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Tu es parti, je suis resté, on a changé.

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Tu es parti, je suis resté, on a changé. - Ven 25 Jan - 14:55



"Et j'ose pas trop le dire mais tu me manques.
Et J'suis heureux à cet instant
de pouvoir simplement te regarder. "


Il fait les cents pas dans le bureau, incapable de se calmer alors qu’il voit l’heure approcher. Selda va bientôt arriver, il lui a demandé de le rejoindre dans son bureau pour 19h. Ça fait trente minutes qu’il attend, en avance, comme toujours, incapable de rester à la salle pour s’entrainer. Il a demandé à Joaquin de voir Selda avant lui, de lui parler, d’avoir des explications avant qu’elle passe chez le commandante. Il espère avoir ce qu’il veut, que ça suffira pour calmer les rumeurs, que Selda n’est pas une traitre, qu’elle saura leur donner tort à tout ceux qui parlent sur sa tête. Il y croit fort, Jan, au point de se péter les phalanges à force de croiser les doigts.
Il a faim, a beau avoir mangé un énorme goûter y’a une petite heure, les émotions creusent son estomac encore plus fortement que le dieu mordant sa carne. Le ventre gronde, mais il ne l’écoute pas. Trop de choses dans la tête, trop de colère, d’inquiétude, de questions sans réponses, d’incompréhension aussi. Pourquoi s’est-elle barrée sans lui dire ? Pourquoi elle et Maciej ont fait leur petite vendetta sans prévenir les gradés ? À force de jouer aux cons, ils vont se prendre plus que des remontrances et cette fois-ci, le capitano ne sera pas là pour les arrondir les angles. Pire, il pourrait être celui appuyant sur la queue de détente. Selda fait n’importe quoi depuis quelques temps. Les extraits videos leakés au cours des derniers mois la montrant en relation avec les ruskov, puis leur abandon de poste, puis… Putà ! c’est hurlé en balançant un dossier d’un revers de mains. Il sait qu’il doit réagir en capitano, mettre l’ami et surtout le frère d’adoption de côté. Il ne peut pas se permettre de laisser ses émotions transpirer, de lui montrer qu’elle l’a blessé quand elle est partie sans un mot pour le prévenir. Putain Selda, il peut pas vivre sans toi. Qu’est ce qui t’a pris de ne pas lui avoir dit ? Qu’est ce qui t’a pris de le laisser comme ça, sans aucune information alors que lui t’a tout dit ?  Faux. Les poings sont clos sous la pensée. Mensonge éhonté, Jan se sait aussi responsable que la sicaria, n’a pas tout dit, n’a jamais tout révélé. N’a pas-t-il fuit en septembre, après la torture de Carmen ? Lui a-t-il raconté que Maria l’a soigné ? Qu’il a débuté une relation avec le commandante ? Non, les leaks ont fait le travail pour lui, tissant des semi-vérités au creux de l’esprit de la tueuse à gage. On le dit malade, on le dit mourant, on le dit aimé par le commandante, on le dit faible et sur le point de tomber. On dit pleins de choses sur Flores mais qu’une partie est vérité.  Miralles aura besoin de savoir. Non, elle a le droit de savoir ce qui est vrai, ce qui est faux, ce que Jan veut réellement cacher.

Alors il attend, sait parfaitement qu’il va se prendre une tornade quand Selda va ouvrir sa bouche pour lui dire que lui aussi, il a foiré. Lui n’a pas été là, lui n’a rien fait pour l’aider. Egoïsme toujours présent chez le capitano, qui pense tout donner mais qui oublie parfois, qu’il n’est pas le seul à compter.
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Tu es parti, je suis resté, on a changé. - Sam 26 Jan - 23:05


Si le bateau coule, si le bateau sombre
Je te suivrais, je serais comme ton ombre
Tu me trouveras toujours dans ton sillon
Dans les sales moments comme dans les bons.



Pas envie, sûrement, d'y aller. Loin d'être masochiste, et elle sait déjà ce pourquoi elle va ramasser. Pas besoin d'un dessin, à l'avoir vue, la vidéo d'merde qui est sortie avec toutes les autres. Elle était encore pas remise de celle de Maciej, celle qu'elle a regardé jusqu'au bout, hypnotisée par la scène sur son écran. Putain de connerie, comme la dernière fois, quand elle l'a vu en direct. Elle s'y fait pas. Elle s'y fera pas ? Elle avait encore les images ancrées dans l'crâne, à se demander qui d'autre l'avait déjà vue, comment il avait pu laisser filer un témoin. Colère ruminée à son égard avec bien trop de facilité. Puis, y'avait eu le reste, aussi. Révélations trop nombreuses percutant son crâne. Le prénom de Jan ressortant plus souvent qu'un autre, dans l'esprit biaisé. Un peu trop souvent, d'ailleurs, pour qu'elle ne se mette pas à ruminer. A sentir le poitrail se recroqueviller, en découvrant une à une ces informations en même temps que tout le monde. Que n'importe qui. Pas habituée, Selda, à tant ignorer de lui. Fossé comblé fragilement, à s'être dévoilés quelques mois auparavant. Sensation éphémère d'avoir doucement balayé les non-dits. Mais c'est qu'il y'en a des secrets à garder, pour elle et lui. A la pelle. Qui s'accumulent et emmêlent la confiance. Elle lui a pas tout dit, non plus, faut pas s'leurrer. Preuve en a été, sous ses pupilles contrariées, à reconnaître sa silhouette aux côtés de celle d'Aleksandr, image emmerdante pour l'un comme pour l'autre. Dès ce moment-là, elle l'a attendue. La convocation inévitable. Familia qu'elle connaît bien, trop bien, malgré ce que laisse présager ses actes des dernières semaines. A ne pas douter une seconde des vagues que pourrait faire ce genre de doute, immiscé dans l'esprit d'un commandante ou d'un capitano avec lesquels ont déjà été camouflés quelques sujets sensibles. Et qu'est-ce-qu'elle pourrait confesser, au juste ? Qu'elle fricote avec les Russes ? Foutaise. Elle en regrette la connerie faite d'avoir rejoint le Beliakov, à quémander son dû, après leur dernière entrevue.

Tout ce à quoi elle pense, en franchissant les portes, échine glacée par le putain de froid hivernal. Elle aime pas ça, s'peler le cul, ça la met déjà de sale humeur avant de commencer. Comme si y'avait que ça qui la travaillait. Malhonnête comme jamais, sûrement qu'il y'a bien qu'un truc qui l'obnubile depuis qu'elle a reçu le message. S'dire qu'elle va le voir. Après s'être imaginé son état, ce sale état dans lequel on le décrivait, aux dernières nouvelles. Ça aussi, elle l'a appris par voie détournée. Déconnectée de la réalité, ça s'est imprimé davantage à mesure que les divulgations gagnaient en sévérité. Que reste-t'il du Jan qu'elle a laissé, avant d'se barrer ? Tiraillement dans les entrailles, à gravir les marches des escaliers, pas foutue de tenir en place dans une cage d'ascenseur sans s'exploser les phalanges contre les parois. Pas sereine, la Miralles, givre des veines qui peine à s'maintenir. Faut pas qu'elle vrille, pourtant elle a les nerfs. L'appréhension en entrave de sa trachée, le courroux d'une soeur laissée sur la touche, à qui il ne s'est pas confié. Mauvaise foi brandie en étendard de ses sourcils froncés, l'éclat des prunelles l'annonce déjà comme renfrognée, à peine frappe-t'elle à la porte du bureau. Nul besoin de préciser qu'elle ne s'annonce que pour gagner du temps, hésiter devant pour mieux ouvrir sans prétendre à une douceur qu'elle ne connaît pas. Pas même avec lui. Pas quand tous les échanges entre elle et le monde se font plus brutaux à mesure que le temps passe. Patience qui trépasse et urgence qui lacère sa peau depuis qu'elle s'est cassée avec le sicario. Repères mis à mal quand tout s'égare. « Holà. » Qu'elle lâche, un peu conne, plantée sur le pas de la porte, stoppée dans son élan. Interdite, de le voir sur ses deux pieds, avec une mine certainement moins affligeante que celle qu'elle n'a cessé de lui imaginer. Pas à l'article de la mort, où alors, il sait l'cacher. C'est ce qu'elle ne tarde pas à avancer, mains dans les poches de sa veste d'un air faussement nonchalant. « J'vois qu'tu tiens encore debout. » Elle n'arrive pas à sourire, zygomatiques desséchés qui restent paralysés. Pourtant, dans le bordel d'émotions qui se fracassent dans la chair, y'a bien le soulagement certain qui se dessine et fait frémir les nerfs. Les assouplirait presque, si y'avait pas tout le reste. Le ton qui se fait machinalement un peu narquois. « Faudrait donc pas croire tout c'qu'on lit ? » Langue qui s'met à dérailler de manière inappropriée. Elle n'a jamais été foutue de faire semblant, avec lui, pas même quand elle aimerait rester de marbre, ne rien souffler jusqu'à ce qu'il ne parle le premier. Trop sur la défensive, à tâcher de retourner le tout sur l'attaque. Parce qu'elle en a à dire, elle aussi, et qu'si le palpitant s'accélère un peu à force de le regarder, de percuter qu'il est bien là, ça n'efface rien du temps d'absence. De ces silences troublés par d'autres, greffant les idées dans les méninges parce qu'ils n'étaient pas là pour s'expliquer. Pour balayer les conneries. Mettre tout à plat. Et sûrement qu'elle a fait l'autruche, mais qu'y'a rien qu'elle ne se reproche autant que ce qu'elle lui reproche à lui. Que têtue comme elle est, à ôter son manteau et à le poser sur le dossier d'un fauteuil d'un geste faussement détaché, les explications risquent d'être assez bornées. Lancer les hostilités avant qu'il n'ait le temps de le faire. Se protéger derrière ses grands airs, coeur de pierre qui se disloque pourtant dès que les yeux noirs reviennent s'entrechoquer.
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Tu es parti, je suis resté, on a changé. - Mar 29 Jan - 7:56



"Et j'ose pas trop le dire mais tu me manques.
Et J'suis heureux à cet instant
de pouvoir simplement te regarder. "


Il sait gérer ce type d’entretien, Jan, sait comment faire plier les hommes qui lui mentent en pensant s’en tirer. Lui dont le visage est comme celui d’un enfant, il n’en a pourtant ni l’innocence, ni la légèreté quand il est question de lâcheté. Mais pourquoi tous les noms accolés à ce terme sont ceux des femmes qu’il aime ? Gabriela, Selda, Emiko, pas d’hommes, pas d’inconnus.  Il ne comprend pas, le capitano, sent la colère monter en lui comme une cocotte sous pression. Ce sont-elles rapprocher de lui pour attendre ce moment ? Ont-elles fait plier le petit chat de la Calavera pour mieux le poignarder dans le dos ? Pas logique qu’il se répète, pas possible qu’il espère. Pourtant, dans le ventre, ça monte. Rugissement animal du félin qui sommeille en lui, cri de jouissance du dieu de la Mort qui ne cesse de s’éveiller jour après jour, comme appelé sur le ring. Comme prêt à tout brûler, surtout ceux qui ont trahis sa récurrence.

Gabriela, Selda, Emiko.
Les trois prénoms sont murmurés, les trois prénoms sont haïs, aimés, chéris, détestés.
Impossible à comprendre, impossible de s’imaginer ce qu’il leur fera si les rumeurs s’avèrent réelles.
Pas de plomb par l’arrière, on les respecte assez pour que le canon soit fiché entre les deux yeux, le regard ancré, la colère bourdonnante mais l’amour, bien réel.

