Cela fait effet, il le remarque après plus de quatre heures de travail qu'il ne s'est pas endormi. Aussi chaotique que soit sa relation avec Bael dans sa vie, Lakshan perçoit une nette amélioration de ses capacités. L'hybris de nouveau sous contrôle, Lakshan se surprend à apprécier le prix à payer. Les instants de débauche sont un aspect qu'il n'aurait pas deviné mais soit, autant lier l'utile à l'agréable. Dans tous les cas, il parvient à finir un dossier qu'il avait mis trop de temps à faire ces derniers jours à cause du sommeil intempestif. Lakshan est heureux, il étire un large sourire en observant le classeur refermé. Les 5 sens en alerte encore sous l'effet de ses dons, il en profite pour se reconnecter  avec le monde. Il attrape cette tasse de café, parvient à en percevoir toutes les facettes de cette odeur particulière. Le toucher lisse de sa tasse, la chaleur qu'elle émane, tout lui parvient amplifié grâce à ses dons. Et le scientifique se laisse un peu plus aller dans sa chaise, la tête bascule en arrière et il soupire longuement. Ce n'est qu'une question de temps avant que le don ne s'estompe et pour la première fois depuis longtemps il peut continuer de vivre sans avoir besoin d'aller dormir.

On sonne à la porte, heure tardive indique l'heure projetée sur le mur. Il ne l'a pas vu passer, c'est un aspect superficiel que de compter les heures, car cela donne l'impression qu'on le perd. Néanmoins pour le commun du monde cela signifie bien plus que de passer chez quelqu'un à cette heure-ci ; un problème, une envie irrépressible de le voir, ou autre. Intrigué, Lakshan se lève et descend les marches qui menaient à ses télescopes et machines d'observation du ciel. La vaste et silencieuse demeure défile à mesure de ses pas, il ouvre la porte et découvre un visage désabusé qu'il connaît bien. L'inquiétude se lit sur ses traits d'indien et elle fond entre ses bras, sanglotante. Rose, elle s'excuse d'arriver à ce moment là de la nuit, et Lakshan est troublé par cette vision. Elle n'a pas eu le temps de se changer, elle a l'odeur d'une fleur au parfum capiteux, fin de représentation, les cheveux légèrement plus humides à sa nuque : course, fuite. Le corps tremble, l'angoisse la crainte. Il la serre contre lui et ne la laisse pas plus sur le pallier, l'accueille en sa demeure et referme la porte derrière eux. L'extérieur n'existe plus, elle est là en sécurité. Il la guide jusqu'au salon, l’assoit et recouvre ses épaules d'une couverture. Lakshan observe ce visage crispé, passe une main sur sa joue, le silence les recouvre, il lui donne le temps de souffler, de se remettre de sa course, accroupi devant elle. Il prend ses mains entre les siennes, les presse doucement, inquiet. «  Tout va bien Rose, tu es en sécurité ici »

Il n'aime pas l'expression de peur dans ses yeux, il souhaite l'en débarrasser, revoir ce joli sourire qu'elle lui adresse souvent, voir les étoiles de nouveau. « Tu dois avoir faim, viens avec moi je vais te préparer quelque chose.  » Il a attendu qu'elle reprenne son souffle et garde une main dans la sienne pour l'emmener dans sa cuisine et la laisse s'installer à table, qu'elle demeure en sa compagnie. Mais la relâche sans pour autant s'éloigner, il met de l'eau à bouillir et pose devant elle une tasse avec un panier contenant une multitude de thés  et infusions d'inde.

Lakshan est fin cuisinier mais connaît surtout des recettes de son pays d'origine, elle ne sera pas contre, c'est sûr. «  J'aimerais voir une de tes représentations un jour » Fait il alors qu'il s'occupe de nettoyer le riz. Il sait que c'est le sujet à ne pas aborder, ce spectacle, autrement elle ne serait pas en tenue. Mais il désire la libérer de ce poids et compte y arriver doucement, savoir où est le problème, quitte à venir un jour empêcher que cela se reproduise, la libérer de ce qui la fait pleurer. Il se tourne vers elle, observe sa réaction, analyse son regard. Le don s'estompe, doucement, la température de l'eau, le nombre de grains de riz sous ses doigts la viscosité bientôt ne seront plus que facette de ses automatismes. « Ou je pourrais même venir te chercher la prochaine fois, qu'en penses tu? » Tu n'es pas seule Rose, je suis là, je suis prêt à tout.

