Ce matin, les bouclettes fraichement lavées et le nez bien haut à la recherche d’une activité, Lulu a envie de s’amuser. Seul jour de repos qu’elle s’accorde, une fois toutes les 3 semaines, le mardi c’est sont moment à elle. Historic District comme quartier de prédilection, les mains baladeuses qui crépitent à l’idée de faire les poches des passants, c’est par pur amour du jeu que la jolie américaine laisse ses doigts filer au grès des jeans trouées des manteaux ouverts. Comment se douter qu’une telle bouille pourrait vous dérober votre montre ou encore, vous piquer votre porte-feuille ? Pas que l’argent lui manque à la gamine, elle vit parfaitement bien dans son petit deux pièces, immeuble miteux d’extérieur mais adorable à l’intérieur. Comme la plupart des tronches du quartier, fermées comme des portes de prison, qui, elle l’espère de tout son coeur, y cache des personnalités aussi brillantes que la sienne. Jean élimé sur les fesses, sweet-shirt jaune soleil, il est à peine 9h et déjà, les poches sont bien pleines. Breloques sans valeur, boutons bling-bling et barrettes strassées, c’est un trésor bancal mais un trésor tout de même que Lulu garde au creux de sa veste. Et la matinée ne fait que commencer ! Alors que les pieds la mènent au tribunal, là où les grands hommes et les grandes femmes passent leur journée avec la mine fermée, la jeune leprechaun remarque un vieux monsieur qui gagne la palme d’or du visage glacial. Moustachu, les cheveux blancs, un long manteau avec des poches profondes, pas une ni deux, la prochaine cible est choisie. Ça la fait même sourire, d’imaginer le vieillard s’égosiller quand il trouvera ses poches trouées !
Petits pas, petits pas, tout en délicatesse Lulu, les doigts qui s’approchent du manteau, le couteau-suisse en main, l’encoche est rapidement faite alors que la poche se vide dans les mains du lutin. Le bruit ambiant qui la cache, l’homme trop occupé à faire la queue pour un café dégueulasse, tout est bien qui finit bien pour la leprechaun qui déjà, est bien loin. Du moins, jusqu’à qu’elle se prenne les panards dans une dalle mal enfoncée et qu’elle se casse la tronche devant l’assemblée. Ça se serait bien passé, si dans ses mains, il n’y avait pas le porte feuille du papi, reconnaissable parmi mille vu le tannage du cuir.
Nouvelle journée d'audience en perspective. Enfin, pour être plus précis, il faut que je prenne des contacts informels avec le juge. Pas de corruptions, juste qu'au vu de l'affaire que nous allons devoir conjointement traité, il faut qu'on cale les emplois du temps. Et puis, c'est une affaire assez consensuelle où toutes les parties sont d'accords. Il y a juste besoin de notre présence pour rendre la chose plus officielle et vu que ce n'est pas forcément le plus agréable de le faire entre deux portes... C'est pourquoi je prends un café à cette heure-ci. Je n'en ai plus besoin mais c'est désormais quelque chose de tellement machinal que je ne pourrais plus m'en passer. Je suis la réincarnation d'Arès, dieu grec de la Guerre et de la Destruction, Stratège Ultime et... Accro à la caféine. Les anciens n'avaient sûrement pas pensé à ça quand ils ont donné tous ces titres ronflants.
Patient dans la file, j'ai à peine le temps de commander qu'un mouvement m'interpelle sur le côté. Je soupire. C'est qu'une gamine qui sait pas marcher et qui s'est trouvé par terre. Lorsque je détourne la tête, je me fais la réflexion qu'elle a un porte-monnaie qui ressemble fortement au mien à côté d'elle.
...Tellement ressemblant qu'on pourrait dire que c'est le mien.
...
J'ai envie de me dire que c'est une vue de l'esprit mais vu comment j'ai le sang qui se met à bouillir, je dirais que c'est le mien. Parce qu'il faut être honnête : une jeune femme de son âge n'a clairement pas ce genre de porte-monnaie. C'est trop masculin pour elle. Cette gamine qui est pas foutu de marcher correctement sait décidément se servir de ses mains.
