit. Il comprend maintenant qu’il est là. - Tu fais pas les choses à moitié toi … Bien sûr que non et il le sait déjà.
you and i we can light up the sky, if you stay by my side, we can rule the world ✻✻✻ Comme monté sur des ressorts, il court partout, essayant tant bien que mal de rassembler une tenue acceptable. Son caleçon a beau être confortable, il ne suffit pas. A la va vite, Merlin attrape un jean qu’il enfile tout en se dandinant. Inquiet de l’état du dit jean, il baisse les yeux et l’inspect. Mis à part les deux trous aux genoux, tout semble parfait. Pour être sûr, il passe devant le miroir et lisse les quelques plis qu’il y aperçoit. Avec un peu de chance… Le sourire aux lèvres, il plonge ses mains dans les poches avant de finalement en ressortir plusieurs billets de vingt. Parfait. Heureux, il se regarde une dernière fois dans le miroir. Par habitude, il laisse une de ses mains glisser sur son torse encore nu alors que son regard s’attarde sur son visage. il est cerné et ses cheveux sont beaucoup trop longs. Meh,peu importe ! Pensa-t-il tout en haussant les épaules. Daniil ne le jugera pas. Il est beaucoup trop gentil pour ça... Sans pouvoir s’en empêcher, il sourit, niais. Qu’il en soit conscient ou non, Daniil a toujours eu un effet particulier sur Merlin. Une torture pour le réincarné qui se sait bien trop instable pour lui. Daniil mérite mieux. Il en est persuadé. Pourtant, malgré cela, une petite partie de lui continue d’espérer. Avec un soupire las, il s’éloigne du miroir. Il ferait peut-être mieux de tout annuler. Pas vraiment sûr de ce qu’il est censé faire, il se mord le coin des lèvres avant d’attraper son téléphone. Quelques secondes lui suffisent pour trouver le numéro de Daniil. Un numéro qu’il fixe quelques secondes, sans réelle conviction. Dani est un gars bien. Un gars que la vie n’a pas épargné et qui mérite d’être diverti… Doucement, les yeux de Merlin glissent, passant du numéro à l’heure… eh merde ! Balayant ses doutes, il jette son téléphone sur son lit et attrape un pull à grosses mailles qu’il enfile sur sa peau nue. Le pull est beaucoup trop grand pour lui mais c’est justement ce qui fait la beauté de la chose. Vite, vite, vite… A la va-vite, il se recoiffe avant d’enfiler ses chaussettes et ses chaussures qu’il ne prend même pas la peine de lasser. Finalement habillé de la tête aux pieds, il attrape son téléphone, ses écouteurs et son sac à dos qu’il passe par dessus son épaule. Fin prêt, il laisse son regard faire le tour de l’appartement. Tout est éteint, rien ne risque de prendre feu, parfait… Sans perdre de temps, il attrape ses clés, ferme sa porte et se lance dans un marathon dont lui seul à le secret.
La course est effrénée. Dans la rue, il bouscule plusieurs passants auprès desquels il s’excuse maladroitement. Sur son téléphone, Etta James, Aretha Franklin et Frank Sinatra s'enchaînent, rythmant son pas de course qui accélère ou décélère en fonction de la situation. Finalement dans le bus, Merlin prend le temps de récupérer. Son souffle est court, rapide. Aux creux de ses oreilles, Etta James émet son envie de lui faire l’amour. Avec un sourire, Merlin ne peut s’empêcher de penser à Daniil. Ce genre de chanson n’est surement pas la meilleure idée qui soit. A quelques mètres de lui, deux filles lui sourient. Un sourire que Merlin leur rend sans aucune gêne. elles sont jeune… surement la vingtaine… trop jeunes pour lui. Trop féminines aussi… Avec un clin d’oeil, Merlin force un peu plus sur son sourire. Une des deux filles gloussent. Emporté par la musique, il se sent l’âme d’un séducteur. Définitivement une mauvaise idée. Plongeant sa main dans sa poche, il sort son téléphone avant de finalement retirer la musique de sa playlist. « I don't want you sad and blue and I just wanna make love to you… ♫ » Sur le coup, Merlin ne peut s’empêcher de rire nerveusement alors que le bus le remue. Une main sur une des barres métalliques, il arrête la musique, persuadé que cette chanson s’adapte beaucoup trop à ce qu’il ressent pour son ami. Doucement, son cerveau se met à imaginer divers scènes et situations. Coupable mais définitivement sensible à ce qui se passe dans sa tête, il sourit un peu plus avant de se mordre les lèvres d’envie.
Le bus s’arrête. Le terminus est atteint. Conscient d’être en retard, Merlin bouscule plusieurs personnes avant de finalement se retrouver non loin du point de rendez-vous. Essoufflé mais souriant, il s’approche de Daniil. Qui, à défaut d’avoir l’air le plus heureux qui soit, est toujours aussi attendrissant. " Salut …" Le sourire jusqu’aux oreilles, Merlin se retint de rire et prend soin de se débarrasser de ses écouteurs qu’il range dans son sac. Il est tellement adorable… "Tu fais pas les choses à moitié toi …" Toujours en train de ranger ses écouteurs dans son sac, Merlin se laisse aller à rire doucement. "Oh ça m’arrive. crois pas que je fasse ça avec tout le monde…" Il relève la tête, toujours aussi souriant. "La plage, j’aime la réserver aux plus mignons." Il lui fait un clin d’oeil avant de rire. Il aime le taquiner. D’abord parce qu’il c’est son truc et ensuite parce que Daniil est trois fois plus mignon quand ses joues sont teintées de rouge. "Allez viens Romeo, on va s’asseoir…" D’un signe du menton, il lui fait signe de le suivre. Ensemble, ils se dirigent vers une des collines qui bordent le bord de plage. "Désolé d’être en retard… mais tout ça prend du temps…" lâche-t-il finalement d’un ton moqueur en se désignant des mains alors qu'il continue de marcher. Une nouvelle fois, Merlin rit. Pas timide, il se sent à l’aise avec Daniil. Un peu trop peut-être... Finalement arrivés en haut de la colline. Merlin retire son sac qu’il laisse négligemment tomber sur le sol dans fracas étrangement métallique. "TA-DAH !" Comme un enfant, il s’exclame. Fier de lui, il montre la mer des deux mains. Épousant l’horizon et la mer, le soleil fusionne, éclate, offrant aux mortels, comme aux dieux, un spectacle étonnant. Doucement, Merlin laisse son regard passer du coucher de soleil à Daniil qui, lui, contemple toujours l’astre solaire. Autant dire que le soleil n’est pas le seul à être à couper le souffle. Autour d'eux le vent se lève. Il est doux, agréable.
