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Putrid flavor of an unconscious tear (ft. Stoyan)

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Putrid flavor of an unconscious tear (ft. Stoyan) - Ven 30 Mar - 12:53

Putrid flavor
of an
unconscious tear
Cette rue conservait une senteur toute particulière. Une atmosphère austère sans être lugubre. L'obscurité naissante d'où des âmes s'éveillaient alors que d'autres s'endormaient à jamais. Un équilibre ami de la fatalité. Cette heure propice au calme sonnait cette entrevue officieuse à laquelle nous nous adonnions. Un moyen de faire table rase. De comprendre ce qui n'allait pas chez. Depuis cette tempête, j'avais cette étrange impression de morcellement intérieur. Comme si la foudre avait court-circuité le mauvais fil. Si certains faits, certains actes, avaient su trouver rapidement leur raison, d'autres restaient obscurs... Alors qu'au début j'avais accepté ces rendez-vous par une courtoisie mêlée de curiosité, à ces jours où l'accident de Meik revenait me hanter, je percevais leur impact, réel et concret.

Là où la psychologie me semblait une science obscure dont le seul intérêt était d'étudier le comportement d'autrui, je n'avais jamais considéré l'aspect thérapeutique que ça pouvait avoir. Je me souvenais de ces spécialistes que Meik devait consulter. L'enfant muet et reclus chez lui ne devait pas être normal aux yeux de nos parents. Pourtant, il était heureux. Tout ce qu'il souhaitait, c'est que l'on reste ensemble. S'il n'avait pas d'autres amis, ce n'était pas à cause de son handicape. Seulement sa volonté. Une volonté que je partageais. Je l'avais voulu seul meilleur ami. Seul confident. Autour de moi n'avaient alors gravité que des connaissances, des visages sans réel sens à mon cœur.

Les choses avaient malheureusement changé lorsque Meik se retrouva dans cet institut. Le coma nous séparait. Une séparation que j'avais cru possible de limer à rester au chevet de mon jumeau. Situation qui n'avait su durer. Même la mort de mes parents m'avait moins coûté que le sommeil de Meik... sommeil dans lequel il était encore plongé. Depuis dix ans. Celui que nous considérions comme notre parrain, l'homme à qui j'avais accordé la direction de Madsen Man, m'avait longtemps incité à le faire débrancher. Que son souffle n'était que le fruit du travail des machines, qu'il était mort depuis longtemps déjà. J'avais refusé de l'entendre, allant jusqu'à des mots avec le dernier homme de confiance qu'il me restait à Helsinki. Je refusais cette fatalité, fermant la conversation. Peu m'importait de gaspiller mon argent dans une chambre classieuse, si c'était pour Meik alors tout valait le coup. Même dix ans passés à espérer.

Ces derniers jours avaient été soulignés de pensées allant à Meik. Comme des réminiscences annonçant un présage. Je ne portais aucun crédit aux signes. Alors je me persuadais que ces songes n'étaient que l'asthénie hivernale dont tant de personnes savaient se plaindre dans ces périodes de froid et d'obscurité. Mes pas foulaient les pavés menant jusqu'à l'habitation d'Ozerov. Arrivée à sa porte, je regardai ma montre. Ponctuelle à la minute près, je frappai à celle-ci afin qu'il vienne m'ouvrir. Cet homme avait une aura que l'on ne pouvait ignorer. Loin de penser que celle-ci puisse découler d'autre chose que de son charisme naturel, je lui accordais une confiance assurée. Bien que je choisissais encore ce que nous abordions ou ce qui restait derrière moi, il ne m'avait pas échappé que parfois, je lui en disais plus que je ne le souhaitais. Non pas qu'il m'y contraignait, mais converser avec cet homme parvenait à me rendre plus légère, moins sur la défensive. Comme si j'étais persuadée qu'il ne ferait jamais mauvais usage de ce que je pouvais lui dire. Je n'étais pas sans connaître sa place au sein de la Bratva. Et un point commun aux bratok que je connaissais, il y avait cette capacité à sonder l'autre, à obtenir sa confiance. Si au départ je m'en méfiais, Stoyan était parvenu à lever imperceptiblement cette barrière. Je n'étais pas sûre de la façon dont je le considérais. Ni un ami, ni un guide, il avait pourtant une place importante que je ne pouvais justifier. Si cela m'aurait effrayée il y a de ça encore quelques mois, aujourd'hui je l'acceptais.
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Putrid flavor of an unconscious tear (ft. Stoyan) - Lun 2 Avr - 19:38


