Shitty thief.

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Dahlia Byrne & Pancras Gysin

Tourner en rond, des dizaines de fois, vérifier chaque recoin de la pièce, pour ne rien trouver. Le téléphone avait disparu de la surface de la Terre, et Dahlia était prête à s’exploser le poing contre un mur sous l’effet de la colère. Impact de la banshee ou de l’humaine tendue à souhait depuis quelques mois, qu’importait. Finalement, rien ne lui ramènerait l’objet tant convoité. Elle n’avait plus qu’à attendre que l’esprit se souvienne, qu’un éclat de lucidité traverse son cerveau, et tout lui reviendra. En espérant que personne n’ait tenté de la contacter entre temps. Ce serait le comble qu’Alejandro se réveille maintenant. Après tout ce qu’il lui avait avoué, toutes les histoires de mafias qu’il lui avait servies, il avait disparu. Silence radio d’un homme qu’elle avait appris à apprécier, et qui se consacrait aux siens à présent. Sourire tendu qui se dessina sur ses lèvres, le temps de reprendre le contrôle. Regard porté sur l’horloge sobre, indiquant l’approche de minuit dans les prochaines de minutes.

Un soupir, et le bipper la ramena dans le présent. De garde ce soir, elle n’avait guère de temps à perdre avec ses recherches. Elle attrapa simplement son manteau, et se précipita au pas de course dans la cage d’escalier, claquant simplement la porte dans son dos, oubliant de tourner la clef dans la serrure. Enfin, normalement, l’américaine ne vivait pas dans un coin dangereux, et le taux de cambriolage rapporté par les autorités du quartier était relativement faible… Suffisamment pour qu’elle n’ait pas eu à s’inquiéter jusqu’à aujourd’hui.

Course éreintante jusqu’à l’hôpital, quelques rues plus bas, et elle enfila sa blouse par-dessus les couches de vêtements. Urgence pas si importante que cela pour elle, dans la mesure où il s’agissait de gérer quelques médicaments pour calmer un patient dont les symptômes prenaient le pas sur la raison. Et vu l’heure, seul le psychiatre de garde pouvait se permettre d’être contacté. Quelques mots échangés avec les équipes toujours en place, quelques prescriptions signées pour s’assurer que la nuit se passerait correctement, que personne ne se ferait agresser à la suite d’un regain de puissance, et elle entreprit de rentrer chez elle. Coup d’œil vers la montre, pour s’assurer qu’une seule petite demi-heure était passée depuis son départ, et elle poussa la porte de son immeuble avec un soupir de soulagement. Les nuits de garde pouvaient facilement devenir compliqué, avec tous les cas que couvaient Arcadia.

Il lui fallut un temps pour comprendre que quelque chose clochait dans son appartement. En fait, c’était peut-être la silhouette accroupie dans sa chambre, fouillant allégrement dans ses tiroirs, qui lui mit la puce à l’oreille. Et encore, la pensée fit un tour complet dans son esprit, avant que le corps ne réagisse enfin. « Je vous dérange ? » La voix claqua presque trop, pour l’altruiste qu’elle était. Influence bien terne de la banshee sur l’humaine. « Si vous cherchez des objets de valeur, c’est plutôt dans mon coffre-fort à la banque qu’ici. » Les bras se croisèrent sur la poitrine, comme pour se donner une importance et une confiance qu’elle ne ressentait pas forcément. Après tout, qui aurait peur de son mètre soixante ?