Ça frappe à la porte, ça ouvre et la tête renfrognée de Selda apparait dans un Holà qui ne lui ressemble guère. Il s’attend a voir une tempête, c’est un visage étonné qu’il découvre sur le pas de sa porte. Elle a l’air épuisé, qu’il pense immédiatement. Frère de substitution, jumeau accolé à la sicaria, plus les années passent et plus les deux se ressemblent. Deux gouttes de sang, à défaut d’être d’eau, les yeux de chats, les cheveux sombres et l’allure des êtres qu’on imagine incapable de faire preuve d’autant de violence. Même si Selda a plus la tête de l’emploi, surement le côté lunaire des astres qu’ils représentent.
Geste d’une main, machinal quand il est dans son bureau. Poitrail relevé, menton haut, capitano prêt à chiquer, quant à l’homme, il aurait presque peur de ce qu’il est réellement capable de faire sous la déception.  Les visages sont placides, soldats avec la même angoisse au fond des entrailles. Il te connait Selda, fait pas genre que tout va bien. T’as l’air de ceux qui tentent mais qui n’y arrivent pas, les cernes creusées qui prouvent que tes nuits sont plus claires qu’elles devraient l’être, comme entachées par un malaise impossible à foutre à terre. J’croyais que les rumeurs, c’était pas ton truc. Qu’il balance, glace à la place du feu, préférant resté en arrière plutôt que de voir son reflet dans ses prunelles de sa Selda. Ça lui ferait trop mal, à Jan, de se rapprocher et de se rendre compte qu’ils sont pareils. De s’regarder et d’y voir sa propre trahison, envers sa jumelle.  Menteurs, joueurs, incapable d’aimer sans briser, incapable de rester calme quand le coeur bourdonne sous les pulsations de la rage. Plus l’amour est fort, plus la colère est bouillante. Ça fait longtemps. Trop à son goût, que ce soit l’ami, le frère, le capitano, elle lui manquait Selda mais il ne le dira pas maintenant. C’est pas le moment pour le coeur, la tête doit vaincre cette fois.  À force de vivre avec Joaquin, il en prend, des façons d’causer, à lui. Moins de mots,  plus de confiance, les émotions absentes. Pas qu’il ait changé, Jan a juste repris son rôle et ses responsabilités maintenant que le corps n’est plus souffrant et que la tête n’est plus sur le point d’exploser. La maladie abandonnée a aussi laisser place à un capitano tout neuf. Lui n’a plus la gorge qui vibre sous les tremblements, les cernes sont amoindries, le corps a repris du poids et l’esprit a retrouvé  son mordant. Il est loin, le temps des câlins, Selda. Va falloir s’y faire, même s’il a envie, à cet instant, de broyer ton p’tit corps dans ses bras pour voir que t’es bien là. Que t’es pas partie au final. Pourquoi t’as pas prévenu ? À elle de voir quoi répondre, la question a de multiples routes envisageables. Pourquoi t’es partie sans m’le dire ? Pourquoi t’as pas dis que t’allais voir les russes ? Pourquoi tu m’as pris pour un con Selda ? Pourquoi t’es là, à essayer de noyer le poisson alors qu’on sait tous les deux, que ça va finir en cris et en déception ?
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Tu es parti, je suis resté, on a changé. - Mar 29 Jan - 18:40


Si le bateau coule, si le bateau sombre
Je te suivrais, je serais comme ton ombre
Tu me trouveras toujours dans ton sillon
Dans les sales moments comme dans les bons.



Elle aimerait que l'analyse soit aussi méticuleuse que prévu. Que la tête reste suffisamment froide pour évaluer l'état de nerf du capitano de manière exacte. Complexe, quand les siens déraillent déjà. Elle tâche pourtant de garder la gueule crispée, à défaut de réussir à s'la fermer complètement. Faut bien qu'une ou deux remarques se faufilent, se heurtent à la répartie glaçante. La nuque raide et les doigts enfoncés sur le dossier du fauteuil, elle dévisage, sonde et encourage. Balance, qu'elle a l'air de lui dire, lippes cousues d'un silence qu'elle peinera sans doute à tenir. Toujours dans la retenue forcée, Selda, qui a appris à museler ses foudres depuis l'enfance. Pas facile de vivre avec un orage dans le poitrail en permanence. Héritage Miralles, d'jà bien qu'elle sache la boucler et faire mine d'écouter le temps qui faut. Haussement d'épaules et mots qui se distillent au compte-goutte, à l'évocation des rumeurs. « Quand y'a plus qu'ça, j'm'en contente. » Faussement mielleuse, c'est p'tetre là qu'elle est la pire. Et ça pourrait durer longtemps, sûrement. A se renvoyer leur mots-grenade jusqu'à ce qu'elle n'explose. Rare qu'elle soit si remontée, la brune, et un peu trop récurrent depuis ces quelques mois, ce sentiment de n'plus savoir sur quel pied tanguer. Elle a merdé, elle le sait, pourtant, c'est plus facile de jouer les bornées. D'attendre son jugement d'un air faussement détaché, là où les bras qui se croisent sur sa poitrine ne la ferment qu'un peu plus encore aux attaques présumées. « Des lustres, même. » A croire qu'elle doit répondre à chacune de ses paroles. Qu'elle gardera la face, en jouant à avoir le dernier mot. Elle le sait, pourtant, que c'est risqué. Jan a sa tronche des mauvais jours, et pas d'ceux où il était malade, no. Celle qui le rend autoritaire, qui le rend respectable, aussi. Elle s'rappelle avoir posé ses grands yeux sur cette tête-là à des tas de reprises, quand elle était plus jeune, excitation dressant ses avant-bras à l'voir si beau, si charismatique. Si flippant aussi, pour les autres sur lesquels il dardait son regard comme ça. Bien moins enthousiasmant de se tenir dans sa ligne de mire. Et ça l'effleure, un instant. Qu'il aurait fait un bon commandante, lui aussi. Quand c'est le frisson invisible qui lacère sa peau, comme ce soir-là, face au courroux dans les pupilles de Joaquin. Pas habituée à se sentir si mal à l'aise, face à lui, à avoir envie de l'étreindre, pourtant. Sentir sous ses doigts son échine moins décharnée que la dernière fois. Apprécier de toucher ses joues moins creuses, de plonger dans ses yeux comme avant.

Sauf qu'il se lance, et qu'elle crispe les mâchoires. Qu'c'est pas des mots d'amour qu'elle a envie de lui dire, tout à coup. « Prévenu ? » Qu'elle répète, s'humectant les lèvres, s'laissant le temps de cogiter. De tourner et retourner les mots, comme si une phrase toute faite allait réussir à sortir sans qu'une connerie ne se mette à lui échapper. « Tu veux dire qu'on doit prévenir quand on s'casse en week-end romantique, maintenant ? » Doigts qui s'enfoncent dans son propre avant-bras, air effronté collé au front. Elle songe même pas lui faire gober ça, si loin de la réalité, parce qu'y'a rien eu de romantique dans leur putain de virée où tout a déconné. Rien à foutre de ces conneries-là, Selda, mais c'est plus facile que d'balancer la vérité. Comme quand elle ajoute un « Vous prévenez, tous les deux, quand vous faites des trucs de couple ? » Retour à l'envoyeur précipité, celui qu'elle n'a pas besoin de nommer. Remarque qui veut dire, moi aussi, j'sais des trucs que t'as pas dit. « Faudrait le préciser quelque part qu'il faut signaler dès qu'on s'éloigne vite fait, l'afficher ou j'sais pas, qu'on évite de refaire la même erreur. » Suggestion faussement sérieuse, là où le bouillonnement se fait pressentir dans les doigts qui se tendent davantage et tapotent son pull. « C'était tout ? La prochaine fois ok, je te préviendrai dès que je quitte le périmètre. » La respiration est moins lente, plus douloureuse, parce que le regarder fait mal, trop mal. Elle sait pas, Selda, faire avec ce genre d'interrogatoire-là. Implicite qu'elle capte, mais auquel elle n'est pas foutu de répondre autrement que par l'attaque. Parce que s'exprimer à haute voix, c'est laisser les reproches se disperser eux aussi. Qu'elle l'aurait prévenu, son Jan, elle l'aurait prévenu si seulement ç'avait tourné rond dans son crâne. Qu'elle n'a réfléchi à rien en se cassant, en embarquant le sicario dans son sillage. Et Maciej lui a déjà passé un savon pour ça, elle veut pas qu'ça recommence. Pas quand elle sait qu'elle va pas tenir longtemps son soupçon d'indifférence.
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Tu es parti, je suis resté, on a changé. - Mar 29 Jan - 22:19



"Et j'ose pas trop le dire mais tu me manques.
Et J'suis heureux à cet instant
de pouvoir simplement te regarder. "


Et il le sent, à sa posture, à son silence, aux maxillaires qui ne cillent pas, au regard sombre et à son allure de cabot des rues, qu’il va s’en prendre pour son grade. Selda et les rangs, ça n’a jamais été son truc. Même s’il est son supérieur, qu’il pourrait l’envoyer droit en enfers d’une balle dans le crâne, elle continuera de lui parler comme à un autre. Avec la même rage et le même coeur battant la chamade. Animal sauvage qu’il aime, Jan, au point d’en avoir mal. Manque de respect pour certain, soeur qui ne supporte pas de voir son frère reculer pour la regarder de haut et de loin.
Poitrail refermé, bras qui se contractent, il voit tout ça Jan, n’en perd pas une miette. Protège toi, Selda, tu vas en avoir besoin, la tempête n’est pas loin tu sais. Pas besoin de coup de tonnerre quand le vent rugit depuis des jours dans le myocarde. Mais il reste calme Jan, écoute attentivement. Un léger rictus sur le visage et les prunelles qui roulent quand Selda parle de week end en amoureux et de sorties en couple. Joaquin et lui, c’est discret, presque invisible. Peut-être que parfois, une main traine un peu trop longtemps sur le dos quand le commandante est poussé pour sortir d’une réunion. Peut-être aussi que les regards en disent plus qu’ils ne le pensent. Quant à Maciej et elle… Jan ne relèvera pas, n’en a pas envie, ne veut pas entendre quoi que ce soit.
Et elle continue, de parler, provoque trop, vomit des sentiments sans s’en rendre compte. Il la connait par coeur Selda, sait que quand ça pulse dans son coeur, elle s’amuse à faire mal, à toucher les points qui craquèlent le myocarde. Jan l’a vu toute sa vie faire ça, technique qui ne progresse pas alors qu’elle, elle a changé. Selda a le coeur qui s’est ouvert pour certains et fermé pour d’autres. Selda a l’esprit tailladé de toute part, par les souvenirs d’un homme qu’elle ne connaissait pas comme père. Selda a le ventre retourné par les mensonges de son frère. Selda n’est plus la gamine qu’il portait dans ses bras Jan, pour la mettre sur le tabouret. Les mêmes yeux noirs, oui, mais la vérité passée sous silence, devenue réelle. Devenue coupante.

Le menton reste fier, mais le coeur peine à se détendre. Joaquin l’a changé, Joaquin l’a calmé. Toujours aussi sauvage Jan, mais capable maintenant de ne plus exploser à la moindre grenade. Elle peut envoyer Selda, elle ne sait pas jusqu’où il a été, ce qu’il s’est fait, à quel niveau il est tombé. Qu’elle lui balance dans la tronche des horreurs, ça sera jamais pire que ce qu’il a failli perpétrer. La saveur du canon en métal lui revient en bouche, secret bien gardé, que personne à part Maria ne sait. Honte qu’il n’avouera jamais, d’avoir voulu se tuer. Inconnus qu’ils sont devenus au fil des mois, lui ne sait pas non plus la raison de son départ à elle, mais elle comprend pas Selda, elle n’voit pas ce qu’il signifie par-là. Peut-être qu’au final, les jumeaux de la Calavera ne l’ont jamais été, que leurs visages avaient beau s’ressembler, leur coeur, eux, allaient finir par s’opposer. Tu comprends rien. Ça sort comme ça, sans cri, sans insulte, sans âme. Le bureau abandonné, le poitrail relevé, ça lui coute tellement, de ne pas la serrer dans ses bras et d’arrêter le massacre. La silhouette de la sicaria dans l’ombre de celle du capitano, soleil éteint pour ce soir. Dans la pièce, y’a seulement l’orage, seulement la lune, seulement les désastres. Quand est ce que tu rentreras dans ta putà de caboche que je tiens à toi ? Ça monte dans les termes, pas dans le ton. Jamais elle n’a du le voir aussi calme, jamais Jan s’est montré tel quel à Selda. Mais ça se fissure à l’intérieur, les mots du gradé se mêlant à ceux du frère. Il l’aime, lui a dit, elle le sait, l’aime aussi.