PUTRID FLAVOR OF AN UNCONSCIOUS TEAR
herkja & stoyan
and please, would you remember to tell the girl that runs with the wolves, that her skin will thicken, her tongue sharpen and soon enough her bones will resemble the animals which she treasures so much.

Alcôve mordorée où il repose. La tête se renverse au chant de Nyx, soulage la nuque qui a été malmenée des apparences maintenues durant une éprouvante journée, belles parures que revêt le châssis abîmé au théâtre des sociétés russes et païennes. Comédie menée à son terme au baisser du rideau solaire, les clameurs du jour ont cessé sous le couperet de la nuit et le masque tombe, révèle un faciès ophidien. Nahash lové à même les plumes d'un cygne albâtre, il s'extirpe de l'exuvie de ses vêtements, baigne dans le smog blanchâtre éructé de ses narines. Styx empoisonné d'un Pandémonium clamé dès son arrivée, que sa présence semble avoir commencé à ronger par ses crachins putrides. Il s'avance dans le salon, s'échoue au fauteuil embaumé des émanations semées aux venelles des murs, dissimulées sous l'ébène d'une peinture écaillée.

Somnolence s'emparant de l'âme. Le colosse s'abandonne au sommeil à l'oubli d'une rencontre. Blanche colombe ramassée au repaire des loups, enlevée des gueules souillées d'écume baveuse. La petite est tombée dans les anneaux du serpent qui goûta à ses larmes, se délecta des pleurs du bout de sa langue bifide derrière une mine navrée. Malin dont elle a titillé l'intérêt sans se rendre compte en évoquant la dyade gémellaire. Jumeau poussé au coma, fou devenu légume au traumatisme crânien qui lui a été donné. Les pensées s'égarent aux récits du frère, imaginent le bruit mat de l'impact, le grenat répandu sur le faciès de poupon et l'os saillant sous le derme arraché. Opale visible sous la masse poisseuse des cheveux sombres. Curiosité maladive qu'il refrène pour ne pas effaroucher l'oiselle nichée au creux de sa paume.

Coups donnés au nombre de trois. les paupières, rideau de peau marquée par le pâmoison de la psyché, dévoilent les calots de miel où sommeille encore un éclat sanglant. Dans un soupir, il se lève, chasse la chevelure poivre et sel du regard brimé et c'est en pantalon noir et simple chemise qu'il lui ouvre. Malfrat en apparence, Nahash se présente sous son véritable jour, s'est débarrassé du derme devenu étroit à la fin de la journée. « Tu excuseras ma tenue. Je ne me souvenais plus que tu venais. » Aveu donné en excuse au savoir que ce n'est pas l'apparat auquel elle est habituée. D'un pas, il s'écarte de la porte, l'invite à entrer. Galanterie qu'il présente malgré sa gueule de bandit avant que les mains ne se posent aux épaules, découvrent le frêle canevas. Intimité qu'il instaure, surprise d'un geste qu'il apaise d'une légère pression des doigts. Emprise déguisée par un désir de rassurance. « Tu peux prendre place dans le salon pendant que je range ton manteau. Il fait peut-être un peu chaud pour toi alors ouvre une fenêtre si jamais tu en ressens le besoin. » Souvenir que la colombe suffoque à la température ambiante.

