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I always wanna die sometimes - Asbjörn

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I always wanna die sometimes - Asbjörn - Mar 23 Juil - 21:13


I ALWAYS WANNA DIE SOMETIMES
FT. ASBJÖRN ϟ ARIEL

I KNOW YOU WANT ME THE MOST. WANT ME IN AN ALTERED STATE. I'VE BEEN SLEEPING WITH GHOSTS AND I SWALLOW MEDICATION YOU SHOULD KNOW. STRIKE A MATCH AND WHISPER MY NAME. SPEAK IN TONGUES BEND ME 'TIL I BREAK. AND I'M GIVING IN TO YOUR FEVER TOUCH. LET IT ALL BEGIN WHEN THE FIRE STARTS. AND THE MEMORIES ARE FILLING UP WITH SMOKE. YOU'LL REMEMBER ME AND I START TO CHOKE. THIS SWEET INTOXICATION SHAKES MY SOUL. YOU'RE THE DARKNESS IN ME.



J’ignore ce qu’il t’a pris ni ce que tu lui as dit mais il n’a pas aimé ton départ précipité. L’offre tient toujours cependant, il reviendra demain, à la même heure et compte sur ta présence cette fois.
Ariel, tu vas bien ? Rappelle-moi quand tu auras ce message, je m’inquiète.

Bruits de fond parasites sur la ligne, attend un instant, une inspiration et les sons se taisent. Fin du message, l’index se pose sur l’écran et coupe l’appel. Machine posée sur le lit qu’il regarde d’un œil éteint, sans vraiment la voir. Le visage gravé dans un marbre de tristesse, sa peine déborde et se dégueule du fond de ses yeux trop brillants, aux coins des lèvres maintenus dans l’esquisse d’une expression qui se veut neutre. Celle qu’ont les gens qui luttent avec eux-mêmes, s’échinent à maintenir l’illusion quand ils sont en train de perdre véritablement pied.

Il se détourne du lit pour s’approcher de sa commode. Enlève une à une ses bagues et les posent sur le meuble, en un cérémonial étrange, chacune à sa place et pas à côté. Ca le détend un peu, de s’obstiner à ranger comme il le fait. Les boucles d’oreilles ensuite, dans leur boite. Ses colliers lourds de strass qu’il pose à plat, aligne les pierres et se perd un instant dans la contemplation des cristaux brillants sous les reflets fébriles de la lampe de chevet dans son dos. Poupée d’or, scintillante au gré des attentions. Certains ne sont que du toc, des faux qu’il collectionne à la manière d’une diva bas de gamme. D’autres sont vrais, pas beaucoup, assemblages de pierres précieuses hors de prix qu’il s’est offert avec gourmandise. Maintenant qu’il les caresse du bout des cils, ses trésors, Ariel n’est pas certain de pouvoir dire lesquels sont vrais des autres. A quoi bon, ça n’a plus de sens à présent. Il soupire et enlève ses chaussures, rétrécit de quelques centimètres quand les pieds quittent les semelles compensées pour toucher le sol. Top résille, transparence quadrillée au reflet noir qu’il laisse tomber en boule à terre sans un regard. Nouveau demi-tour, la seconde peau de son pantalon aux allures de collant bizarre glisse contre les courbes, entraîne les chaussettes dans son sillage et rejoint l’autre morceau de tissu sur le tapis.

Pieds nus en silence sur le parquet, il tourne en rond, main perdue dans les boucles à les entortiller autour de son index, le souffle dérangé et de légers tremblements grignotant ses membres. Les pupilles dérivent et chavirent, se posent sur les lettres trônant sur le lit, en appui contre les flancs du lama en peluche de son enfance. Une pour sa mère, l’autre pour son frère. Les derniers mots d’un être aux forces fragiles, ceux qui blessent et détruisent, les réponses aux questions qu’ils se poseront quand il sera trop tard. Il renifle et se détourne des enveloppes, ferme les paupières et retient sa peine dans un hoquet fébrile. Décision prise sur le chemin du retour, il se surprend à hésiter encore un peu. Petite voix de l’oupyr contre ses tempes qui refuse, lutte pour empêcher la fatalité de les toucher tous les deux. Elle n’y peut rien, l’humain est fragile mais la détermination entrave doucement le cœur jouant sa dernière symphonie.

Petit détour dans le tiroir du bas de sa commode. Boite en carton contenant tous les cahiers qu’il remplit de ses peines, ses joies et ses pensées depuis l’adolescence. C’est le troisième qu’il prend entre ses doigts, feuillète les pages et en extirpe son douloureux trésor. Remise en place dans son écrin de bois qu’il referme doucement, Ariel se relève et jette un dernier regard à sa chambre. Boule au ventre et dans le fond de la gorge, poids lourd dans la poitrine et ça cogne plus fort lorsqu’il sort de la pièce sans y éteindre la lumière. Petit fantôme dans le manoir désert et silencieux, en funambule jusqu’à sa destination.

Porte close qu’il n’a jamais fermée de sa vie, l’écorce de bois sacré brûle et distille sa fumée suave, se mélange aux volutes de vapeurs embaumant l’air ambiant. L’odeur entêtante apaise le cœur, détend le corps immergé dans un lac d’eau brûlante, petit écolo mettant ses idéaux en pause, juste une fois. Baignoire presque trop pleine, sa main effleure la surface pour la troubler de ces cercles qui fascinent, attrapent l’attention le temps de plusieurs battements de cœur. Il a le souffle fébrile Ariel, la respiration malhabile, presque douloureuse de ceux qui s’apprêtent à sauter dans le vide. Pas vraiment de gouffre sous ses pieds, il connait le geste pour l’avoir tant de fois exécuté dans les sombres années de sa jeunesse. Il a peur, il peut la sentir grouiller sous sa peau mais un calme étrange est pourtant en train de prendre son essor dans sa poitrine. Lentement, au gré de l’eau qu’il agite doucement sous la caresse de ses doigts. No tengas miedo que lui disait sa mère le soir avant d’aller dormir, il a sa voix dans la tête en chimère qui appose un léger sourire sur ses lèvres pâles.

Ne fais pas ça… Hésitation de dernière minute, petite voix dans sa tête qui supplie, une autre qui pousse à continuer. La détermination se casse la figure, dans les cassures sur ses traits, son souffle haché et ses cils qui battent la mesure pour retenir ses larmes.
Pourquoi tu gâches tout comme ça ?
Je n’en peux plus, tu verras, ça ira mieux maintenant…


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I always wanna die sometimes - Asbjörn - Dim 28 Juil - 19:38

« - T’as vu ton frère ? » La question familière l’agresse à peine un pied posé dans son bureau. L’antre du fauve où ses employés s'aventurent en général le moins souvent possible, surtout ces derniers temps. Humeur massacrante qu’il inflige à l’ensemble du personnel, odieux à l’extrême. La transfère sur eux pour ne pas affliger davantage celui qui l’a provoquée et qu’il évite comme la peste depuis le scandale. Incapable de savoir comment se comporter avec lui. De surmonter l’humiliation cuisante, l’ego pulvérisé par leurs derniers échanges. Dans tous les sens du terme. « - Non. » Grogne-t-il, lapidaire. Rien à foutre, qu’il a envie d’ajouter par pure bravade. Le cracher à haute voix pour s’en convaincre. Mais rien n’est plus faux et la détermination bancale se disperse en un battement de cils. Conscient qu’elle ne prendrait pas le risque de le déranger, si ce n’était pas important. Qu’elle ne se montrerait pas aussi directe non plus, s’il n’y avait pas urgence. « - Pourquoi, je devrais ? » Les sphères d’acier sondent les prunelles de la prostituée, jaugent son niveau d’anxiété. Toute son attention désormais captée, pendue aux lèvres carmines. « - Il est parti en trombe de sa chambre en pleine passe avec un client, il l’a laissé en plan. Je sais pas quelle mouche l’a piqué mais il avait l’air bouleversé. Il répond plus à mes messages. Je pensais que tu en saurais peut être plus. » La tirade s’énonce d’une traite, en apnée. L’allège d’une part de son angoisse pour la faire peser lourdement sur les épaules du malfrat. Sursaut de panique qui l’électrise de la tête aux pieds. « - Je vais aller voir s’il est rentré chez nous. » Tranche-t-il, sans attendre de réponse de la métisse.

Premier endroit où chercher, le plus évident même s’il sait que le manoir n’a jamais incarné un refuge pour lui. Plutôt une prison austère où il a été maintenu de force. Où il reste pour des raisons certainement plus matérielles que sentimentales. Sale pressentiment qui lui bousille les tripes, rend ses mouvements empressés, saccadés. Le pousse à crier le prénom du cadet aussitôt arrivé, pour n’entendre que l’écho perturbant de sa propre voix. Les pièces du bas sont vérifiées distraitement, à la volée. Il préfère se diriger vers l’étage, grimpe quatre à quatre les marches de l’escalier. Continue d’appeler vainement le plus jeune dans les couloirs. Le pas accélère en distinguant de la lumière dans le repère du rouquin, pour n’y trouver que le fantôme de sa présence. La stupide peluche qui trône au milieu du lit, comme pour mieux attirer l’œil vers les deux missives contre ses flancs. Une pour lui, une autre pour sa mère restée en Argentine. Ce simple constat ébranle et affole le forcené entre ses côtes, fait dérailler toute la mécanique. Une seule aurait pu signifier qu’il était reparti dans son pays. Deux laissent présager le pire. L’enveloppe de la sienne se fait arracher sans ménagement. Les phalanges moites tremblent en dépliant la lettre, froissent rudement le papier. Assemblage de mots qu’il lit sans en intégrer entièrement la portée, la vue qui manque de se brouiller à mesure qu’il avance dans sa lecture. Les palabres se mélangent dans son crâne, tourbillonnent à lui filer le vertige. A sentir son misérable cœur battre jusque dans ses tempes, éponge gorgée de chagrin et de panique. Le tyran abandonne le message destructeur pour fouiller les alentours, avec l’espoir fou que l'amant soit encore dans les parages.

