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(zenur) keep yourself alive.

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(zenur) keep yourself alive. - Ven 4 Jan - 21:30



(zenur)
keep yourself alive.

Vingt-trois heures trente, huitième verre. Sa gorge se plaint dans un geignement satisfait tandis qu’elle admire, reniflant, le cadavre de la bouteille de whisky renversé sur la table. Elle tend les bras, à la manière d’un fauve s’étirant, retenant un nouveau gémissement. Elle ne dormira pas ce soir. C’est une de ces nuits sans lumière où ses pensées l’assassinent. C’est le prix à payer d’une intelligence pure, insatiable, insatisfaite, qui dévore tout et ne remercie jamais. C’est le poids des mots qu’elle ne comprend trop bien, le revers tranchant de décennies de retenue. C’est la part sombre de la sagesse, cette incapacité à toujours s’en montrer digne. Sa part d’humanité s’étouffe face à l’exigence divine. Quelque chose l’affaiblit lorsqu’elle devient plus forte. Aujourd’hui encore il n’a suffit que d’une simple faille dans le système parfaitement rodé de l’italienne, que d’un simple mot de travers, à peine murmuré, surtout arraché aux pensées secrètes, pour qu’elle s’écroule, qu’elle hurle. Dix-huit heures, fin de sa journée, cernes, cigarette, frottement de son badge contre sa veste. Un collègue qui lui propose d’aller boire un verre, elle qui ne relève même pas la tête, mais qui s’excuse pieusement de façon mécanique. Elle ne prend même plus la peine d’y réfléchir, parce que c’est toujours non, parce que ça ne l’intéresse pas, parce que l’idée de tenter ne l’a jamais effleuré. Parce que l’insomnie l’attend, bien tapie chez elle, qu’elle veut se consacrer entièrement à elle et à son Heidegger à moitié corné, oublié sur sa table de nuit. Parce que c’est plus facile comme ça, aussi, il faut l’avouer. L’autre ne dit rien, elle en est sûre, il n’a simplement que hocher la tête avant de se détourner. Pourtant elle l’a bien entendu, ça aussi elle est certaine, ça lui a comme échappé, cette réplique acerbe bouillonnant au fond de lui : parce qu’elle dit toujours non, parce qu’elle est insupportable, Zelda : « Quelle coincée du cul, sérieusement. » Elle en a relevé les yeux de son dossier, comme piquée au vif, tandis que quelques mèches tirant sur l’auburn s’échappait de son chignon stricte. Pas un mot de plus, lui qui disparaît. Elle ne l’a pas retenu. Qu’aurait-elle répliqué de toute manière ? Il n’a rien dit après tout, il l’a seulement pensé, et c’est peut-être encore pire. Et elle ne sait même pas pourquoi ça lui fait si mal, pourquoi cette fois là, parmi mille autres réflexions similaires, elle serre les dents plus que de raison et lutte contre la brûlure infernale qu’elle ressent au fond de sa poitrine. Sa froideur, on le lui a reproché tant de fois. On l’a tant regardé de travers. Zelda l’automate, Zelda la meilleure en tout, la souveraine. Sa couronne glisse aussi bien que cette bouteille de whisky entre ses lèvres, haletante, elle se laisse aller aux limbes déraisonnables de l’alcool. C’est ce qu’elle a toujours fait, dans ces moments de crise où elle aimerait, aussi bêtement cela puisse-t-il paraître, n’être qu’ordinaire.

Mais là où l’extraordinaire la rattrape toujours, c’est qu’elle se dresse soudainement, manquant de tomber, et file attraper une paire d’escarpins. Elle évite soigneusement la glace de sa salle de bain, n’y voyant de toute manière pas assez clair pour tout à fait se rendre compte de l’état dans lequel elle se trouve. Après un éclat de rire sans véritable origine, elle claque la porte de chez elle, s’approchant de la porte se trouvant juste en face. Elle ne la connaît que trop bien. Sept mois plutôt, elle avait l’habitude de faire des allers-retours entre ces deux portes. Le temps avait un goût de Nirvana entre les limbes presque candides de l’appartement d’à coté, où rien ne semblait réellement avoir d’importance. Elle s’y était laissée allée trop de fois, comme échappant à l’attraction terrestre lorsqu’elle était avec lui. C’était comme se réveiller d’un rêve dont on ne se souvient que de la fin. On oubliait le sourire constant qu’il avait pu nous apporter pour n’en retenir que les larmes versées. Pourtant, l’ivrogne, elle tambourinae contre la porte de son très cher voisin, avec lequel elle avait vécu ce qu’elle s’était toujours interdit pendant près d’un an et demi. Assez donc pour qu’il n’ignore pas son penchant pour l’alcool. Pourtant, sa raison lui hurle de fuir, alors que décidée, son cœur de pierre encore rougis par la brûlure d’une simple réflexion, la fait demeurer immobile. Lorsqu’il ouvre enfin, elle s’accroche à la porte pour éviter de tomber, hoquetant un peu en manquant de perdre l’équilibre. « N-Nur ! » S’écrie-t-elle, toute haletante, ses longs cheveux toujours attachés collant à ses joues. « Écoute moi bien, toi ! » Elle hoquete de nouveau, comme une lionne sur laquelle on vient de tirer, affaiblie mais rugissant encore. « J’veux qu’tu m’fasses l’amour. » Elle déclare brutalement comme si ça avait le moindre sens, secouant la tête. Puis elle fronce les sourcils, comme si elle se rendait compte de son ridicule, mais secoue la tête en chassant cette pensée. « Puisqu’il faut l’faire, j'préfère qu’ce soit toi. » Et calant son pied dans l’entrebâillement de la porte, elle inspire relevant enfin ses yeux presque noirs vers les siens. « Et ne t’avise pas de refermer cette porte, j’suis capable de la défoncer, tu le sais mieux que moi. » Souvenir presque tendre d’une crise de fou rire qu’ils avaient eu, bien des mois plus tôt, où les rêveries de Nur l’avaient fait oublier ses clés.
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(zenur) keep yourself alive. - Ven 4 Jan - 21:52

keep yourself alive
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https://www.youtube.com/watch?v=JapIRKd9kgA