Face à face silencieux. Stoyan est installé dans son fauteuil où se sont perdues des cendres. Habitude agonisante, entretenue par un geste coriace. La main plonge à la poche, récupère le briquet en argent où trône un cygne. Menace pour les yeux de quelques brigands, impolis incapables de tenir leur langue en sa présence, avant que la lumière pernicieuse ne dérobe la vue. Châtiment céleste qu'il se plaît à lâcher sur ses créations. « Comment a été ta semaine ? Y a-t-il quelque chose sur laquelle tu souhaites potasser, qui a éveillé ton intérêt ? » Œillade malice qu'il lance au-dessus de la clope vissée à ses lèvres, cancer qu'il avale sans en ressentir le mal. Invitation à troquer le bec délicat pour une langue ophidienne avant la chirurgie de l'âme.  
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Putrid flavor of an unconscious tear (ft. Stoyan) - Mar 3 Avr - 12:29

Putrid flavor
of an
unconscious tear
Dans l'embrasure se dévoile un Stoyan chiffonné par une nuit qui devait être bien longue. Gênée d'ainsi le déranger, mes pas franchissent toutefois l'encadrement de la porte qu'il m'ouvre avec aménité. La déférence dont il faisait preuve relevait autant de préciosité que courtoisie bienveillante. « Si tu le souhaites je peux repasser plus tard », lui indiquai-je alors que d'un geste considéré innocent, il retirait mon manteau de mes épaules. Je souris à comprendre qu'il n'était en rien dérangé par ma présence. De quoi me rassurer, il me coûterait de venir à croire que ma présence l'incommode. Bien qu'une distance pouvait se mesurer entre nous, il émanait de nos rapports une complicité amène.

Un sourire cordial se dessina sur mes fines lèvres à la prescription du recruteur. C'est sans autre parole que je m'avançai alors dans le dit salon. Une vaste pièce aux teintes sombres mais chaleureuses. Pour qui aime le calme et l'agrément délicat de l'élégance, cette pièce n'avait son pareil qu'en peinture. Environnement classieux à l'harmonie minutieusement mesurée. En effet, la température paraissait élevée. Ou peut-être était-elle normale... plus haute que le frais de mon appartement en tout cas. M'approchant d'une fenêtre, je vins l'entre-ouvrir et me perdre quelques secondes sur ce que la lucarne me donnait à voir. Stoyan ne fut guère long, revenant avec un verre de rosé. Il savait accueillir, ne prenant plus la peine de demander ce qui me tenterait à déguster. J'avais une entière confiance en ses sélections. Un homme aux goûts subtils et raffinés. Silencieusement, je me persuadais que la pire ignominie parviendrait à trouver entre les mains de Stoyan une splendeur dont la quintessence serait indiscutable. Un visage et une âme qui savaient fasciner autant par leurs apparences que par cette absence dessinée d'émotions. D'une avenance sans doute privilégiée, le quinquagénaire ne m'apparaissait que d'autant plus mystérieux et énigmatique.

Installée sur un fauteuil face à lui, je le toise un instant du regard avant de prendre une gorgée du spiritueux délectable alors qu'une cigarette vint s'embrasser entre ses lippes. Après ce calme apaisant, Stoyan vint à demander de mes nouvelles. Je ne réponds pas de suite, prenant le temps de réfléchir. Une lenteur qui n'avait pas pour habitude d'agacer mon interlocuteur. « Une semaine atypique, bordée de rencontres plus ou moins intéressantes et intrigantes », amorçai-je en pensant à ce Sekou et ce malaise qui nous avait séparés sans que je n'ai le moindre souvenir de ce qui ait pu se passer. Persuadée qu'il ne m'avait rien fait de mal, le fait de ne pas me rappeler de l'enchaînement des événements me préoccupait. Ces malaises causés par je ne sais quel mal finiraient un jour par me mettre en réel danger, fatalement. « Il y a deux jours, j'ai perdu connaissance. J'ignore ce qui a provoqué ça mais ce n'est pas la première fois que ça m'arrive... Peut-être le manque de sommeil », supposai-je sans en être persuadée pour autant. Il s'agissait là de la cause la plus réaliste, alors je m'y accrochais. Mes nuits se faisaient courtes. Rongées par la culpabilité d'être si éloignée de Meik, incapable de savoir ce qui se passe là-bas et incapable de trouver un moyen d'accomplir la quête qui m'avait menée jusqu'ici. Des pensées qui me taraudaient et entre-coupaient mes nuits de sensations cauchemardesques provoquant une anxiété à laquelle je ne savais pallier.
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