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Truth is in your eyes

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Truth is in your eyes - Dim 13 Oct - 0:01

Aedan ouvrit d’un mouvement sec la fermeture éclaire de son blouson de motard, le regard levé vers l’ombre massive qu’imposait en contre-jour l’hôpital d’Arcadia, silhouette familière dans laquelle il avait appris à endiguer le flux de ses émotions, derrière un barrage de professionnalisme et un visage aux traits figés. Son casque de moto à la main, il avança vers les portes automatiques, qui glissèrent devant lui, laissant passer l’odeur de désinfectants et médicament. Dans ce labyrinthe, il savait qui chercher, et à l’accueil, il n’adressa qu’un rapidement mouvement de menton sec et un sourire renfermé, avant de prendre un des couloirs menant à la morgue, la cendre de ses iris un instant arrêté sur le panneau d’affichage dans le hall. Le mot était toujours présent dans un coin, quelques autres messages recouvrant les lignes de caractères tapés à l’ordinateur. Avec un peu de chance, il n’arrivait pas trop tard.

Arrivé dans l’aile de la morgue, il frappa du dos des doigts contre la porte d’un bureau, l’ouvrant après avoir entendu une voix paradoxalement chantante pour un endroit pareils, lui dire d’entrée.

« Aedan ! Je savais pas que tu t’occuperais du cas du type retrouvé dans une poubelle !
- Je n’viens pas pour le travail… »

S’excusa-t-il avec un sourire maladroit, la carrure de ses épaules raidit par la main qui venait de se poser sur son biceps. D’un regard en coin au contact puis à l’homme châtain et osseux devant lui, il rappela efficacement son asociabilité, et la poigne disparu rapidement, dans un « oups » soufflé d’un ton faussement contrit, ou commençait à poindre l’agacement. Ses épaisses lèvres se pincèrent légèrement, sans qu’un mot ne sorte ou qu’une émotion n’atteigne son regard, retenu par cette apathie émotionnelle dans laquelle il rentrait d’automatisme lorsqu’il était sur un lieu qui connaissait plus le Lieutenant de police Fitz que l’homme Aedan.

« Qu’est-ce qui t’amènes alors ? »

Demanda l’homme en retournant derrière son bureau, pour ouvrir un tiroir et y prendre un paquet de cigarette, et immédiatement le policier se relâcha légèrement, la prise sur son casque se détendant.

« L’annonce de Lune Leogrimm… »

Il y eu un moment d’immobilité presque comique – s’il avait été capable de le sentir –, pendant lequel l’homme immobilisa son geste, avant de relever la tête vers lui, faisant serrer les dents à Aedan. Les gens ne pouvaient pas faire semblant de ne pas le voir : Lune Leogrimm était particulière. Il était incapable d’expliquer pourquoi, sûrement tout aussi inadapté qu’elle, mais il le voyait dans les yeux autour d’eux, ces yeux qu’elle n’avait pas, deux orbes blancs qui devaient déranger à la place. Comme pour le conforter dans son étrangeté, ce regard-là ne l’avait jamais plus dérangé qu’un autre. Là ou certains ne voyaient rien à quoi s’ancrer, lui échapper aux pupilles qui trop de fois l’avaient dévisagées et méprisées, chez d’autres. Lorsque ces deux néants blancs se posaient plus ou moins justement sur lui, il n’était pas plus anxieux que devant des yeux intacts. Par-dessus tout, il savait que Leogrimm ne le voyait pas comme il était. Elle n’avait pas cet apriori du physique, sur lui, et c’était aux échos et fluctuation de sa voix plus qu’à sa silhouette qu’elle se fiait.

