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Nothing lasts forever (roman)

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Nothing lasts forever (roman) - Lun 14 Jan - 22:56



Nothing lasts forever
(the queen is dead, my lord
1er janvier 2019, 6h20)

La soirée a été arrosée la veille, avec les amis de l’orchestre, dont ce brave Dick, qui est encore rentré la queue entre les jambes sans pouvoir glisser entre les cuisses de l’altiste. Tout pour fêter correctement la nouvelle année à venir. Néanmoins, étant donné que l’alcool mortel avait coulé à flots, Sinead est intacte au lever et ouvre les yeux vers 6h du matin. Le temps de passer sous la douche et de se frotter les yeux, c’est en secouant ses cheveux encore humides qu’elle arrive dans la cuisine, en baillant et en s’étirant, avant d’allumer la radio et de faire chauffer de l’eau. Pas encore totalement au point, elle laisse la bouilloire vrombir et souffler, pour aller fouiller la commode du salon à la recherche d’une vieille partition jaunie qu’elle a envie de rejouer pour bien commencer l’année, et donc veut relire avant de sortir l’alto de son étui. La bouilloire siffle, couvre la radio grésillante par moments, et ce n’est que quand le loquet s’abaisse et que la vapeur se calme que Sinead entend des mots qui la font se figer dans sa recherche, lever la tête vers la cuisine et y revenir à grands pas pour augmenter le volume du poste.

C’est que les mots incendie, mort, cadavre, Arcadia, et Killough dans une même phrase, ça a de quoi choquer. Elle inspire lentement, coupe la radio et va allumer la télévision, à zapper jusqu’à tomber sur une chaîne d’informations en continu du Maine, qui finit par arriver sur les dernières informations à Arcadia. Fébrile, le souffle court et les lèvres sèches, elle est debout les bras ballants face à la catastrophe, filmée d’un hélicoptère pendant la nuit, alors qu’elle dormait comme une masse après le réveillon. C’est un rugissement qui jaillit de ses lèvres, éraillant le gosier en y passant ; un refus catégorique face à l’horreur de la situation et la télécommande qui n’avait pourtant rien demandé prend son envol et se fracasse contre le mur derrière la télévision, tandis que la négation est suivie par un tonitruant « PUTAIN DE MERDE ! », que l’ensemble des voisins de palier peuvent entendre sans problème, ce qui potentiellement les aura tiré de leur sommeil paisible. À 6h20 du matin, Sinead Reed réveille donc une partie de son immeuble.

Les yeux brillent mais les joues sont sèches, les lèvres tremblent et les dents s’entrechoquent, les poings se serrent et se desserrent au rythme du flux sanguin. Dévastée, elle apprend la nouvelle de la mort de Fiona, sa vieille amie, son amante, celle qui avait tenté de renouer le lien. Elle se sent seule, terriblement solitaire, et profondément coupable de n’avoir pas su se réconcilier avant qu’il soit trop tard. Les jambes menacent de se dérober alors que les yeux ne peuvent se détourner du spectacle immonde de l’immeuble familier en flammes.

Alors c’est la rage qui prend le dessus, parce que l’adrénaline pulse. Mue par une force invisible, sursaut d’ire, colère d’être mise devant le fait accompli sans qu’elle ne puisse plus rien y changer, elle retourne vers la cuisine, fracasse le poste radio tandis que la télévision tourne encore en boucle sur la fin du reportage et enchaîne avec des informations sans grand intérêt pour l’heure. Et tant qu’elle y est, parce qu’elle avait commencé à vider le lave-vaisselle, elle prend une à une les huit assiettes qui attendaient d’être rangées dans un placard haut, et elle les fracasse l’une après l’autre sur le sol carrelé, comme pour expier sa frustration extrême. À chaque éclat, c’est un râle saccadé et un juron qui ponctuent l’effort et l’acte. Enfin, la cascade de faïence s’arrête, faute de matériau à projeter au sol. Pieds nus au milieu des débris, en débardeur et culotte encore, les cheveux toujours humides et des éclats de céramique ayant entamé le bas de ses mollets, elle soupire enfin et s’appuie sur le plan de travail pour ne pas chavirer maintenant l’adrénaline exorcisée, et de sa gorge serrée sort une lamentation étranglée sans mots réels, un gémissement qui se fait sanglot alors que les larmes coulent et dégringolent de ses joues.


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Nothing lasts forever (roman) - Mer 16 Jan - 13:21


"When the silence isn't quiet
And it feels like it's getting hard to breathe
And I know you feel like dying
But I promise we'll take the world to its feet"


