Cassée.
Fracturée.
Fissurée.

Corps meurtri.
Masse inerte allongée sur la rosée du matin.
Iris vides fixant la distante voûte céleste.
Indifférence totale.
Sarcasme flagrant.


Torse aux reflexes faibles.
Affaiblis.
Aigris.

Absence de douleur.
Annihilation de sensation.


Obéissance aveugle.
Illusion d'une soumission.


Refus d’obtempération.
Paralysie de la volonté propre.
Ichor tiède.
Abondant.
Réconfortant.

Gouttes de sel qui viennent se mêler à la poussière.
Dédale sale.
Œuvre d’art abstrait.

- « Je ne peux plus rien pour toi. »

Lèvres saccagées.
Pulpe inondée.
Murmure décousu.
Souffle emporté par le vent.

Paupières lourdes.
Abandon de soi.


Non.

Love Hurts.

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@BRÓNACH E. MOONEY & Aislinn O'Reilly

L’ichor en flaque attire l’azur de ses orbes perplexes. La silhouette avachie sur les herbes, elle la reconnaît bien ; sans bruit, elle prend la décision d'en approcher. La chair est déchirée, les os brisés et le souffle bientôt inaudible.

La conscience assassine.

L’instinct crie de sauver. L’hybris de seulement savourer.

Accroupie tout près d’elle, l’Enchanteresse dévisage l’adversaire millénaire. Replace avec délicatesse une mèche engluée de cruor obstruant son regard. La Guerre doit voir la Terre au premier rang de son trépas.  

Le coeur a fait son choix.

Elle se fait spectatrice d’une agonie parfaite.

« Comme toujours, on se retrouvera ».

Osmose parfaite.
Repos du conquérant.

Absence de tout.
Noirceur de rien.
Abysses.
Néant.

Puis revient la sensation. Celle d’une ombre qui approche.
Premier battement.
Celle d’une caresse d’une violence inouïe malgré la douceur exquise du geste.
Deuxième battement.

Je sens.
Elle sait.

Je sais.
Elle sent.

Parfum de discorde qui réveille ce que j’espérais si ardemment endormi.
Non, vas t’en !
Murmure de velours qui vient lécher les plaies.
Non, cesse de la narguer !

Pourquoi ?

Décharge électrique.
Injection d’adrénaline.
Deux yeux qui s’ouvrent.
Deux pupilles qui se braquent.
Un sourire qui dévoile une dentition carmine.

Love Hurts.

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@BRÓNACH E. MOONEY & Aislinn O'Reilly

Le vent balaie la plaine, emportant avec lui les fragrances, et les derniers élans de haine pour cette vie.

Son triomphe ne durera qu'un temps ; quelques années, peut-être une existence. Et quand la Guerre use de ses dernières forces pour le lui rappeler, le visage apaisé se pare de son plus beau sourire ; libéré, authentique.

Puis le souffle s’éteint, et les prunelles se figent. D'un geste délicat, les paupières sont fermées. Et le corps déjà froid, simplement contemplé.

« Puisses-tu un jour trouver la paix ». Dernière prière, un murmure envolé.

Car la Terre ne te cédera jamais.