- Oh ça m’arrive. Crois pas que je fasse ça avec tout le monde … La plage, j’aime la réserver aux plus mignons. Oui, peut-être que le cœur de Daniil bat un peu plus vite après ces phrases lancées par Merlin avec le sourire. Peut-être même qu’il rougit un peu, trop heureux de se voir destiner des mots aussi simples. Calme toi, il doit sortir ça à tout le monde. Autant ne pas s’emballer, la réputation de Merlin le précède et si Daniil n’a pas envie de finir dans son lit à l’heure actuelle, avoir la certitude que Merlin ne se joue pas de lui serait bénéfique. Il a du mal à y croire pourtant. Il est quasiment certain que le jeune homme ne sème pas les petites intentions discrètes avec ses coups d’un soir … Qu’importe, Daniil a appris à se méfier de tout ou presque, y compris de ce qui fait battre son cœur un peu vite, qui embrouille agréablement ses pensées. C’est un sentiment qu’il redécouvre avec un mélange de peur, d’appréhension, de joie et d’excitation. L’impression d’être bien humain, malgré ce que la Bratva veut lui faire croire. Ressentir de nouveau une vieille flamme éteinte depuis de nombreuses années. Quitter un instant le stress et l’anxiété pour ressentir quelque chose de bien, de bon, qui dure plus longtemps que les minutes d’insouciance qu’il arrive à grappiller ici et là.
Il est tiré de son débat intérieur par Merlin. Roméo ? Ça sonne bien si on ignore la fin de la pièce de théâtre mondialement célèbre. Tu peux pas t’en empêcher hein ? De tout ruiner, de voir le mal s’immiscer partout. C’est lui aussi, pourtant, qui cherche du bon dans ce qui en semble dépossédé. C’est lui qu’on voit comme souriant et positif. Lui aussi, qui est amer de trop d’années de rétention forcée, fatigué de voir l’oasis de la liberté chaque jour un peu plus loin, mais toujours visible, au fur et à mesure qu’il balance les noms à la Bratva. Il balaie les pensées, suit Merlin dans le sable, s'arrête en chemin pour ôter ses chaussures. La sensation du sable tiède et mou sous ses pieds est agréable alors que l'envie de prendre la fuite est partie. Il veut profiter maintenant, regarder Merlin rire et se dire que ce n'est pas une bonne idée, de tomber amoureux. Rien n'est un bon plan dans cette ville. Si on devait y vivre prudemment, on crèverait d'ennui. - Désolé d'être en retard… Mais tout ça prend du temps… Ça fait rire Daniil qui secoue la tête, l'air de dire « qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre ». Pourtant oui, même si les cheveux de Merlin n'ont pas dû prendre une éternité à coiffer, le Russe ne trouve rien à y redire. Ils arrivent au bord d'une colline et alors qu'ils s'y assoient, Merlin lui introduit théâtralement la vue. Daniil, évidement, ne lui dit pas qu'il contemple la mer depuis son arrivée. Il ne le dit pas parce que Merlin est attendrissant, parce que c'est toujours aussi beau. Parce qu'il n'a pas envie de voir le sourire du jeune homme se faner. Il a envie de tendre la main vers lui pour repousser une mèche trop longue. Il ne le fait, réprime l'envie et pose ses yeux sur la mer. Elle est belle, sauvage, changeante. Elle a encore de nombreux secrets à livrer, des vies à changer, en bien ou en mal. Il pourrait la regarder sans s'en approcher pendant des heures, si le soleil restait ainsi. Si le temps se suspendait, que l'instant durait toujours, que les soucis s'envolaient avec. Il finit par se laisser tomber sur le sable, sa main soutenant sa tête alors qu'il se tourne vers Merlin. - C’est magnifique … Il se rend compte qu’il regarde Merlin droit dans les yeux en disant ça, que la phrase peut être mal comprise. - Enfin, je veux dire, la mer. Toi aussi mais … Merde, merde, merde. - Je vais me taire avant que ça devienne gênant. Il met le compte de ses joues empourprées sur la chaleur qui commence à se faire ressentir, à rester immobile face au soleil. - La prochaine fois, c’est moi qui choisis d’accord ? Il ne doute pas qu’il y aura une prochaine fois. C’est naturel avec Merlin, il ne se pose pas de questions. Les défenses tombent doucement alors qu’il se dévoile lentement et qu’il découvre en même temps le jeune homme. - Si tu fais ça pour les plus mignons, c’est un date Atkins ? Le ton est joueur, le sourire malicieux, tout comme la lueur qui brille dans ses yeux quand il fait de nouveau face à Merlin.
you and i we can light up the sky, if you stay by my side, we can rule the world ✻✻✻ Bercées par le vent, les quelques mèches qui lui tombent sur le front, remuent, ondulent. Ses yeux, teintés d’une certaine fascination, continuent de le fixer, de le dévorer du regard. Il est tellement beau, tellement parfait. C’est idiot, sûrement faux, mais ça, Merlin s’en contre-fiche. Noyé par son désir, mais surtout sa fascination, il reste là, immobile. Perdu dans son abdomen, son estomac se serre, impatient, à cran. Il aimerait pouvoir l’embrasser. Dans ses fantasmes, ce baiser serait doux, calme, silencieux. Un baiser teinté d’un sourire. Un sourire dont seul Daniil semble avoir le secret. Un sourire qui a tendance à le faire fondre… Torturé, Merlin déglutit avant de finalement détourner les yeux quand Daniil se risque à jeter un regard dans sa direction. Un regard qu’il sent posé sur lui et qui le pousse à sourire, à la fois fier et gêné.