Il met le riz à cuire, se lave les mains et lui sert de l'eau chaude dans sa tasse, avant de s'asseoir près d'elle. « Qu'est ce que tu en dis? »

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Il se passe quelque chose, qu'elle ne désire visiblement pas aborder avec lui, par peur, par besoin de le protéger. Mais Lakshan ne craint personne, aucun groupe, il ne craint pas la mort, il ne craint que le manque de vérité, que la solitude. Être Ganesh lui permet d'accéder à une certaine sagesse, il a un recul que peu de personnes ici bas savent avoir. Rose en revanche éprouve de la honte, elle a peur de ce que Lakshan trouverait dans cet établissement dans lequel elle danse, alors qu'à Arcadia tout le monde se doute de la noirceur de certains lieux. Lakshan en a fréquenté quelques uns, mais si elle n'est pas à l'aise à l'idée de le compter parmi ses spectateurs, alors soit, il se tiendrait à l'écart, en revanche, il y a certaines choses qu'il ne veut pas laisser passer, y compris une fuite, l'errance, il veut être là, venir à chaque fois qu'elle en a besoin. Les doigts entremêlés, ils se détachent, les regards se croisent, les caresses se perdent. Le contact a vite été facile entre eux, il n'ignore pas l'attirance mutuelle, mais ne peut répondre de trop car il craint de la fragiliser davantage.

«  Alors je viendrai te chercher la prochaine fois »

Rrose a besoin de se démolir, en un sens, pour se reconstruire, elle doit quitter ce qui la blesse, ce qui la fragilise, sortir de sa chrysalide et devenir la femme qu'elle a toujours rêvé d'être.

« Ne te pollue pas l'esprit de telles suppositions Rose, quand on veut on peut. Si tu ne veux pas me perdre, si je ne veux pas te perdre, alors tout est possible.  » Il sourit, espère lui donner la force de se battre, de ne jamais abandonner, de ne plus se laisser marcher sur les pieds et de vivre sa vie comme elle l'entend. Il la sait prisonnière, il n'a pas encore idée de ce que cela représente, mais même contre le plus affreux des géants elle aurait toujours assez d'armes pour en venir à bout. Rose est une femme intelligente et avec de la volonté tout est possible, n'importe qui peut accomplir n'importe quoi et il espère dans le fond de son cœur que cela lui restera dans l'esprit, si elle veut quitter cet endroit quelle qu'en soit l'influence il lui est possible de le faire ; il le lui apprend tous les jours, il la fait progresser et un jour elle sera seule cheffe de son propre avenir, elle fera ses choix, en cherchant son bonheur et son épanouissement. Elle possède bien plus de ressources, elle n'a pas besoin de compter sur quelqu'un, ni sur l'aide, la force mentale est la base de n'importe quoi et il la désire forte, elle le mérite.

Lakshan essuie doucement ce visage marqué par les larmes d'un tissu imbibé d'eau fraîche afin de lui apporter ce soulagement, la débarrasser de ces sillons de larmes qui marquent son visage fissuré. Lakshan lui sourit, Rose est une femme merveilleuse, qu'il aimerait avoir dans sa vie plus qu'une amie pour le nombre de choses qu'ils partagent, pour ce qu'elle comprend chez lui, ce qu'elle accepte de sa vie déchirée. Ganesh est une divinité particulière, mais il n'y a pas de tromperie, il n'y a pas de sournoiseries, la vérité demeure au nom de la connaissance. Lakshan embrasse le haut du front de la jeune femme, retourne à ses fourneaux afin de lui préparer de quoi lui procurer l'agréable chaleur d'un repas préparé avec attention. «  Tu peux utiliser ma salle de bain si tu souhaites te rafraîchir et te changer, tu peux te servir dans mon placard. » Lakshan se retourne de nouveau vers elle pour observer ce costume de cabaret qui lui donnent des allures de pinup et qui l'auraient presque fait rougir si il n'y était pas habitué avec ses fréquentations d'établissements empestant le vice «  Celle-ci elle est jolie, elle te va bien, mais si tu préfères laisser le travail loin et la troquer contre une de mes chemises alors tu es libre de le faire! » Un nouveau sourire, et quoi qu'elle ait sur le dos, il la trouve toujours ravissante, Rose, elle est tout à fait son style de femme avec ses yeux rieurs, ses boucles irrégulières. 