y'a pas de bonjour, pas de bonsoir, pas de bonne nuit, pas de au revoir. y'a pas de signes qui trahissent la politesse à plein pif - y'a qu'un enchaînement d'emmerdes qui viennent le tirer par les pieds pour le pendre à l'envers. il est là, nur, planté comme le dernier des cons derrière sa porte à moitié ouverte, à pas vraiment percuter la pierre qui vient rouler contre sa face pour l'écraser - le rendre feuille de papier froissé. il a pas le temps d'assimiler, ça râle, ça braille, ça pue l'alcool à en avoir un coma sur la seconde - c'est pas qu'il est pas friand, c'est seulement qu'il sait pas pousser le bouchon, qu'il est pas de ceux qui tanguent jusqu'à se bouffer le bitume en plein dans les dents, qu'aiment bien cracher un poil trop de sang. cils qui papillonnent, il a un vieux tee-shirt ample sur le dos, le reste de son jean porté la journée - la même gueule que les lendemains de cuite, sauf qu'il a juste trop pioncé. il assimile quant même l'autre qui fait son cirque, qui se la joue monologue en demandant des saloperies - des qui se finissent au fond du pieu, à couiner parce que ça fait du bien, à s'entraîner dans une danse sans qu'elle soit pour autant endiablée. tendresse jamais donnée - ça valait bien le coup d'attendre plu d'un an, ça valait bien le coup de se foutre à ses pieds pour laisser la bague apparaître dans son écrin en velours. y'a zelda qui déballe ses plus belles parures - ses joues rougies sous les verres trop vite enfilés, son genre de sourire-grimace qui vient maraver ses pommettes, sa tignasse en dégringole qui se prend ses épaules d'un coup de fouet. y'a zelda qui subitement se fait voir, y'a zelda qui sort de son trou, y'a zelda en fantôme qui vient jeter de la neige sur sa télévision en plein film à dénouement - morsure de sa langue du bout des dents, elle a le même charabia qu'un vendeur d'aspirateurs ambulant, ça vend beaucoup, ça donne rien une fois que c'est acheté.

là ça fait mal.
un peu.
de quoi enlever les fils, se rappeler que y'a de la chair - un surplus de peau inutile.
- putain t'as bu quoi encore. ça se savait, ça se disait, ça s'avouait, ça se contenait pas dans la bouche, ça pouvait pas la boucler. zelda elle a toujours eu comme un effet magnétique autour des effluves qui poussent au délire - zelda elle a toujours eu des airs de tragédie. ça fait des mois que ça a pas causé - premier constat c'est seulement qu'elle veut baiser, ça remet au moins en perspective, ça donne presque une ironie à la chute. l'atterrissage il pique - y se demande encore, nur, comment il a fait pour avoir la tête sur les épaules.

- si j'fais dans l'caritatif, j'vais pas tomber aussi bas. si tu veux t'faire troncher, t'as juste à appeler le gigolo du coin. timbre paisible qui cherche pas dans la détresse quelconque profit - l'est pas vilain, seulement jeté dans une galaxie rongée par une haine claquée d'incompréhension. il la laissera quand même pas se tirer, c'est qu'elle pourrait crever en se foulant la cheville dans les escaliers - une des morts les plus foireuses de la décennie, qui s'oublie vite la semaine d'après, parce qu'un tueur en série ça reste toujours plus intéressant qu'une poivrote qui se fait le coup du lapin en solitaire. il avait pas besoin d'un accident de trois tonnes aujourd'hui, sans doute pas demain aussi, sans doute jamais - pas de ce genre, pas qui revient foutre en bouillie un vieux chat qu'a déboulé sur la route au mauvais endroit, au mauvais moment.
- arrête tes conneries, rentre chez toi, t'as rien à faire ici.
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(zenur) keep yourself alive. - Ven 4 Jan - 22:16



(zenur)
keep yourself alive.

C’est un serpent. Elle n’en a pas l’habitude. Nur c’est une pastille qui fond sous la langue, une sucrerie sans artifice, du genre artisanale, qu’on ne trouve que si on le cherche bien. Parce qu’il est du genre discret, du genre ermite aussi. Mais ce soir là, c’est un serpent. Et aussi ivre puisse-t-elle être, ça ne la surprend pas vraiment. Parce que le joli ours en peluche, elle l’a pas mal dépecé, à peine quelques mois plus tôt. Comme une enfant gâtée, elle a préféré le jeter aux ordures plutôt que de s’en encombrer. Parce que c’était pas juste de poser sa tête sur son épaule qu’il avait voulu proposer, c’était de le faire pour l’éternité. Et elle, elle avait eu peur. Parce qu’elle n’a jamais peur Zelda, lorsqu’elle pointe son arme sur un homme qui la dépasse de trois têtes, mais elle est terrorisée devant une bague de fiançailles. Parce qu’elle est plus habituée à l’enfer de la drogue qu’à la douceur de bras autour d’elle, à l’air glaçant de la nuit qu’à la chaleur d’un foyer. Parce que la nuit n’a plus rien d’effrayante lorsqu’on la connaît bien, mais que la lumière du jour, elle, demande qu’on s’y mette vraiment à nu. Et ça, c’était trop difficile pour elle. Même avec Nur, même avec lui. Même avec ce morceau de sucre, imparfait, irrégulier, mais qui lui avait toujours parfaitement convenu. C’était même pas vraiment à lui qu’elle avait dit non, c’était à ses vieilles peurs d’enfant, c’était à sa vie d’adulte, c’était à son ventre vide et au futur terrifiant. Alors comment lui en vouloir, de siffler ainsi ? Comme blâmer son venin après avoir répandu le sien ? « J’ai… à peine bu. » Qu’elle ment, l’idiote, grimaçant un peu en s’appuyant toujours contre la porte. Elle reconnaît déjà l’odeur de renfermé propre à l’appartement plongé dans le noir du brun. Pas étonnant qu’il dorme déjà. Combien de fois avait-elle filé ouvrir les fenêtres avant d’aller le réveiller ? Impossible de les compter. Elle hoquète toujours avant de brutalement s’indigner, si elle savait sa colère légitime, elle était bien incapable de se taire elle-même. « J’veux pas me faire troncher ! J’veux faire ça bien. J’m’en fous des autres. » Elle lâche en se frottant les yeux, d’un air presque immature, capricieux. Et c’est vrai au fond, elle s’en fout des autres. Elle s’en fout des hommes en général, ils n’ont pas la moindre importance. Demain, elle s’en taperait presque la tête contre les murs rien que d’y penser. Mais elle persévère, trop ivre pour y songer encore, trop vivante pour s’éteindre de nouveau, l’âme clame son droit à la folie. Elle jurerait détester cela, pourtant, elle ne peut nier tout à fait la plaisance d’un cœur qui bat, pour de vrai, même si les douleurs ne seront que plus fortes le lendemain, plus tiraillantes encore. « S’teuplait Nur, sois pas comme ça. T'es pas comme ça. » Et elle grimace devant un foie qui tambourine, qui s’agace. Elle fait la sourde même auprès d’elle-même. Vite, avant que l’aube et la raison ne viennent. « J’partirai pas. » D’abord parce qu’elle ne sait même pas si elle est réellement capable de retourner jusqu’à son appartement de tourner les clés dans une serrure, mais aussi parce que lorsque Zelda Pasolini a quelque chose en tête, le sort en est jeté.
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(zenur) keep yourself alive. - Sam 5 Jan - 15:04

