Le jeu, les cris de joie, l'amusement, la folie, les bras levés, et les sourires éclatants. Voilà tout ce que Jan aimait dans les parcs d'attraction, tout ce qui faisaient pulser son myocarde dans un bourdonnement cacophonique, lui donnant l'impression que c'est la vie qui brillait sous sa carne et non la mort. Ajoutez-y un peu de danger, l'interdiction de vriller dans certains quartiers d'Arcadia au risque qu'un snipper prenne sa tête pour une cible et là, le capitano de la Calavera sera plus heureux que n'importe quel gamin. Il aime ça, sentir la menace derrière son crâne, savoir que son nom a été érigé en "ennemi numéro 1". Il aime ça, se savoir encore plus important qu'il ne l'était, capitano mis sur le tableau de chasse. Il adore ça, savoir que certains cherchent à le tuer sans savoir que c'est la Mort elle-même qu'ils poursuivent sans s'arrêter. Alors oui, ce matin là, se rendre dans un parc d'attraction où chaque regard peut-être le dernier, y inviter miss Sciarra pour continuer la danse de devinettes qu'ils ont débuté, ça lui semblait être la meilleure des idée. Jan n'aime pas les italiens, il déteste leur gueule trop blafarde et leur esprit aussi plat qu'un plat de nachos sans fromage. Mais Aura, elle est à son goût, elle se pare de mystère autant qu'il s'habille de lumière. Femme qui maitrise, qui contrôle, qu'il respecte, Alejandro. Femme qu'il apprécie pour son goût du jeu et du danger, pour son appétence envers le risque. Car à trop jouer, l'un et l'autre vont se brûler. Ils ont beau être allié par une envie commune de faire tomber ceux qui les pensent inaptes à régner, il n'y a qu'un pas entre l'union et la rupture, qu'un écart pour tout briser.
L'italienne est là, apparait sur la droite, lunettes visées sur le nez, tout petit corps que Jan écraserait d'une poigne s'il en avait la possibilité. Mais on peut étreindre ses alliés, pas les tuer.  Aurore qui se dessine, rayons de lumière qui naissent, il fait encore un peu froid, Septembre a pointé le bout de son nez, le Maine redevient cette terre glaciale qui pourtant, ne refroidit jamais le corps de Flores. Lui est déjà en t-shirt, la température trop élevée, le coeur qui boue déjà et les entrailles qui s'échauffent sous la faim qu'il a comblé quelques minutes avant dans la voiture. Jan dont l'esprit est fait de noir, c'est pourtant sous la lumière solaire qu'il s'éveille le capitano. "Vous êtes consciente que vos lunettes vont voler si on fait toutes les attractions ?" Et Jan qui débute déjà la partie, sourire encore plus grand qu'a l'accoutumé, espoir secret de voir la jolie Aura hurler sous la panique du Grand 8. "J'ai mes entrées, on peut y aller avant tout le monde... On commence pas le train fantome ou ... Le vol d'Icare ?" Sourcil arqué, épaules qui se dandinent, non Jan n'ira pas lui expliquer ce que la seconde attraction  signifie. Le nom suffit à savoir que les deux vont se brûler les ailes avant de redescendre aussi vite sur la terre ferme.

Si nécessaire…. Okey le soleil brille aujourd’hui, mais de là à devoir porter une paire de rayban, le capitano ne comprend pas trop. Surtout qu’on ne vient pas dans un parc d’attraction pour se dorer la pilule et attendre sagement sur sa petite serviette de bain. Deux solutions, soit miss Sciara se fout de sa tronche et veut se la jouer grande diva, soit… Elle a un coquard. Ou alors une vilaine gueule de bois qu’elle veut lui cacher…. Non, no es posible Jan qui rature l’idée saugrenue de sa caboche, on parle d’Aura Sciara, pas d’Alfonso Brazzi. Ritale, okay, mais alcoolique, surement pas. À la question posée sur sa tenue un peu trop estivale, le second de la Calavera sourit - encore - et lui répond avec cet air de gamin intemporel et un brin trop railleur. « J’ai toujours chaud. » À 4h du mat’ en plein hiver, en été quand le soleil est à son apogée, en avril quand la météo est compliquée, chaque jour, chaque heure, chaque minute, Flores crame de l’intérieur comme un putà de brasier.

