Pandora. Depuis combien de temps ne l’as-tu pas vu Luca ? Son visage te parait si loin, sa voix, son sourire. Son air d’être ailleurs aussi, à la fois présente, focalisée mais aussi… Eloignée de tout ça. Tu sais pourtant, que la Nuova Camorra compte pour elle, même si tu es conscient de son aversion envers les dieux, bien que tu n’imagines pas à quel point elle est puissante. Tu sais qu’elle t’apprécie aussi, que vos danses n’étaient pas factices que vos éclats de rire non plus. Pandora te manque, tu as l’impression qu’un gouffre vous a séparé, que ton coeur a été scié en de multiples morceaux depuis cette soirée à l’Eden Manor, nuit que tu tentes d’oublier. Sait-elle pour tes mains ? A-t-elle entendu que l'outil de travail du Dieu de l'Amour a été brûlé jusque'à ne plus être utile ? Peut-être, ce serait prétentieux de penser que tu es le centre de toutes les conversations Luca. Que sais-tu de ses derniers mois à elle ? Rien.
Mais tu n'y penses pas à tout ça, tu essayes en tout cas. Ton corps va mieux, Eros abrite son vassal sous ses ailes blanches même si parfois, l’esprit, lui, parfois il dérape encore. Les cauchemars, les nuits sans sommeil, la fatigue, tout ça est encore sous ta carne Luca. Ça broie la naïveté, ça fait exploser la joie, c’est trop puissant, trop douloureux, même pour toi. Mais tu n’y penses pas souvent, seul l’hybris peut déclencher ce malaise dans ton coeur, seul l’hybris est capable de stopper l’union parfaite entre Eros et son vassal. Tant que les deux vivront en harmonie, tant que l’un sera lumière et l’autre énergie, il n’y a pas de toute sur la fin de ton existence Luca. Elle sera brillante et unique.


Bras chargés de victuailles, tu en as surement fait trop, mais c’est Pandora. Et surtout, avec Sybille qui est enceinte, tu as tendance à voir toujours trop gros sur le nombre de paquet de gâteaux. Pas sur que la déesse mange autant mais tu te dis qu’il faut la nourrir pour deux, non ? Pandora n’est pas enceint,  elle, mais… Tu as perdu l’habitude de faire des courses pour seulement deux. Alors c’est avec des sacs remplis, pâte à pizza fraiche, tomates d’Italie, basilic et fromage fondant et dessert surprise que tu débarques à Historical District, à 20h. Tu n’as pas prévenu, peut-être qu’elle n'est pas  chez elle et tu seras d’humeur bougonne si c’est le cas. Mais comment lui en vouloir, un sms avant ton arrivée aurait peut-être été plus intelligent, non Luca ?
La vision entachée par les sacs, tu as du mal à savoir où frapper. Sonnette invisible, bras trop chargés, l’unique solution est… de crier.  « MISS IOANNIS ? APPAREMENT IL Y A UN FOU FURIEUX À VOTRE PORTE ! » Tu t’arrêtes subitement, sans aucune gêne mais avec un mot qui te reste en travers de la gorge et tu reprends de plus belle  « … UN FOU FURIEUX SÉDUISANT ! »  Là c’est mieux.

