it ain't over, i'm not done. (act. i., scene. vi.)

Crochet sur la droite, mâchoire éclatée. Coup de pied dans le ventre, abdominaux stressés. Allez, frappe Jan, frappe comme si ta vie en dépendait. Suintant du creux des lèvres, tu le sens, le coup que ton adversaire t’a assené quelques secondes auparavant.  Ça saigne, ça perle sur ton visage mais tu continues, car t’abandonnes jamais. La maladie te rend à la fois plus nerveux et plus faible, plus anarchique et plus redoutable. Tu ne sais jamais si tu vas tomber dans un geste incontrôlable ou exploser la gueule de ton opposant sans pouvoir t’arrêter. Alors tu combats différemment, tu tentes de calmer le feu qui crépite là-haut, d’y aller mollo, de réfréner tes pulsions.

Difficiles vu ce qui s’est passé hier.
Difficile de calmer le coeur quand celui-ci a été broyé sous une violente vérité.
T’aurais du te taire Alejandro.
T’as tout fait foirer.

Encore une fois.

Uppercut dans le menton, cou de l’opposant qui part en arrière. En profiter pour frapper les côtes. Et frapper. Et frapper. Tambouriner contre son corps comme un vulgaire sac en papier. Il se plie, il se tord, et toi tu continues. " Jan, Jan ! Arrête Gamin !!"  Et la poigne d’un papy qui viens toujours lire son livre en apres-midi, qui attrape la furie et l’oblige à reculer. "Tu vas le tuer !"Et alors ?! Que t’as envie de répondre. Ça ferait quoi, si tu tuais un de tes comparses hein ? Ça ferait quoi si t'étais plus capable de calmer l’incendie qui se joue de haut en bas ? Mais tu réponds rien, regard vrillé sur le corps chancelant de ton équipier, tu dis rien. Car tu n’sais pas quoi dire, tu peux rien dire.

Ni pour la maladie.
Ni pour les calmants de Roukie.
Ni pour Joaquin.

Et pour quelqu’un qui n’a jamais aimé mentir, ça en fait, des secrets à garder dans une carcasse sous explosifs.


Quelqu’un demande à me voir. Apparemment, un homme, qui n’a pas hésité une seconde à murmurer mon prénom. Si tu m’appelles Alejandro, c’est soit tu que tu veux me faire chier, soit que tu veux être sérieux, soit que tu ne me connais pas vraiment. J’opte pour la 3ème explication. Corps en feu, pectoraux et biceps encore bandés sous le dernier combat, quelques estafilades de la nuit dernière ne sont pas bien cicatrisées. Rougeoyantes, suintantes, elles accompagneront les anciennes qui me font ressembler à un putain de vase brisé.
J’attrape une serviette humide et me la passe rapidement sur le visage et le haut du corps, tout en marchant vers mon rendez-vous. J’n'avais rien prévu cet après-midi, pas la tête à gérer des histoires, pas le coeur à essayer d’être droit dans mes bottes alors que tout se barre en vrille.

Porte ouverte, yeux qui glissent sur l’invité et… Oh. C’est inattendu. J’peux pas m’empêcher d’arquer un sourcil et de rester silencieux en l’écoutant. Ganya machin-trucmuche, encore en vie et… Aux prunelles beaucoup trop bouillantes pour être humaine.

Bordel.
Si ça, c’est pas une agréable surprise.

≪ Bonjour. vous devez savoir ce que je fais ici, n'est-ce pas ? ≫ Non gatito….. Et putà que tu portes bien ton surnom maintenant. "A vrai dire…. J’pensais que vous étiez mort ».

Et m’essuyer à nouveau la lèvre qui continue de pisser le sang. Ouais, bah le mort, il a gagné quelques griffes et une sacré utilité après un passage éclair dans le néant.

"Mais vous avez l’air en forme et… Bien plus intéressant que la dernière fois. J’vous sers un verre ? On va discuter. Capitano de retour, carrière embrassée depuis tant d’année que malgré la fatigue et l’envie de gerber, j’ui incapable de refuser qui je suis et qui je dois être.

it ain't over, i'm not done. (act. i., scene. vi.)

