Petit Phobos deviendra grand ! [PV Dante] - Ven 21 Sep - 10:53
Spoiler:
Ici, conformément au défi, Julius est une Amazone répondant au nom d'Antiope. C'est une Amazone qui n'hésite pas à botter les fesses quand elle l'estime nécessaire (surtout si celle-ci sont à des hommes). Sa spécialité militaire est la cavalerie et l'archerie. Elle ressemble à ça. Antiope n'a aucun lien de parenté avec la cheffe des Amazones. Le titre de "ma soeur" est une manière comme une autre de signifier qu'elles sont toutes les deux des Amazones.
Pour ne pas perdre de vitesse dans mon tour de garde, j'éperonne ma monture. Ma jument ne bronche pas. Elle comme moi savons qu'elle est notre mission : nous assurer que ces misérables hommes ne parviennent pas ici. Et si par malheur l'un d'entre eux venaient à mettre les pieds sur cette terre, je me chargerais de les abattre grâce à mes flèches. Comme si j'avais besoin d'un crétin pour protéger mes sœurs. Nous sommes plus que capable de nous protéger nous-même, n'en déplaise à ces soit-disant philosophes décrépi d'Athènes.
Mon tour d'inspection terminé, je pose pied à terre avec aisance alors que ma jument continue sa cavale en direction de l'écurie. Saluant plusieurs de mes connaissances alors que je rejoins nos dirigeantes, je ne peux m'empêcher d'esquisser un sourire. Ah, si seulement ces hommes savaient quel affront les dieux leur ont fait il y a quelques décennies ! Je n'étais alors qu'une jeune fille d'une dizaine d'années lorsque les dieux nous ont fait l'insigne honneur de nous désigner, par la voix d'une oracle, comme étant les dignes éducatrices d'un futur dieu. Et pas n'importe quel dieu ! Il ne s'agit pas moins d'un enfant de notre père à toutes ! Nous, les faibles femmes, avons eu l'insigne honneur d'instruire au noble art de la guerre et non ces hommes si intelligents ! Et la plus douce ironie est qu'ils n'en sauront jamais rien. Nous, les fières amazones, ne trahiront jamais la confiance des dieux en allant fanfaronner de l'honneur qui nous a été fait.
-Antiope, ma sœur ! Quelle nouvelle nous rapportes-tu ?
La voix qui m'interpelle est celle de notre reine et notre chef à toutes. Sans même réfléchir, je réponds à toutes les questions qu'elle peut m'adresser afin de faire un compte-rendu aussi complet que possible. Notre reine, Hippolyte de son nom, est l'une des plus grandes chefs de notre peuple. Cependant, désormais âgée, elle ne prend plus aussi souvent les armes que dans sa jeunesse. Elle demeure cependant une excellente combattante mais continue maintenant à nous guider par sa sagesse.
L'entretien terminé, je suis congédiée. Alors que je compte aller me dévêtir de mon armure, le bruit provenant de la zone d'entraînement m'ôte cette idée. C'est avec détermination que je me dirige vers le lieu afin d'y remettre de l'ordre.
Petit Phobos deviendra grand ! [PV Dante] - Mar 2 Oct - 11:51
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Un goût d'éternité s'est immiscé en son sein. A l'en rendre fou. Lui qui n'a jamais connu que l'affection de ces femmes, tant à la fois soeurs que mères, amies que famille. Lui qui n'a jamais aspiré à rien d'autre qu'à les accompagner, user de ces talents incrustés dans sa chair avec les années, pour ruiner les champs de bataille. Guerrier ayant tout appris des Amazones. Unique mâle, exception que le gamin n'a jamais comprise. Il n'a jamais posé la question. Ne s'est jamais remémoré son arrivée, petit môme paumé du haut de ses quelques mois, sans souvenir d'un avant qui lui échappe. Et lorsque ça l'a heurté, là encore, il ne s'est pas confié. Sauf à elle. Antiope. Toujours plus proche. Toujours de facilités à dialoguer avec elle, lorsque corps et esprit semblent se scinder en deux. Il était doux, l'enfant. Trop, probablement. Trébuchant dans l'enseignement. Il a fallu que les seize années le fracassent pour que la maladresse s'amenuise. Que la terreur s'incruste dans ses pas pour lui éviter de tomber au combat. Il a progressé, depuis le temps, malgré cette manie de douter, de ne jamais s'imaginer frôler le talent de ses compagnes enragées. Difficile pour un homme de peiner dans un univers féminin. C'est lorsqu'il a compris ce qu'il était, que les choses ont changé, insidieusement. Gagnant en confiance, lentement, au sein de la matriarchie. Nuées effrayantes s'abattant sur les ennemis. Forçant l'insolence à s'imposer à la tête de ses comparses. Délires de grandeur. Délires de puissance. Folie lentement glissée entre ses pensées disloquées.