Mais il n’peut pas faire comme si rien ne s’était passé Jan, il n’peut pas laisser passer ça. Capitano qui va reprendre les commandes, capitano qui conclura sans remords mais avec une douleur incommensurable. Vous vous êtes barrés, sans prévenir personne, sans ordre de mission, avec des rumeurs de trahison sur vos têtes. Les mots sont articulés avec précision, faits énumérés. Il passe du coeur à la tête sans connexion. Y’en a qui sont morts pour moins que ça, tu sais ? Déglutition difficile, carcan autour de la tempête qui peine à tenir. Je veux une explication et j’la veux maintenant Selda. Et il n’attendra pas, supérieur qui parle, croque mitaine suintant dans les mots, don activé, chamboulement dans le coeur de l’un et de l’autre. La tempête est silencieuse et bien plus douloureuse, comme l’impact d’une balle à la frontière du coeur. Pas mortel, mais bordel que ça fait mal.
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Tu es parti, je suis resté, on a changé. - Mer 30 Jan - 19:55


Si le bateau coule, si le bateau sombre
Je te suivrais, je serais comme ton ombre
Tu me trouveras toujours dans ton sillon
Dans les sales moments comme dans les bons.



Jan est de ces choses qu'elle a toujours su. L'une des premières certitudes tatouées dans son crâne, là où l'univers tournait bien trop souvent à l'envers. Juste à côté du mépris qu'elle ne cesserait jamais de vouer à sa mère. D'la faiblesse pour tout ce qui touchait de près ou de loin Vicente. Tout autour de ça, que s'est forgée la gamine, repères plus ou moins douloureux, plus ou moins rassurant. Dans les bons comme dans les sales moments. Se sentir exister dans l'amour incommensurable envers le frère, l'indétrônable d'un coeur pourtant instable. Dans les tons qui montent, crescendo, s'écorchent pour mieux s'adorer, se réconcilier parce que c'est ce qu'ils ont toujours fait. Elle s'est peut-être trop reposée sur cette idée. Si bien que d'avoir la foutue sensation de disparaître, doucement, d'être invisible face à ses yeux pétrifiant, c'est n'plus savoir qui elle est. Où elle va, pourquoi. Comment aligner ses pas quand il n'est pas là. Comment formuler des phrases qui répondent aux questions. Alors elle pique. Elle pique pour qu'il réagisse. Pour lire une quelconque émotion dans ses pupilles, aussi fugace soit-elle. Qu'il dévoile ses sentiments, parce qu'elle, elle peine à le faire. Et si elle sait pas se livrer sans que tout se mette à suinter du myocarde à vif, aux plaies qui ne cicatrisent pas, là, c'est différent. Y'a un truc qui s'est brisé à l'intérieur, et elle croit sérieusement que ça, ça se répare pas. Poids trop lourd dans la poitrine, n'ayant jamais été si pesant que pendant cette excursion-là. Celle qu'il évoque. Dont elle n'peut pas parler sérieusement. Parce que c'est bien là que tout a merdé. Qu'à force de trop ressentir sans rien montrer, cette fois-ci, Selda, elle n'a pas explosé. Pas comme d'habitude, quand ça pousse trop derrière les côtes et que celles-ci se fracturent pour tout dégueuler. Pas cette fois. Et elle l'a presque senti, en cherchant des visions dans le carmin muet de sa victime, bourreau paternel. En n'y voyant que dalle. En s'faisant sortir de son délire de manière brutale, oracle traumatisée par l'esprit entre deux états. Et ça s'est accentué, quand elle a vu Maciej, babines affamées de carne humaine. Ce craquement dans le thorax, quand celui-ci a décidé de se recroqueviller. De tout rejeter au néant, dans les tréfonds du palpitant. Et depuis, y'a plus rien eu que de l'agacement.

Jusqu'à ce qu'il la convoque. Que l'angoisse se remette à naître sous la peau. Qu'elle le voit. Que le soulagement perce tout doucement. Première fois qu'elle ressent un truc, depuis des semaines. Et c'est pas beau, pas forcément plaisant. C'est toujours ça, d'un côté, toujours mieux que ce rien qui la hante. Alors elle aimerait qu'il lui gueule dessus, Jan. Qu'il la secoue, physiquement, que ses nerfs s'entrechoquent si fort qu'elle pourrait s'mettre à chialer, à rire ou juste à s'égosiller elle aussi. Parce que traîner une carcasse vide, c'est compliqué. Qu'c'est plus léger à porter, c'est sûr, mais quand elle le regarde, droit dans les yeux, c'est l'air qui s'met aussi à l'abandonner. Bronches désertées, oxygène qui manque quand il s'remet à parler et qu'elle reste en apnée. Juste le temps de laisser ses mots rouler jusqu'à ses tympans, les écorcher un peu, y graver la voix adorée. Elle bouge pas, même quand il se redresse, a toujours l'air d'une sale gosse, même si ses épaules s'affaissent un peu. Elle le sait. Elle le sait, mais des fois, c'est facile de feindre de l'oublier. Et qu'il le dise, ça lui plaît, même si elle sait que la suite ne peut que la faire déchanter. Garde qui ne se baisse pas, et elle fait sûrement bien, vu ce qui s'ensuit. Trahison, c'est encore plus moche quand c'est prononcé par le capitano. Première fois que ça lui arrive, ce genre de connerie, et c'en est presque surréaliste. Et puis, bien sûr, il le dit. Et il a pas vraiment besoin, parce qu'elle le sait bien. « J'suis plutôt bien placée pour le savoir, ouais. » Vu qu'elle s'en est chargée personnellement, bien souvent, de les éliminer. Pas plaisant du tout de se retrouver du mauvais côté du canon. Alors, ça sort, de manière trop lisse, trop détachée. Il pourrait le lui dire, là, tout de suite, qu'elle va y passer, qu'elle protesterait pas. « J'ai pas peur des menaces, tu devrais le savoir. » Qu'elle rétorque, avant que tout ne se mette à merder.

Elle la sent, l'influence invisible qui enfonce ses griffes dans le pectoral, tiraille sur les muscles pour se frayer un chemin. Adrénaline qui s'éveille, lèvres qui s'entrouvrent, elle reste interdite, veut s'offusquer de ce qu'il est en train de faire, mais c'est déjà trop tard. Gamine qu'elle redevient, à regarder ce frère qui soudain, n'est plus vraiment le sien. Les bras se décrochent et retombent mollement le long de son corps. Inutile de lutter, même si elle essaye, c'est peine perdue. Rien qu'une mortelle face à l'influence divine. Trop vulnérable. Ce terme qu'elle méprise et qu'elle ne ressent que trop bien à cet instant précis. « C'était pour lui, mierda. » Les mots s'extirpent lâchement. Faiblesse façonnée dans la peur surnaturelle qui martèle ses tempes, fait vibrer le cartilage et se disperse trop rapidement. « J'les ai vu en rêve, ceux qui l'ont buté, fallait que j'me casse direct si j'voulais avoir une chance de les trouver, là où j'les ai localisés. » Gouffre qui s'accentue entre eux à mesure que ses prunelles se font réprobatrices, spectatrice détachée d'un esprit manipulé. Qui ne répond qu'à la terreur immiscée jusqu'au plus profond de ses pensées. « J'ai même pas pensé à prévenir, ok ?! » Elle a envie de reculer, face à la présence devenue trop oppressante, les mots s'agitent trop rapidement et elle a juste envie d'en finir. Qu'il retire son influence. Celle qui commence à la faire vriller, malgré toutes ses tentatives pour la repousser. « Alors j'ai embarqué Serevo parce que j'savais qu'il viendrait sans traîner, et fallait pas traîner, fallait pas s'organiser, fallait juste se casser parce que sinon, quand j'arriverais, ils seraient plus là, et j'aurais loupé ma chance d'enfin plus y penser, d'leur régler leur compte, le venger, me rattraper, et d'arrêter d'me repasser en boucle la putain de vision qu'j'ai eu la nuit de merde où ils l'ont crevé, mierda ! » Un pas en arrière, pupilles dilatées, à en engloutir ses prunelles sombres, plus noires encore, plus effrayées. Souffle court des dires enchaînées, de cette angoisse qu'il accentue, qui revient de plus belle. Celle réprimée en sourdine ce jour-là, contenue pour être efficace, essayer du moins. Et elle l'a jamais dit à personne, Selda. Elle pouvait pas. Qu'elle les a vu, en direct, les derniers instants d'son père, à des centaines et des centaines de kilomètres de là. Qu'elle n'a rien loupé, impuissante dans cette ruelle où elle a fini par s'effondrer. Elle l'a pas dit, parce qu'elle n'était pas oracle, Selda. Et surtout, elle n'était pas sa fille. Alors, elle tremble un peu quand ça s'excite dans ses cordes vocales, qu'elle rugit comme une bestiole prise au piège qui chercherait à se défendre. « Pas la peine d'faire la misère à Serevo, l'a rien demandé, c'ma faute, comme d'hab. » Elle sait plus trop quoi dire, s'rend compte qu'elle a reculé en sentant la porte dans son dos, c'qui lui arrache un sursaut. Tétanisée contre son issue de secours, elle n'pense pas une seconde à l'emprunter, pourtant. Finit par lâcher un rire, tout sauf amusée, fruit des nerfs mis à mal. « J'mérite p'tetre que tu m'butes, ouais. » Parce que j'ai été assez conne pour courir après l'même fantôme, encore une fois. Non-dit qui sort pas, vestige de fierté qui demeure quand elle finit par achever sur un : « L'Russe avait un truc qui m'appartenait. La seule raison d'tout c'bordel. Un truc que j'avais paumé en mission. Parce que faut croire que leurs torpedos ont des cibles communes avec vos sicarios. » Mots qui s'emmêlent, vérité qui se révèle. Rencontre imprévue à s'charger d'un même type à abattre, visiblement assez fou pour s'mettre à dos deux des mafias d'Arcadia. Collier arraché à sa nuque à c'moment-là, celui sur lequel ses doigts viennent se glisser, chaîne disparaissant sous le pull. A Vicente, celui-là aussi, dérobé du haut de ses huit ans, quand il passait encore du temps avec elle, s'amusant de ses bêtises au Mezcal, complicité ayant éveillé les doutes de ses pairs. L'seul héritage qu'il lui a laissé, qui ne l'a jamais quittée, Selda, pas foutue de s'en détacher. A s'imaginer spéciale, aux yeux du sargento, quand elle n'savait pas encore qui il était, qui ça faisait d'elle. Pourtant rien de plus qu'une chaîne à la con comme il devait en avoir des centaines.
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Tu es parti, je suis resté, on a changé. - Sam 2 Fév - 11:13



"Et j'ose pas trop le dire mais tu me manques.
Et J'suis heureux à cet instant
de pouvoir simplement te regarder. "


Le visage de Selda change en un quart de seconde, chiqué par les crocs invisibles du capitano. Flores qui, en quelques mois, a repris ses lettres de noblesse, lames de sorties, horreur sans répit. On l’imaginait fini, les symptômes de la maladie croquant son existence sans que personne ne le sache. Poids de perdu, maitrise disparue, incapacité à combattre sans trembler, mots hachés et colère qui reflue. Mais le destin en a décidé autrement, djinn capable de soigner qui lui a donné une seconde chance. Et qu’importe le danger au cul à présent, qu’importe les fuites et les flics qui vont surement fureter de son côté, Jan n’a jamais été aussi proche de devenir le monstre que sa famille a toujours voulu. Celui qui mord même ceux qu’il aime, celui qui met au sol même les plus forts, même ceux qui se pensaient protégés de la violence de Flores.
Alors la voir reculer, entendre ses mots, sentir sa tristesse, sa rage, sa peur, voir ses prunelles se parer de douleur, ça ne lui fait rien à Jan. Le coeur est protégé de métal, prison qui bloque les palpitations, refroidit le soleil qui a toujours briller sous sa carne. Croque-mitaine qui suinte de ses pores, qui attaque Miralles autant que lui. Lui qui est si apprécié des siens, lui qu’on aime, qu’on adore. Lui qui sous l’influence du dieu de la Mort, devient le pestiféré, celui qu’on ne veut ni approcher, ni aimer. Jamais Jan ne s’est servi de ce don sur quelqu’un de sa famille car il sait ce que ça signifie.  Qu’il gagne peut-être des informations mais qu’il perd le combat contre le dieu qui le dévore. Il écoute, attentif, le menton trop haut pour être celui du frère, le sourire trop éteint pour être celui du divin. Entre deux eaux, Jan, incapable de jubiler devant la peine de Miralles, incapable de se haïr pour ce qu’il lui fait. Humain et dieu au même niveau, aucun n’arrive à prendre le pas sur l’autre.