“C’est magnifique…” Interpellé par la remarque, Merlin tourne les yeux vers Daniil qui, à l’aise, s’était installé sur le sable. Ses yeux le fixent et le désarment. Pendant une seconde, Merlin se voit perdre le contrôle, cédant à cette irrésistible envie de l’embrasser. Malheureusement pour lui, sa volonté est de fer. Daniil mérite mieux. Tellement mieux. Choisissant de jouer les détachés, il se contente de rire doucement. Rapidement, le slave se rend compte de la connotation de ses mots. “Enfin, je veux dire, la mer. Toi aussi mais …” Attendri par sa gêne et le rouge qui commence à lui monter aux joues, Merlin éclate une nouvelle fois de rire avant de se pincer les lèvres d’envie. “Je vais me taire avant que ça devienne gênant.” Bien trop occupé à prendre sur lui pour ne pas lui sauter au cou, Merlin se contente de hocher la tête encore et encore tout en détournant le regard. L’idée de poser ses deux mains sur ses joues est bien trop forte. Pendant un moment, Merlin oublie sa luxure et se laisser aller à fantasmer sur l’odeur, la chaleur que dégageait Daniil. Violente, l’idée de poser son front contre le sien lui enflamme le corps et l’esprit…
“La prochaine fois, c’est moi qui choisis d’accord ?” Ramené sur terre par l’objet de ses désirs qui le contemple toujours du sol, Merlin sourit. Pendant une microseconde, il se souvient de ce qui l’a poussé à organiser tout ça. Daniil. Tout ça c’est pour lui et pour personne d’autre. Se secouant émotionnellement, Merlin finit par s’asseoir près de lui. Le postérieur au sol, il pose ses mains sur le sable, laissant presque volontairement son auriculaire frôler celui de son compagnon. “Si tu crois pouvoir faire mieux que ça... surtout, te gêne pas ! ” Lâche-t-il finalement dans un rire. Jouer les idiots a toujours été sa spécialité, son mécanisme de défense. Parler sentiments n’est pas chose aisée pour lui. D’abord par manque d’habitude et ensuite parce qu’il n’a jamais réellement été amoureux de qui que ce soit. Daniil, bien qu’ils l’ignorent tout les deux, est et restera son tout premier amour. Un amour que Merlin ne comprend pas vraiment et qu’il refuse d’appeler ainsi. Mettre un nom sur ce qu’il ressent reviendrait à accepter sa défaite… et s’il y a bien un défaut qui le caractérise, c’est bel et bien le fait qu’il soit mauvais joueur. Pour lui, Daniil est un ami. Un ami pour lequel il éprouve une envie certaine mais rien d’autre. Il mérite mieux. Beaucoup mieux.
“Si tu fais ça pour les plus mignons, c’est un date Atkins ?” Surpris par la question qui tombe pile à cet instant, Merlin tourne les yeux vers Daniil qui le regarde, un sourire moqueur greffé au visage. Un sourire moins habituel pour Daniil qui, en plus d’être le plus sexy qui soit, arrache à Merlin un rire des plus amusé. “Si c’était un date, je pense qu’il serait plutôt bien réussi. En quelques minutes, j’ai eu droit à un sourire et un compliment…” Cette fois, Merlin est joueur et se moque tendrement. Un sourire facétieux aux lèvres, il bouscule doucement Daniil de l’épaule. “Un compliment que je peux facilement te retourner d’ailleurs.” Joueur, il sourit alors que son regard se perd dans l’horizon. Cacher ses sentiments derrière une bonne couche d’humour étant de loin sa plus grande spécialité. “Que t’en aies conscience ou non, t’es surement le mec le plus mignon que j’ai jamais rencontré...” Cette fois, ça réplique est plus naturelle… teinté de vrai. “Oh, et le plus sexy.” Ajoute-t-il finalement dans un rire amusé mais quelque peu forcé. Tout en se mordant le coin des lèvres, il tourne la tête vers Daniil. “Définitivement le plus sexy.” Sur son visage, son sourire s'agrandit, bien plus attendri que moqueur. Pendant un instant, il oublie sa promesse et se laisse aller à se perdre dans ses pupilles. Bien ancré dans son abdomen, son estomac se serre, anxieux. Il veut l’embrasser. Il veut l’embrasser encore et encore. Et pourtant, il ne bouge pas.
- Si c’était un date, je pense qu’il serait plutôt bien réussi. En quelques minutes, j’ai eu droit à un sourire et un compliment… Daniil rit, rabat le bras qui soutenait sa tête derrière cette dernière et se laisse complètement tomber dans le sable. - Bien rattrapé. Il sourit en regardant les nuages changer doucement de formes au-dessus de sa tête. Ils sont peu nombreux, cotonneux, d’un blanc laiteux, semblent presque doux. Il a envie d’y passer la main, de s’allonger dedans. De regarder les étoiles d’un peu plus près ou la terre d’un peu plus loin. De prendre la hauteur pour se dire qu’il est minuscule par rapport à cette planète immense, que ses problèmes ne sont rien. Pour relativiser. Pour se faire plus mal encore en revenant à la réalité. Il ne relève pas que Merlin n’a pas répondu à la question. Il ne dit rien, se rabroue pour le petit pincement au cœur qu’il ressent en se répétant la réponse de Merlin en tête. C’est ridicule. Il le sait, qu’il tombe doucement pour le jeune homme, mais ça ne l’empêche pas de trouver ça stupide. Merveilleux aussi, comme une revanche prise sur sa vie, mais folle. Il veut aimer, mais les conséquences, il le sait, peuvent être désastreuses. Sa dernière relation ne s’est pas bien terminé, pas comme il l’aurait souhaitée. Ça a été beau et doux, presque tendre et encore plein d’amour, mais le vide laissé par Marc l’a suivi pendant longtemps. Ce n’était pas une séparation par lassitude ou par besoin de changer. Non, c’était pour se préserver, pour préserver Marc, pour qu’ils survivent tous les deux, pour qu’ils continuent tous les deux de vivre leur vie sans poser sur les épaules de l’autre leurs problèmes respectifs, nombreux. Une pensée douloureuse s’imisce dans l’esprit de Daniil qui ne peut s’empêcher de se demander si ses sentiments naissants sont réels ou s’ils ne seraient pas le fruit d’un besoin intérieur que Merlin comblerait. J’aime ce qu’il est ou ce qu’il représente ? Ça douche son enthousiasme en quelques secondes. Il perd son sourire pendant une seconde avant que ce dernier ne revienne vacillant, puis plus fort et finalement, aussi fort qu’avant. Évidemment qu’il l’apprécie pour ce qu’il est. Il aime sa manière toujours curieuse de se coiffer, son pull trop grand, le vent doux qu’il semble trainer derrière lui, ses sourires, les coins de ses yeux qui se plissent quand il rit. Il aime aussi les musiques qu’il écoute, ses références qu’il ne comprend pas mais auxquelles il sourit toujours, parce que ça lui suffit de voir l’étincelle de malice briller dans les yeux de Merlin. - Que t’en aies conscience ou non, t’es surement le mec le plus mignon que j’ai jamais rencontré... La tête de Daniil se tourne vers Merlin, toujours rouge. L’idée de passer la majorité de la soirée de cette couleur ne l’enchante pas. - Arrête ça. Plus de complim-. - Oh, et le plus sexy. Définitivement le plus sexy. Ça le fait rire cette fois. Pour cacher aussi, un peu, sa gêne. On ne lui dit jamais ça, il s’y est habitué. Alors il ne sait pas quoi dire, pas quoi répondre, pas quoi faire. Il ne sait pas comment réagir, s’il est censé retourner le compliment –et transformer la soirée en un match d’éloges. Il se demande si c’est une perche tendue, une invitation pour faire un geste, quelque chose. Mais quoi ? Il se retient de dire que Merlin est plus sexy que lui. Il le pense, n’a pas l’habitude de se trouver beaucoup de qualités. Il est doué pour le faire sur les autres. - C’est un jeu auquel je ne suis pas doué tu sais … Il hausse les épaules, ne fait que remuer du sable. Sa main toujours en contact avec celle de Merlin se glisse dans la sienne, lui serre les doigts quelques secondes avant de se retirer, de trainer à quelques millimètres de la peau du jeune homme, ne voulant pas non plus instaurer un malaise. - Flirter, c’est pas trop mon truc. Enfin c’est pas que c’est pas mon truc, c’est que … Je n’ai pas trop l’opportunité de le faire. Ou comment faire fuir quelqu’un qui t’intéresse. - Mais je suis plein de ressources. Est-ce que tu as vraiment dit ça à haute voix ? Il vient rabattre sa main libre sur ses yeux et pousse un grognement. - Je peux pas croire que j’ai dit ça. Désolé, je suis très gênant quand … Il se rend compte à temps qu’il faut choisir les bons mots. Que ce n’est pas le moment de foirer, surtout pas. Que ça peut tout réduire au néant, tout ce qu’ils ébauchent ensemble, les petits moments partagés et cette soirée sur la plage. Que ça peut se montrer trop engageant, donner de fausses idées à Merlin qui doit déjà se demander ce qu’il fait là. - … Quand on me rend heureux. Voilà, c’est bien. Mais il regrette aussitôt de ne pas avoir dit quelque chose d’un peu plus osé. Il ne peut pas laisser à Merlin le soin de faire avancer leur lien. Il ne veut pas donner l’impression de se faire trainer comme un poids gênant. - Quand on me fait perdre mes moyens aussi. Et tu y arrives très bien. De nouveau un sourire doux.
