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Nothing is but what is not (Lise)

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Nothing is but what is not (Lise) - Mer 23 Mai - 22:26


Nothing is but what is not
Lise & Maldwyn


J'ai un secret. Un fait dont je me cache, une existence dont je prétends ne pas faire partie. Il y a une personne, une situation qui n'appartient qu'au domaine des mots volatiles. Pourtant je pourrais en écrire des pages pour condamner mon implication dans cette fiction élusive. Cette fiction qui n'en est pas une. Une relation littéraire d'entre les lignes, des appels multiples et futiles griffonnés par dessus la vraie prose. Des appels qui ont trouvé réponses sans en avoir attendues, sans avoir cru recevoir. On compare souvent la compréhension intime de quelqu'un à la lecture d'un livre ouvert ; je me demande si c'est pour les mêmes raisons que celles que je vis. Je ne me souviens plus comment cela à commencé. Peut-être comme toute chose : des diables de détails que l'on oublie mais qui ont leur impact. Un regard, un sourire, quelques échanges verbaux polis sur la couverture d'un ouvrage, un emprunt qui change de main. Je suis la bête noire des bibliothèques. Plus qu'une déformation professionnelle, cette manie d'annoter les choses malgré-moi est déjà la clé de nombreuses sanctions à l'université. J'ai toujours besoin de mettre à plat l'intériorité qui me démange à défaut de savoir l'exprimer autrement, normalement, socialement. Une bouteille de phrases à la mer, des marges manuscrites de pensées en vrac, des réflexions qui seraient restées anonymes si elles n'avaient pas trouvé lecteur. Lectrice. J'ai un secret qui porte un nom, une personne d'intérêt dans une situation qui n'appartient qu'à moi. Et ce nom, c'est Lise Rowan.

J'ai remarqué pour la première fois sa présence au détour d'une vieille édition cornée de Macbeth. Un ouvrage que je me plaisais souvent à réemprunter parce qu'il restait toujours sur l'étagère, délaissé au profit d'éditions plus neuves. Je ne compte plus le nombre de fois que je l'ai lu, que j'ai passé mes insomnies à en réciter les monologues de désespoir. « Life is a tale told by an idiot, full of sound and fury. » Des mots que je connais par cœur et une note laissée un jour par erreur. But that idiot who I be, of silent rage tells he : life is mere but a day before the long sleep. Et en dessous de mon écriture, la sienne. Apparue de nulle part, les voyelles intriquées sous la pointe graphite à peine appuyée. Tout à coups je n'étais plus seul. Tout à coups mes commentaires et mes pensées n'étaient plus anonymes. J'étais lu, j'existais pour quelqu'un. Sur la petite carte d'emprunt à l'intérieur des pages, son nom glissé au milieu du mien si répétitif. Un grain de sable dans les rouages. Son irruption dans la continuité de ma vie, son intrusion dans les tréfonds de mes pensées. Et je l'ai laissée entrer.

Connaître sans reconnaître, nous vivons notre relation, notre roman épistolaire sous formes d'extraits interposés. J'emprunte ses lectures à sa suite, elle fait de même avec les miennes. Nous nous adressons l'un à l'autre comme les étrangers que nous ne sommes plus. Mes craintes, mes peurs, elle en sait ce que j'en ai griffonné au coin de page. Les moments de doute, les sentiments instables. Ce que j'ai laissé échappé sans m'adresser réellement, sans oser vraiment dire. Ce que je lui ai dit de moi. Et cette réelle fiction ou fiction réelle, Lise Rowan est le personnage qui s'est construit petit à petit au fil des mots dans mon esprit. Au fil du temps. Trois ans, deux ? Être capable de partager si honnêtement si généreusement sans pour autant échanger plus qu'un signe de tête, quelques murmures. Abandon incomplet. Un monde de mots. Mais ce ne sont que des mots. Notre amitié est un paradoxe, une histoire qui n'est valable que sur le papier. Une histoire égoïste qui n'existe qu'entre elle et moi.

***

La bibliothèque est presque vide en cette fin d'après-midi. Je sais qu'elle est sûrement déjà là. La force de l'habitude me procure un sixième sens implacable. Je marche avec précautions entre les allées, cherchant par dessus les rangées de livres sans trop vouloir en avoir l'air. J'ai l'impression que mon cœur bats trop fort dans le silence studieux de l'endroit. L'excitation, l'anticipation de retrouver quelque chose qui nous fait du bien sans vouloir se l'avouer. J'ai essayé de faire un effort, malgré les lignes noires sous mes yeux. Peut-être que mes joues sont un peu trop pourpres, peut-être que je me suis trop hâté sur le chemin par peur d'être en retard. Mon sac est lourd sur mon épaule, mon pull me colle à la peau. Je suis presque à bout de souffle lorsque je la remarque entre deux rayons. Et aussitôt ce vague frisson me parcours : j'ai envie de me défiler. Écrire ses sentiments à une presque inconnue entre deux morceaux de Shakespeare est une chose, l'assumer en face en est une autre. Je prends une grande inspiration. Courage Mal, soit un homme, un vrai. Mon souffle s'échappe brusquement dans un soupire. Et si on se contentait déjà d'un homme demi-vrai pour aujourd'hui ? Relevant la bretelle de mon sac je m'élance à sa suite, la retrouvant assise à une table isolée. Elle me tourne le dos, déjà concentrée dans un ouvrage. Je m'approche en mesurant mes pas, m'arrêtant derrière elle. Sans un mot je dépose délicatement un gobelet de carton à ses côtés. J'ai passé plusieurs minutes devant le menu à me demander ce qu'elle aimerait, me rendant compte que je savais apparemment plus de choses complexes à son sujet plutôt qu'une information aussi simple que sa boisson préférée. La barista m'a adressé un sourire entendu face à mon hésitation. Elle a dû penser que j'allais à un rendez-vous spécial. Le breuvage fume encore, la barista a écrit son prénom avec un cœur sur le i. Mes doigts s'attardent un instant sur le chocolat chaud. Je n'ai pas eu le cœur de lui dire de l'enlever. Elle n'avait peut-être pas si tort, la situation est quelque peu spéciale.

Sans un mot, sans un regard, je m'assois face à elle. Je commence à vider doucement le contenu de mon sac, les notes de préparation de mes cours, mes livres de référence. En quelques instant je me suis étalé autant que possible sur mon espace. Je fais mine de m'intéresser à mes notes avant de poser mes yeux sur elle. Elle, mon amie qui n'est pas, mon inconnue révélée. L'une de mes mains se pose à plat sur la table, prenant appuie alors que je me redresse, me penchant en avant. Crayon à papier de mon autre main, j'écris à l'envers sur le bord de la page qu'elle était en train de lire. Bonjour Lise. Je pose le crayon à papier à côté du livre avant de le faire rouler malicieusement à l'autre bout de la table d'un mouvement l'index. Je lui adresse un sourire. « Je suis heureux de te voir. » Mes mots cette fois, ne sont pas fait de papiers.
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Nothing is but what is not (Lise) - Lun 28 Mai - 23:12


Nothing is but what is not
Lise & Maldwyn


Livres. Six lettres qui résument à elles seules la vie de Lise. Son centre de gravité. Si la nymphe avait su rendre Lise plus forte, l'ouvrir un peu plus à la vie, s'aimer d'avantage, sa réussite à elle c'était bien l'édition. A la poursuites de réminiscences qui hantent la rousse depuis des années. Désireuse d'enfin rendre son père fière d'elle, même dans l'haut delà. Lise l'incapable et la maladroite excellait dans un domaine, son travail. Elle avait passé sa vie le nez dans les bouquins, avide de connaissances en tout genre, friande d'échappatoires. Reconnaissante à son père de lui avoir offert un cadre de vie qui lui permette de nourrir ses acquis comme bon lui semblait, au grand damne des professeurs. Si elle vivait dans une librairie, la bibliothèque municipale avait toujours été sa seconde maison. On pouvait y lire son nom inscrit dans beaucoup trop d'ouvrages depuis des années. Sa voie lui semblait maintenant avoir toujours été tracée, une évidence qui l'avait frappée quelques temps après avoir perdu son roc. La réalité d'un besoin viscéral de s'accrocher à ce qu'elle avait toujours connu, l'amour de son père pour la littérature. Un quotidien aujourd'hui rythmées par d’innombrables lectures pour son plus grand bonheur. Rien d'étonnant à ce qu'elle se rende de nouveau à la bibliothèque aujourd'hui. Non pas pour un besoin de s'évader de la réalité, mais bien pour étayer ses connaissances. Toujours mieux conseiller ses auteurs, c'était le but que Lise s'est toujours imposé et elle ne compte plus le temps passé à écumer les ouvrages en tout genre pour ce faire. Mais comme à chaque fois qu'elle met le pied dans la bibliothèque, son cœur se serre. Elle s'efforce de paraître naturelle, arborant comme souvent l'un de ses rôles en public. Celui de la femme sûre d'elle, à l'aise comme si elle était chez elle. Connaissant parfaitement les lieux, l'éditrice se dirige vers les ouvrages d'astronomie. Ses yeux scannent discrètement le lieu, le cœur bien trop emballé à l'idée d'apercevoir une silhouette qu'elle ne connait que trop bien. Celle de ses rendez vous secrets, d'une amitié improbablement silencieuse. D'une présence rassurante chaque fois une peu plus indispensable à la rousse. Ses doigts minces se saisissaient d'un ouvrage qu'elle déposa sur la table qu'elle avait l'habitude d'occuper. Proche de la fenêtre et isolée pour un peu plus d’intimité. Il n'est pas la. Lise soupire. La déception lui retourne l'estomac. Elle se sent pathétique, elle qui pourtant a l'habitude de prendre ce qu'on lui donne sans en exiger d'ntage, se rend doucement compte qu'elle en attend probablement d'avantage. Elle fouille dans son sac pour en sortir une édition de MacBeth que son père lui avait offert il y a de a bien longtemps. Un bouquin qui avait vécu sur sa bibliothèque bien des années et qu'elle s’apprêtait aujourd’hui à lui offrir à lui. Si elle en aurait le courage du moins. Pour une fois, elle se saisit d'un stylo plume, ouvrant les premières pages du livres pour y apposer l'encre sous le titre. "Avec tout mon amour. Lise" Qu'elle griffait de son écriture minuscule avant de refermer le livre en soupirant. Elle observait longuement le livre qui n'était pourtant pas tout neuf, à la recherche de réponses à ses questions. De la nature véritable d'une telle amitié. Lise ne s'était jamais dévoilée aussi facilement à un inconnu. Un inconnu qui n'en était d'ailleurs plus un après ces années à lire ses commentaires et autres confessions au détour de ses lectures. L'impression de s'être imposée dans la vie de Maldwyn la rend parfois mal à l'aise. Celle d'être entrée dans une intimité certaine sans en avoir demandé la permission. Au détour de mots laissés d'abord par hasard. Elle avait hésité, remarquant son nom a la fin du livre, persuadée que ses quelques mots lui parviendront en retour à une prochaine relecture. Lise ne doutait pas qu'il relirait Macbeth au vu de l'historique des emprunts, alors elle avait posé ses pattes de mouches en dessous de cette belle écriture qui n'attendait probablement pas de réponse. La suite n'avait cessée de la surprendre. Une douce amitié tissée de manière improbable d'une lecture à une autre, d'un mot à l'autre et d'un regard à l'autre. Lise rangeait avec mélancolie le bouquin dans son sac avant de se plonger dans sa lecture astrale.

La rousse sursauta quand un gobelet cartonné apparu à sa droite. Elle reconnait sa main, pour les avoir observées un peu trop souvent. Son cœur manque un battement, surprise de son geste. Son regard reste fixé sur ses doigts quelques secondes avant qu'ils ne s'en détachent. Ses yeux se lèvent alors vers lui mais déjà il regarde ailleurs et sa tentative de remerciement silencieux tombe à l'eau. Il s’assoit en face d'elle, sans un regard pour elle, silencieux comme toujours et alors qu'il se plonge dans sa lecture, elle se saisi du gobelet chaud. Suit du pouce le cœur qui s'est furtivement glissé sur son prénom. Ses joues s'empourprent, elle baisse la tête sur sa lecture pour s'en cacher un instant avant d'amener la boisson à ses lèvres. Ses mains caressent nerveusement le gobelet qui la réchauffe lisant distraitement ce second livre d'astronomie. Mald se redresse sans crier garde et ses yeux surpris se reposent sur lui, suivant chacun de ses gestes avec attention. Un sourire sincère étire ses lippe tandis que ses mots se posent sur le papier. Ce n'était pas la première fois qu'ils s'écrivaient directement, bien que la plupart du temps ils se contentaient souvent de s'échanger leurs ouvrages et de découvrir leurs écrits respectifs plus tard. Leurs confessions se découvraient en décalé. Tout comme l'était leur relation, intrinsèquement décalée. Mais Lise n'est pas au bout de ses surprises. Alors qu'elle s’apprêtait à répondre en retour, ses sourcils se dressent et la surprise se peint sur son visage. Sa voix. Son cœur manqua un battement et elle restait là interdite à le fixer bêtement tandis que pour une fois ils échangeaient autre chose que des écrits ou des chuchotements. Il a l'air taquin et ça ne la surprend que d'avantage. La surprise passée laissa s'étirer un sourire sur les lippes rosées de Lise. "Moi aussi" répondait-elle simplement en se triturant nerveusement les ongles. Elle se replongeait vaguement dans sa lecture, complètement déconcentrée, incapable de comprendre ce qu'elle était en train de lire alors et attrapait de nouveau son gobelet. "Merci pour le chocolat, c'est parfait." Avec une pointe de caramel, c'était celui qu'elle préférait et elle se demandait si c'était un simple hasard. L'éditrice se relève brusquement pour s'échapper dans les allées. Ses poumons se vident instantanément aussitôt qu'elle s'appuie une seconde sur l'une d'elle à l'abris des regards. Ses doigts glissent d'un livre à l'autre caressant avec délice les tranches des ouvrages ronflants sur les étagères. Si cette échappée avait pour but principal de prendre un peu d'air et se remettre les idées en place, elle lui permet aussi de mettre la main sur le dernier livre qu'elle a édité. Lise respire l'odeur des pages fraîchement imprimées qu'elle avait annotées quelques jours plus tôt. Une sombre histoire de tourments psychologiques qui prend aux tripes avec cette touche de fantastique qu'elle adore. Lise pose l'ouvrage sur la droite de Mal avant de s'asseoir silencieusement à sa place. Son regard rêveur se déportait vers la fenêtre tandis qu'une averse venait fouetter les vitrages.
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Nothing is but what is not (Lise) - Sam 2 Juin - 17:32


Nothing is but what is not
Lise & Maldwyn


J’aimerai être un livre sans titre pour pouvoir raconter une autre histoire. Mais je suis déjà ce tome volumineux, cette anthologie du malaise. Toujours prêt à déverser mes mots dans une éruption de sentiments incontrôlables. Je suis voué à noircir tout ce que je touche de l’encre de l’insomnie. La plume plantée en plein dans l’âme, gorgée de sombre pensées. J’affiche une couverture répugnante qui prend la poussière, jugé d’un seul regard, bien indigne objet. J’aimerai être une histoire qui plairait au plus grand nombre. Une histoire qui lui plairait à elle, surtout. Une de celles qui ne contient pas de synonymes de douleur, qui parle de choses tellement insignifiantes qu’elles en sont réconfortantes. Raconter plus d’amour et d’amitié que de solitude et d’auto-destruction. Il est tellement plus facile de parler de ses états d’esprit à l’écrit sans avoir à les assumer oralement. Mon timbre se brise, ma gorge se serre et mon regard se perd dans le néant lorsque le verbe essaie de passer mes lèvres. Je suis un orateur muet, cette voix que j'emprunte n'est pas la mienne. Tout au mieux une parodie de mon être. Je suis incapable de conter mes vérités, d'exprimer mon essence. Je suis plus bavard sur le récit d'autres que sur le mien. Alors confronté face à cette personne qui me connaît sans me connaître, je ne sais comment réagir en conséquences.

Aussitôt mes mots prononcés je me suis défilé. Même si l'envie est forte je n'ose pas chercher son regard du mien. Visage baissé sur ces lignes que je fais semblant de lire. J'ai une mèche de cheveux qui me chatouille le front, pourtant j'ai essayé de les discipliner du mieux que j'ai pu. J'ai l'impression de sentir trop fort l'after-shave, je ne me souviens pas avoir insisté sur l'eau de Cologne pourtant. Je me sens stupide, m'être physiquement apprêté ainsi alors que ce rendez-vous n’effleurera que la métaphysique des mots. Comme toujours. Mon courage vient en vagues s'échouer aux rivages de ma conscience, il y a cette envie instable de briser ce quatrième mur entre nous. Est-ce que je peux vraiment prétendre que mon existence est liée à la sienne ? Est-ce que tout ceci est bien réel ? Est-ce que j'ai tort de vouloir plus ? Merde, je viens de le formuler sans le vouloir. Je crois que me cacher entre les pages de notre amitié épistolaire ne me suffit plus, j'ai besoin de ressentir quelle place a la réalité au milieu de toute cette fiction. Discerner ce qu'elle est, ce que je suis. Ce que nous sommes. Pour une fois, j'aimerai que tout ceci ne soit pas que des mots.