Conviction qui s’accroche plus fort au palpitant quand les arômes fumés du bois sacré s’immiscent au creux de ses narines. Les notes traitresses le guident jusque dans sa chambre, pour se heurter au vide et à la porte fermée de sa salle de bains. Il s’y précipite, l’ouvre brutalement, surpris qu’elle n’ait pas été verrouillée. Les images traumatisantes du suicide d’Ylva qui se calquent sur le moment présent, l’épaule déboitée à s’être cognée encore et encore pour qu’il puisse accéder à elle. Et il est là, le môme. Tout comme elle. Il baigne dans une mare écarlate qui le recouvre jusqu’aux épaules. L’arme du crime abandonnée sur le carrelage aussi blafard que son teint. Vision macabre qui le laisse interdit, le fige de terreur. Pétrifié à l’idée de le perdre, lui aussi. De n’avoir plus que son cadavre à enlacer, et ses yeux pour pleurer. « - Non non non… » Il le souffle en voyant le corps scarifié commencer à disparaitre de sa vue, le mécanisme du caméléon s’enclencher par réflexe. Eveil du don vampirique qui lui donne l’impulsion nécessaire pour rompre la distance de fortune et extirper la frêle carcasse de l’eau sale. L’enveloppe trempée jusqu’aux os est déposée avec précaution sur le lit, allongée en relevant les jambes pour que la circulation sanguine se concentre sur les organes vitaux, un coussin attrapé pour les caler dans la position voulue. Le soulagement qu’il respire toujours balayé par la nécessité d’agir vite.

« - Bouge pas. » Ordonne-t-il, en l’abandonnant à contrecœur pour courir chercher de quoi stopper l’hémorragie, désinfecter les plaies et les bander. Il ne traine pas, vide le contenu de l’armoire à pharmacie avec perte et fracas avant de retourner auprès de l’argentin et de s’agenouiller sur le matelas. « - T’as pris quelque chose Ivar ? » Le timbre nordique grouille d’anxiété, inapte à conserver son calme en dépit de la précision des gestes. Appuie avec les serviettes blanches sur ses blessures, les voit s’imbiber de cruor à une vitesse folle. Désespoir atroce qui le transperce, le fait frissonner de trouille sans qu'il parvienne à se contenir. « - Réponds-moi, t’as pris quelque chose ? » Il attrape durement son menton entre ses phalanges, contraint les rétines azurées à s’amarrer aux siennes. Overdose ratée arrivée jusqu’à ses oreilles et qu’il aurait dû prendre plus au sérieux. Ne pas se contenter de le faire surveiller par ses sbires. Il aurait dû revenir vers lui, le dorloter pour s’assurer qu’il ne recommence pas. Culpabilité terrible qui le ronge déjà comme un poison, s’insinue partout sous la carne. « - Reste avec moi, je t'en supplie. T’es dans cette baignoire depuis combien de temps ? » Forcément moins d’une heure, d’après ses souvenirs d’ambulancier. Vieux réflexes qui restent ancrés, même s’il sème à présent la mort au lieu de l’empêcher de se propager. « - Tu vas avoir besoin de points de suture. » Il acquiesce, Asbjörn, se parle à lui-même pour garder la tête froide. Songe à appeler les secours, sans réussir à se rappeler où il a laissé son téléphone. Apeuré à l’idée d’abandonner son petit frère seul, même l’espace d’une minute. Se persuade qu’il sera plus efficace et renforce la pression exercée sur ses bras, à les broyer tant il insiste.
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I always wanna die sometimes - Asbjörn - Mer 31 Juil - 10:36



Sa vie ratée défile devant ses yeux, paupières closes en écran de cinéma fatigué. Pas toute sa vie, des morceaux, brides étranges s’imbriquant les unes dans les unes pour former un ensemble bizarre. Masse floue aux couleurs vives et délavées à la fois, un mélange amer de tout ce qu’il laisse, ce qui lui échappe comme le sang hors de ses veines. Salon trop chaud où tourne le ventilateur, c’est l’été et pourtant c’est Noël, comme en témoignes les décorations éparpillées sur la table. Confections de papier qui s’envolent au gré des allers retours du ventilateur. Personne dans la pièce, sa mère doit être sortie. Milan est dans la chambre, assis sur le petit lit, le premier amour fracassé par le géniteur. Lars appuyé avec une nonchalance mauvaise contre le mur en face du lit, un trou sanglant contre la tempe. Milan aussi, en plein milieu du front. Il y a un clochard dans la cuisine, gouffre béant dans la gorge où se dégueule des gerbes de sang, une femme avec lui, bas résilles et jupe trop courte, prostituée sûrement, traces de crocs partout sur la gorge. Un type totalement nu sur le canapé enfin, morsure à même le cou. Ses morts, les fantômes de son existence sont tous rassemblés dans l’appartement de sa mère, sous la chaleur de plomb d’une Buenos Aires en plein été. A l’attendre, pupilles vitreuses braquées sur lui, il n’y a que Milan pour lui sourire et tendre la main.

Celle qu’il regarde de toute sa peine, à travers le brouillard de ses larmes. Pourquoi pas. Les doigts se frôlent, tendres, prêts à s’enlacer comme ils ont pu tant de fois le faire par le passé mais quelque chose le retient. Un cri, une voix. Un sursaut dans le fond de sa poitrine à l’agonie, un fracas dans les limbes de son cerveau. La vie, celle qui s‘accroche encore malgré l’écarlate dans lequel il baigne. Humain terrassé par les veines tailladées, il a abandonné mais la créature lutte encore. Ronge avec toute la rage de son désespoir les chairs apathiques dans l’espoir de les voir s’animer à nouveau. Les faire disparaître par réflexe, l’animal blessé préférant panser ses plaies en solitaire quand il serait préférable d’obtenir de l’aide. Un gémissement plaintif et fébrile s’échappe des lèvres pâles lorsque le corps est empoigné, extirpé de son cercueil aquatique. Il souffre dans tous les fibres de sa carcasse, le moindre frôlement est un supplice, milliards de lames pénétrant la peau, taillant de l’intérieur. Respirer en ultime châtiment, les poumons s’épuisent dans une cacophonie sifflante, à peine la poitrine qui se soulève tant elle semble épuisée elle aussi.

Un éclair de douloureux fulgurant lui explose dans le bras, poignet mutilé qui hurle sous l’injure qu’on est en train de lui faire subir. Tout le corps secoué de spasmes incontrôlés pour répondre au stimulus gênant. Et un soupir, fébrile, comme les paupières qui s’ouvrent brusquement et se referment presque aussitôt. Incapable de garder les yeux ouverts, l’effort est trop important. Couine à nouveau aux doigts agrippant son menton, les yeux mi-clos plantés dans ceux de l’aîné, ciel de ses pupilles voilé par la fin qui s’approche. « - Non… » Pas cette fois. Désespoir dans ce simple mot, poids de sa peine et du calvaire qu’il vit depuis si longtemps qui s’agrippe aux quelques lettres. En espagnol, le cerveau vide de fioritures, Ariel en retour aux sources comme si plus rien ne se baladait vraiment dans sa tête.

« - Mes doigts sont fripés… » Comme pour témoigner du temps passé dans l'eau carmine. Presque à sourire, les doigts de sa main valide bougent, à peine, aux couleurs du tissu sur lequel ils sont posés. Ariel disparaît, métaphore sublime pour illustrer la vérité qui est en train de se jouer. A la dernière goutte de sang versée contre les pansements, il n’existera tout simplement plus. « - Me retiens pas s’il te plait… » Articule finalement, la supplique de celui qui n’en peut plus. Au prix d’un effort colossal, il lève sa main pour venir la poser doucement contre la nuque de son frère. Voir sa peau prendre la teinte de celle de l’aîné, et esquisser un léger sourire avant de battre des cils et fermer les paupières. Trop fatigué. Chaleur sur ses doigts froids, ça lui fait du bien. Sérénité étrange venant se glisser sur ses traits, le visage pâle d’un môme prêt à s’endormir sans angoisses, rassuré de ne pas être seul cette fois pour affronter sa mort. Un léger soupir lui échappe et la pression contre l’échine s’amoindrit. Derniers battements de cœur déliant le corps de ses tensions, la mécanique de camouflage arrêtée dans sa course devant la faiblesse de l’engrenage principal.