La nuit a été éprouvante. Réveillon oblige, les hôpitaux sont pires qu’en état d’urgence quand la fête bat son plein dans toutes les rues de la ville. La garde de 24h s’est transformée en 36h. Sans avoir besoin de chirurgien général, vu le nombre de merdes qui se passe à Arcadia, ajoutez y alcool, drogues et autres pétards, et vous aurez besoin de tout le monde sur le pont de l’hôpital ! Il est 5h45 quand tu t’arrêtes de travailler, Romàn, 5H45 précise quand tu ranges ta blouse pour te diriger vers ta voiture et rentrer dormir. Tu sais que Sinead a fait la fête toute la nuit, qu’elle a du s’amuser avec ses collègues de l’orchestre et qu’elle sera surement aussi fatiguée que toi, avec un mal de crâne en supplément gratuit. Rien que pour ça, tu passes prendre quelques beignets, du bon café (sa cafetière est atroce) et du jus de fruit. Pas de calmant, rien n’est assez fort pour la gueule de bois divine.
Pallas se tait depuis quelques temps, comme s’il avait compris que tu n’allais pas partir à la conquête de son épouse divine. Tu fuis les dieux grecs depuis le rendez vous avec Camille, évite de les rencontrer, de te mettre sur leur chemin et surtout, de ne pas rencontrer ceux qui font remuer le titan en toi. Tes enfants, comme Camille les appelle. Ou Styx ? Tu n’en sais rien à vrai dire, la femme que tu as vu la dernière rien n’avait plus rien de la frêle Camille que tu as désiré, conquis et jeté pour ensuite t’en mordre les doigts. Te serais-tu réincarné en Pallas si tu n’avais pas joué avec l’hôte de Styx comme ça ? Le destin se serait-il autant foutu de ta gueule ? Surement pas. Mais le Titan s’est calmé, il t’écoute, il accepte. Il n’attend que le bon moment pour t’ennuyer, ça t’en es certain Romàn. Mais tant qu’il te laisse travailler comme il faut, sans trembler ni tout briser, ça te convient. Tant qu’il accepte Sinead au creux de tes bras sans devoir lui apposer l’étiquette de compagne, ça te convient. Tant qu’il comprend que tu veux être humain avant de te lancer dans cette perpétuelle bataille divine, ça te convient.

Tu as quitté l’hôpital en ayant eu vent d’un incendie dans la nuit. Ça a été un peu la panique aux urgences, se préparer à un tel incident en plein réveillon, ça demande du self contrôle que beaucoup n’ont pas encore dans les équipes d’internes. Mais heureusement, pas de blessés, seulement une victime déjà décédée d’après les dernières informations du matin. Oui, c’est mieux une seule que dix, moins de famille à prévenir, moins de larmes, moins de cris. Moins de peine. Oui, un c’est toujours mieux que dix.
Tu t’engouffres dans l’ascenseur de Sinead la mine fatiguée mais réjouie. Une journée de repos, jusqu’à ce soir. Une journée à ne rien faire, à rester au lit, à séduire l’altiste pour l’attirer dans tes bras. C’est une bonne idée, cette colloc au final !  Depuis quelques mois, vous vous y retrouvez mieux, elle est toujours là pour répondre à tes questions et toi, tu lui sers de punching ball vivant. Elle a beau frapper, tu restes de marbre Romàn. Et puis, elle t’aide aussi à accepter toutes les informations que tu tes pris dans la tronche depuis septembre. Le leak global, le choc sur le trafic d’Aislinn, son appartenance par alliance à la mafia l’impression d’avoir été trahis alors qu’au fond, tu n’as jamais tenté de comprendre ses véritables raisons. Tu y arriveras, il te faut du temps, tu la recontacteras. Mais avant, c’est l’heure des beignets et du café avec Madame Reed !

Les clés dans la serrure, la porte est poussée lentement histoire de ne pas rêvéi… Tu vois immédiatement le capharnaüm dans l’entrebâillement de la cuisine. Tu entends la télévision  allumée aussi, les infos sur ‘incendie passant en boucle sans trop t’y attacher. Le sac est posé immédiatement, le regard bleu azur qui se charge d’inquiétude. Sinead ?! Le prénom est plus rugi qu’articulé et tu les entends, les gémissements venant eux aussi de la cuisine. Quelques pas plus tard, c’est la courtisane du Royaume, ton amante, ta confidente, ton amie, que tu découvres penchée sur le plan de travail. Les yeux filent sur le sol, voient les carcasses de faïence. Les yeux se relèvent lentement, remarquent les mollets nus entaillés, les pieds abimés. Le regard continue de voguer et de voir ton amie chavirer. Quelqu’un de normal aurait pu croire à une agression mais tu connais Sinead, tu connais sa colère. Et surtout, tu sais que, si quelqu’un osait l’attaquer, elle ne serait pas là entrain de pleurer mais  partie le castrer.
Une seconde de réflexion, une seconde seulement pour avancer, les chaussures crissant sur la faïence explosée. Une seconde pour poser tes mains autour d’elle, l’obliger à se tourner et passer un bras sous ses genoux et l’emporter loin du champ de guerre. Respire Sinead… respire. Les mots sont lents, doux, habitués à être prononcé dans la bouche du médecin qui en a vu, des traumatisés. Tu ne sais pas ce qui s’est passé mais jamais tu n’as vu Sinead dans un tel état. C’est pour cette raison que le médecin réagit avant l’homme.
Le corps maintenu fermement, tu l’as dépose assise sur le canapé, les doigts caressant son visage pour la détendre. Accroupis en face d’elle, tu ne comprends toujours rien, ne sais pas quoi dire, jusqu’à ce que le nom de Killough se fasse entendre dans la pièce. La télévision. L’incendie. Les larmes de Sinead. Je suis là… Je ne pars pas. Et dans cette dernière remarque, tu te lèves, cherches la télécommande des yeux sans la trouver. Tu décides finalement de débrancher la télé.
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Nothing lasts forever (roman) - Jeu 24 Jan - 1:08



Nothing lasts forever
(the queen is dead, my lord)

Le cœur se décroche, se broie, cogne à tout rompre. Le sang siffle dans ses tempes, pulse dans ses veines, échauffe son âme. L'oxygène manque dans ce combat physique et elle se noie dans ses larmes, dans sa gorge nouée, dans son horreur, dans sa douleur. Elle reste penchée sur le plan de travail et les larmes coulent, se mêlent à l'eau de ses cheveux qui sèchent, qui osent sécher alors que le temps semble s'être arrêté et que la lamentation se poursuit, chuintante, erratique, catastrophée. Savoir combien de temps elle reste ainsi est impossible.
Elle en perd ses repères, ses certitudes, ses sens mêmes.