keep yourself alive
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ça la fout mal alors que ça joue les grands garçons, alors que ça fait semblant d'avoir un gros caillou enfoncé dans le thorax, alors que ça veut faire barrage entre l'avant et le maintenant, alors que ça veut pas jouer sur les souvenirs qui tirent, étirent. ça fait chewing-gum sous la pompe - un peu comme ça, là, zelda, à emmerder son monde à coup d'une pitié qui vient toujours lui arracher un pétillement dans les yeux. à croire qu'il est de ces crétins qui feraient des folies pour un monde meilleur - la faute à ce qui grouille au fond de lui, la faute au géant tête d'éléphant qui tape dans ses côtes pour les péter, laisser apparaître un être de lumière, au sourire malicieux et aux yeux vifs. de loin il aurait préféré un distributeur d'oubli, ça plairait autant qu'un distributeur de soda, sauf que ce serait gratuit, sauf que ç'aurait de quoi redonner un peu de gueule à l'arbre de souffrance personnel - qui crache des pommes pourries à défaut de belles rouges. inspiration profonde, carcasse qui s'apaise sous les paroles qui tentent de faire dans la vérité - il se retient de rire, alors que derrière lui son clébard se met à aboyer un peu, reconnaît l'odeur, veut sortir la rejoindre, lui sauter dans les bras. un seul regard suffit pour qu'il reste derrière son maître, un seul regard suffit pour qu'il ravale son jappement. il se penche quand même nur, vient glisser quelques doigts dans son pelage - qu'aurait tout d'un paillasson de luxe.
- ouais, c'est ça.

y'a connaître et connaître zelda,
tu devais savoir à l'origine que de toute façon,
y'a pas grand-chose à ramasser,
seulement du verre pilé,
sur lequel tu marches les pieds nus,
sur lequel tu t'fais du mal, juste là,
là,
ça pisse de sang,
c'est dégueulasse,
t'es pas con, zelda,
t'es pas plus con qu'un autre.


roulement d'iris, il se redresse convenablement, reste toujours entre son appartement et le couloir, se fait porte autant que le bois - il mordille sa joue du bout des dents, la relâche finalement, croise ses bras sur son torse. l'est fermé à toute idée, nur, l'est fermé à la conversation, l'est fermé aussi au complet pardon - y'en a eu des erreurs, des belles qui intiment à la terreur, la sienne elle a le goût d'un bonjour tristesse qui se fout ouvertement de sa gueule.
- j'suis comment alors ? j'attends ton analyse, ça m'intéresse beaucoup.
y'a modaka dans le fond qui réclame un peu d'attention, il claque un sifflement en coin de lippes pour qu'il cesse de la chercher - elle est pas sortie que d'une chienne de vie, mais d'une seconde aussi. histoire de retaper les murs, histoire d'enlever le vieux papier peint qui craint - faire table-rase - y'a plus vraiment d'amour, juste un morceau de coeur qu'il voit encore entre les dents de zelda. elle prend du temps à mâcher - il se demande bêtement, nur, quand elle va le  recracher.
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(zenur) keep yourself alive. - Sam 5 Jan - 16:22



(zenur)
keep yourself alive.

Y’a quelque chose d’une plaie purulente que le temps n’a pas eu le temps de soigner. Faut dire que ça fait seulement sept mois. Aussi cruelle peut-elle être, elle aussi les a compté. Sept mois c’est encore plus difficile, parce que l’habitude a disparu mais que le souvenir est resté. Elle trotte lorsqu’elle passe devant sa porte pour atteindre la sienne avant qu’il ne sorte. Elle reçoit encore de ses lettres dans sa boîte aux lettres, les glisse dans la sienne sans plus de cérémonie. Elle a encore des fringues à lui qui traîne ça et là, abandonnés, que dans sa folie raisonnable elle a repassé et rangé dans un tiroir qu’elle n’ouvre jamais. Elle s’était dit que peut-être un jour, elle pourrait sonner et les lui rendre. C’était peut-être encore plus triste que de sonner ce soir les mains vides, tremblantes surtout, retenant tant bien que mal ses hoquets. Lui il n’en démord pas de toute façon, il grogne en silence, comme un chien, le sien a l’air pourtant ravi de la voir. Elle a tout juste le temps de l’apercevoir alors qu’il passe sa main dans ses poils. Elle soupire un peu. Même elle qui n’aime que les oiseaux avait fini par s’attacher à ce truc là. Au chien aussi d’ailleurs.

Le pire c’est qu’elle l’entend penser. Elle ne contrôle rien lorsque son sang devient plus sucré, elle a peur pourtant d’entendre le pire. Elle ne veut pas d’insulte, pas de lui, pas de mots sales qui brûlent et qui noircissent toute pensée. Elle a peur d’entendre dans sa tête tout ce qu’elle entend de ses maris trahis, de ses femmes violées qu’elle voit défiler au poste. Elle ne sait même pas trop pourquoi, elle le veut et l’a toujours voulu pur, Nur. Pur de la vie la plus banale, celle qui fait le plus mal, celle de l’ennui et du désespoir, celle où on s’extasie devant deux trois rayons de soleil, où on part de se balader en forêt le dimanche, où on divorce au bout de six ans parce qu’on s’est lassé, celle où on fait des enfants pour ressouder. Mais lui se venge, et il ne peut pas avoir tord de le faire. S’il le fait, c’est parce qu’il a toujours mal. Il a si rarement mal que cette fois ça s’est infecté, ça remonte le long de sa nuque à lui en faire serrer la mâchoire, ça l’habille d’une haine de façade à laquelle elle ne s’est jamais heurtée avec lui. La plus froide, ça a toujours été elle. « T’es pas comme ça. » Elle répète, parce qu’elle demande beaucoup à son esprit embrouillé qui avait définitivement rompu avec la raison. Ça l’angoisse pourtant parce qu’elle se rend compte que lui demande une réelle définition, une réelle analyse à une ivrogne qui a sûrement déjà dépassé les trois grammes. Elle ne réalise que maintenant qu’elle marche sur un fil, qu’aussi surprenant la chose puisse-t-elle être, elle n’est pas encore tombée. Pas encore complètement. Il n’a pas refermé la porte. Faut dire aussi qu’elle aurait sans doute tambouriné jusqu’à ce qu’il l’ouvre de nouveau. Elle renifle, sa propre confusion l’angoissant de nouveau, lui donnant envie de descendre une nouvelle bouteille. Elle ne supporte pas de perdre le contrôle, le tout était d’être assez ivre pour ne pas s’en rendre compte. « T’es pas laid comme les autres à te laisser aller à l’aigreur. » Elle se frotte les yeux de nouveau, comme si elle espérait en faire tomber quelque poudre magique capable de l’aider à tenir debout, à voler même. Ses pensées luttent contre les vagues d’un océan d’éthanol, qui en a déjà noyé la majorité. « Tu vas me dire que t’as le droit d’être comme tout le monde aussi et surtout que t’as le droit de me détester. » Elle porte une main à son front, comme frappée d’éclairs à chaque nouvelle pensée. « Mais tu sais aussi que la haine des autres m’importe peu, à coté de la tienne. » C’est justement lorsque lui aussi, haït, que ça fait mal. Parce que même dans son habit de haine où ses doigts crispés retiennent sa colère, il n’est pas aussi dégoûtant que le monde entier. « Tu seras jamais pire que ce que je fuis avec l’alcool, alors, tu peux me dire ce que tu veux, je resterai là. »