you and i we can light up the sky, if you stay by my side, we can rule the world ✻✻✻ Son rire éclate. Le sourire aux lèvres, Merlin le dévore du regard. Il est tellement beau quand il sourit. L’estomac noué, il déglutit, parfaitement conscient d’être de plus en plus à l’étroit dans son jean. En feu, son corps réclame son dû. Incapable de prendre sur lui, Merlin se mord le coin des lèvres, tentant tant bien que mal d’étouffer ce désir qu’il sent gonfler au creux de son bas ventre. Sans vraiment s’en rendre compte, Daniil s’est fait une place au sein de son esprit. Innocent mais obsédant, il le torture jour et nuit, squattant chaque fantasme, chaque envie, chaque pensé. Fruit défendu, il est devenu une obsession à laquelle Merlin se refuse de goûter. Daniil, encore une fois, mérite mieux. Céder à la tentation ne ferait qu’aggraver la situation. Gâchée une amitié à laquelle Merlin tient et qu’il apprécie.
“C’est un jeu auquel je ne suis pas doué tu sais…” Doucement, sa main trouve la sienne. Un contact direct, inattendu. Incapable de réfléchir, Merlin déglutit alors que les doigts de Daniil s’enroulent autour des siens. La gorge serrée, il fait de son mieux pour avoir l’air le plus naturel possible. Un sourire aux lèvres, il tente de faire abstraction de ce corps qui, apparemment aussi obsédé que lui, n’a qu’une envie : se jeter à son cou. Heureusement pour lui, le contact ne dure pas. Mal à l’aise, Daniil se défile. A la fois soulagé et triste à l’idée de ne plus sentir sa peau sur la sienne, Merlin laisse son regard tomber sur sa main. Dépossédée de son bien le plus précieux, elle est vulnérable.
“Flirter, c’est pas trop mon truc. Enfin c’est pas que c’est pas mon truc, c’est que … Je n’ai pas trop l’opportunité de le faire.” Le regard perdu dans le vide, Merlin sourit, presque satisfait de savoir Daniil si peu disposé à draguer qui que ce soit d’autre. Possessif et légèrement narcissique, il aime faire partie des exceptions, faire partie des quelques rares personnes à le faire craquer. “Mais je suis plein de ressources.” Surpris par les mots du slave, Merlin relève les yeux. “Qu’est-ce qu-... quoi ?” Sans vraiment pouvoir se contrôler, il éclate de rire. Gêné la par la situation, le prophète se cache les yeux et grogne. Une réaction des plus attendrissantes et des plus sexys qui le fait sourire de la façon la plus niaise qui soit. “T’es beaucoup plus direct que je n’aurais cru… c’est tentant ceci dit.” Il rit de plus bel avant de bousculer une des jambes du slave. Derrière ses mains, Daniil tourne écarlate. Sa maladresse est touchante, plaisante. Rapidement, les envies lubriques de Merlin laissent place à une certaine envie de tendresse. Il est tellement mignon, tellement attachant, tellement parfait…
“Je peux pas croire que j’ai dit ça. Désolé, je suis très gênant quand… quand on me rend heureux. Quand on me fait perdre mes moyens aussi. Et tu y arrives très bien.” Touché par ses mots, Merlin sourit doucement. Sans un mot, il se couche près de lui, collant son épaule contre la sienne. “Alors je ne dirais plus rien...” Il sourit un peu plus, laissant le dos de sa main se coller contre la sienne. Il a envie de lui prendre la main, de basculer et de se lover contre lui. Autour d’eux, le vent se lève, chaud et délicat. Serein, Merlin ferme les yeux quelques secondes, profitant de la douce caresse du vent dont il se sait responsable. Caché derrière ses paupières, il rit doucement, repensant à Daniil et à ses prétendues “ressources”. ”Je peux savoir à quoi tu faisais allusion quand tu parlais de tes ressources ?” Un sourire facétieux au visage, il tourne les yeux vers Daniil. Il en avait presque oublié à quel point il était beau. A quelque centimètres de lui, il ne lui faudrait pas grand-chose pour pouvoir sceller ses lèvres contre les siennes… Se sentant tomber dans le cercle vicieux dont il a eu beaucoup de mal à se sortir, il finit par reprendre ses esprits. “Oh et si tu as faim, j’ai pris tout un pique-nique avec moi…” Pique-nique qui gît lamentablement sur le sol, bien à l’abris dans son sac à dos.