Et elle là, Pandora. Devant toi, la mine réjouie, un sourire comme on n’en fait plus et une frange qui accentue la ligne de son regard. Elle est là et qu’est ce qu’elle te manqué Luca. Humaine, peut-être, mais jamais tu l’as considéré comme inférieur à ton rang. Pandora Ioannis est une divine à tes yeux, elle brille autant que les auras des dieux. Alors quand elle te saute dans les bras et qu’elle te comprime avec ses muscles de guerrière, tu ne peux t’empêcher de rire face à une telle joie. C’est rare, par les temps qui courent, de sentir le bonheur crépiter dans les coeurs des membres des mafias. Tous ont la tête ailleurs, sur un champ de bataille qui se fait attendre car Arcadia est un no man’s land depuis les alliances.
La main sur ta joue, le surnom utilisé, tu ne réponds pas, hypnotisé par ce visage de poupée qui a toujours eu l’effet d’une flèche plantée dans ton myocarde. Toi qui donne l’impression de tomber amoureux toutes les minutes Luca, Pandora, tu aurais pu l’aimer comme une femme si tu ne l’avais pas d’abord aimé comme une amie et une protégée.  « Besoin de nouveauté et de fraicheur. Les boucles repousseront quand l’Amour l’aura décidé. » Poète des temps moderne, petit jouer qui ne calcule rien, tu t’empresses d’entrer dans son appartement pour déposer les sacs qui portent lourds. La veste est retirée et sous la remarque de la jeune Ioannis, tu ne peux t’empêcher d’arquer un sourcil  « Du vin, du jus de fruits et… du nectar pour moi. » Insensible depuis quelques mois à l’alcool, bien que tu n’en ai jamais raffolé, tu appréciais tout de même un bon vin pour accompagner un diner. Le nectar remplace l'alcool humain, et puis ce petit goût de reviens-y fait crépiter le coeur d'Eros. Il a toujours apprécié la boisson divine et il te quémande de l'aimer à ton tour.
Debout, sortant un à un tes achats, déposant la pâte fraiche roulée dans un sachet en papier, tu te sens déjà chez toi alors même que tu viens d’arriver. Et comme un glitch dans le crâne, tu te souviens que tu ne l’as pas prévenu et que peut-être tu la déranges Pandora. Luca et les priorités, tu as toujours mis ta petite personne et la nourriture avant les autres. Mauvaise habitude que tu devrais revoir.  « Je ne te dérange pas au moins ? Je m’installe sans te demander si… On peut diner ensemble.... La prochaine fois, j’enverrais un carton d’invitation ! » L’humour toujours pas pour rattraper tes frasques. Le comptoir abandonné, tu te rapproches de l’humaine et ose enfin la toucher. Paumes brûlées, moins douces mais toujours aussi magiques, l'une s’arrime à sa joue, tendresse et amour glissé sous la pulpe des doigts.  « J’ai l’impression que ça fait des années que je ne t’ai pas vu…  Je suis désolé de ce silence Pandora» Et de tout ce qui se prépare dans les rues d’Arcadia.

Un amant sous la table. Vu la beauté de la jeune femme, Luca n’en serait même pas étonné. C’est son célibat qui le surprenait toujours autant à vrai dire. Elle qui avait un visage de poupée et un caractère bien trempé, la retrouver seule, un soir de semaine, avec son ordinateur comme unique compagnon désolait l’Ange. N’avait-il pas l’Amour sous la pulpe ? Ne pouvait-il pas l’air à trouver quelqu’un qui ferait crépiter son coeur et lui redonner un peu d’espoir ? Luca sentait bien que quelque chose clochait chez son amie, une sorte de sixième sens, les émotions virevoltantes dans la pièce ne lui donnant qu’une saveur amère. Quelque chose n’allait pas chez Pandora, il la connaissait assez pour sentir que dans ce regard, bien qu’attendrissant, un feu lui rongeait la carne. Mais le baiser sur la joue fut comme un revers de main, l’impression disparue aussi vite sous les mots de la jeune Ioannis. Trop facile d’éteindre les soupçons dans ton coeur Luca, apportez-y un peu de douceur et noirceur sera mise de côté sans pour autant être oubliée.

Bout de nez attrapé, adulte au visage d’enfant et sourire porteur de gamineries, il ne pu s’empêcher d’étouffer un rire le Dieu de l’Amour, face à sa réplique.  « Je te dirais tout mais….» Silence théâtral dans l’assemblée, le regard céruléen qui s’arrêta dans celui de sa jeune amie.  « Ne me parle pas des Mexicains. Cette alliance me… J’apprécie beaucoup Bellandi… » Sa peau, son coeur, ses émotions, ses reins, son dieu, sou souffle bouillant.  « Mais je n’accepte pas cette union….La Calavera. Manquerait plus qu’on aille glaner quelques soldats chez les russes… Si c’est le cas, je dépose ma démission ! » Ce ne sont pas les hommes des clans adverses qui le dérangeaient mais leur violence. Leur goût pour le sang, la haine viscérale de la vie qui trépignait dans le myocarde d’Eros. Sous-boss peut-être, mais le dégoût des armes toujours au creux des entrailles. Lui qui pouvait faire plier les autres sans faire couler une goutte de sang, il ne pouvait accepter que ses semblables est la saveur du meurtre comme préférence.