Au fond, elle pourrait tout aussi bien l’idéaliser. Comme on glorifie les années passées d’une jeunesse perdue, comme on cherche à retrouver le goût sucré de la pastille sous la langue. Par nostalgie, on se complet dans un sorte de masochisme ordinaire, le même qui la pousse à se ridiculiser en plein milieu de son pallier. La folle se raccroche pourtant plus fermement qu’à l’accoutumé, posant sa main contre la porte de son voisin, décidée. La trahison, la tristesse, l’aigreur changeait les gens et le temps avait une façon bien à lui de changer les choses. Mais des siècles et des siècles d’existence lui avait aussi appris que certaines choses demeurent, résistent, s’évertuent : comme un roseau luttant contre le vent.
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(zenur) keep yourself alive. - Sam 5 Jan - 23:28

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y'avait être, y'avait paraître, y'avait se donner un genre au lycée, faire le mec mystérieux qui fumait sa clope durant la récré, y'avait se prendre pour un nerd en s'enfilant des comics à en gerber, y'avait faire l'intello à se farcir des lunettes en cul de bouteille - y'avait offrir que du beau ou du laid, y'avait pas de demi-mesure, ni de luxe à se donner. y'avait comme un mensonge constant - pour autant, nur, il a basculé de l'autre côté, à préférer la sincérité crasse plutôt que de s'enfoncer à peine perdue dans des tas magmatiques qui le poussent à l'implosion. fallait bien se dire à un moment donné qu'il était pas pareil, un peu plus naïf sans doute quand il avait le courage de se dire que c'était pas que de l'admiration, que y'avait comme un battement de coeur qui se foirait à chaque battement de cils, que y'avait du beau à tirer - puis chez zelda, y'avait de quoi flancher, avec sa dégaine de reine froide qui pourrait foutre un empire à ses pieds. alors il attend nur, il attend parce que c'est ce qu'il sait bien faire, se poser quelque part puis attendre. attendre son chien, attendre son frère, attendre sa grand-mère, attendre ses clients, attendre la pluie qui chante sur les fenêtres de l'appartement, attendre la petite mort, attendre l'armageddon aussi - une patience qui le flingue, qui s'exorcise à coup d'insultes qui se débitent à la manière d'une kalach à la gâchette coincée. inspiration profonde, il la laisse se débattre, essayer de prendre conscience de son corps - c'est plus que du coton imbibé, il saurait pas dire de quoi. whisky, vodka, tequila, bière pourquoi pas - un melting-pot qui lui foutra la gerbe à se dire qu'elle recommencera jamais. un mensonge qui se jure - mais qui se claque à la première bavure.

l'est pas moche, qu'elle dit,
l'est pas qu'une boule de haine, qu'elle dit,
c'est qu'à l'entendre, il se sent comme un type bien dans ses pompes, un type qui mérite le bonheur qui se tire à la corde et doit jamais se lâcher - même si ça peut craquer. c'est qu'à l'entendre, ça gonfle son égo tout en lui rappelant qu'il a de quoi se marrer, se bidonner à s'en dégonfler l'estomac. si c'était un type vraiment potable, elle aurait au moins accepté, zelda, de se foutre l'alliance au doigt et de souffler bêtement des échos d'éternité. tapotement du pied pour signer l'impatience, il l'arrête rapidement en levant les yeux vers le ciel.
- c'est beau c'que tu dis. pas de sarcasme à souligner, ni même d'ironie amère à ressentir dans le fond de sa gorge, qui remonte en une bile qui crame doucement sa trachée. modaka lui s'est tiré, a préféré rebrousser chemin, se foutre sur le canapé et bailler, reprendre un sommeil mérité en cherchant la chaleur du foyer. mais là, tu vois, j'sais pas si t'es dans des bonnes conditions pour qu'on se dise chacun pardon.
c'était moche la rupture, c'était moche à en chialer des litres, c'était si hideux qu'il a pu retenir tout en s'inventant sans doute des insultes. ça s'est bouclé comme ça a commencé, avec des bottes boueuses, une gueule renfrognée et la même sauvagerie qu'un lion jeté en cage.

- va t'coucher, zelda, tu vas finir par m'dégueuler d'ssus.
soupçon d'un rictus, à pas savoir si ça le fait marrer ou si c'est juste pour faire joli dans sa face de ravage.
- j'te fous au pieu chez toi si tu veux, mais tu rentres pas.
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(zenur) keep yourself alive. - Dim 6 Jan - 3:18



(zenur)
keep yourself alive.