- Alors je ne dirais plus rien... - Tu n’y arriveras pas … Le ton de Daniil est affectueux et joyeux. Il commence à connaître Merlin et sait que le silence, entre eux, même s’il est apaisant, ne dure jamais bien longtemps. Comme s’ils avaient tous les deux besoin d’en savoir plus sur l’autre et que la seule manière de le faire était de parler. Daniil n’a pas envie qu’il se taise. L’entendre parler, ce n’est pas désagréable. Ça lui vide l’esprit, ça le fait guetter ses réactions, ses mimiques, oublier la Bratva, l’hôpital, les enfants malades, tout. Ça remue quelque chose en lui, qu’il ne ressent presque jamais. L’envie de rester à ses côtés, de le revoir, de rire même, à ses mauvaises blagues. - Je peux savoir à quoi tu faisais allusion quand tu parlais de tes ressources ? La question rougit de nouveau les joues de Daniil. La chaleur arrive d’autant plus vite que le visage de Merlin est trop près, beaucoup trop près. Le Russe ne s’en plaint pas, les yeux de Merlin paraissent plus bleus sous cet angle. Leurs lèvres sont trop proches. Il n’aurait qu’à se pencher pour les cueillir, sentir leur goût sur les siennes et il le sait, se sentir heureux et stupide à la fois. Heureux d’établir enfin un contact plus qu’amical avec le jeune homme. Stupide de se montrer si désireux de le toucher. Il ne le connaît pas assez, ne sais presque rien de Merlin. Je pourrais tout connaître. Il chasse la pensée, se mortifie pour l’avoir eue. Son don n’est pas un vecteur de bonheur. C’est du voyeurisme, une intrusion dans la vie de quelqu’un sans que l’autre ne puisse rien faire. C’est, pour certains prophètes, se sentir maître du temps. Pour Daniil, ce n’est qu’une source de honte et de gêne. Pourtant, ce serait mentir que de dire qu’il n’est pas tenté, parfois, d’outrepasser les limites qu’il s’est lui-même fixé. Merlin rompt le charme et Daniil lui en est reconnaissant. Ses yeux se posent sur le sac mentionné. Il n’y a pas pensé, croyait rentrer chez lui après ce rendez-vous. Ou faire un restaurant. N’aurait-ce pas été trop rapide ? Qu’importe, la proposition d’un repas face au coucher de soleil le fait suffisamment saliver pour qu’il hoche doucement la tête. Il en profite pour se lever et aller chercher la besace. Le contact physique se rompt et Daniil a l’impression de respirer de nouveau. Il revient s’asseoir à côté du brun alors que le vent, chaud l’entoure. Il est assez calme pour ne pas soulever de sable, assez consistant pour avoir l’impression qu’il s’enroule autour de ses bras. Il est parfait. Comme souvent quand Merlin est dans le coin. Le Russe veille à ce que leurs jambes ne se touchent pas. Il le sait, quelques secondes de plus et il aurait pu faire une énorme erreur. - Mes ressources … Il reprend la conversation de plus tôt, a l’air d’y réfléchir sérieusement. Il est évident que rien qui ne sortira de sa bouche ne sera sérieux à sa moue exagérée, ses sourcils froncés et son air trop songeur. - Grisha dit que je fais les meilleurs tchourtchkhela. Il a un grand sourire sur les lèvres, une lueur joueuse dans le regard. Il le sait, qu’il aurait pu continuer sur le terrain des sous-entendus, du désir fébrile et réprimé. Mais ce n’est pas son genre, pas lui. Il se rend compte un peu trop tard qu’il a parlé de Grisha. Il garde la face, fait comme si ça ne l’atteignait pas, prie pour que Merlin ne pose pas de questions. Comme toujours, il arrivera à s’en sortir d’une pirouette. Le sujet n’en reste pas moins douloureux et sensible. Le mot russe fait ressortir un peu plus son accent, dont il n’a pas réussi à se débarrasser. Il le voulait au début, quand il est arrivé en Amérique. Pour être comme les autres, pour se fondre dans la masse. C’était avant qu’il comprenne que ce n’était pas possible, qu’il ne sera jamais « comme les autres ». - Parait que je chante bien. Mais ça j’y crois pas, c’est juste les enfants qui veulent pas me vexer. Il rit de sa propre bêtise avant d’agiter ses doigts. - Et ça c’est vrai, que je sais faire des tours de magie. Il fronce les sourcils, semble remarquer ce qu’il vient de dire et de faire. - Avec des cartes. Pas mes do-. Bref tu as compris. Il tire le repas du sac pour éviter le regard de Merlin. Son regard s’illumine quand il voit le fruit qui l’attend. - Tu as pris du melon ! Ça ne pousse pas en Russie, mais il adore ça.
you and i we can light up the sky, if you stay by my side, we can rule the world ✻✻✻ “Tu n’y arriveras pas …” Surpris mais amusé par la remarque de Daniil, Merlin étouffe un rire. Savoir se taire n’a jamais été son fort. Bruyant, un brin hyperactif, il ne tient que rarement en place. Le silence, la méditation, il le garde pour ses moments de solitude. Des moments qu’il aime passer auprès de mère nature qui, généreuse, lui offre le calme et le repos dont il a parfois besoin. Mais ici, près de Daniil, Merlin se sent l’âme d’un curieux. Il veut tout savoir, tout connaître sur Daniil et son histoire. Une histoire qu’il sait au moins aussi sombre que la sienne et dont il cherche à le débarrasser. De ses amis, Daniil est surement celui qui lui tient le plus à coeur. Gentil, simple, généreux, il représente ce qu’il y a de mieux en matière d’existence humaine. Un petit ange qu’il s’est promis de protéger de tout danger… Une promesse qui le force, tant bien que mal, à garder ses distances. L’embrasser reviendrait à tout gâcher. Daniil mérite mieux. Laissant ses yeux plonger une nouvelle fois dans son regard noisette, il sourit quand les joues de Daniil s’empourprent. Il est tellement mignon quand il est mal à l’aise. Tellement parfait. Pendant une seconde, Merlin hésite. Leurs lèvres sont si proches…
Laissant le vent balayer les mèches de cheveux qu’ils lui tombent presque sur les yeux, il sourit un peu plus avant de céder à sa raison et l’inviter à dîner. Un dîner sommaire que Merlin avait préparé à la va-vite. Un mélange de fruits et de sandwichs dont lui seul a le secret. Un menu qu’il garde pour lui mais qui semble tout de même ravir Daniil qui se redresse, brisant ainsi tout contact. Presque déçu d’avoir abandonné, Merlin laisse son sourire disparaître. Triste, il laisse son regard suivre le slave qui, une fois le butin en main, revient près de lui. Entre eux, une distance de sécurité s’installe… une torture pour Merlin qui se sent presque rejeté. Persuadé d’avoir fait une erreur, il déglutit et se redresse, enfonçant un peu plus ses fesses dans le sable encore chaud. Les jambes pliées, il fixe le sable, presque coupable. Il aurait dû s’abstenir, ne rien dire.