L’air intrigué sur le visage, il la voit, sortir une pièce, prête à jouer sa vie (enfin son sourire) à pile ou face. Okey, ramenons encore un peu plus de jeu dans la matinée, y’a rien de mieux pour faire crépiter Alejandro ! Par contre, il reconnait difficilement le type de pièce que c’est. Curiosité piquant la tête, il n’a jamais voyagé en Europe le mexicain, mais au fond, il s’en balance. Tant qu’ils montent dans un des manèges, ça lui convient. Les yeux suivent la pièce qui s’envole, s’écrase et…  « Quand on est le Soleil, on ne crame pas Aura… On illumine tout ce qui y’a autour.» Et langue qui claque, amusement pénible sur le visage, lui rappeler à l’Italienne, les devinettes qu’ils se sont posées, un jour, entre des parts de pizzas et des assiettes de pasta italiennes.

Mécaniques qui voguent de droite à gauche, se foutant totalement des premières personnes qui font la queue pour attendre l’ouverture, Alejandro passe par dessus la barrière après une tape sur un panneau où il est marqué en lettre rouges « interdit de passer par dessus la barrière. » Il n’sait pas lire le capitano, du moins, pas les interdits et les règles.  « Allumez les machines, on commence par le vol d’Icare, hermano  !» Main rapide sur l’épaule du vigile, habitué aux frasques de cet homme qui vient tous les mois hurler de rire dans les attractions, on entend le bruit des moteurs qui s’allument un à un. Jan est content, frétillant comme un enfant qui ne se doute pas une seconde que sa joie pourrait s’éteindre d’une balle filant droit dans son crâne. Ce serait dommage, une si jolie gueule qui explose sur le métal d’un grand 8 en plein ascension.
L’attraction est rapidement rejointe et assis dans le fauteuil, le harnais bien accroché, Jan tapote le siège d’a côté, invitant Aura à l’accompagner.  « Promis, j’ferais pas péter vos tympans. » Ça, c’est un mensonge Jan.

Payer ? Mais ce n’est pas des décibels qu’elle va perdre la ritale, c’est ses airs de prison fermée à triple tour qu’elle va paumer sur le siège de l’attraction ! Jan connait parfaitement le manège, il est persuadé que le visage sombre d’Aura va s’illuminer comme une boule à facette (une petite boule à facette, on parle d’Aura Sciarra, pas de Flores). Alors il ne lui répond rien, un simple sourire pour piquer la curiosité de la camorienne prête à s’envoyer en l’air avec un calaverien. Les alliances ont du bon tout de même. Si on lui avait dit, à Jan, qu’il allait s’asseoir aussi près d’une italienne et qu’ils allaient partager des hurlements de joie ensemble, il aurait manqué de s’étouffer. Mais en temps de guerre, les esprits changent, les réputations aussi et Jan, il est bien content d’avoir trouvé une co-équipière de manière en la personne d’Aura. Bien qu’elle soit son opposé, l’héritier est habitué à vivre en plein orage. Petit soleil attiré par les nuages et les tempêtes, lumière qui ne vit que contre les ténèbres. Ça le calme, ces airs fermés, ces esprits comprimés, ces coeurs a faire briller.
Et il sait, que lorsque Aura commence à parler, question sur le bout des lèvres, que l’attraction va la stopper net et l’emporter tout en haut, là où les Dieux vivaient il y a des millénaires.  Le wagon qui démarre, trop rapidement, trop brusquement et le vent qui déjà, s’engouffre dans leurs cheveux et fait voler les mèches des deux récurrences. Aura est silencieuse, tranquille, à la différence de Jan qui, lorsque le wagon arrive à son apogée, abandonne la barre devant lui et laisse ses bras s’élever.  « Y lesto ! »   Espagnol roulant qui disparait dans un hurlement de bonheur quand la rame dégringole sur la première descente. Il brille, le dieu de la Mort, sourit comme jamais, naïf et insouciant face au danger qui pourrait lui exploser à la gueule. Mais il est Alejandro et Alejandro n’a  peur de rien. Il peut crever sur cette attraction si le destin le décide, au moins, c’est avec un sourire que sa vie se terminera.