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Rose s'éclipse, pendant que Lakshan s’attelle à préparer quelque chose de bon pour son invitée, un repas qui la mette bien, qui la rassure, qu'elle puisse se sentir bienvenue ici. C'était important pour Lakshan, au delà de l'envie de l’impressionner avec ses talents de cuisinier, parce qu'il faut le dire, Rose elle lui plaît beaucoup, il la trouve belle, intelligente, intéressante, mais Lakshan demeure sur la réserve encore très peu équilibré et ne désirant pas la faire souffrir si la vie qu'il mène ne lui convient pas. Le temps le lui dirait, dans tous les cas il savoure ces moments où sa peau est en contact de la sienne, des effleurements subtils, de la tendresse dissimulée dans des attentions qui deviennent bien plus qu'amicales ; un baiser déposé là, une caresse ici et les regards ne se quittent plus. Il l'entend revenir, l'enlacer dans le dos, Lakshan sourit, il réprime un frisson qui remonte le long de sa colonne vertébrale, il désire la garder là, juste pour lui.

Il étouffe un rire en la voyant passer sa tête sous son bras pour plonger son doigt das la sauce qu'il prépare, proteste un petit « hey » mais n'a pas le temps de l'attraper, elle s'envole, lui échappe. Elle le remercie, le complimente, elle a l'air bien ici avec lui et lui aussi est heureux de l'avoir avec lui ; cela vient mettre un peu plus de son dans cette vaste demeure. Lakshan apprécie le silence pour méditer et réfléchir, mais les éclats de rire de Rose sont comme le soleil qui s'infiltre doucement au travers des volets. Le son de sa voix claire est agréable à entendre, il l'aurait laissée chanter, rire, parler pendant ces heures entre ces murs qui sont les siens, parce que c'est Rose et Rose a toujours été spéciale à ses yeux. Lui aussi l'aurait remerciée de lui faire confiance, de garder le sourire en sa compagnie même après avoir traversé des moments difficiles, une femme forte, inspirante ; quand lui a toujours eu la facilité, il n'a jamais eu de problèmes au point de fuir ; Même ses souci d'hybris venaient d'être résolus, Lakshan peut de nouveau faire peau neuve, cesser de se coller aux murs dépeints de vices de la ville ; Lakshan désire continuer sur ses objectifs de vie, laisser Ganesh prendre le dessus, oublier l'humain en lui. Son regard doux sourit, touché par ce qu'elle dit ; il l'aurait fait mille fois si elle en avait eu besoin, il l'aurait accueillie quelle que soit l'heure, le moment, elle sait qu'ici elle est en sécurité, c'est un refuge dans lequel il la recouvre.

« C'est normal Rose, je préfère te savoir avec moi plutôt qu'en cavale. »

Il lève les yeux vers elle, qui s'installe sur son plan de travail et l'observe faire à manger. Les effluves épicées s'élèvent dans la cuisine, senteurs familières qu'il respire depuis sa plus tendre enfance. Ces parfums là sont associés à sa mère, à ses souvenirs, ce pays aux couleurs chaudes, les regards cernés de noir, réhaussé d'un point rouge. Cela souvent le rend nostalgique, ses exils en Inde et dans l’Himalaya lui ont appris à aimer cette culture bien qu'écorchée par la mondialisation. Les prières, les chants, à chaque fois qu'il prend le temps de cuisiner, elles lui reviennent en tête.