“Mes ressources …” Surpris, Merlin relève les yeux. Face à lui, Daniil feint une réflexion des plus intenses. Une manière comme une autre de détendre l’atmosphère qui s’est légèrement rafraîchie du côté de Merlin. ”Grisha dit que je fais les meilleurs tchourtchkhela.“ Attendri par son russe, Merlin sourit tendrement Il a beau ne rien comprendre, il ne peut s’empêcher de trouver ça sexy et attendrissant. Son accent, fait parti de lui, de qui il est. Un tic verbal qui le rend unique aux yeux de Merlin qui a fini par associer la russie toute entière à son nouvel ami. Pourtant, malgré cela, Merlin sait que quelque chose cloche. son frère, Daniil n’aime pas en parler et il comprend. De ce qu’il sait, la relation n’est pas des plus parfaites. Il aimerait pouvoir l’aider, le libérer de ce poids qui commence, de toute évidence, à se faire beaucoup trop lourd. Pourtant, il choisit de se taire, de ne rien dire. Il ne veut pas le forcer, le mettre mal à l’aise. Un jour, peut-être, Daniil se confira. Et ce jour-là, Merlin sera là pour lui.
“Parait que je chante bien. Mais ça j’y crois pas, c’est juste les enfants qui veulent pas me vexer.” Sans vraiment pouvoir s’en empêcher, Merlin éclate de rire. Un rire qu’ils partagent et qui le rassure. Daniil est toujours là. Réprimant une envie de lui faire un câlin, il force sur ses zygomatiques avant de laisser tomber son regard sur le sable. “Et ça c’est vrai, que je sais faire des tours de magie.” Surpris, mais surtout curieux, Merlin relève les yeux. Face à lui, Daniil, fier, remue les doigts. Il est tellement mignon quand il s’amuse. “Avec des cartes. Pas mes do-. Bref tu as compris.” Surpris par la remarque, Merlin hausse un sourcil avant de finalement éclater de rire. Un rire incontrôlable qui lui fait presque monter les larmes aux yeux. “Oh merde… tu m’as tué pour le coup…” il grogne, tentant tant bien que mal de retrouver son calme. “Tu as pris du melon !” Tiré de son allégresse, Merlin sourit doucement, presque tendrement. Le repas, Merlin l’a fait en fonction de Daniil et des quelques conversations qu’ils avaient eues. Tout ce qu’il y a dans le sac, est pour lui et pour lui seul… Excepté, peut être, les beignets de fleurs de courgettes dont il raffole et dont il est incapable de se passer... ”Oui… tu m’as dit que t’aimais ça alors… j’ai fait avec.” Il sourit un peu plus, laissant le vent les entourer, les bercer. Plein de tendresse, il regard Daniil sortir un à un les petits encas qu’il avait pris soin de préparer… Une vision qui l'attendait mais qui l’attriste aussi. Il aimerait tellement pouvoir faire ça tous les jours… Malheureusement, cette vie ne lui est pas destinée.
Conscient de perdre son humeur, il se tire de ses pensées, forçant sur son sourire qui, doucement, s’était figé. “Tu peux chanter pour moi ?” Les yeux encore rivés vers le sac qui s’est presque vidé, il laisse son regard remonter vers Daniil. “S’il te plait ?” Feignant une moue d'enfant, il finit par rire avant de continuer. “Oh et je veux un tour de magie aussi. Avec tes cartes, pas tes doigts.” Un sourire moqueur aux lèvres, il lui fait un clin d’oeil. “Même si je suis sûr que t’es aussi doué avec l’un qu’avec l’autre… ” Il éclate de rire, amusé, avant de finalement se redresser sur ses genoux et s’avancer vers lui. Sans réfléchir, il écrase ses lèvres sur le bout de son nez avant de reprendre sa place, un sourire ravi aux lèvres. Quelques microsecondes plus tard, son cerveau réalise que cette action, n’avait rien à faire ici et pouvait facilement porter à confusion vu la conversation. Il réalise à quel point cela l’avait conduit à se rapprocher de ses lèvres et du genre de mouvement auquel Daniil aurait pu croire. Gêné, ce qui est plutôt rare pour Merlin, il déglutit. “Désolé, je sais pas trop pourquoi j’ai fait ça…” Rouge comme une pivoine, il se gratte l’arrière du crâne, fuyant le regard de Daniil. Merde merde merde… ”Et, euh, et si on le mangeait ce melon…” Dit-il finalement avec un énorme sourire. Pitié...
-Tu peux chanter pour moi ? S’il te plait ? Il secoue la tête et rit doucement, les yeux baissés sur le repas. Il n’aime pas vraiment chanter. Il le fait quand les enfants le lui demandent, ouvrent de grands yeux et font une moue qu’ils pensent adorable. Alors Daniil rit et fredonne une vieille musique russe. Mais ça ne va jamais plus loin. Il n’a jamais été très doué pour s’exprimer avec son corps. Le théâtre, la danse, le chant, ce n’est pas trop son truc. Il préfère regarder les autres le faire, recevoir leur créativité, admirer ce que lui n’aurait jamais pensé à mettre en place. - Plus tard ? Je suis sûr que ce n’est pas fameux et, il désigne du menton le paysage, il fait encore beau. Je ne garantis rien si je chante. Il garde ses yeux sur la mer. Elle n’a plus une couleur métallique, elle est dorée, orangée. Elle est chaude et vive, presque accueillante. Elle ne fait pas penser à la dernière demeure des nombreux malheureux que les mafias ont jetés à la mer. Elle est belle et changeante, sous les nuages rosés et le soleil qui se noie dans l’océan. Ça lui fait penser aux toiles de Monet. A toutes les subtilités lumineuses que le peintre peignait. La mer est bien pour ça. Cette nuit, elle ne deviendra qu’un lac d’encre, encore une nouvelle entité. - Oh et je veux un tour de magie aussi. Avec tes cartes, pas tes doigts. Même si je suis sûr que t’es aussi doué avec l’un qu’avec l’autre… - J’ai pas pris de cartes, mais oui, qu- Il est coupé dans sa phrase quand Merlin se penche sur lui et rapproche dangereusement leurs lèvres. Daniil surpris, ne pense pas à reculer. Mauvaise idée, lui crie son esprit. Son cœur, lui, a une pointe d’espoir. Les battements du palpitant se calment quand le jeune homme ne fait « que » l’embrasser sur le nez avant de se rasseoir. Daniil le regarde, sidéré. La réalisation semble frapper Merlin une seconde plus tard. Puis la gêne, des deux côtés. Qu’est-ce qui lui a pris ? C’est plus qu’amical, ce n’est pas un baiser. C’était risqué et Daniil ne comprend pas. Il se sent frustré et déçu. Agacé par ses propres sentiments aussi. Comme si son cœur trahissait sa logique. Comme s’il prenait le pas sur son bon sens, le même qui lui a fait mettre de la distance avec Merlin. - Désolé, je sais pas trop pourquoi j’ai fait ça… - C’est pas grave … C’est vrai, ça ne l’est pas. Il aurait pu faire pire. Il aurait pu l’embrasser. Le moment aurait été alors insupportablement gênant. Parce que Daniil y aurait sûrement répondu. Il aurait sûrement sourit comme un idiot. Et il aurait sûrement perdu toute contenance devant les yeux fuyants de Merlin. Devant son grand sourire également et son changement de sujet. Ça blesse Daniil qui se contente de hocher la tête. Il aurait préféré que le sujet soit abordé, que l’abcès soit crevé. Il aurait préféré parler de ce qu’ils ressentent tous les deux, au lieu de tourner autour du pot, de se défiler au moindre geste trop personnel. Il se rend aussi compte de son hypocrisie. Il est le premier à ne pas vouloir s’engager après tout … Alors il ravale ses questions et sourit faussement en prenant du melon. Il a été pré-coupé, comme la plupart des plats contenus dans le sac. Il est touché par l’attention de Merlin. Les beignets à la fleur de courgettes sont trouvés et tendus au jeune homme. - Tiens. Merci pour … pour tout ça. Il parle du repas et du coucher de soleil. Il ne parle pas du geste qui a instauré une gêne entre eux. Ça passera. Ça passe toujours. - Et toi alors ? Il faut qu’il relance la conversation avant que le silence ne devienne trop gênant. - A part faire des pique-niques, tu fais quoi ? Tu chantes aussi ?