L’amusement sur la gueule, le rire au creux des lèvres, les loopings du Vol d’Icare sont ce que préfère le capitano. Le vent dans les cheveux, la peur dans les entrailles et l’excitation dans le myocarde, chaque revirement de wagon et chaque boucle arrache un hurlement au second de la Calavera. Aussi souriant qu’un gosse à Noël, Jan remarque bien que la silhouette de la Sciarra est bien trop menue pour le siège taille adulte. Il a presque envie de poser son bras devant elle pour la maintenir au mieux à son siège mais… C’est beaucoup trop rigolo de les laisser voler dans les airs. Si les membres de la Calavera le voyaient…. Si n’importe quel autre membre des mafias le voyait…. En plus de trois contrats sur la tête, c’est une réputation de fou des loopings qu’on lui assignerait. Comment être pris aux sérieux quand on passe ses heures libres à hurler à l’oreille d’une italienne après trois tours de grand huit ? Spoiler alert…. On ne peut pas.

Manège qui se termine, les épis par dizaine sur la tête, Jan a les yeux qui brillent et le sourire plus grand que le soleil. L’adrénaline, y’a bien que ça qui lui réussi au capitano de la Calavera. Sortant du petit wagon, la main d’Aura qui s’aide de sa silhouette pour se relever à son tour, les questions font sourire Alejandro. Souvent, non, il aimerait tellement y venir tous les week end, pour sentir le vent dans ses cheveux et avoir l’impression de se rapprocher un peu plus du soleil en même temps que le manège. « J’aimerais mais… Les responsabilités, vous savez… Le travail, le ménage, tout ça tout ça….» Petit sourire en coin, le ménage à la Calavera est fait avec un m9 dans les mains et des couteaux à la taille. Et alors qu’ils marchent tous les deux, la foule commence à s’agglutiner, portes ouvertes pour la populace. L’instinct du prédateur qui s’éveille sous les bruits et les visages, comme la Sciarra, Flores a les yeux qui virevoltent de droite à gauche, un peu inconscient mais pas pour autant con. Il sait que le Royaume veut sa tête. Il sait que d’autres aimeraient voir son sourire disparaitre. Il sait tout ça Jan, mais à trop vivre dans les bras de la Mort, il en oublie souvent qu’il n’est pas immortel.  « J’vous ai vu sourire Sciarra… Ça vous va bien, la joie.» Et arquer les sourcils, la moquerie qui suinte des lèvres alors qu’une nouvelle file est atteinte. Une dizaine de personnes avant eux, 10 minutes d’attente tout au plus, l’envie de sortir sa carte « je suis célèbre, laissez moi passer » qui est bien là, au creux de la tête mais qui est laissée de côté. Autant profiter du temps libre pour discuter avec l’italienne.  « Vous savez, il faut savoir décompresser parfois, surtout… Avec ce qui va nous arriver dans la gueule…» La guerre, les combats, les morts, la terreur. Jan qui crépite à l’idée de partir sur le champ de bataille, Dieu de la Mort qui attend ça depuis des siècles. Car la vie contemporaine manque cruellement de sang et de bataille.

Sourire n’était pas dans son éducation ? Le capitano ne peut s’empêcher de lui répondre…. Par un sourire ! Elle était sérieuse ? Elle pensait peut-être que c’était normal pour un second de la Calavera d’avoir la bouille d’un gosse qui vit dans une bulle de bonheur à chaque seconde ? L’éducation de Jan tenait en trois mots : Sois le meilleur. Qu’importe le froid, la fatigue, la douleur, la honte, la colère, il devait inlassablement rester premier dans tous les domaines qu’il tentait. Le tir ? Premier à utiliser une arme, premier à atteindre la bouteille de verre. La boxe ? Premier sur le ring à 6ans, premier à finir au sol aussi  et premier à se relever. Les meurtres ? Premier sicario  aussi jeune, premier à être connu pour sa violence malgré ses 15ans et un dieu encore aux abandonnés absents. La déité ? Première récurrence de la Mort à la Calavera, premier roi du Metnal dans la famille Flores. La Calavera ? Pas premier. Second, inlassablement second. Mais cette fois-ci…. Jan ne cherchait pas le haut du podium, il préférait seulement le regarder, tête haute et  sourire fier de voir le seul qui méritait la couronne.