« Pour l’appartement ? Mais pourquoi aller se terrer avec cette folle, Lieutenant c’est pas assez bien payer pour avoir ton propre chez toi ? »

La question délicate était là. La solitude convenait à certains. L’absence de paroles, disposer d’une totale liberté dans sa vie privée, ne plus voir ses congénères qu’en dehors de ce refuge plus simplement nommé appartement, était une sorte de Saint-Graal pour beaucoup. Mais pas lui. Aedan n'était pas un réel associable, portant dans ses tripes une véritable haine pour son espèce. C'était les événements, les ricoché dans sa vie, qui avaient fait qu'il lui était plus facile d'être seul qu'entouré d'inconnue auxquels il ne comprenait souvent rien. Mais le silence, le vide, l'absence, n'étaient pas de réels baumes pour lui. Pire que cela, le laisser seul, c'était le lâcher dans le vide, le voir tomber, attendre qu'il touche les profondeurs d'une psyché malmenée depuis l’utérus, et sûrement jusqu’à la tombe. Il avait largement eu le temps de le constater après le départ de sa sœur. En solitaire, il ne s'en sortait pas. La présence des autres lui était indispensable, à condition de connaître ces "autres" autour de lui, et de pouvoir leur sacrifier sa vie, qu’il n’avait ni appris à aimer, ni à estimer. Il s'était fait de rares amis au fils des années passées à Arcadia, mais rien qui ne lui permit vraiment de tenir. Lorsqu'il rentrait chez lui, il n'avait que le vide à veiller, et ses souvenirs à écouter, pour doucement prendre la pente des questions existentielles sans réponse. Se mettre en colocation, c’était ce qu’il pouvait faire de mieux pour lui. Et s’il avait la possibilité d’en même temps pouvoir faciliter l’existence de Leogrimm, tout était parfait.

Pas décidé à s’expliquer, il lâcha du ton ferme et froid de celui qui ne veut pas répondre et ne laissera pas passer une seconde fois la question :

« J’ai mes raisons. »

L’homme accueillit la remarque sans broncher, haussant les épaules en coinçant une cigarette entre ses lèvres, et revint vers lui, passant à ses côtés pour sortir.

« Elle doit être en train de s’assurer que nos « patients » ne pourrissent pas trop vite. Viens avec moi, j’y passe pour aller fumer.
- Merci… »

Aedan le suivit en silence, deux pas derrière lui, répondant aux quelques questions lancées pour donner l’air de la conversation, par des phrases courtes au ton assuré et sec, mais qui pourtant provoquer dans son crâne un mascaret de panique et de maladresse. Il compartimentait tout pour ne pas se perdre dans des relations humaines trop complexes pour lui, puisque trop vicieuses, mensongères, ennemis, et les situations où il ne savait plus sur quel registre jouer, personnelle ou professionnelle, le mettaient en panique. Comme à l’instant : lieu et personnes professionnelle, pour un sujet clairement personnel.
L’homme s’arrêta devant une porte à double bâtant bleue, la poussant de l’épaule pour le laisser entrer.

« Voilà, elle doit être là… »

Le lieutenant eu à peine le temps de souffler le moindre « merci » avant que l’homme ne reparte, pressé par le besoin de tabac. Il passa silencieusement la porte, avant de se rappeler qui il allait voir, et de refermer le battant dans un claquement assez sonore pour se signaler. Leogrimm avait un effet caméléon à la morgue : aussi pâle que les murs, un myope aurait sûrement pu ne pas la voir, mais lui ne rata pas sa petite silhouette, debout à côté d’une table d’opération, une blouse tentant vainement de rivaliser avec le blanc de sa peau sur les épaules.

« Bonjour Lune... »

Il ne prit pas réellement la peine de se présenter. Les voix étaient des visages pour elle, et il ne se serrait jamais prit à sous-estimer sa capacité à les différencier.

« Vous allez bien ? »

Il baissa malencontreusement les yeux sur le cadavre prêt de la femme, grimaçant en voyant une partie du front défoncé.