Latence morbide suivant la fin de l’agonie, cet entre-deux étrange où plus rien n’existe vraiment. A peine conscient, ça mord dans son ventre. Les griffes empoignent à nouveau le cœur, comme la première fois. Pressent si fort qu’il en hurlerait s’il le pouvait, englué dans son linceul chimérique, rien ne franchit ses lèvres. Les doigts agrippent pourtant, s’enfoncent durement dans la chair, nuque qui ploie sous la force soudaine du geste. Celui envoyant le corps du géant vers l’avant, l’approche soudainement du petit cadavre trempé. Lui qui s’éveille dans un sursaut mauvais, les crocs se plantent dans la gorge une fois la cible suffisamment proche. Bestial. Violent. Lâche, si tu pensais que j’allais te laisser faire. Claque la petite langue de l’infâme créature entre les tempes, celle qui lèche, avide, les plaies creusées par les canines toujours enfoncées dans la peau. Entaillent méchamment la carne pour que pulse le sang sur sa langue, flot carmin qu’il avale goulument, à entendre son cœur battre si fort contre ses côtes qu’il en gémit. Secondes à la saveur d’éternité, et tout s’arrête. La morsure, le sang dans sa trachée, les doigts sur la nuque, il relâche sa prise et s’effondre piteusement sur le matelas. Halète à la manière d’un coureur en fin de course, peine à respirer quand ses doigts viennent s’enrouler autour de son cou en une vaine tentative de faire entrer l’air. Griffer la cicatrice et la rouvrir pour que s’insinue l’oxygène manquant.

Les entailles béantes de son poignet mutilé se referment doucement, redonnent au tatouage son allure originelle. Le corps retrouve peu à peu sa teinture initiale, les couleurs affluant contre les joues. Ariel refuse seulement de regarder en direction de son frère, du massacre qu’il vient de produire sous le joug d’un instinct féroce ayant supplanté ses véritables désirs. Vivre plutôt que mourir. Revenir à la case départ d’un enfer qu’il voulait quitter. De tout son être, de toute son âme. Constat terrible pesant sur sa poitrine comme une enclume, ses mains tremblent et il vient alors plaquer ses paumes sur son visage. Cache ses yeux et presse contre ses paupières. Carcasse tremblante comme une feuille, la peau mouillée a froid, les dents claquent. Et il craque. Fond en larmes, terrassé par son impuissance. Rage au ventre, désespoir insolent, ça se marre dans son crâne. L’infâme bestiole, fière de son geste. De leur survie à tous les deux. L’odeur du sang qui emplit ses narines le rend malade, il n’y a qu’elle qui semble exister dans la pièce, sur sa peau.
T’avais pas le droit de décider pour moi…
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I always wanna die sometimes - Asbjörn - Lun 5 Aoû - 20:15

Me retiens pas s’il te plait… Douloureuse à dire comme à entendre, la supplique martèle l’oreille, écartèle la cage thoracique. Etire les pans écarlates et emprisonne le maudit palpitant entre ses griffes funestes. La complainte étouffe le misérable organe de détresse, lui laboure cruellement les entrailles. Il voit son frère disparaitre sous ses prunelles, englouti par une marée de désespoir. Et l’océan en personne n’y peut rien, n’est pas assez puissant pour garder à la surface la sirène lasse de se faire déchiqueter par les récifs acérés. Condamné à la contempler se noyer, se fondre dans l’obscurité. Les paupières se referment sur le néant, crépuscule vermeil où s’éteignent les dernières lueurs du jour. Il en tremble, frémit au contact des doigts gelés contre son cou. Si proche et pourtant si loin. Le môme lui semble déjà hors de portée, déterminé à se laisser couler. Quelques minutes d’avance sur la mort d’Ylva mais trop tard pour empêcher la tragédie de s’accomplir. Une fois de plus. Une fois de trop. Il sait d’avance qu’il ne survivra pas à la perte du cadet. N’a pas la moindre envie d’appartenir à un monde dont Il ne ferait plus partie. Ne dispose pas du courage nécessaire pour endurer une telle perte. Surmonter le trépas horrible de sa fille et de sa première femme tenait déjà du miracle. Il n’est pas prêt à réitérer l’exploit. Des deux, l’argentin a toujours été le seul à être fait pour la vie. Celle qui palpite dans les veines, pétille et irradie les pupilles d’un éclat magnifique. Soleil brûlant assigné à des contrées austères depuis trop longtemps pour que des dégâts ne soient pas à déplorer. Effroyables mais pas irréversibles, Asbjörn en est persuadé. « - Me fais pas ça. » Il le souffle avec désespoir, égoïsme aussi sans doute. Unique argument qu’il peut invoquer pour espérer le retenir sur le moment. L’arracher des limbes au réconfort traitre. S'oblige à utiliser sa langue natale en faisant fi de son accent à couper au couteau. « - Me quitte pas… » Le timbre chevrote, trébuche sur les sanglots qu’il ravale d’un raclement de gorge. Perles salées au bord des cils qu’il ne s’autorise pas à laisser glisser.

Pulsion de vie contre pulsion de mort, c’est le corps entier qui se retrouve projeté vers l’avant. Sa nuque prise en étau, ramenée violemment vers le vampire. Poigne de fer suffisante pour faire ployer le géant sans une once de résistance. L’instinct de survie en berne alors que les crocs se plantent férocement dans la chair affable. Transpercent l’armure fragile et font rouler les perles pourpres contre la langue. La douleur se veut fugace, éphémère pour ensorceler la proie. L’ainé se fond dans l’étreinte vorace, râle contre l’épiderme. S’accroche au bras mutilé comme unique appui. Habitué à ce que les canines s’enfoncent au creux de sa trachée, récoltent l’ichor salvateur. Rituel néanmoins plus sauvage qu’à l’accoutumée, manque de contrôle qu’il sent poindre sous la carne. La volonté implacable de la sangsue avant celle de l’humain. Les quenottes qui insistent, saccagent. Font palpiter l’hémoglobine à une distance infime de la carotide, épargnée par l’oupyr. Ses forces le quittent, se transvasent dans la maigre carcasse. La créature se gorge de cruor jusqu’à l’écœurement puis le relâche, retombe lourdement contre les draps souillés.

Il reste à genoux comme un imbécile, pose sa main sur la blessure par réflexe. Les gouttes carmines maculent l’ivoire. Couleur rubis en parfait contraste avec sa blancheur livide. « - Ivar… » Le murmure plaintif s’échappe alors que le rouquin se recroqueville en position fœtale. Les plaies béantes se referment, effacent les traces grossières de la lame. Annulent la tentative d’annihilation en quelques secondes. Le suicidaire se replie sur lui-même, les membres tiraillés de frissons intempestifs. Et la digue cède brutalement, explose en un torrent de larmes. Evacue la tension à son paroxysme, le chagrin qui redouble sous la morsure du froid. La vision terrible lui lacère l’échine alors que le gosse n’en finit plus de grelotter, comme en proie à une fièvre dévastatrice. Destructrice, impitoyable, sa souffrance piétine allègrement les débris de son pitoyable myocarde. Les pulvérise littéralement. Il sort finalement de sa torpeur, abandonne son immobilisme pour fouiller dans les placards. Se charge ensuite de frictionner l’enveloppe meurtrie avec une serviette ample, s’efforce maladroitement d’essuyer les trainées d’eau.

« - C’est rien. » Qu’il répète comme un mantra pour qu’il s’apaise, méthodique dans sa tâche. L’anatomie à peu près sèche, il l’enroule dans une couverture extirpée de l’armoire comme on recouvrirait un objet fragile de papier bulle. Le contraint à s’emmitoufler dans la protection moelleuse avant de s’allonger à ses côtés sur le matelas. Se rapproche doucement de son amant et l’entoure de ses bras puissants. Tente de calmer les pleurs intempestifs du mieux qu’il le peut, captif de la chaleur de son torse. Tambour battant entre ses côtes, à lui donner la migraine. Angoisse latente qui refuse de se calmer. « - C’est pas ta faute, ça va s’arranger maintenant. » Il le chuchote avec conviction, répond sans réellement s’en rendre compte à sa lettre d’adieu. Jamais de la faute du gamin, toujours de la sienne. Lui qui a largement sous-estimé la vulnérabilité du plus jeune, sa capacité à encaisser l’atroce punition. « - Je te le promets. » La pression autour du corps s’accentue, renforce la prison de chair. Ses lèvres viennent se poser tendrement contre son front et ses phalanges enserrent sa taille délicate. Animé par le besoin viscéral de le consoler, de chasser la brume des azurs adorés. « - Pardon. » La fatigue alourdit ses muscles, écrase durement ses vertèbres. Les remords pèsent sur ses épaules comme une chape de plomb. Les vestiges horribles du cadavre de sa femme hantent la rétine, s’y superposent. Menacent de le tétaniser. Il peut presque sentir les courbes polaires contre ses paumes, tout contre lui.
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I always wanna die sometimes - Asbjörn - Ven 9 Aoû - 20:27



Ivar… La plainte lui écorche les tympans, supplie et injure tout à la fois, il gémit en guise de réponse. Renifle et s’écroule un peu plus, incapable de rester de marbre devant le surnom qui lui lacère la poitrine à chaque fois qu’il l’entend. Parce qu’il exècre sa véritable identité, parce qu’il n’y a que son frère pour encore prétendre pouvoir le nommer ainsi et faire chavirer son cœur. Battant à tout rompre contre les côtes alors qu’il s’apprêtait à se taire pour de bon, le constat est terrible. Un échec de plus qui s’ajoute à la liste de tous ceux jalonnant sa vie. Arrête, tu voulais pas y rester non plus, je nous sauve à chaque fois et tu pleurniches à chaque fois. Grandis un peu. Il est déjà trop adulte Ariel, propulsé trop vite dans ce monde déroutant qui lui a fait peur lorsqu’il en a aperçu les contours immondes sous les attentes du géniteur. Rester gamin, c’est sa sécurité, une bouée en pleine tempête à laquelle il se raccroche pour ne pas sombrer. Se couler jusqu’au fond, il le voulait pourtant, sentir l’air manquer dans ses poumons gorgés d’eau, suffoquer et se changer en statue de sable dans les fonds troubles de son monde aux couleurs folles.