L’attente est un peu longue, ça l’ennuierait presque le capitano mais il sait à quel point cette attraction est géniale et il a un second défi dans la caboche : après le sourire, c’est le rire qu’il veut entendre chez Aura Sciarra ! Surement pas dans son éducation non plus mais bon… Il n’est jamais trop tard pour retourner à l’école.  « Mais vous êtes rabat-joie ! On vous apprend ça aussi, dans vote éducation ? À casser les pieds des autres ? » Car l’allusion d’une balle dans la tête l’ennuyait profondément Jan. Il n’avait qu’une petite journée de congé et voilà qu’elle lui foutait en l’air son bonheur en lui rappelant les contrats mis sur sa gueule. Capable de bouder, il sait pourtant qu’elle a raison et que, malgré ce qu’il laisse penser, le capitano reste sur le qui-vive à chaque instant. Parfaitement conscient du danger qu’il prend, Jan se dit aussi qu’il s’il se fait attaquer maintenant, ça lui permettra de se venger sans avoir à enclencher les hostilités. L’indémodable « c’est pas moi qu’a commencé » marchait aussi bien au jardin d’enfants qu’entre les mafias !
Les yeux plantés dans ceux d’Aura, la mine plus sérieuse qu’a l’accoutumé, le ton est plus bas, histoire de ne pas effrayer les autres visiteurs du parc.  « Je ne suis pas con Sciarra, je sais très bien que ma vie est en danger mais… Je crois que nous en sommes tous au même point aujourd’hui et que…»  Pas le temps de finir la phrase qu'une balle siffle dans l'air et frôle l'épaule de la jeune femme qui se trouvait devant lui. La peau est touchée, le sang gicle et ce sont les cris de peur qui remplacent ceux de joie. Glock sorti en deux secondes, la main s'abaisse sur le crâne d'Aura pour l'obliger à se pencher.  « Putà ! Ça va ?! Ça vient de la droite mais je n'ai pas vu  d'où... On doit se déplacer ! » La foule est compacte, les cris leur percent les tympas mais les deux soldats de mafia savent comment gérer. Déjà, ils se déplacent rapidement pour se cacher derrière une benne en métal, assez grande pour leur laisser quelques secondes de répit.  « Aura ! Dites moi que ça va ! » Demande gueulée du capitano alors que l'arme est en main et que les yeux virevoltent de droite à gauche, se sachant à découver, même si la balle vient de l'autre côté. Un sniper n'est jamais seul. Un sniper vient toujours accompagné.

dés:

L’italien, il l’a entendu le capitano. Entendu et compris même s’il ne parle pas un mot de cette langue. Et bien qu’il soit souvent bavard et capable de piailler comme un oisillon en pleine bataille, lorsqu’il est question de mission, c’est l’instinct animal qui apparait et plus celui du gamin. Alors sous l’ordre de Sciarra, réputation qui suinte de chaque pore de la tueuse, il écoute et se tait, les yeux virevoltant toujours à la recherche du moindre indice. La réflexion de la jeune femme ne le calme pas, il ne rangera pas son arme. Jan est peut-être plus doué avec ses lames, mais son flingue, il sait s’en servir même si la distance est un frein.  « Ravi de savoir que vous êtes en vie ! » Oui, il y a clairement de l’humour noir dans les mots de Flores mais pas le temps pour en dire plus ou se moquer du trou fait dans la veste de la ritale (il lui payera le pressing, après le restaurant, c’est la suite logique de toute relation !)
Les yeux toujours en l’air, le capitano s’approche de sa nouvelle alliée alors qu’autour d’eux, la foule est en panique.  « J’pense qu’aucune de vos idées est bonne… Il est juste naze. » Un sourire sur le visage, histoire de calmer la situation même si au fond, il sait qu’il a tord. Aucune mafia n’enverrait un sniper en couche culotte, surtout pour un contrat qui vaut se pesant de cacahuètes.  « … En vrai, j’pense qu’il n’est pas tout seul et qu’il voulait simplement nous faire savoir qu’on est dans la merde. » Dans une position inférieure, en bas, faits comme des rats. Tout un art de se faire tirer dessus dans un parc d’attraction, la prochaine fois, il choisira une sortie moins sanglante le capitano !

