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J'ai voulu garder les yeux secs, et notre vie à contretemps. [Pv Karl Gomez]

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J'ai voulu garder les yeux secs, et notre vie à contretemps. [Pv Karl Gomez] - Jeu 7 Fév - 8:51

Un gigantesque dragon me fait face, menaçant, les narines fumantes, les crocs visibles, prêt à me bouffer tout cru. Acculé contre le mur, je suffoque, tentant de réfléchir à toute allure sur la manière de m'en sortir. Mais penser à un plan de secours quand une flamme peut à tout moment me cramer le visage, c'pas si simple. Pense Kaleb. Pense. Que combat le feu ? L'eau ! Mais oui, l'eau !
Au même moment surgit au dessus de nous une chute d'eau impressionnante qui explose et nous noie sous la pression. La force du jet m'oblige à ployer et je tombe à terre, mains protégeant mon crâne. Lorsqu'enfin il cesse de pleuvoir à torrent, je relève mon visage gouttant à tout va pour regarder mon ennemi. Il a eu la même attitude défensive et son long cou est recroquevillé sur ses côtes. Je peux alors découvrir qu'il n'est pas seul, puisqu'une humaine le chevauche. Une humaine que je connais bien.

-Nour ? Je déglutis.

Le menton fier, elle me dévisage dans un demi-sourire. Sa main droite caresse avec bienveillance son dragon qui petit à petit se redresse. J'ignore ce qu'elle veut. Se venger ? Me sauver ? Elle se penche sans aucune peur pour chuchoter des instructions au monstre de feu et je crains le pire.

-Nour, écoute... Je devais partir. Tu le comprends, hein ?

La gueule humide de la créature s'approche dangereusement de mon nez et je panique. Je ferme les yeux, me préparant à mourir. Après tout, je l'ai plutôt bien mérité. Mais rien ne vient me croquer. Non. Une langue gluante me chatouille à la place les narines ! Écœuré, mais soulagé, je donne l'autorisation à ma gorge de cracher quelques sons rauques s'approchant sensiblement du rire.



Lorsque je recouvre la vue, ce n'est évidemment pas un dragon qui me léchouille, mais un simple chien. J'émerge avec difficulté, repoussant l'animal sans vraiment le voir. Ce dernier reste sourd à mes grognements et insiste, plongeant son museau ensuite son mon aisselle pour me forcer à me lever. C'est à son couinement craintif que je comprends qu'il cherche à me mettre en garde et pas simplement à jouer. Toute trace du rêve part en fumée et je me redresse avec la hâte du danger présent.

-C'est bon, Nil, c'est bon. J'suis debout. Qu'est-ce qui s'passe mon chien ? Je murmure en frottant énergiquement son crâne.

Nil, ou tout du moins est-ce comme cela que je l'ai renommé – ne connaissant pas son véritable nom – est un chien errant du coin. Bâtard, le pelage aussi bien coiffé que moi – c'est à dire pas du tout – aux multiples couleurs, il pourrait ne pas paraître beau aux yeux des autres. Mais les autres sont cons. Il traîne donc ici, dans un espèce de refuse animal. Toute sorte d'espèce vit dans le coin en liberté, attendant avec impatience que quelques rares bénévoles viennent s'occuper d'eux. Se cacher ici n'avait rien de compliqué. Quelques maisons abandonnées, détruites, vestiges d'une ancienne vie, trônent autours, pâles édifice en comparaison du manoir au cœur du territoire. Si ce dernier est visiblement habité, il n'en est rien des semblants de demeures. Je m'y suis donc installé, à l'étage de l'une d'elle, caché aux yeux de tous. J'ignore quoi faire ensuite. Je proposerais bien mon aide pour Nil et les autres, mais je doute qu'on me rémunère pour cela. Et tant que je n'ai pas suffisamment observé les propriétaires, je ne dévoilerai pas ma présence. Avoir un toit, gratuit, est bien plus important que l'honnêteté. Et cela, Nil l'a bien compris. Ayant très certainement lui aussi vécu une vie de cavale, il s'est immédiatement pris d'affection pour moi et me veille lorsque je dors.