Le corps secoué de frissons sursaute tout entier au contact de la serviette. Peur panique fusant sous la carne froide, les muscles se crispent en réflexe et plus la voix entêtante lui répète que ce n’est rien, plus ses pleurs s’affolent. Rappel douloureux de cette mère qu’il a laissé derrière, elle lui répétait ça après chaque cauchemar, quand il tombait et s’écorchait méchamment les genoux. Le prenait dans ses bras pour le bercer avec toute la douceur du monde. Un peu ce qui est en train de se passer à présent, la couverture contre sa peau pour l’enrouler dans un étau de douceur. Un hoquet s’échappe de ses lèvres aux perles écarlates qui s’y accrochent encore. Et la tension se défait un peu sous l’étau des bras qui l’enlacent. Les mots sont des poignards, lui transpercent le corps dans son entier, martèlent son crâne pour le secouer de toute leur force. Injures qui se prononcent et qu’il ne peut pas accepter, ils ne parviennent pas à le calmer. Font redoubler sa crise, violente à le faire suffoquer, dans ces relents d’angoisse infinie qui le clouent parfois dans les remous de son propre lit. Prisonnier de sa chair sans pouvoir en sortir. Le visage trempé de larmes s’enfonce dans le cou du frère, ses doigts s’agrippent avec hargne au col comme s’il était sur le point de sombrer et cherchait à tout prix à éviter la chute assassine.

Lèvres contre sa peau, tendresse de l’étreinte qu’il ne mérite pas, l’égoïste. La créature perçoit les battements contre lesquels ses poignets s’appuient, la fatigue envahissant l’enveloppe du géant. Le sang qui perle encore, celui que la petite langue vient récupérer dans un mouvement de museau fébrile. Instinct écœurant, cautériser la plaie ou au moins se donner la sensation de le faire une fois le dernier rubis contre son palais. Doucement les hanches se coulent contre celles de l’ainé, les pleurs s’apaisent jusque ce que le calme retombe dans la pièce. A peine troublé par son souffle encore fou, les reniflements fébriles pour ravaler toute la détresse qui continue de peser sur ses épaules. Asbjörn si proche, prisonnier de ces bras qu’il était persuadé de ne plus jamais retrouver. Ce n’est qu’un intermède dans cette douloureuse traversée du désert instaurée entre eux. Un réconfort éphémère dont la fin arrivera bien trop rapidement. L’effraie tant il n’est pas certain de pouvoir supporter un retour à la case départ. D’être seul à nouveau dans un univers qui n’a été le sien que lorsque l’ainé en est l’astre principal.

Le calme après la tempête, celle qu’il sent encore gronder sous sa peau. Les doigts se cramponnent toujours au tissu, jouent avec comme le ferait un môme. Il inspire, une première fois, s’emplit les poumons et la tête de l’odeur de son frère. Paupières closes pour savourer l’instant, le graver dans sa mémoire comme tous ces moments interdits qu’ils ont pu passer ensembles depuis l’aube de leur relation impure. Seconde inspiration, puis une troisième pour rassembler les miettes de courage avant de se jeter à l’eau. Dans l’océan maussade et dangereux des secrets crades de son petit monde. « - Toute ma scolarité, j’ai été harcelé moralement… Et physiquement. Je vois un psy depuis mes dix-sept ans qui me prescrit des cachets. Moins depuis que je suis, ça, mais j’en prends toujours. » Petite voix fragile aux accents douloureux qui s’y accrochent. Pas totalement rétabli même si l’illusion est parfaite, sa souffrance reste vivace dans le fond du cœur.

Et ses doigts ne se serrent que plus fort contre le col, visage prisonnier dans le creux du cou, vouloir s’y fondre et y disparaître.
« - Avant de partir en Argentine, l’année dernière, on m’a fait venir à une fête sur les docks. J’ai été drogué… Et j’ai… Ils m’ont… » Le mot assassin s’étrangle dans sa trachée. La mémoire ne se souvient pas, trafiquée pour oublier, mais le corps s’en rappelle. Sévices traumatismes refoulés dans les contreforts de sa psyché. Petit silence au tempo cogné dans la poitrine, petit corps qui bouge contre celui du géant, s’y coule du mieux qu’il peut afin de faire disparaître les frontières, se confondre malgré la couverture en rempart entre eux. « - Des lettres, depuis des semaines, crachant sur ce qu’on avait toi et moi, des menaces pas très fines de tout dévoiler et t’entraîner dans ma chute. Et toi qui n’étais plus là, j’en pouvais plus, c’était trop… » Parce que seul, il est fragile. Fierté carnage, il s’enrobe dans des chimères de force qui l’abandonnent dès qu’il perd pied. Sol fendillé qui s’est ouvert devant lui, prêt à l’avaler tout entier. Et lui qui était préparé à se laisser dévorer, sans broncher, accepte une finalité qu’il a espéré durant les jours passés. Seul comme jamais il ne l’aura été depuis qu’il est arrivé dans cette maudite ville. Faute du frère, que diront certain. La sienne uniquement qu’il pense. Pute briseuse d’un couple déjà fragile, écrase sous ses godasses les miettes de ce qu’il restait de cette confiance ô combien précieuse mais constamment mise à mal.

« - C’est toujours ma faute. »
Le constat grince entre les quenottes, dans les débris d’un minuscule éclat de rire cinglant. Sa faute si sa mère a le cœur brisé et s’est retrouvée seule. Sa faute s’il a été rejeté et traîné dans la merde pour être ce qu’il est. Sa faute si tous ont des droits sur lui quand il n’en a plus depuis des années. Sa faute s’ils en sont arrivés là quand la seule chose qu’il voulait, c’était L’aimer comme n’importe quel autre. Sa faute, en infâme ritournelle qui lui revient dans le fond de crâne avec la frénésie d’un boomerang dopé. « - Ca ne s’arrangera jamais. C’est impossible quand depuis le début tout va mal, constamment… » Dernier soupir d’une conversation qui l’abîme. Ariel inspire, redresse un peu la tête pour effleurer du bout du nez le menton de l’aîné. Main agrippée au col, l’autre le lâche et vient se poser doucement contre la gorge martyrisée. Pas de mot mais le geste est une excuse silencieuse pour ce qu’il a osé faire. Sauvage dans cette survie qui lui coûte plus qu’il ne le pensait.
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I always wanna die sometimes - Asbjörn - Mar 3 Sep - 0:26

La douleur suinte du palpitant, répand son infâme poison dans la moindre parcelle de son corps affolé. Les pulsations erratiques du forcené peinent à ralentir, tambourinent jusque dans ses tempes. Vertige et nausée se succèdent alors qu’il s’accroche à la taille gracile comme à une bouée de sauvetage en pleine mer. Les bras resserrent l'étreinte comme par peur qu’il s’évapore. Comme par crainte de ne pas l’avoir vraiment sauvé, de délirer. Il doit le sentir contre lui, s’abreuver de sa peau, de son odeur. Son enveloppe cherche la sienne, se repait de sa chaleur tiède. Il peut presque sentir le sang rugir dans ses veines, sa propre hémoglobine se mêler à celle de l’oupyr. Il lui suffit de tendre l’oreille pour se laisser bercer par ses battements de cœur, retrouver un rythme plus lent, moins âpre. Il dispense des paroles rassurantes dont il n’arrive lui-même pas réellement à se convaincre. N’aspire qu’à apaiser les sanglots qui les détruisent à l’unisson. Il ne sait plus quoi faire pour son cadet, Asbjörn. En vient à se dire qu’il ferait mieux de le renvoyer chez lui. Là où il est né, là où il aurait dû rester. Auprès de sa mère. Ce n’est que par égoïsme qu’il le garde auprès de lui. Inapte à le libérer de ses chaines, d’exister sans lui. Il a besoin de Lui. Mais il est de moins en moins certain qu’une telle possessivité soit compatible avec le fait de le maintenir en vie. Pas après autant de séjours à l’hôpital, de tentatives de suicide ratées. A se croire parfois maudit, condamné à voir tous ceux qu’il aime courir à leur perte. Réduire à néant tout ce qui le rend humain pour qu’il n’en reste plus qu’une coquille vide, décharnée. Le cocon parfait pour un dieu qu’il n’a de cesse de repousser, d’enfermer au plus profond de son être sans lui concéder ne serait-ce qu’une once de libre-arbitre.