« Qu’est-ce qu’il lui est arrivé ? »
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Truth is in your eyes - Dim 13 Oct - 23:23

Elle avait toujours été exigeante, envers elle-même mais surtout envers les autres. Elle avait vu trop d'horreur et de misère dans les yeux des Hommes pour faire encore confiance à qui que ce soit. Ils avaient été une petite dizaine à répondre à l'annonce, cherchant un refuge sûr pour se loger, simplement pour vivre. Mais rien n'était assez bien pour Lune. Aucun d'entre eux. Elle avait sentit leur regard sur elle, certain s'étaient fait des idées en s'imaginant devoir jouer les nourrices d'une pauvre handicapé sans saisir que Lune était autonome et de très loin. Et puis son caractère exécrable n'avait aider en rien, sauf pour chasser ces idiots. Là, ce fut une totale réussite. Alors la solitude se poursuivait, jour après jour, l'annonce avait fini par ne plus attirer personne, l'espoir avait fuit mais peut-être pas définitivement.

L'homme allongé sur la table avait eu le crâne défoncé, probablement par un objet contondant. Ici c'était d'une banalité affligeante, certain corps arrivaient dans des états pire que cela, certains ne pouvaient être identifié que par leur ADN. C'était sans aucun doute le lieu le plus sinistre de l’hôpital malgré ses éclairages particulièrement pâles et soutenus. Et derrière l'odeur des désinfectant hospitalier régnait une bref odeur de mort que l'on tentait de camoufler sans vraiment y parvenir. Lune, dans ce décor moribond, semblait tout à fait à son aise. Elle était là, immobile, sa main glissée dans celle du cadavre. L'image aurait pu paraître choquante, perturbante, même irréelle. Alors quand la double porte s'ouvrit, brisant ainsi le silence, la jeune femme se contenta de relever le visage et de retirer sa main lentement. Si elle avait perdu ses yeux, son nez et ses oreilles eux, fonctionnaient à merveille. La voix qui s'annonça fut reconnaissable dès les premiers sons qu'elle émit et l'assistante médicale se contentât de pivoter doucement du haut de ses escarpins pour faire face à la silhouette impressionnante d'un homme, qu'elle ne pouvait voir.

« Lieutenant Fitz... »

Déduis la femme d'une voix traînante, presque mielleuse alors que son faciès restait fermé à toute expression. Si lui l'appelait par son prénom sans la moindre hésitation, c'était une familiarité qu'elle ne pouvait pas se permettre.

« Voilà un moment que vous n'étiez pas venu dans nos services. »

Ajouta t-elle simplement, la voix toujours doucereuse. Alors qu'il ne tarde pas à la questionner sur le macchabée à ses côtés, l'aveugle se contente de saisir le draps et de le tirer, cachant le morbide spectacle qu'offre le mort puis repousse la plaque qui lui fait office de support. En l'espace d'un instant, elle referme l'enclos, cette sorte de frigo où seul un numéro de série est affiché.

« C'était un SDF. Un John Doe. Pas de papier d'identité, pas d'argent, rien... Il a été trouvé dans cet état dans une ruelle... Si la cause de la mort est évidente, les raisons elles, restent pour le moment, un pure mystère. Et de ce fait, fait de lui un cas non prioritaire.»


La femme se détourne des frigos pour cadavre tout en enlevant la paire de gants blanchâtre de ses mains et de les laisser tomber dans la poubelle la plus proche. Bien qu'elle était privé de la vue, elle semblait se mouvoir dans la salle comme si de rien n'était. C'était un fait, elle savait où elle mettait les pieds, le nombre de pas qui séparaient chaque élément de l'endroit. C'était comme un second chez-soi ici.

« Mais je suppose que vous n'êtes pas là pour le travail, lieutenant. Il y a un moment que nous n'avons pas eu le... plaisir... » elle insiste sur le mot comme un serpent persiflant. « De travailler en votre compagnie. Nous n'avons aucun dossier en cours avec vous... Peut-être avez-vous besoin d'information en particulier ? »

Elle n'a même pas prit la peine de répondre à sa question. Allait-elle bien ? Qui sait, Lune se contentait d'être égale à elle-même et c'est bien pour cela qu'elle ne lui retourna point la politesse. La jeune femme croisa les mains devant elle, s'affichant avec un port altier, les jambes serrées. Elle était seule pour le moment, le médecin légiste de garde avait été appelé sur une affaire en ville.