Accroupi, je m'approche de la fenêtre qui ne contient plus une seule vitre, pour observer avec discrétion ce qu'il se passe à l'extérieur. J'entends un homme parler aux animaux au dehors. Il est trop loin pour que je puisse le reconnaître, même au son. J'ignore donc s'il s'agit de quelqu'un de passage ou de l'un des propriétaires du manoir. Alors que je tente de me concentrer, mon ventre crie famine dans un horrible borborygme. Je plaque ma main inutilement contre mon ventre, comme si je pouvais le faire taire. Heureusement si je ne peux distinguer la voix du visiteur, c'est qu'il ne peut pas m'entendre non plus. Le chien couine à mes côtés, comme inquiété de ma faim. Le voyage jusqu'ici a été plutôt long et mes vivres sont en rupture. L'argent aussi d'ailleurs. Si je m'étais fait un petit pactole d'avance il y a un peu plus d'un an, mes périples depuis la foudre se sont avérés désastreux.

Il m'a déjà fallu me remettre de ce foutu éclair en pleine gueule. C'est mon patron qui m'a trouvé et amené directement à l'hôpital, débile qu'il était. Pour un mec qui n'a plus de couverture santé de par sa fuite constante, je vous laisse imaginer le montant des soins. Non seulement je suis passé pour un illuminé qui voulait vivre en communion avec la nature, loin des hommes, mais en plus j'ai perdu tout ce que j'avais mis de côté. Le tout en petite coupure. Heureusement que l'hôpital était un boui-boui de petite ville de seconde zone. J'aurais facilement eu des problèmes dans une véritable métropole. J'aurai pu me remettre à travailler le bois avec lui, le temps de renflouer mes poches. Mais une idée obsessionnelle me taraudait. Je devais partir. Et je savais vers où aller. Sans aucune idée du pourquoi du comment.
J'ai erré ainsi durant plus d'un an, combattant cette volonté irrationnelle, m'arrêtant pour travailler, manger, survivre. Mais c'est comme si une poisse monumentale me collait alors à la peau. Moi qui parvenais toujours à me débrouiller, trouver de quoi travailler et me loger, là... là personne ne voulait de moi. Impossible de trouver un boulot qui dure plus d'une journée. Impossible de trouver un véritable toit. Bonjour le vol et les cachettes. C'est comme si on refusait que je me pose tant que je n'avais pas atteint ma destination. Mais quelle destination ? Je crois sincèrement que je commence à débloquer. L'isolement ne me convient guère, on dirait.

-Faut que je sorte d'ici Nil. J'peux pas rester là sans rien faire, à attendre que tu me ramènes de la bouf' volée. C'est dégueulasse en plus, c'est plein d'bave !

Le chien me regarde avec ses grands yeux adorables et je souris, véritablement.

-Le prends pas mal, camarade ! Mais j'vais pas tenir longtemps comme ça. Et j'commence sincèrement à dérailler. Il y avait un dragon dans mon rêve. Mec ! Un dragon ! Rien ne va plus.

Je me dévisse la nuque pour apercevoir le visiteur du refuge, mais sans succès. Je soupire. Que faire ? Me montrer ? Et passer pour un squatteur. Jouer la carte de l'émotion pour réclamer un toit et un job ? Ce stratagème n'a pas tellement fonctionné ces derniers temps. Je crois que mon aspect amaigri par la malnutrition et mes iris dilatées par la fatigue n'aident pas vraiment, faut dire... Grinçant des dents, peinant à réfléchir avec la faim me tiraillant, j'en arrive à la conclusion de quitter ma cabane à la nuit tombée uniquement, afin d'effectuer quelques repérages dans la ville la plus proche.

-Nil, ce soir on...

Je fais un tour sur moi-même pour chercher mon compagnon de fortune, mais il a bel et bien disparu. Je l'entends alors japper. Je sais exactement ce qu'il fait. J'ai appris à le connaître, à interpréter ses aboiements. Ce con est en train de faire la fête au nouveau venu. Et à entendre le son qui se rapproche, il l'amène vers moi. Traître !
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J'ai voulu garder les yeux secs, et notre vie à contretemps. [Pv Karl Gomez] - Jeu 7 Fév - 21:11


"Écoutes ... Tout le monde me dit que j'ai une sale tête. Oui, sans rire ! Si je viens te chercher aujourd'hui à ton travail, je vais faire une infraction à la bienséance. Oui ? Non, pire. Je ... Me suis battu, en quelques sortes. Rien de grave, un œil au beurre noir, quelques bleus, et une arcade sourcilière recousue. C'est très gentil mais ce serait vraiment mieux que tu ne fasses pas appel à moi. Je t'envoie le numéro d'un collègue. Merci beaucoup, au revoir."