La douceur de la langue contre sa gorge lui donne la chair de poule, électrise la carne. Mélange malsain de pure innocence et de sensualité crade. Les poils s’hérissent et il en tremble, se crispe sans pour autant s’écarter. Malaise et manque qui se chevauchent, s'enchevêtrent brutalement. Le silence règne, uniquement troublé par le bruit de leurs respirations, et il redoute d’y mettre un terme. Plus doué pour grogner et gronder que pour aborder des sujets sensibles, se livrer. Uniquement loquace quand il est question de cracher son venin, de faire valser les insultes. C’est le môme qui trouve le courage de briser la glace. La mâchoire se contracte dangereusement alors que les révélations affreuses percent ses tympans. Il se fait violence pour attendre la fin du discours, n’ose pas l’interrompre en dépit de l’envie qui lui tenaille le ventre sans répit. Les horreurs se succèdent, s’embrouillent dans la cervelle. Il oscille entre culpabilité et fureur, griffe les hanches par-dessus la couverture. Révulsé par ce qu’il entend, l’ampleur des sévices endurés par son petit frère. Longue liste à faire pâlir de rage le scandinave. Les flammes dévorent l’intérieur de la carcasse, réduisent en cendres ses entrailles. Combustion spontanée, le géant rêve de voir le sang de ses bourreaux gicler avec sauvagerie. Les mutiler et les massacrer au même titre que le client pervers qui l’a égorgé. Leur faire regretter d’être nés, supplier pour qu’il les achève. Fantasmes macabres qui tournent à plein régime dans la caboche, bousillent les nerfs et s’injectent aux rétines d’acier.

C’est la main tendrement posée contre sa gorge éraflée qui lui fait reprendre ses esprits, l’arrache temporairement à ses pulsions barbares. « - Non. » Qu’il assène, la voix sérieusement éraillée. Une de ses immenses paluches se décroche des reins, vient agripper le poignet frêle pour l’éloigner de sa trachée. « - Rien ne l’est. Jamais. Comment tu peux croire que c’est ta faute ? On t’a infligé tout ça.  T’aurais pas dû subir cette vie-là. » Tranche-t-il d’un ton autoritaire, refusant catégoriquement que le rouquin porte le blâme. Presse la main captive avant d’embrasser l’intérieur de la paume adorée. A son tour de se confondre en excuses muettes. « - Et moi je suis incapable de te protéger, j’arrive toujours après la tempête. J’apprends toujours les choses trop tard ou je les aggrave. » Constant cuisant d’échec, il le souffle avec remord et tristesse. Trop cruel et mauvais pour le gosse, juste bon à incarner l’un de ses multiples tortionnaires. « - Qui c’était ? Sur les docks ? T’as pu voir, tu te rappelles ? Qui est-ce qui te fait chanter ? C’est celui que t’as mentionné dans ta lettre ? Pourquoi tu m’en as pas parlé plus tôt ? » La digue éclate, répand son torrent avec vacarme. Les interrogations grésillent, promettent de le harceler. Il a pourtant déjà la réponse à la dernière. Il n’est pas digne de confiance, ne mérite pas ses confessions. « - Peut être que tu devrais retourner en Argentine. Pour de bon. Il t’arrivera rien de mal là-bas. Tu serais plus en sécurité loin de moi, plus heureux aussi à la longue. Peut être que ça ne peut s’arranger que comme ça... » Certitude qui l’accable, torpille ses organes vitaux de souffrance et d’angoisse. Mais plus l’ainé y pense, plus il se persuade que c’est la seule issue du gamin. Plus il y songe, plus il se sent sombrer, suffoquer. Preuve ultime d’amour de l’amant qui ne peut pas survivre sans Lui, mais ne veut plus participer à sa déchéance. Voir son état se dégrader d’année en année, de jour en jour. Jusqu’à chercher le point de non-retour.
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I always wanna die sometimes - Asbjörn - Jeu 12 Sep - 19:52



Tu te sens mieux ? Pas vraiment. Le poids dans sa poitrine est toujours là, même après ces aveux qui lui ont coûtés plus qu’il ne le pensait. Trop fragile encore, il espérait grappiller un peu de force en se confiant. Vider son sac d’une partie des horreurs qu’il contient, Asbjörn étant certainement le seul en qui il ait suffisamment confiance pour se le permettre. Il y a mis le temps, le môme replié sur lui-même. Se dit qu’il n’a plus grand-chose à lui cacher à présent, comme si ce qui venait de se passer le lui avait fait comprendre. Sa mère reste la principale, celle avec qui parler est facile quand pourtant elle ignore presque tout de ce qu’il est devenu. Avec elle, il partage le beau, ce qui l’est un peu moins mais qui ne le rend pas abjecte, ce qui ne blesse pas. Avec son frère, c’est différent. Toutes les nuances sont bonnes à offrir, partager. Alors pourquoi ça va pas ? Il l’ignore Ariel, le ressent dans son ventre, dans ses poumons qui sont lourds. Engourdis d’un pressentiment étrange qui ne le lâche pas. Petit malheur en fond de conscience, cogne contre ses tempes et le pousse à fermer les paupières. Naissance de migraine, il frissonne quand claque la voix de l’aîné. Main agrippant le poignet qui l’oblige à rouvrir les yeux et relever le nez pour les poser dans ceux du frère.

Les gestes sont beaux, autant que les mots. Ceux qui lui arrachent un sourire tendre mais empli de peine. Il soupire doucement et secoue la tête. « On me l’inflige parce que je suis différent, parce que les putes n’ont rien à dire. Je suis queer Björn, tu peux pas savoir ce que c’est… De vouloir être normal à en crever et tout faire pour se fondre dans la masse. T’as rien connu de tout ça toi, ça te dépasse. C’est ma faute parce que j’ai rien fait comme tout le monde. » Il accuse mais ne juge pas, accable d’un reproche qui n’en est pas vraiment un. C’est un fait qu’il énonce, une réalité dure et froide, le gouffre de leur différence qui les sépare encore même s’il a été en partie enjambé. Pas totalement pareil et c’est bien là que l’incompréhension peut se glisser. « - Tu as ta vie, autre chose à faire que de passer ton temps à surveiller ton petit frère. Je ne t’en blâme pas, tu as fait bien plus pour moi que la plupart des gens. » Petit murmure et son autre main vient se poser sur celle du géant emprisonnant déjà le poignet, tendre dans le geste. Papillonne des cils pour retenir le nouveau flot de sel venu se coller sous ses paupières. Trop dur à encaisser, aussi vite après son retour des limbes. Ce blâme qu’il entend être le seul à porter pour avoir été le premier à précipiter sa propre chute.

Les questions l’assaillent et se cognent dans son crâne, accident de bagnole violent à lui vriller le cerveau. Sait plus Ariel, il a oublié. Ne veut pas vraiment se souvenir et au fond, il se fout de savoir si ces prétendus agresseurs sont en vie ou non. Il a été payé pour s’offrir, à un seul ou à plusieurs tout à la fois, n’avait pas à pleurnicher ensuite. C’est tout. « - Non. Je crois qu’ils sont déjà morts, mais c’est flou. » Moue de gosse qui ne sait pas, il hausse une épaule, secoue de nouveau la tête dans un mouvement indiquant qu’il ne veut pas savoir. Ne veut pas que le suédois s’engage dans une vendetta qui n’a pas lui d’être pour laver cet honneur qu’il n’a plus depuis longtemps. « - Celui qui se prend pour notre autre frère… Nodievs. Je pensais pouvoir le gérer seul, après ce qui c’était passé entre nous, je ne voulais pas en rajouter une couche avec cette histoire. Tu m’évitais… » Air mauvais sur les premiers mots, le dégoût inscrit profondément dans ses traits. Il crache sa bile et renoue presque aussitôt avec les éclats fébriles de candeur qui lui collent à la peau. Persuadé que la charge est passée, il se colle un peu plus contre son géant, ferme à nouveau les yeux, un peu fatigué. Prêt à se laisser couler dans les profondeurs d’un sommeil supposé réparateur et pourtant.

Son cœur éclate. En bombe atomique dans la poitrine, champignon dément dans la tête. Les yeux grands ouverts pour admirer le champ de ruines, Ariel se redresse d’un seul coup. Trop vite à lui en faire tourner la tête. Piqué au vif, il s’assoit sur le lit dans son cocon de couverture pour poser un regard choqué sur son frère. « - Oh mon dieu. » Qu’il parvient à articuler, bouche légèrement ouverte sur sa stupeur en un sourire bizarre et figé, un peu théâtral dans l’attitude mais il ne fait pas exprès. Ne se contrôle pas vraiment quand tout autour de lui est en train de se casser la figure. Tu l’avais pas vu venir celle là pas vrai ? Le prince charmant sauve la princesse pour la quitter juste après. Moche. Tourne en boucle dans sa tête, tout se mélange sans qu’il ne parvienne à faire le tri. Fronce les sourcils, se mordille la lèvre avant de rouvrir la bouche pour la refermer dans l’instant. Les digues se brisent mais ne parviennent pas à atteindre la surface, en mauvaise blague qu’il est le seul à comprendre et qui ne le fait pas rire. Ou un peu, d’un truc aux notes trébuchantes sans une pointe d’amusement pour le rendre plus vibrant. Plus vivant.