Sa voix réchauffe la pointe de mes oreilles. J'essaie de garder contenance en faisant mine de corriger une erreur sur une copie. Mais je ne peux refréner cette joie intérieure d'avoir réussit à lui faire plaisir. C'était un geste simple, pourtant si gratifiant de son effet. Je ne comprends pas pourquoi je ne l'ai pas fait plus tôt. Passer des mots aux actes. Je me pince les lèvres, j'ai envie de déverser cette humilité que je connais peu, lui dire que ce n'est rien et que je lui dois bien ça. Mais le raclement de sa chaise me fait redresser la tête aussi brusquement qu'elle disparaît entre les allées. Aussitôt mon cœur rate un battement. Est-ce que j'ai mal compris ? Est-ce que j'ai transgressé malgré-moi l'une de ces règles tacite et silencieuse que nous avons établit entre nous ? Nous ne parlons jamais, pas vraiment. Tout juste des murmures, à peine des regards. Notre langage est celui manuscrit de l'écrit et des gestes avortés. Un petit théâtre de mimes, une charade muette. Il y a quelque chose de remarquable et de précieux dans notre capacité à nous comprendre en silence. Mais plus le temps passe et plus ce langage s'enrichit, plus le besoin d'utiliser nos facultés physiques est pressant. Je veux entendre sa voix, sa vraie voix. Pas celle que mon imagination lui attribuait lorsque je lisais ses mots. Mon regard se pose sur ses affaires. Il y a une trace de rouge à lèvres à peine visible sur le couvercle du gobelet en carton. Je veux sentir son contact, pas celui que j'inventais lorsque j'imaginais la prendre dans mes bras pour la réconforter. Mes oreilles s'échauffent un peu plus alors que je replace nerveusement ma mèche rebelle. Mais quel imbécile. Je suis là a débattre de mes états d'âme la concernant alors que je l'ai faite fuir ma présence. Je me redresse pour partir à sa suite, stylo rouge en main. Je dois corriger mon erreur, m'excuser de l'avoir peut-être un peu trop brusquée. Mais en même temps il y a cette envie dans un coin de ma tête. Et si on brusquait les choses, juste un tout petit peu. Je n'ai pas le temps de m'extirper de ma chaise qu'elle réapparaît. Un léger brin de panique m'envahit et je me laisse retomber lourdement dans mon siège, soudainement très intéressé par le contenu d'un livre ouvert à la hâte. Je sens sa présence à mes côtés et je ne peux m'empêcher de lever le regard, pour mieux le détourner lorsqu'elle dépose un livre à mes côtés avant de retourner s'asseoir face à moi. Je sais ce que cela veut dire, je sais que si je l'ouvre je trouverais des notes de sa main par dessus le texte imprimé. Des notes qui ne me seront pas forcément adressées, mais des pensées indirectement modérées à ma présence. D'ordinaire nous nous donnons nos lectures respectives avant de quitter la bibliothèque. Ou je me contente de suivre ses derniers emprunts de mon côté. Mais le fait qu'elle dépose à mes côtés un morceau de son esprit avant de retourner se poster face à moi m'emplit de gêne. Bien sûr nous nous échangeons des écrits directs, des paroles insignifiantes sur la pluie et le beau temps. Mais je pense ne pas me tromper à prétendre que les mots plus personnels, nous les gardons au sein de l'intime. Chacun lisant l'autre de son côté. Est-ce qu'elle veut que je la lise en sa présence ? A cette pensée, la chaleur qui s'était logée sur la pointe de mes oreilles se répands sur tout mon visage. Non, je me fait des idées. C'est la faute de cette étrange résolution qui me secoue aujourd'hui. Merde, pourquoi est-ce que je peux pas agir normalement, faire comme d'habitude ? J'essaie de scruter son regard mais il est perdu sur la fenêtre. Je pince de nouveau les lèvres, ma main se déposant sur la couverture, mes doigts incertains caressant l'édition toute neuve. Je retourne le livre pour en lire le résumé avec lenteur, je suis trop préoccupé pour faire vraiment sens des mots. J'ai reconnu le nom de la maison d'édition. Je crois que c'est celle pour laquelle Lise travaille. Je n'ose pas l'ouvrir, mon regard allant une seconde fois de son visage à la fenêtre, au chocolat chaud. Je ferme les yeux un instant, me concentrant sur le contrôle des battements de mon cœur. Il y a aucune raison de paniquer. Il n'y a rien d'anormal entre nous, nous sommes amis après tout. N'est-ce pas ? Alors que je réfléchis je ne crois pas que nous ayons jamais confirmé ce fait sur le papier. Mais ça va de soi, non ? Non. Je rouvre les yeux, clignant légèrement des paupières. Les mots fixent des idées. Les paroles fixent des faits. Les actions confirment ces faits. Je réalise que j'ai toujours mon stylo rouge dans la main, mes doigts tremblent légèrement sur leur prise. Je le serre un peu plus fort. J'ai déjà décidé d'arrêter de fuir.

Je me redresse tout à coups, mon poing serrant le stylo prenant appuie sur la table. Ma main hésite plusieurs fois avant de se poser sur la sienne, l'effleurant, d'abord terrifié. Mes doigts se referment sur les siens alors que je retourne sa paume. Débouchant le stylo d'un coup de dents, la pointe vient se poser doucement contre sa peau. Je trace les lettres à l'encre rouge avec lenteur, concentré sur ma tâche. Maldwyn. Je me demande si elle sait que mon prénom veut dire ami courageux, fidèle. Là, tout de suite, je suis bien trop gêné et effrayé pour pouvoir le porter correctement. Mon regard est obstiné vers le bas, alors que je m'éloigne de ce contact beaucoup trop proche pour ma carapace de titane. J'écris une nouvelle fois, dans ma propre paume cette fois. Un point d'interrogation. Je n'ai pas osé écrire son prénom. Lise. Un nom qui évoque une promesse à caractère sacré. C'est une coïncidence intéressante quand j'y pense. Je pose le stylo sur la table, essayant d'étirer un sourire un peu trop gêné. Je vais au delà de mes barrières physiques et mentales. Je pose ma paume contre la sienne. Mon prénom au creux de sa main, mes interrogations au creux de la mienne. Sommes nous vraiment amis ? Je suis ton amis Lise, et toi, est-ce que tu es mon amie ? Est-ce que je peux vraiment y croire ?

Mais toutes ces questions ne passent pas la porte de mes lèvres. Un pas en avant et deux en arrière. Je me retrouve un peu hébété, je doute qu'elle ait vraiment comprit mes intentions. Ce qui me tord les cordes vocales. Je recule en toute hâte, visage brûlant. Je me racle la gorge, posant mes mains de chaque côté d'un livre comme pour me cacher derrière. Le malaise du silence continue de me peser sur les épaules. « De rien. » Les mots sont sortit tout seuls. Je glisse un peu plus sur mon siège derrière ma lecture. J'ai plus d'un temps de retard dans la conversation. Je me rattrape bien vite dans une explication maladroite. « Pour le chocolat. Ça me fait plaisir. » Et c'est tout ce que je suis capable de formuler. Continuer les banalités alors que je meurs d'envie de lui parler de choses bien plus importantes. J'aurais de la chance si elle ne s'enfuit pas entre les allées de la bibliothèque devant mon comportement bizarre. J'ai tellement de chance, d'avoir cette fibre infime de je ne sais quoi, avec un autre être humain.
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Nothing is but what is not (Lise) - Sam 23 Juin - 1:13


Nothing is but what is not
Lise & Maldwyn

La nervosité lui ronge le creux de l'estomac, pourtant, rien n'y parait. Elle sait y faire Lise quand elle veut. Mettre ses habits d’apparats, devenir quelqu’un d'autre. Elle s'accordait bien avec Dante pour le coup avec leurs machineries de mensonges et de faux semblants. Peut-être avait-elle apprit ça de lui. Jouer la femme sûre d'elle et épanouie alors que c'est rouillé là tout au fond. Ca grippe et ça se crispe. Ca lui fait mal d'être en conflit continuel avec elle même. Elle voudrait s'accepter pour de vrai, définitivement. Peut-être qu'à ce moment là elle pourra réellement revivre. Renaître pour la troisième fois et vivre enfin comme elle le voudrait. Elle connait la bibliothèque par cœur. Les allées, les rangements, les codes. Ses pas font le travail tandis que son cerveau se perd dans d'interminables interrogations. Son regard scrute discrètement l'espace et ses quelques occupants. L'espoir se fane sitôt que l'évidence se fait. Et la boule au creux de sa gorge s'épaissit. A quel moment avait-elle commencé à espérer? Quand avait-elle basculé de l'autre côté de la barrière. D'être de ceux qui attendent. Son crayon tape nerveusement sur la table. Ca ne lui plaît pas, de se sentir dépendante et renie le fait qu'elle soit effectivement en train de l'attendre. Simplement parce que ça lui faisait du bien de le voir. Même en silence. Même dans une ambiguïté sans pareille d'une relation perdue entre les mots. Comme evanescente et presque irréelle. Quand elle lève les yeux vers lui, elle ne peut refréner cette vague de satisfaction qui l'envahi. L'impression qu'il lui manquait quelque chose s'estompe étrangement. Sa voix raisonne encore dans son esprit qui peine à se concentrer sur sa lecture. Ils ne s'adressaient que rarement l'un à l'autre de cette manière. Faussement contraints par le silence imposé de la bibliothèque. Une excuse parmi d'autres pour se confondre dans leur amitié décalée. Sa vision se brouille un moment, tandis qu'elle tente de faire sens de la situation. Si elle était parvenue à lui répondre de la manière la plus naturelle qu'elle en soit capable, elle ne trouvait d'autre solution que de s’éclipser un instant de peur qu'il ne lise lui aussi dans ses yeux. L’inquiétude de l'inconnu. La peur du changement. L'angoisse de faire un pas vers l'autre et écrire un nouveau chapitre. Réfugiée dans les allées, elle s'efforce de calmer sa respiration saccadée. Elle se rendait bien compte maintenant qu'elle attendait ce moment. Elle hésitait encore. Sa main caresse distraitement les livres tandis qu'elle tente d'organiser ses pensées. Tiraillée dans un paradoxe qui s'impose à elle. Si elle se réjouit du pas que Mald venait de faire vers elle, elle craignait que cela ne perturbe trop leur relation. Leurs secrets. Saurait-elle assumer ses écrits et ses lectures de vive voix? Encore une fois Lise s'était mutée dans une mascarade. Jouant un rôle. Ca l'arrangeait bien de ne rien avoir à justifier, de feindre l'ignorance tandis qu'ils étaient là face à face. Elle avait toujours rangé leur relation dans un monde parallèle et celui-ci venait de lui éclater au visage.

Son regard se pose sur le dernier livre qu'elle a édité et elle s'imagine que ses pas ne l'ont pas amenée ici par hasard. Elle s'en saisit avant de revenir vers leur table et le poser à la droite de Maldwyn. Il était devenu sa couverture, l'excuse qui tombait bien pour justifier s'être levée brusquement. Nier la fuite à laquelle elle venait lâchement de s'abandonner, n’assumant qu'à moitié ses interrogations face à Mald. Son regard s’évade aussitôt vers la fenêtre, appelé par l'eau se déversant contre la paroi vitrée. Elle s'efforce d'oublier une seconde la présence Mald, se reconcentre sur elle même. Lutte un peu contre l'envie de s'échapper pour laisser la pluie la recouvrir. Ca a le mérite de l'apaiser bien plus rapidement que tout ce qu'elle aurait pu tenter de faire. Le mouvement abrupte de Mald attire son regard qui se pose sur lui avec interrogation. S'attendant à ce qu'il aille à son tour chercher un livre, il n'en est pourtant rien. Le geste hésitant, sa main se rapproche de la sienne avant de s'en saisir. Un frisson lui parcoure l'échine et ses dents viennent mordiller l'intérieur de sa joue. Elle observe ses gestes, incapable de lever le regard vers lui, faussement concentrée sur les lettres qui se tracent sur sa paume, passablement obnubilée par le contact de sa main tenant la sienne. Son cœur bat probablement un peu trop fort et ses joues rosissent alors qu'en s'en rend compte. Ses mains quittent la sienne pour inscrire cette fois un point d'interrogation dans sa propre paume et c'est les interrogations qui fusent chez la rousse. Il esquisse un sourire timide, elle reste interdite. Sait pertinemment que ses yeux parlent pour elle, encore. Sa main se pose sur la sienne et son regard ne sait plus où se poser. Il fixe leurs mains. Elle se concentre pour ne pas paniquer et finit par refermer ses doigts autour de sa main, peut-être pour le rassurer, incertaine de ce qu'il essayait de lui faire comprendre.  Se posait-il des question à propos d'elle? Lise ne parvenait pas à saisir le sens de son geste. Maldwyn se retira brusquement, comme s'il prenait soudainement conscience de quelque chose et se dissimula derrière sa lecture. Gênée, Lise l'imitait sans trop savoir quoi faire, cherchant encore la signification que pouvait avoir son prénom et ce point d’interrogation réunis. Voulait-il lui posait une question en particulier?

Elle se saisit enfin de son gobelet, l'amenant jusqu'à ses lèvres. Sa main s'ouvre et son regard se pose furtivement sur le prénom de Mald écrit à l'encre rouge. Songeuse, elle se demande encore ce qu'il attendait d'elle. Pense qu'elle aimerait bien finalement, qu'il lui parle. Qu'il lui explique. Lui fasse part de ses interrogations s'il en a. Sa voix se détache à nouveau dans le silence, son regard se pose sur lui, toujours derrière son livre. Un sourire sincère s'étire sur ses lèvres alors qu'elle regarde de nouveau le cœur qui s'est faufilé sur son gobelet. Elle se dit qu'il n'en a pas lui, qu'il ne s'était pas prit de boisson et se sent tout à coup gênée d'être la seule à en profiter. Est-ce qu'il n'en voulait pas, ou s'était-il oublié dans l'équation? Lise glisse le gobelet du bout du doigt jusqu'à lui. "Prends en" Elle avait un peu peur que ça passe pour un ordre sur le coup mais elle voulait simplement partager avec lui, s'il en voulait aussi. Elle se sent pourtant un peu idiote à l'idée qu'il puisse peut-être ne pas vouloir simplement boire dans son gobelet. L'idée qu'ils auraient pu s'échanger ce genre d'attention depuis longtemps l'effleure. Simplement offrir à l'autre une boisson, une part de gâteaux, partager autre chose qu'une lecture et une table n'aurait pas été une mauvaise chose. Elle ne lui avait jamais offert que des mots, quelques courtes lettres parfois, un livre une fois. Son esprit se déportait un moment sur celui qui dormait discrètement dans son sac, attendant le moment opportun. Elle se demandait si ça ne l'était pas, justement, le bon moment, tandis qu'ils semblent tous les deux dans un moment de partage. Avant de se faire, le rousse s'attarde de nouveau sur le prénom de son ami au creux de sa main, sans pour autant oser lui demander de quoi il s'agit, toujours coincée dans son mutisme. Lise décide de se faire violence, d'arrête de trop réfléchir. Les livres d'astronomie sont laissés de côté, devenus uniquement prétextes depuis quelques minutes. Ses doigts fouillent dans sa trousse à la recherche d'un bic. Sa main tachetée glisse jusqu'à Mald, lui attrapant doucement la sienne comme il l'avait fait quelques minutes plus tôt. Le geste est timide et délicat. Elle parvient avec étonnement à lui glisser un regard avant de retourner doucement sa main. L'encre se pose alors sur sa peau en retour, traçant les lettres de son prénom. Elle ne savait pas bien ce qu'elle voulait lui signifier en retour, mais elle espérait que c'était la chose à faire. Maintenant que son prénom était également inscrit dans sa main, elle reposait le stylo. Repassait du bout du doigt ses quatre lettres comme pour les ancrer définitivement là avant de poser timidement sa main sur la sienne. Lise ne faisait que refaire ce que Mald avait fait. L'intime conviction que c'était la réponse à lui apporter, peu importe les interrogations qui s'imposaient à lui. Elle voyait dans ce geste un symbole qui lui plaisait bien. Si ce contact l'électrisait un peu, elle ne voulait finalement pas quitter sa main qu'elle avait observée des minutes durant sans jamais oser avoir un geste envers lui. Le regard, fuyant, volontairement détachée, Lise se concentre de nouveau sur sa lecture, gardant cette main dans la sienne comme si elle pouvait partir à tout moment. Comment avait-elle pu rester si détachée si longtemps? Son cœur s'emballe plus que de raison, son esprit s'évade et sa main se resserre involontairement autour de celle de Mald. La tête posée sur son poing, Lise tente de faire sens de sa lecture et se concentrer plus de deux minutes consécutives mais en vain. Finalement, de sa main libre, elle attrape délicatement l'autre main de Mald, la retourne doucement pour révéler de nouveau le point d'interrogation qu'il y avait tracé. "Pourquoi?" laisse-t-elle échapper de ses lèvres alors que son index se pose prudemment sur le signe.
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Nothing is but what is not (Lise) - Dim 24 Juin - 22:32


Nothing is but what is not
Lise & Maldwyn


J'ai des aiguilles dans le cœur. Je marche sur des œufs, funambule incertain. Des coquilles de désillusions, reliques de sentiments qui se sont heurtés trop fort à mes défenses hermétiques. Elles craquent sous mes pas lorsque je m'aventure au delà de leurs carcasses, au delà du cercle de ma zone de confort. Je suis terrifié par l'idée il est vrai. Enfermé dans ma propre cage de solitude, je ne sais plus comment être autre chose qu'un système d'habitudes automatisées. Je tourne en ronds, la ronde infernale de mes propres démons. Main dans la main avec mes erreurs, incapable de faire un pas en avant sans en faire deux en arrière. Un animal difficilement apprivoisé qui se terre dans les recoins de sa conscience. Qui prends peur d'un rien, fidèle à son instinct. Je ne sais plus quand j'ai perdu le contact, lorsque j'ai commencé à montrer les crocs à la main qui se tends vers moi. Dissuader, sans jamais vraiment mordre. Je ne suis pas une bonne personne, je vais te faire souffrir, alors ne t'approche pas.