Et puis Rose l'extirpe de ses pensées, déclare avoir quelque chose à lui dire et craint que cela ne change quelque chose entre eux. Lakshan fronce les sourcils, du moment où l'on est honnête il ne voit pas comment l'opinion d'une personne peut changer, Rose lui accorde sa confiance, c'est à lui d'être reconnaissant. Il attrape sa main, son pouce caresse doucement le dos de celle-ci et il arrête de cuisiner pour ne se concentrer que sur elle. «  Mais non Rose, tu ne crains rien, tu peux me dire tout ce que tu veux. » Il n'y a pas plus ouvert d'esprit, plus coopératif et plus attentif que Lakshan ; Défaut de divinité à mesure qu'il devient Ganesh, sa sagesse et son recul par rapport aux choses et au monde en deviennent parfois incompréhensibles. Souvent on lui demande comment il fait.

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Elle est résiliente, Rose, elle se relève, elle se bat ; elle n'en a peut être pas réellement conscience, mais Lakshan admire cela chez elle, il sait qu'elle n'a pas la vie facile et jusqu'à ce jour là s'il en a eu conscience, il n'a jamais eu réellement d'explications, il l'a vue ; par son comportement, par ses actions. Il est content de voir qu'elle arrive à passer outre, qu'elle cherche à devenir toujours plus forte, il n'a jamais eu de problèmes dans sa vie Lakshan, il s'estime heureux, alors les personnes comme Rose, ça le fascine, il se tait et admire cette sagesse qu'il n'aura jamais. Elle désire lui parler de quelque chose, elle craint que cela ne change leur relation aux effluves amoureuses ; l'ayant rassuré, il s'attend à quelque chose de surprenant, ses sombres secrets.

S'il devait révéler ses secrets à lui aussi il parlerait de Bael, de Khan, de cette relation à trois qu'ils entretiennent et qui lui permettent de se libérer d'un poids qu'il traîne. Il en ressort toujours plus frustré, toujours plus épanoui et toujours plus troublé du Centzo. Un mélange de ressentis qui parfois lui fait se demander s'il est capable d'avoir une relation stable à côté, s'il mérite d'avoir la douceur de Rose dans sa vie par exemple. Lakshan ne peut se défaire de Bael et de Khan, il n'en a aucune envie, il en est trop accro, trop addict, c'est une véritable drogue pour son organisme. Alors puisqu'il n'est pas tout blanc il sait qu'il pourra être ouvert d'esprit à tout problème qu'elle lui dévoile, de plus sa divinité l'empêche de tout prendre à cœur, de tout prendre personnellement. Ganesh a beau être un orgueilleux, il sait avoir du recul sur certaines choses et surtout quand il se sait loin d'être aussi sage qu'il le fut il y a de cela bien longtemps. Alors il l'écoute, l'encourage à parler, sa main dans sa sienne à caresser doucement le dos de son pouce. Il fronce un peu les sourcils, concentré sur chaque information qu'elle lui donne ; elle lui dévoile une partie d'elle-même qu'elle ne doit pas dire à tout le monde, un morceau de son histoire.

Lakshan se sent privilégié, il se sent honoré de voir qu'elle lui fait assez confiance pour lui confier quelque chose d'aussi terrible que cette possession malsaine qu'à son frère envers elle, ce qu'elle vit à chaque show ; cette peur qu'elle traîne depuis combien de temps maintenant ? Alors il avait tout un tas de questions idiotes à poser après cela, mais il fait d'abord le choix de la prendre dans ses bras afin de l'aider à souffler un peu ; là, tout va bien. « Pourquoi tu ne t'enfuis pas? Tu n'es pas forcée de rester avec lui s'il n'est pas correct avec toi. » Manifestement une évidence, mais il sait aussi que parfois des faits vous lient à une personne sans que l'on puisse s'en débarasser, alors la question qu'il pose c'est surtout pourquoi jusque là elle ne l'a pas fait ? Qu'est ce qui la retient ? Il aimerait comprendre, pour l'aider, mais avant cela il enchaîne, lui rappelle que sa maison si elle le veut, c'est la sienne aussi.