« - Tu es en train de me larguer. »
Souffle-t-il sans regarder Asbjörn. « - C’était vraiment une rupture l’autre fois alors. Comment tu peux être aussi sûr qu’il ne m’arrivera rien ? J’aurais ma mère oui, mais ça ne suffira pas. Tu me renvois là-bas pour avoir la paix... » Pour se débarrasser du petit frère détraqué à l’appétit insatiable. C’est tout ce qu’il voit, un regain de conscience, l’anormal de leur relation qui saute aux yeux et pousse à y mettre un frein avant que ça n’aille plus loin encore. Il souffle, couine malgré lui et porte sa main à sa bouche pour se contenir. Tremblote de nouveau, peine à respirer quand pourtant l’air recommence à lui manquer

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I always wanna die sometimes - Asbjörn - Dim 6 Oct - 18:15

T’as rien connu de tout ça toi, ça te dépasse. Constat amer relevé à voix haute par le cadet, contre lequel il peut difficilement lutter. Il l’ignore effectivement, ce qu’être différent implique véritablement. Lui l’enfant modèle, celui qui s’est conformé sans le moindre mal au moule dans lequel ses parents l’avaient fait entrer. Toujours sage, exemplaire, tiré à quatre épingles. Rarement un mot plus haut que l’autre à l’époque. La fierté de ses parents, digne descendance de l’élite. Il ne s’est posé de questions sur sa sexualité que tardivement, certain pendant longtemps de n’aimer que les femmes. Ils restent rares encore aujourd’hui, ceux qui parviennent à enflammer les reins, attiser réellement sa convoitise. Il ne s’y serait peut être jamais intéressé si le plus jeune n’avait pas éveillé des instincts largement sous-estimés. Il n’y a que pour son petit frère qu’il part à la dérive, s’éloigne des sentiers battus. Se noie dans les eaux sombres d’une passion contre-nature, impérieuse. Soldat morne et discipliné le reste du temps. « - Comment ça pourrait être de ta faute alors que ce n’est pas ton choix ? » Il le souffle avec douceur, convaincu pourtant ce qu’il avance. Il n’a pas choisi d’être gay, pas plus qu’il n’a choisi de ne pas embrasser cette normalité triste à pleurer. Et ils n’ont pas décidé non plus de jeter leur dévolu sur l’autre. Fleur carnivore aux racines trop profondes pour la déloger du palpitant sans s’arracher la cage thoracique dans son entier. Amants maudits, condamnés à s’aimer en dépit des interdits de la société.

Les réponses vagues à son torrent d’interrogations le frustrent, l’obligent à se faire violence pour ne pas insister. Il aurait voulu s’en charger. Leur faire payer leur crime comme il a pu le faire avec le scélérat qui l’a vidé de son sang, abrité au creux de ses cuisses. Interminable torture à le faire frissonner d’anticipation, titiller les pulsions macabres. Égaré dans les limbes de ses délires sinistres, il ne s’attend pas à la suite. Au nom qu’il lui jette en pâture. Son sang ne fait qu’un tour, se fige dans ses veines. Glacé jusqu’au fond des os, il en tremble de rage. La cervelle détraquée par une vague polaire avant d’être laminée par une fièvre dévastatrice. Profondément choqué, il ne parvient plus à aligner ses pensées. Si le corbeau se prend pour leur frère, la réciproque est vraie. Asbjörn le considère comme tel depuis l’enfance, quand il n’était alors qu’un fils unique en manque d’une fratrie. Il l’a parfois jalousé, partage de nombreux points de désaccords avec lui, mais il n’en reste pas moins un proche privilégié. L’un des rares à pouvoir se targuer de détenir sa confiance aveugle. Pas assez néanmoins pour qu’il remette en question la parole du rouquin. Aveu terrible qu’il s’oblige à laisser de côté pour se focaliser à nouveau sur la détresse de l’argentin. Le mettre en sécurité avant de se lancer dans de farouches représailles.

La proposition faite à contrecœur ne passe pas, il le réalise aussitôt. Accueil un brin théâtral, brutal et sans filtre. Le môme ne contrôle pas sa réaction, ne cherche pas à tricher avec lui. Souffrance palpable, il la repère comme le nez au milieu de sa figure. S’en veut de lui infliger un chagrin supplémentaire. Encore en colère après le protégé de Lars, les paroles l’irritent cependant, le font vriller. Il ne parvient plus à y mettre les formes. « - Pour avoir la paix ? » Un ricanement acerbe s’extirpe de ses lèvres. Presque mauvais sur le moment, tant l’affirmation lui parait injuste et absurde. Le scandinave se redresse à son tour, manque de se lever du lit dans son élan, les jambes fébriles. « - C’est vrai que je ne sais vraiment plus quoi faire pour me débarrasser de toi, tu m’ôtes les mots de la bouche. » Maugréé-t-il, avant que ses prunelles ne retournent se perdre sur le gosse, en proie à une crise de panique, la respiration désordonnée. « - Regarde-moi… » Murmure tendre et belliqueux à la fois, le tyran ordonne et supplie. La main calleuse du géant attrape la nuque ankylosée, le contraint à tourner la tête vers lui. Les phalanges souveraines se positionnent de part et d’autre du visage pâle, imposent d'autorité le contact. Les pupilles claires se fondent dans les azurs tourmentés, s’efforcent de dissiper les affreux doutes. « - Sérieusement Ivar, deux tentatives de suicide en deux mois ? J’attends quoi pour réagir, que tu y parviennes enfin à la troisième ? » Des éclats de douleur traversent les sphères d’acier, détruit par cette simple perspective. «  - C’est toi ma vie, tu crois sincèrement que j’ai envie de te voir partir ? Je suis sûr de rien si je te renvoie là-bas, mais je suis certain qu’ici tu sombres… Tu veux que je fasse quoi ? » Sacrifice évident, il ne tiendrait pas sans lui. Seule lueur au sein des ténèbres opaques dans lesquelles il s’est englué depuis la mort de sa fille. Il se laissera crever la gueule ouverte si l’oupyr saisit l’opportunité de s’enfuir. Se laissera tomber en lambeaux à l'image de sa pathétique déchéance de décembre, la peau écorchée par le manque d’eau salée. Jusqu’à se muer en os de sèche échoué sur la plage, le squelette ratatiné et les organes asséchés. « - C’est Wolfgang qui t’a forcé à reprendre la prostitution ? Je vais me charger de son cas. » Il ne peut s’empêcher d’y revenir, en boucle sur la trahison putride. Menace fauve qui luit dans la rétine, éclate en myriades d’étincelles sadiques.
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I always wanna die sometimes - Asbjörn - Sam 12 Oct - 20:04



L’acerbe du ricanement lui broie le cœur, aussi violemment que si les doigts du géant étaient venus s’y enrouler. Il inspire plus fort, ses propres phalanges venant se glisser autour de sa gorge dénudée, s’accrochent à la chaîne qu’il n’enlève jamais. Il le savait Ariel, que ça finirait par arriver. Le retour à la raison après des années de folie douce. Que cet autre qui se targue d’être un membre supplémentaire de cette famille pourrie avait un peu raison au fond. C’est lui le déglingué du duo, le fou qui n’est qu’un môme plein de caprices déments. Qu’il ne mérite rien si ce n’est de servir, servile, docile. Et fermer sa gueule. Que les gens comme lui, les pédés n’ont pas le droit d’être heureux, d’avoir une vie normale. Juste bons à être les rois de la débauche et rien de plus. Et Asbjörn est en train de leur donner raison, à tous ces cons contre lesquels il n’a eu de cesse de lutter depuis qu’il a compris qu’il n’était pas comme tout le monde. Différent, jusqu’au fond de son âme fatiguée. Bouche fermée mais il peine toujours à respirer, s’agrippe plus fort à son cou et regard ailleurs. Ne peut pas supporter de voir dans les yeux de celui qui le blesse du détachement. Un désintérêt qui lui ferait comprendre que c’est terminé pour de vrai.

Regarde-moi… La tendresse en pleine poitrine fait suinter la blessure. Abaisse le coin des lèvres en une esquisse triste, soleil en morceaux sous l’agressif de celui qui le torture. Pogne qui l’attrape et l’oblige à révéler la tête. Poser son regard et la panique folle qui y niche contre celui du frère. Petite tête coincée entre la volonté du géant, Ariel retient son souffle en réflexe, se fracasse la pupille contre celles fraternelles, s’y plonge pour n’y voir rien de tout ce qu’il imaginait. « - C’est pas ta faute. Je suis nul pour supporter la pression… Ma vie part en couilles et je ne sais pas quoi faire pour arrêter ça. C’était la seule solution qui semblait réalisable. Facile. » Souffle le petit lâche qui baisse encore une fois les yeux malgré les mains qui le maintiennent. Bout de honte accrochés au ventre, il se mordille la lèvre et soupire. Ses mains lâchent doucement sa gorge et viennent se poser sur les poignets, l’ombre d’un sourire amer ourlant les lèvres pâles et les cils tombant en rideaux fragiles sur les pupilles. « - Dis pas ça si tu le penses pas… » Murmure fragile, le gamin fleur bleu charmé malgré tout par la déclaration qui vient de lui être faite. Un peu trop romantique au fond sous la couche de provocation et de merde qui gravite à la surface. D’autant plus touché par ce genre de mots puisqu’ils sont rares venant du suédois.