Mais ça ne fonctionne pas sur elle. Elle a contourné mes défenses sans même que je m'en aperçoive. Elle est rentrée au cœur de la mécanique pour s'installer entre les rouages, telle une hirondelle qui fait son nid. Délicate et envahissante. Il est trop tard pour la déloger de mon esprit, prétendre que je n'apprécie pas sa présence. Une petite voix dans ma tête qui murmure de me laisser aller, que tout ira bien si je la laisse faire. J'aimerai la croire, décrocher mon cœur punaisé au mur et accepter de le porter de nouveau. De partager ces sentiments, de me rapprocher d'elle autrement que par les mots. Parce que j'en ai envie, parce que tout ce qu'il vient de se passer est une preuve irréfutable que je veux plus que des hypothèses. Je veux des certitudes. Alors toutes ces questions qui me brûlent les lèvres, ce vocal que je ne veux plus poser sur le papier mais prononcer à voix haute. Rien que pour elle, rien que pour nous. Pour une fois je ne veux plus prétendre, je veux vraiment être. Proche d'elle, autrement que par ces rôles que nous prenons une fois un stylo en main. Je pourrais tout réécrire, au creux de ses mains, recouvrir sa peau si cela peut incarner cette illusion. Je n'envie plus la fiction, je veux sentir la chaleur tangible du réel.

Je m'efforce de disparaître derrière ma lecture, une partie de moi espère encore pouvoir s'échapper, reculer. Faire comme si de rien n'était. Je m'insupporte de ces comportements contradictoires, j'aimerai me faire violence au point de non retour. Mais je ne suis que sur le pas de la porte, je n'ai pas encore réussit à vraiment la franchir. Parce qu'elle empêche le monde extérieur d'entrer. Elle le protège de mon existence, de mon dommage. Je ne suis pas vraiment une bonne personne, pas l'ami sur lequel on puisse compter ou le meilleur des amants. Je ne suis qu'une existence médiocre et biaisée par mon propre dommage. Je cultive la noirceur ; j'aimerai dire malgré moi. Mais je me complais dans ce jardin nocturne, je continue d'arroser ces plantes pourries et sans vie. Je me voile la face alors que je ne suis qu'un cadavre ambulant. Je me déteste sans trop vraiment savoir pourquoi. Est-ce qu'elle le sait ? Est-ce qu'elle l'a suffisamment comprit entre les lignes ? Je ne suis que problèmes, je n'apporte rien de bon. Alors pourquoi n'a-t-elle pas fuit ? Pourquoi s'obstine-elle à me sourire, si proche et pourtant si lointaine.

Je ne réagis pas tout de suite lorsqu'elle m'invite à partager sa boisson. Trop concentré sur le son de sa voix qui perce de nouveau ses lèvres. Je suis surpris par le geste. Je ne m'attendais pas à la demande, pourtant si anodine. Je fixe le gobelet, interdit. Le cœur sur le i, les traces de rouge à lèvres sur le plastique. Ce n'est pourtant rien, c'est juste une offre simple et polie. Mon regard s'égare sur son visage, ma main allant pour se saisir du gobelet. Mais ce n'est que mon pouce qui se pose délicatement sur la marque de ses lèvres, se teintant de leur couleur. C’est un détail hypnotisant, et je reste distrait par la teinte qui s’étale sur le bout de mes doigts, le collant léger du maquillage. Je n'ose pas m’exécuter, concéder à sa requête bienveillante. Je me sens idiot de considérer cela différemment, comme si j'allais franchir un cap imaginaire. Un peu comme un enfant qui cherche trop de sens là où il n'y en a pas. Ce n'est qu'un stupide gobelet en carton. Mais ce sont ses lèvres qui se sont posées là. Mes doigts s'éloignent du chocolat chaud, mais sa main rattrape bien vite la mienne avec douceur. Un bref sursaut, l'inattendu a fait frémir ma chair. Je suis toujours plus à l'aise de toucher les autres qu'à les laisser me toucher. Je sais qu'ainsi je peux facilement contrôler, je n'ai pas besoin de vraiment m'abandonner. Je triche, je ne prends pas de risques. J'ai fait exactement le même geste quelques moments plus tôt, pourtant je ressens tout autre chose alors que les rôles sont inversés. Mes yeux fuient son regard, obstinément posés sur le livre ouvert devant moi. Ce n'est qu'au contact de la pointe du stylo que je ne peux faire autrement que de relever la tête pour l'observer. Elle me surprend encore une fois. Je pensais aller trop loin, vouloir quelque chose qui n'était pas réciproque. Transgresser les règles tacites de cette amitié de papier. Mais elle joue le jeu et me réponds. Les lettres tracées de son prénom, son écriture que je connais par cœur. Mes lèvres s'entrouvrent légèrement mais aucun mot n'en sort. Le contact s'attarde, et ne se brise pas. Sa main serre la mienne, se pose même sa deuxième, s'attardant sur le point d'interrogation au creux de ma paume. Et cette question en retour. « Pourquoi ? » C'est une excellente question. Pourquoi est-ce que j'ai décidé aujourd'hui d'agir autrement, de bouleverser notre routine si bien rodée ? Parce que je veux vraiment y croire. Parce que nous sommes amis. Parce que je veux être proche de toi Lise. Je veux me sentir vraiment proche de toi. Parce que les mots ne sont que des coquilles vides de sens. Vidés de leur substance, des intentions trop fragiles pour perdurer. Ils ne peuvent exister par eux-même, des sentiments sans maîtres et sans oreilles dans lesquelles se glisser. Tous ces mots sont fait pour être prononcés, exécutés, écoutés. Je ne peux plus vivre dans ce monde alternatif. Il me faut détruire cette création pour pouvoir avancer.

Mes mains se referment sur les siennes, mes doigts se mêlant aux siens, serrant avec maladresse. Je tremble un peu, je n'ai même pas remarqué avoir fermé les paupières avant de les rouvrir. Le silence s'éternise ; pour quelqu'un qui ne pouvait plus rester muet je ne lui ai toujours pas répondu. C'est une communion étrange, ces doigts joints entre nous au travers de la table. On dirait que nous sommes prêt à invoquer l'esprit de la bibliothèque. Notre espace est isolé et pourtant j'ai l'impression d'être en proie à la vue de tous. Mais surtout, je suis livré à ses regards à elle. J'apprécie le contact, je l'évalue. Je crois que je ne réalise pas encore que c'est bien sa peau contre la mienne. Tangible et pulsant doucement. Mes doigts se détachent pour dessiner les tâches de rousseur sur le dessus de sa main, remontant le long de son poignet. Je n'ai plus besoin de les imaginer, il me suffit de les compter. J'entrouvre les lèvres pour échapper un souffle, toujours incapable de parler. Mes doigts continuent leur chemin le long de son épaule, s'approchant de sa joue sans pour autant s'y poser. Puis mon courage retombe, toujours. Ma main s'éloigne et se pose sur la table, je me redresse, une fuite attendue. Mais malgré moi je ne peux lâcher, cette main toujours liée à la mienne. Alors je l’entraîne à ma suite dans les allées, aussi incertain et indécis. Je n'ose pas la regarder, si je voulais vraiment la fuir alors il me suffirait d'échapper ses doigts pour la laisser derrière. Mais je suis incapable de le faire. Je finis par ralentir, même si je connais la bibliothèque par cœur je n'ai pas fait attention aux rayons empruntés. J'ai réussis à me perdre dans un endroit familier, c'est dire à quel point mon esprit est troublé aujourd'hui. Par delà la grande fenêtre qui nous illumine à peine de sa lumière maussade, la pluie s’abat rageusement. J'aime ce son, l'allée est déserte, exiguë et croulant sous les ouvrages. Peut-être que certain d'entre eux portent l'encre de nos échanges. Nous sommes entourés de livres, entourés de mots figés. Ici je me sens presque en sécurité. Ici je peux parler sans avoir peur car les livres ne nous jugerons pas. Ils ont toujours été nos témoins, nos messagers. Ils seront les oreilles qui protégerons ces confessions à jamais. « Je veux être proche de toi Lise. » Ma voix manque un peu de souffle, je déglutis pour reprendre contenance, incapable de la regarder en face. Je veux être proche d'elle mais là maintenant, elle est beaucoup trop proche dans cette allée étroite. Mes mots ne sont qu'un murmure. « Je veux vraiment y croire... » Je lève nos mains jointes, desserrant ma prise pour révéler nos prénoms sur nos paumes respectives. « Est-ce que nous sommes vraiment amis ? » Mon ton est presque une supplique. Je rougis, incontrôlable. Je me sens ridicule. Nouvelle inspiration, je serre de nouveau sa main pour chercher mon courage. « Ou est-ce que ce ne sont que de beaux mots posés sur le papier ? » Des bouteilles à la mer pour passer le temps. Je m'en veux de lui demander ça, je devrais me sentir humble, heureux qu'elle ai déjà accepter de perdre  son temps à me répondre de son écriture minuscule. Mais je n'ai plus envie de vivre cette amitié entre les pages. Je laisse retomber nos mains, mes doigts libérant enfin les siens. Je ne sais pas quoi faire de mon corps, je prends trop de place. Mon cœur bats un peu trop fort, je n'ai pas envie qu'elle l'entende. Je recule de quelques pas, mon dos se collant contre la fenêtre. Je ferme les yeux. Il n'y a qu'une mince feuille de verre entre moi et le déluge. Pour la première fois je prie n'importe qui, de me venir en aide. S'il vous plaît, faite que tout ceci ne ce ne soit pas une illusion.
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Nothing is but what is not (Lise) - Mer 4 Juil - 0:46


Nothing is but what is not
Lise & Maldwyn

Le silence se brise et c'est leur monde comme semble commencer à s'effriter. Lise prend doucement conscience que demain ne sera plus le même, et que ni elle ni lui le seront. Peu-être le temps était-il venu de tourner la page et d'écrire un nouveau chapitre ou peut-être d'en effacer un. Là était la plus grand crainte de la rousse. Alors qu'ils ont en fait deux relations bien distinctes. Celle du réel, où les faux semblants s'imposent en maîtres. Où le silence a progressivement tissé un monde de présences. Mald est la présence qui s'est rendue indispensable. Celle qui l'aide à se concentrer. Celle qui l'apaise lors des moments de doutes. Celle qui la rassure sans avoir à ouvrir la bouche. Il était là et ça lui suffisait amplement. Paradoxalement la proximité ne se faisait sentir qu'une foi séparés. Qu'une fois qu'il la laissait doucement entrer dans son monde, dans le monde qu'ils se sont construit ses dernières années.  Alors que les pages se tournent et que les mots apposés se révèlent. Des discussions qui n'en sont pas vraiment. Des échanges d'idées et de commentaires qui sont bien souvent sa meilleure lecture de la journée, un moment attendu. Une parenthèse enchantée dans un quotidien parfois rébarbatif. Un monde a part, tissé petit à petit entre leurs deux esprits. La réalité n'avait rien de similaire. Les deux partenaires de mots se contentaient chacun de leurs présences respectives. Se complaisant dans ces faux semblants. D'une ignorance fabriquée, de silences imposés et de regards timides. C'était suffisant pour Lise. Ce silence. Ces regards et ces quelques gestes à peine esquissés entre eux. Deux parfaits inconnus, à première vue. Des habitués qui se plaisent à rester ensemble sans jamais s'adresser plus que des murmures. Un langage de regards qu'ils avaient appris à comprendre.

Elle était devenue de ceux qui attendent. Elle attendait sa venue. Peut-être avec plus d'impatience qu'elle ne veut bien se l'admette. Espérant en silence que sa présence préférée ne pointe le bout de son nez pour qu'elle puisse enfin faire ce qu'elle a à faire. L'indispensable. La nécessaire.Mais aujourd’hui n'était pas comme hier. Mald s'était décidé à lui parler. Le comportement qu'elle n'attendait pas alors qu'elle se plaisait dans leur relation parallèle.  L’hésitation  s'était imposée un peu trop fortement avant qu'elle ne se fasse violence. Elle ne pouvait pas ignorer ce appel qu'il lui lançait. Rester murée dans ce silence qu'elle apprécie tant. Alors elle finit par jouer le jeu Lise. Un peu à contre cœur. Dans l'angoisse que ça ne les fasses basculer dans un monde qu'ils ne connaissent pas. Le gobelet glisse jusqu'à Mald un peu maladroitement. Un geste irréfléchi, hâté dans un besoin de réagir à son tour. De faire quelque chose. Un pas vers lui. Elle remarque l'hésitation alors que son regard s'égare discrètement jusqu'à lui. Ses doigts qui touchent le bord du gobelet et l'évidence se dessine dans son esprit. Une pensée qui ne s'était pas imposée à elle, qu'il puisse être dérangé de boire là où elle même venait de boire alors que c'était plutôt évident. Morte de honte, la rousse s'empresse de se saisir de sa main à son tour. Répétant exactement ses gestes. Sans réellement savoir pourquoi, persuadée que c'était la réponse adéquate. Son prénom s'appose craintivement au creux de sa main en écho avec celui qui s'était niché dans la sienne. Ses sens semblent s'éveiller tandis que leurs mains se touchent de nouveau. Un geste a priori anodin qui ne s'était jamais imposé à eux malgré les années à se retrouver autour de la même table. Sa main reste dans la sienne, incapable de briser ce contact. C'est finalement elle qui brise de nouveau le silence, l'esprit bien trop préoccupé par la situation. Les agissement de Mald sont restés en suspens et elle a besoin de réponses. Que se passe-t-il? Pourquoi ces interrogations? Quelles interrogations au juste?

Sa voix ne se fait pas entendre pour autant. Ses mains quant à elles resserrent leur étreintes jusqu'à ce que ses doigts se mêlent au siens. Elle ne parvient pas à masquer sa surprise, son souffle qui s'est brutalement coupé, ses yeux qui se sont écarquillés plus que de raison. Son cœur bat la chamade alors que l'incompréhension se décuple. Ses lèvres s'entre-ouvrent et se referment aussitôt que ses doigts se détachent des siens pour venir se poser doucement sur le dos de sa main. Ses yeux suivent ses gestes, interdite. Son contact glisse et remonte le long de son bras. Sa main se referme davantage sur celle de Mald. S'accrochant paradoxalement à ce qu'elle avait de plus tangible entre les doigts. Tandis que ce sont les siens qui sont justement en train de la perdre. Ses doigts l'effleurent et son épaule tressaute à ce toucher délicat qui s’attarde désormais près de sa joue. L'envie d'apposer sa joue sur sa main lui traverse l'esprit sans qu'elle ne sache esquisser le moindre mouvement. Le corps figé par une proximité nouvelle et inattendue. Le fait que rien n'ait jamais annoncé un quelconque rapprochement la surprend d'avantage. Le changement est soudain et Lise est pétrifiée. Le regard hurlant d'incompréhension et de satisfaction à la fois. Ses iris perdent les siennes alors que sa main s'évanouie. La chaise crisse sur le sol, Mald se lève subitement pour s'éloigner. Emportée malgré elle, leurs mains toujours jointes, Lise peine à se dépêtrer de sa chaise, manque de trébucher avant de finalement parvenir à tenir le rythme. Le pas hâtif de Mald, l'angoisse. Le battant s'affole, les yeux se perdent à gauche à droite jusqu'à se figer sur ce dos qui s'impose à elle, à la recherche d'une explication. Elle voudrait prononcer son nom pour qu'il s'arrête mais rien ne parvient à s'échapper de ses lèvres.

Ses pas précipité s'arrêtent au détour d'une allée et Lise semble pouvoir respirer de nouveau. Le myocarde se calme doucement alors que son regard se perd sur les livres vieillis qui habitent cette partie de la bibliothèque. Les interrogations ne semblent savoir que se multiplier dans son esprit. Pourquoi l'avait-il attirée jusqu'ici? Pourquoi restait-il silencieux à sa question? Pourquoi fallait-il soudainement que tout change aujourd'hui sans transition aucune? Lise ne parvenait pas à reposer le regard sur Mald qui avait toujours ses doigts mêlés aux siens, sans qu'elle ne sache s'en défaire malgré son embarras. Un sursaut s'empara de son corps alors que ses mots raisonnait dans son esprit. Son regard se pose sur lui, incrédule alors que son cœur manquait un battement avant de s'affoler plus sérieusement. Sa voix manque d'assurance, et ses yeux fuient les siens. Lise est incapable d'articuler un mot tandis que chaque mot qu'il prononce l'enfonce un peu plus dans sa stupeur. Proche comment? Ne cessait-elle de se répéter intérieurement. Qu'est-ce que ça voulait dire? Elle manque de souffle, a l'impression de perdre pied complètement. Voilà le moment où ils tournent la page. Alors que l'un des deux ose faire plus, et surtout, demander plus. Elle n'était pas certaine d'être prête à ça. Elle n'était pas certaine de le vouloir. Si un peu plutôt, elle avait prévu de lui offrir un livre, ça n'était pas la première fois, et ça ne changeait en rien leur routine. Mald était en train de détruire leur monde et ça lui faisait de la peine. La révélation se fait. Les questionnements s'expriment, leurs mains se lèvent pour révéler leurs deux prénoms. Lise comprend alors son prénom, le point d'interrogation et son cœur se calme aussitôt. Son regard s'adoucit et cherche le sien. Les doigts de Mald serrent à nouveau le sien et elle peut y percevoir son désespoir. Avant qu'elle ne rassemble son courage pour lui dire quelque chose, sa main se défait de la sienne et il s'éloigne, jusqu'à s'adosser à la vitre.

