My fingers claw your skin, try to tear my way in. You are the moon that breaks the night for which I have to howl
La pluie se transformait peu à peu en neige, et j'étais vraiment contente d'être au chaud, installée dans mon petit appartement qui, lors de mon arrivee, sentait le renfermé et la vieille dame. À présent, les épices, l'encens et les bougies formaient une odeur rassurante et familière.
Je testais une nouvelle recette: le Praga du joli café russe où nous avions pris le thé avec Alexandra était divin, et après quelques recherches dessus, j'étais dans ma cuisine, en petit chimiste , lorsque j'entendis la porte du hall de l'hôtel se fracasser.
J'étais intriguée, et le bruit de course dans l'escalier me commanda de regardais ce qui ce passait: après tout, Kyan était déjà arrivé en trombe dans ces escaliers, alors peut être...
Je me sechais les mains lorsque la porte d'entrée claqua, mais quelle ne fut pas ma surprise de ne pas reconnaître le visage qui s'engouffra dans mon salon.
J'étais stupéfaite, et le visage agare de la demoiselle me montrait que ma présence n'était pas forcément prévue non plus.
Paniquée j'attrapai le premier ustensile qui me passait par la main et brandissant mon arme (que je regarda du coin de l'oeil, et vis désespérément une marise) , je criais fébrile :
They say that I'm wanted Dead or dead But everyone who's tried Got a bullet to their head
Grésillement funeste. Hurlement contractuel, étouffé par la dentelle fourrant sa bouche. La paume pleine de ses couilles, je fous le feu au lit. Les draps froissés et couverts de fluides sont témoins de sa virilité qui grille. Les poignets attachés, l'odieux connard n'a plus guère que ses yeux pour chialer.
- Hé ben Rosario ?! On a des regrets ? T'y penseras à deux fois avant de tabasser ta fille et de considérer sa gorge comme un réservoir à foutre. Quoi ? Quoi ? J'entends pas très bien, tu couines comme un goret...
Leste, j'attrape l'extincteur et lui recouvre l'entre-jambe de neige chimique.
- Aahahah, oui chéri, je l'avoue, je suis ce genre de fille qui souffle le chaud et le froid. Je me rhabille avec un sourire carnassier avant de me pencher vers ma proie. Tu permets que je récupères ma culotte ? Ce serait con de laisser des indices.
Inutile de la remettre avant une bonne décontamination et trois lavages. Ça me laissera la touffe au frais ! Toute à mes préparatifs de départ, je sursaute en entendant plusieurs crissements de pneus sur le bitume. Bref regard par la fenêtre. En contrebas, les flics débarquent en nombre pour une décente dans l'hôtel de passe.
- Joder ! Joder! Joder !
Je jette un bref coup d'oeil à la chambre, quasi certaine de ne rien avoir laissé traîner. J'entends déjà qu'on tambourine dans les étages au dessous. Je sors sur le palier. Trois pas vers l'ascenseur et je le vois qui s'ouvre sur un gang d'uniformes. Trois pas à reculons et je bifurque dans le premier couloir qui se présente. J'ignore si c’est l'odeur de gueuleton qui me guide, mais je me précipite vers la source du fumet. Je fais irruption dans une espèce de boudoir Bollywood avec une brunette aussi stupéfaite que moi. Je fronce les sourcils en louchant sur sa spatule. - QUI ÊTES VOUS? QU'EST CE QUE VOUS FAITES ICI?? -Baisse d'un ton Pocahontas ! Merde, pas les bons indiens. Je ferme la porte.Faut pas qu'on m'choppe! Planque-moi, et t'auras pas d'ennuis.
Je prie pour qu'elle soit sans papier et qu'elle déteste les poulets autant que moi ! Bruits de godillots sans finesse qui martèlent le couloir.
- Chica, por favor ! C'est une question de vie ou de mort ! Et j'ai pas envie de brandir mon gun face à una hermana !
My fingers claw your skin, try to tear my way in. You are the moon that breaks the night for which I have to howl
"Baisse d'un ton Pocahontas!"
La remarque est tellement hors contexte que je baisse ma terrifiante arme avant de lui jeter un regard stupéfait.
"Je vous demande pardon?!"
"Faut pas qu'on m'choppe! Planque-moi, et t'auras pas d'ennuis."
Je regarde la jeune femme comme un dangereux fauve blessé: autant il cherche la sécurité, autant il peut te tuer.
"Chica, por favor! C'est une question de vie ou de mort!"
Des pas encore dans l'escaliers, lourds, nombreux. Je n'ai pas le temps de réfléchir. J'attrape la brune à l'accent espagnol et la planque dans la cuisine, parallèle à l'entrée mais obstrué par un mur. De toute façon, depuis qu'elle est entrée dans la maison, je suis impliquée. Autant sauver le fauve blessé.