C’est donc pour son père qu’elle s’est barrée. Pour lui, qu’elle l’a abandonné, qu’elle n’a pas prévenu, qu’elle a filé sans se demander si sa disparition allait blesser. Il peut comprendre Jan, Selda est du même calibre que lui, bombe qui explose sans qu’on puisse la contenir. Lui aussi serait parti comme ça, il l’a fait, n’a pas donné signe de vie après la torture de Carmen. Un message à Joaquin, un besoin de partir, un avion chopé, le Brésil pour se sentir revivre. Mais il ne réponds rien, ne lui dit pas ce qu’il pense, continue d’enregistrer les révélations de Selda, lorgnant sur chaque détail, émotions qu’elle pousse à son paroxysme sous l’attaque divine. L’angoisse lui taillade le système, fait bouillir son coeur, l’oblige à dégueuler tout ce qu’elle lui a caché pendant toutes ces semaines. Elle continue, elle explose, elle lui parle, de ce besoin de se venger des hommes qui ont détruit Vicente, d’abord exemple avant d’être père. Et Jan comprend, et Jan accepte, et Jan lui pardonne mais ne réplique pas. Il a envie qu’elle continue, qu’elle se laisse noyer, qu’elle remette les compteurs à zéro pour aller mieux, pour continuer d’avancer. Selda doit arrêter de se foutre en l’air à cause d’émotions dérobées. Regardez-les, tous les deux, à s’cacher ce que leurs coeurs tambourinent, à rire plutôt que de parler, à se regarder, plutôt que de s’engueuler. Les frères et soeurs, ça se dit toujours tout alors pourquoi se cachent-ils autant ? Pourquoi ont-ils besoin, elle et lui, de se mentir pour se sentir vivant ?

Les pieds ancrés dans le sol, Selda contre la porte, il ne la tuera pas. Pas encore du moins, pas alors que les preuves contre elle n’apportent rien de tangibles. Jan n’accepte aucune trahison et Miralles ne l’a pas trahi, elle lui a menti. Comme lui l’a fait et continue de le faire à cet instant. Doigts contre une chaine qu’il connait, a déjà vu et qui pourtant, avait disparu du cou de Selda depuis quelques temps. Objet qu’elle a retrouvé, grâce au torpéeo. Espérons que ça ne soit que ça, Jan doit y croire pour empêcher le dieu de relever la tête et de faire plier Selda. Elle ne sait pas que les lames ne sont plus les seules à faire souffrir, que le dieu en lui a progressé. Que les balles ne sont rien à côté d’une inspiration qui avale toute vie dans un corps. Selda a souffert, il le sait, les sicarios ont des cicatrices béantes pour le prouver. Mais la souffrance que le capitaine pourrait lui faire connaitre, aura la saveur de l’enfer. Respire Selda et calme toi. Les mots sont calmes, le croque-mitaine apaisé depuis quelques instants déjà. Pourtant, Jan ne peut l’approcher, sait que son aura est chargée de cauchemar et que la toucher serait pire pour elle. Contre-coup qu’il déteste et qu’Ah Puch adore, petit soleil pris dans une éclipse, la lumière ternie par la mort. Ça fait du bien, hein, d’laisser un peu l’coeur parler et d’arrêter de s’la jouer insensible ? Il aimerait sourire, ajouter un peu de lui dans cette remarque mais il n’y arrive pas. Trop tôt.  Et pourtant, il le sait, ce que ça fait de parler, d’expliquer, de mettre des mots sur des douleurs qu’on pense incapable d’arrêter. Pour la mission avec Serevo, vous s’rez chacun en duo avec un autre sicario. Pour vous surveiller durant quelques temps, toi en prio’ vis à vis de l’histoire avec le torpedo. C’est rien, Selda le sait, c’est la peine la plus minime qu’ils auraient pu avoir. Jan lui fait confiance, tout comme à Maciej. Mais ce sera l’unique fois. Alors contre cette porte, le dos collé, la main enlaçant certainement le collier sous le vêtement, elle devrait pouvoir se détendre. Pas de bam dans la tête, pas pour le moment. J’en parlerais avec Joaquin, il voudra peut-être te voir mais… Tiens toi à carreaux, c’est tout ce que j’te demande. Mais c’est Selda, un crépitement et la bombe explose. Elle va devoir se tenir loin des briquets pour éviter l’effusion.

S’asseyant sur le bureau, prunelles qui ne lâchent toujours pas celles de la jumelle, il a conscience qu’il l’a perdu Jan mais espère qu’il la retrouvera. Il peut pas vivre sans elle, comme il ne peut pas vivre sans Gabriela  ou Trinidad, et encore moins sans Joaquin. Enlever un pillier de l’existence de Flores et c’est le dieu qui se léchera les babines.  J’ui guéri Selda, j’vais pas mourir. J’garde le secret car… C’est un avantage considérable pour la Calavera, que les autres s’imaginent que le commandante et le capitano sont dans un sale état. Une révélation qui a des allures de premiers pas. Confiance donnée, pardon murmuré. Il t’aime Selda, assez pour à son tour, tout te révéler. Avance, laisse lui reprendre du terrain, le soleil a besoin de la lune pour exister. Le soleil a besoin de sa jumelle pour ne pas s'laisser dévorer.
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Tu es parti, je suis resté, on a changé. - Sam 2 Fév - 14:40


Si le bateau coule, si le bateau sombre
Je te suivrais, je serais comme ton ombre
Tu me trouveras toujours dans ton sillon
Dans les sales moments comme dans les bons.



Faut arrêter de lutter. Faut juste se laisser faire. Naïf de songer s'extirper de l'emprise irréelle. Sûrement que le trait d'immaturité s'accentue quand elle tâche de retenir les mots, face au masque d'inconnu que Jan lui offre. Pire encore que sous l'influence de tout autre. La sienne est douloureuse, s'incruste jusqu'à la moelle pour en extraire ses révélations. Os qui ploient, se fracturent de ce débâcle de mots qui ne lui ressemble pas. Pourtant là qu'elle est la plus sincère, sous le couperet d'une terreur qu'elle ne maîtrise pas. Violence que de sentir le contrôle lui filer entre les doigts, passer pour une putain de mauviette là où elle ne se serait jamais définie comme ça. Et elle devrait prendre du recul, s'dire que c'est rien, qu'il triche et qu'elle, elle ne peut rien faire contre ça. Mais pas du genre à relativiser, la brune aux iris toujours trop sombres, plutôt à s'outrer de cet ascendant qu'il dérobe, à la faire trébucher, Selda qui comprend qu'elle n'est pas son égale. Sûrement qu'elle ne l'a jamais été, hiérarchiquement parlant, et que pourtant, ça ne l'a jamais emmerdée. Jusqu'ici. Parce que c'est un truc qu'elle n'a jamais ressenti, ou qui ne la dérangeait simplement pas. Pas quand de capitano à sicaria, ils n'étaient rien de plus que deux corps brisés s'endormant dans leurs bras respectifs. Qu'sous la voûte céleste, y'avait que ça qui comptait, à en oublier les grades, les responsabilités.

Néant qu'il lui offre en retour, celui qui se comble de ce qu'elle lui raconte. Jusqu'à ce qu'elle parvienne enfin à fermer sa gueule, sceller ses lèvres quand le corps entier se retrouve tétanisé, sans broncher. Geste rituel des doigts sur la chaîne, conjurant le mal être qui chemine. Pas vraiment plus légère, à avoir balancé les non-dits. Trop de bordel qui règne encore en maître dans sa poitrine. Souffle court et prunelles qui s'abaissent enfin, s'arrachent aux hypnotisantes, pour mieux s'amarrer au sol, lattes qui les séparent. Faut qu'la peur s'éloigne pour que le pire s'installe. Tourments éveillés par le faciès insensible, honte de s'être ainsi laissée aller. Colère, qui foudroie l'âme mortifiée, quand il se décide enfin à parler. Elle en a les dents qui crissent et s'écrasent, ongles qui déraillent sur le collier et s'enfoncent dans la chair. S'efforcer de se taire. M'parle pas comme si j'avais six ans. J'ai plus six ans d'puis longtemps. Prends pas ce ton avec moi. Pas quand tu l'as jamais fait. Pas quand t'as toujours été l'seul à me parler normalement, pas comme à une gamine. Pensées qui ronronnent, prunelles qui se refusent à rencontrer les siennes. Et ce qu'il dit, elle le prend mal, de travers, incapable d'y lire de la bienveillance. Elle aimerait lui cracher qu'elle n'a sûrement pas choisi de parler. Qu'y'a rien de pire que le vide qui lui grignote l'intérieur, prend de plus en plus de place, au point de courir après les visions, les arracher au vol de ses songes. S'imbiber de ces trajectoires qui ne lui appartiennent pas, vies étrangères qui bousculent ses propres souvenirs. S'oublier au profit de l'oracle, la laisser s'nourrir d'images et de prophéties, pour n'plus rien ressentir. Son fardeau, sa malédiction, bassesse à laquelle elle ne saurait réellement donner de nom, qui comble pourtant l'absence creusée en son sein. Celle à laquelle il contribue, un peu plus encore, sans même le savoir, à dépersonnaliser leur rencontre. Et c'est trop, de l'entendre lui expliquer qu'elle sera donc accompagnée, surveillée. Elle s'doute que Mac va gueuler, de s'traîner un acolyte au cul par sa faute, mais elle s'en fout presque, à ce moment-là. Qu'il râle, qu'il lui en veuille, peu lui importe, quand elle l'évite déjà. En d'autres circonstances, elle aurait sûrement hurlé un hors de question. Ou exigé de pouvoir choisir son compagnon. Jesse, probablement. Mais y'a rien qui sort, à nouveau. Elle se doute qu'elle devrait se montrer reconnaissante, à cette fleur qu'il lui fait. Remercier, p'tetre. Elle en ricanerait presque nerveusement, réprime pourtant le rictus qui monte dangereusement. Elle aimerait le lui dire, que ses mots, sa distance, ces semaines d'absence, ça lui coûte plus qu'une simple balle dans le crâne. Que s'écrouler là, à ses pieds, et tout oublier, ce serait une moindre peine que de vivre avec ce poids-là. Farouche Selda qui s'laisse étriper par les griffes d'un désarroi qui n'a de cesse de s'amplifier.