Et dans la panique générale, des agents de sécurité armés seulement de matraque font irruption dans l’espace central.  « Faut qu’on bouge d’ici avant d’être pris pour les responsables… et aussi qu’on se retrouve coincés et….» Et alors qu’il ne finit pas sa phrase, c’est une seconde rafale de balles venues qui les frappe sur le côté opposé à la première. Accompagné par un autre tir unique de la première arme. Ça tire de toute part et eux… sont au centre du bordel. Ils s’abaissent rapidement, aucune balle ne les touche et ce sont les corps des civils qui tombent comme des mouches. Okey, ces snipers étaient surement là pour les tuer eux mais tant qu’à les foutre dans la merde, autant le faire dans un joli massacre avec eux au centre…. armés, de parfaits terroristes  cuits à points pour les autorités !  « On se sépare, on peut pas rester ici comme deux cons. J’pense avoir vu d’où viennent les premiers tirs… Pas de second trou dans votre veste Sciarra.»  Et avant qu’elle lui gueule dessus en lui demandant de rester à la niche, Flores se met à sprinter, profitant de la fenêtre de rechange du second tireur. Quant au premier… Visiblement, il ne sait pas visé !

dés:

Il s’en fout comme de son premier BN Jan, de savoir qu’Aura est contre sa stratégie. Ici, c’est lui le supérieur. Elle n’est que capo, il est capitano. Et même s’il a du mal à s’avouer qu’il apprécie un peu trop la ritale, il se doit de faire ce qu’il sait faire de mieux : aller au centre du terrain, une cible affichée sur la tronche pour ensuite savoir d’où proviennent les tirs et aller se venger. Il a toujours fait comme ça s’en est toujours sorti. On ne se méfie pas d’un homme qui a des airs de gosse et un sourire plus large qu’un Frisbee.
La foule agglutinée l’empêche d’avancer assez vite. Il se prend des coups d’épaule, pousse des silhouettes sur le côté, garde les yeux fixés en l’air sur la position qu’il juge correcte. Il n’a pas pu voir exactement où se cachait le sniper, mais les tirs qui continuent de pleuvoir sur la cible lui font penser qu’il est sur la bonne voie. Mais il sait aussi qu’il n’aura pas de seconde chance. Le pas est de plus en plus ralentie, il maugréé sur sa taille et jalouse celle d’Aura. Avec ses airs de leprechaun, elle a du facilement arriver à destination l’italienne. Le bâtiment a porté de main, Jan aiguise ses doigts comme des couteaux avant de rentrer dans une boucherie. L’air profondément agacé d’avoir été dérangé dans son SEUL JOUR DE CONGÉ, il pousse une femme à terre pour lui passer devant et sent la balle lui transpercer l’épaule brutalement. La douleur est bouillante, la paume se plaçant directement sur la plaie alors que le corps se retrouve désorienté.  « Hijo de puta. » qu’il murmure, agacé, ne comprenant pas d’où vient le tir. Ce n'est pas... Bordel ! Il prend quelques secondes pour se remettre sur pied, se protégeant en s’adossant au bâtiment. Okey, on respire. y'a un troisième tireur. Sérieux, trois tireurs ?! Les doigts sont en sang, il doit vérifier si la balle est sortie sinon il va souffrir le martyr et sera incapable de… Putain ! Il le sent le coup de crocs d’Ah Puch dans le myocarde, prenant un malin plaisir à sortir la tête quand on ne l’attend pas, faiblesse qu'il utilise comme une porte d'entrée. Le corps tremblant sous l’attaque divine, il tâtonne l’arrière de l’épaule pour… Ok la balle est sortie. Parfait, il est troué de part en part. C’est Joaquin qui va être content de savoir que son second se fait tirer dessus et a un trou dans l’épaule ! Si le commandante entend parler d'un parc attraction attaqué à la radio.... Ou à la télé.... En y réfléchissant, Alejandro se sent bien ici, vaut mieux ne pas être au QG de la Calavera à cet instant !
Une dernière respiration, et il s’engouffre dans le bâtiment, le coeur battant la chamade alors que dehors, les cris se font de plus en plus forts. Il ne sait pas si le bâtiment est le bon, ne comprend pas d’où vient l’autre tir mais il doit suivre son instinct. Et l’instinct le pousse à d’abord monter cet escalier et ensuite aller chercher l’autre nigaud qui l’a pris comme un trophée de fête foraine.