Le regard de Lise se perd aussitôt vers l'extérieur, instantanément appelée par la pluie qui s'écrase sur la vitre., elle voudrait la rejoindre cette pluie qui fait frémir son corps tout entier, qui l'appelle à elle, seule à pouvoir apaiser son esprit contrarié. Mais ce n'est pas le moment, Mald vient de se révéler à elle et attend une réaction de sa part. Elle inspire pour se donner un peu de courage, elle ne parvient pas à rassembler ses pensées pour répondre à ses attentes. "N'est-ce pas évident?" Qu'elle parvient bêtement à lui demander sans attendre nécessairement de réponse. Ca lui paraissait plutôt évident à vrai dire. A s'écrire et se lire des heures durant, des années durant. Auraient-ils tous les deux perdus leur temps à écrire sans but aucun? Ce n'était pas son cas. Si pendant longtemps elle n'attendant pas plus, se contentait, comme toujours d’apprécier ce qu'on lui offre, elle ne le considère pas moins comme un ami. Malgré la mascarade qui recouvre leur amitié. "Ce sont des beaux mots, mais pas uniquement." Des mots qui ont un sens, qui révèlent et renforcent. Des mots qui construisent les uns après les autres ce monde qui n'appartient qu'à eux. Lise se sentait blessée qu'il ait pu en douter. Penser que tout n'aurait pu être que du vent pour elle. Elle se fait violence. S'avance d'un pas hésitant jusqu'à se retrouver face à celui qui partage son monde intérieur. Jusqu'à s'engouffrer dans la brèche qui lacère petit à petit leur monde parallèle. Elle reste plantée là quelques secondes sans savoir exactement si elle souhaitait s'y engouffrer. Son regard se pose sur lui et le considère avec désespoir. Aucun mot ne parvient à s'exprimer tandis que ce face à face la déstabilise plus qu'autre chose, son corps se crispe un peu trop. Sa respiration se saccade de nouveau et sa vision se pare de paillettes sombres. Elle s'adosse à son tour à la vitre et y accole sa tête. Écoutant avec attention la pluie s'abattre sur le vitrage. "Faut-il vraiment mettre des mots sur ce que nous sommes?" Leurs échangent ne parlaient-ils pas d'eux même? "Après ce que l'on s'est dit?" Après ce qu'ils se sont confiés? Il y a des choses que lui seul sait, et il en est sûrement conscient. Conscient d'être entré là où personne d'autre n'était entré auparavant.

Lise lève la main devant eux. Le prénom de Mald se révèle de nouveau, le regard posé sur les lettres tracées, elle réalise qu'ils n'ont plus de stylo. Ici, dans cette allée à l'écart du volume principal, ils ne pouvaient compter que sur leurs mots. Elle ne pouvait pas lui écrire. Se réfugier dans ses écrits qui la rassurent. Dans ce quotidien et cette routine qu'elle appréciait. Ils n'avaient d'autres choix que de parler. Elle se braque Lise, cette révélation lui fait peur. Lui rappelle qu'ils sont en train de franchir le point de non retour. Que leurs voix sont en train d’abattre le mur de leur monde parallèle. Ses yeux se perdent sur l'étal à sa droite, passent d'une tranche à l'autre à la recherche d'un repère. D'une ancre à jeter à la mer pour ne pas aller plus loin. La néréide se noie dans son propre océan d'inquiétude. Foutue peur du changement. Elle se souvient soudainement de ses mots qui raisonnent de nouveaux dans son esprit. Je veux être proche de toi Lise. Ressent de nouveaux le contact de ses doigts qui effleurent son bras et c'est tout son corps qui frissonne. Mais ces gestes sont-ils pour autant des gestes d'amitié? De ceux qui ne savent plus comment agir l'un avec l'autre? De ceux qui n'ont jamais su et qui se sont perdus dans un autre monde, jusqu’à  perdre de vue la réalité? Ses yeux se posent sur un livre familier. Soulagement inespéré pour la rousse qui se jette presque à sa rencontre. Elle se saisit du livre avant de revenir contre la vitre et glisser jusqu'à s’asseoir au sol. Ses doigts hésitent un instant avant d'ouvrir l'ouvrage et révéler leurs mots qui se répondent. Les pages défilent doucement, elle n'a pas honte de rélèver leurs échanges, de les avoir sous les yeux aux côtés de Mald,maintenant que lui a osé franchir l'autre pas. Les mots se lisent en diagonale, les pages se tournent, les souvenirs la submergent. Elle risque un regard vers Mald avant de revenir à son livre. Ses doigts effleurent leurs écrits griffonnés dans les marges, parfois même par dessus l'encre. "Ca ne te suffit plus?" Elle regrette aussitôt avoir abaissé ses barrière. Avoir osé lui demander. La réponse ne lui plaira pas, ne lui confirmera uniquement qu'il veut abattre leurs frontières et elle ne pense pas être prête. Ils se connaissent sans se connaître. Elle ne sait pas comment agir avec lui en dehors de leurs écrits. Elle ne sait pas comment se comporter avec lui. Comment lui parler. Et plutôt que s'y confronter, la lâcheté la pousse à vouloir s'y enfermer d'avantage, dans ce monde parallèle.
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Nothing is but what is not (Lise) - Lun 9 Juil - 22:23


Nothing is but what is not
Lise & Maldwyn


Je veux. L'impératif est une formule qui ne m'est pas familière. Trop habitué à me laisser porter, apprécier les imprévus et les coïncidences sans jamais vraiment chercher à les provoquer. J'aimerai. Ne pas m'imposer, être silencieux sur l'expression de mes propres désirs. Pas par politesse, pas par introversion, simplement parce que je suis incapable de vraiment vouloir quelque chose. Une existence tristement simple, juste assez d'ambition pour en arriver là. Un esthète qui se satisfait de la beauté sans chercher à la posséder, plutôt minimaliste que matérialiste. Mes possessions sont intangibles, un savoir et des histoires accumulées qui ne sont pas les miennes. Je n'ai jamais acheté mon appartement, accumulant l'argent sur mon compte en banque au lieu de le dépenser. Je n'ai jamais cherché à m'approprier les gens. Multipliant les connaissances mais c'est tout ce qu'elles sont au demeurant, des connaissances. Je suis seul au monde dans une large famille. Trop étranger aux miens pour encore être invité aux rassemblements, trop douloureusement coutumier à leur présence pour encore la rechercher. Je suis riche du temps qui passe et pourtant si pauvre en souvenirs, mendiant les connections et les échanges restreints juste pour ne pas me sentir complètement seul. La vérité c'est que je suis un lâche, incapable de m'imposer parce que j'ai trop peur des conséquences. Je détruit tout de mon indécision, de ma nonchalance virale pour ne pas faire face à qui je pourrais être. Je sais très bien prétendre, un adulte parfaitement fonctionnel lorsqu'il faut prendre des décisions qui ne m'affectent pas directement. C'est ce sérieux qui me tire de plus en plus sous la surface. Je suis un cerveau sans le cœur, trop cérébral pour chercher le contact, affections immatérielles. Et pourtant. Je veux être proche de toi. Tout est en train de changer. Je suis en train de changer.

Pourquoi est-ce que cette fois plus qu'une autre suis-je incapable de me laisser porter par le courant ? Malmené par mes pensés et mes désir, agonie soudain du libre-arbitre. Douleur d'un cœur à l'envie. Elle a raison, pourquoi est-ce que cela ne me suffit plus ? Est-ce que je souhaite vraiment tout cela ? Est-il trop tard pour faire marche arrière ? Pour la première fois depuis longtemps j'exprime une volonté. Pour la première fois depuis longtemps je suis incapable de rester passif. Pardonne-moi de devenir un égoïste, de vouloir posséder cette amitié, de chercher à matérialiser nos mots si complexes par ces gestes si simples. Son visage, sa réaction, me tombe comme une pierre dans l'estomac. Mon dos se plaque un peu plus contre la vitre, la perspective de tomber en arrière et disparaître dans le buisson sous la fenêtre me semble être une bonne option de fuite. Je ferme les yeux, je ne peux plus faire face à ses yeux sur moi, à la lueur triste qui les ternis. Je suis désolé Lise. Mais je ne peux pas continuer ainsi. Tu peux me haïr pour avoir descendu notre relation silencieuse, presque mystique, de son piédestal. Détrônée, couronnée de trivialité. Mais tout ceci est loin d'être banal. Ce n'est pas une dégradation, ni une destruction. C'est une métamorphose. Je rouvre les yeux pour la voir se diriger vers les livres. Elle s'accroche parce qu'elle ne veut pas de ce changement. Parce qu'elle ne veut pas la même chose que moi et ce constat me tord l'estomac. Et voilà qu'une tristesse incontrôlable déforme mes traits. Voilà, je l'ai encore fait, j'ai tout foutu en l'air.

Le bruit des pages qui se tournent, mais celle-ci est restée coincée. Je n'ose pas bouger ni la regarder. Mes bras se sont légèrement croisés, une motion d'auto-réconfort dont je n'ai pas conscience. Je suis toujours incapable de vraiment mettre des mots sur les raisons de tout ceci. Sur ce que je ressens. Comment lui expliquer que les mots ne m'avaient jamais touchés à ce point. Que je n'ai jamais partagé tous ces secrets avec quelqu'un d'autre. Peut-être que je me suis enorgueillit de connaître les siens, que j'ai cru que je méritais plus que ce qu'elle souhaitait m'offrir. Mais c'est parce que nous nous connaissons sans nous connaître, consciences familières pour des corps étrangers. Est-ce que j'ai vraiment tord de vouloir la prendre dans mes bras, lui dire de vive voix que je comprends ? Que je suis là pour elle ? Qui suis-je pour prétendre lui apporter ce dont elle a besoin ? Est-ce qu'avoir envie de la toucher est un pêché à notre histoire fantomatique ? Je me laisse glisser à ses côtés, mû par le silence, mes bras posés sur mes genoux. Jambes pliées contre moi, prostré par cette incertitude, ce maelstrom que sont mes pensées. Je pose une main contre ma nuque, mon regard fuyant sa présence. Ça ne te suffit plus ? J'ai le cœur au bord des lèvres car je connais déjà la réponse. Mais je suis terrifié à l'idée de la voir encore s'éloigner un peu plus à mesure que j'essaie de m'approcher. Je pensais être le plus sauvage, difficile à apprivoiser ; mais Lise est un animal qui s'échappe au moindre bruit. Et je suis un bien piètre chasseur.

J'échappe un souffle à peine audible, laissant aller ma nuque contre la vitre pour observer le plafond. Je contemple mon choix. Continuer d'avancer et cesser de vouloir quelque chose pour moi ou respecter son rejet, accepter de demeurer dans ce royaume parallèle. L'amitié est une confiance et un respect mutuel. J'ai beau avoir peu d'amis je sais au moins cela, en théorie. Mais c'est une amitié cruelle. Nous voir sans jamais nous parler. Son sourire silencieux à mon égard sans jamais que je ne puisse en dessiner la commissure du bout des doigts. La tristesse et la fatigue qu'elle essaie de cacher dans ses gestes sans pouvoir la réconforter de mes bras. S'il te plaît, ne soit plus si cruelle avec moi. « Je veux t'entendre le dire. » Cet impératif encore, ce vœux qui s'impose sans crier gare. Les mots ont percé mes lèvres, abrupte requête alors que mes mains se posent doucement sur les siennes pour refermer l'ouvrage et le poser sur le sol. Je me sens stupide, comme un adolescent capricieux qui refuse les contraintes. J'ai de la ferraille dans le cœur, il cogne un peu trop fort contre mes côtes. A genoux face à elle, mes mains renferment les siennes. « Je suis désolé Lise. » Ma voix est devenue faible, presque un murmure. « Mais ça ne me suffit plus. » Je ferme les yeux et amène ses mains à quelques centimètres de mes lèvres, une image de prière à sa volonté. « Les mots ne suffisent plus pour exprimer ce que je ressens. Je ne peux plus vivre entre les pages quand c'est dans ce monde-ci que j'ai besoin de te faire comprendre que tu compte pour moi. » Qui suis-je pour oser la toucher, profaner le sacré, explorer cette terre inconnue. Je ne suis qu'un égoïste, je ne respecte rien. Je n'ai pas le droit de vouloir pour moi, cette histoire ne m'appartient pas. Est-ce que les amitiés échappées du papier sont toujours aussi intenses ? Est-ce que c'est vraiment ce que je ressens ? Pourquoi est-ce que je tremble presque de ce contact ? J'échappe ses doigts, les miens se posant sur sa nuque non sans hésitations. J'amène son front contre le mien, fermant les yeux. « Je suis toujours la même personne. Et tu es toujours la même personne. » J'encercle maintenant sa nuque de mes deux mains, sa peau est brûlante. Ou est-ce la mienne ? « Nous sommes les mêmes personnes et pourtant les choses sont différentes. » Je détache mon front, plongeant mon regard dans le sien. « Ne me fuis pas, s'il te plaît Lise. » Ma voix est une supplique. N'aie pas peur du changement alors que pour la première fois je l’accueille à bras ouverts. Ne me rejette pas alors que j'ai enfin trouvé quelque chose que je désire. « Ça n'a jamais été à propos des livres, ça n'a jamais été que du papier. » J'observe son prénom au creux de ma paume avant de la poser contre mon torse. « C'est ici que t'as tout écrit. » Cœur griffonné, sentiments brouillons. Je bois l'encre de son âme comme un buvard. Et si advient le rejet, je ne saurais que dire merci. Merci de m'avoir offert cette amitié, merci de m'avoir fait vouloir quelque chose pour moi-même. Mes doigts se détachent de sa nuque, je fuis son contact dans l'attente, dans la peur. Et si je ne suis même pas sûr de tout ce que je lui ai signifié, que je ne suis pas certain de pourquoi je l'ai fait. Fugitif de mes propres pensées, au moins je n'aurais aucun regret.
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Nothing is but what is not (Lise) - Mar 24 Juil - 0:00


Nothing is but what is not
Lise & Maldwyn

Elle s'était souvent demandé Lise, si Mald tenait à elle. Et a quel point. Il lui arrive de vouloir changer les choses. De l'avoir rencontré dans d'autres circonstances, d'avoir eu une amitié tout à fait normal avec lui. Ca avait quelque chose d'attrayant mais ellene pouvait s'empêcher de chérir cette amitié si rare qu'elle avait su construire avec lui. Si bien qu'elle lui apparaissait aujourd'hui comme quelque chose de précieux. Quelque chose qui doit rester inchangé, parce que c'est bien comme ça. Elle ne se soucie pas de savoir si se serait bien autrement, se satisfait du présent et de la magie de leurs échanges. Son cœur s'effrite à l'idée que Mald veuille changer les choses. Elle l'a bien compris. Il a décidé de changer leur quotidien, de monter la marche au dessus. Sauf que la rousse a plutôt l'impression de descendre. C'est idiot. Elle se braque, elle le sait, sait pertinemment qu'elle est en tord, qu'elle s’acharne à vouloir y croire pour ne pas lui faire ace autrement que part ce qu'elle veux bien lui offrir d'elle. La peur lui noue l'estomac, se lit probablement bien trop sur son visage, parce qu'elle n'est plus en mesure de faire semblant. Parce qu'il l'a trop remuée et que l'énergie lui manque pour feindre. Il a comprit. Il a lu dans son regard et c'est le sien qui s'enfuit. C'est son visage qui se teinte d'une tristesse qu'elle aurait préféré ne pas voir se dessiner sur ses traits. Les regrets s’emparent d'elle mais elle est incapable de faire quoique ce soit. Elle voudrait lui prendre la main et lui dire que tout va bien, qu'elle ne voit aucun inconvénient à se parler et clore ce chapitre qu'il ont écrit ensemble pendant si longtemps. Mais la peur est trop forte. Elle se sent terrorisée. Comme une enfant qui ne comprend plus le monde qui l'entoure et s'enroule dans ses draps dans l'idiot espoir que ça le protégera de tout. Lise quant à elle, s'enroule dans ses angoisses et s'enferme davantage dans leur monde. Dans l'espoir de pouvoir l’empêcher de le  briser totalement. Alors elle s'éloigne. Son esprit s'accroche désespérément à un livre familier que son regard vient de croiser à la recherche de quelque chose à laquelle se retenir pour oublier la tristesse qu'elle venait de lire dans le bleu hypnotisant de ses yeux. Elle soupirant en revenant à sa place et feuilletait les pages.