Tu veux que je fasse quoi ? Je sais pas. Embrasse-moi. Tue moi. Epouse moi. Sauve moi. J'en sais rien, mais me laisse pas. Il aimerait savoir Ariel, quoi faire pour que leur situation arrête d’être bancale. Revenir en arrière et empêcher Lars de sauter sa mère. Qu’un autre s’en charge et fasse disparaître l’ignoble lien de parenté qui les relie l’un à l’autre. Se tirer de cette ville pourrie une bonne fois pour toute et ne plus y revenir. Les options défilent et s’enchaînent dans son crâne, tempête de pensées folles contre les tempes à lui donner la migraine. Il secoue légèrement la tête entre les mains qui la maintiennent. « - On aurait jamais dû aller aussi loin. J’aurais jamais dû faire ce que j’ai fait, si j’avais été un autre type, tu m’aurais jamais regardé. Jamais touché. Tu comprends pas ? » A l’évidence il est le seul coupable de tout ce qui s’enchaîne depuis huit ans. Encore. « - Je suis pas sain, j’ai été cassé. Et je t’ai bousillé toi aussi. » Lâche-t-il dans un souffle, respiration folle qui reprend, le cœur bat fort contre les côtes. Lui fait mal à le faire inspirer comme un poisson hors de son bocal, lutte pour faire entrer l’oxygène dans les poumons fatigués. Comme lui. Il est fatigué Ariel, de lutter pour tout, tout le temps. Quand il ne voudrait que du simple dans son monde chaotique.

« - Arrête de me défendre, de me protéger. Tu finiras par avoir des ennuis à cause de moi, je ne le supporterai pas si jamais tu… Laisse-le, c’est qu’un pauvre crevard d’homophobe comme j’en croiserais constamment. » Ignore cordialement la question parce qu’il ne peut décemment pas y répondre. Prêt à laisser le mafieux prendre le blâme pour tout. Les lettres et le pacte sordide passé avec le neveu totalement déglingué. S’en fout Ariel de causer la destruction d’un lien qui le dépasse, d’enfermer un peu plus son frère dans le nocif sublime de leur relation malsaine. Petit égoïste qui le veut pour lui tout seul, à en crever. De tout son petit cœur qui continue de battre trop fort, comme pour prouver qu’il est bien en vie, repartit sur de nouveaux rails après avoir frôlé l’annihilation. Malgré ce qu’il a pu dire juste avant, il ne voudrait pour rien au monde de voir ce qu’ils on se casser pour de bon la figure. Revenir en arrière et ne pas recommencer les mêmes erreurs.

« - Je ne veux pas mourir. Pas encore… » Aveu soupir, faiblesse folle dans les mots, il ferme doucement les yeux. Caresse de ses paumes les avant-bras de son frère. Sourire tendre en éclosion sur les lèvres, il renifle légèrement et se penche un avant. Dans le noir, il n’a pas besoin de voir pour savoir où il va. Cueillir la bouche interdite du bout de la sienne, l’effleurer avec innocence.
« - Pourquoi tu continues de m’appeler comme ça ? » Ivar. Quand tout le monde, lui le premier, ont cessé de le faire. Quand mêmes sur ses papiers l’identité de naissance n’existe plus, remplacée par celle qu’il s’est forgée en devenant ce qu’il est à présent. A tous et à personne. Il n'y a que sa mère qui use encore de son ancien prénom, la seule à pouvoir réellement le faire sans que cela sonne une injure. Elle et Asbjörn, eux deux, toujours. Il se recule un peu, ouvre les yeux et pose ses mains contre le torse puissant. Là où le cœur résonne sous la pulpe de ses doigts. Eux qui tapotent doucement au rythme des battements. Ariel qui se perd dans le fil emmêlé de ses pensées, semble ailleurs. Disparu sous les vagues déchaînées, en train de couler dans les eaux douçâtres de ses délires. Inaccessible.

« - Tu ne m’as jamais dit que tu es, là en-dessous… » Je ne te l’ai jamais demandé. Divinité mystère qu’il a tenté de deviner. Sans succès. Il s’en fiche un peu au fond mais ça l’intrigue à ce moment précis. Petit môme qui dérive, chavire et dévie de sa trajectoire avec la folie d’une boule de flipper lancée à pleine allure. Ca tourne trop vite dans sa tête. Trop de choses à catapulter entre eux par crainte de ne pas pouvoir le faire plus tard.
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I always wanna die sometimes - Asbjörn - Dim 20 Oct - 17:05

Solution de facilité d’une incroyable dureté pour ceux qui restent. Pour celui qui découvre le corps trempé jusqu’aux os, recouvert d’un linceul écarlate. Il sait que ça ne l’est pourtant pas, Asbjörn. Qu’un tel acte demande sans doute plus de courage que de lâcheté, en étouffant tout instinct de survie de la sorte. Lui en a été incapable alors qu’il en crevait d’envie dix ans plus tôt. Il lui en veut pourtant. Profondément meurtri par l’égoïsme dont il a fait preuve, le fait d’avoir utilisé de surcroit la même méthode que sa première épouse. Traumatisme toujours ancré en lui, impossible à surmonter. Sinistre fatalité à la violence inouïe, il ne supporte pas de voir l’histoire se répéter. Les quelques bribes d’explication dans la lettre n’ont servi qu’à étendre les zones d’ombre. L’incroyable naïveté des mots continue de le frapper. Comme s’il était possible de reconstruire sa vie après autant de drames successifs. De seulement l’envisager. « - Je ne te l’ai pas assez prouvé ? Je m’abstiendrais de le dire si je ne le pensais pas. » Il le soupire doucement alors que les mains frêles se coulent contre ses poignets. S’y accrochent sans écarter les siennes, amarrées au visage peiné. Son frère peut douter de tout mais certainement pas de la dévotion qu’il lui voue. Il n’y a qu’elle pour empêcher le misérable organe dans sa cage thoracique de s’effriter, chuter dans une avalanche de poussière.

Respiration hachée et voix qui chevrote, le môme s’agite entre ses phalanges. Prononce des paroles à la portée terrible, renie presque leur lien malsain. La pression exercée contre la mâchoire se renforce, devient moins tendre, plus nerveuse. « - Arrête ça tout de suite. » Le tyran le siffle avec plus de dureté que prévu, s’oblige à prendre sur lui pour calmer la tempête qui rugit sous la carne. « - Avec des si, on referait le monde. J’étais déjà bousillé, complètement fracassé. Je survivais en pilote automatique sans elles, j’aurais fini par m’écraser dans un mur. Je me portais volontaire dans toutes les missions-suicide dans l’espoir d’y laisser ma peau. » Les intonations autoritaires trébuchent, deviennent moins assurées. Fragiles. Ebréchées par un chagrin intarissable, plus sincères que jamais. Elles. Hanna et Ylva. Il ne précise pas leurs noms, sait qu’il n’en a pas besoin. Les mentionner à voix haute reste affreusement douloureux pour lui, il n’y parvient pas. A l’impression de les trahir par le simple fait d’avoir réappris à vivre. « - M’occuper de toi, et ce qui nous a lié ensuite, aussi dégueulasse que ça puisse être aux yeux de tous, ça m’a tiré hors du gouffre. » Aux siens aussi, encore, parfois. Même s’il se garde de le reconnaitre. Une part de lui se débecte de brûler pour son cadet, oppressée par son désir malsain. Les entrailles nouées par une honte cuisante. Il l’ignore, la rejette. Insignifiante en comparaison de l’amour destructeur et sans limite qui l’asservit.  

La réplique attise les braises de la discorde, l’irrite. Il est trop impliqué pour reculer. Pour renoncer à des représailles envers le scélérat. Une confrontation musclée s’impose. Il aurait déjà dû s'en charger après l'esclandre au Red Lantern, le visage propulsé dans les éclats de verre. « - Tu ne peux pas me balancer tout ça et ensuite espérer que je me tienne à carreaux. C’est pas juste un pauvre crevard homophobe, c’est Wolfgang. J’ai grandi avec lui… » Les sphères d’acier se perdent dans les souvenirs d’enfance, la complicité teintée de rivalité. Hissé sur un piédestal par le paternel, plus formaté à suivre les traces du géniteur que lui. Il prend les aveux du rouquin comme une véritable trahison, ignoble et injustifiée. « - Et quand bien même, je ne peux pas laisser passer les menaces, t’as failli réussir à te tuer. » Il le crache. Le timbre haineux, revanchard, amer. Il aurait étranglé le torpedo jusqu’à lui broyer le cartilage, lui aurait arraché les viscères à mains nues si le plus jeune ne s’en était pas sorti. L’attachement persistant l’empêche de prévoir un affrontement si barbare mais les pulsions assassines fourmillent, pulsent dans les veines. Il veut le voir souffrir, implorer pour que le supplice cesse. Comprendre la raison pour laquelle il s’en est pris au prostitué et par extension à lui, son plus fervent allié. Le faire taire, s’assurer qu’il n’éparpille pas aux quatre vents son plus sombre et précieux secret.