Quelques pas dans la salle l’amenèrent à s’asseoir au comptoir, les coudes sur la surface et le menton dans les paumes. Le regard qui lorgnait à la fois sur les achats et la cuisine de Pandora, il ne se retourna pas quand il reprit la parole.  « Qu’as-tu fait ? Pendant toute cette période, j’ai… Très peu entendu parler de toi…. On sait tous les deux que tu es discrète mais…Mademoiselle Pandora a toujours des rumeurs qui tournent autour d’elle…» Curiosité qui revient au galop, c’est vrai qu’il est étonné Luca, de n’avoir jamais entendu son prénom dans les couloirs du QG, comme si… Depuis quelques temps, Pandora était invisible, ailleurs, à côté d’un monde qui, pourtant, tonnait chaque soir pour prévenir de la tempête.

Pandora, elle passe d’une conversation à une autre, sans jamais s’arrêter sur l’élément principal. Elle. Dès que l’Amour essaye de parler de son présent, de ce qui se passe dans sa vie, elle s’en sort par une pirouette, un trait d’humour. Un tire bouchon d’attrapé  et zoup’, la conversation sur elle saute comme le bouchon de la bouteille.  Luca s’en fiche de Julius, il n’en a que faire de l’homme aux petites lunettes. C’est elle qui l’intéresse. Elle et sa façon de changer de conversation. Elle et sa facilité à le remettre lui sur le tapis. Elle qui ne reste pas plus de 10 secondes à parler de sa petite personne. Luca se sait égoïste, Luca aime être au centre du monde et des conversations. Il aime se pavaner, sourire, parler encore et encore mais… Pas avec Pandora. Pas alors que la guerre est à leurs portes. Pas en sachant que l’humaine n’a jamais beaucoup apprécié ses homologues même si elle reste dans leur rang. Pas avec tout ça.

La bouteille a sa droite, Luca en sert un verre à Pandora et… A lui aussi. Tant pis pour le nectar, il préfère garder toute sa tête quand il va devoir froncer les yeux et se mettre en colère. Les yeux qui se posent sur ses mains, Pandora sait y faire, avec les conversations qui ne peuvent se terminer par un silence. S’il n’explique pas, elle pensera qu’il lui cache quelque chose. S’il commence à en parler, il devra obligatoirement tout lui raconter Le verre attrapé, la saveur du vin qui éveille ses sens, il prend quelques instants avant de commencer.  « J’ai voulu sauver des gens qui ne voulaient pas être sauvé. » Contrôlés par une force obscure qui, encore aujourd’hui, malgré la Grèce, les calmants et les discussions avec Sybille, arrache des tremblements au dieu de l’Amour.  « Et j’ai touché un objet divin qui m’était interdit d’attraper… Apparement.» Sans sureté, vu que cette pomme, il ne sait même pas où elle a terminé. Qui l’a récupéré au final ? Est-elle toujours à l’Eden Manor ? Il n’en a rien faire le sous-boss, les cauchemars qui entourent cet objet ne lui donnant pas envie d’y réfléchir plus que ça.  « Il se passe beaucoup de choses en ce moment… Les "alliances" » Lâchant le verre pour illustrer les guillemets avec les doigts, on sent la moquerie dans la voix de l’Amour. C’est presque rare de le voir se mettre en recul face à une décision d’Alcide. «… Les enlèvement, les quartiers d’attaqués… Chaos….L’éclipse. » Une éclipse qui n’était pas prévue. En tant que Dieu grec, Luca apprécie suivre les bulletins météorologiques et surtout, les annonces d’éclipse et de tempêtes. Vu qu’à chaque fois depuis un an, ça fout la merde partout, autant être près pour la prochaine. Le verre a nouveau attrapé, seconde gorgée et le menton est posé dans le creux des pommes, coudes sur le comptoir. Comme un enfant qui va pourtant parler comme un adulte.  « Je sais que tu me caches quelque chose Pandora. Je n’ai pas de lunettes, j’ai une vue parfaite et surtout… Je suis le dieu des émotions. J’ai senti quelque chose en toi qui… n’est pas habituel. » Les yeux ne sont pas durs, les mots, pas violents. Et pourtant, dans le regard de l’Amour, il y a quelque chose de triste, une pointe d’amertume. « Je nous croyais amis Pandora… Si tel est le cas, je suis là… Je ne pars pas. Un monde sans Amour, ce serait triste non ? » Ce serait invivable.

