Les mots tournaient en boucle, vérités balancés comme un os à un chien affamé. Rongées jusqu’à la moelle, elle les avait vidées de leur substance. Falaise abrupte, en haut de laquelle elle se tenait. Passé qu’elle avait gravi, empoisonnée par le cercle vicieux de la haine. Malédiction familiale, qui ne cessera pas en son cœur… Numéro composé, téléphone au creux de l’oreille. Trois sonneries, un déclic, une voix. Puis une seule phrase, glas retentissant la fin. « Pour une fois, tu ne mentais pas. » Famille réelle, dont il ne restait que des miettes. Vengeance brisée, avec la chute de la dernière héritière.

Les chaussures crissent sur les cailloux, s’enfoncent dans la terre. Le vent fouette son visage aux traits tirés. C’est un vide profond qui éteint son regard, un vide aussi effrayant que celui qui se dessine sous ses pieds. Les yeux se posent sur un téléphone abandonné là et il le ramasse, passe le pouce sur l’écran brouillé par la pluie. Il observe l’horizon, s’imprègne de cette vue étourdissante et de cet air frais. C’est donc ça qu’elle a ressenti. Il ferme les yeux, serre le téléphone entre ses doigts. Une larme s’écoule, balayée par la pluie.

La mort l’appelle ; il n'écoute plus.