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Dahlia Byrne & Pancras Gysin

La silhouette en train de fouiller ses affaires l’aurait fait bondir avant. Aujourd’hui, avec tout le bordel dans sa vie, ce cambriolage semblait… Normal. Banal. Un homme qui pénétrait dans l’appartement, qui fouinait, qui repartirait peut-être avec quelques bijoux, un ordinateur ou un téléphone… Tant que ce n’était pas un dieu, ou une créature prête à l’égorger, elle survivrait. D’ailleurs, depuis quand en avait-elle aussi peu quelque chose à foutre ? Pourquoi la banshee la poussait au conflit, quand elle-même s’y refusait ? Elle se souvenait des guerres, elle se rappelait des morts, des membres arrachés. Elle avait vécu le pire, depuis toujours, peut-être cela l’avait-il anesthésiée. En fait, cela devait la pousser à rester droite, sans le moindre signe de peur extérieur. « Le technicien, vraiment ? » Il était dérangé celui-là. Ou alors il la prenait pour une vieille naïve, prête à tout gober sous prétexte que son âge était avancé. Sauf que Dahlia n’avait que trente-quatre ans, que sa mémoire se portait à merveille (malheureusement) et qu’elle avait connu les plus grands connards et menteurs de ce monde. Néanmoins, elle resta silencieuse, prête à lui offrir une seconde chance, un pardon qui la caractérisait tant. Une porte de sortie qu’il pourrait prendre ou fermer à jamais.

« Non, je ne suis pas concernée, et pas au courant de ce problème. » Il s’enfonçait à chaque seconde qui passait, et le regard s’assombrissait dans le même temps. Il continuait de mentir, sans vergogne. Et ça l’agaçait profondément. Le mime lui fit arquer un sourcil. Etait-il sérieux ? Pour un peu, elle lui enfoncerait un genou dans ses parties, s’il voulait tant connaître la même douleur que ce pauvre type qu’il décrivait. Même si lui avait gardé ses couilles. Pas sûr que ce soit le cas de son interlocuteur. « Aucun avis n’a été laissé concernant votre passage par la copropriété. » Mensonge mis à nu. Allait-il continuer malgré tout ? « Et j’pense pas que ma porte ait été ouverte avec une clef. » Parce qu’il ne semblait pas en avoir une sur lui. Et puis bon, elle n’était pas stupide, un cambrioleur n’avait pas une putain de clef de son appartement.

Et elle perçut les muscles se tendre. Fuite qu’il s’apprêtait à prendre, mot qui resta coincé dans sa gorge : « Att… » Bousculée, elle n’eut guère le temps de le terminer, finit contre un mur et se laissa glisser jusqu’au sol. Ca n’avait pas été violent, dans le sens où aucune côte ne s’était brisée, et elle n’en aurait aucun bleu dans les jours à venir. Juste l’effet de surprise qui l’avait empêchée de réagir. Puis courir après un voleur, voilà qui était peine perdue…

Ou avait-elle un peu de chance ? Un bout de papier sur le sol fut attrapé, indiquant une adresse à Arcadia. Sourire carnassier aux lèvres. Il ne s’échapperait pas aussi facilement…

**

Il avait fallu du temps, avant qu’elle se pointe à la fameuse adresse. Elle avait récupéré une arme, un simple Beretta qu’elle avait glissé sous son chemisier, sur la chute de ses reins. Coincé par la ceinture, il n’attendait que son heure pour briller. Petite visite de courtoisie qui ne devait pas se terminer dans le sang, mais mieux valait prendre des précautions aux USA.

Elle se pointa devant la porte de l’appartement, moins bien loti que le sien. Les pouvoirs dansaient en elle, bien que les fantômes lui échappaient sans cesse, attaquaient sa raison. Seule la voix stridente restait sous contrôle, mais jusqu’à quand ? Tout détruire chez lui était une option, à laquelle elle se plierait volontiers…