Le ton utilisé par Pandora te fait arquer un sourcil. Tu sens que quelque chose a changé chez elle, que son coeur n’est plus le même, que… L’incendie a beau brûler encore dans sa carcasse, il y a quelque chose que tu ne reconnais pas. Pandora n’a pas changé, non, elle a…. progressé. Vers une donnée qui t’est encore inconnue et ça t’inquiète un peu Luca. Tu ne comprends pas et ne pas comprendre te met dans une position de faiblesse qui ne plait guère à Eros. Lui qui a l’habitude de contrôler la majorité des coeurs et des émotions, face à celles de la jeune Ioannis, il est aveugle. Aveugle et muet, tout comme toi, ant sa réplique sur sa frange te laisse encore plus dans le noir. Pourquoi s’amuser à se mettre un postiche ? Elle est bien assez jolie comme ça et surtout… Ce n’est pas du style de Pandora de passer des heures devant un miroir pour son physique. Plus du genre à mettre un pantalon à la va-vite, prendre une arme et partir au pas de course à l’appel d’un combat. Mais elle veut te dire quelque chose, elle le dit clairement et a besoin de ton téléphone. Soit. Il ne s’agit pas de celui du boulot, deux portables dans les poches, un pour la Camorra, un pour tes contacts perso. Tu lui files le second et te dirige, verre en main, vers le salon.

L’inquiétude qui se lie déjà sur les traits de l’Amour, frère sans soeur, père sans enfant, ami et créateur de tous si on en croit les légendes. Tu as beau ne pas avoir de famille au sens strict du terme, c’est pour toute la Camorra et même pour tous les coeurs que le tien bourdonne. Alors, avoir Pandora perdue ou simplement sous le joug d’une information qui la met dans une position délicate, t’ennuie beaucoup. Assis sur le canapé, une gorgée avalée, tu reposes la coupe sur la petite table et attend. La mine est sérieuse, Pandora qui ne connait de toi que l’homme jovial et toujours prêt à faire sourire les autres, va découvrir petit à petit le sous-boss et l’homme qui a toujours eu dans ses paumes, la confiance totale d’une mafia qui ne jure que par le crime et la révolte.  « Tu sais que je suis du genre impatient Pandora… Et inquiet aussi. » La voix qui tonne dans l’appartement, l’attente palpable qui agace un peu le dieu, il a besoin de comprendre pour savoir où se positionner. Et connaissent bien Miss Ioannis, il s’attend à tout Luca. Du moins… Il pense bien la connaitre. Et c’est bien ça qui l’inquiète le plus, la peur de découvrir que son amie n’avait été qu’une mascarade depuis le début.

Il reste dubitatif face au petit spectacle de Pandora. Elle bouge de droite à gauche, fermer les volets, appuie sur des boutons, débranche tout ce qu’elle peut trouver. Lui qui n’a jamais vu d’espions en vrai, à l’impression de se retrouver dans un vieux film où un agent secret se doit de tout vérifier avant de passer aux aveux. Il se sentira presque mal à l’aise le sous boss, de voir son ami vriller comme une toupie, sentant son stress quand elle passe à côté de lui et le frôle. Les pouvoirs d’activés, il sait que s’il la touchait, il exploserait sous une pression émotive dont seule la Ioannis peut-être le vassal. Elle est l’unique à contenir aussi bien ses émotions, même dans la Camorra, aucun soldat ou capo, ou sous boss n’est capable de se maitriser autant qu’elle. Alors il sait, Luca, que s’il la touchait, il la ferait exploser comme lui brûlerait sous le feu qui la consumme d’année en année. Il aimerait que Pandora se calme, arrête de passer d’un aventure à une autre, qu’elle prenne du temps pour elle, pour respirer. Mais ce ne serait pas Pandora si c’était le cas, ce serait un pastiche, une jumelle qui ne lui arrivera jamais à la cheville.
10 minutes, okey. 10minutes pour quoi, il n’en a aucune idée. On peut tirer son coup en 10 minutes, il le sait parfaitement Luca. On peut aussi tuer en 10min, même si lui, aurait besoin de beaucoup plus de temps pour s’y faire. On peut appeler Domino’s Pizza en 10 minutes si les courses ne lui conviennent pas. 10 minutes, c’est long, on peut faire tellement de choses qu’il ne comprend pas réellement le besoin de se couper entièrement du monde. Car c’est bien ce qu’elle a fait Pandora, elle les a mis dans une bulle. Luca n’est peut-être pas le soldat qu’on imagine, il n’a jamais tenu d’arme et jamais fait couler de sang de ses propres mains. Mais il est intelligent et surtout, il a le rôle titre des curieux d’Arcadia. Alors ce que vient faire Pandora, il en a compris tout les mécanismes, a compris que les boutons appuyés ne sont que des brouilleurs pour leur éviter d’être écouté, que l coupure d’internet est là pour les immerger dans une bulle non connectée. Il a tout compris mais n’en voit toujours pas la raison. Alors il reste dans le silence, écoute les mots de la jeune femme et fronce les sourcils quand elle lui parle de l’éclipse. Il en a entendu parlé, les rumeurs vont vite bien que beaucoup de choses soient totalement fausses. Pas qu’il n’y croit pas, aux monstres et aux héros, mais il a besoin d’être témoin pour être certain de la véracité des propos. Et la preuve, elle lui arrive en pleine face en la personne de Pandora Ioannis.