« Venez, allons dans le bureau, je vous prie. »

Une fois de plus, elle pivote, un mouvement mécanique et presque déshumanisé. Pendant un instant seule le bruit de ses talons aiguilles brise le silence ambiant avant qu'elle n'ouvre la porte qui mène à la pièce adjacente. L'endroit était bien plus petit, plus chaud cependant, parfaitement entretenu. Lune s'approche du meuble le plus proche, effleurant la plante verte qui fait office de décoration puis s'empare d'une tasse propre près d'une cafetière pleine et dégageait une bonne odeur de café. Elle se sert, là encore, dans le silence, machinalement, sans même renverser une goutte. Beaucoup se demandait d'où lui venait cette précision sans même réaliser que ce n'était là, que des petits gestes du quotidien, une mémoire musculaire, une vulgaire habitude. Sans même regarder, on savait quand s'arrêter. Point. Elle contourne le bureau et vient s'asseoir avec lenteur et grâce sur son siège, déposant la tasse devant elle. Lune prend son temps, visiblement peu soucieuse de savoir si le lieutenant était quand à lui pressé par le temps ou le travail. Le fauteuil grince, elle croise les jambes puis prend la parole, désignant la chaise à l'autre bout du bureau.

« Lieutenant, prenez place. Et n'hésitez pas à vous servir un café si vous le désirez. » Pause, elle attend, ses yeux blancs tournés droit vers lui. « Maintenant, si vous m'expliquiez ce qui me vaut l'honneur de votre présence ici ? Je suppose que ce n'est pas pour échanger des banalités... »
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Truth is in your eyes - Sam 2 Nov - 2:26

Truth is in your eyes
"Nous nous promenons dans notre éternelle solitude
une aiguille pour balancier"
Aedan ne retient pas le léger sourire qui releva doucement ses commissures dans un sourire éternellement dans la retenue, à l'entente de la voix indolente de Lune. Elle était pour lui lié à un travail, certes macabre, mais efficacement effectué, et dans lequel il lui était possible de venir se réfugier lorsque sa vie lui échappait ou le dépassait. Soit depuis que sa sœur avait disparue. Il s’approcha un peu plus d’elle en prenant soin de laisser assez résonner ses pas pour qu’elle puisse le situer dans la pièce, sa main libre dans la poche de son blouson de motard, l’autre maintenant fermement son casque contre sa cuisse. Tout dans la façon de communiquer avec Lune était contraire à la danse mimétique qu’il effectuait en permanence avec le reste de ses congénères. Là où il cherchait sans cesse à être silencieux, il devait devenir bruyant, et les contacts qu’il fuyait étaient le seul moyen de communiquer concrètement avec la femme. Mais au moins échappait-il à ces regards disséqueurs qui lui donnaient l’illusion de scalper sa chaire, et d’en écarter les pans pour trouver ce qu’il y avait de plus inavouables en lui. Le lieutenant vint s’immobiliser à un pas d’elle, un sourire instinctif et inutile ou pointait timidement la sincérité rehaussant ses lèvres charnues sous la barbe.

« A peu près deux mois... »

Lâcha-t-il d’une voix légèrement rauque. Deux mois qu’il n’avait pas eu à s’occuper d’un meurtre, règlement de compte ou réalisation d’un fantasme morbide, retenu dans un cœur gangrené qu’on n’avait pas assisté à temps. Son temps avait été prit par la traque d’un homme de la Bratva, et des visites sulfureuses dans une chambre du Red Lantern, qui avait finit par payer, quand bien même il ne s’était pas fait d’amis dans cette histoire. L’odeur de la morgue ne lui avait pas manquait – la mort ne lui manquait jamais –, contrairement à la femme orbitant autour.