Tu raccroches et soupire. Tu te demandes encore si cette pause dans ton travail est une bonne idée finalement, puis tes yeux se lèvent vers le miroir de l'entrée où ton reflet nous apparaît, encore pire que dans tes souvenirs. Personnellement, je trouve que tes blessures de guerre te donnent un air très viril. On voit que t'as pris cher, mais tu n'as plus l’œil enflé, juste l'orbite terne de quelqu'un qui à l'air de galérer pour survivre.

Alors tu souris à toi même, dans le miroir, l'homme te rend ton sourire instantanément. Malgré les blessures, il est évident que tu restes une personne profondément gentille et honnête, cela se voit sur ton visage et aucune marque d'aucun coup ne pourrait assombrir ça.

Et te voilà, seul, dans ton appartement, en congé maladie... Enfin. Tu n'as pas encore réalisé qu'à partir de maintenant, tu pouvais faire absolument ce que tu voulais, sans aucun compte à rendre. Moi, je propose d'aller boire des verres dans des bars, draguer jusqu'à plus soif et rentrer avec deux ou trois partenaires potentiels. Mais toi, tes yeux se sont posé sur tes deux énormes chiennes qui te regardent avec des yeux attendris. Même si ça ne sert à rien, tu leur souris.

Trop excité pour songer à te recoucher, te voilà en train de t'habiller en vitesse. Un jean, un t-shirt, et tu vas fouiller ton placard à la recherche de tes lunettes de soleil, moins pour leur style que pour masquer ton hématome oculaire. Tes lunettes sont solidement arrimés à la poche d'un blouson en cuir dont tu avais pratiquement oublié l'existence. Fort de ta nouvelle vie libre de toute obligations tu enfiles le manteau ainsi que les lunettes. A ce moment, le reflet dans le miroir te donne un tout autre genre, plus rebelle, plus assumé. Plus nous, d'une certaine manière, j't'aime beaucoup comme ça, Karl. Je nous aime beaucoup.

Tes chiennes en laisses, te voilà parti pour les routes de l'aventures.

Cherchant un but à ta promenade, te voilà parti vers le ranch de the harrelson valley. Tes deux compagnes étant des réfugiées elles-aussi, tu aimes aller y flâner et proposer ton aide pour s'occuper de tous les petits pensionnaires. Tu commences à marcher d'un bon pas. Pour ma part, fortement peu intéressé par
cette activité, je me réfugie loin dans les méandres de ton esprit.

Alors que tu lasses tes chiennes s'amuser avec d'autres créatures canines. Voilà que tu entends un jappement étouffé au loin. Il n'est pas si fort, mais cela a suffit pour tirer la sonnette d'alarme dans ta tête. Pour toi, il s'agit d'un chien sans doute coincé dans une des maisons abandonné, hors de question pour toi de l'y laisser. Tu cours presque vers la maison avant de grimper les marches qui mènent à l'étage quatre à quatre. Karl, tu devrais songer à rechercher la compagnie de tes semblables plutôt que celle des chiens. Franchement, ce n'est pas ici que tu trouveras ...

PAR LES SAINTES CORNES DE PAN !

"Kaleb ? C'est toi ?"

Ah parce qu'en plus, tu le connais ? Je vérifie que tu t'adresses bien au garçon et non au chien qui t'a mené à lui, mais oui, bon sang ... Oui, tu connais bien cet autre être humain !

Je me permets alors de farfouiller tes souvenirs. Kaleb, un ami avec qui tu as tissé des liens fort, de ceux qui ne peuvent être tissé que grâce à des tragédies. Tu avais perdu ton emploi, ton chez toi, ta crédibilité, et par dessus tout, ton ami. L'homme que je vois en songe n'a que peu de points communs avec ce type rachitique au regard farouche qu'il y a devant nos yeux. Mais c'est quand même lui, tu es formel.

Tu tends alors la main pour l'aider à se relever. L'aspect négligé, la saleté des vêtements, tu t'en contrefiche. Tu pensais qu'on t'avais pris ton ami, qu'il était même disparu, voire mort. Ces derniers temps, depuis que je suis avec toi, tu t'étais même défendu d'y penser car tu avais toi-même changé de ville, changé de vie, repoussant constamment le moment où tu devrais te rendre à l'évidence sur le sort de ton ami.

Voilà qu'il t'es rendu ! Sous les lunettes fumées, tes yeux s'humidifient sous l'émotion. Dans un mouvement et sans un mot, porté par ma propre envie, tu prends Kaleb dans tes bras pour le serrer contre toi. Pas longtemps, mais juste assez pour te rendre compte qu'il est bien là, avec nous.