Et ça ne s'arrangera pas. Ni pour lui, ni pour ceux qui écoperont du divin après lui. A croire que le dieu ne trouvera pas, avant des centaines et des centaines d'années, âme suffisamment solide pour le porter sans se briser. Et ce sont les souvenirs de Phobos qui l'ont déchiré, cette nuit. Le corps scindé en deux, cherchant sa moitié, se remémorant le jumeau et l'insoutenable manque. Et puis, le père. L'amour insoutenable pour le père. Se remémorer quelles autres enfant ce-dernier a enfanté. Darder la jalousie d'un regard sur les Amazones qui l'entourent. Arès et Phobos, Phobos et Arès. Et il enrage. Et ce sont les phobies qui se dessinent, autour de celles qui l'entourent, contraintes à lâcher les armes. La panique qui éclate et n'épargne personne. Il n'y a que ça, qui apaise les idées. Qu'ainsi, qu'il se sent exister. Première fois que le don malmène celles qui l'ont toujours guidé. Et la voix qui s'élève. Qui lui tord les entrailles. « Antiope. » Dans ses oreilles, ça carillonne. Prénom chéri depuis ce qui ressemble à toute une vie. Et il en tombe à genoux, l'homme qui manque de devenir fou. « Sauras-tu me pardonner, Antiope. » Et le visage qui se relève, traits défigurés par le dieu qui y imprime sa présence. Pupilles d'un enfant qui doucement s'éteint. « N'approche pas. N'approche pas trop, ou tu connaîtras le même sort. » Dualité qui le déchire, à la vue de l'Amazone.
Mes pas se font précipités lorsque je me rends compte du chaos sur le champ de bataille. Les sens aux aguets, je ne mets que très peu de temps avant de comprendre ce qui se passe. La voix est glaciale lorsque je redemande à nouveau :
-Que se passe-t-il ici ?
C'est seulement à ce moment-là que je parviens à entendre le gémissement du seul homme de notre camp. Notre secret chéri plus que tout au monde, la réincarnation du dieu Phobos. D'ailleurs, nous ne sommes guère embarrassées par le passé de trouver un autre nom que celui du dieu dont il est le visage. A quoi bon être hypocrite ? Ce n'était qu'une question de temps avant qu'il le sache. Toujours de marbre, je m'approche de lui alors qu'il me supplie de rester éloigner. Sans qu'il ne l'ait vraiment venu venir, je lui assène une gifle monumentale.
-Qu'est-ce qu'on t'a appris ? Si tu perds le contrôle à l'entraînement, tu es un danger sur le champ de bataille. Alors contrôle-toi !
Et nous serions couvertes de honte d'avoir échouer à ne pas lui avoir appris le contrôle sur ces pouvoirs. Néanmoins, consciente qu'il risque de perturber l'entraînement des autres guerrières, je m'exclame de manière à être entendue par toutes :
-Retournez à l'entraînement les filles ! Phobos, ramène tes fesses ! Tout de suite !
Après un cri martial, les amazones retournent à l'entraînement. Satisfaite, je tourne les talons sans prendre la peine de vérifier s'il suit. De toutes façons, il n'a pas le choix car il sait très bien que s'il ne me suit pas, ça va barder pour lui.
D'un geste sûr, je me dirige vers mon habitation. A l'intérieur, j'enlève mon armure pour révéler la tunique en cuir que je porte en-dessous.