≪ - ... "plus intéressant" ? si je suis venu, c'est pour que vous me libérez de cette foutu malédiction, au contraire. je veux redevenir comme avant... ≫

Pardonne ?  Regard qui en dit long sur mon incompréhension, sourcils froncés, je ne …. Oh… Tu penses que je suis responsable ? Que mes doigts, en plus de t’avoir retiré ta vie, t’ont retiré ton humanité ? C’est me donner plus d’importance que je n’en ai déjà gatito, j’avoue que ça me fait plaisir mais… Je tue, je ne transforme pas, moi.

Ou alors en lambeaux.
Mais pas en gros chat.

Car tes yeux, la lueur, ce que tu me décris… Y’a qu’un Nahual pour répondre à tant de critères. Toi qui n’avait rien à voir avec la Calavera, voilà que tu es devenu l'une des créatures associé à mon panthéon… Peut-on parler du destin ? Je pense que oui.
Refus pour le verre, je n’en tiens pas compte et attrape une bouteille d’eau posée sur une petite table d’angle. Prendre une grande gorgée, étancher la soif alors que la  faim grondre brutalement au creux de mon estomac. S’entrainer des heures, péter une durite et oublier de manger, Jan ça va t’exploser à la gueule cette connerie.

A nouveau des reproches de ta part Gatito, et fais attention à ton s’il te plait. T’as peut être des griffes à la place des ongles et des crocs à la place des dents d'lait mais j’ai 25ans de dieu de la mort qui coule dans mes veines. Et encore plus de boxe meurtrière.

"….la victime ?…C’est une menace

Et te servir un large sourire, feint, en guise d’accompagnement. Je ne suis la victime de personne gatito, tu m’entends ? Personne. Le seul bourreau ici, c’est le dieu qui m’emporte au sein de son cercueil. Petit ou gros chat, tu ne m’inquiètes pas, tu ne me fais pas peur. Alors ne te pare pas d’insultes ou de provocation Ganya, ça ne te va pas du tout.
Un pas, puis deux et je suis à côté de toi. Nous sommes de la même taille mais j’ai quelques kilos de muscles en plus que toi. Et un contrôle que tu n’as pas - faux Jan, tu le perds de mois en mois ça. Mais ça personne ne le sait, surtout pas un nouveau dans ce monde divin.

 "Maintenant que nous faisons partis du même monde, Ganya… Savez-vous qui je suis ? Savez-vous ce que je suis ?

Tout le monde ne connait pas le dieu qui crépite en moi. Il y a des rumeurs, surtout grâce à ma présence aux côtés de Costilla, mais… Je ne suis pas du genre à me pavaner avec une étiquette Ah Puch collée au front. Mais toi, Ganya, je sens que tu vas faire très vite parti de la famille et que pour ça, il faut que tu sois au courant de ce que je peux t’apporter… Ce que la Cala peut t’offrir.

 "Et je vous l’ai déjà dis… rapproche toi encore Jan et tu vas l’embrasser le gatito. "personne n’est humain… Alors respirez, vous n’êtes pas plus différent que la majorité des gens qui sont dans cette ville…

it ain't over, i'm not done. (act. i., scene. vi.)

Alejandro Flores, capitano de la calavera. Ça fuse entre tes lèvres, tu en sais des choses sur moi. Qui as tu menacé de ta langue si douce pour obtenir ces informations ? Comment m’as-tu décris gatito ? Allez crache, je suis curieux de connaitre les mots que tu tu as utilisé pour me trouver.
Je ne te lâche pas des yeux, toujours cette curiosité quasi maladive qui crépite dans le cerveau. Quand j’étais gosse, je furetais partout comme une petite souris à la recherche de la moindre miette de secrets laissés après le passage des grands. Au moment où mon don est apparu, ce sont les crépitements de coeur et les veines se gorgeant que j’ai voulu comprendre. Corps après corps, peau après peau, j’aurais pu faire carrière dans la chirurgie si je l’avais voulu. Mais il m’aurait manqué quelque chose dans la médecine. Ma curiosité aurait été nourrie mais mon besoin de posséder, lui, aurait été anéanti.