"Où tu étais passé ? J'ai vraiment cru qu'ils avaient fini par te rattraper et par t'avoir. Sérieux, mec, ne me refais jamais ça !"

Tu le détailles un peu plus ton ami.

"Allez, viens à la maison. Tu me raconteras tout, tu veux bien ? Je te ferais un bon petit déjeuner."

Un petit coup de langue impatient sur ta main te fait ajouter :

"Tu peux aussi amener ton ami. Y a aucun soucis pour moi."

Tu t'autorises enfin à respirer, à revenir de tes émotions. Sous ton masque de bienséance, un véritable sourire de soulagement pointe. Si Kaleb est là, maintenant, alors tout est possible. Tu espères simplement que ce n'est pas un rêve.

"C'est bien de te revoir, mec."

Ce qui est génial là dedans, c'est qu'on est en congé pour plusieurs jours, donc on va avoir absolument tout le temps de s'occuper de ce jeune garçon au regard indomptable. A travers tes yeux à toi, je le regarde, et il est terriblement mignon !
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J'ai voulu garder les yeux secs, et notre vie à contretemps. [Pv Karl Gomez] - Jeu 14 Fév - 7:31

Ce chien est débile. Profondément débile ! Je parcours des yeux la pièce vide autour de moi dans l'espoir d'y trouver un semblant de cachette. Mais rien. Rien du tout. Génial. On va m'éjecter à grands coups de pieds au cul et encore, j'aurais de la chance si on ne m'accuse pas de squat illicite ou je ne sais quoi.

-Kaleb ? c'est toi ?

Cette voix. Je connais très bien cette voix. Aussi lorsque je relève mon regard, je sais très bien qui je vais découvrir. Pourtant... c'est tout bonnement improbable ! Je reste figé, la bouche ouverte dans une mine de consternation. Karl. Karl est ici. De tous les endroits de la Terre, il a fallu qu'il choisisse cette putain de cabane perdu dans un refuge à moitié abandonné ! Toujours choqué, je ne réagis même pas lorsqu'il me prend dans ses bras, me soulevant sans trop de mal. Je remets pieds à terre sans avoir dit un mot de plus. Il est, pour sa part, bien plus bavard.
Ça a toujours été comme ça. Karl savait parler, tandis que je me réservais. Quand on s'est rencontré, il y a de cela plusieurs années, je m'en méfiais. Il représentait une concurrence à mon maigre emploi au sein de la coopérative. Mais plus encore, il voulait absolument se lier d'amitié. Et moi et les relations... C'compliqué. Logés, nourris ensemble, il était difficile de le repousser. Plus encore lorsqu'on a dû partir en cavale, accusé à tort d'un satané incendie. On a vécu de chouettes moments, il faut le dire. C'bien pour ça que je me suis barré.

Il ne m'en veux apparemment pas. Il me traite comme un vieil ami perdu de vue, tout simplement. Pas une once de colère ou quoi. Je suis partie sans rien dire, le laissant seul avec ses emmerdes et il m'accueille bras ouverts... Ce mec m'impressionnera toujours. Tant de bienveillance me met mal à l'aise. Je déglutis, cherche une excuse pour refuser. Je peux dire que je suis uniquement de passage, que je dois repartir de suite... Mais à vrai dire, je n'en ai pas envie. J'ai faim. Terriblement faim. Et froid. Sans compter la fatigue accumulée et le ras-le-bol de marcher. Nil me confirme tout cela par un regard des plus enjoués, langue pendue. Bon... ok. On reste. Mais juste un peu. Bien qu'une petite voix m'indique qu'avec Karl dans les parages, il sera ardu de repartir. Non parce qu'il me retiendra, mais parce que je n'en aurai pas réellement envie.
Je frotte ma nuque, toujours gêné par ces retrouvailles inattendues.

-Mec...

Il y a une telle joie sur le visage de mon ancien acolyte que je ne trouve rien à dire de plus.

-C'bon de te revoir aussi. J'dis pas non au petit dej.

Je lui emboîte donc le pas, gratifiant au passage le chien d'une grattouille entre les oreilles. Il est loin d'être débile, ce clébard. Il voulait juste m'aider. La probabilité pour qu'il me ramène un ancien ami ? Sur le chemin j'écoute Karl parler, me triturant les méninges sur mes explications prochaines quant à ma fuite. Et sur ce que je vais devenir maintenant. Je sens dans ma poitrine mon cœur battre avec hargne, réclamant un peu d'affection, une trêve au détachement. Je grince silencieusement des dents. On ne m'aime jamais gratuitement. Chaque personne qui s'est dite être mon amie était en réalité une ruse pour mieux m'humilier, à l'école. Quant à ma famille... Je les ai détruit. En quoi, par pur égoïsme, juste pour me réconforter, j'infligerai cela à Karl ?