Mais elle est toujours dans la même posture, statue figée par le chagrin, quand la clé tourne dans la serrure et que le colocataire débarque de sa nuit de bringue au bloc -ou de travail ? Elle n'aurait pas l'esprit à plaisanter pour l'heure. Elle ne s’en rend pas compte. Elle n’entend pas le cri d’alarme de Falco. Les souvenirs de Nemhain ont refait surface, car Eithne n’était qu’une simple amie de cette époque. Elle était une sœur, parfois. Une mère. Une fille. Apprendre la mort de l’hôte humaine, ça meurtrit Sinead, bien sûr, mais c’était la championne que Nemhain s’était choisie dans cette existence, et l’échec est cuisant. Elles pleurent, ensemble, sur la disparition de l’amie, de l’amante, du pilier de l’existence, de l’avenir martial choisi. Les sanglots l’étouffent, lui assèchent la gorge, lui coupent le souffle, pliée en deux, comme si elle avait reçu un coup trop puissant au niveau du plexus et qu’elle ne pouvait plus respirer.

Elle ne peut plus respirer.
Elle ne sait plus comment on fait.
Elle se noie.
Elle se perd.
Elle n’est plus qu’un champ de ruines.

Mais on la tire du gouffre, une aura familière, une influence miroir, un semblable qui s’empare d’elle et l’extirpe du champ de ruines que sont la cuisine et ses sentiments, réduits en éclats. Elle se débat dans les bras de l’outrecuidant qui a fait le choix unilatéral de l’arracher à sa peine incommensurable, elle cherche à lui faire mal, aussi mal qu’on lui a fait sans qu’elle ne puisse se défendre. Mais même l’énergie du désespoir ne parvient pas à la faire quitter l’étreinte solide des bras Falconiens. Assise de force sur le canapé, séparée de la chair chaude qu’elle pouvait tenter de percer de ses poings incapables, elle est désemparée et les sanglots la secouent encore même s’il cherche à croiser ses prunelles dévastées. Oh, il y a bien des doigts qui lui caressent le visage, mais ils ramènent à son esprit des souvenirs de tendresse partagée avec Fiona, et ça redouble ses tremblements et son dégoût d’elle-même.

Elle n’a pas su— Elle n’a pas pu— Elle n’a pas été suffisamment humble pour chercher un pardon qu’elle se refusait personnellement. On lui dit de respirer, mais comment peut-elle ? Comment pourrait-elle ? Alors que l’Autre est morte ? Alors que son Amie a été trouvée inerte dans un immeuble carbonisé ? Alors que— À travers les paroles des journalistes en boucle, il y a les mots de Romàn qui percent le tumulte incessant. La panique qu’elle insuffle d’habitude aux autres tourne en elle encore, mais se consume de l’intérieur, les entrailles nouées, le cœur serré à mourir. Ce n’est que lorsque le silence et la semi-pénombre reviennent quand la télévision s’éteint -elle avait tout fait dans le noir, nyctalopie faclite la vie et allège la facture d’électricité- oui ce n’est que lorsque les ombres refont de cet appartement leur Royaume que les visions hallucinées s’apaisent et que Sinead trouve la force de chasser les souvenirs dans un recoin de son âme, pour se laisser aller contre le torse de Romàn, qu’elle martèle de poings malhabiles et moins agressifs, tout en pleurant tout son saoul jusqu’à n’avoir plus de larmes à vider. Et dans son horreur d’elle-même, elle confesse :  « C’est les — J'lui ai d-dit d’aller s'faire f-fou-foutre. La dernière fois — Je l’ai — PUTAIN ! — Putain. Qu'est-ce que. — Putain. Je — Putain. — Pourquoi je ?— Putaiiiin-aiin-aiiin. », sanglote-t-elle finalement, les poings qui se calment et les mains qui s’agrippent comme à une bouée aux épaules puissantes du chirurgien, du sauveur. Litanie loin d’être claire, elle culpabilise alors qu’elle n’aurait rien pu y changer, tombée du canapé, agenouillée foireusement entre le sofa et Romàn.



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Nothing lasts forever (roman) - Dim 27 Jan - 10:02


"When the silence isn't quiet
And it feels like it's getting hard to breathe
And I know you feel like dying
But I promise we'll take the world to its feet"