Et se tenir à carreaux, c'est pas dans ses cordes. Là qu'elle relève les yeux dans les siens, prunelles éteintes qui ne trouvent plus d'écho dans celles du capitano. Tiraillement dans les entrailles et doigts qui s'abaissent enfin, bras qui s'croisent dans le dos, s'écrasent contre la porte. Oscillant dans les flots contraires qui ravagent ses veines, le coeur ne sait plus à quelle cadence pulser quand Jan change brutalement de sujet. Toujours pas un mot de sorti par la Miralles, et certainement que ça dure une bonne minute après qu'il se soit tu. Guéri, c'est impensable, c'est les nerfs qui se relâchent pour mieux repartir de plus belle. Il ne va pas mourir, et subitement, elle a le droit de lui en vouloir pour de vrai. Que ces attaques qu'elle réprime, cette souffrance qui la hante, n'ont subitement plus lieu de le ménager. Et en d'autres circonstances, elle l'aurait sûrement assailli de questions. Se serait laissée aller à rompre la distance, se jeter dans ses bras parce que c'est tout ce qui compte. Sentir son myocarde frapper contre ses côtes, s'dire que celui-là tiendra, encore et encore, pour rythmer le sien. Mais y'a trop de secrets mis en sourdine. Trop de retenue qui ne lui ressemble guère. Au lieu d'acquiescer, de se détourner en claquant la porte comme elle a eu une seconde l'intention de le faire, elle gronde. Pas de risque à le taquiner, de ces dires acerbes qui lui écorchent le palais à trop les réprimer, puisqu'il tient sur ses pieds, et ne tombera pas de si tôt. « Laisser l'coeur parler, tu t'fous de ma gueule ? » Non, parce qu'elle se le demande sérieusement, dans quelle mesure elle devait la prendre au sérieux, celle-là. Ton monocorde qui résonne déjà d'un ouragan coincé entre ses cordes vocales. « Si ça faisait tant d'bien que ça, pourquoi tu m'as pas montré l'exemple ? Vu qu't'as l'air d'avoir envie de me montrer la voie, à m'dire de respirer et toutes ces conneries-là. » Omoplates qui s'incrustent plus profondément encore dans le bois, pour s'empêcher d'avancer, s'aimanter à quelque chose pour ne pas vaciller. Colère en éclat dans le regard, et mots qui ne s'arrêtent pas. « Tu trouves ça normal, de m'forcer à balancer tout et n'importe quoi parce que t'en as le pouvoir ?! C'est ça, qu't'appelles laisser son coeur parler ?! » Et ça bourdonne aux oreilles, essaim de rage et de chagrin la rendant sourde à tout le reste. « Toi à quel moment tu m'as prévenu, quand tu t'es cassé, alors que j'te pensais à deux doigts de crever ? Pourquoi t'as le droit de faire l'offusqué, et que moi j'dois juste tout te dire, tout le temps, sinon t'hurles à l'affront ? » Un pas, deux. « Pourquoi ce secret-là tu m'l'as pas dit à moi ? C'était normal ça aussi, de m'laisser croire que t'en avais plus pour longtemps, comme tous les autres ? C'est ça que j'suis, Jan, une inconnue que t'estimes au point de m'laisser m'faire dix milliards de films ? » Elle sait pas à quel moment ça déraille. Que d'un reproche à un autre, c'est tous les leaks qui lui reviennent en mémoire. « Et pour Sinead Reed, on peut faire comme si j'étais pas au courant du coup, hm, ça marche dans les deux sens ? » Quand le troisième pas s'esquisse et qu'elle s'met littéralement à s'égosiller sur lui. « Parce que si j'la croise j'saurai juste pas qu'c'est de ta famille, j'te préviens putain. » Tremblements le long des doigts, trop de sentiments qui la malmènent et de tension réprimée depuis ces minutes à se tenir là. Comme ça que sur un demi-tour, c'est dans la fameuse porte que les phalanges s'écrasent, à l'en faire trembler sur ses gonds, à s'en meurtrir le poing. Et rester là, à lui tourner le dos, gamine peinant à canaliser la hargne, comme toujours.
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Tu es parti, je suis resté, on a changé. - Dim 3 Fév - 14:29



"Et j'ose pas trop le dire mais tu me manques.
Et J'suis heureux à cet instant
de pouvoir simplement te regarder. "


Et à défaut de se calmer, la tempête explose. Il le savait, Jan, que ça ne serait pas aussi simple. Que Selda ne chercherait pas à comprendre pire, qu’elle verrait rouge au lieu de voir blanc. Il la connait assez pour savoir qu’elle n’accepterait pas ses minauderies et ses conseils d’un sourire et d’un hochement de tête. Il l’aime pour ça, le capitano, pour son caractère revêche et son coeur qui tempête. Et elle a raison, la sicaria, lui n’a pas eu le comportement qu’il lui demande d’avoir. Fais ce que je dis, pas ce que je fais, ce n’est pas ça que les parents disent à leurs gosses ? De ne pas les imiter mais d’écouter, car eux savent qu’ils ont foiré ? Selda ne comprend pas, Selda n’est pas une enfant et Jan n’est ni son père, ni son frère. Qu’est-t-il au fond, pour la sicaria, à part un supérieur qui espérait ne pas avoir à agir comme tel ?
Le menton reste stable, ne s’élève pas ni ne s’abaisse alors que les mots balancés par Miralles fondent sur lui comme des couteaux aiguisés, des épines qui arrachent le coeur et font mal à en pleurer. Qu’est ce que tu voulais qu’il te dise Selda ? Il n’savait pas ! Qu’il était guéri, qu’il allait revenir, qu’il allait survivre. En partant au Brésil, il voulait crever en paix, ne plus penser à tout ça, aux cris de Carmen, à l’abandon de Joaquin, à ton regard blessé et à l’espagnol murmuré quand vous étiez collés-serrés dans ce lit, en juillet. Il voulait partir Jan, pour ne plus jamais avoir à vous regarder en face, ne plus sentir son coeur tambouriner sous la haine, le malaise, l’amour et la rage. Il n’en pouvait plus d’être ce putain de soleil que tout le monde veut puis que tout le monde jette ! Il voulait juste choisir, pour une fois, être le seul à décider de sa fin. Pas la Calavera, pas le dieu, pas ses amis, pas sa famille, pas Joaquin, pas toi. Il voulait juste crever et ne pas voir dans vos prunelles, la déception que vous auriez ressenti ce jour-là. T’aurais fait quoi, toi, à part fuir pour crever sans qu’personne ne t’en empêche ?! T’aurais fait la même chose, il le sait, Jan, il te connait assez bien pour savoir que dans ton coeur, y’a le même feu bouillant que dans l’sien. Que quand on veut l’éteindre, ça sert a rien d’y aller lentement, d’expliquer, de mettre des mots. Y’a qu’en l’asphyxiant sans personne pour regarder que vous pourriez abandonner. Un regard des vôtres, et vous continuerez d’essayer. Car vous avez beau vous montrer fort et capable de résister, votre famille, c’est ça votre talon d’Achille, ça votre principale faiblesse qu’importe ce que vous croyez. Pour les vôtres, vous tomberiez.

Et puis elle bouge Selda, abandonne son château pour monter sur le champ de bataille. Et les mots se font plus durs, chargés encore plus d’amertume. Et la colère gronde dans le poitrail du capitano, alors que lui aussi se relève, abandonne le bureau. Les bras sont clos contre le coeur, éteindre l’amour pour éviter de s’en prendre plein la gueule. Elle lui fait mal, ne comprend rien, continue de s’acharner sur une décision qu’il a pris en âme et conscience. Il l’aurait prévenu, putain ! Il lui en aurait parlé si elle s’était pas barrée avec Serevo pour sa putà de vendetta ! Il lui aurait tout expliqué, ailleurs, pas ici, pas au QG alors que les oreilles trainent et que de potentiels traites sévissent dans les rangs des mafias. Jan aurait balancé tout à Selda si elle lui avait laissé un peu de temps pour s’expliquer ! Egoïste, il l’est, occupé, aussi, mais bordel, c’est elle ! Elle n’a pas d’égal dans son coeur et pourtant elle continue de douter de lui. Pire elle l’insulte de menteur, remet en cause sa parole, lui hurle dessus comme s’il n’était qu’un soldado de bas étage qu’on peut faire plier à coups de gueulantes. La mâchoire est crispée, l’étau se referme sur le torse, les phalanges blanchissent et il est obligé d’abandonner la posture pour éviter d’avoir une crampe. Et la suite fait déborder le coeur.

Jamais personne ne parle de sa famille comme ça et Sinead Reed a beau être officiellement son ennemie, elle reste de son sang et personne ne la tuera. Faudra lui passer sur le corps avant de toucher à un cheveu de la rouquine. C’est pas la mafia qui parle là, encore moins le capitano. C’est l’homme. Connerie que de vouloir protéger une membre d’An Riocht alors que Reed s’en tape surement de lui. Mais contre la loi du sang, les guerres n’ont aucune valeur pour Flores. Il s’en fout comme de son premier sandwich de savoir que le Royaume est son ennemi. Sinead ne l’est pas. Sinead fait partie de sa famille, quoi qu’on en dise, quoi qu’on en pense. Que quelqu’un ose venir lui en parler, et cette personne saura ce que c’est, que de se prendre la rage d’un dieu de la mort en pleine gueule.
Et au dernier mot murmuré, à la dernière insulte qui gicle des lèvres colériques de la sicaria, le bras s’élève et dans un revers, le dos de la main s’écrase contre la joue de sa Selda. La force mise dans le coup la fait valser, petit corps qui a côté de celui du boxeur professionnel, n’est rien d’autre qu’un ballotin de pailles. Et il ne hurle pas Jan, il n’est plus là à cet instant, Ah Puch a pris sa place, a foutu l’homme au sol. Et si Selda le connait réellement, elle verra, que le visage du chaton n’est plus là. Que les yeux sont brillants, que les maxillaires sont immobiles, que le visage est froid, que le souffle est trop rapide. Si elle est réellement sa soeur, à Jan, elle saura que devant elle, son frère n’est plus là. Qu’il n’a pas frappé, qu’il a laissé son dieu le faire car incapable de toucher à sa Selda. Ne lui parle plus jamais comme ça… Et la voix est plus rauque, sortie d’outre-tombe. Ah Puch qui sent que son heure arrive au fil des jours, que bientôt, il pourra hurler dans la caboche du capitano jusqu’à le faire crier à son tour.
Coup de tête sur le côté, reprendre le contrôle s’avère plus difficile que Jan ne le pensait. Le corps titube à son tour, recule, ne sait plus trop quoi faire. Je t’aime et ça t’suffit pas…. C’est murmuré difficilement, alors que le mur est atteint, le dos à son tour contre la cloison. Echange des places, échange de haine, échange d’amour. Comme ça qu’ils se parlent tous les deux, comme ça qu’ils communiquent. Comme ça que ça va s’finir. J’voulais crever Selda. J’ai pris mon flingue et j’l’ai foutu dans ma bouche. J’ai tiré. Quelqu’un l’a déchargé sinon j’serais plus là ! J’avais trop honte alors j’me suis barré. J’voulais juste crever sans que tu me regardes avec ces yeux-là. Et les paupières se ferment, incapable de regarder ce qu’il vient de faire. Incapable de lui montrer que dans ses yeux à lui, y’a plus d’frère.
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Tu es parti, je suis resté, on a changé. - Lun 4 Fév - 18:12


Si le bateau coule, si le bateau sombre
Je te suivrais, je serais comme ton ombre
Tu me trouveras toujours dans ton sillon
Dans les sales moments comme dans les bons.



Sonnée. Elle l'a vu se redresser. S'approcher. Se poster près d'elle quand elle vociférait, comme l'enragée qu'elle peine à contenir. Souvent trop fort, trop vrai aussi, pas d'filtre quand on s'appelle Miralles et qu'on s'tient face à Flores. Arrondir les angles, délicat, quand elle n'a jamais su le faire, un peu moins encore avec lui. Elle le sait, pas pour rien que de son côté aussi, elle l'a fui. Impossible de lui mentir en le regardant droit dans les yeux. Impossible de prétendre encaisser, quand ses nerfs ne sont qu'incandescence prête à la calciner. Et à trop bouillonner, ce sont les réflexes qui partent en fumée. P'tetre aussi qu'elle n'y a jamais été préparée, à ce moment-là. Que se défendre physiquement face à lui, c'est pas inscrit dans son mode de fonctionnement. Elle qui pourtant évite et retourne les attaques depuis plus d'une décennie, avec un talent lui valant d'être encore en vie, malgré ce travail qu'elle a choisi. Sicaria qui a encore les joues rougies de sa propre colère, quand l'une d'elle reçoit le coup sèchement. Phalanges qui s'impriment dans la carne, main qui s'y tatoue de manière éphémère, fait virer à l'écrevisse dans les secondes qui suivent. La nuque part sur le côté, visage qui se détourne et corps qui pivote quand elle peine à se rattraper. Un pas, deux, pour se stabiliser. Elle en a le coeur qui s'arrête sur le coup, siphonne sa poitrine en y aspirant toute impulsion vitale. Plus d'mots, au moins, ç'aura le mérite de l'avoir fait taire. Pas la première fois qu'elle s'en ramasse, plutôt désensibilisée depuis des années, pourtant là, y'a pas de montée d'adrénaline. Immobile, souffle rompu, mèches noires qui se battent devant son visage et voilent son regard. Les mots qu'il prononce, ensuite, ne lui appartiennent pas. Ce qu'il vient de lui faire, ça ne lui ressemble pas. Elle a pourtant d'jà dû être chiante, sacrément chiante, depuis plus de vingt ans qu'ils se côtoient. A en mériter, quelques baffes, sans jamais en recevoir de sa part. Pas l'genre de truc qui marche chez elle, déjà blasée dans l'enfance par les vaines tentatives de la madre de lui enregistrer les leçons en lui martelant littéralement les tempes. Violence physique qui lui a toujours fait ni chaud ni froid. Mais c'est différent, cette fois.