Elle relie leurs mots et c'est son cœur qui se serre. Pourquoi aujourd'hui.? Lise voudrait s'enfuir et feindre d'avoir rêvé tout ceci. Revenir demain et s'asseoir à leur table en attendant impatiemment sa venue, comme le quotidien plaisant qu'elle s'était construit avec sa présence. Mais ça ne lui suffit plus, et il n'as pas eu à parler beaucoup pour que Lise comprenne où il veut ne venir. Elle aurait pu sauter de joie, aller dans son sens, le plus naturellement du monde, parce que c'est probablement la meilleur suite à leur amitié. La rendre concrète. Mais Lise est bien incapable de lâcher prise. Constamment dans la retenue, dans l'angoisse de chambouler son quotidien, de détruire les repère qu'elle s'évertue à garder debout pour qu'elle ne s'écroule pas. Est-ce qu'il en est conscient? Qu'elle peine à tenir debout? Sa voix parvient de nouveau à ses oreilles tandis que ses mains se posent sur les siennes pour faire à sa place ce qu'elle devrait faire. Poser se livre et reposer son attention sur lui, et rien d'autre. A genoux face à elle, sa posture a des airs étranges de supplique. Ses mains enserrent les siennes de nouveaux. Son cœur s'emballe de nouveau. Il s'excuse et les mots percent son cœur. La réponse qu'elle n'attendait pas. La question qu'elle n'aurait pas du poser. Ca ne lui suffit plus. Une partie d'elle n'est plus satisfaite non plus, mais Lise s’évertue à la maintenir à distance respectable. Son cœur manque un battement et ses yeux quittent aussitôt les siens pour venir se fixer sur ses genoux alors qu'elle humidifie nerveusement ses lèvres. Voilà la réponse à sa question. Un soulagement brille au fond de son cœur qui commence à battre un peu fort. "Bien sûr que nous sommes amis..." L'évidence ose déposer ses lèvre malgré le retard de sa réponse. "Tu oses en douter."  Et tu comptes aussi pour moi, mais... Elle ne parvient pas à s'exprimer qu'elle sursauta de surprise quand ses doigts se glissent furtivement dans sa nuque avant qu'il n'appose son front contre le sien, ses mains s'agrippent instinctivement sur les genoux de Mald. Ses yeux se plongent dans les siens et leur couleur semble lui percer le cœur. Elle peut sentir son odeur comme si elle avait le nez dans ses vêtements. Beaucoup trop proches. Lise sent le rouge lui monter au visage et tout contenance vider son corps. Elle ne trouve rien d'autre à faire que de se laisser faire et d'oublier se souffle qui s'écrase doucement sur ses mains. Il se recule, porte finalement la main à son cœur et l'humidité lui monte honteusement aux yeux alors qu'elle balbutie. "N..non" Elle voudrait fuir. " Je ne suis plus la même personne" Plus maintenant qu'elle n'a plus le contrôle sur ce qu'elle veut bien lui montrer. Plus maintenant qu'il lui a dit qu'elle comptait pour lui. Plus maintenant qu'elle voudrait pouvoir être entière avec lui.

C'était la barrière qu'elle ne voulait pas ouvrir. Celle où elle voudrait se rapprocher de lui. Celle où elle ne supporterai plus bien longtemps de n'être qu'une moitié d'elle même. "Tu comptes aussi pour moi" Mais. Elle essuyait ses yeux pour éviter que de stupides larmes ne viennent couler le long de ses joues. "Mais.. Il y a des choses que tu ne sais pas" Des choses qu'il ne voudrait pas savoir. Elle est un monstre, et elle le sait. Qu'il l'a considérerait comme telle. Une abomination. Une créature qui ne devrait exister. "Des choses que tu ne voudrais pas savoir." Qui l'éloignerait à jamais d'elle. Elle n'était pas prête à ça Lise. Il a ouvert la brèche et elle a perdu le contrôle. Elle finira par avoir besoin de lui dévoiler la nymphe. Pour une fois, depuis longtemps, elle avait simplement l'impression d'être Lise, l'humaine normale à ses côtés dans un monde parallèle où elle pouvait se permettre de renier sa créature. Son regard s’enfuyait vers la fenêtre, puis vers la porte un peu plus loin. Il était probablement trop tard pour s'enfuir. Mais elle s'assèche. Ses angoisses l'ont toujours particulièrement asséchée et affaibli et c'est là que le cercle vicieux démarre. Lise ferme les yeux aussi fort qu'elle en est capable afin de refouler la nymphe. Son front s'écrase presque contre le torse de Mald, l'énergie commence doucement à la quitter. "Je veux rester celle que je suis au travers de nos mots." Sa voix s'amenuise. Sa main attrape la sienne un peu trop brusquement, tandis que sa deuxième se pose sur son cœur tout comme il venait de le faire. Ne détruit pas l'échappatoire que tu as crée pour moi. Laisse moi être celle que je veux être, au moins .  Lise n'a pas pour habitude de nier ce qu'elle est devenue. Elle a accepté la fatalité de son sort, a appris a accepter la seconde chance qu'on lui offrait, mais se demande encore aujourd'hui à quoi bon avoir cette seconde chance, si elle est encore incapable de s'épanouir. "C'est toi qui finiras par fuir si l'on reste dans ce monde-ci" Sa main se referme et s'agrippe à son pull alors que son cœur semble pomper toute l'eau de son cœur pour la faire évaporer. Son odeur l'enivre et elle se permet de s'évader un moment. "Restons juste comme ça, silencieux, encore quelques minutes" Le temps qu'elle se pose les bonnes questions.
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Nothing is but what is not (Lise) - Mar 24 Juil - 23:50


Nothing is but what is not
Lise & Maldwyn


Ce n'est pourtant rien. Ce n'est qu'une rencontre fortuite qui avait plus de chances de ne jamais arriver. Son sourire n'aurait pu jamais m'être adressé, elle n'aurait été qu'une inconnue parmi tant d'autres au visage à peine familier. C'est à la fois terrifiant et fascinant, ces instances de vie qui se croisent et s'entremêlent. Terrifiant parce qu'un monde bien différent aurait pu naître. Un monde sans Lise, sans ce réconfort et ce contact humain qui me manque terriblement. Et si je fuis d'ordinaire la proximité, le corps échappant aux prises physiques inattendues ; aujourd'hui je suis avide de la sienne. Je suis incapable de mesurer le temps, de poser une valeur d’ancienneté sur notre relation. Il n'y a que son intensité dont je peux dessiner les contours avec certitude tant ils ont réussit à s'infiltrer en mon cœur. Ce n'est pourtant rien. Mais c'est tout pour moi. Peut-être me suis-je perdu, peut-être ai-je malgré moi laissé mon esprit fantasmer le contenu de ces deux années. Trois années ? Cette décennie ? Nous sommes des personnages dans cette histoire, héros littéraires d'aventures que je nous invente. Des histoires que je veux maintenant vivre au-delà de ce carcan imaginaire, hors des pages encrées de nos consciences. Sans-doute suis-je un peu anormal de vivre tout ceci à cent à l'heure, sensible addiction à ses mots et son existence. Je ne suis qu'un sale camé après tout, un pauvre type qui s'agrippe à la moindre main tendue pour se rattraper de la pendaison imminente. Un cou orné d'une corde tissée de folie, auto-destructive anomalie. Un trompe la mort et la raison. Déraisonné oui, à son sujet. Pourtant je ne demande rien de plus que les banalités du réel. Je veux pouvoir tenir sa main, l'inviter à me suivre et errer sans but sous les cimes ombragées. Je veux pouvoir réceptionner sa tristesse au creux de mes bras et poser le bout de mes doigts sur ses rires. Mes lèvres sur son front pour effacer les lignes qui s'y forment. Je ne crois pas au destin, à la fatalité ; je ne peux pas accepter que la tragédie ou le bonheur nous guettent l'un plus que l'autre. Il ne tient qu'à nous d'établir les règles. Ce n'est qu'un rien mais il a déjà engendré tout un univers à l'échelle de possibilités astrale. Alors la tête dans les étoiles, je me prend a imaginer que nous sommes plus que de simples astronautes en perdition.

Je sais qu'elle est plus que ce qu'elle m'a laissé entrevoir. J'ai partagé cette même pudeur de mes démons, mentir par omission de mes dommages profonds. Nous ne sommes pas dupes, trop attentifs à ce qui perce sous le voile, les fissures qui craquellent le masque. Par peur de décevoir, par fierté, nous n'avons pas complètement été honnêtes l'un envers l'autre. Et c'était sans importance jusque-là. Les livres sont après tout toujours tissés de doux mensonges, de beaux mots qui vont à l'essentiel sans capter forcément toutes les nuances du vivant. Nous avons voulut être le meilleur de nous-même, de rocambolesques caractères assez autobiographiques pour en être touchants, suffisamment lisses pour ne pas faire fuir l'autre de nos imperfections. Nous nous sommes hameçonné, empêtrés inconsciemment dans ces fils transparents et nous contemplons maintenant la prise qui se débats encore sans savoir si l'achever ou l'épargner. Je la trouve cruelle mais je le suis tout autant. Je suis même d'une bien pire catégorie. J'ai brisé sa zone de confort, je peux voir la peur sur ses traits, les tâtonnements de son être envers le mien. Je suis l'origine de cette confusion ambiante, l'épicentre de l'explosion qui a tout fait voler en éclats. Je suis tout aussi cruel avec moi-même, perdu sur les raisons qui font battre mon cœur un peu trop fort lorsqu'elle réponds de mes gestes par les siens. Elle a raison, je suis naïf et hypocrite dans mes mots. Nous ne sommes pas la même personne parce que ces personnes que nous avons rencontré par l'intermédiaire de nos écrits ne sont que des ersatz à nous-même. Des versions édulcorées de qui nous sommes vraiment. Tu comptes aussi pour moi. Ces mots me font sursauter légèrement. Pourtant malgré la chaleur qui me monte au visage, je ne peux m'empêcher de déglutir. Je le vois maintenant. Le problème de tout ceci, celui que je refuse de voir en face. Et les mots qui viennent échouer à mes oreilles achèvent un peu plus de raidir mes muscles. Je suis une fraude. Même si tout ceci est réel, même si elle l'a confirmé. Même si elle compte pour moi et que je compte pour elle, même si elle a formulé cette promesse à voix haute, elle est adressée à quelqu'un d'autre. Elle ne concerne que ce fragment de moi, celui que j'ai bien voulut lui présenter. Elle n'aime que le mensonge de mon être. Je suis le pire des hypocrites. Je prétend l'aimer mais ce n'est que cette facette, ce fantasme que je ne peux que justifier apprécier. Elle m'a volé les mots de la bouche. Sa tête contre mon torse est un violent retour à la réalité, la vérité comme une épée de Damoclès au dessus de nos têtes. Je n'ose pas bouger, ses mains agrippées à mon pull comme un dernier recours parce que nous nous noyons tous les deux dans nos faux semblants. Pourquoi est-ce que je ne peux m'empêcher de croire malgré tout que nous sommes si semblables ? Pourquoi est-ce que je veux croire que peu importe qui elle est je ressentirai toujours la même chose à son égard ? Elle prétend que je serais celui qui prendra la fuite en premier, mais je ne peux que copier le fond de son discours. Il y a des choses qu'elle ne sait pas sur moi. Des choses qu'elle ne voudrait pas savoir et que je ne suis pas certain d'avoir la force de lui dire ouvertement. Je suis vraiment la pire des fraudes, un piège profane et malsain. Mes yeux se sont fermés, les bras ballants, n'osant pas sceller ce contact qui me fait frissonner. Elle a tort sur toute la ligne, je suis incapable de la fuir. Tout mon corps se crispe contre sa chaleur, terrifié de la possibilité de sa peau contre la mienne. Et pourtant ma gorge se serre de l'entrave des mots, mes doigts glissant le long de son dos pour agripper ses omoplates.

« Je ne peux plus supporter le silence Lise. » Pas quand le silence signifie l'omission, pas quand il est propice à fuir dans le sillage de mots fantomatiques. Mon corps s'affaisse et c'est mon visage qui vient s'enfouir dans son cou. « Tu ne comprends pas... » Mes doigts se crispent un peu plus contre sa chair, la griffant presque maladroitement au travers du tissu. Le dos courbé, ma voix est presque devenue murmure. « Je ne peux plus vivre comme ça. » Mes lèvres happent sa peau en formant les mots et sans réfléchir j'embrasse doucement sa clavicule, remontant le long de son cou avant de me détacher pour lui faire face. Un instant de flottement, mes yeux se perdent dans les siens. Une amitié qui n'appartient qu'à nous. Une relation qui m'est chère. Je suis esclave à cette illusion, car si proches et pourtant si distants. Je me redresse brusquement, m'éloignant d'elle, me cognant malgré moi contre l'étagère pleine de livres. Quelques volumes tombent lourdement au sol, comme autant de battements sourds et douloureux. « Tu es plus que des mots, tu ne peux plus seulement être cette construction qui n'existe que dans mon esprit. Ce fantasme cher à mon cœur. » Ma voix est soudainement plus forte, erratique. « Tu ne peux pas uniquement être ce que tu veux bien me faire voir. Ce que tu n'as pas peur de me dire. » Je passe une main sur mon visage, prenant appuie contre le meuble. Je suis en train de perdre pied. « Je ne peux plus vivre comme ça Lise, je ne pas croire que nous comptons l'un pour l'autre quand ces nous ne sont que des fragments incomplets que nous prétendons aimer. » Mes bras retombent le long de mon corps, mon regard s'est perdu dans le sien. « Tu parle de choses que je ne veux pas savoir, mais tu n'as aucune idée de qui se tient en face de toi. » Je crois qu'il y a un peu de colère dans mon ton, peut-être un peu de désespoir aussi. Les mots grondent, un animal qui commence à montrer les crocs. Je détruis tout ce que je touche. Je ne suis qu'une fuite en avant perpétuelle, trop défoncé en permanence pour savoir vraiment discerner la réalité de ce qui n'existe que dans mon esprit. Alors quand enfin j'arrête de fuir, ne me demande pas de retourner dans les limbes insidieuses. Je ne veux plus me voiler la face de cette douce illusion. Je veux être vivant et ressentir l'ivresse de te connaître vraiment.

Mes mains glissent sur le bas de mon pull, faisant passer le col par dessus ma tête dans un embarras de cheveux désordonnés. Je jette le vêtement à terre, remontant mes manches aussi haut que possible. D'un geste désinvolte et crispé j'ouvre les paumes, dépliant mes membres en signe de reddition. Le creux des bras légèrement bleuis, témoignage indéniable de ma nuit, mes derniers jours passés. Je ne favorise pas les seringues d'ordinaire, trop dangereuses, pourtant le résultat est bien là. Toutes les limites franchies. Les marques de ma défonce, de mon problème, de ma maladie de l'existence. Je continue de soutenir le regard, impitoyable. « Je ne suis pas une bonne personne Lise. » J'ai le souffle court, un mal de crâne pervers qui me guette. Mes mains se tendent vers son visage, mes paumes épousant la forme de ses joues puis de sa nuque alors que je m'agenouille de nouveau face à elle. « Alors arrête de me demander de taire cette fureur, de fuir ce que je suis et qui tu es vraiment comme un narcotique de plus. » Une douce addiction que le contact d'un autre être humain. Je ne veux plus d'un peut-être. Je ne veux plus de cette réalité morcelée. Mon visage si proche du sien, je perds tout repère. Mon pouce appuie sur ses lèvres pour la faire taire, mes yeux ancrés dans les siens. C'est un petit rien qui se transforme en chaos.
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Nothing is but what is not (Lise) - Sam 28 Juil - 2:52


Nothing is but what is not
Lise & Maldwyn

Elle a perdu le contrôle. Ca se brise en elle comme du verre cassé. La situation prend des proportions qu'elle n'aurait jamais imaginée. Refusant catégoriquement d'imaginer cet instant. Celui où leur monde s'écroulerait. Elle n'est pas idiote au point de s'enfermer dans ses illusions et de se convaincre que leurs échanges dureraient indéfiniment. Elle aurait pensé qu'il se serait brisé bien avant. Elle a hésité quelques fois. S'est ravisé, toujours. Chérissant un peu trop leur relation bucolique enfermée à double tour dans leurs cœurs respectifs. Leur relation secrète, vécue au compte goutte, d'un jour à l'autre, d'une page à l'autre. Elle aurait voulu que ce jour n'arrive pas. D'autant moins dans ces conditions. Dans un imprévu qui vient tacher son quotidien. Une brutalité qu'elle n'avait pas cru possible, pas de sa part du moins. Si c'était inévitable, elle avait pourtant pensé que ça se ferait en douceur. Dans une facilité qui n'appartient qu'à eux. Un naturel qui se serait installé doucement dans le quotidien qu'ils s'étaient construit. Lise ne parvient pas à masquer sa crainte d'un changement si soudain. Et puisque la parole ne semblait pas lui suffir, Mald y ajoutait les gestes. Des gestes dont Lise ne parvenait pas à saisir le sens réel. Elle a toujours mis une distance entre les autres et sa pauvre personne. A mentir et jouer des rôles, prétendre être une autre pour qu'on ne creuse pas ce qu'elle cache derrière son masque. Si plus jeune elle dissimulait son désespoir profond de ne pas savoir qui elle est. Aujourd'hui, c'est plutôt la nymphe qu'elle dissimule. La créature qui a décidé d'élire domicile dans son esprit.