Il reste immobile, la révélation faisant office de coup de poing. Il sait ce que ça veut dire, les héros ne sont pas là pour être les copains des Dieux, encore moins Pandore qui a été à la base des vices de l’humanité. Et il connait Pandora et ses problèmes avec les divinités. Alors il remet le masque Luca, utilise ce qu’il a de plus fort pour contrer le malaise, l’humour. Et ça, personne ne peut se douter qu’il feint le dieu de l’amour.  « Je sais que tu es Pandora. On m’a brûlé les mains, pas le cerveau. Je te connais depuis des années, je me souviens quand même de ton prénom !» Il étouffe un rire et se lève à son tour, verre en main pour aller se servir du jus de fruits - pas du nectar, ça mettrait la puce à l’oreille du malaise qui ébranle le dieu.  « Je rigole mais… Comment tu le sais ? Tu… t’es réveillée comme ça, en comprenant que tu étais elle et plus toi ? Y’a eu des rumeurs qui trainaient mais… Tu me connais, moi et les rumeurs… Je n’y crois pas. » Une gorgée est avalée, il revient sur ses pas et se place devant la jeune femme.  « Ça signifie quoi Pandora ? Tout ce bazar, pourquoi tu nous mets dans une bulle où personne ne peut nous écouter ? Tu crois que… En tant qu’elle, tu es en danger ? » La min est sérieuse, l’ami est affecté, le dieu est curieux, le sous-boss… Veut comprendre avant que sa famille se mette à la chercher. On parle de Pandore, créé des mains de Zeus, vassale de qualités venant d’Hera, Athéna ou encore Hermes. On parle de Pandore, pas de n’importe qui. Et Luca a besoin de savoir pour mieux protéger son amie, son rang et les siens..

Pandora n’est pas bien, il le sent Luca. Elle ne rigole plus, ne se moque pas de lui, réagit à peine au trait d’humour dont il a fait preuve. C’est grave ce qui se passe, Luca et Eros le sentent et les deux ensembles se focalisent sur la Ioannis. Elle a toujours été différente, plus forte que les hommes qu’il a eu sous son commandement quand il était capo, plus intelligente aussi. Pas que les italiens aient un petit pois à la place du cerveau, ça, c’est plutôt les mexicains et leur Cavalera, mais Pandora a toujours eu sa préférence. Peut-être son humanité mêlée à sa froideur, sa rage d’équilibre et son besoin de rester là malgré sa haine du divin. Un mélange de tout ce qui fait d’elle, elle.  Et perdre cette Pandora au profit d’une héroïne, ça le blesse le dieu grec. Il avait trouvé un équilibre et petit à petit il lui échappe. Tout comme elle, tout comme eux, leur monde s’écroule, change, les met en danger alors qu’ils avaient réussi à presque vivre en paix. Les mafias lui hérissent le poils à Luca, il n’aime pas la violence et chaque jour est un peu plus difficile quand il entend la volonté d’Alcide de s’unir à la mafia mexicaine pour acquérir une force de frappe plus violente. Pas qu’il apprécie les méthodes de la Bratva ou du Royaume, il les met tous dans le même sac. Il n’y a peut-être que les Enfants Terribles, leurs drogues et leur indépendance qu’il appréciait. Mais ça c’était avant les alliances. Lui aussi est paumé, lui aussi ne sait plus quoi faire, et d’heure en heure, sa décision de disparaitre des rangs de la Camorra s’affine. Ça va trop loin, lui ne pourra plus contrôler Eros quand la violence sera au coeur de sa mafia. Il explosera et personne ne veut voir les émotions vibrer au point de devenir des grenades.