Même si c'est pas Jan, elle en a l'oeil qui brille et reste honteusement camouflé par les mèches emmêlées. Même si c'est pas Jan, elle vient glisser ses doigts sur la pommette cuisante et qu'à y sentir l'incendie, se sent complètement anéantie. Calmée, elle l'est, plus la force de s'égosiller quand les côtes aimeraient se sceller à nouveau, plutôt que de tout lâcher comme ça. Porte ouverte à la douleur dont elle ne veut pas. Dieu auquel elle fait face, et qu'elle n'accepte pas. Impuissance mortelle qui lui couperait les jambes et l'étalerait à genoux, incapable de raisonner l'être qui l'anime et le dévore. Jan qui lui dit qu'il l'aime, c'est ce qui la pousse à se détourner un peu plus, à crisper sa paume sur son visage comme si la sensation insupportable allait finir par s'barrer.  « T'es parti si loin. » Qu'elle murmure, plus pour elle-même que pour l'être qui se tient face à elle. A ne pas savoir où commence l'homme, où s'arrête le divin. Mots retenus, ravalés, à s'demander s'ils seront vains. Distance qui se conserve alors qu'elle finit par tirer brutalement une chaise, y poser son cul sans jamais cesser de cacher sa gueule. Elle le sent, l'élancement, s'doute que ce sera pas joli pour quelques temps. Pas envie d'le montrer, que ça devienne trop vrai. De donner satisfaction au Dieu qu'elle se met à mépriser.

Pourtant, s'imaginer un univers où il n'existe pas, c'est toujours au-delà de ses capacités. Alors quand il parle, elle est bien forcée de relever ses yeux vers lui, de le distinguer sous la frange devenue trop longue qui lui barre la tronche. Un mouvement de tête et la faciès se dégage, cheveux dégringolant dans la nuque, pour mieux le détailler. Horreur qui se trace dans le coeur, à s'imaginer la scène, à mieux comprendre le départ. Et ça n'efface rien, mais elle n'peut pas rester de marbre face à ça. « Quels yeux, Jan ? » Question qui semble presque candide, de ce même ton que toutes celles qu'elle a pu lui poser dans ses jeunes années. Sincérité collée aux lèvres qui s'animent sans qu'elle ne réfléchisse à ses dires. « Ceux qui ont jamais cessé de t'regarder ? » Et la gorge se noue, écrase la voix qui se fait rauque. « Faut juste se tourner dans la bonne direction, Jan. Et si c'est moi qui suis la mauvaise trajectoire, c'est que j'ai jamais su te mentir droit dans les yeux. En aucun cas que j'suis plus capable de te voir. » Maladresse qui s'extirpe et dos qui s'ancre dans le dossier, nuque inclinée en arrière alors que les yeux clignent à la lumière, vue légèrement troublée par la paupière qui s'oedématie lentement. Parce qu'elle osera pas l'approcher. Pas après tout ça. Pas même quand elle aimerait le prendre dans ses bras. « Moi aussi, j'ai honte. » Et c'est difficile de le dire à haute voix, pour ça sans doute qu'elle est pas foutue de le regarder à ce moment-là. « En permanence, genre. » Bras qui se croisent à nouveau, réflexe ne protégeant plus grand chose quand le myocarde a déjà explosé. « Faut s'aimer pour aimer correctement les autres, y'a pas un délire comme ça ? » Elle sait plus qui lui a déjà sorti cette connerie, n'empêche que ça lui arrache un ricanement à ce moment-là. « Alors j't'aime sûrement mal. De travers, ou j'sais pas. Mais pas pour ça que ça m'suffit pas, tu te trompes. » Haussement d'épaule, prunelles qui se perdent, rétine cramée par les plafonniers. « T'as toujours été l'plus important. » Lèvres qui s'humectent, dans un dernier souffle brûlant les bronches. « T'es toujours le plus important. »
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Tu es parti, je suis resté, on a changé. - Lun 4 Fév - 23:11



"Et j'ose pas trop le dire mais tu me manques.
Et J'suis heureux à cet instant
de pouvoir simplement te regarder. "


Et c’est le froid qui le gagne, la carne gelée alors que le coeur continue de brûler pour la sicaria. Pourquoi ça fait aussi mal d’aimer ? Pourquoi ne lui a-t-on jamais parlé de ça, à Jan ? Pourquoi personne ne lui a expliqué que l’amour, ça brise, ça fait pleurer, ça crame le coeur et ça gèle les pensées. Ça a déjà été le cas pour Joaquin, quand ce dernier l’a abandonné sur la terrasse, les étoiles comme seules témoins. Et voilà que ça recommence, mais plus de ciel, plus la chaleur de la fin de l'été, rien que le vide, et le silence de Selda qui le brise à chaque seconde de passée. Il est comme ça Jan, il aime trop fort, trop vite, brûle tout, détruit alors qu’il ne voulait que construire. Il s’excuse d’être comme ça, tu sais, il aimerait être différent, aller moins vite, briller moins fort, être plus distant, arrêter de tout briser dès qu’il effleure le moindre palpitant. Oui, s’il pouvait, il changerait, le capitano mais ça ne ferait rien. Jan est de ces astres qu’on regarde une seconde et qu’on ne peut oublier. Comme toi Selda, comme toi, qui pense être invisible alors que même derrière ta frange, tes grands yeux noirs brillent comme deux phares en plein brouillard.
Et les mots arrivent, comme les SOS attendus par le marin. Les yeux du capitano se relèvent, tentent de s’arrimer à ceux de la jumelle. Et il comprend, reste silencieux pourtant, les sourcils qui se froncent devant les révélations. Et dans la voix de Miralles, ça se brise aussi, alors que la tête est reculée et que sur sa joue, les affres de la gifle résistent à l’amour. Il le ne voit que ça, Jan, alors que les mots s’impriment dans son esprit. Il ne voit que la joue rougie, la brûlure d’un coeur bourdonnant trop fort pour Selda. Et elle le voit comme lui voit ce qu’il lui a fait. Elle le voit, malgré les diagonales, les murs et les barrages, elle le verra toujours comme lui sera incapable d’oublier son minois. Les cheveux lui barrent le regard, mais qu’importe, il sait que les mots révélés lui en coutent, à Selda. Elle n’a pas d’oeillères, juste un amour trop fort elle aussi, qu’elle ne sait pas  comprimer et qu’elle hurle au lieu de simplement ressentir. Il le savait, Jan, qu’ils étaient pareils, mais pas à ce point-là. Pas alors qu'il découvre qu’ils ont les mêmes techniques face à un amour trop grand qui les submerge. Car c’est toujours mieux d’hurler et de faire mal, que de s’avouer qu’on est fichus. Qu’on ne pourra pas rester debout, sans l’autre à nos côtés. C'est plus simple d'être solitaire, un coeur seul c'est moins douloureux qu'un coeur brisé.

Le rire de la sicaria, un peu moqueur, un peu triste aussi, lui arrache un semblant de sourire. Il comprend, Jan, ce qu’elle veut dire par-là. Que la haine viscérale qu’on ressent pour soi-même, ne peut s’transformer en amour d’un claquement de doigt. Il le sait, s’est retrouvé dans la même panade. Et y’a qu'un être qui a pu lui prouver que ce corps qu’il déteste, que ces brûlures qui lui donnent la gerbe, que cette maigreur qu’il tente d’oublier, ça fait parti de lui. Que c’est aussi pour ça qu’on l’aime. On dit que seuls les monstres peuvent aimer les monstres, que les animaux sauvages se reconnaissent et savent comment s’approcher, se séduire, s'accepter. Alors Jan, en écoutant Selda, il se dit qu’il ne l’a pas assez prouvé, qu’ils étaient similaires. Qu’elle ne devrait pas avoir honte, qu’elle devrait regarder plus longuement dans ses prunelles à lui, et voir plus que de l’amour, y voir de la fierté de la voir ici face à lui. Elle met les mots là où il a mit une gifle, elle reste dans la pièce alors qu’il pensait la voir fuir. Elle a grandit Selda, c’est une femme devant lui et plus une gamine sauvage qu’il portait sur son dos pour la ramener dans le quartier alors que le soleil était bas, et les monstres prêts à chiquer.
Et alors que ses yeux se perdent dans les lumières du bureau, lui la regarde toujours, lui l’écoute avec attention. Elle a réussi à calmer le dieu, Selda, à éveiller le frère, à éteindre le capitano agacé par tant de colère. Et le présent murmuré a la saveur de l’étreinte de la dernière fois, de ces promesses faites, de cet amour trop fort entre deux feux bouillants, qui, s’ils se retrouvaient, pourraient allumer un brasier sous les fondations d'Arcadia. S’ils acceptaient de se regarder une nouvelle fois, ils verraient leur reflet et pas un inconnu, pas un ennemi.
Et il reste silencieux Jan, les prunelles sombres bloquées sur Miralles, par peur de briser le moment, de tout casser comme il en l’habitude. Il n’avait jamais remarqué que ses lèvres étaient si rouges, que son carré avait poussé, que sa frange lui dévorait le visage et qu’elle devait surement avoir du mal pour bien viser. Elle est belle Selda, sauvage et attendrissante dans sa façon de mordre au lieu de baisser le regard. Elle lui ressemble tellement, à Jan, deux gouttes d’eaux dont les minois sont si délicats qu’ils pourraient faire palpiter n’importe quel coeur s’ils n’avaient pas décidé de les trouer avec des armes.

Il se lève le capitano, difficilement, le visage trop blanc, le corps trop froid. Il fait quelques pas, ne dit toujours rien, hésite, tremble un peu mais réussit à relever le menton face à Miralles qui est toujours assise sur sa chaise. Une main est tendue, pas celle de la gifle, pas celle qui fait mal. J’m’appelle Alejandro Flores et apparement… Le sourire est difficile mais bien là, sans tristesse, ni colère. Juste un sourire qui va lui rappeler celui de l’adolescent à Selda.   … J’ai besoin de lunettes. l’humour, l’arme infaillible du capitano après son sourire et ses yeux-paillettes. Essayer de détendre la situation, de calmer les coeurs, de se retrouver et non se perdre. Et il espère, Jan que Selda prendra sa main, que ses doigts calleux viendront rencontrer ceux du capitano, chaleur contre chaleur, feu contre feu, frère contre soeur, coeurs s’acceptant à défaut de se consumer. Et aussi, je crois que j’ui doué pour apprendre à aimer. Et la preuve est un homme que Selda connait, qu’elle n’a surement jamais imaginé, au côté du petit soleil de Delray.
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Tu es parti, je suis resté, on a changé. - Sam 9 Fév - 14:08


Si le bateau coule, si le bateau sombre
Je te suivrais, je serais comme ton ombre
Tu me trouveras toujours dans ton sillon
Dans les sales moments comme dans les bons.



Une sacrée poignée d'années qui les sépare de leurs premiers pas l'un vers l'autre. Souvent, ces derniers temps, qu'elle a eu tendance à jeter un coup d'oeil en arrière. Se rappeler ces fugues dont lui seul pouvait la ramener, parce que c'était l'seul qu'elle appelait. Quand, perdue dans les ruelles les plus sombres - à croire que l'obscurité l'attirait déjà, à l'époque - c'était toujours son numéro qu'elle finissait par composer. Quelques dollars dans une poche, volés dans le sac de sa mère, c'était tout ce avec quoi elle s'barrait. L'argent pour appeler Jan, quand elle en avait marre de jouer les sales gosses, et de s'imaginer sa mère hurler dans les tréfonds de Delray. Sûrement qu'elle a mis un peu de temps, Selda, à capter que sa mère remarquait pas qu'elle manquait à l'appel, la plupart du temps. Y'en avait p'tetre qu'un pour s'en soucier. Inconsciemment, ça, elle le savait. Pas pour rien qu'elle lui marmonnait toujours sa position dans le combiné, peinant à lire les indications sur les panneaux. Elle en a mis, un peu plus de temps que les autres, à déchiffrer les écrits. Pas assidue à l'école, et personne pour lui montrer. N'empêche que d'une manière ou d'une autre, Jan finissait toujours par la retrouver.