Nur et son air définitivement ailleurs, qui attend que ça se passe. Nur l’inatteignable, plus cruel encore par son désintérêt que par sa curiosité même. Malgré le brumeux de sa vision, elle le voit bien, en train de tapoter du pied, d’éviter absolument son regard. La haine a presque quelque chose de timide. Il n’est pas fait pour la colère. Il a quelque chose d’impondérable, Nur, malgré sa forme toujours constante, son inclination permanente à trop maigrir. C’est parce qu’elle ne peut tout à fait le contrôler qu’elle s’y est intéressé au départ. Parce tout le poids du monde n’avait pour lui pas la même signification, et que toute inquiétude était vaine, au delà du moindre langage. Parce qu’il s’échappait du réel en fermant simplement les yeux, là où elle avait besoin de s’enfiler des litres d’alcool pour seulement respirer quelques heures. Elle n’a pourtant rien d’impressionnant avec ses talons sur lesquels elle tient à peine et ses joues d’enfant perdu. Sa froideur l’a pourtant un peu calmé, comme sonné, elle n’a pas vraiment l’habitude de croiser plus froid qu’elle. Mais elle persiste, elle signe, elle ne lâche rien. Plus pugnace que Zelda, ça ne se fait pas. Impossible de laisser cette porte se refermer, étrangement, c’est comme si son être entier en dépendait. Alors elle bafouille, elle lutte pour aligner deux mots, lorsque ces derniers sortent pourtant, ils ont l’air de vouloir dire quelque chose. Elle parle bien Zelda, elle l’a toujours fait, elle motiverait des troupes en fureur, c’est une leader depuis l’enfance. C’était celle qui commandait ses frères et sœurs imaginaires, celle qui bossait pour les autres, celle qui menait à la baguette une brigade entière. C’est un homme, au fond, Zelda, c’est pour ça qu’elle impressionne trop. Castratrice, elle l’a toujours été, alors lorsqu’un type osait l’aimer sans peur de se la faire couper, ça l’intriguait. De la simple curiosité à la véritable affection, pourtant, il y a toujours eu un mur. Zelda qui aime, c’est une pure fiction. « C’est vrai. » Elle avoue lorsqu’il affirme qu’elle n’est pas vraiment dans la position idéale pour en discuter, il n’y sans doute pas plus grande évidence. Elle ne sait même pas si le moindre souvenir viendrait vraiment la hanter le lendemain. C’était peut-être le plus souhaitable, un genre de trou noir sur ces étranges évènements, comme un effacement post-traumatique : oublier le pire pour continuer à vivre normalement. C’était tout ce qu’elle pouvait souhaiter. Et pourtant une moue à la fois triste et étrangement réaliste se glisse le long de sa bouche sucrée, entrouverte, cherchant l’air lui permettant de tenir encore debout sur ses guibolles. « Mais demain tout sera froid de nouveau. » Elle lance presque plus doucement. « Demain je serai de nouveau moi et ta porte sera close. Demain je t’éviterai dans le couloir et je remettrai à plus tard la tâche impossible de te rendre les deux t-shirts de merde que tu as oublié chez moi. Demain tout sera redevenu normal. » Et elle hoche la tête, presque lucide le temps d’une parole à peine, avant qu’un léger hoquet ne l’assomme et qu’elle manque de nouveau de tomber. Elle lui lance un regard derrière les quelques boucles tombant devant ses yeux devenus noirs, dans lequel se reflète mille nuits. Et elle grogne, comme un animal sauvage, dompté par la vie plus que par les coups de fouets, se résolvant à cesser de lutter. Elle l’attrape par les épaules en s’accrochant brutalement à lui, avec une force trahissant toute la vigueur de sa chair, et pousse un long soupir. « D’accord. Ramène moi. » Qu’elle lance en reniflant, lui glissant d’un air résigné les clés de chez elle dans les mains, avant qu’elle ne manque de les faire tomber. Elle voulait bien lutter contre le monde entier, mais pas contre lui, c'était trop absurde pour son esprit capiteux qui s'évanouissait presque déjà.
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(zenur) keep yourself alive. - Dim 6 Jan - 10:59

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zelda et nur/icons by sial



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mais demain sera à l'accoutumée, demain aura le goût d'acte manqué, demain sera comme un trait mal tracé, demain sera un retour au véritable, à la fuite constante - demain sera pas interminable, demain sera seulement comme les autres depuis sept mois, à se foutre dans sa bagnole et chercher ses clients. demain sera pas forcément froid, demain pourra avoir le goût des fleurs ou la senteur d'une pâtisserie à la noix de coco. demain pourra être beau, souligné d'un rouge à lèvres prune ou encore d'une barbe bien tracée. demain pourra être un éclat de rire, un sourire, une engueulade aussi - demain aura la même allure que la banalité cachée sous un manteau de soie. les clefs dans ses mains, il recule un peu pour attraper les siennes - faudrait pas qu'il soit enfermé dehors, nur, y'aurait de quoi jouer dans l'ironie la plus pure - puis il referme. sous son bras il la maintient, avec ses talons qui font que clac-clac, c'est pas qu'ils sont pas agréables à regarder, c'est seulement que dans l'immédiat c'est plus un instrument de torture qu'un piaf de bonne augure - presque poire du moyen-âge, qui déchire en deux le torturé. çz dure à peine quelques secondes, elle est juste à côté. il ouvre la porte puis la claque d'un coup de pied - il reconnaît les odeurs, il reconnaît les murs, il reconnaît la décoration aussi.

y'a des choses qui sont dans un mouvement perpétuel, mais ça reste toujours pareil - pas que ce soit impersonnel, juste un impressionnant foutoir qui fait humain. y'a quelque chose d'agréable à se dire ça, parce qu'elle est pas devenue une machine zelda, même si elle aurait pu facilement en être une de guerre, qui sans réfléchir laisse le point rouge condamner à jamais le passant qu'avait rien demandé. il en place pas une nur, parce que c'est ni le moment, ni le lieu pour le faire. alors il avance, la pousse à s'assoir sur le canapé - sans l'allonger, parce que faudrait pas que ça tourne et qu'elle fasse sortir tout son dîner, ou ce qu'elle a pu bouffer jusqu'ici du moins. il se redresse, cherche dans la petite cuisine une bouteille de flotte - elle est déjà entamée, ça fera quand même l'affaire. puis il se fout juste devant elle, il se cale accroupit, ouvre le bouchon.
- bois. parce que faut bien faire semblant d'illuminer des idées de génie, parce que faut bien faire comprendre que l'hydratation ça sauve des vies qui veulent chercher dans la gueule de bois un châtiment bien précis. puis ta gueule, hein, mes t-shirts sont très bien, m'emmerde pas. voix plus basse, plus douce peut-être qui devant le tableau de désespoir, préfère se taire un peu plus plutôt que de l'arracher d'un coup sec. il est bien tenté de passer quelques doigts dans sa tignasse, pour foutre quelques mèches derrière ses oreilles, un peu de tendresse dans un monde voué à l'échec - mais il le fait pas, il a plus le droit, puis son coeur lui il bat plus pareil qu'avant, y'a des craquements, ça fait désert trop sec.
- tu m'dis où ils sont, j'vais les chercher et on en parle plus. et ça fera, avec de la chance, point final, et ça redonnera un petit coup de pied au cul à un semblant d'amitié - ça fera comme si c'était pas arrivé, comme si un mirage s'en était allé, oasis salvatrice dont le sable ne sera jamais frôlé.
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(zenur) keep yourself alive. - Dim 6 Jan - 13:18



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keep yourself alive.