Penchant légèrement la tête pour observer le jeu d’ombre et de lumière se traçant sur le drap au fur et à mesure que Lune le ramenait sur le visage du macchabée, le lieutenant se redressa en voyant la femme repousser au fond du réfrigérateur mortuaire, le cadavre allongé sur sa plaque de métal, évitant de justesse l’épaisse porte qui frôla son biceps quand elle la referma. Il hocha la tête avec un court et grave marmonnement de concentration, ses sourcils imperceptiblement froncés durcissant le reflet au milieu de ses iris gris. Le Lieutenant n’était pas du genre à prendre la défense de ses collègues quand ceux-ci ne se montraient pas à la hauteur des libertés qu’offrait leur travail, comparé à un citoyen lambda. Et s’il reconnaissait qu’ils avaient tous été débordés depuis l’épidémie, il ne tentait pas non-plus de se voiler la face, et savait que dans cette ville, le bas de l’échelle alimentaire pouvait bien crever la gueule ouverte dans les poubelles, qu’il n’y aurait que Lune pour leur parler une fois à la morgue, et lui pour leur avoir une pensée en classant leur dossier. Mais il gardait ces pensées là sous l’os de son crâne, ne connaissant personne assez bien pour lui confier toutes les déceptions que lui causait son espèce.

En silence, observant religieusement le plus infime geste dans une attention de proie – grosse carrure sculpturale à jamais bloqué dans le souvenir d’un corps d’enfant –, Aedan la suivit dans la salle, quelques pas en arrière, prêt à partir avec elle si Lune, fantasque, quittait la pièce d’un coup. Son nez léonin se plissa à l’intonation de la femme, éveillant une flammèche de colère en lui, contre elle et contre les autres. En âme rebelle qui fait silence dans une morgue comme dans un cimetière, il luttait pour ne jamais se blaser ou rire de la mort comme le font certains de ses collègues, et Lune à l’instant, repoussant ses capacités d’adaptation voulant épargner des traumatismes répétés à une psyché que les aléas avaient déjà bien esquintés.

« Non, en effet… »  

Lâcha-t-il, sa voix chutant dans des basses rauques, où perçait un reste d’accent irlandais. En restant quelques pas derrière elle, il la suivit jusqu’à son bureau, tournant dans sa tête, en fragment de phrase s’agençant et se déliant, la meilleure façon de lui annoncer qu’il pensait à vivre avec elle. Il y avait une complicité muette et misanthrope entre eux. Des moments où Aedan sentait que l’un comme l’autre ne faisait pas vraiment partie de cette machine, aux dimensions si gigantesques qu’elle en devenait absurde, qu’était l’humanité. Petits rouages un peu tordus et infonctionnels, qui bloquaient tout l’engrenage, se brisant sous la résistance. Il avait surpris des sourires cyniques cachés par une chute de cheveux où un mouvement de tête, d’autres où apparaissait une fossette dubitative sur le menton rond et lisse de Lune – qu’il avait finit par traduire comme une façon froide d’exprimer son désaccord on son mépris quand elle ne pouvait se le permettre, hiérarchie obligeant – dans des situations où lui-même serrait les dents. Et il savait qu’ils avaient des personnalités compatibles, au moins capables de se supporter ; Être les meilleurs amis du monde n’étaient pas nécessaire,  l’un comme l’autre voulait juste pouvoir sentir une présence humaine prêt d’eux, entendre d’autres pas que les leur sur le parquet. Ce dont il doutait plus, c’était l’idée que ce faisait Lune d’une colocation avec un collègue, et de la tendance qu’il pourrait avoir avec elle à la déformation professionnelle, qui semblait être sa marque de fabrique.
L’anxiété n’était pas sensiblement présente, zootrope en filigrane derrière ses pensées cohérentes à l’instant, alors que l’habitude du travail réorganisé sa psyché qui retournerait à son état de vrac dès qu’il ne serait plus en service. De cela aussi il devrait parler à Lune, avec cette formulation terrible, « je n’suis pas le même homme », qui pouvait si facilement attirer les regards méprisants de ceux qui, paradoxalement, en dissimulaient le plus.

Il referma silencieusement la porte du bureau après être entré, regardant sans un mouvement Lune se servir un café, et vint s'asseoir face à elle, de l'autre côté du bureau. D'instinct ses coudes se plaquèrent contre les accoudoirs, et vinrent se joindre ses doigts devant son torse, enlacement de membres osseux et calleux, abîmés par les armes. Un raclement de gorge rauque fit vibrer son larynx, et sans se donner le temps d'hésiter il commença.