you and i we can light up the sky, if you stay by my side, we can rule the world ✻✻✻ “C’est pas grave…” Sans pouvoir s’en empêcher, Merlin étouffe un rire nerveux. Bien sûr que c’est grave. Comme un idiot, il a tout gâché. Et tout ça pour quoi ? Pour un stupide bisou sur le nez. Merlin s’en veut, enrage silencieusement. Il aurait dû s’abstenir, garder ses distances. Cherchant tant bien que mal de reprendre le contrôle de la situation, il sourit un peu plus et invite Daniil à entamer son repas. Un repas pour lequel Merlin semble avoir perdu tout appétit mais qu’il compte tout de même partager avec le slave... “Tiens. Merci pour … pour tout ça.” Surpris, il relève les yeux vers le tupperware contenant les quelques beignets de fleurs de courgettes qu’il a pris soin de se préparer. Forçant un peu plus sur son sourire, il attrape la boîte de plastique. “C’est rien… Je me suis dit que ça te ferait plaisir...” Doucement, son regard se perd dans le sien. Il aimerait tant lui parler de ce qu’il ressent, de l’effet qu’il a sur lui et sur son corps qui, malgré leur position quelque peu passive, semble être à bout de force. Pourtant, malgré cela, Merlin ne dit rien, reste silencieux. Lui parler de ses sentiments ne ferait qu’empirer la situation. Pas réellement doué pour parler de ces choses-là, Merlin ne ferait que mettre de l’huile sur le feu… “Et toi alors ?” Arraché à ses pensées, il revient à lui. “A part faire des pique-niques, tu fais quoi ? Tu chantes aussi ?” Amusé par l’idée qu’on puisse l’imaginer chanteur, Merlin rit doucement avant de secouer la tête. “Pas vraiment non.” Le sourire aux lèvres, il laisse ses doigts jouer avec le sable qu’il regarde glisser entre ses doigts : “Contrairement à toi, mes talents sont limités...” Il force un peu plus sur ses zygomatiques. “Je dessine… c’est tout ce que je sais faire… Rien de bien excitant en soi.” Pas vraiment habitué à parler de lui, il ne sait pas quoi dire. Doucement, il relève les yeux vers Daniil qui continue de le regarder. Être gêné n’est pas forcément une habitude pour Merlin. Excentrique et extraverti, il lui en faut beaucoup pour se sentir mal à l’aise… “Loin d’être le gars de l’année en somme…” il sourit, presque triste cette fois. Des gars de son âge, Merlin est sûrement le plus à la ramasse. Sans emploi, sans formation quelconque, il a passé sa vie à fuir les responsabilités. Un égoïste fini qui ne se confie que rarement. De ses amis, très peu le connaissent pour ce qu’il est réellement, à savoir un idiot.
Sentant son moral glisser entre ses doigts, Merlin grogne avant de finalement se relever. “Je pense que je vais me jeter à l’eau...” Il force un sourire. “Il fait beaucoup trop chaud et j’préfère encore prendre l’eau avant de manger quoi que ce soit.” Il sourit un peu plus. Parfaitement conscient que les eaux d’Arcadia ne soient pas les plus saines qui soit, il retire son pull et ses chaussures qu’il balance sur le côté. Une fois torse nu, il se sépare de son jean sans réellement faire attention à la position dans laquelle cela le met. Finalement en boxer, il fait un clin d’oeil amusé à Daniil. “Tu peux commencer sans moi si tu as faim. Je pense pas être long…” Avec un dernier sourire, sincère cette fois, il laisse Daniil, se dirigeant vers ses eaux qu’il sait habités par les morts. Une pollution qui ne change que très peu des autres eaux qu’il a pu goûter au fil de ses voyages. Des eaux souvent utilisées pour camoufler la barbarie des hommes…
Finalement arrivé au bord de l’eau, il prend quelques secondes. L’océan, avide, lui lèche les pieds, rafraichissant le reste de son corps. Une sensation des plus agréable, des plus revitalisantes. Les yeux fermés, il tente d’oublier son malaise, sa gêne, sa tristesse. Seul face à la nature, il se sent de nouveau libre de respirer. Prenant une profonde inspiration, il se jette à l’eau, plongeant tête la première. Avalé d’une traite par cette océan qu’il sait sans limite. Immergé, il ne bouge plus et se laisse bercer par les vagues. Le silence, la sensation de l’eau sur son corps… il se détend, s’endort presque… Finalement à court d’oxygène, il remonte à la surface tout en prenant soin de chasser ses cheveux qui, beaucoup trop long, s’écrasent lamentablement sur ses yeux… A l’extérieur, l’air est chaud, presque étouffant. Laissant les vagues le porter, il laisse son regard se planter sur le ciel alors que son corps flotte à l’horizontal. Doucement, mais surement, il se laisse voguer… L’esprit clair, il repense à Daniil, et à cette distance qu’il avait instauré entre eux. Une distance qu’il avait franchi sans trop savoir pourquoi… Sans pouvoir s’en empêcher, il revoit le visage de Daniil, figé par la surprise et la déception. Il aurait dû s'abstenir, ne rien faire. Conscient et coupable d’avoir gâché leur sortie, Merlin se redresse. Il doit rectifier le tir et il le sait. Fuir la situation ne ferait que l’empirer. Soupirant, il se met donc à nager vers la rive qu’il rejoint non sans mal. Hors de l’eau, il grimace. Porter un boxer blanc est de loin la pire idée qui soit… Surtout aux vues des circonstances. Heureusement pour lui, Merlin n’a jamais vraiment été du genre pudique. Laissant une de ses mains se poser sur son anatomie qu’on distingue non sans mal sous le tissu blanc, il revient vers Daniil. “Ca fait du bien…” Dit-il avec un rire amusé. “La prochaine fois, j’essaie de prendre un maillot… ça sera plus pratique.” Joignant les gestes à ses mots, il attrape son sac à dos d’où il sort une serviette de plage qu’il finit par s’enrouler autour de la taille. Finalement couvert, il reprend sa place, offrant à Daniil cette distance qu’il avait lui-même imposée. “Pour tout à l’heure. Le bisou...” Il reprend, sans aucune gêne cette fois. “Je suis désolé. Je sais que c’était pas forcément approprié. Mais pour être franc, tu me plais Daniil et, pendant une seconde, j’ai juste oublié que tu méritais mieux.” Conscient qu’il pourrait se faire des idées sur la formulation de ses mots, il se reprend : “Mieux que moi j’veux dire.” Les yeux rivés dans ceux de Daniil, il sourit, bienfaisant. “Promis, je le referai plus.” Une promesse que Merlin compte bien tenir. Daniil mérite mieux. Ce rencard platonique, Merlin l’a organisé pour lui aérer l’esprit, pas pour profiter de lui. Et ça, Daniil mérite de le savoir. “Bref, on en est où de ce melon ?” Dit-il finalement, parfaitement conscient que cette conversation pourrait facilement le mettre mal à l’aise.