L’oreille attentive, il essaye d’ancrer dans son esprit toutes les informations données par son amie. La violence du réveil n’a d’égale que la récurrence de dieux à 16ans. La majorité des Primus savaient ce qui allait leur arriver, mais Pandora ou ces novum, c’est autre chose. Ne pas savoir que votre corps n’est qu’un simple respectable dans l’attente de quelqu’un d’autre, c’est perturbant à découvrir. On peut se battre, on peut conquérir plus d’espace mais il est toujours difficile d’accepter qu’on n’est qu’une simple enveloppe parfaitement construite pour recevoir une autre âme. Il écoute, attentif, attend qu’elle ait fini, la question termine l’explication, tout comme l’évocation de la peur de mourir ou de détruire le panthéon grec. Il déglutit difficilement mais cache le malaise. Pandore, n’est-ce pas Hermes qui s’est joué d’elle en lui donnant la curiosité, foutant en l’air toutes les autres émotions tissées par les dieux ? Petit poupée cousue par les mains des divins, il comprend son malaise et sa peine. Sa rage aussi, à l’héroïne. Elle n’était que le pantin des dieux, elle a souffert à cause d’eux. « Le dieu aussi choisi son corps Pandora. Primus ou novum, il… décide. » C’est un choix différent, les dieux se réincarnant depuis des millénaires mais ça reste une décision. « Même si c’est différent des nouveaux dieux ou… Visiblement des héros, sache que ce n’est ni du hasard ni avec gaité de coeur que nous acceptons. » Elle ne le plaindra pas et ce n’est pas ce qui recherche le dieu. Il veut juste lui monter qu’au fond, ils ne sont pas si différents tous les deux. « Quand j’ai été réincarné, j’étais conscient que ça allait arrivé mais… C’était traumatisant… Pour tout te dire, j’ai utilisé mon don sans le savoir, j’ai fait exploser la jalousie d’une de mes partenaires de danse à 16ans et … » Le souvenir est toujours douloureux, la violence de l’attaque, la rage dans le visage, l’affliction, du corps, du coeur, de l’homme et du dieu. « Elle m’a frappé à mort. Avec ses pointes. » Pandora sait, que les pointes de danseur, sont en métal. Et ça fait mal, de se retrouver frapper par des chaussons de danse alors qu’on a 16ans et le corps d’un enfant.

Il boit une légère gorgée le sous-boss, réfléchit un peu et se décide d’attraper la main de Pandora. On y lit de la tendresse dans son geste, pas de la pitié. Jamais avec Pandora. « Écoute… Personne ne saura. Je t’aiderais.  Tu me connais assez pour savoir que je ne valide pas les méthodes des mafias, ça me répugne plus qu’autre chose de les voir se battre pour un territoire. Ils ne sont pas conscients de ce qu’ils font, ils sont… » Stupides ? Cons ? Incapables de voir autre chose que leur petite fierté ? Il ne le dira pas mais le pense assez fort pour que Pandora l’entende. « Ce qui s’est passé à l’Eden Manor, les humains contrôlés durant cette nuit, Chaos, l’éclipse et maintenant vous, les héros… C’est plus important que cette foutue guerre de gang. Y’a une vraie bataille qui se prépare mia Pandora. » l’ltalien qui glisse dans l’anglais, délicat. « Ils ne se rendent pas compte qu’ils sont entrain de perdre en se battant sur le mauvais champ de bataille. » Un sourire, léger, un peu douloureux, plus du tout amusant. Les mains sont maintenues entre les siennes, les paumes qui chauffent la peau de la jeune Ioannis. « Et tu es plus forte qu’eux et surtout… plus forte qu’elle Pandora. Ne l’écrase pas, se serait trop douloureux mais… Contrôle là. L’espoir est plus fort que la vengeance, tout comme l’Amour est plus fort que la Rage. » Et il l’a prouvé Luca, maintes et maintes fois qu’il avait toujours le dernier mot, qu’importe les batailles.« Et je ne sais pas pour la boite mais... je peux t'aider à trouver.» Je peux t'aider à leur faire face.