-Tu m'expliques ce qui t'a pris à l'entraînement ? Parce que si j'estime ton explication pas valable, tu retournes pas à l'entraînement.
Mon ton est sans appel. Il est hors de question qu'il soit un danger pour tout le monde s'il n'a pas l'esprit pleinement focalisé sur ce qu'il fait. Je me décide à me retourner vers lui. J'aborde un visage soucieux vers lui.
-Si les entraînements sont importants, il est toujours préférable d'en rater quelques uns qu'à vouloir s'acharner et finir par blesser quelqu'un ou de se blesser soi-même, Phobos.
Petit Phobos deviendra grand ! [PV Dante] - Ven 19 Oct - 19:13
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Tiraillé, ce sont les côtes qui s'écrasent pour réprimer les cris d'un coeur à la tendresse qui décline. Ce petit pincement qui ne le quitte pas, dès que c'est elle qu'il déçoit. Premier visage mémorisé durant l'enfance, premier être auquel la part humaine s'est attachée, pilier dans le déluge d'une existence n'ayant eu de cesse de les violenter. Carcasse parfois trop fragile, trop sensible pour tenir le choc de l'ambivalence. Phare dans la tempête, il n'y a plus qu'elle, semble-t'il, qui soit en mesure de le guider jusqu'aux rivages de sa sanité. Celle sur laquelle se dardent ses prunelles d'un bleu profond, vagues faisant chavirer le regard lorsque la tête vacille sous l'impact. Les cris cessent instantanément, alors que résonne la claque, tant dans l'air que dans son poitrail. Le dieu est en colère, ne souffre pas l'affront. L'homme redresse immédiatement la nuque, pupilles résistant d'une flamme provocatrice. Babines serrées, c'est un grondement sourd qui vibre dans la gorge pour toute réponse. De ces instants où l'être se déchire, vomissant le ressentiment et laissant le dieu l'envahir lentement.
Il suit, pourtant, et ferme sa gueule. Pas un bavard, depuis que la récurrence se pavane sous sa peau en prenant de plus en plus de place. Adieu les remarques au sarcasme certain, teintées d'une innocence qui a persisté des années. Adieu les rires imprimés dans son sillage durant les repas animés. Il se renferme, celui qui porte le nom d'un dieu ayant annoncé son retour depuis des années. Et quand les souvenirs le malmènent, il n'y a pas de mot, juste le pas mécanique qui s'incruste dans le sien. Il ne se défait pas des lourdes protections qui enchaînent son corps, habitué à les porter, à se déplacer en apprenant à se révéler agile et léger malgré l'acier qui pèse sur ses os. Il ne bouge pas, à vrai dire, reste planté à l'entrée en la contemplant. « C'est lui qui m'a pris, Antiope. » Et il la toise, d'un air trop détaché pour sincèrement lui appartenir, l'échine droite, le menton arrogant. « Je me souviens de tout. » Et ça frissonne d'une omoplate à une autre, poings qui se crispent et se décrispent, tâchent de garder pleine possession de leurs mouvements. « On ne l'a jamais giflé, auparavant. » Les mots s'extirpent, voix d'un autre qui se conjugue à la sienne. « Et on ne le giflera plus jamais de la sorte. » Un pas dans sa direction. Prestance qui s'affirme, ascendant que le dieu de la peur cherche à regagner. Plainte de l'éternel gamin entre les lèvres. « Je le sais frère de la Terreur. Je le sais proche d'Enyo et de Eris. Je me sais fils de la Guerre.» Et il lui tient tête, lui fait entièrement face. « Il n'a jamais été si présent, Antiope. » Discours qui se mêlent et s'emmêlent. « Où est mon père ? Où est... notre père ? » Main qui s'ose à la toucher, à effleurer ses cheveux longs, en quête d'un contact, désormais que le sentiment d'appartenance s'éveille. « Savais-tu ? Savais-tu, pour Arès ? » Qu'il n'était pas seulement le père de leur mère à toutes. Qu'il était le sien, également. « Il n'y a pas de place, pour lui et moi. » Pour le dieu et l'humain. Il n'y en aura pas. « Est-ce-que vous le saviez, quand je suis arrivé pour la première fois ? » Qu'un jour, il disparaîtra.