you and i we can light up the sky, if you stay by my side, we can rule the world ✻✻✻- Je dessine… c’est tout ce que je sais faire… Rien de bien excitant en soi. Il aimerait bien savoir dessiner Daniil. De belles choses, pas les runes incertaines et étranges griffonnées sur une feuille, sans qu’il ne sache trop comment sa main parvient à transformer le temps en formes aléatoires dont même lui ne comprend pas la naissance. Il aimerait bien voir Merlin dessiner. Et voir ce qu’il dessine. Plus le premier sur le second en fait, un peu égoïstement. Voir si ses sourcils se froncent, si des rides se creusent sous la concentration, si sa bouche descend en une petite moue. Il l’imagine sans peine ainsi et un sourire un peu idiot commence à apparaître sur ses lèvres quand Merlin brise le charme. - Loin d’être le gars de l’année en somme… Cette fois-ci, ce sont les sourcils de Daniil qui se rapprochent. - Ne dis pas ça. Pas besoin de savoir faire de grande chose pour être quelqu’un. Et il est indéniablement quelqu’un, pour Daniil au moins. Il l’a invité sur cette plage, lui a préparé du melon, lui a fait plus de compliment en une soirée qu’il n’en reçoit en une semaine –à part des enfants, mais ça ne compte pas, il suffit de faire un tour de magie pour se les mettre dans la poche et malheureusement, ça ne marche pas avec la Bratva. Il a fait battre son cœur un peu trop vite, rougir ses joues trop de fois, a réussi à le rendre heureux et déçu en l’espace de dix minutes. Alors même s’il ne changera pas le monde, il change son monde.
Merlin se relève. - Je pense que je vais me jeter à l’eau ... Il fait beaucoup trop chaud et j’préfère encore prendre l’eau avant de manger quoi que ce soit. Il hoche la tête et sourit doucement. Il ne se sent pas encore de rejoindre Merlin dans l’océan orangé. Pas qu’il n’en ait pas envie, pas qu’il craigne un autre contact avec le brun, mais la pensée des cadavres dans l’eau qui se trouvent peut-être là par sa faute refroidit ses ardeurs et rend la température bien supportable. Il regarde Merlin se déshabiller du coin de l’œil, se demande si la mer est bonne. - Tu peux commencer sans moi si tu as faim. Je pense pas être long… Il rend son sourire à Merlin, lui lance une poignée de sable, riant un peu, en recevant un clin d’œil. - Je t’attends ici Ariel. Il regarde Merlin partir, se plonger dans l’eau, disparaitre et réapparaitre, se laisser porter par le courant. Tout ce qu’il ne peut pas faire parce que son cerveau bloque. La Bratva lui pourrit toujours la vie, quelques soient ses aspects. Quand Merlin ressort, il fixe son visage pour ne pas descendre plus bas. Il n’éprouve presque jamais de désirs physiques, seulement poussé à le faire quand les sentiments naissent et s’affermissent, quand le lien devient fort et réel. Alors même s’il sait qu’il pourrait regarder Merlin de haut en bas, il se contente de lui sourire en le voyant arriver, n’en éprouvant ni le besoin ni l’envie. - Ça fait du bien … La prochaine fois, j’essaie de prendre un maillot… ça sera plus pratique. Daniil hausse les sourcils en voyant le jeune homme tirer une serviette de son sac. - T’as tout prévu … Un peu de surprise, un peu d’admiration. Comme si rien n’avait été laissé au hasard. Sauf ce baiser sur le nez. Il chasse la pensée et sourit toujours. Merlin le force à y repenser. - Pour tout à l’heure. Le bisou … Je suis désolé. Je sais que c’était pas forcément approprié. Mais pour être franc, tu me plais Daniil et, pendant une seconde, j’ai juste oublié que tu méritais mieux. Tu me plais. C’est tout ce qu’il retient de la phrase alors qu’il reste muet quelques secondes. Assez pour que Merlin continue. - Mieux que moi j’veux dire. Promis, je le referai plus. Bref, on en est où de ce melon ? Je lui plais. Il a la tête qui tourne un peu, ce sent idiot. Ce n’est pas une révélation à laquelle il ne s’attendait pas, ils flirtent trop pour qu’il ne s’en doute pas, au fond de lui. Mais se l’entendre dire, c’est autre chose. Et le reste arrive à son cerveau avec un temps de retard. Il mérite mieux ? - Et si moi je ne veux pas mieux ? Balayé le melon et le pique-nique, il est temps de parler. - Si moi ce que je veux c’est quelqu’un qui sait dessiner ? Je sais encore choisir ce qui est bien pour moi. Faux. Faux et archi faux. Ses prises de décisions se révèlent dans 50% des cas catastrophiques. Pour lui ou pour les autres et c’est sans doute le pire. Mais Merlin n’a pas à le savoir. Ni à juger de ce qui est meilleur pour lui. - Si moi je ne veux pas le gars de l’année mais celui qui sait organiser un bon rendez-vous ? Le ton est doux, mais aussi ferme. Il sait ce qu’il veut, même s’il en a peur aussi. - Je t’en veux pas pour ce baiser. Je regrette qu’on en ait pas parlé.