-Toi ! Rends-moi mon porte-monnaie, sale voleuse !
J'ai rugi de manière à alerter la foule à mes côtés de la présence de la chapardeuse.
TIR DE DE :
SI 1 : Julius commence à courser tout de suite Lulu.
SI 2 : Julius souhaite commencer à courser tout de suite Lulu mais il y a du monde et il perd quelques secondes précieuses.
Oups i did it again qu’elle pourrait balancer Lulu. Mais pas le temps pour les chansons et les mignonneries, elle voit dans le regard de l’homme a qui elle a chipé le porte-feuille, que sa poche est aussi vide que sa jauge de colère est remplie. Et vu comment il brille… Elle aurait du faire plus attention, la leprechaun, avant de voler une divinité. C’est plus difficile de s’en dépêtrer ! Déjà sur ses pattes, gambettes habituées à courir malgré la foule, elle a le temps de prendre un peu d’avance la gamine, jetant un regard en arrière sur le papy qui a du mal a se dégager de la foule. Les pieds qui dansent et virevoltent sur le bitume, les cheveux au vent, c’est pire qu’une scène d’amour qui se déroule devant le tribunal. Vous savez, quand l’amant course sa bien aimée pour un dernier baiser ! Sauf que là… C’est un dernier sourire que Lulu balance à l’inconnu, avec un coucou qui ne va qu’échauffer le dieu des grands-pères. C’est bien la seule chose qu’il peut-être, non ? Avec ses cheveux grisonnants et…. Ses lunettes… Sa moustache… Sa lenteur….Le cuir de son porte-feuille… Tout quoi !
Alors qu’un premier groupe de touriste est dépassé, le coeur s’emballe sous l’adrénaline et elle sent, Lulu, que derrière elle, Papy Brossard va bientôt la rattraper. Vieux mais sportif ! Pas une, pas deux, les yeux dardés sur la bouche d’incendie, elle essaye de se concentrer pour faire péter la valve et arroser le vieillard d’un tour de leprechaunerie. Un homme la bouscule brutalement, le contact est rompu et le don ne fonctionne pas. Mine triste sur le visage de la gamine, elle continue de courir, espérant que le vieillard se casse le fémur en tombant sur une dalle (promis, cette fois-ci, pas de don en action, elle n’y pense même pas la petite ! )
dés:
1. La valve se tourne sous le don de férokinésie et pète, déversant un jet d’eau puissant sur les passants et Julius Gates. 2. La valve se tourne sous le don de férokinésie et pète mais n’arrose que les passants et le trottoir, Julius n’est pas mouillé et continue de la rattraper. 3. La valve se tourne sous le don de férokinésie mais Lulu perd le contrôle et c’est un échec cuisant (et pas humide :’( ) 4. La valve se tourne sous le don de férokinésie et pète un peu trop en avance et Lulu se retrouve sous le jet d’eau, ce qui l’empêche de continuer sa fuite.
La prochaine fois que je croise Bellandi, il faudra peut-être que je pense à le remercier. En effet, si je n'étais pas en train de suivre avec plus ou moins d'assiduité ses cours de boxe, cela ferait longtemps que je serais épuisé à courir derrière la gamine. Parce que oui, j'ai réussi à m'extirper de la file de clients et j'ai pu commencé à lui courir derrière.
Tâchant de rester concentré pour ne pas la perdre de vue, je ne peux m'empêcher de noter qu'elle semble tenter quelque chose avec la bouche à incendie. Bah voyons ! Déjà que j'ai l'âge contre moi, faut en plus qu'elle ait des dons pouvant l'avantager dans sa fuite.
Si je me suis singulièrement rapproché d'elle, je commence à ressentir justement le poids des années. J'ai beau me persuader que je ne suis pas si vieux que ça, mon corps reconnaît aisément que si. Mais il est hors de question d'abandonner aussi vite. Cette voleuse doit apprendre le prix qu'il en coûte de contrarier mon honneur. A ce titre, sous l'impulsion déraisonnable de mon hybris, je décide de tenter le tout pour le tout en prenant une ruelle latérale.
TIR DE DE :
SI 1 : En voulant prendre un raccourci, Julius se perd dans les ruelles aux alentours du tribunal.