Les doigts s’écrasèrent minutieusement sur la sonnette. Une fois. Deux fois. Trois fois… Puis les pas lui parvinrent. On se rapprochait de la porte, on lui ouvrait. Etonnement dans les pupilles de l’autre, auquel elle répondit dans un sourire poli. « Bonsoir. » Pause. Pour lui laisser le temps de tout assimiler. « Il me semble que vous avez oublié ceci lors de votre passage dans mon appartement. » Bout de papier montré, adresse toujours écrite dessus. « Ca fait quelque peu amateur, non ? » Langue de vipère, passablement énervée. Après tout, il lui avait pris des objets précieux, sans que Dahlia soit excessivement sentimentale. « Si vous permettez que je vous rende la pareille… » Sans attendre de réaction, ce fut elle qui l’envahit cette fois-ci. Quelques enjambées pour se rapprocher du couloir, du salon. Il n’en fallut pas plus pour échauffer la banshee de son âme, pour que les cordes vocales se gorgent de surnaturel. Cri strident, mais contrôlé, et l’écran de la télé sursauta, se brisa. A côté, une vitre se lézarda, seulement maintenue par une intervention divine. Un peu plus fort et le reste pétait aussi. Et si elle se relâchait réellement, peut-être qu’aucune ne résisterait… Tout comme le cerveau et les tympans de l’homme. C’était peut-être pour cela, qu’elle se retenait. Elle n’était pas une tueuse, alors pour le coup, elle n’avait pu que le sonner très légèrement, lui faire perdre ses repères pendant quelques secondes. « J’espère que vous n’avez rien revendu de ce que vous m’avez pris. Vous risquez d’y avoir beaucoup à perdre sinon. » Sourcil arqué, en attente de réponse, de jugement.

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Dahlia Byrne & Pancras Gysin

Haine profonde, attisée par une banshee de plus en plus présente. L’entente auparavant à crever était devenue cordiale, permettant à Dahlia d’user de certains de ses nouveaux pouvoirs. Et étonnamment, elle en ressentait une certaine satisfaction malsaine. Ce n’était pas faire souffrir les autres qui lui plaisaient, mais plutôt de refuser de se laisser marcher sur les pieds. Elle n’était plus une gosse, une humaine s’écrasant devant les puissants. Elle pouvait se relever, et imposer sa façon de voir le monde. Alors oui, ça se faisait à coups de cris, de colère, de rage extériorisée, de destruction d’appartements. Mais il avait gardé ses oreilles, ses tympans en un seul morceau, là où d’autres les avaient perdus. Elle se tourna vers lui, planta son regard droit dans les pupilles de l’autre. « Et quand t’es rentré chez moi, ça t’a pas gêné pourtant. » C’était méchant. C’était bas. Et il était certainement perturbé par tout cela. Mais Dahlia en était exaspérée, de toute cette situation. Ce n’était pas ce mec en particulier, c’était l’accumulation des derniers jours. « Oui c’est petit. Et tu sais quoi ? Je m’en fous. » Un peu. Parce qu’évidemment, quand il commençait à se plaindre, à évoquer les fins de mois, ça lui donnait envie de lui tendre la main, malgré tout…

Soupire. « Tu veux tenter de me faire craquer comme ça ? » Pause. « On pourra peut-être arranger ça par la suite. Mais j’pense pas que la promesse de ne pas recommencer à voler ne peut pas être faite, non ? » Les pupilles se noircirent, soudainement. Pourquoi perdrait-elle son temps avec lui ? Pourquoi avait-elle ne serait-ce que penser à l’aider ? Les dents se serrèrent un instant, et elle se détourna, observant les environs. La pièce était encombrée, vieille, minuscule. Evidemment que c’était dérangeant de détruire le lieu de vie de quelqu’un. Evidemment que ça la foutait au fond, psychologiquement parlant. Mais y’avait plus rien à sauver en elle. A part de vulgaires débris dont l’américaine se passerait bien. Son passé. Ses souvenirs. Tous les éclats qui s’accrochaient à sa mémoire, malgré la douleur qu’ils provoquaient. Un jour, elle en finirait certainement. Y’a juste personne qui le verra, qui s’y attardera. Et c’était tant mieux.

« Garde-les. » La plupart des objets ne lui appartenaient pas. Elle n’était pas non plus du genre à vouloir en récupérer à tout prix. Ca grinçait, ça l’ennuyait le comportement de l’homme. « Tu mens certainement. J’en ai croisé des dizaines comme toi. » C’était son boulot de psychiatre, d’avoir des narcissiques manipulateurs dans son style. Et elle s’était toujours demandée ce qu’ils aimaient dans cette manipulation. A part avoir du pouvoir, quand leur vie était un désastre.