« Je venais pour l’annonce que vous avez passer, concernant la recherche d'un colocataire. J'ai des raisons autres que financières de ne plus vouloir habiter seul,  quitte à faire, je me dis qu'il vaut mieux m'installer avec quelqu'un que j'apprécie... »

Le lieutenant pinça légèrement ses lèvres dans un léger mouvement de barbe, maltraitant avec ses ongles le dos d'une de ses mains en baissant les yeux pour apercevoir le sillage d'abord blanc puis rouge laisser sur son épiderme.

« J'ai... Quelques inconvénients allant d'un chaton aux horaires de travail que vous connaissez plus ou moins... »

Combien de fois était-il arrivé ici en plein milieu de la nuit, les yeux encore collés ?

« Mais avant de venir vous embêtez avec tout cela, je voulais simplement vous demandez si... Vivre avec un collègue, même si un peu lointain ne vous dérangez pas ? »

Finit-il par lâcher, la voix artificiellement essoufflé d'un rire nerveux, en même temps qu'il relevait la tête pour la regarder et scruter sur son visage la plus infime expression, ce fameux plis sur son menton.

@bigsis(ter is watching you)


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Truth is in your eyes - Lun 11 Nov - 17:46

Deux mois. Lune aurait juré que cela faisait plus longtemps. Mais lui semblait avoir une idée très précise de leur dernier entretient. Une bonne mémoire ou bien le petite Astre moribond l'avait marqué plus que de mesure ? Avec tout le travail qu'il s'octroyait, c'était un miracle qu'il parvienne à se souvenir du temps exacte qui séparait leur dernière rencontre. Malgré elle, Lune se permet un bref sourire, flattée. Immobile sur sa chaise, jambes croisées et port élégant, Lune restait là à jaugé les rares paroles du lieutenant Fitz. Il n'était pas très bavard, pas plus qu'elle d'ailleurs. Mais elle avait pour obligation de faire un minimum de conversation avec quiconque passait les portes de la morgue. Savoir accueillir les familles endeuillés, les agent de l'ordre qui venaient pour leur travail... Elle le faisait toujours avec une politesse froide, mettant une distance entre elle et ceux qui venaient fouler le sol froid de la morgue.

« Et donc... ? »

Souffle t-elle avant de tendre la main vers le bureau, saisissant la petite cuillère pour remuer son café. Que venait-il faire ici, si ce n'était pas dans le cadre du travail. Avait-il des griefs contre elle ? Lune était était persuadé de n'avoir jamais rien fait ou dit au lieutenant Fitz qui pouvait suscité un élan de colère à son égard. Il était l »un de ces privilégier qui échappait à sa verve, simplement parce qu'elle l'estimait. Lui, plus que bien d'autre. Si la femme semble détendu dans son fauteuil, elle parvient à sentir la nervosité chez son comparse. Elle ne le voir pas, ignore tout de son visage, ne connaît de lui que sa voix... mais cette nuit, parce qu'il n'était pas là en sa qualité de lieutenant, sa présence était radicalement différente. Il avait cette aura nettement moins charismatique, le genre que Lune piétinait du haut de ses talons aiguilles et de son charisme effrayant. Alors quand Aedan lâche la raison qui le pousse à cet entretient nocturne, la femme se fige.

Pardon ?

Un rire nerveux et soufflé lui échappe. Avait-elle bien entendu ? Le lieutenant Fitz répondait à sa demande de colocation ? Elle s'était attendu à beaucoup de chose mais certainement pas à cela. Lune se contente de baisser le visage un instant, le temps de lever sa tasse à ses lèvres pour savourer une gorgée de café brûlant. L'amertume de la boisson éveille ses papilles et éloigne la pensée que Fitz lui faisait une mauvais blague. Ce n'était clairement pas le genre du bonhomme. Pourtant...