Et ce soir ne fait pas exception. Ce coup qui fait mal, idées qui s'entrechoquent et se remettent à leur place. Au moins pour cette certitude d'avoir mal, terriblement mal quand elle songe le voir disparaître. Que le coeur rate un battement et que derrière ses colères et ses rugissements, ça compte. Jan compte. Et si ce n'est plus la maladie qui menace, c'est le Dieu vorace qui le dévore d'un bout à l'autre. Pas prête pour ça, Selda, pas plus qu'elle ne l'était cette nuit où il le lui a dit, où elle s'est contentée de s'accrocher à lui en songeant que ça suffirait sur l'instant. Loin des étreintes tendres, ce sont les phalanges qui s'imposent en premier contact. Et elle le parle couramment, ce langage-là, autant que l'espagnol qui file dans ses veines comme dialecte natal. Comprend ce qui s'imprime dans l'élancement violacé, le geste pouvant sembler déplacé. Pas à s'offusquer d'être battue, tout juste un instant à perdre pied avant de décoder ce qui s'y camoufle. Pour ça qu'elle ne lui rentre pas dedans, tête baissée, comme elle pourrait le faire avec n'importe qui. Pas lui qui a cogné, elle n'peut pas l'en blâmer. Tout juste déchirée de voir ce qui lui arrive, et le sentiment de ne rien pouvoir y changer. Alors, elle parle, Selda. Elle parle comme si les mots allaient pouvoir changer quelque chose, au moins apaiser la tension qui persiste entre eux. Pas son genre, pourtant, à croire que les rôles se redistribuent et que c'est à elle de faire l'effort. Mouvement qu'elle perçoit et finit par décrocher ses yeux dans sa direction, temps en suspend dans l'attente, curiosité qui s'éveille au fond des pupilles. A s'demander s'il est en état de les saisir, ces perches bancales qu'elle lui tend. Et qu'si elle n'est pas douée avec les discours, il le sait certainement.

Sursaut dans les entrailles à la main qui se tend. Immobilité qui se rompt alors qu'elle en perd son esquisse de sourire, que la tête s'incline doucement sur le côté, tendresse naissante dans les prunelles. Réminiscence qui s'arrache au passé et bouscule son présent. Elle en a l'âme qui se tord, de contempler le monde qui les sépare de cette époque révolue. Changés, grandis, brisés, reconstruits maladroitement, différents. Pourtant, c'est toujours ses doigts dans les siens quand son épaule se lève et que les paumes se joignent. Une seconde et elle se lève, entremêle les poignes qui peuvent être rudes mais s'adoucissent l'une l'autre. « Tu sais qu'tu serais beau, avec des lunettes. » C'est naze, tout ce qui s'extirpe de ses lèvres quand elle s'approche, se plante bien en face de lui, sans le lâcher. « Un vrai coach sentimental. T'connais ta reconversion si le combat te lasse. » Et elle a un rictus qui s'installe au bord des lippes, se sent toute petite devant Jan, à le tenir par la main comme l'enfant qu'elle n'a jamais vraiment cessé d'être en sa compagnie. Petite soeur pas foutue de rester trop longtemps éloignée de son aîné. « Tu m'as manqué. » Révélation qui fait trembler les cordes vocales toujours trop abruptes, seconde main qui vient se glisser sur sa joue, lui relève un peu le menton pour contempler son visage sous toutes les coutures. « T'as pas trop mauvaise mine. » Pulpe des doigts qui abandonnent l'angle des mâchoires pour cesser son petit numéro. « J'aime bien, quand t'as pas trop mauvaise mine. » Du Selda en pagaille, qui s'étale sans filtre, contemple de ses iris étincelantes celui qu'elle n'a plus regardé de la sorte depuis longtemps. « C'est bien. Pour vous deux. » Conclusion logique qui déborde de ses lèvres malhabiles, sincérité harnachée au poitrail qui se livre. « Bien mieux qu'si t'avais continué à l'attendre sans qu'il percute. » Parce qu'elle se souvient ses mots, cet été, qu'elle n'peut pas s'empêcher de le taquiner, un mot après l'autre, sans se précipiter. Que cette révélation-là, elle peut l'accepter. Comme sa guérison. Et qu'pour le reste, elle se contentera juste de la fermer, pour une fois. Le temps que ça durera.
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Tu es parti, je suis resté, on a changé. - Dim 10 Fév - 15:16



"Et j'ose pas trop le dire mais tu me manques.
Et J'suis heureux à cet instant
de pouvoir simplement te regarder. "


Les doigts contre sa paume sonnent comme un accord tacite, un aveu qui fait bondir le coeur un peu trop vite. Il en a un léger sourire Jan, comprend que Selda accepte ce qu’il lui dit. Ça sera difficile, ça ne sera pas comme avant mais si se retrouver est possible, les deux âmes feront tout pour réussir. Seuls, ils sont forts, ensembles, ils sont meilleurs. Ensembles, ils ne sont qu’un, les lames et le m9, la rage et la colère, les flammes et les braises. Ensembles, ils sont un tout. Retirer les fondations et le reste s'effondrera comme un château de sable.

Le silence se fait sur ses lèvres alors que le coeur lui, il bondit comme un cheval bien éveillé après trop de nuits sans sommeil. Il lui a manqué, c’est dit, c’est réel et ça s’imprime dans son esprit, comme la douceur de sa main contre sa joue qu'elle caresse alors que lui l’a cogné. Il s’en mord la joue, de honte et de rage, d’avoir laissé Ah Puch parler. Dieu qui s’éveille trop fort en ce moment, dieu qui fait n’importe quoi, dieu qui se pense meilleur que lui alors que c’est lui, qui conduit la carcasse.
Les yeux se ferment un peu, il se laisse regarder sous toutes les coutures, sait que Selda y verra le visage de son frère, de cet homme qu’elle aime depuis son enfance, de ce jeune homme qui a grandit, qui a perdu, qu’elle a aidé, qu’elle a retrouvé et qui n’a qu’une hâte, se retrouver dans ses bras et entendre les pulsations de son myocarde. Pourtant il s’en empêche, écoute toujours les mots de Selda, sait que le contre coup du contre-mitaine disparait lentement. Elle le touche, lui parle, accepte, ça prouve qu’Ah Puch recule, qu’Ah Puch n’est plus le maitre. Il savait. Qu’il répond à la dernière remarque, Joaquin qui devient le centre alors que l'identité a toujours été réduite au silence. La main toujours dans celle de Selda, la pulpe qui en caresse la peau, il se rapproche un peu Jan, essaie de lui montrer qu’il est là, qu’il ne partira pas. Mais tu sais comment est Joaquin, les sentiments, c’est… Impossible qu’on pense, difficile surtout, le commandante ne laissant jamais son coeur parler en public. Il préfère rester froid, empêcher l'orage de sévir alors que derrière les glaces, c'est le feu qui crame. Et ça, y'a que Jan pour le savoir. Les doigts libres retrouvent l’autre main, la relève, l’embrasse. Lèvres piquantes à cause d’une barbe naissante qui lui va bien. Joaquin aime, Jan l’a gardé, trop amoureux pour refuser une telle demande qui sonnerait presque innocente si on ne les connaissait pas. J’ai repris du poids, les analyses sont bonnes, j’ai plus mal, j’ai… les mots dévalent des lèvres, sont entrecoupés de baisers sur la paume de la sicaria. Il aime son odeur, le capitano, a toujours apprécié se coller à elle quand le sommeil ne venait pas. On pense que c’est Maria, que j’ai fais un voeu sans m’en rendre compte ce soir-là, où… Le silence suffit à faire comprendre à Selda qu’il parle du canon dans la bouche. Il ne s’en remet toujours pas, de ce qu’il a dit, de ce qu’il a failli faire, de cette facilité qu’il a eu, de prendre l’arme et de viser sa trachée sans peur d’en finir. Faut être à un point de non retour pour préférer la mort à la vie.

Et puis y’a une pause, une vraie, un silence alors que la paume de la sicaria est amenée contre sa joue, une nouvelle fois. La main de Jan la recouvre, position presque étrange qui les lie à nouveau. Pas de distance, plus de vide entre les deux quand les corps se rejoignent et qu’enfin, il se permet de la serrer contre son myocarde. Jan avait froid, plus maintenant. Il se sentait seul, plus maintenant. Il la sentait loin, plus vraiment. N’me fais plus jamais ça Selda… Ne pars plus sans m’le dire et j’ferais plus de conneries sans te prévenir. Il étouffe un rire contre la tignasse brune de la soldate. Ce sont leurs excuses à eux, leur façon de s’avouer qu’ils feront plus attention, qu’ils arrêteront de vriller sans penser à l’autre. Et c’est difficile pour deux électrons libres comme eux, de se dire qu’en fin de compte, ils appartiennent à quelqu’un. Que les orages se sont calmés, pour laisser le soleil un peu plus briller. Dis moi que vous les avez, ces gringos… et se reculer un peu, le visage penché vers celui de Selda, la guerre en arrière, la colère écrasée mais la peur toujours là, de la voir encore vriller si ces hommes n’ont pas été supprimé.
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Tu es parti, je suis resté, on a changé. - Lun 11 Fév - 20:58


Si le bateau coule, si le bateau sombre
Je te suivrais, je serais comme ton ombre
Tu me trouveras toujours dans ton sillon
Dans les sales moments comme dans les bons.



Défaire les pensées noires, les ruminations incessantes à son égard, à chaque parcelle de chair qu'elle réapprivoise. Lignes mémorisées depuis longtemps, qui se ravivent dans sa mémoire, de ces pommettes moins saillantes et mâchoires moins rigides sur lesquelles se baladent ses doigts. Un peu plus pleines, les joues, p'tetre plus à même de porter ces sourires qui lui ont toujours dégommé le coeur, à Selda, ceux qu'elle ne se lasse pas de le voir arborer. Celui qui se fait plus discret, pourtant, au lieu de s'étaler. Paradoxal, de le voir moins amaigri, moins malade, et de ne le reconnaître qu'à moitié. Plus douloureux aussi, ce qui l'empêche de s'approcher davantage, à ne pas saisir la limite entre le téméraire et le sage. Et sûrement qu'elle ne s'est jamais vraiment posé la question avec lui, mais qu'elle se le demande, là, tout de suite. Si c'est ça, leur nouvelle normalité. S'prendre avec plus de délicatesse, moins de cette honnêteté brutale menaçant les nerfs mais rabibochant les coeurs. Si désormais, faudra faire gaffe à qui s'tient en face. Si Jan est lui, ou cet autre qui frappe sans hésiter. Si les instants partagés seront livrés avec parcimonie. Alors, sûrement qu'à cet instant précis ils sont plus proches, bien plus qu'ils ne l'ont été durant ces dernières semaines, derniers mois. Mais que ça ne s'approche pas des derniers échanges d'une sincérité écrasante, brutale et viscérale. Parce qu'il y a de la retenue dans les corps qui se tiennent à distance, dans les mots qui se perdent de manière maladroite. Perdue entre deux eaux, elle ne sait pas, si elle a envie de chialer de rage ou de joie. Si dans ses gestes subitement trop calmes, elle l'atteint, lui montre à quel point son absence l'a bouleversée. Elle se doute, que les dires ne transmettent le message qu'à moitié. Que la souffrance de l'éloignement, c'est pas en trois mots qu'ça va s'exprimer. Un bon début, sûrement, et faudra peut-être s'en contenter. Parce qu'elle non plus, elle n'est pas très douée, mais elle essaie.

Puis, viennent les révélations. Et elle n'est pas fleur bleue, s'en bat les reins en général des histoires de ce genre-là. Certainement qu'elle n'est pas faite pour ça, les amours réciproques, les relations qui se bâtissent et les coeurs vibrant à l'unisson. Pas foutue de se définir en couple depuis une première relation désastreuse, la manière dont celles-ci se construisent lui échappent. Pas qu'elle ressente rien, sûrement que c'est toujours de travers que ça pulse, à l'intérieur, trop fort, trop violemment. Seulement, s'aimer sans prétendre se détruire, ça lui échappe. Mais là c'est Jan, Jan et Joaquin qui plus est, et elle peut pas s'empêcher de tendre l'oreille, comme cette nuit où il le lui a avoué. Curiosité teintée de l'affection portée au capitano et au commandante, elle se trouverait niaise en d'autres circonstances, mais en l’occurrence, se laisse happer par la confidence. « J'vois le genre. » Pour l'avoir vu contenir des émotions cinglantes à son égard cet été, derrière ses traits marmoréens, l'avoir poussé à bout sans qu'il ne vacille derrière ses barricades. Alors, sûrement que ça doit être quelque chose, de l'voir réprimer des sentiments aussi incontrôlables que ceux-là. « C'est qu'ça doit être quelque chose, si vous avez réussi à vous trouver malgré tout. » Conclusion qui semble un peu con, pourtant presque sensible entre les lèvres de la Miralles. Pas habile avec ce genre de conversation, ça manque sûrement de finesse mais faut pas vraiment en attendre mieux. Prunelles qui abandonnent les siennes pour suivre la course de ses lèvres dans sa main qui se laisse faire, elle en a les terminaisons nerveuses qui faiblissent et le sourire qui s'imprime sur les traits fatigués. Baisers qui ponctuent ses phrases et percent la carapace de la sicaria. Lueur qui irradie lentement dans les ténèbres installées entre eux. Avide de ces nouvelles tant espérées qu'il lui offre, loin de sa tronche renfrognée des premières minutes, Selda écoute et ressent. Sensations oubliées qui s'installent, plongée entre espoir et chagrin d'savoir qu'il en est arrivé à ce stade, sans même qu'elle ne le sache. Qu'elle aurait pu le perdre, lui aussi, et qu'elle n'a pas été foutue de le prévoir, ce coup-là. Heureusement sans doute que le voeu a été fait, don utile là où le sien ne l'est pas.