«  Tu sais tu peux rester ici, te cacher, il te trouverait pas, il ne m'a jamais vu » Et puis la maison qu'il a fait bien plus maison familiale, on ne se douterait pas qu'il y vit seul. Il n'était pas une personne ayant la folie des grandeurs en temps normal, il avait acheté la villa pour faire plaisir à celle qui aurait dû être sa femme, afin de lui montrer qu'il désire s'engager, qu'il est prêt pour fonder une famille. Hélas en partant elle l'avait laissé seul ici et il s'en est accommodé, après tout il a de l'espace, il peut avoir un laboratoire, un gros télescope pour ses recherches sans se sentir trop à l'étroit, un endroit propice pour réfléchir, méditer, étudier. Khan passe parfois quelques jours chez lui quand il a besoin d'être tranquille, d'autres proches également aiment profiter de sa piscine qu'il entretien sans utiliser plus que ça. Pas de danger pour Lakshan, cette notion est superficielle chez lui, parce qu'un danger a quand même une solution, parce qu'il peut toujours être évité en agissant avec intelligence. Il ne s'en soucie pas, il fera tout pour mettre Rose à l'abri et éviter les débris. «  Ça me dérangerait pas moi, tu es en sécurité ici, moi aussi. Es ce que tu veux que je fasse quelque chose? »

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Lakshan perçoit sa détresse dans ses mots, l'écoute avec attention et secoue doucement la tête pour s'opposer à ce qu'elle pense : non elle ne le perdra pas, non il n'est pas en danger, la seule chose qui pourrait l'inquiéter c'est sa sécurité à elle. Parce qu'elle a l'air d'en souffrir au quotidien et qu'un frère comme lui manifestement serait prêt à tout pour l'empêcher de vivre sa vie comme elle l'entend. Depuis combien de temps c'est comme ça ?Est ce que quelqu'un a déjà essayé de l'aider ?, Pour lui la solution serait de l'emmener ailleurs qu'Arcadia, voire quitter le pays, mais cela pourrait tout autant la bouleverser et elle doit être seule maîtresse de cette décision. En attendant elle a déjà compris que ce qu'il se passe n'est pas normal. Ce qu'il lui a proposé la gêne mais en même temps, elle sait que Lakshan n'est pas du genre à proposer des choses dans le vent. Trop bonne pour son bien être Rose s'extirpe de cette bulle de confort qu'il a créé pour elle, cherche à fuir ; ce fardeau n'est pas le sien, elle craint de le partager avec lui qui est en dehors de ces histoires. No, lui ça ne le dérange pas de le partager, de la soulager quand elle en a besoin, d'être un refuge, il tient beaucoup à elle, il lui voue une affection sans limites, pour lui c'est tout à fait normal. Lakshan la suit, elle continue de parler, se dirige vers l'entrée et fond de nouveau

Il l'observe un instant, la laisse sortir ce qu'elle a a sortir, elle se fait trop de mouron et il le comprend, c'est normal. Bien sûr que le risque zéro n'existe pas, mais ici personne n'ira la trouver, ici elle est dans un endroit neutre. Lakshan glisse ses mains dans les siennes, l'oblige à se lever et la prend entre ses bras pour la consoler. Il ne désire pas la voir partir, il ne désire pas la voir pleurer ni penser qu'elle peut le perdre. « L'avenir appartient à l'avenir, il ne tient qu'à nous de faire en sorte que cela ne se produise pas Rose » Il se détache légèrement d'elle, prend son visage entre ses mains et vient essuyer les quelques larmes au coin de ses yeux. Il lui sourit, doucement puis dépose un baiser sur son front «  Cela ne veut pas dire arrêter de se voir, on fera attention pour éviter de t'attirer des ennuis, mais dans ma maison personne ne peut t'atteindre, parce que personne ira chercher ici. » Il lui demande de respirer doucement, calmer ces battements frénétiques d'angoisse qu'il ressent jusqu'au travers de son pouls. «  Si on te demande, tu diras que je te paye beaucoup pour que tu soignes mon hypersomnie, contre l'argent je connais peu de personnes qui diraient non » Il l'emmène avec lui, retrouver la vaste cuisine aux couleurs d'ocre rougeoyants, il a foi en eux, il sait que tout se passera bien tant qu'ils surveillent leurs arrières, en attendant  Rose est épuisée, elle a besoin d'un moment pour souffler, faire peau neuve. Il l'installe à la première place qu'il lui avait attiré à la table de la cuisine et sert deux assiettes, qu'il dépose sur la table et s'en va fouiller dans un tiroir de son meuble. Le bruit de multiples bibelots contenus là tapent contre le bois du tiroir jusqu'à ce qu'un son de clef sonne clair et coupe court à la recherche. Lakshan revient s'asseoir à ses côté et glisse aux côtés de Rose le jeu de clef. « La plus grande c'est celle du portail, t'as le bipeur sinon, celle-là c'est l'entrée principale, l'autre celle de derrière, et la rouge c'est celle du garage. Tu viens quand tu veux, tu n'as pas besoin de prévenir, tu te sers, tu prends, tu es ici chez toi.  »