Arrivé au dernier étage, le pas se fait plus lent pour éviter le moindre bruit. Si un des snipers se trouve sur le toit, Jan doit y aller doucement pour arriver à le voir. L’arme est attrapée, il doit être prêt à tirer à distance s’il n’a pas la capacité de se rapprocher. Il a toujours le coeur qui bat à 100 à l’heure, plus que d’habitude, et le froid qui remplace sa chaleur naturelle, ce n'est pas normal. Et cette sensation dans la bouche, cette saveur de cendre. Il essaye de ne pas y faire attention, de pas penser aux tremblements et encore moins au stress qui lui picore le ventre. La porte est ouverte lentement, l’arme braquée devant lui.  Un pas après l’autre, le rooftop devient son champ de bataille, celui d’Ah Puch, celui de la Calavera.
Il voit ses pieds. Allongé sur le ventre, il doit encore être en joug en espérant retrouver le Flores disparu dans la foule. Stupide petit sniper qu'il pense Jan. Le coeur bat la chamade, ses veines sont glacées et l'arme est relevée, prête à tirer dans la tête du chien engagé pour le tuer. Un rictus nait sur le visage du capitano, celui propre à son dieu, celui qui fait froid dans le dos. Il se stoppe net, le doigt prêt à appuyer sur la queue de détente quand un second coup dans le coeur le désoriente. L'arme est baissée, la tête bouillante à l'inverse du corps qui continue de perdre en chaleur. Et la douleur. Elle est assez forte pour le faire gémir, se faisant entendre du sniper qui se retourne brutalement, se relève, l'arme en main pour le finir. Mais le duel ne fait que commencer. Et sous la nouvelle pique de stress de voir une arme pointée sur son vassal, de sentir la mort au plus proche, Ah Puch se décide enfin d'ouvrir les yeux et de prendre la place qui lui est destiné depuis tant d'années.

Il ne comprend pas ce qui se passe, ne maitrise rien Jan. Un simple inspiration avant de se prendre une balle et c'est l'autre qui tombe à genoux. Une simple inspiration et il sent tout son corps se contracter, sa peau devenir douloureuse, ses poumons se serrer. Et devant ses yeux, c'est l'enveloppe charnelle du sniper qui se rétracte, aspirée par un dieu qui n'a de cesse de vouloir détruire et tuer. Le capitano est absent, comme écrasée entièrement par le Dieu de la Mort. Et à mesure qu'il inspire, il voit la douleur dans les orbites du tireur. Il perçoit ses pupilles s'agrandir, sa peau devenir grise, vide de toute eau et de toute énergie. Il voit aussi la brume s'échapper de ses lèvres. Alejandro Flores dévore le sniper qui a tenté de le tuer. Après les mains... Ce sont les lèvres qui tuent. Machine de guerre qui n'a de cesse de le surprendre, corps fait pour détruire tout ce qu'Alejandro touche. On lui avait dit, que son corps ne lui appartiendrait jamais. Aujourd'hui, il comprend enfin ce que ça signifiait.