SI 2 : Coup de chance ! Julius a trouvé le raccourci et se retrouve quasiment à porté de main de Lulu.
Elle court Lulu, continue de voler comme une fée dans les ruelles longeant le tribunal. La fureur dans les jambes, les boucles dans les airs, elle ne peut s’empêcher de sourire tant elle aime ça, la frénésie post-chapardage. C’est encore plus grisant que le vol lui-même, voir l’autre courir comme un fou après la voleuse, pensant pouvoir la rattraper alors qu'elle a des jambes aussi longues que celles d'une sauterelle ! Elle se retourne pour voir où en est le vieux pépère - mon dieu il doit souffrir à la suivre avec une telle ténacité, elle se sentirait presque coupable de lui faire cracher ses poumons si le poids du portefeuille dans sa poche ne lui rappelait pas qu’il n’avait qu’à se payer un ou deux cours de sports supplémentaires avec toute ces cartes bancaires ! La foulée s’allonge et elle arrive dans une rue, hésitant entre celle de droite ou de gauche. La chance doit lui sourire si elle veut fuir, même si elle ne sait pas où se trouve l’autre fou furieux au crâne dégarni. Pilant net à l’intersection, les yeux qui tournent à droite et à gauche, elle ne sait pas, droite, gauche, droite, gauche… « Amstragram ! » qu’elle balance tout fort, le don de chance activé sans qu’elle ne sache comment, espérant que la rue qu’elle prend soit la bonne ! Allez petits dons du leprechaun, soyez sympa avec la jolie Lulu, qu’elle ne se fasse pas taper sur les doigts par le vieux monsieur à la moustache trop poilue !
dééés:
1. Lulu prend à droite et par chance, elle évite la rue que Julius a emprunté ! 2. Lulu prend à gauche et par malchance, elle tombe nez à nez avec Julius.
Je dois reconnaître que j'ai tourné dans la ruelle un peu au hasard. Et le hasard n'a clairement pas été avec moi puisque cette voleuse n'est décidément plus en vue. Je m'arrête quelques secondes pour reprendre mon souffle. Je sais que je lui donne quelques secondes d'avance mais ce ne sont que quelques secondes de répit pour elle.
Personne n'offense le dieu de la guerre sans en payer le prix.
La rage courre toujours dans mes veines me rappelant avec force que je suis le dieu de la Guerre. Aucune chance que je perde cette fois-ci. Je suis le Stratège ultime après tout.
Je me remets à courir afin de rattraper cette créature. Pour elle, je ne peux que lui souhaiter d'être pas trop loin de moi. Parce que plus le temps passe, plus ma vengeance sera particulièrement dure pour elle.
TIR DE DE :
SI 1 : Julius finit par apercevoir au loin le leprauchaun. Il accélère sensiblement le pas pour la rejoindre. SI 2 : Toujours pas de leprechaun en vue. Julius commence à avoir une grande imagination de ce qu'il va faire à la jeune femme.
Elle court encore et encore la Lulu, virevolte comme une fée dans la forêt de Brocéliande, met de la lumière là où il n’y a que du gris et son sourire n’a de rival que la fougue sur son visage. Petite joueuse qui perd sans le savoir quand, elle tombe face à face avec sa victime. Oupsy qu’elle pourrait murmurer, l’étonnement qui se lit sur son visage comme seule explication. Il est rapide le papy, plus qu’elle l’aurait imaginé. Et même si elle se sait capable de le perdre une nouvelle fois, ses jambes à elle la portant bien plus loin que celles du vieillard, elle se décide à rester, prête à se défendre ou au pire, à lui jeter le porte feuille au visage. « Sacré course poursuite, non ? » Qu’elle balance, un sourire sur la trogne, le souffle un peu plus rapide qu'en habitude et des bouclettes qui lui tombent sur le front, remises en arrière d’un revers de main. L’éclat dans les yeux prouve qu’elle ne va pas s’arrêter avant la fin de la première manche. Lulu est joueuse, peut-être un peu trop, la provocation qui remplace son sang dans de multiples situations. « C’est ça que vous cherchez ? » Sa menotte attrape le morceau de cuir, les yeux ancrés dans ceux de l’homme. Il est en colère, peut-être qu’elle devrait le lancer en l’air et espérer qu’il soit plus intéressé par les billets volants que par elle se barrant en courant ! Mais elle ne s’appelle pas Lulu Gold pour rien et même si elle ne manque pas d’argent, l’idée d’abandonner les petites pièces bling bling et la carte dorée allume le feu du leprechaun en elle, lui faisant oublier ce que c’est, l’instant de survie au profit de l’instinct de la connerie. « Et bien venez le chercher ! » Et les doigts libres appellent le fer.