Sans que j'ai besoin d'insister, Phobos me fournit les explications que je lui demande. Si elles m'attirent un sourcil perplexe au début, celui-ci redescend bien vite. Même s'il se souvient comme il l'affirme, je ne vais sûrement pas commencer à m'aplatir devant lui, un homme. On ne l'a jamais fait auparavant, on ne va pas commencer à le faire, quand bien même il est l'hôte d'un dieu. Les Amazones sont bien trop fières pour cela. Le seul homme qui peut peut-être se targuer d'avoir eu ce privilège est Arès, notre père. Et encore, personnellement, je ne suis pas certaine que ce soit le cas. Nous avons après tout hérité de sa fierté légendaire. Bien sûr, nous apprécions à l'égal de frères ceux qu'il a engendré que nous n'hésitons pas à remettre en place lorsque le besoin se fait ressortir. Aussi, toutes mes réponses sont du tac-au-tac et ne souffre d'aucun silence de répit.
-Jamais giflé auparavant ? Grand Zeus, je suis touchée d'avoir eu le privilège de cette première fois ! Evite de faire des promesses que tu ne peux tenir Phobos.
Et à nouveau sans prévenir, je lui redonne une gifle qu'il ne peut éviter afin d'illustrer mon propos.
-Si tu es tout de suite outré par une simple gifle que j'ai pu te donner, comment réagiras-tu lorsqu'on t'émasculera ? La vraie question que tu dois te poser est pourquoi tu as mérité cette gifle. Mais si les gifles te gênent tellement, il n'y a pas de soucis, dis-le moi ! Je me chargerai de te fesser publiquement comme un vilain garnement la prochaine fois !
Et qu'il ne me mette pas au défi de le faire parce que je le ferais. Ce n'est pas parce qu'il est un homme et moi plus âgée que je ne suis pas capable de lui baisser son pantalon pour lui mettre une rouste dont on se souviendra jusqu'à l'Olympe pendant des siècles.
-Notre père ? Arès, tu veux dire ? Aucune idée. Je n'ai pas eu l'honneur de le voir de mon vivant. Interroge notre sœur et reine Hippolyte, elle saura sûrement mieux te répondre que moi sur quand les Amazones ont eu l'immense honneur de le recevoir pour la dernière fois.
Ma réponse est sincère. Je n'ai pas d'intérêt à mentir sur ce sujet. Cependant, comme toutes les Amazones, je rêve secrètement de voir au moins notre divin père à toutes avant de rejoindre le grand royaume d'Hadès. Bien sûr, je prie en ce sens régulièrement mais je doute de voir ma prière exaucée un jour.
-Oui, nous le savions. Une oracle nous avait annoncé il y a plusieurs décennies que nous aurions l'honneur d'enseigner l'art de la Guerre à un de ses fils. J'étais une jeune adolescente lorsque les aînées t'ont amené ici. Ce sont elles qui ont décidé de te nommer Phobos. Pourquoi mentir alors qu'elles savaient pertinemment ta destinée ?
Au ton de ma voix, il n'est pas bien difficile de comprendre que, si je n'ai pas pris part à cette décision à cause de mon jeune âge, j'approuve le pragmatisme de ce choix.
-Même si tu étais un simple homme, nous t'aurions malgré tout appris l'art de la Guerre car c'était une volonté des dieux. Notre honneur aurait été bafoué à jamais si nous nous n'étions pas exécutés.
Je pose les mains sur ces épaules. S'il était un enfant, je l'aurais sans doute amené contre moi pour une étreinte réconfortante. Mais je n'amorce pas le mouvement afin de lui laisser le choix.
-Tu es Phobos, le fils de notre divin père Arès. Mais tu es également Phobos, le petit garçon que nous, les fières Amazones, avons assuré l'apprentissage durant toutes ces années. Ne nous fais pas l'affront de renier cette part de toi alors que nous essayons chacune, de toutes nos forces, de ne pas avoir à t'organiser un bûcher funéraire trop tôt comme celui qui a pu être fait pour Achille et d'autres.