Pénétrer un vrai lieu de vie me fait l'effet d'une grande claque dans la gueule. De vraies pièces, fermées, chauffées. Avec des meubles ! On peut s'asseoir pour manger, se reposer dans un canapé... De telles réflexions peuvent paraître con, hein... Mais c'est un immense luxe que je ne connais plus. Il faut croire que la cavale est finie pour Karl et qu'il a, à présent, trouvé une petite vie bien rangée. Tant mieux pour lui. J'ignore si je pourrais m'y faire. Il me fait signe de prendre place pendant qu'il prépare le petit-déjeuner et j'obéis, toujours dans le cirage. Les léchouilles incessantes de Nil me rappellent que je suis sale et que je dois probablement sentir le bouc.

-Euh... Karl ? Tu crois que j'peux t'emprunter ta douche ? J'voudrais pas t'infliger ça plus longtemps, c'pas très poli à table !

Il répond avec le même enthousiasme des retrouvailles, ce qui m'oppresse de plus en plus. Je veux pouvoir lui répondre. Je veux moi aussi pouvoir le prendre dans mes bras et rattraper le temps perdu. Mais j'ai cette pierre lourde sur le cœur qui ne comprend pas pourquoi. Qu'est-ce que j'ai bien pu faire pour qu'il m'apprécie autant ? Que va-t-il encore nous arriver de bien moche si je me permets de souffler et de l'apprécier en retour ? J'ai toute la douche pour y réfléchir. L'homme de mon passé me sort également deux trois vêtements propres, afin d'en finir avec mes guenilles et je le remercie d'un sourire chaleureux qui ne m'arrive que trop rarement. Cela le surprend d'ailleurs car je perçois le bref mouvement de recul en guise de réaction. Les mois que nous avons passés ensemble... Il me connaissait bien. On ne peut pas dire que j'ai énormément changé. J'espère m'être endurci un peu plus. J'ai pris du muscle, surtout aux épaules et au torse. Et je suis devenu plus froid encore. Si j'étais des plus agréables avec lui, il avait bien compris qu'il en fallait beaucoup pour me tirer un réel sourire et plus encore un rire. Il pouvait d'ailleurs se féliciter d'être le seul dans la coopérative à parvenir à un tel exploit.

L'eau rebondit sur ma peau avec une douceur qui me fait fermer les yeux, en toute confiance. Tout juste chaude, elle abreuve ma peau d'un bien-être inouï et je ne peux m'empêcher de pousser un gémissement de contentement. Je mouille mes cheveux également. Il y a de quoi. Il faudrait que je les coupe aussi, ils commencent à ressembler à... n'importe quoi, c'est le mot ! Ils frisent en plus. Bonjour les dégâts. Une réflexion à ce sujet de Karl, lors de notre séjour à la ferme, me revient et mes lèvres s'étirent de cette complicité de jadis. Est-ce l'eau qui me réchauffe ou ce souvenir ? Je me sens bien. Si bien que je voudrais ne plus partir, ne plus quitter cette cabine de douche et rester là, nu, pour l'éternité. Mais je ne traîne pas. Je ne suis pas là pour glander, mais pour me requinquer. Propre, savonné, sentant aussi bon que possible, il me faut à présent faire taire mon estomac qui continue de se tordre en tous sens. Encore humide, j'enfile le pantalon et le polo qu'il m'a préparé. C'est un peu grand pour moi, nous n'avons absolument pas la même corpulence, surtout pas la même taille. Mais je m'y sens bien. Comme protégé. La crinière ébouriffée et trempée, je sors de la salle de bain pour découvrir un fumet plus que tentant provenant de la cuisine. Mes narines explosent de bonheur et je grogne.

-Bordel Karl, ça sent beaucoup trop bon !

Je le rejoins à la hâte et perçois directement son œillade amusée quant à mes cheveux.

-Tu t'es amélioré en coupe depuis le temps ? La dernière fois il a fallu rasé tellement c'était loupé !