Lakshan lui adresse un sourire, elle sait qu'il n'est pas du genre à se forcer quand il n'en a pas envie, qu'il ne se sent jamais redevable, s'il le fait c'est parce qu'il en a envie, parce qu'il se sentirait plus rassuré de savoir qu'elle a un refuge au cas où. »Tu risques juste de croiser Khan parfois, il m'arrive de l'héberger, c'est un dieu de mon panthéon, c'est un bon type » Il ne l'effrayerait sans doute pas, un chaton comme Khan, ils pourraient même très bien s'entendre à condition qu'il ne parle pas de ce qu'ils partagent tous les deux avec Bael. Il veillerait à lui en toucher deux mots avant pour ne pas trop l’embarrasser avec ses petites histoires.

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Lakshan espère que cela l'apaise de savoir qu'elle a une sortie de secours au cas où les choses dégénèrent, au cas où elle n'a plus d'espoir. C'est ainsi que les choses fonctionnent pour lui, quitte à recueillir la misère du monde entier chez lui, si on ne donne pas un peu de sa personne jamais personne ne viendra porter secours quand on en a besoin à notre tour. C'est une sagesse que lui a appris Ganesh, dématérialiser ce qui est matériel, se débarrasser de l'état d'esprit de possession. cet endroit n'est qu'un complexe arrangement de murs, il a travaillé pour l'avoir, mais la vie en communauté n'a jamais été faire son chemin seul. C'est naturellement qu'il lui offre ces clefs là, ornés d'un porte-clef fleuri et qui peut être parfumé avec des huiles essentielles selon l'état du moment. Il les lui laisse entre les mains, ce qu'elle en fera a regarde, Rose est une femme, une adulte, elle saura trouver la raison si le destin le veut. Il lui a simplement prié de ne jamais hésiter, de venir chez lui quand l'envie lui dit, pas forcément à chaque menace de son frère, à vrai dire, sa présence mettrait un peu plus de couleurs. C'est qu'il l'aime bien Rose, elle est une personne formidable, qu'il désire voir heureuse, elle le mérite tellement. Il aimerait avoir la prétention qu'il sera celui qui lui offrira une vie belle, une famille, il aimerait réellement, n'en témoigne les frissons sur ses avants bras quand elle dépose ses lèvres délicates sur le coin des siennes. Quelques secondes en plus et il se serait sans doute tourné pour avoir un véritable baiser. Il n'en fait rien, Lakshan, il ne sait pas comment faire entre ce que son cœur désire et ce que son divin laisse supposer. De quoi sera fait l'avenir ? Quel est le destin des réincarnations ?, Fusionnent ils leurs corps avec la divinité pour abandonner ensuite leur âme ? Ces souvenirs là, resteront ils ? Tant de choses incertaines, il ne désire pas laisser une insécurité à Rose. «  C'est normal Rose... » souffle t-il, ému. Elle fait naître de ces choses en lui...

ils dégustent le repas, si pour Lakshan il n'y a rien de très nouveau il est heureux de constater qu'elle apprécie la cuisine indienne traditionnelle. Elle lui arrache un sourire, force de compliments, de jolis mots qu'il entend et qu'il interprète en se disant que leur attirance est mutuelle. Ce qu'il n'osera pas lui dire, c'est qu'il s'est appliqué parce qu'il voulait lui faire plaisir, que cela compte pour lui, cela lui tient à cœur bien plus qu'elle ne l'imagine. L'indien pose sa main sur la sienne, pour la remercier de ce bouquet de jolis mots dont elle lui fait cadeau, inestimable.