"Tais toi, fais toi petite, et tu auras peut être la vie sauve!"
Je suis fichue de toute évidence.
La porte est frappée vivement, et après un regard rapide au félin meurtri, vais ouvrir la porte.
"Police, on recherche une jeune femme, brune, grande, dangereuse. Accent espagnol et air assassin, vous l'avez vu?"
Une fraction de seconde, je revois la femme terrée dans ma cuisine, avant de déclarer:
"Je suis désolée, je n'ai vu personne. J'ai un massala sur le feu..."
Le regard du policier est froid, et je vois qu'il dérive vers mon appartement. Mais il n'y a rien à voir, ça sent les épices chaudes, et je suis née avec une tête d'innocente. Alors, avec un signe de tête, il se retourne et court avec ses hommes vers d'autres habitations. Je referme la porte doucement, sans précipitation, pour ne pas faire suspect.
La demoiselle est toujours là, accroupie près du lavabo, une arme à la main. Elle me fixe, et je soupire:
"Dans quel genre de merdier tu m'as mise, féline?"
Une fraction de secondes qui mettent des siècles à s’écouler. Heureusement pour moi, elle semble opter pour la solidarité féminine. Je file me réfugier derrière les tentures qui protège une sorte de recoin cuisine.
De puta madre ! C'est de là que vient cette odeur divine ?
Comme à chaque fois que je fais usage de mon pouvoir, j'éprouve un besoin irrépressible de combler le vide. Je plonge mes doigts dans la casserole au risque de m'y brûler, attrapant un ou deux morceaux de viande y mijotant. Je pourlèche mes doigts maculés de sauce après avoir presque gobé la carne. Attrapant le récipient, je me recroqueville derrière un rideau tandis que la donzelle chasse la flicaille. Lorsqu'elle vient me retrouver, j'ai la gueule barbouillée de curry et un regard coupable.
- Chuis désolée, chai pas pu... J'avale ma bouchée. Hum.. J'ai pas pu me retenir. Bordel c'est tellement bon..... t'en as d'autre ? - Dans quel genre de merdier tu m'as mise, féline? - ...... Euh..... Disons que ... euh.. Il m'arrive de faire justice moi même. Mais rassure-toi, ça ne te concerne pas! Je ne m'attaque qu'aux connards, pas aux connasses.... Réalisation. J'ai pas dit que t'étais une connasse! Attention ! Je m’essuie misérablement sur ma minijupe en cuir clouté. Je conçois que là, comme ça, j'ai juste l'air d'une pute hystéro.
- Je...Merci de... m'avoir sauvé la mise. Et désolée pour le foutoir. T'as l'air d'une chic fille, j'vais pas t'emmerder plus longtemps.
Mon ventre choisit ce moment pour se manifester bruyamment.
My fingers claw your skin, try to tear my way in. You are the moon that breaks the night for which I have to howl
L'arme visualisée en vision périphérique est en fait ma cuillère en bois, et ma panthère est finalement devenue un chaton affamé. Inconsciemment, cette vision lui réveille son instinct maternel, et elle relève la féline barbouillée de curry.
"Depuis quand tu n'as pas mangé pour farfouiller dans les gamelles des autres? C'était bouillants ces plats là!"
Devant son explication, je la détaille mais ne dis rien. Elle était belle, et avait l'air d'être dans les ennuis. Elle avait l'air perdue... et affamée, évidemment. J'arrête les arguments de la petite panthère d'un geste de la main, puis lui dit simplement:
"En fait, je ne veux pas savoir. Je t'ai sauvé, mais moins j'en sais, moins j'aurais à en dire à la police s'ils te retrouvent..."
Et devant la mine contrite d'enfant fautif et le ventre gargouillant, je lui indique la table basse et lui dit:
"Je vais fermer la porte à clefs, puis finir mon midi. Toi, tu t'installes là bas, au pire met la table, et on mange dans 10 minutes."
Je rajoute quelques minutes plus tard, le nez dans ma bouillie:
"Si tu as des ennuis, féline, je veux bien te nourrir, au pire te loger. Mais quand je sort, la porte est verrouillée, si tu es à l'extérieur je ne pourrais rien faire."
L'impétueuse Marisol se fait soudain toute petite Marisoleil. Elle a beau n'être guère plus âgée que la demoiselle venue des Indes, l'autorité toute maternelle de cette dernière creuse brusquement la différence de maturité. La mort de sa mère laissera toujours un creux dans son coeur. Une brisure.
- O.. Ok ! bafouille-telle, donc, quelque peu déboussolée mais foncièrement obéissante.