Il s’exécute. Trop bon, trop con. Il a pas assez de haine en lui pour la laisser sur le pallier. Elle s’y serait sans doute endormi, réveillée le lendemain en constatant qu’elle a raté l’heure. Ça lui ai déjà arrivé. Elle a commencé la boisson tôt, dès qu’elle a commencé à se sentir trop différente, dès que les normes ont commencé à l’étouffer. Dès la première soirée à l’extérieur, où la musique agressait ses oreilles, où elle se sentait éléphant dans un magasin de porcelaine, où sa mine précieuse faisait tâche. Elle ne sait pas faire semblant, Zelda. Alors sa décontraction, ses éclats de rire, cette folie à peine mimée dont les femmes ont le secret, elle se les invente, pour paraître banale. Ça n’a jamais vraiment fonctionné avec Nur, il n’aimait pas ce petit jeu là. Il la voulait vraie. Ce soir c’était le cas, ironiquement, là encore. Le voilà qui lutte comme un drôle d’acrobate pour la soutenir et fermer sa porte en même temps. Elle fait une petite moue en tendant la main vers l’intérieur de l’appartement de son ancien amant. « Salut Modaka. » Elle fait en lui disant au revoir, secouant légèrement la main alors qu’elle jurerait voir de la déception dans le regard du chien. Elle se laisse guider, de toute manière, elle n’a pas la moindre idée d’où se trouve son appartement. Il n’y a plus que les brumes, tout autour deux, longues étendues grisâtres sans début ni fin, les encerclant tout à fait désormais. Le spectacle a presque quelque chose d’apaisant, tandis qu’elle se laisse un peu aller contre les épaules de Nur, patient, qui ne réagit pas. Il doit avoir un peu pitié. Il fait bien. Demain ce sera l’aube, c’est elle qui n’en aura pas, même pas pour elle. Elle reconnaît quand même les effluves de lavande qui trônent toujours dans son appartement. Elle du genre bobo au point de faire d’en faire venir d’Europe et d’en asperger de temps à autre son appartement. La chose a quelque chose de doucement rassurant, c’est une fleur provençale, la ramenant à des origines qu’elle n’a jamais réellement connu. De l’Italie elle n’a que le nom et le physique. Le tempérament aussi, certainement.

Elle boit lorsqu’il lui dit de boire, bien docilement, méconnaissable, elle s’applique à descendre la bouteille comme s’il s’agissait d’un gage. Mais elle grogne un peu en l’entendant dire, roulant les yeux. « Ils ne ressemblent à rien. » Elle fait dans son éternelle bonne humeur communicative, reposant la bouteille à coté d’elle en se massant un peu le crâne. Toute cette discussion l’avait amené au stade qu’elle aimait le moins, celui des maux de têtes et des sévères remises en question. Décuver, ça n’avait aucun intérêt tant qu’elle ne dormait pas. Mais elle était angoissée à l’idée de le voir partir. « Dans le placard du couloir, en haut, à coté de l’aspirateur et du produit à vitres. » Bien caché, loin de ses vêtements à elle. Comme par peur de retrouver son odeur. Par peur de songer, de regretter. Comme si ce n’était pas déjà le cas. Elle le regarde filer à toute vitesse, avec certainement cette envie d’en finir, retrouvant le temps d’une petite seconde sa solitude. Un genre de corps vide, resté sur le canapé, incapable d’organiser ses pensées. Elle ne s’endormirait que des heures plus tard, épuisée de fatigue, après avoir lutté dans le vide. « Tu t’en vas ? » Elle fait en le voyant revenir d’un pas décidé. Plus décidé qu’il ne l’a jamais été. Alors elle le fixe, sans même chercher à l’attendrir, passant une main dans ses cheveux plein de nœuds. « Viens là. » Silence. Elle grogne. « J’vais pas te bouffer Nur, putain. » Ça l’agace. C’est toujours elle qui passe pour la harpie. Elle est trop épuisée pour faire quoique ce soit de mauvais. Même avec sa force d’agneau nouveau-né, Nur pourrait la maîtriser. Rien que de s’allonger, elle s’endormirait dans la seconde. Aucun risque alors, il est en sécurité, bien en sécurité. Bientôt il retrouvera sa jolie tour d’argile, son appartement, et ils n’en parleront plus. Un joli point sur leur histoire. Absolument pathétique.

Mais il s’approche. Elle ne pensait même pas qu’il le ferait. Au fond, il cède. Elle ne sait même pas trop pourquoi. Si c’est par pitié ou parce qu’il la supporte encore. Alors dans son impulsion de stupidité légendaire, elle glisse ses bras autour de lui, réellement, autour de sa taille. Il est debout, elle assise, elle ne peut pas atteindre ses épaules. Et elle serre, posant doucement sa tête contre son torse, sans aucun mot. Aucune perversion aucune. Juste en l’enlaçant. Et dans ce temps infime où il ne bouge pas, ne la repousse pas encore, ne se tend pas non plus, où il se laisse juste faire, elle reconnaît l’odeur des t-shirts, bien délicatement évitée jusque lors. « Je suis désolée, Nur. Je suis sincèrement désolée. » Et elle le lâche sans le contraindre d’avantage, reniflant un peu en passant une main dans ses cheveux. « Merci. » Qu’elle lâche doucement en hochant la tête avant de s’enfoncer de nouveau dans son canapé en soupirant. Elle reprend sa bouteille d’eau pour boire un peu, quelques gorgées d’eau claire qui ne suffiront jamais, avant de poser sa tête contre le dossier et de fermer les yeux.
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(zenur) keep yourself alive. - Dim 6 Jan - 13:56

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y'a plus rien qui ressemble à rien, y'a plus rien qui vaut le coup, y'a plus rien qui se répare avec un peu de colle, de sparadraps et de l'amour en prime - parce que faut bien le foutre quelque part, lui. y'a plus rien qui se raccroche au bout du fil, pas même l'aiguille qui devrait passer de temps, tirer sur le tissu pour en faire une vieille pochette ou faire un petit ourlet parce que le pantalon traîne parterre, bouffe la poussière. ses t-shirts ressemblent à rien, cet appartement ressemble à rien, tout ce qu'ils ont bien pu foutre un an et demi ressemble plus à rien. comme si c'était rien, comme si c'était qu'une pichenette sur le bout du nez - la douleur qui dure qu'une seconde puis qui se tire, à s'en demander quand c'était la dernière fois qu'on lui a fait le coup. ça revient un peu, ça remonte aussi, ça vient jouer dans son estomac les tam-tam d'une guerre déjà terminée - la boucle est bouclée, se battre c'est pas prévu au programme, l'a jamais été bon pour ça de toute manière, ou du moins pas assez pour se confronter à un monde d'adultes. quand il était môme, il en foutait des belles à ceux qui venaient emmerder son frère. maintenant il stagne, maintenant il se pose, il a pas une déité assez brutale en lui pour sortir le gant et provoquer le monde entier en duel. il veut l'apaiser nur, il veut le faire taire dans son gémissement de peine - sans doute qu'il aurait aimé faire pareil pour zelda, l'empêcher de boire trop, l'empêcher de penser trop, l'empêcher juste de passer le pas de la porte, l'empêcher qu'elle lui demande de s'envoyer en l'air, l'empêcher d'ouvrir ses lèvres-pétales qui veulent faire printemps mais qui à la place déballent des relents d'alcooliques au fond des chiottes.

il les cherche, ses fringues, il les garde dans les mains en se disant qu'ils ont, c'est vrai, pas une gueule spécifique. monochromes, de quoi porter pour bosser, pour pioncer, pour glander - inspiration profonde. elle se met à gueuler parce qu'elle a encore de la rage à abattre sur table, alors il se ramène, il bouge pas trop, se fout pas à côté d'elle, il a pas la bêtise des vaillants, il aime bien se croire sage, nur, assez pour pas remuer le couteau dans la plaie déjà trop grande - faudrait en mettre plein des couteaux, faudrait se la jouer lanceur qui foire le bois et tombe sur la cible. mais y'a quand même un peu de tendresse, parce que sa main libre il la cale sur les cheveux bruns de la donzelle, de l'ancienne teneuse bienheureuse d'une vie pas franchement malheureuse. il caresse un peu, apaise la bombe à en devenir. puis elle relâche, et lui il reste planté comme le dernier des crétins qui sait plus où se foutre - comme s'il avait été chopé par sa grand-mère la main dans son froc à seize ans.
- t'excuses pas, c'est bon. ce sera jamais vraiment bon, même si le pardon a le goût d'un thé vert au miel - même si ça paraît doux sous le palais. tête qui se secoue dans l'air, il vient croiser ses bras sur son torse alors que ses fringues pendouillent un peu.