Puis Rose hausse de nouveau la voix, pour parler de l'hybris. L'hypersomnie de Lakshan est handicapant, elle le sait, ils en ont déjà parlé, elle a déjà vu les dégâts sur lui. Récemment tout cela va bien mieux, grâce à Bael et à ses lèvres tentatrices. Rose lui propose ses services, il admire sa dévotion, cela le touche infiniment. « C'est une excellente idée, tu peux utiliser mon laboratoire si tu veux, je te ferai un coin spécial pour que tu puisse faire tes expériences » Tout remède, bien entendu qu'il les prend, surtout si Rose en est l'auteure. Mais est-il prêt à se détacher de Bael, de Khan ? Ganesh ne connaît pas l'exclusivité, Lakshan a tendance a faire comme lui au fil du temps qu'il ne fait qu'un avec lui. Cela ne lui posait pas de problème avant, mais son éveil est total quand il peut bénéficier des dons de ceux qui lui sont proches. C'est...Compliqué, il n'est pas certain de vouloir en parler tout de suite, elle a eu une rude soirée, il risque de la choquer.

« Et bien récemment j'essaye un traitement qui a l'air de bien fonctionner, un ami me fourni, mais je suis pas contre un plan B, j'aime avoir plusieurs solutions et voir sur le long terme laquelle est le plus efficace. Donc je suis tout à fait partant pour que tu me proposes quelque chose »

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Petit ange gardien qu'est Rose, elle lui propose de mettre à son profit ses dons de thaumaturge pour lui trouver un remède pour ses hypersomnies. Chose que Lakshan apprécie bien évidemment, s'il peut éviter d'être trop dans l'excès avec Bael ou d'avoir à être dépendant de lui, bien entendu qu'il prend. Lakshan apprécie Bael, mais n'apprécie pas de ne pas avoir le contrôle. Alors Rose pourra lui proposer sans doute une alternative secondaire ; quand au bien-être qu'il trouve avec Bael, il n'est pas prêt à faire une croix dessus. Elle lui pose des questions qui peuvent inclure des mensonges de sa part et mentir il n'aime pas cela. Il n'est juste pas prêt à s'engager sur cette conversation, même si c'est Rose. Ça l'embarrasse, le lui présenter non plus n'est pas au programme alors qu'il est déjà entre deux eaux, un peu perdu dans sa vie. «  Je ne sais pas trop ce que c'est, je lui en parlerai, mais fais tes recherches déjà de ton côté » réponse vague, peu précise, a vrai dire il travaille lui-même sur les substances que produit Bael, il n'y a pas de nom à proprement parler sur ce que c'est, c'est pour ça qu'il ne peut pas non plus lui donner de piste. Les recherches sont encore en cours à l'heure qu'il est. Et puis elle change de sujet, l'interpelle, réveille le scientifique en lui. ;

Perséides.

Oui, elle a commencé déjà, et cette nuit aussi il devrait y avoir des débris entrant en collision avec l'atmosphère puisque la Terre est toujours dans ce coin là de l'espace. Lakshan jette un coup d'oeil à sa montre puis adresse un sourire à Rose ; elle ne lui proposera pas deux fois, en astrophysicien qui se respecte il aime atout autant étudier l'univers que de se laisser aller à quelques vœux avec des étoiles filantes. L'occasion de sortir un de ses télescopes, d'ailleurs, il emmène Rose par la main après avoir laissé les couverts dans la machine et récupère dans son placard tous les ustensiles pour observer le ciel. Ça lui changera les idées à Rose, d'avoir le nez en l'air dans l'immensité de la voûte céleste. Il éteint les lumières pour éviter toute pollution lumineuse quand ils se placent dans le fond du jardin.