Elle s’approcha de lui. Lentement. Joueuse. Le sourire donnait l’impression que le danger était loin. Et ce n’était pas le mètre soixante qu’elle faisait qui contredirait cette thèse. Etrangement calme quand tout était agaçant. « J’ai eu à gérer bien plus dangereux que toi par le passé. » Ton monotone. « Et si tu ne déménages pas, et que je me rends compte des mensonges… Ce sont tes organes qui y passeront, pas une nouvelle télé. » Le tout complété d’un magnifique sourire. Le dernier. Parce qu’elle était sérieuse pour une fois. Drôlement sérieuse.

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Dahlia Byrne & Pancras Gysin

Elle n’arrivait pas à gérer la colère brûlante qui pulsait dans ses veines. Ce n’était pas souvent qu’elle perdait le contrôle de la sorte. Néanmoins, l’esprit s’était emballé, et parfois, se laisser aller était mieux que de résister. Autant briser les autres plutôt que de voir son cerveau s’autodétruire. Le corps était déjà au bord de l’implosion à cause des pouvoirs, des souvenirs. « Pourquoi ai-je du mal à croire un voleur ? » Un sourcil s’arqua. L’homme était plongé dans la criminalité, et il voulait lui faire croire qu’il était incapable de mentir ? Oh qu’elle aimerait avoir un pouvoir de détection des mensonges, pour savoir ce que sa langue de serpent lui disait. Parce qu’elle ne le croyait pas. Mais quand était-ce la dernière fois qu’elle a fait confiance à quelqu’un ? Des années, si ce n’était plus, qu’elle n’avait pas pensé aux mensonges que les gens proféraient. C’était triste non, de toujours penser que les gens vous trompaient…

« Te surveiller peut-être pas. » Bon, ça lui avait traversé la tête. Peut-être qu’elle en parlerait à Alejandro, si lui en avait les moyens. « Mais au cas où tu mens, je n’aurais pas loin à venir te chercher. » S’il ne bougeait pas, elle saurait où le trouver. Mais Dahlia n’était pas capable de tuer, quoi qu’elle dise, quoi qu’elle pense. Elle restait bien trop attachée à la vie pour donner la mort… « Tu sais qu’il y a des associations d’aide ? » Elle en faisait partie d’une. « Certes, je sais que ce n’est pas facile de demander de l’aide, mais s’enfoncer dans le crime n’est pas la meilleure solution. » Parce qu’il se fera tuer. Comme tous les précédents qu’elle avait aidé, comme tous les gamins qu’elle avait soignés et qui s’étaient fait sauter quelques heures, jours plus tard. C’était peut-être la vie de certains, de se plonger dans la criminalité et le manque, mais ce n’était pas quelque chose qu’elle acceptait si facilement. Après, elle, elle avait toujours eu de l’argent. Certes, ce n’était pas des millions, puisqu’elle avait passé des années en zone de guerre, mais elle n’avait jamais manqué comme d’autres avaient pu. Alors, se taire pourrait être une option.

Au moins, cette supposée pauvreté avait eu pour effet de calmer quelque peu les pulsions de l’américaine. Elle avait moins envie de le tuer, même si elle ne cautionnait pas son comportement et son je-m’en-foutisme. C’était ça qui l’empêchait d’être entièrement empathique avec lui. Quelque chose dérangeait Dahlia, comme s’il n’était pas aussi pauvre qu’il prétendait l’être. « Pas besoin d’aller dans ta chambre, si tu as déjà vendu. » Puis fouiller dans les affaires d’un autre, ça lui rappelait la guerre, les mises à sac auxquelles elle avait assistées. « Où se trouve-t-il ? » Elle se rapprocha de quelques pas. La jeune femme ne faisait pas peur, elle ne semblait pas avoir les tripes pour s’en prendre à quelqu’un. C’était une image dont elle avait parfaitement conscience, cependant, avoir des mafieux à ses côtés avait comme avantage d’apparaître bien plus dangereuse… « S’il a revendu mes affaires derrière, j’irai moi-même le récupérer. » Et si lui avait menti, elle reviendrait toquer à sa porte. Juste histoire qu’il ne l’oublie pas. Jusqu’à sa mort.