Il lui arrive encore de souhaiter être réellement morte ce jour là. Ne pas être revenue à la vie, échouée sur la plage dans un mécanisme qu'elle ne comprend toujours pas aujourd'hui. Pourtant elle fait partie d'elle, pour le meilleur, et aussi pour le pire. Il lui parait évident que Mald ne voudrait pas voir ça. Elle le connait assez pour savoir qu'il n’appréhendrait pas le monde dans lequel Lise évolue. Celui dont il n'a pas conscience alors qu'il a envahi la ville. Il n'a pas conscience de ce qui évolue en elle. Régit sa vie, son quotidien et son corps depuis quinze ans. Elle est dépendant Lise, et elle ne peut rien y faire, son corps d'humaine ne peu rien contre l'envoûtement dont elle est prisonnière. La situation lui retourne le cerveau, son cœur se serre, un nœud se forme dans sa gorge. Elle se sent dépassée. Elle parvient à percevoir malgré tout, l'espoir que Mald place en elle, la déception dans son regard quand il se rend compte qu'elle ne va pas dans son sens et l'angoisse la submerge. Ca déferle en elle comme les vague s’abattent sur la falaise. L'eau quitte son corps à une vitesse qu'elle ne peut contrôler. Naturellement affaiblie par la ville et la pollution, elle se maudit de ne pas s'être jetée à la mer ces derniers jours. Le front s'écrasant sur le torse de Mald, son poing enserre son pull et c'est son désespoir qui s'affirme. Il a raison. En partie. Ils sont toujours les mêmes. Mais pas entièrement, on ne peut jamais se connaître véritablement sans s'offrir à l'autre complètement . Elle ne l'avait pas fait, et probablement que lui non plus. Cacher ses démons, être une version améliorée de soi même. Vouloir être un peu mieux que ce que l'on est. Elle n'avait pas voulu lui mentir. Mais saurait-il accepter la vérité qu'elle lui cachait? Sa conscience sait pertinemment qu'il la fuirait. C'était tout ce qu'elle redoutait, le perdre.

Le contact de ses mains dans son dos lui fait frissonner l'échine. Il ne supporte plus le silence. Alors il l'a brisé comme on déchire une feuille de papier en deux, en quelques secondes, il avait complètement abattu ses défenses, malgré la distance qu'elle essayait de maintenir. Il s'entettait à aller de l'avant et Lise n'avait que d'autre choix de le laisser faire. Peut-être qu'il a raison. Elle ne comprend pas. Elle ne comprend rien à  ce besoin pressant de s'exposer à elle de la sorte. Son contact se fait plus insistant. Son souffle chaud s'écrase sur sa peau alors que son visage glisse au creu de son cou et c'est son cœur s'emballe. Elle ne comprend pas la proximité, l'impression de brûler les étapes ajoute à son inquiétude. Les questions se bousculent dans son esprit, elle voudrait pouvoir baisser ses dernières défenses. Cesser de douter et de lâcher prise. Elle ne sait plus comment faire Lise, pour lâcher prise. Les mots de Mald lui percent le cœur par leur signification. Le myocarde cesse un instant. Ses yeux se perdent dans le vide tandis que ses lèvres viennent se poser dans son cou. Elle déglutit, expire bruyamment, incapable de se contrôler alors qu'elle n'a plus l'habitude du contact physique. Mald se détache, ses yeux viennent capturer les siens. Elle aurait voulu fuir son regard qui semble vouloir lui voler son âme, mais elle reste figée. L'empreinte de ses lèvres encore chaude dans son cou, le cœur qui cogne encore trop fort. La respiration saccadée. Elle est finalement bien incapable de quitter le piège de son regard plongé dans le sien et le rouge lui monte au joue à mesure que son esprit se perd dans la profondeur de ses yeux. Le contact se brise au moment même où ses yeux s'étaient perdus à détailler ses lèvres. La violence de son geste la surprend, son dos s'écrase sur les étals qui expulsent quelques uns de ses propriétaires dans un fracas inhabituel.

Sa voix s'élève, commence à se reverbre contre les murs hauts de leur repère. Elle enfonce un peu sa tête dans son cou, dans un réflexe non réfléchi. Ses mots sont justes. Elle n'est pas uniquement ce qu'elle a bien voulu lui montrer. Et il en est probablement de même pour lui. Elle s'était bercée d'illusions finalement, à penser que leur honnêteté était sans faille, dans une intimité qu'eux seuls  partageaient. "Tu peux y croire" Sa voix était faible, elle osait à peine interrompre le flux de parole qui s'échappaient de sa bouche. Ne lui disait-il pas il y a quelques minutes qu'l voulait y croire? Elle avait du mal à ne pas se sentir hypocrite, mais ça n'avait pas été volontaire de sa part. La muraille qu'elle avait bati autour d'elle datait de plusieurs années déjà, elle ne lui était pas spécifiquement destinée. "Ces fragments font quand même partis de nous." Ils n'étaient  pas mensonge malgré leur incomplétude et ça lui allait bien comme ça. Son corps s'abat un peu plus à mesure que ses mots claquent dans l'air. La colère de Mald s'écrase sur elle. Elle peine à comprendre la raison de celle-ci alors que quelques secondes plus tôt il lui assurait qu'il restaient les même personnes. Comment pouvait-il dire ça? Qu'elle n'avait aucune idée? Elle le fixe, incrédule. L'observe se décomposer, perdre le contrôle à son tour. La colère gronde en elle mais les mots lui manquent. L'énergie lui manque pour rétorquer quoi que ce soit où se lever pour lui faire face. Son visage reste figé par la dureté de ses mots. L'intonation qu'avait prit sa voix semblait vouloir la clouer au sol. Son regard à elle quant à lui, ne manquait pas de lui signifier le couteau qu'il venait de lui planter en plein coeur.

Son regard suit le pull de Mald qui s'écrase sur le sol à quelques centimètres d'elle avant de reporter son attention sur lui. Elle scrute ses gestes, animée par la surprise à le voir changer complètement de discours. Mais elle comprend bien vite. La tournure des événements lui glisse entre les doigts et ses yeux s'embuent à une vitesse vertigineuse alors qu'elle constate ses démons. Mald ne la quitte pas des yeux, guette une réaction de sa part. Ses yeux lui supplie de la pardonner. Elle s'en veut terriblement de ne pas avoir su mesurer l'ampleur de son désespoir. Son cœur se déchire à l'idée qu'il se détruise à petit feu. "On a tous nos faiblesses Mald." Ca lui avait coûté finalement, d'oser prononcer son prénom à voix haute. Et soudainement la réalité semblait s'écraser sur ses épaules, il venait de se déchirer la poitrine pour déposer son cœur devant elle. Elle prend l'ampleur alors de la vérité. Des fragments de leur personne qu'ils s'étaient offerts mutuellement. Du point de non retour que Mald venait de franchir, celui de s'ouvrir à elle dans une réalité plus que palpable. Elle sursaute au contact de ses mains glissant de ses joues jusqu'à sa nuque. Elle s'apprête à lui parler mais son pouce vient se poser sur ses lèvre. Son coeur fait un bond et son regard se perd de nouveau dans le sien. Elle perd contenance. Ses gestes la surprenne chaque fois un peu plus. Ses lèvres se pincent dans un réflexe incontrôlé et se surprend à avoir posé de nouveau son regard sur les siennes. Elle s'enferme encore dans son silence et laisse leur langage corporel dialogue pour eux, comme ils avaient sur le faire jusqu'à maintenant. Sa main vient glisser le long de son bras jusqu'à se poser sur les traumatismes et des sillons silencieux coulent le long de ses joues. Un flot qu'elle ne cherche pas à contrôler. Une pression qui s'évacue. Une réalité qu'il vient de lui imposer et alors, la marche arrière n'est plus envisageable.

La culpabilité s'empare du peu d'énergie qu'il lui reste. Elle se sent égoïste d'avoir voulu s'enfermer dans leur monde indéfiniment. De s'être braqué quand il a osé faire un pas de trop alors que c'était ce dont il avait besoin. Il avait mis à nu ses démons pour le lui prouver. Que pouvait-elle faire? Si elle ne pouvait certainement pas lui dévoiler l'esprit divin qui l'habitait, elle pouvait faire un pas vers lui à son tour. Elle posait son front elle aussi sur le sien et fermait les yeux alors que sa main venait se glisser doucement dans sa nuque. Tous les deux dans une même position, avec le même geste pour l'autre. Un symétrie comme la symbolique d'une symbiose qui peut s'installer. Elle ne sait pas réellement où elle en est Lise. La peur d'un autre monde lui noue encore l'estomac. Mais si elle ne voulait pas le perdre, elle devait aller dans son sens. Accepter cette réalité dans laquelle il voulait vivre. Lise attrapait la main de Mald où se trouvait encore écrit son prénom pour la garder au creux de la sienne alors qu'elle  s'approchait un peu plus de Mald. Jusqu'à coller son corps au sien, s'appuyer sur lui et glisser son visage dans son cou. Son visage s’assécha tandis que son odeur l'apaisait. Si elle était intrinsèquement dépendante de l'eau, elle savait que sa relation avec Mald l'avait aussi rendue dépendante d'une certaine manière, et elle se sentait partir dans un monde inconnu où ses étreintes auraient probablement le même effet. C'est cette proximité qu'elle craint encore maintenant. A l'idée d'avoir besoin de se révéler toute entière. Son souffle ralentissait rapidement et sa main serrait un peu plus celle de Mald dans la sienne. Lise était épuisée de lutter constamment contre ses démons et les états dans lesquels Mald la mettait n'aidait pas à calmer ses souffrances. Elle se permettait de profiter de la chaleur de Mald pour apaiser son esprit contrarié un instant  avant de venir l'enlacer réellement de ses deux bras. Son visage se colle au sien, leur différence de température lui saute aux yeux et elle se demande si ce n'est pas son corps qui déraille. La proximité de leurs visages l'électrise mais son coeur se satisfait de pouvoir l’appréhender physiquement. Malgré ses battements qu'elle ne parvient pas à calmer, Lise chuchotait à son oreille. "Je ne te fuis pas" Alors laisse moi juste rester dans tes bras un moment et redécouvrir la chaleur humaine, la chaleur d'une étreinte des plus sincère. "Tu n'es pas une mauvaise personne Mald"  Je suis là, plus au travers des pages d'un livre, mais là, dans tes bras.
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Nothing is but what is not (Lise) - Jeu 2 Aoû - 0:02


Nothing is but what is not
Lise & Maldwyn

Les sentiments prennent autant la poussière que les livres. Les mots ne sont que violence, pourtant aisément déshabillés de leur sens. A nu, à vif comme une blessure qui ne guérit pas. Ils laissent au mieux la cicatrice du temps, la trace de leur passage. Il n'y a aucune différence entre cet avant et après : ces mots que nous avons écrit et ces mots que nous avons prononcés. Tous ne peuvent que desservir la même issue, les même risques. Posés à plat, gravés dans la pierre, ils n'empêchent pourtant pas la chute d'un empire. Murmurés ou criés, leur influence ne perdurera que de mémoire d'homme. Alors les mots ne sont riens, facilement trompeurs ils ne savent faire que le mal. Pour un bien ils peuvent être enjôleurs, aussi insidieux que la caresse d'un secret révélé au creux de l'oreille. Peu importe leur forme, il est dur de leur faire confiance. Car ils ne sont que des mots. Le langage est un triste carcan. L'homme a compliqué la chose de son évolution là ou l'animal se passe du verbe. Le bleu du ciel ne se définira pas de la même manière pour tout le monde, pourtant il faut bien s'accorder à dire qu'il est bleu. Peut-être que mon attachement pour Lise ne se décrit pas comme que le sien à mon égard. Je peine moi-même à le définir, parce qu'il n'y a simplement pas d'expression satisfaisante pour nous évoquer. Si les sentiments prennent autant la poussière que les livres c'est parce qu'en voulant nommer les choses il nous faut les figer, les écrire sans les vivres vraiment. Je comprends maintenant pourquoi nous n'avons accepté le changement qu'avec réticence. Pourquoi j'ai cru la voir m'échapper, filer comme du sable entre mes doigts. C'est la peur. Nous sommes terrifiés parce que là ou notre relation existait hors du temps, nous avons maintenant retourné le sablier et il nous est compté. Les mots griffonnés avaient valeur inébranlable, là sur les pages. Peu dangereux, sagement coincés entre les lignes de la fiction. A l'abri de tout dérapage, nous étions protégés de la souffrance. Il suffisait de refermer l'ouvrage pour l'ignorer, le reposer sur l'étagère, quitter la bibliothèque pour que l'autre n'existe plus. Plus vraiment. On ne croit jamais complètement tout ce qu'on lit, domaine restreint de l'imaginaire. Mais ce que l'on entends, oui, nous touche à un tout autre niveau. C'est plus fort que nous, nous sommes incapable d'apprécier le silence pour ce qu'il est.

Et c'est la peur qui nous guide à chaque instant. C'est elle qui bats à mes tempes le tambour sourd du danger. La crainte irrationnelle de ses bras qui enlacent mon corps. Ainsi prisonnier je ne peux pas fuir, même s'il me serait aisé de me dégager. Parce que malgré l'appréhension le manque prend le dessus. Malgré la réticence de mon être au contact, je me noie dans le sien. Elle me dit que je peux y croire et j'aimerai m'abandonner à la ferveur de sa voix pour seul gospel. Mais je ne suis pas doué pour cela, croire. Incapable de me fourvoyer à la poursuite des possibles sans preuves. Je lui ai montré une partie de mes démons mais elle refuse de me parler des siens. Elle a balayé la révélation  d'un revers de mots, elle a refusé de voir l'épave que j'étais. Oui nous avons tous nos faiblesses, mais certaines nous rendent plus coupables que d'autres. Et je suis coupable de l'avoir bouleversée. Ce sont ces larmes qui m'ont décontenancé, la délicatesse de ses doigts sur les stigmates de l'addiction. Je ne m'attendais pas à cette réaction, dans le fond j'espérais juste la faire fuir assez pour ne rien regretter. Ne pas prendre le risque de la blesser. Elle a tort, je ne suis pas une bonne personne. De cette étreinte de réconfort j'ai peur de l'emmener dans les tréfonds charbonneux de mon âme. Qu'elle disparaisse sous une couche de noirceur, entachée de ma présence que je lui ai imposée. Cette douceur, cette chaleur au creux de mes bras me rends fou. C'est tout ce que j'ai toujours souhaité et pourtant je me sens aussi profané qu'hérétique. « Lise... » J'essaie de me dégager par les mots, mais ma voix se heurte à la faiblesse de mon cœur. Mes bras sont incapable de lui rendre son étreinte, mes doigts crispés sur le sol ont relâché son visage venu s'échouer contre le mien. J'ai du mal à respirer, je n'ose pas haleter de peur que mon souffle ne vienne la déranger. Si proche, trop proche. La toucher est une chose, la laisser me toucher en est une autre. Sa voix est un murmure qui m'électrise. Non elle refuse de me fuir. Je ne sais pas ce que j’espérais, à briser ces barrières entre nous tout en cherchant à garder mes distances. Il est impossible de revenir en arrière, pas quand j'en veux déjà plus.

Pourtant je m'extirpe un peu maladroitement de ses bras, mon corps se contorsionnant dans une échappée silencieuse et inévitable. Et je reste là, imbécile debout immobile, le dos appuyé contre la vitre recouverte de gouttes d'eau. Les bras légèrement croisés, tirant nerveusement sur mes manches jusqu'à mes paumes comme pour tenter de faire disparaître l'idée même de cette vision que je lui avais imposée. Je n'ose plus la regarder, incapable de faire face. « Je ne suis pas une bonne personne Lise. » Que je répète comme un mantra, une justification. Mais qu'étais-ce vraiment, une bonne personne ? Est-ce que le fait qu'elle comptait pour moi était suffisant ? Est-ce qu'être complètement honnête pouvait effacer les dommages, recoller assez les morceaux de mon être pour qu'elle ait envie de rester avec moi ? Malgré tout, malgré la réalité de ce que j'étais. C'était égoïste et hypocrite, de croire que je la méritais. Mais je ne pouvais nier vouloir initier encore le contact. Je ne peux plus mentir, pas maintenant que sa chaleur a réveillé quelque chose en moi. « Tu veux savoir la vérité Lise ? Tous ces jolis diplômes et ce bon gros cerveau universitaire sont facilement foutu en l'air avec juste assez de poudre. Parfois je suis tellement défoncé que j'en ai plus rien à foutre. Parfois c'est tellement plus attirant de fermer les yeux sur tout ce qui me dérange et me terrifie plutôt que de devoir l'affronter. Et j'aime ça Lise, je vendrais ma mère juste pour pouvoir planer. » Je passe une main sur mon visage, tirant violemment sur mes traits. « Je ne suis pas stable Lise. Je bousille tout ce que j'entreprends, je me mets tout le monde à dos. » Oui, nous aurions dû laisser cette histoire protégée entre les pages d'un livre. Je tends la main pour l'aider à se relever, je ne peux plus supporter la voir à terre et tenir cette position dominante malgré moi. « Je ne veux pas que tu sois une victime de plus de mes problèmes. » Ces problèmes qui se résumaient à peu de facteurs au final. Un putain d'insomniaque. Un putain de drogué. Un putain de couard. Mais c'était suffisant pour amener le chaos. C'est idiot, j'ai peur de la perdre alors je cherche à la faire partir. J'espère qu'elle me détestera juste assez pour ne pas trop s'approcher. « Je suis une fraude Lise, une putain de bombe à retardement. » J'essaie de m'éloigner d'elle, me décollant de la vitre pour faire quelque pas, toute la gestuelle de mon corps erratique. Je ne croyais pas ressentir tout ça pour elle. Je crois que je suis en train de me perdre. Ma main n'a pas lâché la sienne malgré tout et mon regard se perd sur nos paumes l'une contre l'autre. « Je ne veux pas te faire de mal... » Le flot de mes paroles se radoucit, la peur calme son sursaut. « Maldwyn... Mal. C'est ironique d'avoir un prénom avec un diminutif pareil. » Je ris à peine, le sourire est plus un rictus tordu qu'une touche d'humour. Je souffre déjà et je ne comprends même pas pourquoi. Mes doigts enserrent les siens, irrémédiablement attiré par son contact. Quelques pas nous rassemblent de nouveau. Je lui ordonne de fuir mais mon corps piège le sien contre la fenêtre, contradiction de mes mots et de mes gestes. L'une de mes paumes vient prendre appuie contre la vitre, mon front échouant contre le sien, un peu bourru malgré-moi. Je ferme les yeux, mes paroles ne sont plus que murmures. « Fuis, je t'en supplie... » Mais il est déjà trop tard. Je lâche sa main, mes doigts glissant pour agripper fermement sa nuque. Je dépose d'abord un baiser timide sur son front, effleurant ses paupières et ses joues un instant avant que mes lèvres ne happe finalement les siennes. Mes mains sont libérées, agrippant son visage de toutes leurs forces alors que ma bouche se presse désespérément contre la sienne. Apprécier le silence pour ce qu'il est, mais je me suis déjà perdu dans la cacophonie de mes pensées. Je ne suis pas une bonne personne, et au fond de moi c'est un tas entier de livres qui se mettent à brûler. Je suis tellement désolé Lise. Je crois.
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Nothing is but what is not (Lise) - Jeu 16 Aoû - 23:56