Doucement, j'amène l'une de mes mains sur sa joue afin de m'assurer qu'il me regarde.
-C'est pour ça que, tant qu'il sera nécessaire, je continuerai à te gifler si cela permet plus tard de ne pas te brûler par excès d'orgueil ou d'imprudence. Comprends-tu ?
Petit Phobos deviendra grand ! [PV Dante] - Sam 17 Nov - 14:35
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Il grogne. Littéralement. Le son gronde dans la gorge pour mieux se répandre entre les crocs serrés de la bête qui enrage d'ainsi être traité. Il doit se faire violence l'éternel gosse, pour ne pas perdre prise. Les poings se serrent contre la chape de cuir qui l'habille, ongles qui crissent dans les paumes. Il la sent la plénitude qui gratte à ses côtes, promesse d'euphorie couplée de léthargie s'il laisse les vannes s'ouvrir. Difficile de réprimer l'être divin, de retenir les pouvoirs dévastateurs pour l'esprit. Un peu plus encore depuis que l'éclaircie s'est annoncée. Que Phobos sait. « Tu te joues du dieu, Antiope. » Qu'il l'alerte, le coeur écrasé entre deux poumons plus foutus de respirer calmement. La joue s'échauffe du nouveau coup reçu et les prunelles s'assombrissent encore un peu. Il ne subsistera bientôt rien du bleu qui habille ses iris si l'amazone s'ose à l'affront une troisième fois. Il le pressent, lutte interne qu'il n'a jamais été capable de gagner. Première fois qu'il rue avec sévérité contre ces pulsions qui ne lui appartiennent pas. « Il ne souffrira pas l'humiliation de ce discours-là. » Les mâchoires s'éclatent et les tempes vrillent du vertige imposé par l'être qui l'habite. Les mots se délient sur la langue humaine, semblant de contrôle éphémère.
L'insatisfait face aux réponses, la jalousie, l'urgence de retrouver celui qui lui a tant appris. Il s'oublie, évince de son esprit ce que ces femmes lui ont enseigné, elles qui l'ont élevé sans émettre de réticence. Il leur doit énormément, il en a toujours été relativement conscient, mais le dieu ne souffre d'être redevable envers personne. Il n'y a que le père pour guide. « Il faut que je le trouve. Il faut que je m'éloigne. » Il ne sait plus où donner de la tête, tiraillé entre l'envie viscérale de retrouver l'aîné, et celle de rester. De rester, oui. Aux côtés de celles qu'il a toujours côtoyé. Piétiner l'affection née dans son coeur d'enfant à l'égard de celle qui lui fait face, qu'il a toujours admiré. Conflit entre celui qui aimerait rester, et celui qui n'aspire qu'à partir. « Tôt ou tard, il me faudra partir. » Et il entend les paroles, comprend l'enjeu. N'est pas sourd à ce qu'elle avance, et c'est une toute autre émotion qui éclate dans son ventre. La reconnaissance. Il en a mal, mal au fond des entrailles, quand le dieu n'est qu'indifférence. L'esprit se disloque et il en frémit lorsqu'elle instaure le contact. Sentiments contraires qui déforment ses traits. Comme deux entités cherchant à imposer leur marque sur la carcasse éprouvée. Les paupières tombent et tout s'emmêle. Il sent à peine la main sur sa joue, celle qui met court à la dérive qui éteint lentement l'homme qui résiste douloureusement. « Et si je ne peux pas être deux. Et si je ne peux être qu'un, et devoir faire un choix. Que choisir, Antiope ? » Lorsqu'il la regarde à nouveau, le regard n'a de cesse de s'adoucir pour mieux se consumer. La main s'érige jusqu'à son épaule pour l'attirer à lui, nicher son nez dans son cou comme un gamin, mais le mouvement s'interrompt. « Et si je n'étais pas assez fort pour l'accueillir. Et si je devais cesser d'exister, pour que s'accomplisse la volonté divine. » Entrave terrifiée qui bouscule les cordes vocales. Il n'est pas prêt à disparaître. Pas encore. « Il prend tant de place. Et j'en occupe si