Nous revoilà. Le duo d'antan. Quand est-ce que je fuis ? Quand je saurai quoi faire de ma vie.
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J'ai voulu garder les yeux secs, et notre vie à contretemps. [Pv Karl Gomez] - Dim 24 Fév - 13:53


S'occuper de quelqu'un ... Voilà qui te redonne enfin le sourire. Pendant le trajet en voiture, tu parles à ce magnifique spécimen masculin de l'espèce humaine. Comme toujours, tu ne vois que votre amitié d'antan, vos délires, votre relation. Moi, je vois le garçon pour ce qu'il est : un gars timide aux yeux qu'on aurait bien envie de bouffer. Quelque chose d'autre éveil mon instinct primal, quelque chose que je n'ai pas senti depuis très longtemps. Bien sur, toi, tu n'en as même pas conscience, tout guilleret à l'idée de retrouver ton ami, mais moi, cela m'obsède.

Nous arrivons alors, libérant tous les chiens de la voiture, un s'est même ajouté au compteur. Les trois bestioles se tournent autour joyeusement, sautent, courent, jappent. Pendant que tu t'affaire à préparer de la nourriture pour tout le monde, Kaleb s’éclipse pour la salle de bain... Suis-le, bon sang ! Qu'on voit de quoi ce petit gars à l'air une fois débarrassé de ses vêtements. Chez ce garçon, il y a une fougue étrange, une insoumission séduisante, une pureté ... Nom d'une corne de bouc ! Il est vierge !

Karl, tu le sais ? Non, bien sur ! Voilà, j'étais déjà sous le charme, je suis maintenant rendu à l'état d'obsession. Pour le moment, j'ai encore beaucoup de mal à t'entraîner à faire quoi que ce soit, pourtant, j'ose espérer que tu ne resteras pas entièrement sourd à mes suggestions.

Vierge, intact, pur... Ouais ! La virginité a toujours été une source d’attrait perverse, pour moi. Le jeu de la séduction n'en est que plus délicieux, le plaisir de la découverte, tout ça en résulte un privilège unique. Oui, c'est ça, un privilège. Toi, tu es juste rassuré que tes deux bestioles s'entendent bien avec Nil, le chien de Kaleb, et qu'elles acceptent de partager leur nourriture avec lui sans broncher. Gamin, on a VRAIMENT pas les mêmes intérêts dans la vie.

Pour le petit déjeuner, tu ne sais pas vraiment quoi faire, alors tu fais un peu de tout : des toasts grillés, tu fais réchauffer quelques viennoiseries surgelées que tu gardais jalousement pour une occasion comme celle-ci, tu fais bouillir du lait et de l'eau pour un chocolat chaud, du thé ou du café, et te voilà derrière ta poêle pour te lancer dans ta fameuse recette d’œufs brouillés. Dans ces moments là, tu regretterais presque de ne plus être en Europe où la norme est de se faire à manger sois-même, mais passé ce moment, tu te dis que c'est ce petit truc qui te rend unique : savoir cuisiner et ne jamais céder à la facilité d'un repas tout pré-fait.

Le garçon revient. Je l'observe au travers de tes yeux, il est si mince avec des muscles secs bien dessinés, un ange au regard farouche, un démon à l'esprit pur. Tes yeux s'attardent sur lui si bien que je me demande si de l'extérieur de nous, on ne verrait pas mon regard par transparence, je sais bien que c'est peu probable cependant. Tu ris, amusé de sa remarque.

"Je t'aimes bien comme ça, moi. Mais c'est toi qui voit. Prends place et mange, on verras ça plus tard."

La table déborde de denrées, pour peu, on soupçonnerait que tu reçois la reine d'Espagne. Même pour toi et ta générosité légendaire, cela reste unique, mais toi, tu t'en fiches, tu veux juste nourrir ton ami et qu'il se sente bien. En plus, tu as terriblement faim toi aussi donc il ne se sentira pas seul ni redevable à manger. Cependant, tu sais d'instinct que tu as poussé peut-être l'accueil un peu trop loin. Comme toujours, tu préfères en rire pour désamorcer une gêne éventuelle.

"Pour votre boisson chaude, monsieur, désirez-vous du thé, café, chocolat ?"

Bien entendu, pendant votre petit déjeuner, tu brûles de l'inonder de questions sur ce qui s'est passé, de sa disparition. Tu veux aussi lui signaler que tu l'as cherché pendant un bon moment auprès des forces de police et dans les hôpitaux et que son absence auprès de ces institutions t'as autant apaisé qu’inquiété. L'incertitude était un sentiment qui t'avais été insupportable. D'un coup, tu arrêtes toute mélancolie et tu te décides pour le laisser parler quand il en aurait envie. Pas question de le harceler à peine arrivé. Tu connais Kaleb et tu ne veux surtout pas le brusquer, encore moins le faire fuir.