Difficile à dire… Ou à accepter ? Là est toute la nuance gatito. je n’ai jamais eu ce problème, je savais qu’un dieu allait habiter mon corps avant de devenir le réceptacle. On m’avait prévu, on m’avait appris que les Flores était de parfaite carcasse pour les divinités. Alors j’ai eu du temps pour m’y faire et accepter que mon corps ne serait plus le mien. Toi, Ganya, ça vient de te tomber sur le coin du nez et t’as l’air tout pataud, a chercher ce qui a pu t’arriver.
≪ il n'empêche que j'étais mieux avant... qu'importe vos déclarations, je ne serais jamais comme vous. ≫ Eclat de rire du côté du Mexique, ça sort de mes lèvres comme un putain d’insulte. Oh non tu ne seras jamais comme moi Gatito. Jamais.  "Oh ça, on est bien d’accord, vous n'serez jamais comme moi… Il vous manque une paire de couilles pour ça. Clin d’oeil du p’tit con de 16ans, content de sa bêtise et qui refait volte face pour aller choper la bouteille d’eau une seconde fois. Ça donne soif ces conneries.  Elles ont bon dos tes âneries Jan… Tu la sens, la maladie qui suinte là, ça pue la mort, ça pue la folie. "Premièrement… Je ne peux rien pour vous. Comme je ne peux rien pour moi. Nous sommes ce que nous sommes… Hésiter de lui dire, trop tôt encore.Par conte, je peux vous aider.. Ce qui nous amène mon second point. » Nouvelle gorgée d’eau, éteindre le feu, calmer la sueur qui glisse sur mes muscles. Le coeur tambourine et demande du repos, Jan, va te coucher, va fermer les yeux et ton cerveau. "Je peux … Peut-être vous expliquer ce qui vous est arrivé. Et vous permettre de le vivre plus… Moue qui hésite, cherche tes mots Jan, soit professionnel, soit celui qu’on écoute et respecte à la Cala. … Harmonieusement. Alejandro, poète de la mafia mexicaine, 25$ de l'heure, pour vous servir. "Mais pas ici. Suivez moi dans mon bureau et on discutera… De dieu à jaguar. Sourire en coin, laisser passer un secret pour titiller sa curiosité. Qu'importe s'il pense à une métaphore, ça me fait assez rire de le regarder chercher ce que j'ai bien pu vouloir dire par là.

it ain't over, i'm not done. (act. i., scene. vi.)

J’ai du mal à ne pas exploser de rire face à ta remarque gatito. Un jaguar vivre harmonieusement par ici… Avec quelques tentures couleur pelage et des plantes exotiques achetées chez Ikea, j’pense qu’on pourrait te créer un joli nid douillet à Arcadia. J’m’occupe de le déco si ça te dit, j’ai un certain talent pour agencer les nuances entres elles. Sourire aux lèvres, bouteille dans la main, la pensée continue de me faire crépiter. Difficile de ne pas se moquer de toi quand tu bombes le torse alors que t’as aucun muscle pour bander.
Je passe dans un couloir puis dans un autre, et débarque dans mon bureau. Histoire d’être plus tranquille et de n’avoir aucune oreille qui traine. Le club a beau grouiller de people de la Cala, y’a parfois d’autres familles qui y débarquent ou des humains. Et eux, les pauvres, j’ai toujours du mal à ne pas rire en les voyant arriver avec leur short à 100$ et leurs têtes de fils à papa en mal de violence. Les fesses posées sur le bureau, je te propose le fauteuil en face si tu en as envie. Ou alors tu peux rester debout et me regarder avec ton air de caniche agacé.
Como quieras, j’ui pas chiant comme mec tu sais.

Qu’est ce que vous savez de votre….soucis de pilosité ?

Gorgée d’eau, avaler, souffler, sans jamais te te lâcher des yeux Ganya. Je contrôle ici, j’évite de trop en dire, je préfère te laisser causer et voir ce que tu sais, de notre monde. De ce grand mystère dont tu fais maintenant parti.

La première fois qu’on s’est rencontré, vous avez évoqué l’idée que… Petite tête qui danse, moue d’un gosse pris en flagrant délit de mensonge. … Je n’étais pas humain. Qu’est ce que vous vouliez dire par là ?

Je crève d’envie de faire sortir le croque mitaine en moi, de lt faire reculer, plier et pleurer. Mais la Cala a toujours besoin de recruter, et quand il s’agit d’un nahual, faut pas le laisser filer. Fierté du panthéon, tout ça tout ça, vous comprenez.