« Quelqu'un que vous appréciez.... »

Répète Lune d'une voix faible mais glaciale. Il se payait sa tête ? Elle relève le visage, expression fermée, presque agacée alors qu'elle repose sa tasse sur le bureau lentement, mais sèchement. La chaise grince un court instant alors que la femme la fait pivoter pour se lever. Parfaite reine des glace vêtu d'un tailleur sur mesure, elle contourne doucement le bureau, revenant au meuble qui supporte la machine à café.

« Bien, commencez par ne pas m'offenser en refusant le café que je vous ai proposé, ensuite nous discuterons. »

Elle saisit une tasse propre, toujours avec cette dextérité qui pousse à se questionner sur son handicape. De sa main libre elle prend la cafetière, laisse s'écouler la boisson jusqu'à moitié de tasse et pivote. Elle revient lentement, prédateur aux aboies, chaque gestes lents est calculé alors qu'elle se penche par dessus l'épaule du lieutenant pour lui tendre la tasse, soufflant à son oreille.

« Votre café, lieutenant. »

Le supplice qu'elle lui inflige ne dure pas, elle se redresse et contourne le bureau une fois de plus pour revenir à sa place. Elle s'enfonce dans son fauteuil, ses yeux morts rivés droit vers lui, donnant cette sensation extrêmement désagréable qu'elle était capable de le voir lui et au travers de lui, jusqu'à son âme.

« J'espère que vous réalisez ce que cela implique de vivre avec moi. Vous n'êtes pas idiot Lieutenant Fitz, vous avez eu trop souvent vent des rumeurs à mon sujets, vos collègues s'entendent d'ailleurs très bien sur le sujet qui concerne ma personne... » Rictus mauvais au coin de ses lèvres pourpres. « Le fait que vous m'appréciez me laisse quelque peu... perplexe. Mais quand bien même cela est-il possiblement la vérité, n'attendez pas de moi que je me comporte comme une douce souris blanche de laboratoire. Je suis dans la vie de tout les jours, comme je suis dans mon travail. De ce fait, soi vous êtes un menteur pathologique, soi vous êtes un masochiste qui s'ignore probablement. Dans les deux cas, j'ai une excellente psychologue à vous conseiller, si besoin. » Instant de silence pesant, elle reprend. « Pour votre chaton ce n'est pas un problème, j'ai moi-même une chatte du nom de Minuit, un peu de compagnie ne lui fera ps de mal. Vos horaires ne sont absolument pas un problème pour moi, après tout vous savez que mon service ici est exclusivement de nuit. Les corvées ne devraient pas être un problème, j'ai une aide de vie qui vient deux fois par semaines à la maison pour se charger du ménage bien j'insiste pour faire la grande majorité de mes corvées moi-même. Je ferais votre lessive avec la mienne, vos repas avec les miens. Le petit déjeuné est à sept heure le matin sauf le week-end. Je confectionnerais vos repas pour le travaille en même temps que les miens, pour le mien. Vous êtes libre d'aller et venir à votre guise, j'impose cependant une condition. » Ses ongles manucurés viennent tapoté le bureau. « Je n'accepte aucune forme de coïte dans ma maison. J'ignore si vous avez quelqu'un dans votre vie ou non, mais mon appartement n'est pas baisodrome, lieutenant. Je ne veux pas avoir à laver vos draps pleins de sueur et de votre semence ni même avoir à entendre le moindre couinement de plaisir ou de grincement de sommier. Suis-je assez clair ? »

Dans un long soupir, elle vient ouvrir le tiroir du bureau et en sorte une chemise cartonné qu'elle dépose vers Aedan, la faisant glisser sur le bureau.

« J'espère que vous avez mûrement réfléchis avant de venir ici... » Elle dépose lentement un stylo sur le dossier cartonné. « Vous pouvez encore vous retirer Lieutenant, je n'en prendrais pas ombrage. Mais vous décidez tout de même d'être mon compagnon du quotidien... Eh bien... Vous n'avez plus qu'à signer ces documents. »

Son ton se fait mielleux alors qu'un nouveau sourire étire ses lèvres. Lune donnait l'atroce sensation d'être le Diable avec qui l'on s'apprêtait à signer un contrat pour vendre son âme.
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