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Dahlia Byrne & Pancras Gysin

Elle l’avait insulté. Enfin, sans le vouloir, mais dans cette société, apparaître comme un poids pour les autres, devoir aller demander de l’aide, tout était vu comme une faiblesse. Dahlia l’avait vu à de nombreuses reprises lors de ses maraudes. Tendre la main signifiait rarement que les autres l’accepteraient. Pendant longtemps, elle avait essayé de comprendre, de faire changer les gens d’avis. Ce soir, elle était juste suffisamment agacée pour que la notion de bienveillance disparaisse de son vocabulaire, de son esprit. « Après, tu fais ce que tu veux. » Pause. « Je veux dire, à Arcadia, tu as aussi le droit de finir entre les griffes des mafias. » Elle haussa les épaules. Leur présence n’était un secret pour personne, et un homme comme lui faisait une cible parfaite. Sans famille, sans lien apparent, menteur éhonté… « Je te propose seulement d’autres portes de sortie, si tu les refuses, j’aurais au moins fait ce que j’estimais bien. » Pour son éthique, pour sa conscience, juste par habitude.

Léger soupir. Que faisait-elle encore ici ? Ce n’était pas si elle allait récupérer quoi que ce soit qui lui avait été volé. Alors, il serait mieux de faire demi-tour, d’oublier l’âme errante qu’elle avait croisée. Mais ses pieds étaient ancrés dans le salon, les iris glaciales plantées dans celles de son interlocuteur. « Oh, désolée pour toi, tu as déjà tiré le gros lot pour la psy. » Ton sarcastique. Il n’avait clairement pas volé la bonne porte. Tant pis pour lui. « Mais ne t’en fais pas, je vais t’épargner un quelconque discours puisque cela ne t’est d’aucun intérêt. » Il s’en moquait, et Dahlia perdait déjà assez de temps à discuter avec lui comme si de rien n’était. Pas la peine de se rajouter des heures de conversation et de morale en plus.

Un nom avait fini par lui être donné. Le sourire en coin, elle le nota, prête à lui rendre visite dans la foulée. « Ca s’inquiète pour moi ? » Les yeux roulèrent dans leurs orbites. Décidément, elle ne comprendrait jamais certaines personnes. Il aurait pu mentir, plutôt que de faire semblant, de donner une identité… « Ne vous en faites pas. Je sais quand m’arrêter. Je sais aussi à qui parler pour récupérer mes biens. » Bien qu’ils n’avaient aucune importance. Ce n’était que les psychoses de la banshee qui déteignaient sur l’humaine. Elle aurait dû abandonner cette course-poursuite. Elle l’aurait fait en d’autres circonstances. Mais l’américaine n’était plus elle-même. Trop tête brûlée, trop à penser que la Mort l’avait épargnée une fois, qu’elle le ferait une seconde fois.

Lui pardonner ? Le sourire se figea sur ses traits. Qu’y avait-il à pardonner ? Un vol, une perte, dans un appartement qui n’était absolument pas personnalisé malgré les années passant. « On peut dire ça oui. » Elle réajusta le col de son chemisier. Ca lui importait peu. Elle était parfaitement capable d’imaginer la misère dans laquelle il vivait, quand il n’y avait plus assez d’argent pour acheter ne serait-ce que de la nourriture. C’était pareil là-bas. « Fais juste attention à toi à l’avenir, peu de personnes sont clémentes ici. » Oui, un dernier conseil, flottant dans l’appartement, quelques secondes, avant de retomber dans le silence…