peu. Je me donnerais mille fois la mort plutôt que de le voir tétaniser chacune des femmes qui m'entourent. Je ne souffrirais de te voir sous l'emprise de sa terreur si un jour il décide qu'il est temps de s'en aller. » Les doigts viennent trouver sa joue, se glissent sur la peau et s'achèvent dans la nuque, emmêlant les longs cheveux. Il s'approche et c'est son front qu'il attire contre le sien. « Un jour celui que tu gifles n'existera plus. Je le comprends, désormais. » Le souffle est lourd et la fatigue affaisse les épaules. Répit de courte durée que lui laisse sa récurrence. « Alors, je vais faire un effort pour vous. Je vais le museler le temps nécessaire. Le temps de faire mes adieux, en silence. Mais lors de la prochaine bataille, je ne pourrai le retenir davantage. Il me faudra accepter qu'il devienne le capitaine de mon être. Qu'il disperse sa terreur contre l'ennemi. Et l'on ne se reverra peut-être pas, après ça, Antiope. Je ne suis pas certain de parvenir à le surmonter, cette fois. » L'angoisse lui écrase le buste et la poigne se resserre dans la nuque de l'amazone, comme pour la sommer de rester, encore un peu. Comme un enfant, c'est dans la difficulté qu'il s'exprime. « Je ne veux pas que tu m'oublies, quand il ne restera de moi qu'une masse de chair animée par un autre. »
Je pousse un profond soupir lorsque j'entends Phobos m'avertir que le dieu n'apprécie que peu ma volonté. Je me retiens difficilement de me masser les tempes. Je pense être quelqu'un de particulièrement patiente parmi mes soeurs. Mais là, je crois que ma patiente est en train de fondre rapidement. Mon agacement finit par se traduire par un secouement de tête.
-Mais quelle tête de lard ! J'ai déjà croisé des hommes mais je crois que tu en tiens une sacrée couche en termes de stupidité. Bon, on va reprendre du début puisque le fait de te secouer n'a pas l'air de faire apparaître un soupçon d'intelligence chez toi. Donc, sois gentil, oublie ton phallus deux instants face à la faible femme que je suis et rentres-toi ça dans le crâne.
Mon ton est dégoulinant de sarcasme et montre très clairement que ma patience est déjà plus que bien entamée. En m'adressant à la foi à l'homme et au dieu, j'espère qu'ils parviendront enfin à comprendre le bon sens de mes propos. C'est ma dernière tentative, la prochaine fois, j'abandonne.
-Tu es sur un champ de bataille. Pour une raison ou une autre, on t'insulte ou on te blesse. Oui, bien sûr que c'est vexant mais est-ce que, pour autant, tu dois perdre ton contrôle ? Non, car tu te mets en danger. Est-ce que tu dois t'amuser à utiliser de tes dons aussi souvent que cela te chante pour rappeler à tous que tu es un dieu ? Non, sauf si tu veux te retrouver avec une dague dans le dos car tu es considéré comme un danger pour tes compagnons. Ce n'est pas tes alliés que tu dois terroriser, Phobos. Ce sont tes ennemis. Un général est d'autant plus craint sur le champ de bataille s'il a pleinement le soutien plein et entier de ses troupes que si celles-ci sont terrorisées.
Je passe une main dans les cheveux avant de conclure.
-Je n'ai pas la prétention d'avoir connu plus de batailles que notre père mais j'en ai connu quelques unes. Je refuse de te perdre comme j'ai perdu des soeurs car tu n'as pas été capable de mettre ton égo en sourdine. Même s'il est glorieux de tomber au champ d'honneur pour une cause juste, il faut éviter de le faire pour des raisons stupides. Et la stupidité n'est pas que l'apanage des mortels, crois-moi.
Non, elle est l'apanage de tous les hommes. Le meilleur exemple est ce qui s'est passé à Troie : Paris a été le plus sombre des crétins en souhaitant la belle Hélène. Les hommes sont et resteront des effroyables crétins.