Nothing is but what is not
Lise & Maldwyn

Elle reste incrédule. Tente de nier ce qu'elle vient de voir au moment même où ses yeux se posent sur les bras de Maldwyn. Elle refuse simplement d'y croire pendant quelques secondes alors que la brèche vient de craquer définitivement. La falaise se dérobe sous ses pieds, et elle avec. Elle comprend. Que leur monde n'existera définitivement plus. Qu'il venait de refermer leur dernier livre en lui dévoilant l'intérieur de ses bras. Elle ne sait pas bien si elle doit prendre peur. Est-ce que c'était le but de sa démarche? Pourquoi au juste lui montrait-il si brutalement sa plus grande faiblesse? Parce que simplement instaurer le dialogue ne lui avait pas suffit. Si elle avait déjà du mal à ne pas se sentir submergée par le contact de sa peau contre la sienne comment pouvait-elle réagir à ce genre d'aveu. Si la peur lui noue l'estomac, elle ne peut s'empêcher de s'en vouloir. De se sentir coupable, même, de ne pas avoir vu. De ne pas avoir compris. Elle ignore ses craintes quand à la tournure de la situation. S'entête à vouloir aller dans son sens pour ne pas le faire fuir, pour ne pas le décevoir. Alors elle l'enferme dans ses bras pour ne pas qu'il s'enfuit. Pour qu'il ne perçoive pas le trou qui se creuse en elle. La peur incontrôlable qui lui secoue les tripes. Se concentre source qu'elle venait de percevoir du Maldwyn qu'elle ne connaissait pas encore. Elle y voyait finalement une marque de confiance. De celles qui pourrait soit les briser, soit les lier à jamais. Et elle plongeait la tête la première mais si pour l'heure elle est bien incapable de se révéler à son tour et elle ose espérer qu'il ne le relèvera pas. Elle séchait ses larmes, glissait son visage contre le sien pour lui signifiait que ça lui importait peu. Son prénom traverse ses lèvres ses yeux s'embuent de nouveaux. "Tu restes le même pour moi". Peut-êter qu'elle ne se rend pas compte que de ce que ça implique. Mais elle refusait de croire qu'elle était assez lâche pour faire demi tour maintenant. Alors que c'était en cet instant précis qu'il avait besoin qu'elle lui montre qu'elle ne fuit pas. Qu'il n'est pas une mauvaise personne malgré le mal qu'il se fait.

Elle se dit qu'elle n'est pas mieux. Qu'elle a sa drogue elle aussi, que ça la détruit aussi. Elle commence déjà à vouloir se dévoiler en retour, lui dire qu'il n'est pas le seul à se détruire à petit feu et être inconscient. Elle ne peut rien en faire pour le moment. Lise préfère le préserver de ce monde qu'il ne connait pas, le laisser rester celui qu'il est aujourd'hui. D'autant plus après avoir vu ses bras et entre aperçu l’immensité de son désarroi. Comment pourrai-t-elle délibérément l'y enfoncer d'avantage? Lui balancer la noirceur de ce monde en pleine figure? Peut-être qu'il a déjà compris que la ville est rongée par un mal qu'il n'a pas encore identifié. Toujours est-il qu'elle se sent bien incapable de le jeter dans la fosse aux lions. Quite à le blesser sur le court terme. Quite à ce qu'il se rende compte qu'elle ne lui offre rien en retour qu'une étreinte, aussi profondément sincère soit-elle. Il se détache d'elle alors qu'elle commençait à peine à lâcher prise. Elle avait abattu ses barrières pour se glisser dans ses bras et entrer dans une intimité qu'elle n'avait jamais envisagé avec lui. Si elle ne dévoile pas sa créature à Maldwyn, elle s'était dévoilé elle, finalement ouverte à lui, répondu de ses gestes par les siens. Le trou béant dans son estomac se creuse d'avantage. Il s'éloigne, répète encore la même chose. Elle ne sait pas comment l'interpréter. Cherche ses mots une seconde pour tenter de le rassurer, déçue que son étreinte ne lui ait pas fait comprendre l'état de son cœur. Elle avait voulu se relever, faire de nouveau un pas vers lui mai ses mots la repoussent encore. Chacun d'eux la cloue un peu plus au sol, son visage se décompose, ses mains se crispent et ses yeux se font suppliants. "Tais toi" ça claque dans l'air, elle réagit un peu violemment à ces mots qui viennent de la choquer. Si elle avait pu se reconnaître dans certains d'eux, elle ne peut ignorer que d'autres se sont plantés en plein cœur. Elle se persuade qu'il ne pense pas ce qu'il dit. Ele s’accroche comme une idiote alors qu'il lui dit de fuir. Et ça s'allume dans son esprit. Mald veut lui faire peur, pour qu'elle s'en aille réellement. "Arrête.." Le ton se fait plus suppliant alors qu'elle commence à regretter d'avoir laissé Mald ouvrir la brèche. Peut-être qu'elle avait eu raison de vouloir s'enfermer dans leur monde. "Si t'as peur que je sois une victime fallait y penser avant" Lise ne sait pas comment réagir autrement que par la colère. "Avant tout ça" qu'elle se sent obligée de préciser en bougeant leur mains toujours scellés d'un geste sec. Avant qu'il n'explose leur monde comme un verre qu'il aurait jeté sur le sol. Il n'avait pas le droit de chambouler sa vie, se dévoiler à elle comme il venait de faire pour ensuite la rejeter.

Elle ne peut s'empêcher de croire qu'ils se sont autant attachés l'un à l'autre malgré la distance de la nature de leur relation pour une raison bien particulière. Parce qu'ils se ressemblent dans le fond, malgré leurs différences, elle avait su se retrouver en lui. Et si la violence était nécessaire pour passer d'un monde à un autre il lui fallait l'endurer. "Tu penses que je suis quoi moi?" Qu'elle siffle. Elle ne vaut définitivement pas mieux. Il n'est pas pire qu'elle. Le ton de Maldwyn se calme. Lise tente de se calmer à son tour. Elle risque de lui faire mal si elle lui montre ce qu'elle est capable de faire. Ce qu'elle est capable de devenir. Qu'il lui fasse Mal. Le mal est fait de toute façon pensait-elle alors furtivement alors qu'elle restait encore ébahi par la violence du passage à la réalité. L’ascenseur émotionnel qu'il lui avait imposé sans qu'elle ne lui en donne son accord. "C'est trop tard pour t'en inquiéter Maldwyn" un murmure qui peine à passer ses lippes. Ils ne peuvent plus faire demi tour. Soit ils avancent ensemble, soit il se séparent ici. Elle ne sait plus où donner de la tête la rousse. "T'as pas le droit de faire ça Mald" Ca tourne dans son esprit, elle revoit les dernières minutes repasser dans son esprit comme un film qu'elle rembobine. Les gestes qu'il avait pu avoir pour elle, les mots qu'il lui avait imposé. Les révélations prématurées. Un soupire s'échappe de ses lèvre alors qu'elle se frotte le visage de sa main libre. EL'incompréhension s'empare d'elle toute entière. Ses mains se mettent à trembler alors qu'elle ne sait plus si être en colère ou non contre lui.

Son esprit s'embrume et la fatigue prend le dessus. C'est quand elle décide de lâcher sa main que celle de Mald renforce finalement son étreinte. Il s'approche de nouveau et son cœur s'emballe subitement alors que son corps la plaque contre la vitre. Son visage se retrouve de nouveau bien trop près du sien. Il murmure de le fuir. Encore. Comme s'il fallait vraiment qu'elle le fasse. "Mald.." sa voix se casse à peine passée la barrière de ses lèvres. Complètement figée par la proximité du corps tout entier de Maldwyn, Lise se sent incapable de faire le moindre geste. Incapable d'articuler la moindre protestation alors que la colère n'est toujours pas loin. Alors que se lèvres s'approchent. Que son souffle s'écrase doucement sur son visage. Ses lèvres se posent sur son front et son souffle qui se coupe. Ses mains se posent sur son tors alors que ses lèvres parcourent son visage "qu'est.." Elle ne parvient à rien dire de plus. Les lèvres de Mald viennent emprisonner les siennes. Elle reste pétrifié de surprise une seconde avant de se laisser emporter. Son esprit se déconnecte et elle se surprend à répondre à son baiser alors que ses poings se referment sur le vêtement. Son cœur menace d'exploser et de détruire sa cage thoracique. L'impression qu'il pourrait s'arrêter à tout moment la pousse à rompre le contact du mieux qu'elle pouvait. De son crâne déjà collé à la vitre. Mais qu'est-ce qu'elle était en train de faire... ? Qu'est-ce qu'il est en train de faire?.. Sa respiration se saccade violemment, ses poings resserrent un peu plus leur emprise pour qu'il ne remarque pas le tremblement qui les anime encore. Son esprit vrille, incapable d'aligner des pensées cohérents. L'incompréhension la submerge et finit par l'achever réellement. Ses  jambes manquent de se dérober sous son poids. Sa tête menace d'exploser à son tour alors que le baiser de Dante des années plus tôt lui revient en mémoire. "T'as pas le droit de jouer avec moi Mald". Si elle se veut menaçante elle ne l'est pas. Sa voix tremble trahi sa fébrilité et son désespoir. Lise est bien trop sensible aux changements, trop sensible de la fragilité de son esprit, aujourd'hui peut-être même plus qu'avant alors que son corps s'affaibli de l'usage de ses pouvoirs. Son front s'écrase de nouveau contre son torse. Il lui semble que c'est son corps tout entier qui tremble maintenant. "T'as pas le droit de détruire notre monde, me dire vouloir être proche de moi.." Sa voix  se brise de nouveau alors que déjà elle est gênée de ces mots. Elle se sent coupable de lui en vouloir. "puis vouloir me faire peur pour que je parte avant de m'embrasser" Elle a l'impression qu'il se joue d'elle comme Dante avait pu le faire et elle regrette être venue aujourd'hui. Elle regrette que ce jour ait existé. "Je.." Lise se défait de l'emprise de Mald de ses gestes fiévreux, se rattrape maladroitement à quelques livres qu'elle fait tomber à son tour. Elle lui tourne le dos. Si elle ne sort pas maintenant, elle s’effondrera sur le sol dans quelques secondes. Ses connections ne se font plus, tout ce qu'elle voit c'est la porte à quelques mètres. Son corps s'est vidé à force de tant d'émotions contradictoires. A peine parvient-elle à rejoindre l'extérieur de ses pas saccadés qu'elle se laisse glisser contre le mur et accueillir avec réconfort la pluie qui s'écrase sur elle. Elle prie pour que Mald la suive ou l'attende tandis que sa respiration ne parvient pas à se calmer. Ce n'est pas une fuite, viens...
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Nothing is but what is not (Lise) - Mar 21 Aoû - 0:20


Nothing is but what is not
Lise & Maldwyn

C'est un drame silencieux, la fin d'un monde dont nous sommes les seuls à contempler l'apocalypse. Un château de cartes qui s'écroule, le bluff d'une relation qui ne semble pas aussi solide que prévu. J'ai posé ma reine de cœur sur la table, à genoux de nos incertitudes et de nos peurs. Mes lèvres sur les siennes comme une promesse contraire. Fait ce que je dis mais pas ce que je fais, fuis alors que tout mon corps te poursuit. Vérité inavouable, incapacité à être égoïste. La vouloir pour moi, au risque de la blesser. Alors je frôle le paradoxe, explose d'intentions opposées. Je nous perds dans les contradictions, mais comment peut-il en être autrement dans cette relation où nous avons tout à apprendre. Où définir les limites lorsque tout ceci n'existait que dans des pensées éthérées, comment agir maintenant que nous ne pouvons plus nous cacher sous les pages. Je ne peux pas masquer mon trouble, la terreur qui m'envahit à la sensation irrésistible de sa peau contre la mienne. De sa réponse à mon baiser, ce lâché prise de sa part qui ne fait qu'attiser le mien. Je ne sais pas ce qui m'a prit, comment l'envie a-t-elle fait pour surpasser la raison. Est-ce que j'ai vraiment besoin de voir ce monde brûler à ce point ? De changer les choses en m'engageant dans des gestes impardonnables ? Les mots m'ont abandonnés, je les ai bannis parce qu'ils ne font que semer la discorde entre nous. Tout est dénué de sens, je suis incapable de réfléchir. Projeté dans l'instant, mon cœur encastré dans le sien. Chercher à lui faire peur pour dernière arme, parce que c'est plus fort que moi. La faute rejetée sur la fatalité alors que je suis seul maître du chaos. Parce que je détruit tout ce que j'entreprends, parce qu'il y a plus de cendres que de poussières d'étoiles au creux de mes mains.  

Elle a raison, je n'ai pas le droit de faire cela, pas le droit de décider pour deux de la tournure des choses. Mais je peine à me contrôler maintenant que le mal est fait. Maintenant que mon souffle se perd contre le sien. J'ai le goût des choses aptes à être regrettées mais la supplique est vite oubliée sur la courbe de ses lèvres. Plus rien d'autre n'existe que ce contact. Mon cœur en rate des battements, cela fait tellement longtemps qu'il n'a plus ressentit ce genre d'émoi. Mais quel émoi ? Pourquoi l'ai-je embrassée ? Je ne comprends pas moi-même. Son visage disparaît, mais ses mots emplissent l'espace. Est-ce que je me joue d'elle ? Quoi ? Non, ce n'est pas ça. Ce n'est pas vrai du tout. Ce n'est pas ce que je veux. J'essaie de la saisir par les épaules, son prénom est coincé en travers de ma gorge. Les bras restant ballants, je donne raison à la situation de ma passivité. Je ne sais pas ce que je veux. Je ne sais pas pourquoi je veux être proche d'elle. Est-ce ma solitude qui a finit par me rattraper ? Une perfide intention, l'attraction pervertie pour la première personne venue se rapprocher suffisamment ? Non ce n'est pas ça. Alors pourquoi est-ce que je l'ai embrassée ? Parce que j'en avais indéniablement envie. Parce que j'ai envie de recommencer même maintenant qu'elle se dérobe à mon contact et que les traits de son visage ne sont que reproches. A cet instant je me déteste. Parce que j'ai enfin réussir à la faire fuir et que c'est plus douloureux que je ne le pensais.

Fuis moi mais reste avec moi, l'impossible requête que j'impose comme une religion. A souffler le chaud et le froid, à repousser les autres tout en cherchant à les côtoyer, alors on finit seul. Parce qu'elle a raison, je ne peux pas l'embrasser et lui demander de partir. Mais je ne peux pas la laisser rester. Parce que si je le fais tout finira comme avec Delilah. Parce qu'il y a une raison pour laquelle toutes les femmes que j'ai rencontrées ne sont que les égéries du passé. Alors peut-être que c'est pour le mieux qu'elle disparaisse, qu'elle tourne les talons et qu'elle reste persuadée de mes mauvaises intentions. Parce que si je la blesse déjà sans le vouloir, sans réfléchir, alors qu'en sera-il lorsque mes gestes s'accompagneront d'arrières pensées inavouables ? Je n'ai pas eu la force de la contredire, pas le courage de m'expliquer ou de la poursuivre. Je suis resté planté là comme l'imbécile que je suis à regarder les volumes qu'elle a fait tomber dans sa fuite, le chaos littéraire sur le sol. Les restes de notre petit monde de l'écrit. Le silence se fait pesant, à peine dérangé par la pluie qui redouble d'intensité contre la vitre. Je profite de cet instant pour souffler, mon dos se posant contre la fenêtre et ma nuque s'écrasant sur le verre glacé dans un bruit sourd. T'es vraiment qu'un con Maldwyn, tu dois sûrement le faire exprès d'être un tel bordel. Je devrais la poursuivre, m'excuser au moins de l'avoir embrassée sans sa permission. Mais je ne suis pas sûr d'être désolé pour ça. Non, je suis plutôt navré d'avoir ébranlé ce monde auquel elle semblait tant tenir. Peut-être que j'aurais dû y rester, dans ces putains de bouquins, là où la fantaisie de notre relation ne pouvait pas l'atteindre. La où nous omettions une partie de la réalité pour pouvoir encore la façonner. Ce monde où la douleur n'existait que dans l'entre deux lignes, jamais prononcée de vive voix, jamais infligée à l'autre. Peut-être que je lui plaisais plus ainsi, lisse et sage sur le papier. Sans imperfections, sans cette peau rugueuse de ses démons qui lui rampent sous l'épiderme. Merde, je voulais lui plaire.