Plus de lumière, ni celle de la télévision, ni celle du soleil. Plus rien à cet instant pour maintenir débout Sinead, mis à part toi Romàn. Alors tu laisses tes genoux plier au sol et ton torse être bombardé par ses petits poings. Tu la laisses hurler en silence, s’énerver, faire de toi, ce mur qu’elle ne peut effriter malgré tout ce qu’elle fera. À cet instant, tu es son bouclier, plus son égal.
Les bras se referment contre son dos, tentes d’amoindrir les spasmes dans son corps. À force d’avoir le coeur qui déborde, Sinead va dégobiller sa tristesse. Tu le sais, t’as déjà eu le cas de nombreuses fois et souvent, on n’y pense pas. On imagine que l’estomac  peut  résister à une telle pression et que le chagrin n’est fait que de larmes. Mais tu sais, Romàn, que le ventre est le second cerveau et  s’il  peut rejeter le mal-être qui sévit au fond du myocarde, il le fera. Alors tu la retiens, tentes de l’apaiser, d’effleurer son dos sans la briser. Elle l’est déjà, ça s’entend à ses reniflements et aux gémissements qu’elle retient. Ils ont brisé ta Sinead. Ils ont…. Les prunelles se ferment aussi, toi tu ne pleures pas mais c’est tout comme. Ils ont brisé ta Sinead, ont fait plié sa colonne, la font hurler de désespoir, crier à s’en déchirer les cordes vocales. C’est ça qui te fait mal, Romàn, pas lez décès de la Reine. Voir ton amie et confidente, ta conquérante et maitresse, ta sauveuse et  ton égal, être sur le point de disparaitre.

Où es tu Sinead ? Reviens, ne reste pas ce monde de chagrin, t’as pas le droit de me laisser comme ça, t’as pas le droit de plier l’échine, c’est pas ce qu’elle aurait voulu, ta Fiona.

Silence chez le géant, caresse d’une paume qui se veut réconfortante et effleurement d’un souffle chaud contre une nuque tremblante. Y’a de l’angoisse dans ses plaintes, de la honte aussi. Et de la culpabilité et ça, tu ne peux pas accepter Romàn. Ce n’est pas elle qui a allumé les flammes. Ce n’est pas elle qui lui a dit d’acheter cet immeuble. Ce n’est pas elle, point barre. Et tu ne peux pas, la laisser croire ça. T’es pas capable de la laisser s’enfoncer dans sa culpabilité sans échelle pour remonter. Et toi, Falco, t’as assez de bouteille pour la ramener à la surface, t’en as connu, des précipices à gravir et des trous béants dans le myocarde.

Tes mains contre ses joues, doigts puissants l’obligeant à se reculer pour éviter de te transformer en mouchoir géant, tu sais qu’elle te voit. Prunelles de chat, griffes de tigresse, tu la veux mordante et pas accablée, sauvage et non désanchantée. C’est ta Sinead et elle n’a pas le droit d’tomber. Regarde moi. Le Titan réclame sa déesse. T’es pas responsable, t’as rien fait de mal Sinead. Les mots, on n’peut pas tous les penser avant de les dire. Tu sais de quoi tu parles, toi dont les accusations sont sorties sans avoir été pesé dans la balance de la connerie. Elle t’aimait et tu l’aimais, c’est ça qui compte, pas le reste. Tes doigts calleux caressent les joues bouillantes de ton amie. Tu les imagines rougies sous les larmes, t’aimerais pouvoir calmer le feu qui les enflamme.T’as le droit de t’effondrer, de pleurer et de hurler, j’ui là pour ça. Mais t’as pas le droit de dire ça. T’as rien fait de mal Sinead, t’as juste été sincère, jamais tu ne t’es foutue d’elle. Et même si les mots étaient violents et vulgaires, au moins, elle n’a pas menti à sa Reine. Comme toi Romàn, qui n’a pas fait de courbettes face à la monarque et son discours. T’y as pas cru alors t’allais pas lui sourire et acquiescer. T’as pas menti toi non plus, tu lui as juste tourner le dos, t’as juste fui, t’as juste mis de côté cette famille qui a accepté de t’accueillir. Au fond, toi, tu les as trahis, pas Sinead. Et puis, entre nous… J’pense que ça la fait sourire ce que tu lui as dis… D’aller se faire foutre… Tu crois pas ?  Une blague salace, ça ne peut qu’amuser ton amie, éteindre le feu qui la crame et en allumer un autre, pour qu’elle s’enflamme et remonte sur le champ de bataille.
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Nothing lasts forever (roman) - Ven 1 Fév - 23:04



NOTHING LASTS FOREVER
(THE QUEEN IS DEAD, MY LORD)


Elle est perdue, Sinead. Perdue dans sa douleur. Perdue dans sa stupeur. Perdue dans son horreur et dans sa culpabilité étouffante. Alors elle balbutie des lamentations sans queue ni tête jusqu’à ce que Romàn ne la tire encore du gouffre où elle a trébuché en tentant de mettre des mots sur sa plaie béante au niveau du poitrail. Ça ne bat plus normalement, combat erratique du cœur contre la réalité.

Elle ne sait plus où elle en est.
Ne sent plus rien qu’un vide béant, qu’une brûlure décuplée par la violence du coup du sort.

Le rideau de larmes a succédé à la vague de rage, et pour l’heure, la marée est plutôt au mort-d’eau. C’est le moment propice pour la tirer des flots sérieusement, et ce sont les billes d’un azur glacial qui forcent le brouillard des larmes, les doigts puissants qui la maintiennent face à lui, qui la retiennent alors qu’elle tremble et qu’elle pleure et qu’elle n’a plus les mots, plus les ressources pour reprendre pied.

La voix est à la fois douce et impérieuse. Il ne cherche pas à la brusquer mais à entrer petit à petit dans le champ de ruines qu’est son esprit dévasté. Il a compris, évidemment qu’il a compris ce qui la touche au plus profond. Perdre une amie, perdre une proche, c’est quelque chose qui lui est déjà arrivé, à Sinead. Oh, il ne comprend probablement pas la dimension divine que la disparition a prise -quoique, elle lui a expliqué tant de choses depuis tout ce temps, et il sait, il sait pour les souvenirs avec lesquels elle vit depuis quelques longs mois, souvenirs qui la maintiennent éveillée parfois la nuit, alors que son corps ne demande qu’une chose, qu’elle s’endorme sans penser aux passés que l’âme divine a vécu. Partager le même appartement, c’est un peu partager leurs existences. Alors il sait, forcément. C’est bien pour ça qu’il lui dit ce genre de choses, non ? Sur la responsabilité. Sur les mots jetés à la face sans réfléchir. Elle pleure encore en silence, la guerrière, mais la respiration erratique s’apaise, lentement, saccadée encore par quelques sanglots qui meurent dans sa gorge. Sait-il qu’il s’adresse autant à Nemhain qu’à Sinead, à vrai dire ? C’est que les deux sont bel et bien mordues par les crocs cruels de l’infamie et qu’il faut au moins un chien de garde aussi féroce pour forcer les mâchoires puissantes à s’écarter. Alors oui, les paroles de Romàn sont un baume imprévisible, et le médecin montre bien sa connaissance des traumatismes de l’âme humaine, ancien soldat et actuel réparateur des corps.

Lorsqu’aux paroles tendres mais déterminées, niant toute responsabilité directe dans la mort de leur Souveraine, succède la légère plaisanterie, c’est un sourire cassé qui étire une partie des lèvres de Sinead. Elle souffle, sans grand engouement : « Espèce d’obsédé. » Mais elle sourit quand même. Mal, pas beaucoup, de façon un peu foireuse, mais quand même. Tendue qu’elle était, les muscles crispés dans cette auto-flagellation interne, elle se ramollit, la courtisane, et passe ses bras autour de la nuque de Falco, le forçant un peu à lui lâcher le minois, qu’elle enfouit au niveau des clavicules. « J’suis désolée., qu’elle murmure, hésitante, la gorge encore nouée, Je crois que j’ai encore besoin de pleurer. » Et de fondre en larmes encore, contre lui, mais de façon moins tragique qu’avant. Ce ne sont pas les nerfs qui lâchent ici, c’est cette tristesse qui jusque là était sous une chape de plomb, retenue par ces sanglots qui étaient surtout liés aux remords et aux regrets qui lui entravaient la trachée.

Ça s'apaise. Et tandis que le cœur fait sa paix avec la nouvelle, même si elle ne parvient pas encore à y croire, elle se rend compte d'autre chose dans un éclair de lucidité : « Putain, j’ai tout cassé. » Elle relève son regard vers lui, les joues humides, mais les prunelles moins paniquées, moins perdues. Ancre ses billes vert-gris dans les bleues de son colocataire, avant de railler, comme pour lui faire savoir que ça va mieux, un peu : « Je t’avais dit qu’il fallait pas me laisser vider le lave-vaisselle. »


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Nothing lasts forever (roman) - Dim 3 Fév - 10:19


"When the silence isn't quiet
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Tu le sais Romàn, que faire rire Sinead est surement le meilleur moyen de la relever sur ses deux pieds, qu’un sourire en coin et la voilà elle-même, à répliquer. Tu ne peux pas t’empêcher de lui répondre, éclat sur le visage moins orageux mais tout aussi éloquent. On lit en toi comme dans un livre ouvert Romàn, triste ou en colère, tu ne peux jamais dérober ce que tu ressens. Sinead est pareille et vous êtes si proches tous les deux que votre rencontre autour d’un verre révèle presque du destin. C’était écrit quelque part, que les Guerres avaient besoin de se mêler pour devenir une armée. Que les déités devaient se rencontrer pour partir sur le champs de bataille, armes au poings, coeurs prêts à tout écraser. Tu la relèves, elle te guérit, tu l’aimes, elle te chérit.

Les larmes sur ton épaule ne te dérangent pas Romàn, t’en as eu des fluides étranges à cet endroit là, avec l’hôpital. Et tu préfères de loin le chagrin de Sinead à la gerbe d’un gamin qui a but trop de Jet 27. Alors tu caresses lentement son dos, du bout des doigts, sans pression, sans lui faire mal. Elle souffre déjà assez pour que tu n’lui exploses pas la colonne vertébrale. Et tu attends Romàn, tu la laisses pleurer le temps qu’il lui faut, sans murmure, ni parole, juste être là pour elle. Juste lui prouver que toi, tu ne partiras pas. Comme un roc sur une plage, impossible à déterrer, trop lourd, trop grand, emmerdeur au possible quand on aimerait vraiment l’enlever. T’es ici et tu resteras, faudra un autre géant pour te bouger et encore, il faudra qu’il gueule plus fort que toi. Sinead contre ton poitrail, Sinead au creux d’toi, elle peut continuer des heures et des heures si elle le veut, tu s’ras là tant qu’elle en aura besoin.
Le minois se relève, voit les dégâts et t’étouffes un rire face à la remarque de ta colocataire. Il est vrai qu’elle n’est pas la meilleure en ce qui concerne les tâches ménagères et ta maniaquerie sauve souvent la face quand des invités se pointent.  T’as d’la chance d’avoir un colloc’ parfait. Que tu réponds, un baiser déposé sur son front avant de te relever, l’emportant avec elle, une main dans le creux du dos, une autre empoignant le bras.  Tu ne la laisseras pas au sol, ce n’est la place d’aucune femme.  Les orbes bleutées voguant de droite à gauche, le champ de bataille a des allures de crises maritales. Rentré de l’hôpital après des heures de garde et se retrouver avec le même chantier, mais chez toi. C’était pas prévu, tout comme Sinead qui s’écroule alors que tu la pensais avoir seulement une gueule de bois. Mais qu’importe, ça prendra une heure tout au plus pour tout ranger, laver et te mettre au lit histoire de récupérer de la nuit passée. Les yeux retombent sur le sol et croisent les estafilades. Assied toi, j’vais nettoyer tes pieds Madame la Tornade. Abandon du corps, dernier regard sur elle, par peur qu’elle s’écroule sans toi comme pilier. Mais non, Sinead n’a jamais eu besoin d’homme pour tenir,  ce n’est pas maintenant que ça va commencer. La salle de bain est en bon état. Heureusement qu’elle n’a pas pété la faïence que t’as fait refaire y’a seulement deux semaines après un laisser-aller dans la douche entre tous les deux. Tu maitrises ta force maintenant mais disons que certaines fois, le plaisir embarque le titan et le rend quelque peu…sensible. Il aime bien tout exploser quand la femme au creux de tes bras n’est pas la seule qui aime et tente de retrouver.

Désinfectant d’attrapé, compresse et bandage, tu débarques dans le salon, un regard sur ton amie. Elle ne va pas bien. Elle ira mieux, les phases du deuil, tu les connais à la perfection Romàn et ça lui fera mal. Elle continuera de pleurer, elle hurlera, elle s’énervera, elle s’en voudra puis elle acceptera. Ça a toujours été le même système, dieu ou humain, ça ne changera pas. Avoue, tu voulais juste me voir m’baisser pour nettoyer le sol… Paillettes dans les pupilles, un peu de jeu pour allumer un brasier et réchauffer Sinead dont la tristesse a rendu ses yeux trop froids, trop clairs. Assis sur un bout de table, la cheville est attrapée sans attendre l’accord, les soins débutants dans le silence et la tendresse. À force, tu devrais être payé pour nettoyer ses bêtises. Petits poings que tu soignes, hématomes que tu panses, coeur que tu réchauffes, ça ferait de sacrés honoraires à la fin du mois. Mais n’est-ce-pas déjà le cas  Romàn ? Sinead ne te paye pas en dollars, mais elle t’offre quelque chose de bien plus important. Sa confiance et son amitié. Ça peut paraitre innocent mais ça compte bien plus que des billets pour toi. C’est ce qui te permet de garder les yeux ouverts et la tête droite. L’homme debout et le titan éteint.
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Nothing lasts forever (roman) - Lun 18 Fév - 13:58



NOTHING LASTS FOREVER
(THE QUEEN IS DEAD, MY LORD)


La tentative d’humour a l’avantage de l’aider, elle-même, à reprendre contenance. À essayer de dépasser ce qu’il y a de tragique dans cette affaire. Et il l’aide, va dans son sens, se glorifie. En se relevant, elle le dévisage avec émotion mais ne parvient pas à articuler grand chose. Probablement qu’elle aurait détruit l’appartement. Ou peut-être pas ? Difficile de le déterminer maintenant, mais on penche plutôt vers le chaos, rien qu’en regardant l’état de la cuisine. Elle revient au colosse à ses côtés, qui ne fait pas grand cas des destructions de vaisselle intempestives, des larmes, de la morve, de tout cela. Elle se dit qu’elle a de la chance, de pouvoir compter un homme pareil au nombre de ses amis. De le connaître aussi bien, aussi. De savoir qu’elle peut se reposer sur lui, lorsque le monde vacille et éclate autour d’elle.

Elle le pense, et ses yeux la trahissent, mais les mots ne franchissent pas la barrière de ses lèvres. La pudeur n’a rien à faire ici, mais elle a encore la gorge nouée, le chagrin qui lui étreint le cœur, alors elle se raccroche au vivant, au chirurgien, aux soins physiques qu’il décide de lui apporter. Comme une enfant espiègle, elle se fait gourmander, la Tornade. Et qu’il dédramatise l’horreur, qu’il la raille un peu, ça l’aide à respirer mieux, davantage. Elle inspire, elle expire, elle ferme les yeux tout en se posant sur le canapé et en s’enfonçant contre le dossier. Ce n’est vraiment que là, une fois calmée, qu’elle regarde l’état de ses pieds, qui piquent, certes, mais pas au point qu’elle se concentre sur eux. Moue dépitée et un rien gênée, elle constate qu’elle n’y est pas allée de main morte. Oh, ça n’a rien à voir avec une quelconque boucherie, mais elle a quelques entailles plus ou moins grandes, quelques éclats, quelques points où le sang est venu perler. Elle a connu pire, bien sûr. Mais elle a connu aussi des matins où elle ne réduisait pas à néant le contenu d’un lave-vaisselle.

Le regard se relève, de ses propres pieds vers le médecin qui est censé être en pause, mais qui accepte de jouer au docteur avec une rouquine paumée. Plus le temps passe, et plus elle s’habitue à l’aura divine qui gagne en teneur chez son colocataire. Y est-elle pour quelque chose ? Elle n’en sait rien. Peut-être. Peut-être que l’aura devient plus consistante à mesure que Pallas s’éveille en Romàn. Elle ricane lorsqu’il parle d’être penché pour nettoyer et elle renchérit :  « C’est qu’il y a plein de choses que je ferai pour mater ton cul, hein. » Mais pour l’heure, ce ne sont pas les fesses de l’ami qu’elle observe, mais plutôt les mains sûres qui nettoient, remettent d’aplomb, soignent l’aspect physique. Elle s’abandonne, penchée vers lui, les mains liées, posées sur son giron, les cheveux toujours épars. Et lorsqu’il achève son œuvre, que leurs regards s’affrontent, elle se laisse guider par ses pulsions, plus que par toute rationalité qui soufflerait qu’il ne s’agit que d’un besoin charnel qui fait face au désespoir immense dans lequel elle se retrouve plongée. Les mains se dénouent pour venir encadrer le visage du chirurgien aux doigts agiles, les lèvres s’emparent avec férocité de la bouche adverse, et dans le creux de la vague, en reprenant son souffle, Sinead souffle un « Merci. D’être là. » Les billes vert-gris s’éraflent aux prunelles bleues du géant, alors qu’elle le fixe quelques instants, partagée entre ce que son corps désire ardemment et ce que son cœur pleure encore. Pour finalement esquisser un rictus, et après lui avoir volé encore un baiser, hasarder une hypothèse fallacieuse qui n’est que sous-entendue grossièrement : « Tu veux savoir ce que j’espérais en vrai ? C’est que, tu sais, vu le bordel que j’ai fait en cuisine, les voisins sont réveillés, hein… » Ça la détournera de ses démons. Un temps seulement, mais ça l'aidera, qu'elle a l'air de signifier dans sa gestuelle évocatrice.


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Nothing lasts forever (roman) - Sam 23 Fév - 16:23


"When the silence isn't quiet
And it feels like it's getting hard to breathe
And I know you feel like dying
But I promise we'll take the world to its feet"


Les plaies ne sont que superficielles, elle ne gardera rien et pourra déambuler dans l’appartement en petite culotte sans aucune cicatrices à l’horizon. Mais les estafilades et les petits bouts de verre sont bien plus facile à supprimer que les marques laissées sur un coeur brisé. Et tu le sais Romàn, que perdre Fiona est bien pire qu’une rupture amoureuse pour Sinead. Elle n’est déjà pas du genre à se mettre en couple, encore moins pleurer sur une personne qui l’aurait laissé (bien que ce soit certainement elle la première à partir, sa fierté l’empêchant certainement de se laisser refouler par un esprit stupide - on ne laisse pas des filles comme Sinead Reed), Fiona n’était pas qu’une amie ou maitresse. Fiona était un tout pour Sin, une figure importante, un socle qui la maintenait debout malgré ce qu’elle laissait penser. On imagine Reed toujours droite, jamais à plier malgré les conneries qui s’entassent dans sa vie. Mais toi, Romàn, tu la vois tous les jours, tu sais à quel point sous la carapace, ça vibre parfois un peu trop fort au point de briser ses efforts pour paraitre intouchable et loin de tout ça. Loin des émotions et des coeurs fragiles. Et t’en as rien à faire qu’elle pleure ou qu’elle crie Sinead, car tout ce qui t’importe, c'est sa santé, physique et mentale. Alors qu’elle t’utilise comme punching-ball ou d’une autre façon, ça te convient tant que que ça lui fait du bien. Tant que ça la soigne. Alors les mains contre tes joues et sa bouche contre la tienne, ça ne t’étonne pas, au contraire même, ça te touche une énième fois, qu’elle te choisisse toi, pour la panser elle.

Le merci murmuré contre ta bouche te fait trembler et sourire dans une même seconde. Tes propres mains remontent contre son dos, caressent ses omoplates, tracent les vertèbres qu’elle fait parfois craquer quand elle s’entraine. Ta guerrière, ta Nemhain, ta Sinead. C’est normal. que tu lui réponds alors que déjà ses lèvres t’emprisonnent. Elle ne s’est pas lavée les dents ce matin, tu le sais, elle a encore le goût de l’alcool dans la bouche mais ça ne te gêne pas. Tu dois sentir la sueur après cette nuit de garde intensive où vous avez du gérer tout le bordel du nouvel an. Et face à sa demande qu’elle dissimule derrière un sous-entendu légèrement graveleux, tu comprends où elle veut en venir. Oublier, se perdre dans un orgasme, se laisser aller et happer par les bras musclés du titan. Laisser le coeur exploser dans une toute autre danse qui ne réclame ni chagrin ni robe noire. Qui ne réclame aucun vêtement en somme. Alors tu souris près de son visage, laisse tes doigts papillonner contre sa nuque. tu as envie de la voir, d’allumer les lumières, d’ouvrir les rideaux, d’arrêter imaginer ses traits, de la regarder en face sans ne voir qu’une ombre. Si les voisins sont réveillés alors…Par contre, je te préviens, je suis épuisé donc ne t'attends pas à un feu d'artifice. Que tu lui réponds en rigolant un peu alors que les lèvres glissent contre sa joue et embrassent son cou avec douceur. Tu lui offriras ce que tu peux et tu sais qu'elle te donnera la pareille. Gagnant-gagnant pour tous les deux. Mais vu que le médecin vous a demandé de ne pas marcher, Madame la Tornade, je vais devoir vous porter. Et te lever lentement, attrapant sous les aisselles, le petit corps de Sinead que tu portes sans trop de soucis et invite à enrouler ses jambes autour de ta taille. Guide moi jusqu’au lit, moi j’vois rien quand il fait nuit. Et la tenir fermement, plus qu’en habitude, pour lui dire que tu es là, malgré la fatigue et la peine pour ton amie, que tu resteras toujours là. Que tu accepteras de l’aider, de l’écouter, de la chérir quitte à entendre hurler le titan en toi. C’est ta vie, pas la sienne. C’est tes choix. C’est ta Sinead.
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Nothing lasts forever (roman) - Mar 2 Avr - 0:44




Elle n’est pas un cadeau. Elle le sait, et elle n’a jamais prétendu l’être, bien au contraire. Il y a ces expériences passées, plus ou moins récentes, qui l’ont amenée à se dire qu’elle ne pouvait pas, ne devait pas se donner totalement, s’abandonner, à quiconque, homme ou femme, dieu ou mortel. Parce qu’un jour quelqu’un lui briserait le cœur, et que ça serait impossible de recoller les morceaux. Dans son effondrement matinal, dans ses cris, dans sa noyade sentimentale à l’annonce de la mort de Fiona, d’Eithne, de celle qui était parvenue à pénétrer profondément sous sa peau, il y a eu cette peur qu’elle soit allée trop loin, qu’elle ne se soit pas assez protégée émotionnellement parlant. Le cœur s’est broyé, serré presqu’à en mourir, les poumons ont eu du mal à se remplir pleinement d’air, l’esprit est devenu un entremêlement d’horreur et de chagrin. Elle a perdu pied, elle le sait, entraînée vers le fond par les liens passés et présents qu’elle et Nemhain avaient tissé avec la défunte.

Mais lorsque les mains du chirurgien se posent sur ses épaules, puis sur ses pieds et chevilles éraflés par les débris de sa peine, il lui donne un ancrage qu’elle ne pensait plus avoir, suffisamment stable pour qu’elle colle un coup de pied dans la fange des profondeurs et remonte, péniblement certes et pas encore totalement, à la surface.

Perchée sur le colosse aveugle dans la pénombre quasi totale de leur appartement, elle éructe un petit rire lorsqu’il signale qu’il n’y voit guère et qu’il a besoin d’elle pour les guider qu’au lit de la rousse. Les indications sont brèves, l’appartement n’étant pas non plus un manoir de 200m2. Le lit les accueille, aux draps défaits par son réveil récent. En passant, elle fait basculer l’interrupteur et la lampe dans le coin de sa chambre illumine l’ensemble alors que dehors il fait encore nuit noire. Plus besoin de donner des indications, car ce sont des gestes naturels qui s’enchaînent, à s’effeuiller, à se sentir, à se frôler. Dans ce cocon confortable, elle s’oublie dans les bras de Romàn, s’abandonnant plus que de raison, plus que d’habitude, à l’étreinte. Nemhain et Sinead prennent certes le dessus à un moment, mais c’est bien pour décharger Falco et son dieu d’une quelconque responsabilité, prenant en compte les mises en garde proférées par le colocataire et amant, ami et confident qu’il est, pilier imprévu dans la vie de Reed.

Après la jouissance, elle reste posée contre lui un temps, se laissant bercer par la respiration profonde du novum. Et tandis que ses paupières se font lourdes, elle concentre son attention sur le réveil, voit l’heure et se tend de nouveau, le sens du devoir qui revient maintenant au galop que le chagrin est relayé pour quelques temps. Chair de poule alors qu’elle s’extirpe des bras puissants en jurant à qui mieux-mieux, et pour elle-même, à fouiller le tas de fringues au pied du lit -celles de la veille- pour trouver son téléphone et envoyer un premier sms à Ikaar et à Kaleb. Assise sur le bord du lit, elle revient à son compagnon, passe une main dans les cheveux de Falco, pour s’expliquer : « Va probablement falloir que— » S’interrompt une première fois, parce qu’Ikaar répond faisant vibrer le téléphone dans sa main. « Je reviens. », ajoute-t-elle à l’adresse de Romàn, avant d’aller se poser sur les toilettes, porte ouverte, pour uriner tout en répondant aux messages d’Ikaar, qui a l’air réveillé -logique, vu les nouvelles. La détermination se grave sur les traits de son visage tandis qu’elle tire la chasse, verrouille son téléphone et revient dans la chambre, pour se pencher sur l’amant délaissé. « Donc, je disais. Faut que je file. Je sais pas trop à quelle heure je reviens, mais tu peux rester dormir dans mon lit, si t’as la flemme de changer de chambre. » Les yeux parcourent la silhouette visible du Titan et Nemhain ajoute : « Casse pas tout, hein. J’ai déjà fait assez de connerie comme ça. » Et de s’écarter pour renfiler les habits de la veille et sa culotte du matin, retrouvée sur une chaise, avant de revenir arracher un baiser vorace au médecin : « Merci, encore. Je t’aime fort, Romàn, hein. Et pas que pour le cul, ok ? À tout à l’heure ! » Et de disparaître presque dans un nuage de fumée -seule l’image persiste, en vérité, puisqu’elle ne fait que filer sans demander son reste, ni chercher à développer sur cette dernière affirmation, ne sachant pas elle-même ce qu’elle voulait dire par là.



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