Les paroles de Phobos se font ensuite décousues. Je ne dis rien afin de lui laisser la possibilité d'exprimer ce qu'il a sur le coeur. Je ne fais pas de mouvements de recul alors qu'il souhaite que je reste à ses côtés. Je referme mes bras autour de lui pour lui offrir une étreinte réconfortante. Après être restée immobile quelques instants, je le guide doucement de façon à ce qu'on puisse s'assoir sur mon lit pour être plus à l'aise.
-Bien sûr que non, je ne t'oublierai pas Phobos. Je n'ai pas eu la joie de te porter dans mon ventre mais je t'aime comme si tu étais de mon sang. Même si tu peux être particulièrement une tête de lard par moment. Dois-je te botter les fesses tous les jours à venir pour que tu sois sûr que je ne l'oublie pas ?
Contrairement aux deux gifles que j'ai pu donné auparavant, je ne mets pas ma menace à exécution. De toutes façons, ce n'est pas une menace mais simplement une assurance que je serais prête à faire tout ce qu'il veut pour qu'il soit certain que je ne l'oublie pas.
-Tu sais, nous partons toutes un jour d'ici pour aller suivre nos propres batailles. Si tu estimes qu'il est nécessaire pour toi d'aller le retrouver alors... vas-y. Nous ne te retiendrons pas et si tu estimes avoir besoin de compagnie pour un bout de chemin, nous serons plus qu'honorées de t'accompagner un temps. Nous ne laissons jamais aller seule l'une des nôtres à sa première bataille, pourquoi le ferions-nous pour toi ? Il est toujours nécessaire d'avoir quelqu'un pour protéger ses arrières.
Je me garde cependant de dire que je pourrais être l'une de ses compagnes de route. Ce genre d'accompagnement dépend tant de lui que de la volonté de notre reine. Même si je suis encore vaillante et apte au combat, mes années de jeunesse commence à s'éloigner.
-Ne t'avises pas par contre à partir comme un voleur la nuit.
Si je ne le dis pas, je pense que Phobos connaît suffisamment notre fonctionnement qu'il risque une flèche bien placée de la garde s'il part sans avertissement. Mais quelque part aussi, j'ai le coeur qui saigne que de penser à le voir partir. Je n'en montre cependant rien face à ce trouble.
-Phobos.
Je prends une inspiration afin de peser mes mots avec soin. Je ne veux en aucun cas vexer le dieu.
-Je suis bien mal placée pour te conseiller sur la façon d'agir. Seul toi peut trouver ta voie à ce sujet. Cependant, es-tu sûr qu'il s'agit uniquement de la seule possibilité que tu as ? Sur un champ de bataille, il est bien rare de n'avoir qu'une seule possibilité. Et contrairement à ce que tu peux penser, je sais que tu as suffisamment de ressources pour trouver une solution qui satisfait tout.
Petit Phobos deviendra grand ! [PV Dante] - Dim 23 Déc - 11:17
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A mesure que la voix d'Antiope canalise les émotions humaines, c'est le dieu qui s'endort lentement, jusqu'à la prochaine fois. Sans doute Phobos ne connaîtra des jours à venir que de derniers souvenirs enfermés dans un coin de mémoire, avant que la divinité ne lui impose ce choix. Celui qu'il n'a pas réellement, caractère grignoté par la puissance que la terreur des autres lui insuffle. La prochaine bataille serait la dernière en tant que demi-homme, et s'il ne le sait encore, les paroles de l'amazone martèlent ses tempes comme s'il s'agissait presque des dernières. Et le silence retombe entre les lèvres de l'homme qui se contente d'enregistrer les conseils, sagesse qu'elle a toujours su partager avec lui, évitant sans doute qu'il ne tombe à de trop nombreuses reprises. Nuée d'orgueil grondant au fond du poitrail, c'est l'amour qu'il lui porte qui l'attache aux détails. Son odeur rassurante quand les bras se referment, pour lui qui n'a connu de famille que celles qu'il a côtoyé toute sa vie. Nul lien de sang et pourtant, à cet instant, il jurerait qu'Antiope est née avec lui. Alors, il referme ses bras à son tour et se laisser guider comme un enfant, celui qu'il est sans doute resté trop longtemps pour apprendre à raisonner avec maturité.