Et la seule solution que Jan trouve pour s'arrêter est de se retourner, brisant le lien, se retrouvant dos au tireur. Mais ni l'un ni l'autre n'est en état de se battre, c'est à peine si le sniper respire encore, la peau rétractée comme s'il venait de passer des mois sans boire une seule goutte d'eau. Quand à Alejandro... Jamais il n'a eu autant soif. Jamais il ne s'est senti aussi faible, une arme en main et un dieu décidant pour lui sans qu'il puisse l'en empêcher.

dés:

La peur, Alejandro Flores ne la connaissait pas. Tête brulée, inconscient, p’tit con, beaucoup de surnoms peu flatteurs trainaient autour de lui lorsqu’il était question de calculer les risques qui pourraient avoir un impact sur lui. Il se fichait de mourir, n’en avait que faire de disparaitre de ce monde, il savait pertinemment que son dieu survivrait et qu’un nouvel ère s’offririt à lui dans une toute autre carcasse. Qu’il crève sous les balles ou aux mains d’ennemis, l’unique différence était sur la gloire qui entourerait son identité par la suite. Mourir sous les balles, dans un parc d’attraction sans aucune tactique de protection, c’était inconcevable pour lui. Mais abandonner un dernier souffle sans n’avoir jamais rien dit sur sa famille malgré les tortures, ça c’était possible. Alors ce matin là, sur ce toit, l’épaule trouée et la tête sur le point d’exploser, ce n’était pas les tireurs qui lui faisaient peur. C’était lui. Lui et lui seul.
La gorge sèche et le corps tremblant, Jan avait l’impression qu’on venait de lui arracher la moindre gouttelette d’eau de son épiderme. Il crevait de soif, littéralement, et ses poumons se rétractaient sous la difficulté à respirer. Ce qu’il venait de faire, c ‘était… Ce… Ce n’était pas plausible. La tête sans dessus-dessous, réfléchissant à mille à l’heure, essayant de comprendre comment, pourquoi, depuis quand, il était incapable de penser pour sa propre survie. Alors il ne remarqua même pas les ombres s’enrouler autour de la victime sur le sol. Encore moins quand elle abandonna un dernier souffle. Il ne vit pas non plus Sciarra le pousser sur le sol, sentit seulement ses genoux sur l’asphalte froid. Et la balle qui venait de l'éviter de justesse, c’était comme un rêve, léger et imperceptible. Il était dans sa bulle, dans son monde. Et Jan n’arrivait pas à se sortir de la noyade divine, la tête sous l’eau, le cerveau remplit. Les yeux étaient rivés sur le sol, les pupilles dilatées à l’extrême et le teint… Jamais Alejandro Flores n’avait été aussi livide. Ah Push se réveillait, il reprenait ses droits. Bientôt le corps malingre du dieu deviendrait celui du capitano. Bientôt, il n’y aurait plus de place pour le pretty boy de la Calavera. Plus de place pour les sourires, les câlins, les rires, et les siens. Bientôt, y’aura plus rien de lui. Plus rien. Le Dieu de la Mort allait tout dévorer sur son passage.