Pendant le repas, tu meubles la conversation à propos de tes chiennes que tu as adoptées parce qu'elles étaient maltraitées, ta vie ici, ton travail de taximan ... Tout est bon pour faire penser Kaleb à autre chose. Une fois le repas à peu près terminé, tu es ravis qu'il ne se soit pas gêné pour manger à sa faim.

"Bon, on va s'occuper de cette jolie tignasse. Bon, il faut pas t'inquiéter pour ton apparence, je ne suis pas non plus de la dernière fraicheur"

Tu plaisantes en montrant ton œil droit à l'orbite encore sombre et au sourcil abîmé. Tu sais très bien que quoi que tu ais subit, Kaleb a du avoir des choses bien pires. Tu te lèves et va dans la salle de bain chercher un peigne, un ciseau, une tondeuse et une grande serviette. Tu prends une voix affreusement efféminée ce qui contraste fortement avec ta carrure.

"Cher monsieur, bienvenue chez nos salons 'Faudra Tif Hair' (nom libre de droit). Je m'appelle Morgan, c'est moi qui vais prendre soin de vous aujourd'hui."

Et la serviette vole pour aller s'enrouler autour du cou de Kaleb, tu branches la tondeuse et tu installes tes ustensiles sur la table. Tu continues dans ton délire, imperturbable.

"Ah, quel temps en ce moment... Mais heureusement qu'il ne neige pas ... Vous imaginez les gens qui vivent dans la neige toute l'année ? ... Mais ils doivent être habitués ..."

Et tu enchaînes les lieux communs pendant que tu te concentres sur la tignasse à raccourcir. Habituellement, tu avais pris l'habitude par économie de couper tes cheveux toi-même. Le faire sur quelqu'un d'autre est à la fois plus facile car tu disposes de plus de liberté de mouvements, et plus délicat parce qu'il ne s'agit plus seulement de toi. Tu optes pour un truc classique, une coupe aux doigts courte sur les côtés et plus longue au dessus. T'as raison Karl, on verra plus tard pour l'iroquoise teinte en verte et rose. Finalement, le résultat n'est pas si mal, tu es même plutôt fier de toi.

"Et voilà m'sieur !" Dis-tu en retirant le drap de bain. "Désolé, j'ai pas de petit miroir mais tu peux aller t'admirer dans la salle de bain."

Ah, le moment gênant où le silence règne en maître est arrivé. Les nombreuses questions affluent à nouveau dans ta tête. Pour te donner de la contenance, tu caresses une de tes chiennes venue renifler une mèche de cheveux tombée au sol.

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J'ai voulu garder les yeux secs, et notre vie à contretemps. [Pv Karl Gomez] - Sam 16 Mar - 12:05

Karl a préparé une table grandiose. Mais vraiment ! Je ne sais même plus où donner de la tête. Soit il s'est vraiment habitué au luxe, soit il s'agit d'un rencard... A moins qu'il ne soit juste content et cherche à me faire rester ? Si vite ? Après aussi longtemps ? La faim l'emporte toutefois sur la gêne et je me goinfre à m'en faire mal au bide écoutant avec passion mon ancien compagnon de route me raconter sa nouvelle vie. Il a l'air bien, là. J'suis heureux pour lui, vraiment. Même si je peine à retrouver dans tout ce confort la folie de nos aventures. Je vagabonde depuis si longtemps... J'en ai tout oublié. Oublié l'odeur du croissant chaud qui chatouille mes narines avec volupté, oublié le simple confort d'avoir ses fesses sur autre chose qu'un vieux plancher, oublié la chaleur que dégage une personne lorsqu'elle rayonne en face de toi.

Enivré par ce trop plein de confort, je reste aussi docile que Nil et m'assois tranquillement pour le laisser s'occuper de mes cheveux. Lorsqu'il désigne son œil malmené, j'hésite à lui demander la cause. Je vais paraître horrible à dire ça, mais ces traces de lutte me rassure sur le sort de Karl. Finalement, elle est encore bien présente cette folie. Même emmuré dans du luxe, il doit continuer à filouter pour récolter un visage tuméfié. Je m'apprête à me jeter à l'eau et à lui demander ce qu'il a encore bien pu faire, mais le voilà qui débarque, peigne et compagnie en main et une voix beaucoup trop aiguë pour lui. Il se prend au jeu. Vraiment. Mais quel clown celui-là. Ok, il n'a décidément pas changé. Et ça, ça me rassure et m'enchante. Je pouffe donc avec plaisir, levant les yeux au ciel d'amusement.

La coupe se termine et le jeu avec. Brassant ma nouvelle tignasse d'une main pour en faire tomber les mèches coupées, je me dirige vers la salle de bain. Je ne suis pas anxieux, mon apparence est le dernier de mes soucis. Il s'est bien débrouillé. Vraiment bien. Je retourne le voir dans une fausse attitude de mâle à l'égo surdimensionné qui se sait être un tombeur. Tout ce que je ne suis pas, quoi.

-Je suis parfait. Comme d'hab', quoi.

Ça ne me va absolument pas ce rôle. Il sonne terriblement faux d'ailleurs. Et je culpabilise presque immédiatement de jouer là-dessus. Mais au sourire que me renvoie mon ancien acolyte, je sais que j'ai réussi le principal : lui faire plaisir. Je lui rend une œillade pleine de nostalgie, puis je désigne son visage.

-Bon. Dans quelle emmerde tu t'es encore fourré, toi ? T'as encore fait brûler une ferme, avoue !

La petite référence à notre accusation totalement infondée, source de notre escapade commune le fait rire aux éclats. Et j'avoue que ça m'avait manqué. Il m'avait manqué. J'ai mon cœur qui devient tout chaud et mes zygomatiques qui s'étirent pour le rejoindre. Je retiens le tout. Pas la peine de s'attacher de nouveau. Rien n'indique que je dois rester dans cette ville. Comment réagira-t-il en me voyant disparaître une deuxième fois ? Je lui dois déjà une explication pour la première. J'peux pas juste me casser après son accueil, c'est impossible. Il est temps de jouer la carte de la franchise. Comme à mon habitude quand je suis gêné, je me masse la nuque et plisse mes sourcils. Il me voit venir car son air réjoui chute immédiatement.

-Écoute Karl...

Ses iris m'accrochent. Je peux sentir le supplice me retenir, renforcé par un brin d'une autre émotion que je ne parviens pas à définir. De la colère ? Du dégoût ? Je déglutis. Lui faire de la peine est bien la dernière chose que j'ai envie de faire.

-J'suis pas fait pour vivre en société, tu l'sais. J'suis pas fait pour toutes ces conneries de relations humaines et compagnie.

Je suis bien trop vague. Ça sonne comme de la vieille excuse à deux balles dont on se sert pour se débarrasser d'une personne. Et je n'ai pas le droit de lui faire ce coup-là.

-Karl, je refuse de m'attacher encore à toi.

Là, ça ne peut que sonner vrai. C'est même une véritable son de cloche qui assourdi par sa puissance. Je me sens soudainement très très faible. Comme si j'avais ouvert ma poitrine et exposé mon cœur à la merci du monde entier. Je me sens mal, fragile, honteux. En danger. Je dois enchaîner. Vite. Et en finir.

-Je suis parti parce que je ne veux pas de ça. Parce que c'est ce que je fais depuis toujours. Fuir pour éviter... pour m'protéger. Et toi t'avais mis à mal ça.

Biiiien Kaleb. Accuse-le, vas-y, c'est tellement mieux comme tournure. Mais qu'est-ce que je peux être con !

-Je ne vais pas rester ici. Je... J'ai juste besoin de me refaire un peu, de bosser. Et j'ai cette putain de sensation qui m'a amené ici et qui me dit de rester. C'est justement le signe que je dois me casser. Les intuitions et moi, on est pas très copains, tu l'sais bien.

Il est resté silencieux. Beaucoup trop silencieux. A me fixer là. J'ignore ce qu'il pense, ce qu'il va dire. Et j'ai mal de lui faire mal. Je me sens aussi impuissant que face à Nour. Nour... Faut qu'il comprenne. Si je reste, je finirai pas le détruire, comme j'ai détruis ma famille.

-Karl... Karl j'suis désolé.

Je m'approche de lui, fébrile. J'suis une ordure. Il m'a tout donné. Tout. Et moi j'lui annonce que je vais partir parce que je suis un gros flippé des relations. Mon regard part en direction du festin partagé, et je le vois faire de même.

-Crois-moi. J'en vaux pas la peine. Je murmure, brisé.
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J'ai voulu garder les yeux secs, et notre vie à contretemps. [Pv Karl Gomez] -

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