Evidemment, il ricane. Tête de lard, qu'elle l'appelle, notes plus tendres que quelques minutes plus tôt. Prunelles azurées qu'il reporte dans les siennes, l'ombre d'un sourire toujours ancré aux lèvres. « Tu t'ennuierais, si je n'étais pas là pour écouter tes leçons. » Mutin, le demi-dieu qui a toujours été plus spontané avec elle qu'envers toutes les autres. Connexion tissée des premiers pas effectués dans sa direction, du haut de ses quinze mois, à s'échouer dans ses bras dans un dernier cheminement maladroit; Dans le fond, sans doute que cela n'a jamais vraiment changé. Quand l'orage gronde, Antiope demeure cette ancre qui l'empêche de chavirer. Chaleur des mots qui fait vaciller le coeur, les mâchoires se font saillantes dans l'effort de demeurer impassible. Pourtant, sans doute que l'aborder à haute voix rend le départ plus réel à présent, et ça le bouscule plus encore qu'il ne l'aurait songé. « Peut-être alors, qu'un peu de compagnie ne sera pas de refus. Les premiers temps. » Qu'il répète. Nul témoignage de faiblesse, à préciser qu'un jour oui, l'envol sera réellement pris. Réconfort de savoir que la solitude - jusqu'alors inconnue - ne se rencontrerait qu'une fois qu'il serait prêt. « Jamais je ne te ferai cet affront. » De partir sans le lui dire. Précision, malgré les menaces qu'elle décrit, à sentir malgré ses airs implacables le sentiment qui la prend.
Inspiration lourde, les mots qu'elle ajoute brutalise l'organe qui s'agite derrière les côtes. « C'est lui qui me l'a dit. » Lui, le divin qui s'empare lentement mais sûrement de la liberté de son esprit. « Peut-être pourtant, comme tu le dis, qu'un autre choix se dessinera. Nous le saurons sûrement bien assez tôt. » Car l'urgence se découpe au fond des pupilles, dans cette angoisse inédite, à ne pas contrôler le prochain virage qu'emprunterait la vie.
Je le secoue gentiment lorsqu'il me dit que je serais ennuyée s'il n'était pas présent à mes leçons.
-Ne sois pas si présomptueux Phobos !
Mais quelque part, il est vrai que j'ai bien du mal à l'imaginer ne plus avoir besoin de mes leçons. Phobos est à la fois mon petit frère mais aussi quelque part le fils que je n'ai jamais pu avoir. Quelque part, je dois ressentir ce que ressentent toutes les mères lorsque leurs enfants s'envolent de leurs propres ailes. Bien sûr, je n'ai pas la prétention d'être la seule à ressentir ce genre de sentiments parmi mes soeurs à l'égard de Phobos mais je ne peux que difficilement nier ce que je ressens.
-Et ben, c'est réglé ! Pense à aller voir au plus tôt notre reine afin qu'elle soit au courant de ton souhait. Elle se fera très sûrement une choix de t'aider à affiner les préparatifs.
C'est une évidence. Toutes les reines des Amazones prennent à coeur la tâche lorsqu'il s'agit d'accompagner l'une des nôtres à sa première bataille. Comme je l'ai dit auparavant, même si c'est Phobos, je ne vois pas pourquoi nous ne ferions pas ce que nous faisons en temps normal pour les autres.
Lorsqu'il me dit qu'il ne me fera pas l'affront de partir sans m'en avertir, je suis incapable de dire un mot. Je ne peux que le serrer dans mes bras pour cacher mon émotion lorsque je me rends compte de son attention à mon égard mais aussi qu'il va vraiment partir bientôt.
Une fois que j'ai repris le contrôle de mes émotions, je m'éloigne de lui afin de répondre à sa dernière remarque concernant son avenir.
-Ne te tracasses pas tout de suite pour ça, tu auras bien assez le temps de le faire sur la route. Concentre-toi sur ce qu'il va te falloir comme affaires. Ce serait dommage que tu doives faire demi-tour moins de cinq lieues parce que tu as oublié un truc.
Et ce cas de figure arrive plus souvent qu'on pourrait le penser vu comment on en rit souvent.