Elle farfouille dans les tiroirs, placard et autres rangements à la recherches de couverts. Elle n'imaginait pas le Cortez garder ses clients en villégiature de manière à ce qu'ils soient en mesure d'installer une cuisine dans leur chambre. Les temps sont durs pour tous, il faut croire. Assiettes et godets sont docilement installés sur la mignonne petite nappe colorée. Les "Bon appétits" de rigueur, prononcés, Marisol enfourne goulûment tout ce qui lui passe sous le nez.
- C'est grave bon !... T'as mis de la cacahuète là dedans ? J'adore la cacahuète.... Les cacahuètes c'est doux et salé, fort et tendre, comme une femme ! déclare-t-elle du haut de son palais de gourmet. T'es quand même une drôle de fille.... Pas que ça m'arrange pas ! Elle sauce le fond de son auge avec gourmandise. Mais c'est pas tout le monde qui accepterait de planquer une inconnue des flics et qui l'inviterait à bouffer ! - Si tu as des ennuis, féline, je veux bien te nourrir, au pire te loger. Mais quand je sort, la porte est verrouillée, si tu es à l'extérieur je ne pourrais rien faire. - Ecoute, j'vais pas bouder ton invitation, d'autant que.. hum.... Chuis plutôt du genre "nocturne". Ça fait longtemps qu't'es installée dans cet hôtel de passe ? j'veux dire... T'as pas trop le profil des clients qui crèchent ici d'habitude.
Marisol essuie sa main sur sa cuisse et la tend résolument à la donzelle.
- Marisol, c’est mon blaze. J'crois que j'te dois au moins mon vrai nom et un bon gros "merci".
Son sourire est franc et aussi lumineux que l'étoile divine qu'elle abrite.
My fingers claw your skin, try to tear my way in. You are the moon that breaks the night for which I have to howl
Pendant que la féline met la table, je fignole quelques plats avant de la rejoindre. Je laisse de côté un petit plat pour la statuette placée dans un coin du salon, puis annonce le début du midi en saluant comme de coutume la demoiselle.
La ricaine semble morte de faim malgré son chapardage d'il y a quelques minutes et s'extasie devant un poulet cacahuètes, ce qui me fait doucement sourire. Elle lèche son assiette et j'en remet une plâtrée en bonne mère poule, tout en lui disant:
"Je suis heureuse que cela te plaise! Mange tout ton soûl, j'ai de quoi!"
Ce n'était pas souvent que j'avais des visiteurs, et bien que ça présence était inattendue, ça avait eu au moins le mérite de déstocker la dose de nourriture en trop que j'avais fait les quelques derniers jours.
"Une drôle de fille ? Qu'est ce que tu veux dire?"
Certes, j'hébergeais dorénavant une fugitive, coupable de je ne sais quoi, quelque chose que je ne devrais pas savoir. Et tandis que la police cherchais sa trace dans les immeubles environnants, elle mangeait tranquillement dans mon salon, comme un repas de famille habituelle. Il était certain que cela ne devais pas être une réaction normale, attendue de ma part...
Mais cette femme éveillait mon instinct maternel inassouvi. Comme une petite fille que l'on protège, je l'avais caché et nourri... Mais il ne fallait pas non plus que ça m'attire des ennuis...
Du genre nocturne?
"Qu'est ce que tu veux dire par nocturne?"
Je rougis à l'expression, et baisse le regard. Il est vrai que je n'avais pas vraiment le temps de choisir un bel hôtel luxueux... Tant que l'appartement attenant était propre et en état, je ne m'étais pas inquiété des chambres provisoires à côté...
"Je n'étais pas au courant, j'ai emménagé rapidement. Mais je déménage bientôt dans Cornucopia District, j'ai trouvé une maison plus... Appropriée."
Propre, sympathique, loin des ennuis, avec une propriétaire moins pénible? Toute ses descriptions auraient marché tant le petit appartement pouvait être pénible.
La féline s'essuie sur sa cuisse est je réprime un mouvement de dépit avant de lui tendre une serviette comme on le fait à une enfant, puis de lui empoigner sa petite main, forte et déterminée malgré la finesse des doigts.
Je fais un mouvement de l'autre main avant de rétorquer:
"Je te l'ai dis, je ne veux pas de ton nom: si on m'interroge à ton propos, je n'aurais rien à leur donner. Je t'appellerais féline, tu me fait penser à un tigre... Ou un tigron plutôt. Et je t'en prie, ça me fait plaisir d'avoir une invitée, même si elle est inattendue!"
Je lui rend son sourire si chaleureux, et propose un dessert avant de ranger la table.
"Et maintenant Féline, qu'est ce que tu vas faire? Je ne sais pas ce que tu fais au dehors, mais à mon avis on te recherche encore..."