Toute en proie à ses remises en question, oscillant sur la ligne qui les sépare, c'est lui qui rompt la distance et ses bras à elle qui s'ouvrent pour s'enrouler autour de lui. « J'allais t'perdre et j'le savais même pas. » Pas tant à lui qu'à elle-même que le reproche s'adresse.  « A quoi ça sert, cette merde, si c'genre de chose-là, c'qui compte vraiment, j'le vois pas. » Elle s'égare, lèvres étouffées dans son épaule, malédiction abhorrée un peu plus encore depuis son excursion en compagnie du sicario. Et les paumes se pressent entre ses omoplates, l'écrasent un peu plus contre le désordre du poitrail. Odeur qui l'ancre à leur réalité, celle qui naît des étreintes et de leurs pas alignés. Celle dont ils ont dévié, comme il le lui rappelle, alors qu'elle se remet à marmonner. « J'peux essayer. » Mauvaise gueule toujours plus encline à ronchonner qu'à promettre quoique ce soit, elle l'entend qui rigole au-dessus de son crâne et elle peut pas s'empêcher de relever la nuque dans sa direction en plissant le nez. L'air de dire, tu m'emmerdes, à m'rendre sentimentale. Parce que non, elle le refera plus. Et que si ça l'écorche de le dire, de reconnaître avoir eu tort, n'pas avoir réfléchi, sûrement que la contrepartie est alléchante. Alors elle a compris la leçon, même si ça transparaît dans ses yeux mieux que dans sa mauvaise foi latente. Doigts accrochés au vêtement qui veulent dire, j'pars pas, j'pars plus, pas sans toi.

Tête à tête délicat en contraste avec la hargne qui demeure toujours en sourdine, aux réminiscences de ce soir-là. Elle se crispe un peu dans ses bras, le détaille à sa question et faut quelques secondes pour que les lèvres pincées se détendent. « Quelques-uns. » Et ça lui lacère la trachée rien que d'y penser. Insatisfaite permanente, elle devrait p'tetre s'en contenter. Elle sait que ce sera pas le cas, pourtant, et sans doute qu'il saura le deviner. « Y'en avait quatre. J'pensais qu'ils me mèneraient aux autres avec... fin tu sais, avec... » Avec ce putain de don dont elle ne lui a parlé que de manière sommaire, en réalité, ce qu'elle capte en pensant qu'il peut comprendre, mais il lui manque des données. « Avec leur sang sur mes paupières. » Elle le murmure comme le secret honteux qu'c'est, le prétendu talent qui se camoufle sous sa peau et qu'elle peine à énoncer à haute voix. « Mais j'ai pas vu tout c'que je voulais, alors voilà, y'en avait quatre, et pour l'instant, c'est tout. » Déçue, ça se sent dans sa manière de parler vite sans articuler, comme si ç'allait lui faire oublier la colère ayant suivi l'absence de vision. Grands yeux noirs braqués dans les siens, à presque retenir son souffle dans l'attente d'une réaction, à rendre les choses plus réelles encore maintenant qu'elle les énonce. Semblant d'univers parallèle n'existant jusqu'alors que dans les pensées de Serevo et les siennes. Presque étrange d'en parler, d'arracher le moment aux souvenirs. Et ça s'emmêle un peu, quand elle précise, sans trop savoir pourquoi. « J'pense que ç'aurait pu être fait plus proprement si j'm'étais pas laissée emporter. Mais ça tu l'dis pas à Serevo si tu lui fais un speech comme à moi. Il aimerait trop ça, d'savoir que j'dis que j'ai merdé. Hein. Tu lui diras rien, j't'ai rien dit. Sauf qu'il est casse-couilles, ça, tu peux le dire. » Et elle termine sur un sourire, revenant coller sa joue contre lui, disparaître dans sa chaleur et fermer les yeux quelques secondes.
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Tu es parti, je suis resté, on a changé. - Mar 19 Fév - 22:16



"Et j'ose pas trop le dire mais tu me manques.
Et J'suis heureux à cet instant
de pouvoir simplement te regarder. "


Selda et son don, ce secret si bien gardé qu’il n’a jamais imaginé Jan. Selda et ses visions, Selda et du sang sur ses yeux, comme pour lire à travers les horreurs, ce que les hommes vont faire, ce qu’ils ont en eu. Selda et son mensonge, qu’elle a gardé longtemps sans jamais oser le révéler au capitano. Selda tout court, qui malgré toute cette rage et cette honte, restera à jamais celle qui fait bondir le coeur d’Alejandro. Alors ça lui en coûte, au gradé, d’entendre ce dégoût qu’elle a d’elle-même, sur ce qu’elle doit faire pour pouvoir activer ce don qui lui donne la gerbe. Et Jan, il aimerait la serrer dans ses bras, éteindre le dernier éclat du croque-mitaine pour ne pas avoir peur de la faire trembler, de l’effrayer, de la repousser. Il aimerait tellement que tout redevienne comme avant, sans les ecchymoses sur le coeur et les sutures sur les sourires. Mais il est le dieu de la mort, pas du temps, et la vie serait bien moins amusante si le contrôle était toujours présent.
Alors il l’écoute Jan, fronce un peu les sourcils en entendant son récit. Et quand vient le murmure quasi inaudible sur ce don utilisé pour extirper des informations, le visage se détend et le besoin de la tenir encore contre lui, revient au galop comme la colère de ne pas avoir été là pour elle. La maladie a tout foutu en l’air, son dieu a tout fait en l’air, ce don a tout foutu en l’air. C’est ça qui les sépare, pas eux, pas leur coeur, juste les oracles et les dieux. Et Ah Push la sent, cette rage qui consume son vassal au point de le rendre difficile à modeler. Lui qui a opté pour le petit Soleil en espérant séduire pour mieux faire tomber, se rend compte petit à petit que la lumière lui échappe. Que le coeur est trop grand et détruit tout ce qu’il a construit. Mais ce n’est pas Ah Puch qui abandonnera, ce n’est pas lui qui perdra. On ne remporte pas la guerre contre un dieu, on accepte ou on pose genou à terre. On acquiesce en silence ou on supplie la clémence.

La joue de Selda contre son épaule le ramène au présent, là où les dieux n’ont pas encore pris d’assaut leurs existences. Ses mots se répercutent avec un temps de retard, et lorsque les mains se referment contre le corps musclé de la sicaria, il étouffe un rire en imaginant la tête de Mac s’il apprenait que Selda a avoué ses erreurs. Un baiser dans le cou comme signe de résilience, un murmure comme aveu qu’il restera muet face aux faiblesses qu’il connaissait déjà. J’lui dirais rien… Car Serevo n’a pas le droit de savoir ce qui se trame entre les deux soldats de la Calavera. Parce que Maciej a beau être important pour Selda, qu’importe ce qu’elle avouera, ce qui se dit ici, entre leurs bras, ça leur appartient.
Le capitano se recule un peu, les doigts trainant sur la joue de la sicaria pour la relever à son tour. Regarde moi qu’il lui dit, regarde moi, je ne pars plus cette fois-ci. La prochaine fois, on ira ensemble. J’t’aiderais, avec Serevo si t’as envie. On les attrapera, on les attachera et tu les tueras, ¿ vale ? Ce n’est pas une proposition, mais un ordre. Un ordre qui lui fera du bien, qui apaisera son coeur, et calmera son âme. Un ordre qui la rendra fière et l’empêchera de devenir cette grenade que Jan a peur de perdre en la voyant exploser. Être témoin de la folie de Miralles, de ses colères les plus noires à ses excès de violence, il le veut bien Jan. Être témoin de sa décadence, de cette ombre dévorant sa lumière, il ne pourra pas. Il plongera avec elle. On est quittes Miralles ? T’arrêtes de m’briser le coeur et j’fais pareil avec le tien ? Et le sourire qui lui adresse est plus lumineux que le soleil. Plus de croque-mitaine, plus de dieu. Rien qu’eux, jusqu’à ce que la situation leur échappe et que le monde s’amuse encore de leur amour. De ce lien que même la Mort n'a pas encore réussi à découdre.
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Tu es parti, je suis resté, on a changé. - Mer 13 Mar - 13:35


Si le bateau coule, si le bateau sombre
Je te suivrais, je serais comme ton ombre
Tu me trouveras toujours dans ton sillon
Dans les sales moments comme dans les bons.



Bien que lui pour animer son sang de telles montagnes russes. La gifle n'est plus qu'un vague souvenir, quand la joue se loge contre l'épaule du capitano, s'y enfouit même, parce que ç'a toujours été son refuge favori. L'atmosphère se détend, imperceptiblement, elle le sent dans son propre coeur qui achève de saccager sa poitrine, s'apaise lentement tandis qu'elle l'écoute. Enfin. Attention entière focalisée sur les mots qui s'écoulent comme des promesses, font briller ses prunelles de perspectives alléchantes. « Cette fois ils seront tous là. » Qu'elle acquiesce, comme si le rendez-vous était déjà pris, l'issue fixée. Rêve de revanche épaulée par le frère, terminer le travail commencé avec Serevo et n'plus jamais avoir à y repenser. Et dormir. Dormir enfin sans crainte des visions rappelant l'échec, rappelant le père. Elle en a la sensation, Selda, qu'elle ne pensera plus à Vicente quand il sera vengé. Qu'enfin, elle pourra avancer. Alors c'est sûrement optimiste, mais là tout de suite, ça la rassure. « Je t'appelle dès que je rêve. » Sceller le pacte, et lui esquisser l'ombre d'un sourire meurtrier, celui qui fait scintiller les prunelles, à lui filer des airs de psychopathe derrière ses traits fins.

Et elle le regarde, son Jan, à appuyer sa joue contre ses doigts qui s'y égarent. Elle peut pas le savoir, encore, que c'est pas la dernière fois qu'ils se briseront le coeur tous les deux. Qu'il ne faudra qu'une poignée de jour pour qu'elle s'effondre, quand elle le trouvera, sans l'avoir présagé encore une fois. Soupçon d'insouciance qui hante les mots qui rétorquent. « On est quittes. » Paume qui s'élève, s'ose à caresser son front, se perdre dans ses cheveux puis dans sa nuque. Repères qui reviennent, tendresse accrochée au moindre de ses gestes, à chaque inspiration. « Deal. » Sauf qu'elle a quand même une question, trottant dans son crâne, à ne pas perdre le Nord. « J'ai pas le droit de larguer le sicario que tu vas me coller en binôme, genre, s'il me ralentit par exemple ? » Air innocent flanqué au faciès, à ne pas se douter une seconde d'à quel point la question serait pertinente avec Ruben. « Parce que bon, j'veux bien être chaperonnée mais il a intérêt à pas m'faire perdre mon temps non plus. » Insolence inénarrable, elle revient le serrer dans ses bras et cacher sa tronche dans son cou avant même qu'il n'ait pu répondre. C'est sûrement un peu évident, que la réponse ne lui plaira pas, qu'elle fera avec malgré tout. Manière de prétendre garder un zeste de contrôle sur la situation, même si c'est pas le cas. De cette fierté qui refuse de s'écraser, même au plus bas.

(the end)
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Tu es parti, je suis resté, on a changé.

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