J'ai finis par me laisser glisser au sol, j'ignore depuis combien de minutes maintenant elle a disparu. Sûrement beaucoup trop de temps pour pouvoir encore espérer la rattraper. Il n'y a plus que ce désordre de livres à mes pieds pour me tenir compagnie, ceux que nous avons tour à tour renversés de nos sursauts. Celui qui porte nos écrits est encore ouvert sur le sol et je n'ose pas le regarder. Oui elle doit être déjà loin, peut-être qu'elle ne me parlera plus jamais. Je ne sais pas si je supporterai l'oubli de ses regards, qu'elle ignore ma présence à chaque fois que nous partagerons ce même temps à la bibliothèque. Peut-être que je devrais m'excuser par écrit. Mais je pense que ce serait mal venu de ma part après tout cela, et je suis persuadé qu'elle ne me lira plus. Après tout j'ai moi-même décidé du temps révolu de ces échanges manuscrits. Je soupire, poussant du bout du pied le livre ouvert avant que mon visage ne disparaisse au creux de mes paumes. Je ne suis plus que lassitude, un tourbillon de remords incontrôlable. Je ne sais pas quoi faire de ma peau si ce n'est la haïr un peu plus. Je ramasse mon pull au sol, le remettant pour cacher ma chair impie. Je ne peux jamais faire les choses bien, je me condamne toujours à l’échec. Mes doigts me griffent le visage, tirent sur mes traits dans un trop plein inexorable. T'es vraiment un imbécile. Tu mérite de rester seul. Alors au lieu de la rattraper, je range ces livres éparpillés sur le sol, comme autant j'enterre mes sentiments.

C'est à mon tour de fuir et mes pas finissent par me ramener vers notre table, nos affaires toujours là où nous les avons laissées. Nos ? Mon cœur rate un battement. Les affaires de Lise n'ont pas bougées. Elle n'est pas partie, elle est encore là, quelque part. Elle n'a pas fuit suffisamment loin. Je déglutis, effleurant du bout des doigts sa lecture de plutôt. Mon cœur s'accélère malgré moi à la simple pensée qu'elle soit encore là, qu'elle n'ait pas quitté les lieux. Que tout ne soit pas perdu. Oh ce sale optimisme mal placé, l'espoir de choses qui n'arrivent jamais. Je la cherche du regard sans la trouver, me déplaçant de quelques mètres. Par où est-elle allée ? J'étais bien trop bouleversé pour le remarquer. Je reviens sur mes pas et retrouve les rangées de livres familières. Où es-tu partie Lise ? Mais ce n'est qu'un courant d'air qui me réponds d'un frisson sur la nuque, l'appel glacé d'un battant de porte qui vient de claquer sa colère venteuse. Et tous mes doutes s'évanouissent au profit de l’inquiétude.

Je la retrouve sans mal à l'extérieur, sa silhouette prostrée au travers du rideau de pluie. Les gouttes tombent lourdement sur mes épaules, mais c'est aussi le poids de la culpabilité qui me saisit. Mes pas sont lents, prudents, au fond de moi je suis terrorisé à l'idée de vraiment la faire fuir cette fois. « Lise... » L'appel de son prénom, ma voix éraillée et ma gorge sèche. Arrivé à sa hauteur je me plante timidement devant elle, me penchant légèrement, ma silhouette la protégeant un peu de la pluie. « T'es trempée... Lise. » Un constat inquiet, incontrôlable. L'une de mes mains reste en suspend, je n'ose pas la toucher. Je me pince les lèvres, je n'aurais pas cru la faire réagir à ce point. « Je suis désolé... » Je détourne le regard, incapable d'aller plus loin. Mes mots finissent par éclater d'un soupire, excédé de moi-même. « Je ne me joue pas de toi. J'avais... envie de t'embrasser. Merde, encore maintenant j'ai envie de t'embrasser Lise. » Lorsqu'elle est ainsi, les cheveux qui lui collent au visage et la tristesse à la peau, il m'est presque impossible de résister. Je ferme les yeux et m’accroupis à sa hauteur. Malgré le froid ambiant je peux sentir mon visage s'empourprer de chaleur. « Je suis désolé de t'avoir rejetée. De t'avoir dit de partir. C'est juste que... » Je ne suis pas une bonne personne. Je soupire. Ce n'est pas une excuse suffisante. « Je ne veux pas te blesser. Je finis toujours par blesser les gens...proches de moi. » Alors je préfère avorter les relations avant de devoir les voir se terminer dans les larmes. Oui je suis le pire des lâche, est-ce que tu le vois maintenant ? Ma main hésite puis se pose délicatement sur sa joue. « Tu es gelée... » Je me redresse un instant, tirant sur mon pull encore chaud pour le retirer à nouveau. Je n'accepte aucune protestation, l'enfilant sur sa tête et ses épaules, n'osant pas le passer sur ses bras de peur de la brusquer. Je m'agenouille devant elle, poings serrés sur mes cuisses. « C'est la vérité Lise. Je veux être proche de toi. Je veux arrêter de jouer à cache cache entre les pages. Je veux vraiment te connaître, m'approprier ces années, ces mots. Tes mots » Je baisse le visage. « Je te dis de fuir mais c'est tout l'inverse que je veux... » Les mots sont lourds à prononcer, des années de craintes qui pèsent sur ma langue. « Je veux qu'on arrête de se fuir l'un et l'autre. Et qu'on se dise qui on est vraiment. Tu parles de détruire un monde, je te parle d'en créer un autre, repartir de zéro. » Je pose ma tête sur ses jambes, pressant mon front contre sa cuisse. Le sol est détrempé, la pluie me rends misérable. Mais je n'en ai plus rien à faire. Une reddition, une prosternation presque. « Est-ce que tu veux bien tout recommencer avec moi ? » Et on oublie les livres, les petit messages cachés, et les mensonges par omission. Chaque fin signifie toujours un commencement.
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Nothing is but what is not (Lise) - Mar 28 Aoû - 0:14


Nothing is but what is not
Lise & Maldwyn

Le palpitant que cesse de battre dans la surprise d'un geste qu'elle n'attendait pas. Le paradoxe l'englouti dans l'incompréhension de la situation. Elle se noie et se laisse couler presque volontiers dans un parallèle où elle n'aurait plus besoin de réfléchir. Alors elle presse à son tour ses lèvres sur les siennes dans une réponse sensuelle. De ces moments qu'elle n'attend plus, de la sensation de faire corps avec un autre qu'elle commence à oublier tout doucement. Elle s'est perdue, s'est laissé capturer par le baiser qu'il lui soutirait aussi délicat soit-il. Elle se surprenait à lâcher prise, enfin. Il avait abattu ses dernières défense à entrer dans son cercle intime aussi brusquement. Et Lise se sentait perdre pied, prisonnière d'une situation qu'elle n'a pas choisis, prisonnière des décisions que Mald ne cessait de prendre pour elle. Le contact se brise non sans mal, non sans un regret qui s'impose. Peut-être qu'elle aurait du répondre à son baiser plus ardemment. Peut-être qu'elle aurait du le rejeter dès la première seconde. Il venait de la perdre avec ses comportements contradictoire et Lise se demandait à quelle point elle pouvait être idiot pour être tomber dans un piège pareil. De l'avoir laissé démolir leur monte avec une violence qui lui reste encore inconnue de sa part. Elle se demande si tant de contradictions de sa part sont réellement volontaires. Auquel cas elle ne le connaîtrais probablement pas aussi bien qu'elle ne le pensait. Mais là n'était plus la question. Le cerveaux en vrac, le corps plus fragilisé que jamais par la tornade d'émotions dans laquelle Mald l'avait jette. Elle se garde pourtant bien d'éviter les ascenseurs émotionnels qu'elle ne supportait que très mal. Mais son avis ne lui avait pas été demandé. Elle songe alors au baiser de Dante et il lui semblait alors que le scénario se répétait.

L'impression qu'il se jouait d'elle s'impose un peu plus à son esprit et la détresse éclate. Trop épuisée pour être menaçante. Trop terrorisée pour exprimer la colère qui la consume un peu plus encore. Trop fragilisée pour réellement faire sens de la situation. Peut-être que si son corps n'était pas si sensible, elle aurait compris. Les gestes et les sous entendus. Elle qui avait toujours su lire entre ses lignes, interpréter correctement, pensait-elle du moins, les émotions qu'il couchait sur le papier à son intention. L'eau l'appelle toujours un peu plus fort. La salvatrice et destructrice, celle qui soignera les maux de sa propre torture. Le corps desséché est incapable de réfléchir correctement et c'est la tristesse qui lui écrase les poumons. L'amertume reste en suspens. La respiration s'emballe et la maladresse déloge quelques livres qui s'écrasent bruyamment sur le sol mais elle ne voit plus que l'extérieur. N'entend plus si Maldwyn tente de lui dire quoique ce soit alors qu'un film sombre grignote petit à petit sa vision. C'est à bout de force qu'elle s'écrase contre le mur, s'y laisse glisser à s'y égratigner l'omoplate jusqu'à s'affaisser sur le sol. L'air lui manque encore. Elle tente de se calmer, se déteste déjà d'avoir cédé au manque. Elle vient de faire une énorme erreur et ça l’oppresse d'autant plus. Elle coule une œillade désespérée jusqu'à la porte d'où il n'apparaitera visiblement pas. La déception vient s'ajouter à ce trop plein d'émotions. Il avait cru alors qu'elle fuyait. Peut-être que c'est ce qu'elle faisait inconsciemment, elle n'était plus sûre de rien. Peut-être que c'est vraiment ce qu'il voulait alors, lui faire peur pour qu'elle s'en aille. Alors que voulait-il au juste? Lui qui disait ne plus pouvoir supporter leur amitié entre les lignes. Qu'il lui fallait pouvoir en faire quelque chose de tangible. "Qu'est-ce que tu veux Mald?" Le désespoir lui gonfle la gorge, le cri lancé à qui veut bien l'entendre cherche réponse. Sa tête se penche en arrière alors que la pluie semble devenir plus rageuse. Elle l'accueille avec bienveillance, lui demande silencieusement de lui laver le cerveaux et de lui apporter les réponses à ses questions.

Les poumons semblent pouvoir respirer correctement de nouveau mais la force lui manque encore pour se lever et quitter son écrin aquatique. Elle voudrait que la pluie soit plus forte encore, l'engloutie toute entière, qu'elle s'y noie d'avantage pour s'oublier elle même. Elle rapproche ses jambes de sa poitrine pour y enfoncer son visage. Son corps tout entier frissonne alors que le vent vient s'ajouter à l'équation. Elle ne bouge pas d'un centimètre, l’habitude du grand bleu qui lui glace le sang. Son corps s'y été fait depuis longtemps. Lise voudrait se lever, et rejoindre l'océan. Parce que la pluie n'est pas suffisante pour combler complètement sa dépendance. Il ne s'agit là que d'un leur qui ne lui permet pas de se relever assez vite. Alors elle reste encore un moment, roulée en boule sous une pluie étonnamment violente. Elle se demande même si ce n'est pas elle qui a provoqué la violence de cette pluie. En était-elle capable malgré la fatigue? Était-ce là un mécanisme d'auto-protection? Son esprit s'apaisait doucement en se concentrant sur le son de la pluie s’écrasant sur la pierre. Le vent qui la projetait sur les vitrages avec rage. Et quelle fut-elle sa surprise lorsque quelque chose la protégea en partie de cette pluie. Son visage s'extirpa de son cocon, ses yeux suivaient alors la silhouette qui se dessinait devant elle jusqu'à retrouver le visage de Maldwyn. "Mald..?" Elle ne l'avait pas entendu venir et reste interdite face à son constat, imagine l'état dans lequel elle devait être, très certainement pitoyable à ses yeux. Ses excuses lui font manquer un battement, avant que son palpitant de s'emballe de nouveau. Elle détourne les yeux, incapable de soutenir son regard alors qu'il lui dit par deux fois qu'il a envie de l'embrasser. Lise ne sait plus où se mettre, pas quoi dire, pas quoi penser. Ca recommence doucement à tourbillonner dans son esprit à peine remit de ses émotions. Il s'accroupi à sa hauteur. Se confond de nouveaux en excuses et Lise ne parvient plus a lui en vouloir. Le manque lui avait fait perdre la tête pense-t-elle. Les remords s'installent au creux de son estomac. Elle veut le croire de toutes ses forces, qu'il a prit peur, qu'il ne voulait pas qu'elle s'en aille. Alors elle finit par s'accrocher de nouveau avec un désespoir qu'elle ne côtoie que trop ces derniers temps. "On blesse toujours ceux qui nous sont proches" Il n'y a pas d'amour sans blessures. Pas d'amour sans concessions. "Je voulais pas fuir Mald" Il lui semblait important de lui préciser, sans savoir réellement ce qu'elle essayait de lui dire par là. Elle s'était laissée engloutir par l'angoisse. Terrifiée de la contradiction toute entière de Mald qui lui ordonnait de fuir tout en voulant la faire prisonnière. "Je comprenais plus ce que tu voulais. J'avais besoin de.. respirer." Elle n'a plus de filtres, ses yeux crient son désespoir et la peur qui ne la quittait toujours pas à l'idée d'avoir renversé leur monde. "J'en suis toujours pas très sûre"  Au moins il était revenu et ça lui nouait la gorge d'émotions. Sa main venait se poser sur sa joue, encore une fois le constat lui parait évident. Mais ce n'est qu'à ce moment là qu'elle réalise. Si c'est normal pour elle d'être dans l'eau glaciale pendant des heures, ce n'est pas son cas. Elle l'observe enlever son pull pour le lui enfiler. "Attend non c'est toi qui va être trempé" Tente de protester en vain et se retrouve avec le pull sur elle. Soudainement subjuguée pour son odeur sur elle, ses poings enserrent le tissu de l'intérieur  pour l'amener jusqu'à son nez, en profitant pour s'y cacher un peu. Ses mots sonnent comme un pansement à son oreille. Des mots qui pansent son cœur et lui amènent une perspective qu'elle peut trouver séduisante. Rassurée de savoir qu'il ne voulait pas vraiment qu'elle le fuit après avoir renversé leur monde de mots. Était-elle vraiment capable de tout laisser de côté?

Fatiguée de tergiverser. De se poser beaucoup trop de questions, de s'inquiéter de tout. Lise ne parvenait pas à savoir ce qu'elle voulait réellement alors qu'elle reprochait encore quelques minutes plus tôt à Mald de ne pas savoir. La différence était qu'il était la source de ce changement. Il veut détruire leur monde pour en créer un autre, et c'est bien la première fois qu'elle considère le changement sous cet angle. Lise se terre dans son mutisme tandis qu'il se pose contre elle. Elle passe ses bras dans les manches du pull, pose sa tête par dessus la sienne et place ses bras au dessus de lui pour lui protéger au moins la tête de la pluie. Avait-elle réellement le choix, maintenant qu'il le proposait de construire un nouveau monde? Puisque celui-ci n'était plus viable, ils ne pourraient plus y retourner désormais. Elle aurait voulu continuer de lui écrire, lui écrire sur les mains s'il voulait être plus proche d'elle. Mais il était trop tard. Peut-être qu'il a raison. Que c'est mieux comme ça. De se dire qui on est vraiment, s'approprier leurs échanges littéraire pour en faire des échanges tangibles. Pour être ensemble et se prouver la robustesse de leur amitié. Elle se rendait bien compte qu'elle ne pouvait pas refuser si elle ne voulait pas le perdre. Son cœur s'était adoucit de ces émotions contradictoires, de cette incompréhension qui lui donnait la nausée. Mais l'émotion la gagne de nouveau quand il lui propose de recommencer de zéro. Elle se sent ridicule, comme une gamine qui se noie dans ses propres peurs et elle se laisse submerger. A la fois terrifiée et soulagée, elle ne parvient pas à savoir comment Mald parvient à lui torturer l'esprit à ce point. Ce sont des sanglots qui la secoue tout à coup, des larmes qui coulent à une vitesse qu'elle ne peut retenir et une honte qui prend le dessus. Elle se cache de nouveau dans ce pull et s’enivre de son odeur quelques secondes avant d'oser le regarder de ses yeux qui ne cessent de couler. "Tu vas être malade" Qu'elle se contente de lui répondre, un peu bête de ne pas savoir quoi lui dire, se jetant presque dans ses bras en désespoir de cause. Son visage trouvait réconfort au creux de son cou, mais elle n'avait plus une once de chaleur corporelle à lui partager. "Je suis désolée" Elle se redresse pour lui faire face de nouveau. S'enfonce un peu dans ses épaules. Elle voulait s'enfermer dans leur monde parce qu'elle s'y plaisait bien, parce qu'elle n'était plus le monstre aquatique qu'elle est là, à se délecter d'une pluie glaciale mais pas assez salée. "Je veux qu'on se dise qui on est vraiment. Je veux te connaître aussi. Oser aller au delà de ce qu'on a su se construire." Ses yeux s'embrumaient de nouveau. "Mais je suis terrorisée à l'idée de te blesser." De le faire fuir pour de bon une fois qu'il aura compris, peut-être même plus effrayé que lui à cette perspective.  Elle s'approche de nouveau de Mald et osait de nouveau lui recouvrir la tête de la sienne et de ses bras. "Il y a des choses que je ne peux pas te dire. Il faut que tu l'accepte." Elle marquait une pause avant de se sentir obligée de préciser.  "Pas encore en tous cas" Ca faisait bien trop longtemps qu'il était sous la pluie, si ça ne lui faisait pas grand chose à Lise ce n'était pas son cas. "Il faut rentrer Mald, tu vas vraiment être malade." Elle attrapait doucement sa main, osait à peine refermer son emprise du bout de ses doigts et se redressait non sans difficultés.
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