Ça fonctionne, le métal se fait entendre, mélodie claquante aux oreilles. On entend les vis tournoyer, le métal grincer et ça s’envole lentement autour du papy. Et oui, elle est une x-men elle aussi ! Une plaque d’égout s’élève plus haut, arrachée à la rue et en une seconde, se retrouve devant Lulu. « Appelez moi Captain Lulu ! » Elle est contente de sa blague la leprechaun mais bien sûr, vu son âge, lui ne la comprendra pas. Too bad !
dééés:
1.Lulu active son don sans aucun soucis et le métal se met à vibrer tout autour de Julius, s’élevant dans les airs style "bitch please i’m Magneto ! "
2.Luca active son don mais la fatigue de la course l’amoindri. Ça vibre légèrement mais rien ne bouge et elle sent qu’elle est un peu dans la mouise. "Allo Majken, i need une valkyrie" qu’elle pourrait dire !
Décidément, la demoiselle, en plus d'être une chapardeuse aguerrie ne manque décidément pas d'aplomb. A moins que ce soit de la stupidité conjugué à de l'inconscience ? Les deux sont largement possible.
-Effectivement, tu ne m'as pas épargné malgré mon âge.
Ma voix est calme. Beaucoup trop calme lorsqu'on sait que je suis un chouia sanguin lorsque je suis sous le coup de mon hybris. Je dois illustrer avec exactitude la métaphore de "calme avant la tempête".
-Sois une gentille fille et rends-moi ce que tu m'as pris.
Et comme dans une scène de vaudeville, elle me dit de venir le chercher. Définitivement, cette gamine tend à pouvoir être ranger dans la catégorie de la stupidité. Sérieusement, c'est d'un classique son action ! Même si je n'ai pas la référence de comment elle souhaite que je l'appelle, sa réplique était déjà utilisé au temps de ma jeunesse. Et je ne suis pas forcément né hier comme on le dit.
Néanmoins, je dois reconnaître que c'est une surprise de la voir faire ce qu'elle fait avec le métal. Même si plus rien me défrise, je dois reconnaître que c'est surprenant. Intérieurement, je sens instinctivement qu'Arès est prêt à de la clémence si la jeune femme me rend mon bien. Après tout, ce sera dommage de se brouiller de manière définitive alors qu'un partenariat des plus arrangeants pourraient être noués. Dans le cas où elle refuserait, et bien... Je n'ai pas été surnommé Julius Caesar Gates au tribunal pour rien après tout.
Je fais à nouveau un pas vers elle. Je me tiens cependant à une distance certaine dans le cas où elle déciderait de m'attaquer avec sa plaque. Lentement, je tends ma main pour l'inciter à me donner ce que je veux.
-Je ne souhaite pas me répéter, "Captain Lulu". Rends-moi mon bien.
Commençant à perdre patience, je finis par dire d'une voix dangereusement calme.
-Sais-tu à qui tu as emprunté ce porte-feuille, "Captain Lulu" ? Non, sinon, tu aurais choisi un autre poisson plus crédule. Je suis un avocat et outre le fait que je connais l'ensemble du tribunal, je connais aussi une grande partie de la police d'Arcadia. Pensez-vous réellement que l'affaire va être classer ?
S'il n'y a aucune chance qu'elle soit classée car je vais littéralement m'arranger pour qu'elle goûte à ma vengeance, j'ai sûrement un peu enjolivé les choses à mon avantage pour la faire fléchir. Sans compter que je n'aurais aucun scrupule à faire en sorte que toutes les autres personnes victimes de ses larcins aient aussi justice. Alors que si je récupère ce que je veux, ils auront qu'à se débrouiller tout seul. Je suis avocat d'affaires, c'est pas pour rien.