Le souffle court mais silencieux, d’une lenteur presque étrange, il était effrayé, à un point qui’l n’aurait jamais imaginé. Il venait…Ce n’était pas possible. Pas un autre nom mortel, pas un autre pouvoir qui le transformerait en machine à tuer, pas… Sciarra. Sa voix. Comme une bouée de sauvetage, c’est à sa voix qu’il remonta Jan. S’accrochant à la froideur de celle-ci, il se releva sur ses deux pieds. Se rappelant du visage glacial de Sciarra, imperturbable, c’était comme ça que le Soleil de Delray réussissait à aller mieux, end e rapprochant des nuages qui gravitaient toujours autour de lui. Gaby, Selda, Trini. Joaquin. Tous étaient des tempêtes grises aux visages clos, tous étaient plus lunaires que solaires. Tous avaient su piquer le coeur du capitano, qui lui, brillait constamment comme le soleil d’un jour d’été. Seule Maria était comme lui, l’exception qui confirme la règle.  « Il est parti… » Répétant les mots de la ritale, ne répondant pas à sa deuxième question - la douleur d’une épaule touchée n’étant rien comparé à celle qui étreignant sa carcasse, il leva à peine les yeux, comme un animal effrayé. « Okey… » Un tireur en fuite, okey. Deux tireurs morts, okey. Il n’arrivait pas à dire plus, assoiffé, épuisé, douloureux et incapable de comprendre ce qui venait de se passer. La tête relevée un peu plus, il le sentit parfaitement, le coup de croc d’Ah Puch quand l’italienne apparut entièrement devant ses yeux.
Tue-la. C’est ce qu’il entendait Jan. Tue-la. C’est ce qu’il combattait aussi. Tue-la, elle n’est pas de notre peuple. C’est ce qu’il essayait d’étouffer, comprenant enfin que le dieu de la Mort venait de gagner en importance une nouvelle fois. Le don supplémentaire, Jan, il s’en foutait. Mais savoir qu’Ah Puch prenait un peu plus de place et était sur le point de se réveiller totalement, ça, ça l’inquiétait plus.  « Non. » Réponse d’un vassal à son dieu, se fichant bien que Sciarra entendait. Il voulait lui dire de reculer, lui demander comment ça allait, si sa blessure au ventre ne saignait pas trop. Il voulait lui faire une blague sur sa rapidité en course malgré la taille de ses jambes, ils devaient partir, il voulait lui signaler qu’il pouvait avoir des sicarios dans les 15minutes, que le parc était trop dangereux, qu’ils ne devaient pas se faire arrêter. Il voulait lui dire tout ça, Jan, quelle devait s’éloigner de lui tant que l’ombre qui sévissait dans sa caboche n’était pas partie. Elle devait reculer Aura, tant que le Soleil n’avait pas gagné au sein du myocarde du capitano de la Calavera, elle devait reculer.

Mais il n’eut pas le temps. Le second coup de dents d’Ah Puch, sa haine envers les étrangers et les dieux d’un autre panthéon était trop violente. Jan était fort mais pas assez. Pas contre une divinité qui n’avait que faire de ses sentiments et de son respect. « Aura, vous.... » TUE-LA ! Le hurlement dans sa tête sonna le glas. Il n'eut pas le temps de finir de s'expliquer Jan, encore moins de reculer, que la haine viscérale de son dieu avec les étrangers le surplomba et le don fut activé une seconde fois. Les poumons qui se rétractèrent, les lèvres entrouvertes, Sciarra était l'unique carcasse à vider. Et Ah Puch quémandait pour un sacrifice. Et on ne refusait pas un sacrifice à un Dieu Maya.
Le menton relevé, le dos se cambra légèrement à sa première inspiration funeste. Aura ne pourrait pas fuir, pas aussi proche, pas alors que le capitano la vidait totalement de son énergie et de l'eau qui faisait d'elle un être vivant. Il le sentait, Jan, l'énergie qui l'abandonnait à mesure que le filet d'air passait de l'italienne à ses lèvres. Il le voyait aussi parfaitement, ce filament étrange qui les reliait. Il était conscient de ce qui se passait, mais incapable de se sortir du carcan divin que son dieu venait de lui mettre. Alors les poumons se vidèrent, tout comme les deux corps. Alors les peaux se rétractèrent et les yeux se voilèrent. Alors les esprits abandonnèrent sous une douleur piquante et nouvelle. Et il ne s'arrêtait pas le capitano, il n'y arrivait pas tant son Dieu avait soif de la vie de la ritale. Il perdait pied et la seule solution qu'il trouva, ce fut d'arrêter de hurler dans sa propre tête. Dans un coin de l'esprit, Alejandro Flores se recroquevilla, la caboche prise entre les deux mains, priant pour que tout ça s'arrête.

Et s'il y a une chose à laquelle les dieux répondent, ce sont bien les prières.

Le corps trop fatigué, la soif et l'esprit emmuré, les deux gradés s'écroulèrent au bout de quatre minute d'horreur qu'aucun n'avait plus contrôler. Les humains avaient abandonné. Les yeux fermés et la tête ensevelie sous une douleur anesthésiante, Aura Sciarra et Alejandro Flores n'étaient plus que les deux victimes de Dieux en colère.

les déééés: