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I'm a tree that grows hearts, one for each you take (Delilah)

 :: abandonnés
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I'm a tree that grows hearts, one for each you take (Delilah) - Mar 12 Fév - 23:19

I'm a tree that grows hearts
One for each you take
Lylah & Mal

Arcadia National Park, end of January 2019.
La canopée émeraude au dessus de nos têtes, les cimes pointues de ce toit du monde. Notre monde. Des donjons étirés vers le ciel, le sommet de ces tours d'écorce qui pleuvent leurs aiguilles depuis les nuages. Royaume de silence, à peine dérangé par le rare écho du chant hivernal des oiseaux et le craquement des branches gelées. La neige a cessé de tomber depuis quelques jours et a largement fondu, une trêve qui repeint ses couleurs au monde. Les arbres dénudés de leurs plumage semblent s'ébouriffer sur le bord du chemin, languissant du printemps encore loin. De la terre gelée à leurs racines qui les figent dans le temps, condamnés à rester pour toujours au même endroit pendant que les écureuils grignotent inlassablement l'univers. Ils sonnent creux à l'intérieur, derrières leurs épaisses pelures rugueuses. Aisément fendu en deux par la foudre, une nature pas si immuable au final. J'aurais bien accepté de plonger mes jambes dans la terre si cela signifie rester ici à jamais. Si cela aurait pu m'empêcher de m'éloigner du sentier et de me perdre en cours de route. Un animal sauvage qui a élu domicile dans mon crâne et y a fait son nid; l'esprit en hibernation, de ma conscience qui s'est réveillée changée à jamais. Si tout renaîtra bientôt, j'ai peur de ce que ce cycle va m'infliger de plus. J'apprends à vivre avec ce nouveau moi, chaque jour qui passe à accepter de me regarder dans le miroir. J'accepte d'être un chantier en cours, d'appréhender la nouveauté sans forcer les limites de cette peau neuve. Je n'en ai qu'une, et ça je l'ai définitivement compris. La piécettes symbolique qui se balance dans la poche me le rappelle tous les jours. Presque cinq mois sobre, un jalon de plus atteint non sans souffrir. Mais les doutes sont aussi remplacées par des certitudes dernièrement. Si je sais que quelque chose à changé en moi, ce n'est pas uniquement pour le pire. Cette maladie qui me martèle le cerveau comme un pivert affamé n'est pas la seule chose que je ressens. Une osmose inexplicable, des coïncidences trop accumulées pour les voir encore ainsi. Je peux presque le sentir, au travers de la psychose et des voix qui cherchent à me posséder. L'extrémité d'un lien dans les tréfonds de mon être, une laisse que je peux tirer du bout des doigts et qui provoque une réaction en chaîne. Au plus j'essaie de l'atteindre et au plus je m'y perd. Les chiens me collent, ils me suivent partout comme si j'avais quelque chose à leur donner. Cujo semble anticiper mes intentions avant que je ne les expriment moi même. Si être dément donne à ce point la côte avec les cabots, j'ai peut être résolu la domestication millénaire du chien. Je ne comprends pas ce qui ne va pas chez moi, passé l'évidence. Mais je crois que j'aime ça dans une moindre mesure, ça calme la cacophonie de mon esprit. Les voix dissipées par l'instinct, les aboiements qui chassent ces fantômes d'illusions qui me hantent. Un garde fou inespéré, une direction à suivre en tâtonnant au travers de cet océan aveugle.

La main qui se tend pour joindre la sienne, le contact furtif de sa paume contre la mienne. Je ne la regarde pas, concentré sur l'énorme souche entre nous. L'aider à surmonter l'obstacle qui nous sépare, la métaphore toute trouvée pour exprimer ces derniers mois. Ce mur auquel elle a dû faire face est de mon propre fait, laissée de côté sur le banc de touche. Elle me l'a dit, qu'elle serait toujours là pour moi. Pourtant je peine encore à l'impliquer, lui rendre cette place qui est la sienne à mes côtés. Deux vieux amis qui se confondent dans les gestes du passé sans réussir à trouver une place au futur. Maintenant que je l'ai retrouvée, qu'elle pourrait apaiser ce poids sur mes épaules et contrer la gravitation irrésistible de ce gouffre dans lequel je tombe inlassablement. Mais je la préfère ainsi, au bord de la falaise. Parce que le ciel auréole toujours mieux son visage lorsqu'elle semble inaccessible, les hauteurs d'un trône que je ne mérite pas de gravir. Je ne peux pas la corrompre de ma noirceur, elle la sainte des cas désespérés. Alors je me contente de peu, de ces longues minutes passées en silence à chercher le bon sentier pour nous enfoncer entre les arbres. Si elle me ramène toujours vers elle, alors je veux bien me perdre en forêt.

Les chaussures qui battent la terre gelée et Cujo qui nous suit de près, à l'affût du moindre petit animal assez fou pour sortir de son terrier. Mes doigts qui demeurent un instant contre ceux de Delilah, pousser le jeu des cap mais je ne suis pas cap. Bien vite dérobés, posés contre un tronc au balisage jaune. Au souvenir des après midi passés à les déchiffrer ensemble, les randonnées et les expéditions lorsque le monde n'appartenait qu'à nous. Je dessine le symbole de l'index avant de me tourner vers elle. « On est toujours sur le chemin principal. » Que je déduis calmement, perçant ce silence tenace. J'ose lui adresser un regard avant de le poser sur mon chien occupé à renifler un buisson. Peut être que l'élève a surpassé le maître, car c'est bien elle qui m'a appris à déchiffrer les marquages forestiers. Delilah et ses nombreux talents, trop bien pour toi disait Caitrin. « On peut faire une petite pause ici. » J'observe la clairière autour de nous à la recherche d'un minimum de commodités. Cela fait peut être une heure que nous marchons, le temps à tendance à se dérégler en sa présence. Je sens un coup contre ma cuisse, un contact que je ne connais que trop bien. Je me détourne pour attraper le bâton dans la gueule de Cujo pour l'empêcher de continuer à me tapoter avec. Les deux billes bleues se fixent sur le vilain bout de bois, prêtes à suivre sa trajectoire dans les fourrés. J'échappe un sourire malgré moi, ne lançant pas le bâton pour autant. « Commence pas à courir partout, tu sais ce que ça donne quand t'es trop enthousiaste. » Je met le husky en garde avec une petite tape sur la tête. Finir dans la boue, les pattes noires de crasse et moi avec, emporté par la frénésie animale du jeu. « Il y a une lady avec nous aujourd'hui, alors faut bien se comporter. » Que j'ajoute non sans un regard malicieux pour Lylah, tentant d'ignorer mes joues qui se parent de cramoisi. J'hésite un instant avant de m'avancer vers elle, ma main retrouvant la sienne pour y déposer le bâton sans la lâcher pour autant. Mes doigts s'enroulent autour des siens, mon bras puis mon corps se colle contre le sien comme pour guider son geste. « Montre à Lylah. » Que j'ordonne avec douceur, profitant de l'instant malgré moi pour jeter un regard furtif vers le profil de Delilah avant de me concentrer sur Cujo. Le chien s'avance à hauteur du bâton, posant sa truffe au même niveau. J'intime à Lylah de l'y poser avant de reculer sa main. Le bout de bois reste en équilibre un moment, le chien mourant d'envie de briser l'immobilité pour le mordre sans pour autant céder à la pulsion. Je nous fais reculer de quelques pas avant de briser le contact, physique et mental. L'animal darde un saut avant de planter ses dents sur son pauvre jouet et rompre l'équilibre. J'échappe un rire léger, m'éloignant de Lylah. « Qu'est-ce que tu en penses ? Mieux dressé que moi ? » Pathétique. Tu peux te cacher derrière tes tours et tes diversions, elle sait très bien qui tu es. Ce que tu es. Geste réflexe de mes doigts contre ma tempe, une brève grimace avant de me détourner. Je profite de Cujo qui revient à la charge vers elle pour glisser une main dans la poche de ma veste et extirper quelque comprimés du tube en plastique. Je les gobes d'un coup sec. Pas maintenant, pas quand je suis avec elle. Je ne veux pas laisser mes ténèbres dépasser, pas quand sa lumière est si vive qu'elle m'éblouit. Nous ne sommes plus qui nous étions, que des ombres à nous même. Mais au cœur de la forêt, suivre ces miettes égarées qui nous ramènent encore sur le chemin, ensemble.
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I'm a tree that grows hearts, one for each you take (Delilah) - Jeu 14 Fév - 19:28

I'm a tree that grows hearts
One for each you take

Maldwyn Jones & Delilah Sulwyn
I came across a fallen tree, I felt the branches of it looking at me. Is this the place we used to love ? Is this the place that I've been dreaming of ? Oh, simple thing, where have you gone ? I'm getting old, and I need something to rely on

Se vider la tête, se purifier les poumons grâce à cet air froid de Janvier, réveiller les muscles qui ont trop tendance à hiberner. Peut importait la météo, la Sulwyn appréciait toujours la marche, surtout lorsque celle-ci se faisait en pleine nature et non dans les rues asphyxiées d'Arcadia. Elle n'était pas revenue ici depuis … Depuis bien longtemps. Vu leur séparation brusque elle n'aurait jamais cru parcourir de nouveau ce chemin en compagnie de celui avec qui elle l'avait découvert il y a des années de ça. Comme convenu elle était passée par les docks afin de récupérer le loup et son maître, puis ils avaient fait la route ensemble; Cujo bien installé sur une couverture à l'arrière et Maldwyn aux côtés de la conductrice. L'impatience l'avait étreinte depuis que les deux vieux amis s'étaient mis d'accord pour se revoir en allant se promener. Depuis ce soir où il l'avait appelé, avait pris le temps de lui expliquer certaines choses. Des choses qui changeaient beaucoup la perspective d'un avenir lumineux mais qu'importait, mieux valait en profiter tant qu'elle lui manquait, qu'il pensait avoir besoin d'elle, qu'il avait cette envie de la voir. Car Lylah était consciente à présent que sa place était sur la sellette, parce que la maladie n'est pas simple et que ce qui à atteint la jeune femme pourrait aussi se mettre en travers de leur chemin. Alors elle profite, simplement, profondément. Elle peut entendre ici bien des oiseaux chanter, piailler. Depuis quelques mois elle a l'impression qu'ils sont partout. Ou bien avant elle n'y prêtait peut-être pas assez attention. Pourtant maintenant leurs mélodies l'atteignent, sillonnant entres ces arbres, eux perchés à la cime du monde. Que pouvaient-ils bien se raconter d'intéressant ? Savaient-ils que plus rien n'allait dans ces contrées perdues ? Que plus rien ne serait comme avant … Heureusement ces idées noires sont chassées par l'instant présent, par la présence du gros animal à poils qu'elle venait de rencontrer et de cet homme qui tentait de reprendre les rênes. Ses pas étaient légers sur le sol boueux, tâchant ses bottes plates, ses yeux clairs s’accrochaient toujours au reste de neige tenace. Cet endroit avait dû être magnifique dans son manteau blanc. Appréciant ce presque silence, cette nature qui ne cessait jamais de vivre. Les randonneurs ont déjà parcouru un petit bout du chemin mais sont encore loin d'avoir tout vu et de s'être vraiment enfoncés dans le parc. L'avocate avait tendance à oublier qu'autre chose vivait en dehors des murs d'Arcadia. Quelque chose qui valait la peine qu'on s'y intéresse, qui était à couper le souffle et immuable.

La forêt est nue, traversant cet hiver à fleur de peau, attendant que le printemps la recouvre de sa verdure chatoyante, que les animaux lui reviennent, survivante mais pas laissée à l'abandon pour autant. L'ancien professeur tant sa main afin d'aider la blonde à passer au dessus d'un tronc d'arbre qui s'est écroulé au milieu du chemin. Elle le remercie et ils continuent leur route. Lylah ne peut s'empêcher de jeter des coups d’œil autant au maître qu'à son chien qui suit la cadence, reniflant parfois certaines racines ou se précipitant dans des bosquets. Le contact est fébrile, furtif. Ils ne savent pas sur quel pieds danser alors ils se contentent de marcher. L'aventurier à repéré un balisage et prend la parole, délivrant l'évidence. Delilah le regarde avant de laisser son regard longer le chemin qu'ils devaient suivre. Ils n'avaient pas dévié un instant et ne se perdraient donc pas. « On peut faire une petite pause ici. » C'est alors au tour de la jeune femme d'observer les environs. Oui cette clairière était plaisante, ce n'était pas une mauvaise idée alors elle acquiesce avec un mince sourire. Cette heure était passée à toute allure. Ils ne se pressaient pas pourtant. Elle peut voir le husky approcher son maître avec ses grands sabots et surtout son bâton. Elle fait de même afin de les rejoindre et se reposer à leurs côtés. Lylah aime bien regarder Mal interagir avec Cujo. Parce qu'il est sûr de lui, qu'ils ont l'air de se comprendre, qu'il contrôle la bête sans problèmes -du moins jusque là. Il le met en garde, en prend soin. Et Cujo était tout simplement un amour de chien qu'il était impossible de ne pas aimer. L'avocate avait toujours eu un faible pour les animaux, quelque chose qui devait remonter à son enfance certainement. Pourtant elle n'en avait jamais possédé, ayant peur de ne pas savoir en prendre soin comme il faut, peur de ne pas savoir deviner si ils étaient malheureux ou non également. Un peu comme les enfants. Alors elle n'infligeait cela à aucun être vivant, même si parfois la solitude pouvait peser dans son appartement. « Il y a une lady avec nous aujourd'hui, alors faut bien se comporter. » Qu'il la taquine avant de la regarder. Elle lève les yeux au ciel tout en ne pouvant retenir ses lèvres de s'étirer en un sourire amusé. L'avocate tente de reprendre son sérieux et corrige alors, ses mains posées sur ses hanches : « Maître Lady. » Avant de lever le menton, faussement fière. Malgré les circonstances la blonde arborait tout de même un jean délavé rentré dans ses bottes, un trench-coat et un pull noirs qui laissait ses épaules à découvert. Pas vraiment des apparats de randonnée mais elle s'y sentait bien et ne subissait pas la fraîcheur. Se salir ne l'effrayait ni ne la dérangeait pas.

Ses yeux azurés regardent son ami avancer vers elle, armé de son bâton. Elle ne connaît pas encore bien l'animal pour savoir comment interagir avec ou être certaine de ses gestes. Elle l'a salué d'une caresse sur la tête lorsque Maldwyn a fait les présentations avant de prendre la route mais depuis elle n'ose pas en faire d’avantage même si une partie d'elle a juste envie de se jeter sur lui pour le couvrir de grattouilles quitte à se rouler par terre. Le maître canin dépose le jouet fraîchement trouvé dans l'une des mains de la jeune femme avant de refermer son étreinte sur celle-ci. Il approche ensuite son corps du sien, lui montrant quoi faire. Alors qu'il demande au husky de venir pour lui présenter son petit tour un large sourire vient fendre le visage de Lylah. Cette invitation guidée la ravissait au plus haut point; elle qui craignait de mettre les pieds dans le plat à un moment donné. La proximité avec Maldwyn ne la dérange pas mais son cœur s'emballe, elle retient son souffle, autant désireuse de voir les aptitudes du doux molosse qu'emballée à l'idée de laisser le professeur prendre les commandes alors qu'il l'enlace presque. Elle dépose donc délicatement le bout de bois sur le museau de Cujo comme le lui intime Maldwyn avant de s'éloigner de quelques pas. Elle ne lâche pas l'animal des yeux, de peur de louper quelque chose. Il reste calme, fixe pendant un court instant avant de sauter soudainement pour venir broyer le pauvre bâton entres ses crocs d'un geste vif et précis. Son maître s'est détaché de la belle entre-temps mais l'enthousiasme qui s'empare de son cœur surpasse le manque. Elle claque doucement des mains, amusée et surtout admirative avant de s'accroupir pour que l'animal l'approche. Elle se sent obligée de le féliciter pour ce self-control inouïe. « Qu'est-ce que tu en penses ? Mieux dressé que moi ? » Demande-t-il après avoir rit doucement. Cujo arrive à hauteur de Lylah et celle-ci enfouit ses mains dans sa fourrure épaisse tout en l'admirant sous toutes les coutures. « Mais oui, comment il arrive à t'apprendre ça alors qu'il est incapable de dompter ses propres cheveux ? » Fait-elle sur un ton gaga à l'attention de l'animal qu'elle congratule de caresses en parlant assez fort pour que le principal visé l'entende. Les bruits du pot en plastique parviennent à ses oreilles mais elle préfère les ignorer pour l'instant.

Delilah se relève ensuite doucement en délaissant à regrets le husky.  Elle fait quelques pas vers la clairière, l'herbe gelée craque sous ses semelles épaisses. Ils n'avaient pas peur de sortir des sentiers balisés avant et se perdaient tellement dans leurs débats parfois que la journée pouvait passer en un rien de temps mais ils retrouvaient toujours leur chemin. Il lui semblait pourtant que le temps avait cessé de s'écouler ici, entre sa dernière venue et celle-ci. Elle contemple la terre qui s'étend un instant puis ses pupilles s'arrêtent sur une souche d'arbre qu'elle entreprend de transformer en siège de fortune. Une nuée d'oiseaux quitte leur arbre pour se poser ailleurs alors qu'elle s’assoit. Et ils chantent, encore. Elle aurait pu s'envoler elle aussi, soit disant. L'expérience l'avait trop traumatisée, elle n'y croyait pas encore pour pouvoir réussir son petit tour comme Cujo réussissait avec brio les siens. Cette idée la terrifia alors elle se tourne vers Maldwyn et l'observe, pourquoi vouloir partir alors qu'il est là ? Pourquoi prendre la peine de régner sur un autre royaume alors que tout ce dont elle a besoin est ici bas, dans leur vieux royaume. Jamais plus elle ne se changerait en oiseau, trop effrayée, trop inquiète. Cela ne ferait que lui prouver que toutes ces histoires étaient vraies alors qu'elle s'efforçait de les oublier. Fiona les avait quittés, elle ne pourrait pas continuer sur ce chemin sans elle alors elle se contente de faire l'impasse. Elle voulait rester la Delilah normale, à la vie peu palpitante. Cette sortie lui changeait les idées, rafraîchissait son esprit. « On allait tellement loin avant, je m'en étais jamais rendue compte. Ça n'a pas tellement changé ici … » Qu'elle constate, pensive, assise tout en continuant de regarder Mal dont elle n'arrivait pas à se détacher. C'était une bonne chose, le changement n'était pas vraiment sa tasse de thé. Était-ce pour cela qu'elle se raccrochait toujours au passé ? Il y a de fortes chances oui. Elle pose ses mains sur le bois humide et penche la tête en arrière pour contempler le ciel brumeux et ses nuages volatiles, revenant sur terre et quittant enfin ses yeux du gallois, un peu gênée de ne pas s'être rendue compte plus tôt qu'elle le fixait ainsi.
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I'm a tree that grows hearts, one for each you take (Delilah) - Lun 25 Fév - 17:58

I'm a tree that grows hearts
One for each you take
Lylah & Mal

Arcadia National Park, end of January 2019.
J'essaie de respirer à plein poumons mais je n'y arrive pas. Coincé dans un étau invisible, obsession du contrôle jusqu'à en amoindrir mon souffle. Calme et sans écho, dérangeant à peine la surface du monde. Refuser de vivre trop bruyamment, ne pas vouloir exister pleinement et gonfler sa poitrine jusqu'au trop plein. Rempli de vide pourtant, le néant discret fait à peine frétiller les alvéoles et pulser mon cœur en silence. Pas d'émotions extrêmes, au point mort de l'encéphalogramme des désirs. L'instinct de survie au minimum, articulé au strict nécessaire comme un pantin dont je me refuse à prendre le contrôle. Paradoxe insensé de la créature et de son maître, abomination de Frankenstein livrée à elle-même. Je suis un monstre de contrôle qui se laisse pourtant dériver dans un océan de causes à effets. Un enfant bercé au creux des bras du hasard, je me laisse échouer sur les conséquences de décisions faites sans y penser. Un galet jeté à l'eau pour en compter les ridules et finir sous la déferlante. La noyade constante parce que je ne peux pas faire un choix et l'assumer. Parce que si j'arrête de respirer au point d'imiter la mort, alors peut être que la finalité m'épargnera toute autre croisée des chemins déchirante. Et il y en a plein ici, des passages sinueux qui insinuent les mémoires d'un passé que j'ai fais semblant d'oublier. Elle me fait manquer d'air elle aussi, Delilah. Elle interrompt mon inertie pour me déterrer de cette tombe que je m'obstine à me creuser. Alors je ne peux pas arrêter de respirer quand mon cœur bats si fort sa demande, aspire la présence de son âme comme un siphon malade. Vivre à ses côtés je crois, n'est peut être pas si hors de portée. Mais regarde-moi, une mécanique cassée laissée à l'abandon. Je ne peux pas te demander de faire cette maintenance à haut risque et d'y laisser tout ce que tu es. Alors je respire juste assez pour ne pas t'inquiéter. Juste assez pour te voir sourire encore. Je fais le mort et j'enlace la douleur pour en étouffer le bruit.

Une volée d'oiseaux au dessus de nos têtes, des petits points noirs sur un nuage de gris. Minuscules, insignifiants, libres. Les doigts qui se sont instinctivement perdus dans mes cheveux pour tenter de les discipliner, mécaniques automatique à la remarque amusée de Delilah. Des choses qui ne changent pas, des habitudes, un mimétisme de forme. Peut être que c'est ça qui m'effraie le plus, être coincé dans le passé sans possibilité d'avenir. Mais est-ce que je veux vraiment voir les choses évoluer ? Que devient-on après amis, amants ? Quelle est la prochaine étape entre nous si nous voulons être plus que des ombres dansantes sur un fil révolu ? Je ne veux pas que nous ne soyons que des feuilles mortes écrasées entre les pages, esclaves de ce qui fut, aveugles de ce qui pourrait être. Le passé est tellement lourd, surtout lorsque l'amour a fortifié ses liens comme une pierre jetée dans les profondeurs. L'hameçon est accroché à mon cœur, il ne sert plus à rien de se débattre pour essayer de l'enlever car il a rouillé sa présence depuis longtemps. Mais ce n'est pas si simple de me laisser remonter à la surface dans ses bras, pas quand une autre force essaie de m'inviter dans les profondeurs. Pas quand je suis incapable de choisir la mer ou le ciel. Tu t'es mis dans un sacré pétrin. Susurre une voix avec paresse. Tu les feras souffrir quoi qu'il advienne, quoi que tu choisisse. Le grognement rauque surplombe la conversation, le ton moralisateur et intransigeant. On en est pas encore à devoir faire un choix. D'autres choses plus importantes pour l'instant... Que je rétorque en me passant une main sur le visage, observant Lylah s'asseoir sur une vieille souche. Je caresse du bout des doigts le tube en plastique au fond de ma poche. Rien ne sert de surdoser à dit la psy, mais parfois j'aurais bien envie d'avaler toute la dose si ça pouvait les faire taire. Si ça pouvait endormir tout mon esprit et m'empêcher d'avoir à constamment me battre avec mon propre cerveau. Des habitudes à éviter, des relents comportementaux dangereux dans lesquels je pourrais si facilement retomber. Je sors la piécette dorée du fond de ma poche un instant, glissant mon pouce sur sa surface brillante avant de la suivre vers le tronc d'arbre. Je reste cependant à quelques mètres de distance, mon regard évitant soigneusement le sien qui semble intéressé à me détailler. Je ferme les yeux à ses mots, échappant un sourire nostalgique malgré moi. « On allait tellement loin et on avait jamais peur de se perdre… » Ma voix est calme, presque un murmure. Parce qu'on était ensemble, rien ne nous effrayait parce qu'on était deux. Jeunes et stupides, amoureux. « Le monde ne change pas… juste la perception qu’on en a. » Parce que c'est ainsi qu'on apprend à grandir, pour le meilleur et pour le pire. Et c'est ainsi que nous oublions ceux qui ont un jour comptés, ou que nous n'arrivons pas à les laisser partir. La seule drogue qui endommage vraiment le cerveau, c'est le temps qui passe. Je glisse la pièce dans ma poche, m'approchant d'elle en contournant la souche. Je me penche en avant, visage inversé au sien tourné vers le ciel. Je dégage une mèche de son front du bout des doigts avant d'y déposer un léger baiser. « Même après nos expéditions respective nous avons quand même retrouvé le chemin. Alors oui, peut être que rien n'a vraiment changé au final… » Une métaphore à peine dissimulée, un contact volatile. Je m'assois de l'autre côté de la souche, dos contre dos, cœur contre cœur. Cujo s'approche de mes genoux pour venir y poser sa tête. Il a déjà senti que quelque chose n'allait pas et que les mots qui s'apprêtaient à passer mes lèvres étaient plus une gangrène qu'un soulagement. « J'ai…vu ma mère au nouvel an. » Mon dos s'arrondit, une main qui se perd dans l'épaisse fourrure de mon compagnon pour y trouver du réconfort. Le ton faible et qui se veut celui de la conversation, mais j'ai du mal à contrôler cette tempête de sentiments qui veut s'accrocher à chaque syllabe. « Y'avait Caitrin aussi… J’ai pas eu le choix c'est… elle voulait nous voir. » J'échappe un soupire excédé, presque encore atteint par le stress de ce jour-là. Je ne lui ai pas vraiment parlé de ces choses au téléphone, parce qu'il y avait un temps et un moment pour en parler. Je ne sais pas si celui-ci est le bon, mais je n'ai pas d'autres options. « Enfin c'est le centre qui nous a convoqué aussi… Pour parler des options de paiement… Parce que je peux plus payer ma part tu sais… Caitrin va s'en occuper… hypothéquer la maison dans les Ozarks je crois… » Mes doigts s'échappent du col du husky pour venir échouer contre l'écorce rugueuse, tous ongles dehors. Je relève le visage, l'arrière de mon crâne se cognant malgré moi contre le sien. J'échappe un nouveau soupire. « Je l'avais pas vue depuis… » Les mots échouent sur mes lèvres, incapable de me souvenir. Je me reprend. « C'est la voir comme ça… Rien n'a changé… Pourtant tout est de pire en pire. Elle m'a demandé si j'allais bientôt avoir ma cérémonie de fin d'études…elle n’a pas reconnu des photos des enfants de Caitrin… et elle m'a demandé si j'allais au bal de promo avec toi, si on allait bientôt se marier…» Ma voix se brise, ma main à trouvé la sienne et la serre avec force. La lâcheté était de famille. Ma propre mère qui oubliait, enfermait ses torts derrière un alzheimer et une démence précoce. Les choses importantes remplacées par des conneries sur les dieux et la magie, la religion était tout ce qu'elle avait jamais aimé. Tout ce dont elle était capable de se souvenir. Alors pourquoi est-ce que je m'en voulais ? Pourquoi est-ce que j'étais incapable d'adresser cette colère contre quelqu'un d'autre que moi même ? Je serre un peu plus fort le dessus de sa main, mes doigts s'insinuant entre les siens. Un silence pesant s'écrase sur mes épaules, un gargouillis au fond de la gorge de Cujo qui pourrait être le mien. Puis c'est la vraie peine qui s'échappe, les peurs incontrôlables. « J'ai pas envie de finir comme elle Lylah… Je sais que je suis en train de devenir fou. Que c'est sûrement dans mon sang et que ça attendait son heure depuis toujours. » Je libère ses doigts, mes mains venant échouer contre mon visage pour masquer mes traits. « Je veux pas devenir timbré et oublier les gens que j'aime petit à petit. Je veux pas me perdre dans les limbes de conneries qui n'existent pas, des dieux et des enfers jusqu'à ce que ça en devienne une obsession. Tu disais que j'étais une épave, t'étais tellement loin du compte, je suis un putain de chaos en devenir. » Et on sera là pour t'enfoncer la tête sous l'eau. Ajoute l'une des voix maintenant familière. Je me redresse, incapable de lui faire face, ramassant un bâton sur le sol pour le lancer dans un fourrés. Pourtant mon chien refuse de bouger, immobile et stoïque, le regard dressé vers son maître. « Peut être que c'est mieux qu'elle croit que je suis heureux à l'université et marié avec toi. Au moins un happy ending existe quelque part. Dans son monde. Quel miracle à la con… » Le ton revêche, la tristesse a laissé place à la colère avant que celle-ci ne disparaisse elle aussi d'un soupire et d'un énième bâton lancé en l'air. J'essaie de respirer à plein poumons mais je n'y arrive pas, resserrant mes bras sur ma silhouette, de cet étau invisible prêt à exploser à tout moment.

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I'm a tree that grows hearts, one for each you take (Delilah) - Mer 6 Mar - 19:48

I'm a tree that grows hearts
One for each you take

Maldwyn Jones & Delilah Sulwyn
I came across a fallen tree, I felt the branches of it looking at me. Is this the place we used to love ? Is this the place that I've been dreaming of ? Oh, simple thing, where have you gone ? I'm getting old, and I need something to rely on

Retourner sur ce chemin du passé, rejouer cette danse, chanter ces mêmes refrains, cela ne dérangeait pas l'avocate. Au contraire même, cela se rapprochait plus d'un renouveau pour elle plutôt que d'un énième visionnage aux couleurs usées. Parce qu'ils avaient changé depuis, tout les deux, séparément. Et même dans leur manière d'être alors qu'ils sont de nouveau réunis, leur comportement n'était plus identique à celui de l'époque. Il était impossible pour eux de réinterpréter les même notes que lorsqu'ils étaient étudiants … C'était ainsi, l'évolution d'une relation, qui se brise, se renoue, s'oublie ou s'abandonne. L'après ? Peu importe vers quoi les deux vieux amis tendraient, tant que Lylah pourra toujours avoir le professeur dans sa vie, c'était le plus important … Fut un temps où la blonde aurait rêvé pouvoir faire sa vie à ses côtés mais tout était tellement flou à présent ... Lorsqu'ils s'aimaient, ne s'étaient pas encore blessé l'un l'autre, ça semblait possible. Maintenant cette envie se cache au fond du cœur de la divorcée, ses artères retenant l'organe palpitant pour ne pas qu'il s'emballe trop vite et se fasse mal une énième fois à imaginer un possible qui serait bien vite révolu. Si encore ils étaient les seules constantes à baigner dans l'incertitude … Mais ce n'était pas le cas ; cette ville, ces forces étranges à l’œuvre qu'on leur forçait à voir. Comment pourraient-ils gérer tout cela en plus du reste ? Les choses allaient devoir venir petit à petit pour que la galloise y survive sans heurte. Jamais elle n'avait été autant perdue … Depuis toute petite la gamine s'était efforcée d'avoir toujours un chemin à suivre, quitte à en cimenter les pavés elle-même, déviant lorsqu'elle se faisait emportée par une bourrasque de passage  mais retrouvant toujours la bonne voie. La route qu'elle empruntait en ce début d'année était tellement embrumée qu'elle ne parvenait qu'à distinguer le bout de ses pieds. Déambuler sur ce terrain dégelé était donc une chance qu'elle n'avait pas tous les jours, voir où elle allait, décider, souffler à part de cette cacophonie incessante et effrayante. Surtout en si tendre compagnie. Certes le beau temps était aux abonnés absent mais c'était agréable.

À trop regarder Maldwyn Lylah ne put s'empêcher de parler de ce qui fut, assise là sur sa souche d'arbre humide. Certaines choses ne semblaient pas vouloir changer elles. L'attraction qu'elle avait pour lui à chaque fois qu'il était dans les parages, la pointe de mélancolie qu'elle pouvait discerner dans ses yeux clairs qu'elle avait du mal à lâcher, la corde effilée invisible qui lie son cœur au sien. « On allait tellement loin et on avait jamais peur de se perdre… » Elle dut parfois tirer dessus mais toujours avec cette peur que le fil se casse entre ses mains, qu'elle finisse par le perdre, sa balise sur son chemin. « Le monde ne change pas… juste la perception qu’on en a. » Maintenant qu'on avait détruit sa perception, Delilah ne voulait pas voir le monde changer … Mais c'était trop tard, son esprit était pollué par toutes ces questions, ces inquiétudes. L'air frais de Janvier lui permettait de ne pas craquer, de garder la tête froide, de toujours rester ce roc inébranlable, survivant à cette tempête intérieur. Affronter la vie elle savait faire mais la déformer ainsi, c'était autre chose. Elle se battrait pour avoir le dessus, elle était faite comme ça, il lui faudrait juste un peu de temps pour faire ses armes et se relever. Cet aparté dans son quotidien l'aiderait certainement. Les paroles sages dont seul Maldwyn Jones avait le secret firent étirer un coin de la bouche de l'avocate qui contemplait les nuages filer au gré du vent. L'homme s'approche doucement et s'imposa alors à sa vision, vue à l'envers. Éloignant ses cheveux blonds du milieu, il pressa ses lèvres contre le front de sa compagne de balade rêveuse. « Même après nos expéditions respective nous avons quand même retrouvé le chemin. Alors oui, peut être que rien n'a vraiment changé au final… » Qu'il ajoute après son geste emplie de douceur. Delilah ne bouge pas mais ses paupières se ferment quelques secondes, le temps qu'un large sourire franc vienne fendre son visage, découvrant ses dents, apaisant ses craintes les plus insensées. Il vient enfin s'asseoir à ses côtés, contre elle, reposant chacun son dos contre celui de l'autre, appui solide. « J'ai…vu ma mère au nouvel an. » La nouvelle fait l'effet d'une bombe aux oreilles de Lylah. Malgré le calme dont il fait preuve la jeune femme sait que cette annonce n'est pas anodine, que la suite promettait d'être délicate. La blonde savait que Mal n'avait pas eu la chance de vivre dans une famille comme la sienne. Et maintenant qu'il était indépendant, il devait encore faire son devoir de fils, tout comme ses sœurs, et prendre soin de leur mère. Mais il n'allait jamais la voir, elle le savait. Elle comprenait que faire face à quelqu'un d'instable pouvait remuer les entrailles, surtout lorsque c'est cette personne qui vous a amené au monde. Elle le laisse poursuivre, s'inquiétant déjà outre mesure des confidences qu'il allait lui faire. « Y'avait Caitrin aussi… J’ai pas eu le choix c'est… elle voulait nous voir. » Elle veut le regarder dans les yeux, voir son visage et les émotions qui le traversent mais reste contre lui à réfléchir aux mots qu'il veut bien lui délivrer. Elle redresse sa tête, quittant le ciel gris et posant son regard bleu sur l'herbe qui s'étendait devant elle avec les arbres et leurs volutes au loin. « Enfin c'est le centre qui nous a convoqué aussi… Pour parler des options de paiement… Parce que je peux plus payer ma part tu sais… Caitrin va s'en occuper… hypothéquer la maison dans les Ozarks je crois… » Plus aucune once de joie ne s'affiche sur sa peau de porcelaine. Parce qu'elle prend trop à cœur les problèmes des gens qui lui sont chers, qu'elle ne peut s'empêcher de proposer son épaule pour aider à supporter le poids des maux. Ses pupilles se baladent à vitesse constante de gauche à droite, son cerveau réfléchit, le fait qu'elle ne puisse rien pour lui la brise un peu plus. À part l'écouter, impuissant … Leurs boites crâniennes se rencontrent dans un léger choc qui n'ébranle pas la stupeur de la galloise. Caitrin ferait ce qu'il faut, elle le lui avait dit ... Perdre cette maison serait difficile pour eux. « C'est la voir comme ça… Rien n'a changé… Pourtant tout est de pire en pire. Elle m'a demandé si j'allais bientôt avoir ma cérémonie de fin d'études…elle n’a pas reconnu des photos des enfants de Caitrin… et elle m'a demandé si j'allais au bal de promo avec toi, si on allait bientôt se marier…» Les mots sont durs, résonnent comme une ultime sentence, le résultat d'une maladie qui emporte tout et ne laisse que des brides de ce qui a été, ce qui aurait pu être. La mémoire et le temps, des ennemis naturels condamnés à se faire la guerre dans la tête de cette femme âgée, effaçant et remplaçant à loisirs jusqu'aux moments les plus heureux de sa vie. La main de Maldwyn rencontre celle de Lylah, ses doigts serrent les siens. Elle peut deviner où cette pensée va l'amener et elle redoute d'y faire face. Pourtant elle ne bougera pas, ne le laissera pas, parce qu'elle est convaincue que c'est là qu'est sa place. Seuls leurs respirations et l'environnement interfèrent avec le court silence qui s'installe. « J'ai pas envie de finir comme elle Lylah… Je sais que je suis en train de devenir fou. Que c'est sûrement dans mon sang et que ça attendait son heure depuis toujours. » Les yeux de Lylah se ferment, ses lèvres se pincent alors qu'il se cache, honteux d'avoir ainsi évoqué à haute voix l'une des peurs qui le ronge. Ses craintes sont légitimes mais elle ne les laisserait pas gagner si facilement. « Je veux pas devenir timbré et oublier les gens que j'aime petit à petit. Je veux pas me perdre dans les limbes de conneries qui n'existent pas, des dieux et des enfers jusqu'à ce que ça en devienne une obsession. Tu disais que j'étais une épave, t'étais tellement loin du compte, je suis un putain de chaos en devenir. » La blonde à la peau pâle se retourne vers lui, désolée, complètement désemparée. Qu'elle regrette ses mots. Une épave pourtant ça se répare, se reconstruit. Un chaos en revanche, impossible à prévenir, il est subit et brutal … Si c'est ainsi qu'il pensait finir … Elle sent une pression dans sa poitrine, son organe écarlate qui se contracte hors tempo, loupe un battement. « Maldwyn … » Qu'elle articule, impuissante avant qu'il ne se lève pour s'éloigner. Elle n'avait pas pu voir l'effroi qui le tenait. Il passe ses nerfs sur un bout de bois qu'il envoie valser dans un buisson alors que son chien le regarde aller sans flancher. Les iris bleus de l'avocate se perdent dans la nature qui entoure cette âme en totale perdition, songeant aux mots qui allaient sortir de sa bouche, il ajoute avec un ton amer, plus irascible qu'avant. « Peut être que c'est mieux qu'elle croit que je suis heureux à l'université et marié avec toi. Au moins un happy ending existe quelque part. Dans son monde. Quel miracle à la con… » Ses propres bras l'enserrent, se refermant sur lui-même. Geste d'abandon, de détresse. Malheureusement elle comprenait ses angoisses, il avait eu un aperçu de ce qui pouvait lui arriver et ça l'avait retourné. Qui pourrait rester impassible face à cela ? La galloise lui laisse un peu de temps avant de se lever et de marcher d'un pas léger vers lui. « Hey … » Fit-elle doucement alors qu'il est de dos, avertissant de sa présence pour pas qu'il n'ait peur. Elle n'ose pas le toucher pour ne pas qu'il s'envole encore une fois. Pourtant une idée lui traverse l'esprit. Elle savait ce que c'était que de s’inquiéter pour son avenir, tous les deux n'étaient pas au meilleur passage de leurs vies d'adultes ... Mais ils devaient s'accrocher pour espérer voir des jours meilleurs. C'était sa devise ; y croire, ne pas se laisser anéantir, penser à autre chose le temps que l'orage se calme si besoin.

Ses tympans sont encore parasités par le chant des oiseaux et elle décide d'en tirer profit. La Sulwyn attrape alors le plus délicatement qu'elle peut une des mains de Maldwyn, lui fait ouvrir le bras et le retourne donc face à elle. Elle plonge son regard dans le sien avec un mince sourire avant d'ajouter : « Danse avec moi. » Qu'elle propose le plus calmement du monde alors qu'il doit attendre des quelconques mots de réconfort de sa part. Leurs mains toujours jointes elle s'approche un peu plus de lui mais n'ose l'envahir, préférant lui laisser de l'espace pour respirer, ne pas le brusquer, ils iraient au rythme qui lui convient. Elle pose son autre main sur son épaule et se met alors à se balancer d'un pieds sur l'autre, essayant d’entraîner le professeur dans sa cadence. Ses yeux détaillent son visage, sa mélancolie l'atteint et elle ne sait pas comment la gérer. Lui, la lune brillant dans l'obscurité de ses nuits et elle, le soleil trop prompt à illuminer n'importe quel moment de la journée. Elle lâche un soupir avant de commencer, relevant ses yeux sur les siens : « Tu ne peux pas te permettre de t'angoisser maintenant pour ce qui arrivera peut-être Mal … » Conseil qu'elle-même essayait de suivre depuis le début de cette balade champêtre d'hiver. Ce qui sera peut basculer d'un moment à l'autre, changeant complètement la main du destin. Mieux valait tirer une autre carte, espérer un meilleur jeu lorsque le hasard sera enfin de leur côté. « Il y a trop à faire maintenant, trop a régler pour laisser ton esprit se battre contre ça en plus du reste. » Qu'elle constate. S'occuper de lui, s'occuper de sa mère, de son chien, de retrouver une vie stable. Si tenté que c'est ce qu'il souhaite … Lylah avait beau être solide et donner l'impression de parfaitement gérer sa vie, elle n'aimait pourtant pas donner des sermons, elle n'était simplement pas douée pour ça. « Je sais c'est nul ... Plus facile à dire qu'à faire. » Qu'elle s'excuse en baissant les yeux, ses pas continuant de les bercer doucement. « Mais même si ça arrivait, les gens qui t'aiment, ces même personnes que tu redoutes d'oublier, elles te serviront de mémoires jusqu'au bout. Tant qu'elle n'oublient pas qui tu étais, ce que tu as pu leur apporter … Les bons et les mauvais souvenirs, tu les gardes pour ta mère non ? » Elle n'a pas totalement oublié ses enfants, elle s'est juste arrêtée à un moment. Elle a mélangé tout cela avec des histoires fantasques certes, mais quelque part ils sont toujours là. « Ça vous tue de la voir dans cet état mais au moins elle n'est pas seule. » Entourée de sa famille, que ses enfants l'aient aimé un jour ou pas. Ils honoraient leur devoir, du moins deux d'entre eux, en faisant acte de présence. Et partir lentement en étant entouré, même d'inconnus aux visages familiers, était sans doute plus apaisant que de se sentir dériver vers le néant seul. « Tu ne le seras pas non plus. » Qu'elle assure avec fermeté et sans détour, un peu autoritaire. Au fil des siècles pourtant la vie avait toujours prouvé que la mort était individualiste. On naît seul, on crève seul. Le crétin qui a un jour prononcé cette phrase se retournerait sans doute dans sa tombe si il entendait les paroles pleines d'espoirs de l'avocate. Si lui est mort seul c'est qu'il n'avait tout simplement pas choisi les bonnes personnes pour l'entourer de son vivant.
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I'm a tree that grows hearts, one for each you take (Delilah) - Lun 25 Mar - 0:00

I'm a tree that grows hearts
One for each you take
Lylah & Mal

Arcadia National Park, end of January 2019.
Des échardes dans le cœur, mais il bats toujours. C'est peut être ça le pire; l'entre deux. L'apathie sacrée d’une auréole de rien au dessus du crâne. Pas vraiment heureux, sans pour autant pouvoir prétendre au martyr. Un rouage à peine déformé mais qui se suffit fatidique à tout faire dérailler au moindre aiguillage de choix. Une direction hasardeuse, la locomotive aux pensées fumantes filant à vive allure sans conducteur. Je ne suis pas au pied du mur lorsqu'elle est là pour m'empêcher de sombrer. Mais je ne suis pas capable de me défaire de ces briques que je continue d'arranger lentement autour de moi. Borné à la négation des positifs, centré sur la balance du pire; incapable de toucher le meilleur du bout des doigts. L'équilibre du fil du rasoir qui sectionne petit à petit l'optimisme, met le feu aux rameaux d'espoir. Cette mélancolie que j'entretiens parce qu'elle m'empêche de vouloir ce que je ne peux avoir. Parce qu'elle me garde du mal qui sera, au nom du bien qui pourrait être. Je ne sais pas ce qui ne va pas chez moi; hormis cette récente évidence. Ni pourquoi je me suis acharné à fuir toute opportunité salvatrice, photosensible au bonheur potentiel. J'aime les ténèbres plus qu'autre chose je crois, peut être parce que je n'ai que ça comme constante au final. Pas besoin de se diriger lorsque l'on évolue les yeux constamment fermés. Du carburant pour cette Self-pity party incessante; les fissures dans ce masque de Mr Parfait; ce Mr tout le monde qui feint l'existence. Au final ce n'est pas disparaître qui me fait le plus peur, m'oublier à moi-même serait un mal bien moindre. Je ne veux pas oublier ceux qui comptent vraiment. Je ne veux pas me laisser aller à ces voix de chaos qui me murmurent que je n'ai pas besoin d'elle, que tout ceci n'est qu'une illusion de plus. Pourtant c'est l'entre deux de la folie qui me perturbe le plus. Cette instabilité comme celle de ma mère, les affres d'alzheimer qui la laissent si imprévisible. Je ne veux pas être la moitié d'un monstre, je préférerai être un connard entier plutôt que l'auteur d'actes dont j'ai a peine conscience. D'homme passif aux songes muets, je deviens petit à perte un gros bordel de contradictions. Elle en sait quelque chose des êtres toxiques, Delilah, alors peut être qu'elle saura arrêter mon poison à temps.

Je n'ai jamais été un bon danseur. Parce que c'est l'homme qui doit mener et je suis un bien piètre leader. Alors quand elle s'approche pour me demander à valser au creux de ses bras, je redeviens cet adolescent gauche et fébrile à son contact. Elle sait comment détruire mes défenses, comment m’appréhender pour réussir à me calmer. Elle a toujours su. Alors aussitôt cette ligne qui s'était creusée sur mon front se détend, remplacée par la gêne équarquillée de la surprise offerte. Mes yeux se perdre sur mes mains dans les siennes, la distance la plus courte entre deux points, cette ligne d'elle à moi. J'ai un geste de recul malgré moi, incertain de si j'ai envie d'être touché à cet instant. Pourtant elle reste à distance, nos bras tendus pour centre de gravité de cette valse de murmures dans laquelle elle m'entraîne. Bercé par ses gestes, surtout par ses mots. Je lève un regard circulaire vers les cimes, l'impression d'être en train de tourner en rond n'en est pas qu'une. Enfermés dans ce globe de verre, cet hiver figé de sentiments. Si je me retrouve la tête en bas alors peut être qu'il commencera à neiger. Nous sommes coincés dans ce cycle répétitif après tout : moi, jetant mon existence au pied du mur et elle, toujours à ramasser les morceaux. Elle applique inlassablement le pansement des syllabes sur ce magma noirâtre qui fait éruption à mon cœur. Elle continue de panser les plaies pendant que j'en laisse d'autres s'ouvrir.

Les yeux fermés à imaginer sa silhouette danser d'un pas léger. Je peux à peine entendre ses pas et les miens faire des arcs de cercles sur le sol. Si elle avait si aisément désamorcé mes peurs jusqu'ici, endormi ma propension de fuyard au point que mon corps se soit imperceptiblement rapproché du sien, lorsqu'elle mentionne ma mère c'est l'effet inverse qui se produit. La colère se réveille malgré moi, plus vive que le désespoir. Est-ce que cela me tue de voir celle qui m'a enfanté s'effacer peu à peu de la face du monde ? Sans doute. Mais ce qui me tue le plus, c'est de réaliser combien Lylah a raison. Ma mère n'est pas seule dans son naufrage. Combien même mériterait-elle ce sort. C'est nous qui le sommes. C'est moi qui le suis. Solitaire, une page blanche dont le prologue disparaît petit à petit. Moi qui me refusait déjà un futur, maintenant sans passé. Je ne m'échappe pas de son contact délicat pour autant, mettant simplement un terme au mouvement de balancier réconfortant. Que je me hais pour n'être qu'un enfant pleurant sa mère, un orphelin sans son âme sœur. Alors que je les ai toutes deux rejetées. Je plonge mon regard dans son cœur, l'hésitation et la gêne ne me font plus ciller. « Et pour toi Delilah, est-ce que je suis un bon ou un mauvais souvenir ? » Que je murmure à son oreille alors que mes bras se referment sur sa taille pour continuer la mascarade de nos mouvements. « Est-ce que tu es prête à souffrir, voir toutes ces mémoires réduites à néant ? » Mon visage se colle contre le sien, son odeur qui m'envahi au creux de sa nuque. Mes paupières se ferment avant que je ne contraignent ma tête à s'éloigner pour lui faire impitoyablement face. Je la considère un instant, la dureté de mes traits se radoucissant. « Tu es tellement belle… » Que je murmure, le choc toujours le même après toutes ces années. Mais ce n'est pas à son apparence que je faisais le plus référence. Elle irradie, m'aveugle de lumière et me donne envie de regarder le soleil droit dans les yeux. Un phare dans un océan de ténèbres. Je ne la quitte pas du regard, l'une de mes mains glissant vers son visage, caressant à peine ses lèvres du bout des doigts. « Tu sais ce qu'on dit des papillons de nuits Lylah ? Qu'ils sont toujours attirés par les flammes et s'y laissent désorienter et brûler. » Je partage la déraison de ce vulgaire insecte. J'approche mes lèvres des siennes. « Mais à trop attirer des ombres, un battement d'ailes finit par l’éteindre. » Le ton désolé, faible contre ses lippes, la conscience de l'inéluctable. « Tu t'éteindras, si tu reste avec moi. » Parce que je ne veux pas être seul dans les ténèbres, alors je m'accroche désespérément, un trou noir jusqu'à en étouffer les étoiles. J'éloigne mes lèvres des siennes. Je ne l'ai pas embrassée malgré l'envie, la facilité d’action. La familiarité m'aurait si vite enjôlé, le retour de fantômes de geste passés, un terrain connu. A la place je m'éloigne vivement, portant une main sur ma tempe pour repousser la migraine d'un grognement. Je cligne des yeux, sentant cette nouvelle habitude, la répétition de cette présence animale au fond de moi que je sais étrangement être Cujo. Extension de moi-même, il a suivit cet ordre contraire, entendu l'écho de mes envies avortées. Parce que je suis trop faible pour lutter, un papillon qui se jette dans le feu. Je me retourne pour constater l'animal sur ses pattes arrières, ses avant bondissant sur les épaules de Delilah pour lui accorder une énorme léchouille. La langue baveuse du canidé lapant le visage de la jeune femme dans toute sa longueur. J'hurle un contre ordre intérieurement, observant furieux l'animal reculer penaud avant qu'il ne s'assoit un peu plus loin, l'arme du crime pendant entre ses babines. J'échappe un soupire puis un nouveau grognement alors que je me frotte le visage. Je ne peux pas en vouloir à ma mère pour quelque chose qu'elle ne peut contrôler. Pourtant je ne peux pas lui pardonner l'injustice du résultat. Je ne pourrais pas me pardonner, si je produis la même douleur à mes proches. Parce qu'au fond de moi, je ne pourrais pas m'empêcher de me sentir coupable, même si c'est tout ce qu'il restera de Maldwyn Jones avant de disparaître complétement. Alors je suis désolé d’avance Delilah, pour tout ce que je vais faire.

Je m'approche de nouveau, un bref sourire alors que je tire la manche de mon pull pour frotter les mailles contre son visage avec autant de douceur que puisse produire ma maladresse. Je m'acharne à la tâche en silence, attendant de retrouver l'usage de mes morts avant de m'arrêter tout aussi sec. « Pour moi… ce ne sont que des bons souvenirs Lylah. » Mes yeux fuient sur sa gorge. « C'est pour ça que je suis parti, comme je te l'ai dit. » Vision de vapeur d'eau, un goût amer au fond de la gorge, comme nos retrouvailles de ce jour-là. « Mais c'est tout ce qu'ils sont au final, des souvenirs. Et si je n'ai pas envie d'oublier, il y a plus important... » Je dépose un baiser chaste sur sa bouche, contrôlé, furtif. Au revoir à ce qui aurait pu être et ce que je désire encore. Je dois me retenir pour ne pas prolonger le baiser. « Les souvenirs c'est ce qu'il reste quand on a tout perdu. Grâce à toi je n'en suis pas encore là je crois. » Je souris avant de l'éteindre brièvement, trop pressé de la fuir tout aussi vite pour jeter mon dévolu sur la couverture à pique nique dans mon sac. M'occuper l'esprit et les mains à autre chose. J'arrange le plaid en laine sur le sol, extirpant une main pour caresser Cujo avant de m'allonger sur le dos. Ainsi sur le sol, comme étendu au fond d'un cercueil. Car j'ai fais le deuil du passé même si je crains encore le futur. Et si je dois pour toujours risquer l'entre deux, alors je préfère être à moitié vivant plutôt qu'à moitié mort.
(c) DΛNDELION
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I'm a tree that grows hearts, one for each you take (Delilah) - Ven 5 Avr - 16:02

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Maldwyn Jones & Delilah Sulwyn
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Les craintes d'un futur sombre à l'arrière-goût de maladie cérébrale, ce n'était pas cela qui allait aider le professeur à tenir sa ligne de conduite, à maintenir le cap, à le pousser à essayer du moins. C'était en tout cas déjà très courageux de sa part et démontrait une certaine force qu'il ait pu conserver son sevrage intact malgré ces puissantes inquiétudes sur l'avenir qu'il avait. La galloise était à mille lieux de pouvoir imaginer les angoisses sinistres que l'ancien drogué pouvait murmurer au plus profond de ses nuits passées dans le vieux phare. Cujo était une bénédiction, ultime remède à la solitude pesante. Il avait su prendre cette décision de devenir le garant d'une autre âme qui serait plus ou moins dépendante de lui. Tout n'était donc pas perdu, un brin de bon sens et d'envie restait tapi quelque part dans ce cerveau assailli de mauvaises ondes. Lylah n'avait su comment palier à ces paroles difficiles. Elle savait en plus que lorsque Maldwyn Jones se mettait une idée en tête, il était quasiment impossible de l'en déloger. Alors elle agit dans un premier temps avant de parler, parce qu'elle était désemparée de voir son précieux Mal comme ça. Penser à autre chose, bouger pour ne plus faire attention à ce qui les entoure, ce qui pourrait leur rappeler que rien ne va en ce bas monde et que tout pourrait s'effondrer. Son autre aurait pu utiliser le pouvoir de son hôte, la même capacité qu'elle avait lâché sans faire exprès lorsqu'elle avait confronté le menteur à ses actes. Mais à se préoccuper de faire le bien, d'oublier, elle-même avait finit par omettre ces détails saugrenus. Pas de pouvoirs sortis du néant pour l’apaiser alors que ça aurait été pourtant si facile non, juste eux, proches, dansant simplement, comme ils auraient dû le faire lors de cette réunion d'anciens élèves au gymnase de l'université d'Arcadia. Accueillir des sentiments qui n'étaient pas les siens serait sans doute de trop pour le maître canin … La poupée fragile ne savait même pas qu'elle en était capable de toutes façons, pas encore complètement. Seulement cette cicatrice violacée rependant ses bras sur son omoplate, mise à découverte par son pull a col bateau allant d'une épaule à l'autre, cachée par son manteau pouvait attester de ses étranges facultés si on parvenait à regarder au delà de son origine. Une cicatrice que son ancien camarade ne connaissait pas encore alors qu'il en avait redécouvert certaines lors de leur précédente danse. Les deux vieux étudiants n'avaient pas encore tout appris l'un de l'autre, il leur restait des choses à explorer et à s'avouer mais le moment n'était pas encore arrivé, tant qu'eux-même n'avaient pas conscience de leurs nouvelles natures respectives. Encore une fois la jeune femme semblait être en avance sur son partenaire, peut-être ne prendrait-il pas la fuite cette fois … Si seulement … L'autre l'espérait pour le bien de sa douce enveloppe.

La surprise peinte sur le visage du professeur fait étirer un sourire à la blonde. Elle-même ne savait pas pourquoi, elle avait tout simplement envie de ce ballet hasardeux. Son regard s'apaise, avec lui tous ses doutes semblent s'évanouir. Profitant sincèrement du moment, les deux danseurs improvisés finissent par fermer les yeux sur leur environnement, s'abandonnant au silence, devenant de simples pantins articulés, des figurines de boite à musique tournant doucement sur place sans mélodie. Avant qu'elle ne lui réponde enfin, se voulant rassurante malgré son inquiétude sous-jacente. Le temps n'était tout simplement pas encore venu de se faire un sang d'encre pour cela. Pas maintenant, pas avec tout le reste. Le corps de Maldwyn s'approche autant qu'il s'éloigne, celui de l'avocate se contente seulement de virevolter à allure régulière. Elle ne veut pas le forcer. Ce mouvement la berce et l'aide à calmer ses pensées qui l'effraient et qui ne cessent de s'éparpiller. Si le monde et le temps pouvait s'arrêter ici et maintenant, Delilah aurait été une femme comblée. Elle n'avait besoin de rien de plus, modération incarnée, bonheur furtif mais réel qui emplie son cœur d'une vague de douceur dont elle avait grandement besoin. Tout comme lui. Les paroles de la belle naïve font réfléchir son cavalier. Leur mouvement finit par cesser mais ils restent pourtant liés. Ses yeux bleus s'ouvrent alors pour regarder son épave qu'elle ne pouvait se résoudre à laisser échouée. « Et pour toi Delilah, est-ce que je suis un bon ou un mauvais souvenir ? » Lui demande Maldwyn avant de fermer ses bras autour de la taille de l'avocate et de se remettre à se balancer tranquillement. Comment pourrait-elle éhontément répondre qu'il était un mauvais souvenir après tout ce qu'elle avait fait pour l'atteindre et être à ses côtés de nouveau ? Même en étant la meilleure actrice du monde, qui serait assez stupide pour croire cela ? Cette idée la fit sourire, elle ne se risquerait pas à répondre le contraire de ce qu'elle pense juste pour faire une blague. Il devait bien savoir au fond ce qu'il en était. Le regard qu'elle avait à chaque fois que ses yeux croisaient le visage de cet homme, ce regard parlait pour elle. « Est-ce que tu es prête à souffrir, voir toutes ces mémoires réduites à néant ? » Cette capacité à toujours tirer du bien là où le mauvais régnait en maître, c'est ce qui faisait qu'elle n'avait quasiment que de bons souvenirs. Ou peut-être son cerveau était sujet à un traumatisme qui lui faisait oublier le pire, gardant en réserve que ce qui ne heurtait pas la blonde. Les deux hypothèses marchaient très bien et elle n'avait pas besoin de savoir comment pour lui répondre. Que ce soit l'une ou l'autre, dans les deux cas malgré les maux, malgré la souffrance, la galloise se relevait toujours. Toujours plus prompt à faire face. Se nourrir de ses erreurs ou bien les oublier pour mieux recommencer, quelle différence ? Alors elle acquiesce subrepticement malgré que sa question ne demande pas de réponse. Bien sûr qu'elle acquiesce la sotte au cœur rafistolé de tonne de points de sutures. Après s'être collés, joue contre joue, l'homme qui a peur d'avoir la mémoire vacillante se redresse pour faire face à son fantôme le plus coriace. Cette triste demande d'abandon laisse pourtant sur le visage de son auteur une délicate bienveillance. Il la regarde un instant avant d'ajouter : « Tu es tellement belle… » Les battements de cœur de Lylah s'emballent à ce compliment qui transpirait de sincérité, comme à l'époque. Ce n'était pas quelque chose qu'on lui disait souvent, plus après toutes ces années qui avaient fini par laisser leur trace sur sa peau et ses mauvaises aventures dans laquelle elle avait fini par côtoyer la boue. La chaleur partant de son palpitant parvient jusqu'à son visage et sans qu'elle ne puisse le contrôler ses pommettes s'empourprent légèrement. Leurs yeux ne se quittent pas, contemplant les variantes de bleus présentes dans une palette qui semblait infinie à eux deux, un miroir face à un autre, reflétant inlassablement les mêmes nuances. Elle ne parvient même pas à sourire tellement la violence se fait dans son poitrail. Il était maître de cet organe tambourinant autant que de ses amis à quatre pattes. Une condition à laquelle il souhaiterait se dérober sans doute.

Maldwyn lève doucement ses doigts vers les lèvres carmins de la femme de lois. Et les effleurent. Elle ne se laisse pas ébranler par sa tendresse pourtant, reste brave alors qu'elle peut sentir une certaine faiblesse se réveiller. « Tu sais ce qu'on dit des papillons de nuits Lylah ? Qu'ils sont toujours attirés par les flammes et s'y laissent désorienter et brûler. » Rien qu'à entendre cette allusion elle sut pertinemment auquel des deux entités ils devaient chacun s'identifier. Pourtant elle est tout aussi déraisonnable que lui, elle ne peut s'empêcher de l'approcher, de vouloir se brûler au contact de sa peau, elle se laisserait enflammer au creux de ses bras sans réfléchir quitte à partir en fumée si cela devait être leur dernière étreinte. Le visage de l'homme aux cheveux en bataille se rapproche dangereusement de celui de son soleil mais s'arrête avant le contact. « Mais à trop attirer des ombres, un battement d'ailes finit par l’éteindre. » Le souffle coupé, une inspiration profonde qu'elle retient et qui lui ferait presque perdre pieds. Cette proximité tant rêvé, ce doux souvenir affaiblit ses jambes qui menacent de se dérober. Néanmoins elle s'accroche à son regard, trouvant la force de toujours se tenir debout. « Tu t'éteindras, si tu reste avec moi. » Déclare-t-il avant de fuir, la tension trop forte de ce geste presque effectué. Delilah s'était éteinte, une fois, une seule et c'était à cause d'un homme qui n'avait rien à voir avec celui qu'elle avait pu contempler ici. Pour la mettre à terre il ne suffisait pas de craindre qu'on en était capable, ça elle pouvait l'affronter sans problèmes. Non, il fallait passer à l'acte, une fois, puis deux, puis trois. S'y reprendre à plusieurs reprises, l'abattre autant moralement que physiquement, cela avait pris des années. Elle avait fini par s'évanouir, mariée maudite, accablée, rejoignant le monde des ombres, n'était plus rien, n'existait plus. Mal n'avait pas cette prédisposition, il ne renfermait pas un tempérament néfaste au fond de lui, pas lorsqu'il portait ce regard sur elle, elle ne pouvait pas le croire. Mais encore une fois il pensait être un maux pour elle, un fardeau, un poids mort qui l’entraînerait de nouveau vers les abysses. Elle n'était bien entendu absolument pas d'accord avec cela mais … Maldwyn Jones, tête de bois. Alors elle esquisse un sourire à présent qu'il est loin, triste, désolée, malgré tout confiante parce que leur vision diffère, qu'elle a encore ce stupide espoir qui calme l'agitation de son palpitant.

Lylah n'a pas le temps de poser ses yeux sur l'homme qui lui tourne le dos en se tenant la tête qu'elle se fait vivement attaquer par son compagnon poilu. Les oiseaux aux alentours quittent leurs perchoirs, surpris par la vivacité de cette agression qui perturbe le calme qui régnait dans la clairière. Et la galloise l'est aussi de voir l'animal presque lui sauter dessus de toute sa hauteur, debout sur ses deux pattes arrières. Elle laisse échapper un petit cri, pas prête à recevoir et supporter le poids du loup contre elle. Pourtant elle tient bon et ses genoux se plient, gardant les pieds bien encrés dans l'herbe humide. La langue baveuse de Cujo s’aplatit sur le visage de l'avocate qui ne repousse en aucun cas la bête. Étonnée de cet élan vers cette femme qu'il ne connaît pas, de cette démonstration d'affection comme pour compenser l'éloignement de son maître. Le chien s'arrête presque aussitôt alors que Mal s'est retourné vers eux, le regard furieux. Il n'a rien dit pourtant, pas donné d'ordre à haute voix, son molosse s'éloigne de sa victime, subitement calmé, presque affligé. Cet échange paraît tout de suite étrange aux yeux de Delilah mais elle laisse passer ce moment sans plus se poser de questions. Était-ce normal qu'ils soient autant liés ? Elle n'en savait rien … Au tour du dresseur de venir réparer les actions de son animal. Maladroit, embêté, il tente de nettoyer le doux visage de la randonneuse. Cette dernière ne peut s'empêcher de rire légèrement, autant la bave n'eut pas d'effet sur sa peau, autant cet acte mit un peu de baume à son cœur. Elle a l'impression d'être une petite fille qui s'est salie et se laisse faire, amusée par la situation. Lorsque Maldwyn arrête son geste le sérieux revient sur le visage de la blonde. « Pour moi… ce ne sont que des bons souvenirs Lylah. » Cette déclaration apaise encore un peu plus son cœur. « Pour moi aussi Maldwyn, ils le seront toujours. » Qu'elle lui assure d'une voix douce en le regardant alors que lui a les pupilles baissées. Sa tête se penche légèrement sur le côté, pensive et emplie de tendresse. « C'est pour ça que je suis parti, comme je te l'ai dit. » Ajoute-t-il. Je le sais bien. pensa-t-elle en se contentant d'acquiescer les paupières fermées, gardant ses paroles pour elle. Avec le temps et maintenant qu'il avait eu la possibilité de s'expliquer, cet aveu était beaucoup moins douloureux pour elle. Surtout qu'elle l'avait de nouveau dans sa vie, ça aidait beaucoup à décharger sa peine et la rancœur qu'elle avait pu éprouver par le passé. « Mais c'est tout ce qu'ils sont au final, des souvenirs. Et si je n'ai pas envie d'oublier, il y a plus important... » Il vient poser ses lèvres sur celles de sa camarade de ballade, enfin. Delilah ne s'y attendait pas et ne put même pas lui rendre ce contact pudique tellement elle fut prise au dépourvu. Un battement hors tempo envolé, sa respiration stoppée nette. Il ne s’éternisa pas, comme goûtant simplement à ce fruit qu'il avait connu, se rappelant de ses effets et de sa texture délicate. Geste contrôlé, fugace, bref. Cela suffit pourtant à scotcher la femme sur place. « Les souvenirs c'est ce qu'il reste quand on a tout perdu. Grâce à toi je n'en suis pas encore là je crois. » Si Lylah avait été faite de cire, son corps entier se serait mis à fondre à partir du moment où sa bouche avait pu apprécier de nouveau celle de Maldwyn. « Je l'espère. » Souffle-t-elle presque sans voix, laissant le bout de ses doigts se perdre sur le dessus d'une de ses mains, l'effleurant avec douceur. Que ce soit de son fait ou pas, peu importait. Bien sûr accéder à ce statut aurait été pour elle un pas en avant mais elle ne voulait pas encore se faire de faux espoirs, cela ne servait à rien. Elle ne pouvait pas être sa sauveuse, personne ne le pouvait. Une aide qui lui permettrait de se sauver lui-même oui, c'était déjà plus raisonnable. Il sourit avant de l'enlacer. Si il ne se voyait plus comme étant un être totalement isolé, si cette angoisse parvenait à le quitter un peu, alors elle était contente.

Aussi furtif que son baiser l'étreinte est légère et courte. Le professeur s'en va s'installer auprès de son chien, aménageant un petit coin à l'aide d'un tissu sur lequel il finit par s'allonger, face au ciel. Après l'avoir observer faire, rangeant une mèche de ses cheveux dorés derrière son oreille, l'avocate finit par le rejoindre en prenant soin de ne pas marcher sur le plaid avec ses bottines pleines de boue. Elle s’assoit à ses côtés et étend ses jambes, les pieds à l'extérieur de ce carré laineux. Les bras tendus en arrière de nouveau elle laisse sa tête tombée en arrière pour elle aussi contempler la voûte aérienne. « Comment se passe la rénovation de ton nouveau chez toi ? » Qu'elle lui demande gentiment en tentant de renouer le dialogue le plus simplement du monde. Lorsqu'il l'avait appelé ce soir-là, il avait parlé d'une bicoque abandonnée dans un sale état. Au point qu'il ressentait le froid vivement, l'isolation laissant à désirer. Cela ne faisait qu'une semaine et elle pouvait voir qu'il avait encore tous ses doigts ce qui était plutôt rassurant. Cujo était devenu sa couverture vivante, se réchauffant auprès de lui de ce qu'il lui avait dit. « J'imagine que ton fils ne t'ai pas d'une grande aide. » Qu'elle déclare doucement en posant ses yeux bleus sur l'enfant poilu en question avec un mince sourire. Lylah ne doutait pas qu'il parviendrait à remettre certaines choses en ordre, cela lui prendrait du temps mais il y arriverait. Si il pouvait garder tous ses membres dans la bataille, c'était bien. « Tu tiens le coup ? » Demande plus sérieuse et teintée d'inquiétude formulée alors qu'elle se redresse en se penchant légèrement en avant et en tournant son visage pour contempler le sien puis fait glisser ses yeux sur le tissu sans avoir pu s'empêcher de s'attarder un peu trop. Elle joint ses mains, posées sur ses cuisses. Si il s'était empoisonné l'esprit avec ce futur terrifiant dénué de souvenirs, le poison duquel il avait usé dans son passé avait été lui plus difficile à s'en défaire. L'avocate savait qu'une désintoxication était violente, elle espérait que depuis son organisme avait pu se calmer.
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I'm a tree that grows hearts, one for each you take (Delilah) - Lun 8 Avr - 16:30

I'm a tree that grows hearts
One for each you take
Lylah & Mal

Arcadia National Park, end of January 2019.
Dessiner le passé dans la forme des nuages et le futur sur l'horizon. De mes lèvres furtives sur les siennes, pèlerinage d'un instant qui semble pourtant durer une éternité. Profaner l'apathie d'une prière, briser les barrières. Un baiser pour allumer le cierge d'un espoir qui, s'il est peut être vain, aura été considéré le temps de brûler. Ma manière de lui signifier qu'elle n'est pas juste une vulgaire statue, douce au toucher mais muette d’esprit; je ne reste pas de marbre face à ses murmures. Les pommettes aussi flamboyantes que les miennes, fraîche image qui fait battre mon cœur. Comme deux adolescents qui volent ces perles de temps, des chapelets entiers autour des poignets en offrande. Maladroits, gauches de la droiture de nos sentiments. Je croyais avoir enfoui ces émotions, celles qui me font perdre la tête au point de tanguer, le centre de gravité du monde s'inverser pour m'attirer irrémédiablement vers elle. Je tourne autour du soleil à m'en rendre malade, mais c'est la guérison qu'elle produit. Le réconfort d'un rien, d'une danse sans but. Parce que c'est ce qu'il me faut accepter. Ne plus avoir de but, n'en avoir jamais vraiment eu. Me contenter de vivre avec ce que j'ai sans en vouloir plus, sans craindre de moins. Je suis en vie et c'est ce qui compte, lunatique corps stellaire entouré d'autres mondes qui n'attendent que moi pour en orbiter l'essence. Appartenir, la pièce manquante d'un tout. Je ne suis pas seul, une leçon qui martèle l'épiderme. Je suis aimé. Malgré la douleur, les erreurs et les voix qui se font un plaisir de crier au loup. L'apocalypse dans le crâne chaque matin et l'impression d'y avoir survécu chaque soir. Je peux résister, je peux être bien plus. Je peux être heureux malgré tout. C'est là toute la magie dont elle est capable, m'offrir des ailes du bout des doigts. Et si ces plumes d'espoir fondent comme cire au soleil, qu'elle doit être douce, la chute de ses bras.

Amertume endormie, il n'existe plus que cette clairière à mes yeux. Une bulle temporelle protégée de son cours, égoïstes à deux. Je passe mes doigts sur la laine rugueuse, pensif à observer le ciel chargé. Je dévie le regard vers elle lorsqu'elle vient s'allonger à mes côtés, son profil délicat se dessinant dans le décor forestier. Je reste ainsi à l'observer plusieures minutes, la pudeur et ses mots finissant par me faire détourner le visage. Fermer les paupières pour respirer l'air de l'hiver, mais il n'y a que sa chaleur d'été que je perçois à mes côtés. « J'essaie de me débrouiller… C’est compliqué mais… c'est le moins que je puisse faire pour la remercier de l'avoir donné un endroit où vivre. » Que je murmure calmement, les yeux toujours fermés. Un léger froncement passe pourtant sur mes traits. J'ai parlé de Lise comme une évidence, sans mentionner son nom, comme si Delilah savait déjà tout alors que je ne l'ai que brièvement mentionnée. Je me mords la lèvre, échappant un léger rire lorsqu'elle mentionne les facéties de Cujo, mais le cœur n'y est pas. Le palpitant s'est transporté en un autre lieu, un autre temps. Une autre présence qui vient se superposer à la sienne. Mes doigts se serrent sur la couverture de laine, mes lèvres échappant un souffle. Je peux sentir le tremblement de terre dans mes entrailles, la peur qui m'éloigne de tout. « C'est cette fille que j'ai rencontrée à la bibliothèque il y a quelques années. » Ma gorge est sèche, je peux sentir la contraction étrange, les mot ne veulent pas sortir. « Elle m'a beaucoup aidé, comme toi. Elle ne peut pas me laisser me foutre en l'air sans réagir. » Je souris à cette pensée. Peut être suis-je faible, trop rapide à attraper la main qui se tend et ne plus vouloir la lâcher. Je rouvre les yeux et échappe un soupire. Je peux déjà sentir la migraine venir. « Elle est… » Différente. « Je pense qu'elle peut m'aider à… » Comprendre qui je suis, ce qui m'arrive. « J'ai besoin d'elle dans ma vie. » Que je finis par murmurer, le cœur se serrant sans que je ne comprenne vraiment pourquoi. « Tout comme j'ai besoin de toi dans ma vie Lylah. » Que j'ajoute, en cherchant timidement sa main pour la serrer faiblement dans la mienne, mes doigts se mêlant aux siens entre nous. Cujo se lève un instant pour se repositionner, se couchant à mes pieds pour nous laisser plus de place. « J'ai toujours eu besoin de toi. » Et pourtant je l'ai abandonnée, je me suis amputé de cette partie de moi sans réfléchir. L'absence souligne toujours le manque; il est toujours trop tard pour revenir en arrière.

Quelques gouttes humides qui me tombent sur le visage, j'ignore si ce n'est que l'humidité du matin encore présente ou les prémices d'une averse de neige fondue. Je me redresse, lâchant sa main tiède un instant. Je fouille dans mon sac pour en sortir une autre couverture que j'étale contre elle pour la tenir au chaud, un sourire malicieux qui point sur les lèvres alors que je me penche légèrement vers elle. Je ramasse une brindille qui s'est glissée dans ses cheveux, la faisant courir délicatement sur sa joue avant de la chasser d'un geste vif. Position assise, je m'étale en tailleur avant de glisser de nouveau une main dans mon sac, m'arrêtant pourtant dans le geste. Mes yeux se posent dans la siens un instant. « Je te promets que je tiendrais le coup Lylah. T'inquiète pas pour moi. » Pour toi je n'abandonnerai pas. Je réponds enfin à sa question de plus tôt, habilement mise de côté jusqu'ici. Je ne peux pas lui mentir, lui faire de fausses promesses, dire que je vais bien alors que je suis bien loin de cette vérité. Je préfère rester évasif, même si j'ai envie de m'y tenir. Je suis sincère, lorsque je clame l'importance, la place qu'elle prend dans ma vie.

J'extirpe un paquetage enroulé de soie sombre de mon sac. Le colis et minuscule, froissé, pliures et tâches indéfinissable. J'ai faillis ne pas me résoudre à le garder, forcer l'objet sur ma sœur pour m'en débarrasser. Je n'ai rien voulu d'elle, je n'attendais plus rien de ma mère. Pourtant cet étrange objet qu'elle m'a glissé dans la main au nouvel an, la confession d'un héritage précieux dont je ne veux pas entendre parler. Je l'ai gardé sans savoir pourquoi, cet épais bracelet doré que je dévoile à ses regards. Je m'y connais assez pour deviner qu'il est en or brut, et je m'étonne encore qu'il n'ai pas déjà été vendu. Moi-même j'ai longuement hésité, j'aurais bien besoin de l'argent qu’il représente, un dépôt au prêteur sur gage si vite arrivé. Mais je n'ai pas pu m'y résoudre. Pas parce qu'il vient de ma mère, pas parce qu'il appartient à ma famille. Quelque chose d'autre en moi m'a forcé à le garder. Une utilité, un rôle plus important qu'être lâchement jeté. Le petit cercle incomplet, le large bijoux, une torque aux motifs gravés illisibles. Je glisse ma main dans la sienne de nouveau, amenant son poignet près du bijoux. J'évite soigneusement son regard, murmurant quelques mots. « Je me suis dit que c'était mieux qu'un collier de pâtes ou une bague en plastique... » Un mince sourire gêné se forme sur mes lèvres. Je passe le bracelet sur son bras, faisant attention de ne pas cogner les os fins de ma maladresse. « Je voulais que tu aies quelque chose de moi… j'ai tellement de toi… » Je relève le visage. « Je n'ai rien à t'offrir Lylah, rien d'autre qu'une antiquité inutile et mon cœur abîmé. » Je ne remarque pas tout de suite que quelque chose cloche, déposant un baiser dans sa main maintenant parée. Son bras détendu, désarticulé. « Lylah ? » Sourcils qui se froncent, pupilles qui s'agrandissent lorsque le corps atteint le sol. « Delilah ! » Quelques corbeaux s’envolent lorsque mon cri paniqué perce jusqu'à la cime des arbres. Le monde crevé, mourir, la mort qui s'insinue sans prévenir. Au bois la belle dort, mais l'aiguille qui l'a piquée n'est qu'une épine de plus. Le champ de ronces qui m'entoure qu'elle a voulu traverser, mon amour lui a fait payer le prix fort.
(c) DΛNDELION
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I'm a tree that grows hearts, one for each you take (Delilah) - Dim 28 Avr - 18:50

I'm a tree that grows hearts
One for each you take

Maldwyn Jones & Delilah Sulwyn
I came across a fallen tree, I felt the branches of it looking at me. Is this the place we used to love ? Is this the place that I've been dreaming of ? Oh, simple thing, where have you gone ? I'm getting old, and I need something to rely on

La pause s'étalait plus que de raisons pour les trois randonneurs en balade. Après avoir fait tourner leurs têtes jusqu'à perdre pieds, leurs lèvres se retrouvant délicatement pendant un instant surprenant, c'est à même le sol qu'ils finissent par tous s'installer. Pas plus bas que terre, le cœur léger, appréciant simplement la vue du ciel infini qui s'offrait à leurs pairs d'yeux clairs. L'avocate avait rejoint son vieil ami sur la toile de laine rugueuse qu'il avait tendue sur l'herbe humide. Elle avait essayé d'en savoir plus sur le présent, préférant mettre de côté cet avenir effrayant duquel Maldwyn avait livré ses doutes sans retenue. Parfois c'est vrai, Lylah avait pu avoir l'impression que ses paroles ne l'atteignaient pas, fermé sur ses angoisses d'homme malade, de menteur, de fuyard. Mais depuis qu'ils s'étaient expliqués il n'était plus pareil, ces mauvaises facettes s'étaient effacées d'elle-même aux yeux de la blonde. L'ancien professeur sembla vraiment écouter, comprendre, mieux que tout : raisonner. Le laisser tranquille maintenant qu'il était plus apaisé était la meilleure solution. Ils ne pouvaient se permettre de passer leur journée à broyer du noir, le ciel et le futur s'en chargeaient déjà pour eux. « J'essaie de me débrouiller… C’est compliqué mais… c'est le moins que je puisse faire pour la remercier de m'avoir donné un endroit où vivre. » Lui avait-il répondu, les paupières fermées, calmement allongé. La promeneuse garde ses iris bleus sur l'étendue grise dont elle aspire la froideur, aucune expression ne s'affichant sur son visage d'habitude si doux. Elle pouvait comprendre aisément que pendant tout ce temps où ils ne s'étaient plus vu lui avait fini par tisser des liens avec d'autres personnes, d'autres femmes. C'était plutôt inévitable même si l'idée ne l'avait encore jamais frappé directement en pleine face. C'était chose faite à présent. Il lui parla alors de cette fameuse amie qu'elle ne connaissait pas. La comparaison n'était pas plaisante, une fine aiguille venant s'enfoncer dans le palpitant exposé de la poupée vaudou, acupuncture non désirée mais si c'était ainsi qu'il la voyait, Delilah ne pourrait prétendre vouloir la destituer de sa place. Pour l'instant les deux femmes parvenaient à se partager l'homme indécis sans avoir à ce que qui que ce soit n'en souffre vraiment. Pour l'instant. Plus il en parle et plus la gorge de Lylah se serre pourtant, hypocrite, essayant de se convaincre que cela ne la touche pas. Elle devait s'habituer à cette sensation, ne plus être la seule à compter, prendre moins d'espace, accepter de laisser son importance au placard de temps à autres au lieu de vouloir sortir les gants de boxe. Elle ferme à son tour les paupières à défaut de pouvoir baisser la tête ou se cacher. « J'ai besoin d'elle dans ma vie. Tout comme j'ai besoin de toi dans ma vie Lylah. » Ces mots lui vrillent l'esprit qui se retrouve apaisé au contact de la main de Maldwyn venant entrelacer ses doigts dans ceux de l'avocate. « J'ai toujours eu besoin de toi. » Ses lèvres esquissent un mince sourire et elle laisse un léger soupir de soulagement lui échapper. Le mot toujours a continuellement une signification différente pour tout le monde. Évolutive, régressive, constante, étirée, renouvelée. Ce qui était certain était que tant que ce toujours là durerait, la galloise serait là. Elle resserra alors ses doigts sur la paume de la main du maître canin. La personne qui soutient devient au final aussi dépendante que celle qu'elle porte à bout de bras. Peut-être cela nourrissait bien des ego mais pour la blonde c'était surtout un lien particulier qu'elle n'était pas prête à briser ou perdre. Le laisser prendre une autre forme serait plus acceptable que de tout abandonner du jour au lendemain.

Les nuages gris se mirent à légèrement pleurer. Deux trois perles, rien de bien alarmant. Ou peut-être étaient-ce des gouttes d'eau provenant des feuillages alentours, emportées par la brise. Mal s'éloigne pour fouiller dans son sac. Delilah récupère sa main et la joint à l'autre, les posant à plat sur son ventre tel un cadavre animé dans un cercueil, les yeux de nouveau ouverts sur le ciel, maîtrisant pour l'instant le tambourinage régulier dans sa poitrine. L'homme aux cheveux en bataille vint couvrir la douce et son corps frêle, elle lui sourit en guise de remerciement pour cette attention. Il s'approche d'elle, attrapant une herbe qui s'était invitée dans sa chevelure de blé. Sa caresse la chatouille alors elle ferme les yeux et se tortille légèrement dans un petit rire tout bas. Assis, elle reste allongée, le coin de ses lèvres étiré par l'amusement s'estompe peu à peu. « Je te promets que je tiendrais le coup Lylah. T'inquiète pas pour moi. » Le sourire en coin se perd mais ses yeux ne peuvent s'empêcher de le regarder avec douceur alors que leurs pupilles se perdent entre elles. La divorcée se redresse, s'asseyant à son tour, le tissu recouvrant ses jambes droites étendues. Elle pose une main amicale dans le dos du professeur, le caressant tendrement. Il attrape sa main et elle peut sentir quelque chose de froid et solide glisser le long de ses doigts fins. « Je me suis dit que c'était mieux qu'un collier de pâtes ou une bague en plastique... » Les sourcils de la femme se froncent, intriguée. Elle veut regarder par dessus l'épaule de Maldwyn qui tient toujours sa main dans les siennes. « Je voulais que tu aies quelque chose de moi… j'ai tellement de toi… » Furent les dernières paroles que les oreilles de l'avocate purent entendre distinctement, le métal s'accrochant à son poignet, exerçant un fardeau sans nom. Si elle avait su qu'en se redressant l'inspiration qu'elle avait prise serait la dernière, elle s'y serait accrochée désespérément. Au lieu de ça les dernières traces d'oxygène quittent ses lèvres sans un bruit. Ses yeux se révulsent pour faire disparaître leurs iris colorés et ses paupières se ferment en même temps que sa tête part en arrière, plus aucun muscle ne fonctionnant dans cette enveloppe corporelle décharnée, vidée de toute vie. Elle tombe Lylah, de tout son poids sur la couverture, une marionnette dont ont venait de couper les liens.

Tout devient noir un instant. Plus rien ne peut lui passer par la tête tout comme l'air ne parvient plus à ses poumons. Elle entend son prénom, dans un cri, un écho noyé et lointain. Embrouillée, assommée, léthargique. Les premières sensations qui la touche furent celle-ci. Ses paupières finissent par s'ouvrir mais cela lui demande une force considérable. Debout sur la couverture, toute la verdure avait disparu pour en afficher une pâle copie grisâtre. La brume était maîtresse des lieux. Car oui, elle était encore bel et bien dans cette clairière paisible. Un frisson parcourra sa colonne vertébrale mais la sensation en était totalement autre, ébranlant son esprit de toutes parts. Elle n'avait plus de colonne vertébrale. Du moins celle de son corps se retrouvait présentement au sol. Baissant les pupilles elle pu voir Maldwyn affolé qui tenait sa chair morte dans ses bras. Delilah ne comprit pas. « Maldwyn ... » Quelle était cette supercherie ?! À défaut de pouvoir sentir son cœur s'emballer son esprit s'éloigne d'un pas de la scène, les lèvres tremblantes. Elle essaye de crier son nom plus fort mais il ne l'entend pas. What the heck ?! L'angoisse s'agrippe à sa gorge, elle a envie de crier encore pour espérer se faire percevoir mais ça ne marche pas. Elle crie à s'en briser les cordes vocales même si ça ne sert à rien, ça lui évite de devoir penser, de réaliser. L'avocate porte ses mains à ses yeux, essuyant des larmes de nerfs qui perlent sur ses joues. Sa peau est livide. Elle tourne sur elle-même, regarde autour. Une brume dense s'échappe du sol et elle ne peut rien voir à plus de trois mètres tellement cette purée est épaisse. C'était comme se retrouver à Silent Hill après le retentissement de l'alarme, la pluie de cendres en moins. Fébrile, elle se rapproche de son cadavre et de son gardien. Elle essaye de poser une main sur l'épaule du professeur mais elle ne sent rien. Rien du tout. Ses yeux se lèvent alors qu'elle croit apercevoir quelque chose. Des ombres semblent accompagner l'homme dans sa crise, penchées elles aussi sur la scène, un peu plus loin. Elles l'effraient. « Maldwyn je suis là, je t'en prie, ne me laisse pas ... » Tenta-t-elle désespérée, pleurant d'avantage. Une chaleur s'étend sur l'épaule marquée de la cicatrice violacée de la galloise, comme une main essayant de la réconforter. Elle se retourne pour voir qui la touchait de la sorte mais ses yeux ne virent rien. Ses sanglots se calmèrent pourtant, comme si un baume s'était appliqué sur son cœur terrifié.

Pas un instant son cerveau parvint à faire le lien entre ces histoires d’entités divines et autres créatures et sa situation actuelle. Le chemin était trop évident ? Ou au contraire trop éloigné ? « Je suis là Maldwyn, je suis là. » Ne pouvait-elle pas s'empêcher de répéter pour y croire et ne pas abandonner. Elle n'était pas endormie, elle n'était pas en train de rêver, la sensation était totalement différente. Non elle était morte. Elle était de l'autre côté. Qu'un esprit, dust in the wind, elle ne voulait pourtant pas que ce soit la fin, sa fin, leur fin.
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I'm a tree that grows hearts, one for each you take (Delilah) - Lun 6 Mai - 18:54

I'm a tree that grows hearts
One for each you take
Lylah & Mal

Arcadia National Park, end of January 2019.
Il m'avait suffit d'un instant pour la perdre ce jour-là. Quelques mots égarés sur mes lèvres sèches, des regards qui se refusaient d'offrir leur reconnaissance. La froideur des adieux, la séparation lancinante et égoïste. J'ai entendu mon cœur se briser ce jour-là, où peut être était-ce notre unisson. Indissociable pensée, mariage jamais énoncé de nos espoirs maintenant divorcés. Nous étions fait pour être ensemble, le monde qui n'avait jamais aussi bien tourné que lorsque qu'il n'y avait qu'elle et moi. Conjugaison de temps plus simples, du destin qui nous voulait âmes sœurs. Je n'ai jamais accepté d'y croire et pourtant je pouvais voir l'avenir avec elle, ne pouvait nier ces ridicules visions d'une vie parfaite à deux. Nous étions fait pour être ensemble, c'était ce que nous voulions l'un comme l'autre. Et c'est ce qui aurait dû arriver. Mais je l'ai perdu en un instant, un choix qui a eu bien trop d'échos, une déferlante qui nous a détruit et laissés noyés sur la rive. Je suis désolé Delilah, mais on devrait en rester là. Je ne suis jamais venu à son mariage malgré l'invitation, n'ai jamais répondu à ses appels jusqu'à ce qu'ils se taisent. Je l'ai abandonnée alors qu'elle avait besoin de moi, alors que j'avais besoin d'elle. Alors que je n'ai jamais cessé de penser à ce qui serait arrivé si je n'avais pas prit peur, si j'avais accepté la perfection que nous aurions pu être, fusion imparfaite. Mais fusion incassable, le lien brisé avant le point de non retour. Et elle disparaît encore, les paupières qui papillonnent, les lèvres qui s'entrouvrent et le corps qui faiblit. Il a encore suffit d'un rien, juste un instant pour la perdre. Sa silhouette qui s'écroule sans vie et mon cœur qui se brise sur ses cicatrices recollées d'antan. Parce que putain, je l'aime encore.

Son poignet qui échappe de ma prise, sa chevelure qui tombe lourdement en bataille sur son visage. Un sursaut de mon souffle, happé par l'incompréhension de ce qui est en train de se produire. Un moment hébété par ses formes dénuées de tout mouvements, sa poitrine qui ne se soulève plus au son de ses rires. Et ça me jette dans la solitude la tête la première, comme un enfant perdu qui cherche encore sa mère alors qu'elle ne reviendra pas. Son prénom murmuré puis hurlé, mes doigts qui viennent se recueillir sur sa nuque, mes bras qui se referment sur son dos avec force. L'innocence de la secouer, vouloir qu'elle arrête cette mauvaise blague, cette pantomime de mauvais goût. Mais ce n'est pas le genre de Delilah. Alors très vite la peur me saisit à l'estomac, une irruption d'horreur bien vite suivie par un geyser de larmes. « Lylah réponds moi… » La panique qui s'empare peu à peu de ma voix, mes phalanges qui se crispent. J'essaie de la redresser en position assise, au chevet de son état soudain. Mais sa tête dodeline comme un poids mort au creux de ma paume, sans tenue sur ses épaules. « Lylah qu'est ce qui t'arrive ! » Je la prend par les épaules sans plus de succès, son visage toujours dénué d'expression. Ses traits sereins et pourtant ils n'attisent en moi que la brûlure terrible de l'impuissance. Cujo est instable à mes côtés, il saute sur place, jappe, grogne et tourne en rond. Il me faut un moment avant de comprendre que c'est ma propre inquiétude qui le fait agir ainsi. « Arrête ! » Que je hurle à son encontre. Il s'arrête aussitôt. J'essaie de soulever le corps inanimé dans les bras, ma main qui glisse sur son cou, ma joue qui se colle sur son souffle. Elle ne respire pas. Tu as tué celle que tu aimais. Ricane une voix dans ma tête mais je n'ai pas le temps de l'écouter. Je la dépose délicatement au sol, essayant tant bien que mal de lui faire un massage cardiaque, le contact de mes lèvres sur les siennes qui n'est plus qu'urgence et détresse. « Respire je t'en supplie… » Je compte maladroitement, répète les geste sans succès. « Je t'en supplie Lylah… » Mes mains fouille en hâte ma veste, mon téléphone que J'échappe deux fois avant de constater l'absence de réseau. « Merde, MERDE ! » J'essuie les larmes qui redoublent d'un mouvement de rage, glissant mes bras sous ses jambes et ses épaules. Elle est morte et tu ne peux plus rien pour elle. Non, je refuse, c'est impossible. Je ne te laisserai pas cette fois.

Soulevée tant bien que mal, son poids mort entre mes bras qui me déchire la poitrine. Serrée de toute mes forces, haletant et grognant plus que de raison. La folie furieuse qui m'amène à vouloir la porter jusqu'à l'hôpital le plus proche s'il le faut. Cujo qui me suit enfin, couinant la douleur. « Je ne t'abandonnerai pas Lylah. » Le ton ferme et déterminé, les pas durs sur le sol qui lentement devient boueux. Je retrace le chemin en hâte, mais il ne faut pas long pour que je glisse par mégarde, le terrain pentu à cet endroit. Alors on chute, à peine amortis par le réflexe de mon épaule et mon flan. Recueillie contre mon corps, le sien amorti par ma carne. Je la serre de toute mes forces, roulé boulé impitoyable avant qu'un arbre et un buisson nous arrête. Le souffle coupé, le dos douloureux. « Non… » Un cri de rage, d'impuissance. « Je t'en supplie Lylah… Me laisse pas. » Mes doigts qui se saisissent des siens, mon front qui se colle contre son visage. C'est de ta faute. Les voix se sont mises d'accord, je ne suis plus qu'une ombre pitoyable et suppliante. « Je t'aime… S'il te plaît… » C'est de ta faute si elle est morte. La voix répète encore. Non, elle est différente. Elle n'est pas comme les autres. C'est, c'est quelque chose au fond de moi. Mais tu peux tout changer. Tout arranger. Car la mort n'est rien. Tout mon corps tremble alors que je redresse le visage. Je déglutis, pris d'une étrange certitude. La mort n'est rien, car tu es la mort. Un éclat doré attire mon attention, le bracelet glissé à son poignet quelques minutes plus tôt. Ce n'est rien. La certitude en moi grandit. Tout ira bien. Je l'installe contre moi, embrassant son visage gelé, sa chair sans vie. Ma main qui se saisit du bracelet sans y penser pour le retirer, le laissant tomber au sol. « Je t'aime, je t'en supplie, reste avec moi… » Secoué jusqu'aux os, la peau glacée par la peur et le froid. Il suffit d'un instant pour la perdre, cette main qui aurait pu être mienne. Alors je ne la lâcherai plus jamais.

(c) DΛNDELION
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I'm a tree that grows hearts, one for each you take (Delilah) - Ven 10 Mai - 22:05

I'm a tree that grows hearts
One for each you take

Maldwyn Jones & Delilah Sulwyn
I came across a fallen tree, I felt the branches of it looking at me. Is this the place we used to love ? Is this the place that I've been dreaming of ? Oh, simple thing, where have you gone ? I'm getting old, and I need something to rely on

L'avocate n'avait pas prévu de tout abandonner aujourd'hui. De mourir. Dans son agenda cela n'apparaissait pas. Mourir. Le garant céleste de sa vie avait dû en être tout retourné aussi, c'était arrivé si soudainement, pas le temps de creuser la tombe que la corneille était déjà envolée. C'était pas faute d'avoir toujours réussi à échapper au pire jusque là, elle n'était rien de plus qu'une vile tentatrice aux yeux de la faucheuse, se retrouvant plus bas que terre mais se relevant, frôlant l'inconscience, apparaissant sur la pas de la porte mais ne toquant jamais. Lylah ne parvenait cependant pas à tenir Maldwyn pour responsable, une telle idée ne lui traversa pas l'esprit. Elle-même était incapable de comprendre ce qui se passait, de l'autre côté, elle était aussi dévastée que lui. Tout ce qu'elle souhaitait était qu'il ne la laisse pas livrée à elle même dans ces ténèbres qui ne demandaient qu'à l'engloutir. Allait-elle rester perdue à jamais dans ce demi-monde obscur, à s'époumoner sans que personne ne l'entende ? Non, elle ne voulait pas, elle voulait se battre pour retrouver les vivants. Trop de choses restaient à vivre, à dire, à redécouvrir. Hélas rien de ce qu'elle pouvait faire n'avait un quelconque impact. Alors le désespoir. Il s’agrippe sur son dos et ne la lâche pas. Elle regardait l'homme qu'elle aimait le plus au monde la pleurer, désarmé face à la situation. Ça l'a frappa soudainement : elle ne lui avait jamais dit à quel point il était cher à son cœur depuis qu'ils s'étaient retrouvés. Malgré les années et les faux-semblants, malgré sa vie chaotique et la sienne bien rangée, elle ne voyait que lui comme représentant de son futur. Futur révolu, inaccessible, piétiné par un destin impétueux et facétieux. Observatrice, ombre parmi les autres, ce qui brise le palpitant éteint de la galloise à présent n'est pas de faire face à son propre corps inanimé mais bien la souffrance que cela inflige au professeur. L'impuissance glaciale et assommante qui l'attire contre elle, qui le pousse à la secouer, à malmener ses côtes et sa cage thoracique, à tenter de lui insuffler la vie en lui donnant son propre souffle. Mais rien. L'esprit de Delilah se laisse tomber aux côtés du vivant, les larmes ne cessaient de couler et les sanglots de l'ébranler. Rien faire, elle ne pouvait rien faire. Ce constat est alarmant mais pour autant cela la calme. Ses paumes essuient son visage livide, elle renifle légèrement, ses lèvres cessent de trembler, avachie et abattue, ses iris pâles détaillent pour ce qui semble être la dernière fois le visage de Maldwyn. Elle sent cette étrange chaleur l'étreindre à nouveau, comme une couverture qu'on poserait délicatement sur ses épaules. Le randonneur fouille son sac pour chercher son téléphone, il rage de voir que cela ne lui sera d'aucun secours. Il a essayé, il a tout essayé. Les ombres semblent se parler entres elles, l'une d'elle s'approche souvent vers l'homme en panique. Mais elles ne sont que des spectres sombres, Lylah lève la main pour tenter de toucher celle qui est le plus proche mais elle disparaît après un léger recul. Humanoïdes flasques, floues, elles ne lui inspirent rien d'autre que la méfiance.

Alors que la blonde commence peu à peu à accepter son sort, apathique, elle fut surprise par un mouvement à côté d'elle. Son vieux compagnon s'était levé. Il la portait, à bout de bras, se lançant dans une course qui n'avait pas de sens. « Je ne t'abandonnerai pas Lylah. » Ses mots refont monter des perles salées aux yeux de l'avocate qui se lève fébrilement pour le suivre, comme Cujo. « Stop … Attends ... » Qu'elle baragouine et supplie dans le vide, les larmes roulant le long de ses joues. Elle ne respire plus, tout simplement. Même le plus brillant des médecins ne pourrait la ramener à la vie. Lylah s'était résignée, elle ne comprenait pas comment les choses avaient pu prendre un tel tournant mais le résultat était là et personne ne pouvait plus rien y faire. À quoi bon ... Le fantôme ne peut s'empêcher de le suivre, son cœur et ses pensées soutenant ce chevalier à l'armure brisée qui s'entête à sauver la belle au bois dormant par tous les moyens. Elle le perd de vue parfois, s'évanouissant dans la brume trop rapidement. Les ombres le suivent également, ce sont elles qui lui permettent de toujours le retrouver. Jusqu'à ce qu'il finisse par échapper totalement à sa vision, glissant dans le brouillard épais, soudainement, brusquement. « Maldwyn ! » Cri de surprise, en plus de le voir s'effondrer elle entend les tonneaux entre les feuilles froissées et les bouts de bois cassés. Elle se lance à sa poursuite aussi vite que possible et le retrouve, lui et son corps inerte, étalés au sol, salis, pourtant il ne l'a pas lâché une seconde, à tenté de la protéger jusqu'au bout. « Non… Je t'en supplie Lylah… Me laisse pas. » Jetée sur ses genoux astraux, ces roulés-boulés ne l'ont pas atteinte. « Je suis désolée Maldwyn, je ne voulais pas ... » Commence à sangloter à nouveau la maudite divorcée. Ce n'est aucunement de sa faute mais elle s'excuse quand même, au nom de quoi, de qui ? Peu importait. Elle ne demandait qu'à sentir la chaleur de sa peau contre la sienne lorsqu'il pose son front contre le visage livide de la demoiselle plus qu'en détresse qui à passé l'arme à gauche. Elle voulait sentir ses doigts se refermer sur les siens. Son esprit n'est que froideur malheureusement, une brise légère qu'on pourrait attribuer à l'hiver, un frisson lointain, un vent gelé plaintif qui se lève et ne dure pas. « Je t'aime… S'il te plaît… » Au milieu de ses pleurs un sourire apparaît néanmoins. Ce n'est pas grave si c'est trop tard, dans son infortune ces mots la rendent heureuse, l’apaisement de la chaleur inconnue la gagne encore une fois. Comme quelqu'un qui lui murmure de garder son courage, d'y croire. Parce qu'il l'aime après tout. Cela va bien au-delà de toute logique pourtant, l'amour n'a jamais sauvé personne de la mort à ce qu'elle sache. Si il pouvait sauver quelqu'un ce serait bien elle ; la martyr, la délaissée, la vertu, la dévotion, la représentante parfaite de la ferveur des sentiments. Quoi ? Des lettres apparaissent dans sa tête mais elle ne parvient pas à les remettre dans l'ordre pour qu'elles deviennent cohérentes. Pas avec cette pagaille de sentiments qui vont et viennent, incontrôlés, laissés déborder en évidence parce qu'après tout, elle s'en fiche, elle à déjà tout perdu. Un mot ? Un nom plutôt.

Maldwyn la sert dans ses bras, ce que Lylah pense être l'ultime fois. Elle ne remarque pas qu'il lui retire délicatement son offrande faite avant le drame, qui ornait encore son poignet. Qu'il était lourd à porter ce bijou. « Je t'aime, je t'en supplie, reste avec moi… » Les paupières pâles de l'âme en perdition se ferment, la brume disparaît, retour dans le néant, dans le noir, pas le temps de prononcer quoi que ce soit. Elle peut sentir le froid assaillir sa peau, suivit immédiatement de la pression de ce corps qui se presse contre le sien. Les douleurs causées par la chute qui se réveillent doucement, comme elle. L'air se fraye un chemin entre ses lèvres entre-ouvertes. Sa poitrine se soulève subrepticement, un tressaillement pour cette première inspiration frivole, puis une plus importante, ramenant clairement son esprit parmi les vivants, dans la bonne réalité, auprès de celui qui à causé sa perte mais qui à su réparer sa faute. Les yeux clairs de la blonde s'ouvrent enfin et elle ne parvient qu'à inspirer succinctement, monstre de Frankenstein qui revient à la vie, ses poumons ont eu le temps d'oublier comment fonctionner. La luminosité l'agresse alors que le ciel est gris, ses yeux se remplissent immédiatement de ses larmes qui n'ont pas cessé de lui échapper lorsqu'elle était partie. Elle tousse, respirer lui est difficile, son corps est lourd mais elle s'en fiche, ce qu'elle commande tout de suite à son cerveau de faire est de s'agripper à Maldwyn. De le toucher, de le sentir contre elle. Ses côtes lui font un mal de chien mais peu importe, il est là, palpable, elle peut sentir sa joue contre la sienne, son flot de pleurs s'étalant sur lui. Elle est secouée de tremblements la belle qui s'est éveillée, ses muscles retrouvant chacun leur rôle, son cœur se remettant à pomper comme il en avait toujours eu l'habitude jusque là. « Maldwyn tu es là ! » Sa voix est basse, parle dans un soupir profond. Son palpitant caracole à retrouver le Nord, il en a accumulé du retard, il tente de retrouver sa vitesse de croisière mais la violence du retour le force à vouloir décrocher la première place d'une course qu'elle a d'office gagné. Elle enfuit son visage dans le creux du cou du Jones. « Merci, merci, merci. » Elle ne savait pas qui elle devait remercier à vrai dire mais elle espérait que ça l'atteigne. Le mot mystère réapparaît dans sa mémoire, dans son cerveau mais elle a plus important à penser : elle est en vie. Ses larmes cessent, elle sanglote juste, ses paumes viennent attraper le visage de son sauveur. « Je ne sais pas ce qui s'est passé, je suis désolée, tellement désolée ... » Qu'elle parvient à articuler en plongeant son regard dans celui du maître chien avant de venir embrasser ses joues et de nouveau le serrer fort contre elle. D'habitude elle était la douceur incarnée Lylah, ici ses gestes étaient maladroits, ses mains tremblant encore. Elle oublie tout, la mécanisme de son corps reprend le fil sans qu'elle n'ait à le commander. Elle n'avait jamais voulu faire autant peur à son compagnon de balade, celui qui avait partagé sa vie, l'abandonner c'était hors de question ; elle s'était tellement battue pour le retrouver. Ils sont toujours à même la terre boueuse, cela passe bien au dessus de la tête de l'avocate. « Je n'ai jamais voulu te laisser, j'avais abandonné mais j'étais là, j'étais toujours là ... » Son étreinte se ressert encore. Ses souvenirs sont flous, à l'image du nouveau monde qu'elle a découvert. Il fallait qu'elle lui dise cela même si ça n'aurait sans doute pas de sens pour lui.
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