Je reste immobile dans l'attente de sa réponse. Mais à mesure que les secondes passent, je suis de moins en moins enclin à faire preuve d'indulgence. Et ce sera vraiment dommage pour elle si c'est trop tard.
Sois une gentille fille. Il croit parler à son chien papy ? T’as beau avoir la trogne d’un bébé labrador full energy, tu ne laisses personne te parler comme ça Lulu. Alors aux mots de l’homme, le métal continue de s’élever, te demandant plus de force qu’a l’accoutumé. Il veut encore t’appeler la gentille fifille ? Il va voir ce qu’elle serait capable de lui faire la gamine ! Le bouclier en face, protégeant ton corps et ta bouille agacée, il s’approche, tente un pas et se met à te parler. Peut-être qu’il n’est pas crédule mais il devrait faire plus attention à ses poches. Comme on dit, l’intelligence n’a aucun rapport avec l’âge et le monsieur est un bon exemple. Tout le monde sait qu’on ne garde pas son porte-feuille dans sa poche latérale ! Tout comme son téléphone. « Bon déjà, faut vous décider hein, sois vous me tutoyer, sois vous me vouvoyez mais pas les deux. Et évitez le gentille fille la prochaine vois monsieur, je ne suis pas un petit toutou. » C’est dit avec assurance et maitrise, sans sourire, les sourcils un peu froncés. Mais t’as pas envie de te battre Lulu, t’es pas comme ça, la violence ça t’exècre. Tu voulais juste quelque chose qui brille et les pièces dans le porte feuille du vieillard était si jolies…
Tu réfléchis deux secondes et abandonnes le contrôle de la ferraille tout autour de vous. Ça fait boum, bring, tap, boum encore. Tout s’écroule, même le bouclier. Tu souffles un peu, de fatigue, de gêne aussi. Tu voulais pas l’épuiser, t’as pas suivi encore le cours de sauvetage, celui où on apprend le massage cardiaque. C’est seulement dans deux semaines… Fichtre. « J’voulais pas vous fatiguer, je… J’ai vu des pièces, quand vous avez sorti votre porte feuille…» Ton visage qui se pare d’une moue délicieuse, gênée aussi. Ça t’ennuie, de devoir expliquer pourquoi tu fais les poches des gens. Rien à voir avec le fric. « Elles étaient jolies… Elles brillaient.» Comme tes prunelles quand t’en parles Lulu, comme ton sourire quand tu sors de ta poche le dit porte feuille. «Désolé… ? » Comment ne pas accepter de si jolies excuses ?
Je demeure silencieux alors qu'elle me répond de manière bravache à ma demande. Néanmoins, si je ne dis rien, j'enregistre soigneusement les informations qu'elle me donne. Un attrait pour la monnaie ? Voilà quelque chose qui est intéressant. En fonction de comment est son intérêt pour l'argent, il y aura peut-être moyen à apaiser la colère qui brûle dans mes veines. Après tout, on peut y voir comme une forme de vengeance à obtenir le pouvoir sur quelqu'un. Et avoir le pouvoir sur quelqu'un, c'est se donner une carte intéressante pour le futur. Et je n'ai jamais assez de cartes pour le futur.
-Un intérêt que pour les pièces ? J'ai une idée. Faisons un deal ! Vous me rendez mon porte-monnaie avec mes papiers dedans et je vous laisse ma monnaie puisque vous semblez à ce point intéressée par ces pièces. Et en échange que je ne porte pas plainte contre vous, vous me devez une faveur. Rien de scabreux, rassurez-vous. Mais je suis sûr que ma faveur pourra même contenter votre amour pour les pièces.
Après tout, tout service doit bien rémunération. Et si cela doit permettre de m'assurer de sa fidélité, alors allons-y. Et quant à la nature du service, on verra en temps utile.
-Avons-nous un accord, Captain Lulu ?
Et le sourire que je lui adresse est définitivement la dernière tentative de conciliation avant que je la réduise en charpie sous le coup de ma vengeance.