«  Tiens, tu peux m'éclairer? » Il lui laisse la lampe-torche pendant qu'il règle la lunette astronomique tout en gardant sous les yeux sa boussole et sa carte du ciel. «  Regarde, tu tournes le disque en le mettant sur la date et l'heure d'aujourd'hui comme ça tu peux savoir à quoi ressemble le ciel d'aujourd'hui » Fait il en lui montrant la carte du ciel qu'il a d'ailleurs faite lui-même lorsqu'il avait seize ans ; ça existe déjà tout fait, mais pour le challenge... » Ensuite tu as juste à repérer comment placer ton télescope pour voir quel coin du ciel tu veux observer. Nous on va aller par là entre deux étoiles filantes, je vais te montrer quelques objets de l'espace » Lakshan possède une machine bien plus grosse, reliée à des ordinateurs de haute performance dans son laboratoire, mais ce soir il préfère la simplicité. L'indien sort une tablette pour régler les coordonnées du télescope qui fait le travail tout seul pour cibler cet objet ensuite afin que la vision soit la plus claire possible, C'est une technologie qu'il a fabriqué lui même il y a quelques années, l'une de ses premières fiertés. Il montre à Rose, le plan du ciel depuis son écran et lui propose d'observer d'abord Saturne. «  Ça devrait être bon là, vas y tu peux regarder dans le télescope »

En attendant, il lève le nez vers le ciel, éteint la lampe torche et apprécie le silence de la nuit. Les points brillent dans le ciel, les conditions sont idéales pour le contempler. Il voit quelques étoiles filantes passer, le temps que ses yeux s'adaptent à l'obscurité. «  Tu la vois? »

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Réglages terminés, il est fier de lui quand Rose parvient à voir ce qu'il avait cherché. Saturne est majestueuse, c'est sans aucun doute sa planète préférée après la Terre, juste pour sa couleur, ses anneaux qui lui donnent ce petit truc en plus. Parce que ce sont toujours ces petits trucs en plus qui font la différence, concernant Rose, il parlera de sa force d'esprit, de son sourire, son visage angélique. L'histoire qu'elle cache derrière, et pourtant toujours le sourire quand il la voit. Sauf ce soir là, sur les confidences, il a vu ses faiblesses, il l'a rassurée, consolée, il espère que ça ira à l'avenir. Dans tous les cas bien qu'il ne lui offre pas solution radicale, lui proposer asile semble déjà faire son effet et Rose de nouveau devient cette magnifique plante. Il veut lui faire plaisir, sort l'artillerie pour observer le ciel, lui apprend tout un tas de petites choses et contribue à lui changer les idées. Ça lui plaît, à Rose, aussitôt qu'elle regarde dans le télescope, elle lui propose de voir à son tour et il ne se fait pas prier. Il laisse de côté l'astrophysicien, se contente de regarder la planète avec un regard innocent, contempler, simplement avec ce silence alentours dans cette nuit magique.

Rose attire son attention, l'espace, elle veut savoir comment c'est, l'espace ; elle désire y aller elle aussi.Il a eu beaucoup de chances d'avoir été sélectionné parmi beaucoup d'astronautes, mais ses dernières recherches lui ont valu un petit plus dans son dossier de candidature et puisqu'il a réussi les tests, on a fini par l'envoyer en mission sur la station spatiale pour quelques mois. C'est une expérience qu'il n'arrive pas encore à décrire, parce que là haut a eu lieu son éveil, il a su qui il était. « C'est...magnifique, indescriptible en fait, je m'en souviendrai toute ma vie. » Magnifique car leur planète est belle, mais la sensation ne peut être partagée, il faut le vivre pour le comprendre, pour avoir ce vertige, d'être au plus loin de tout, de risquer sa vie chaque seconde ; contempler la vie depuis l'au-delà dans par un autre hublot l'on voit la Lune flotter dans le néant. Il lui souhaite de pouvoir y aller, le parcours est tellement complexe, il faut passer par l'armée de l'air d'abord et d'autres cursus, mais si elle y croit, rien n'est impossible. C'est ce qu'il admire chez elle, ses rêves, qui continuent de faire briller son regard malgré ce qu'elle endure. Rose possède une forme de sagesse qu'il n'aura lui-même probablement jamais, il l'envie.

Il la voit frissonner, alors il l'emmène avec lui sur le tapis qu'il a ramené, l'enveloppe dans une couverture, et lui reprend la main, comme elle l'avait fait quand l'autre bras entoure ses épaules tendrement pour la garder contre lui. En silence alors, tous les deux, ils contemplent le spectacle de la voûte céleste, de ces étoiles qui se décrochent, brûlent jusqu'à devenir poussières et qui avec elles emportent les vœux. Ferme les yeux Lakshan, fais un vœux.

CODAGE PAR AMATIS
AVATARS PAR ECRIRE ICI