- j'ai pas pour projet d'être le gros con de service.
il pourrait l'être.
il peut l'être.
- puis si c'est pour que ça m'retombe sur le coin de la gueule, ça vaut pas l'coup. rictus qui vient se nicher à la barrière de sa bouche, il vient hausser les épaules, jette un oeil sur les meubles - trouve une bouteille à moitié vide.

- l'plan c'est que j'reste jusqu'à c'que tu t'endormes. j'vais t'jeter tes bouteilles aussi.
même si elle en rachètera, même si elle continuera, même s'il est pas sûr qu'elle reviendra, même si c'est voué à l'échec - ça l'était depuis le départ, juste que l'aveuglement ça crève la rétine et qu'il a été opéré pour retrouver la vue y'a pas si longtemps.
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(zenur) keep yourself alive. - Dim 6 Jan - 14:26



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keep yourself alive.

Ça bouge pas assez derrière ses paupières closes. Elle le sent pas partir. Alors elle rouvre les yeux. Elle rabat ses paupières si lourdes habillées de ses cils interminables, qu’elle fait cligner lentement, presque trop, comme si son corps n’arrivait pas à tenir la cadence. Qu’est-ce qu’il dit maintenant ? Il veut rester ? Elle fronce un peu les sourcils alors qu’il essaye de jouer au méchant pour désacraliser la chose. Mais il reste. Alors elle renifle un peu, penaude, presque enfantine. Elle fait pas exprès, elle est surtout paumée. Y’a son ventre qui tourbillonne aussi, une horreur à en venir. Elle n’est pas vraiment sûre qu’elle veuille qu’il voit ça. Mais il ne bouge toujours pas. Est-ce que c’était sa main dans ses cheveux, qu’elle a senti tout à l’heure ? Non. C’était le vent. « Le rôle est déjà pris. » C’est elle la conne de service, c’est elle qui joue à ce petit jeu. Elle boit, elle pleure. Elle aime, elle rompt. Elle joue aux cons. C’est toujours plus facile de provoquer les choses mais d’en refuser les conséquences, comme une enfant, comme un caprice. Elle a toujours tout assumé sauf sa propre décadence. Difficile d’être la sagesse incarnée lorsqu’on a des sentiments. Difficile de toujours tout se refuser lorsqu’on est capable de sentir les choses, de désirer, de voir, de s’attacher. De façade, tout est parfait, la roche bien lisse et glacée, en vérité, y’a trop de fissures bien dissimulées. Mais pourtant il reste. Et vraiment elle ne l’explique pas. Parce qu’il est trop gentil sans doute, c’est une crème. Le genre qui ne ramène pas la monnaie parce qu’il l’a donné à un clochard. Le genre qui laisse passer les mamies sur le passage clouté. Le genre qui ose pas simplement repousser. « J’en rachèterai, tu sais que ça sert à rien. » Elle fait en le voyant s’atteler à la tâche. Au fond ça lui fait presque de la peine de le voir se donner tant de peine. Déjà à l’époque il avait essayé, sans succès. C’est qui lui faudrait Zelda c’est pas une cure de désintoxication, c’est bien autre chose. C’est bien plus compliqué. Mais elle le regarde faire. Les bouteilles s’entrechoquent entre les doigts du brun, qui se penche pour les attraper même sous l’évier. Elle songe à la nuit qu’elle lui fait perdre. Il dormira pendant la journée, elle le connaît, il dormirait n’importe où. Mais elle a pitié elle aussi, elle a pitié de lui qu’elle sent fatigué. Elle ne le connaît plus mais le connaît encore. Alors elle s’allonge sur le canapé, soupirant un peu en se recroquevillant comme un nouveau né, ses escarpins tombant de ses pieds. Elle essaye d’être sage, elle le jure. A l’aube tout ira mieux, elle songe. « Dis, Nur. » Ça fait tellement étrange de l’entendre à coté, alors qu’elle a les yeux fermés. Ça a le goût des souvenirs de leurs réveils à deux, c’est insupportable, ça a un goût poussiéreux, ça a un goût de raté. Et ça lui fait mal rien que d’y penser. « Est-ce que tu me détestes, maintenant ? » Elle demande sans niaiserie aucune, tandis qu’elle essaye réellement de s’abandonner aux bras de Morphée. Mais les questions fusent. Ils ne sera plus là demain. C’est comme une sorte de mirage, comme une promesse de mariage, ça disparaît d’un claquement de doigts.
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(zenur) keep yourself alive. - Mer 23 Jan - 13:56

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savoir recycler, mettre la bouteille en verre dans la bonne poubelle et la bouteille en plastique dans l'autre. savoir retaper, faire un peu de neuf, grand ménage de printemps qui vise à déterrer les vieux bibelots offerts durant l'enfance. un chouchou, un jouet, un livre corné, une toupis - l'image l'amuse sur l'instant, de retrouver des antiquités dans l'appartement, de pouvoir reconstituer un peu plus clairement le passé dansant. inspiration profonde au même titre que l'expiration, il se baisse, se remet droit, se rebaisse, se reremet droit dans une danse de la banalité - qui n'a plus rien à voir avec celles des sorcières, aucun culte à prononcer, seulement un maléfique à faire disparaître. c'est qu'il sait, nur, qu'elle recommencera, c'est qu'il sait, nur, qu'elle pourra jamais s'en sortir. mais cette nuit, juste cette nuit il veut se dire qu'il aura eu au moins un petit impact - qu'il aura été utile, qu'il aura su montrer du doigt le chemin à peu près droit. ganesh qui crie, ganesh qui hurle à l'infamie, ganesh qui pleure en son for intérieur, celui qui voudrait sortir, celui qui voudrait s'agripper aux tendons, se frayer un chemin jusqu'à sa bouche. lèvre inférieure mordillée, pensée volage qui se cogne aux murs épais - et zelda au loin qui continue de parler, un peu plus bas cette fois, sans supplier une partie de jambes en l'air pas forcément méritée. c'est que sa peau, il connaît, c'est que ses courbes il aurait su, à une époque, les dessiner à la perfection sur le bout de la mine d'un crayon. il s'arrête, pose la poubelle dans un coin, la rejoint. il se cale accroupi, il se cale devant - histoire d'accueillir le dégueulis pleinement si elle se sent plus capable de bien le tenir, lui reste qu'à prier qu'elle aura la bonne idée de viser le parquet. bon à ramasser les restes - le genre à courir après un frère qui s'enfonce dans la boue, le genre à ramasser une ancienne romance sur le pas de sa porte.

