too glam to give a damn (sinead) - Sam 6 Avr - 22:23
too glam to give a damn
Qu’est-ce qu’elle fout là ? Une connerie, encore une. C’est ce qu’a l’air de lui signaler son reflet. Et en même temps, on ne peut pas nier qu’une partie d’elle est très curieuse de voir sur quoi cette entrevue avec Miralles peut déboucher, ce que cette affaire peut apporter. Le lieu de rencontre, boîte neutre dans un quartier neutre et central permet d’éviter des dérapements. Il faut juste espérer que ce soir commandante et sénéchal ne se croisent pas. Mais ça a l’air soldé, leur querelle. Une bonne chose dont elle n’a pas besoin de se préoccuper ce soir.
Court vêtue, profitant du redoux de la mi-mars, Sinead a dénudé ses jambes et a pris le taxi jusque dans Downtown. Sans armes, si ce n’est ses poings et ses dons, elle préférait ne pas trop tenter le diable -quoique sa réputation de briseuse de couilles la précède dans les ruelles mal-famées. Enfin, disons que l’aller en taxi était le plan originel, jusqu’à ce que le taxi soit pris dans un embouteillage imprévisible pour qui connaît la circulation tardive dans Arcadia, ralentissement et immobilisation causés par un accident. Payant le quart de la course, puisqu’on venait tout juste de pénétrer dans l’est de Downtown, elle s’extirpe du véhicule et se résout à finir le trajet à pieds, ce qui ne va pas la mettre en avance. Ça la réchauffera, au moins. Le pas assuré, elle arrive enfin au Carmine avec du retard sur l’horaire prévu -et elle n’aime pas vraiment ça, voyez-vous-, qu’elle connaît surtout pour y avoir chopé plus de personnes qu’elle n’a de doigts, quand elle avait la vingtaine et qu’elle ne sélectionnait pas vraiment ceux avec qui elle couchait. En espérant que l’issue soit aussi heureuse, ce soir. Oui, on va dire qu’elle a fait du chemin depuis, même si on n’y croirait pas vraiment, à regarder de loin. À l’entrée de la boîte, armée de son plus beau sourire et d’un décolleté plus que pigeonnant, elle obtient le sésame et pénètre dans l’enceinte à moitié plongée dans la pénombre, à moitié éclairée par des spots aveuglants.
Dans la marée humaine, la rouquine rehaussée de quelques centimètres grâce à ses talons se fie à son instinct, et plus particulièrement à sa connaissance des auras pour naviguer entre les silhouettes plus ou moins anonymes. De plus en plus de jeunots dans cette boîte, y a-t-elle vraiment encore sa place ? Elle balaie la question lorsqu’elle repère son rendez-vous accoudée au bar, avec … des margaritas ? Hum, l’alcool ne lui fera rien, mais ça fait bien longtemps qu’elle n’en a pas bu. L’occasion de voir si le goût a changé depuis qu’elle est devenue insensible aux alcools des mortels. La proie l’a débusquée aussi, puisqu’elle lève son verre à son égard et, jouant des coudes et des hanches pour traverser la foule de danseurs déjà bien fiévreux, elle arrive aux côtés de la brunette qu’elle salue en s’excusant -une première dans leur relation qui a surtout été à couteaux tirés : « Bonsoir. Désolée pour le retard ? Je vois que tu ne m’as presque pas attendue… » Le regard est appréciateur, autant sur le verre dont elle s’empare pour trinquer avec la latina, que sur la tenue de la compagne de cette soirée. En se penchant vers elle et en haussant un peu le ton pour couvrir la musique assourdissante, elle interroge : « Combien de gros lourds dans le secteur, déjà ? » Sans se compter, bien sûr, parce qu’elle sait qu’il y a moyen qu’elle en fasse partie rapidement, si Miralles est intéressée. Une soirée pour oublier leurs rivalités, pour laisser glisser, pour faire autre chose que se détester bêtement, traditionnellement.