Le vieux monsieur n’a pas l’air ravi mais pourtant, il se calme et battrait presque en retraite. Peut-être qu’en fin de compte, t’es plus inquiétante que t’en avais l’air Lulu ? Ou alors que ce porte-feuille lui a été offert par sa grand-mère ? Ça expliquerait la volonté de le retrouver malgré le peu de choses qui a l’air de s’y trouver… Pourtant, à l’évocation du deal, tu relèves les prunelles, plisses un peu le nez en t’attendant au pire. Lui rendre son porte-monnaie ET lui devoir une faveur ? Il a cru que t’étais un djinn ? T’es leprechaun toi, tu contrôles la chance, pas les rêves de vieux papy. Le sourire a beau te faire fondre (il a du jouer le père noël dans une autre vie), tu te rembrunies un peu, le corps qui se recule et les mains qui hésitent entre lui redonner son fichu porte-feuille et galoper pour fuir. « Vous ne savez rien de moi, y’a aucune raison que j’m’inquiète de votre plainte. » Le porte-feuille est lancé vivement deux secondes après, comme pour se débarrasser de l'objet du crime. Tu voulais juste les pièces et t’amuser, pas te faire courser par un homme et le mettre mal au point de lui donner un arrêt cardiaque. C’était pas le but, t’as jamais fait de mal à personne Lulu (bon okey, on omet ceux qui t’agressent et s’amusent avec tes bouclettes), alors tu vas pas laisser quelqu’un t’en faire. « J’veux pas de vos pièces, ni de votre deal. Vous savez à quoi vous me faites penser, Monsieur ? » Le visage est fermé, les sourcils froncés. Tu prends ton air d’adulte Lulu, celui qu’on ne voit pas souvent mais qui a tendance à surprendre. « À un vieux pervers qui demande à une gamine trois fois plus jeune que lui de lui rendre un "service" » Les guillemets sont mimés. Au pire, il te tombe dessus et t’agresse. Et soit t’iras porter plainte contre lui, ça lui coutera plus cher qu'un simple vol de porte monnaie redonné. Soit tu recommences à jouer aux x-mens, tant pis pour la fatigue et la douleur dans la tête. Les vieux comme ça, ça n'devrait même pas exister !
-Les informations, ça se trouve quand on sait où chercher.
Ma phrase est prononcée au tac au tac lorsqu'elle me dit que je n'ai pas d'informations sur elle. Sur quoi croit-elle que je plaide au barreau ? C'est sur des informations patiemment récoltées par moi ou des tiers. On ne plaide pas encore en se fiant à des délires prophétiques. Heureusement d'ailleurs. Même si les prophéties ont des avantages certains, elles ne sont pas infaillibles. Et puis, manquerait plus qu'un prophète (ou je ne sais pas comment on les appelle) se pointe et parvienne à dire qui ment ou non ! Ca compliquerait singulièrement les choses si c'était le cas !
D'un geste relativement souple pour quelqu'un de mon âge, je rattrape mon porte-monnaie qu'elle me lance. Rapidement, je le glisse dans ma poche encore intacte. Je n'ai pas pris la peine de vérifier si elle a effectivement laissée l'argent dedans, conformément à ce que j'ai pu dire plus tôt.
Mon poing se serre alors qu'elle m'accuse par un sous-entendu d'être un pédophile. Mon hybris qui s'était calmé depuis quelque temps se déchaîne à nouveau. Si Arès est habitué à toutes les insultes possibles et imaginables sur le champ de bataille, il en est une qu'il n'a jamais accepté : pédophile. Pour un dieu comme lui si attaché à ses enfants, il est tout simplement inconcevable d'être désigné ainsi. Un sourire charmeur apparaît sur mes lèvres cependant.
-Heureusement que je ne suis pas intéressé par cela avec vous. Alors, qu'en dites-vous ? Ce contrat commercial sera parfaitement légal, rémunéré comme il se doit. Vous seriez stupide de ne pas en profiter.
Alors que je fais une ultime tentative en apaisant ses doutes, je me rapproche d'elle. Si l'une de mes mains est tendue afin de serrer la sienne pour entériner notre accord commercial, l'autre main demeure fermement serré et caché dans les plis de mon manteau.