- j'crois pas. l'est même pas sûr - y'a toujours un tamtam qui tape contre ses côtes, qui lui répète que c'était une injustice, que c'était pas juste, que c'était laid, que ça avait la même dégaine qu'un massacre sous tronçonneuse rouillée. doigts qui s'entrecroisent, il pianote sur son propre dos de main, baisse un peu la tête.
- c'est terminé, c'est terminé, tu veux que j'dise quoi. j'passe à autre chose, tout comme toi. penche un peu sa caboche sur le côté, façon clébard qu'entend mal l'ordre donné - puis pousse un soupir, enferme les regrets sous plusieurs verrous façon bunker de guerre.

- faut juste que j'apprenne à te connaître autrement, faut juste qu'ensemble on retape un peu l'édifice, tu vois ? parler à une gonzesse bourrée, c'est pas toujours la bonne idée - mais il essaie, sans trop d'espoirs au bout du tunnel, pas même une lueur de bougie. ça va être progressif. on va s'dire bonjour dans les escaliers, puis on va s'filer de la farine parce qu'il manquait dans la cuisine, puis un p'tit verre, une franche rigolade. tout ça. encore tout ça. histoire de pas laisser le papier peint se décoller sous l'humidité - laisser les fleurs factices sur le mur abîmé.
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(zenur) keep yourself alive. - Lun 28 Jan - 2:40



(zenur)
keep yourself alive.

Il y a les limbes du passé qui tambourinent à la porte de son esprit embrumé, mais elle, trop sourde, trop ivre, ne parvient qu’à peine à les entendre. Ces minuscules murmures suffisent pourtant à lui nouer l’avantage, pire encore que la force vengeresse de la liqueur remontant dans son œsophage. La gueule de bois, elle l’avait affronté tant de fois, une peine de cœur, c’était bien la première fois.  D’un ton désespéré, frôlant le malaise, elle se surprend pourtant à lui demander s’il la hait désormais. Cette pensée lui paraît surréaliste. Nur qui hait, Nur qui déteste. Il n’y avait qu’elle pour changer un homme à ce point, faire de la douceur immaculée, des pointes acérées. Il n’y avait qu’elle pour le briser à ce point. Pour faire la mal, Zelda, elle était réellement divine. Lui s’est installé en face d’elle et à travers ces cils mouillés par la fatigue, elle aperçoit sa figure patiente et défendue. Elle déteste cet air inquiet qu’il se paye, elle qui a l’habitude d’être toujours en position de force, qui jamais ne se laisse guider. Zelda c’était l’homme, l’arme, la terreur à la fois. C’était un véritable petit soldat de plomb, vendue comme incapable à détruire. Elle avait quelque chose d’une nymphe changée en harpie, dans ces moments de crise où elle aurait été prête au pire pour un seul mot glissé. Il y avait toujours cette flamme parmi la glace, de la lave sous la roche volcanique, la révéler, ce serait mourir, ce serait brûler. Elle préfère s’enfermer dans ce palais de glace où ne rumine qu’au cœur, noyau lointain et obscur de son corps, les quelques palpitations d’un être humain, dernière lueur parmi la lourd enclume divine. « J’sais pas. » Elle ne sait même pas ce qu’elle voudrait qu’il dise. Elle ne sait même pas ce qu’il serait beau d’ajouter, ce qui suffirait à l’apaiser, à la faire dormir, à la délivrer de cet espèce de chaos interne qui ne lui laisse aucun répit. Pourtant il savait faire Nur avant, pourquoi est-ce qu’il fait semblant de ne pas comprendre ? Un an plutôt, elle se souvenait distinctement de ses bras chauds qui lui faisaient oublier ses mots. Pourquoi tout est si opaque désormais ? Pour c’est triste, pourquoi c’est laid ?

Lui essaye de parler sérieusement. Comme le daron qu’elle n’a jamais eu. Quelle blague, quelle ironie, elle l’empruntée, la snobe, la sophistiquée, vite renvoyée dans son panier à grand coup de gestes plus doux, plus précis, plus forts que ne le seront jamais ses poings. Ce qu’elle aimait tant chez Nur, c’était qu’il continuait, même malgré lui, à lui apprendre des choses sans même qu’elle ne s’en rende compte. Alors, installé, de sa voix douce, posée, le voilà qui parle de retaper des trucs, de réparer. Il parle d’amour comme on parle d’un bâtiment, Nur, elle ne peut pas lui en vouloir, le corps de Zelda est sans doute plus proche d’un immeuble désaffecté avant même d’avoir servi à quoique ce soit, plutôt que d’un véritable tissu de chair et de sang. Au fond, Zelda, rien ne la touche, rien ne lui sert. Le temps n’est qu’une dégradation inévitable des apparences. « Nur. Ça a toujours été toi ça. » Le mec vrai, la personne, la chaleur de l’être humain. « J’ai jamais fait ce genre de trucs même avant de te connaître. Je ne sais pas faire ça, j’sais pas doucement retaper les choses. C’est toi qui  est venu vers moi, c’est toi qui m’a changée. » Sans lui, au fond, elle n’est plus que la voisine discrètement froide, qui rentre maculée de sang et qui passe ses nuits à se demander ce qui cloche, réfléchir pour vivre, réfléchir à s'en damner. Mais elle secoue la tête. Qu’est-ce qu’elle veut entendre au fond ? Son réalisme la déçoit devant cette incapacité soudaine à accepter la réalité. « Tu sais bien qui je suis, tu t’y es heurté si longtemps. » Il n’y a qu’ivre qu’elle ressent, il n’y a qu’ivre qu’elle vit. Ses paupières déjà mi-closes lui pèsent plus lourd que deux altères, lentement, elle les ferme en soupirant. Les lueurs de la nuit, dans leur infinie amabilité, font passer des ombres doucement sur ses yeux clos : des passants solitaires, le halo des lampadaires ; elle glisse lentement dans les bras de son complice Morphée. « J’taimais tant. » Plus le moindre filtre, plus le moindre neurone pensant. Il n’y a plus que du noir. Sans lui, après tout, y’a plus le moindre soleil dans cet appartement.

(RP TERMINÉ. I love you)
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