Je ne veux pas mourir. Murmure réconfortant, tempère l’instinct rageur le temps d’un intermède voué à n’être qu’éphémère. Le palpitant qui ralentit puis accélère de plus belle, tornade contre les barreaux de chair. Frémit sous les caresses frivoles, les lèvres qui se frôlent sans réellement se retrouver. Surpris par la question tant la réponse lui parait évidente. « - Je devrais t’appeler comment ? Par ton nom de scène ? La petite sirène ? » Il s’efforce de ne pas se montrer plus vulgaire mais ne peut contenir son mépris. S'il avait su qu'elle le poursuivrait à ce point, la friture mièvre que son enfant regardait en boucle sur leur écran de télévision. Innocence désormais souillée par les multiples passes effectuées. Dessin animé ayant pris une coloration particulièrement crade. Parfait contraste, ses doigts remontent, se glissent à l’abri dans les boucles de feu. Effleurent la nuque humide. « - Il n’y a qu’Ivar qui compte pour moi. » L’autre n’existe que pour épater la galerie, affrioler les sens des clients. Il a conscience que la distinction entre l’homme et le masque n’est pas si tranchée, mais l’éclipse pour son bien. Ne pas retomber dans les affres de la spirale de dégoût et de colère des dernières semaines. Se laisser plutôt bercer par les serpents qui tapotent contre le torse, impriment leur propre partition. Enivrante et apaisante.

L’ombre d’un sourire sincère ourle ses lippes quand l’argentin lui demande l’entité qui se dissimule en dessous. Sujet tabou en sachant qu’il aurait dû être une récurrence lui aussi. Incarnation de toutes les déceptions du père, fils indigne. Anniversaire fatidique ayant scellé l’avenir du gosse. Position quelque peu inconfortable à la longue, ses bras entourent délicatement les hanches graciles sous le carcan de couvertures. Positionnent les jambes de part et d’autre des siennes avant de se réfugier au creux des reins. Face à face, les prunelles claires s’accrochent à leurs jumelles, s’y ancrent pour contrer les errances de son amant. « - Aegir, dieu nordique de la mer. » Avoue-t-il enfin dans sa langue natale, faussement solennel en déclamant son titre. Hôte des divins, ironie acerbe d’être à présent le propriétaire d’un bordel. Existence bien moins noble et infiniment plus sordide que celle de l’Océan. « - Tu ne t’es jamais demandé pourquoi on avait une piscine d’eau salée couverte, un petit bijou de modernité quand le manoir est dans son jus depuis autant de décennies ? » S’amuse-t-il en se redressant légèrement, emportant le poids plume dans la bascule. Une de ses paumes se faufile dans la poche arrière de son jean, en extirpe une petite flasque. La débouche d’une main pour laisser s’échapper des senteurs iodées au lieu des vapeurs lourdes de l’alcool qui aurait dû s’y loger. « - C’est ce qui m’empêche de tomber en lambeaux, mon épiderme se désagrège si je ne l’y fais pas baigner plusieurs fois par semaine… Je ne me déplace jamais sans emporter au moins une fiole sur moi. » Confession chuchotée même en étant seuls dans la pièce, au cas où des oreilles mal intentionnées traineraient dans les parages. Faiblesse latente ignorée de tous, de peur que ses ennemis ne s’en servent. Dérisoire néanmoins en comparaison de celle qui pèse contre ses cuisses et affole dangereusement les battements de son cœur.  
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I always wanna die sometimes - Asbjörn - Lun 28 Oct - 20:23



Paroles terribles au vent amer, elles font rouler contre la peau diaphane des doigts de glace à y faire courir d’immondes frissons. Les mots sont horribles à entendre, plus encore l’est la peine qui s’y devine. Celle qui broie le cœur et fait monter les vagues de larmes dans le fond des yeux. Les nommer est un péché, ils le savent tous les deux, alors il ne dit rien. Ne demande pas, retient juste son souffle et fait courir avec tendresse ses paumes contre le torse. Pour te faire plonger dans un autre. Léger soupire contre les lèvres carmines, Ariel fronce un peu les sourcils, grimace légèrement aux menaces qui se profèrent, la vengeance qui se signe dans la haine qui perce le timbre. Sa faute encore une fois si l’aîné se voit contraint de s’enliser dans les rouages d’une vengeance dangereuse. A frissonner d’angoisse, l’idée de le perdre dévorant le petit cœur. « - Je sais, j’aurais dû ne rien dire. Björn, tu peux les laisser passer. Si ce n’est pas lui, la prochaine fois un autre s’en chargera. Ca fait des années que c’est comme ça, je le supporte d’habitude, c’était juste trop, ça te touchait aussi, je voulais pas te voir tomber avec moi. » Il tente d’apaiser mais sait pertinemment que le scandinave ne l’entendra pas, qu’il ne l’entend déjà plus. Peine perdue alors l’argentin s’enlise de nouveau dans son silence.

Mépris qui suinte, venin invisible mais dangereusement corrosif. Ariel n’existe que parce qu’il est tombé si bas, s’est brisé les ailes d’avoir voulu s’enfuir. Il n’existe que parce qu’il n’est plus rien, pauvre pute qui se doit de briller, se hisser au-dessus des autres pour se faire une place, un nom. Celui qui est devenu réel au fil du temps, a fini par remplacer l’original sur ses papiers une fois le géniteur enterré. Troquer le nom exécré par celui adoré de sa mère. Petit sourire triste, éclat de peine au contraste cuisant avec les frissons dévalant sa nuque et son échine sous les doigts glissant dans ses cheveux, sur sa peau. Il soupire, baisse un peu les yeux et tapote un nouveau rythme contre le torse de son amant. « - Ce n’est plus qu’un simple nom de scène, c’est mon identité maintenant. » Souffle-t-il mais il sait qu’Ivar ne sera jamais vraiment mort. Parce que c’est de lui qu’Asbjörn s’est entiché, lui qui représente les restes de pureté cassée qui s’accrochent dans le fond des yeux. Le petit frère que l’ainé a toujours connu et pas cet étranger fantasmé, dénaturé au fil des passes et des clients qui se sont enchaînés à lui pour le briser. Peut-être aurait-il finit par y passer quand même, à la case de la fausse identité qui remplace la vraie pour se donner du courage, de la présence. Pour exister sans se rappeler le gamin bousillé qu’il a été. Et il ne sait pas vraiment, s’il préfère que l’ainé se raccroche comme il le fait à cet autre ou qu’il accepte le nouveau lui. Ne parvient pas à se décider, ça fuse dans le crâne et déjà il change de sujet.

Divinité mystère, imaginée parfois sans jamais poser la question. Il aurait pu le faire lors de ces rencontres éphémères avant que l’anniversaire fatidique ne lui tombe dessus et entame de le rendre inutile aux yeux du géniteur. Mauvais qu’il aurait été Ariel, il le sait. Un petit machin sans importance, oublié de son panthéon, larbin des puissants sûrement. Pas le temps de continuer à se rabaisser, il soupire dans le mouvement, ses reins se creusent pour plaquer le ventre contre celui du frère, poser ses mains sur la nuque puissante et serrer les longues guiboles entre ses cuisses. Regards météores à l’ivresse folle rugissant dans les veines, se mordiller la joue pour ne pas se noyer dans les abysses de ces pupilles qui lui font chavirer le cœur. Et se marrer devant le solennel du ton employé pour se révéler. Eclat de rire solaire, à faire craquer les murs, se pencher en arrière pour mieux le faire sortir et se calmer, un peu, dans une série de notes branlantes pour ne pas vexer. S’agrippe plus fort à la nuque sous le nouveau mouvement, il hausse un sourcil en voyant la flasque. Certain qu’il ne boit pas, son frère, les senteurs marines qui s’élèvent entre eux confortent la certitude.

« - Si, et je me suis dit que c’était un énième caprice de bonhomme qui en a trop dans son portefeuille et qui ne sait plus quoi en faire. Surtout quand la mer n’est pas loin. » Hausse une épaule, moue de désintérêt sur les lèvres. Môme qui y a barboté, un peu, parfois. Au début seulement, quand les espoirs étaient encore permis, fils prodigue bien vite devenu juste, le petit bâtard. La mer il l’aime au naturel, sur les plages de son Argentine natale, nulle part ailleurs. Petit silence et les doigts qui ne bougent plus contre le torse. Se laissent bercer par ses mouvements au gré des expirations et des inspirations. « - Mais je m’en doutais, au fond. Ta peau a le goût de l’océan parfois. » Souffle pensif, sourire qui va avec aux notes sublimes d’un naïf mêlé aux accès sensuels qui lui collent à la peau. Beau mélange, les opposés se sont explosés lorsqu’ils se sont rencontrés jusqu’à fusionner. Un peu comme eux, les deux frères certainement pas fait pour être ensembles et qui pourtant le sont.

« - Toi aussi t’as failli réussir à te tuer… Le dieu de la mer et la sirène… On fait la paire tous les deux. » S’amuse un peu d’une situation qui ne le fait pas vraiment rire. Trop triste encore Ariel, sa peine reste toujours quelque part dans le fond de sa voix. Vibre doucement sur les notes chantantes de son timbre et lui qui se redresse doucement. Joue des reins pour se rapprocher, encore un peu, couler son torse contre celui de l’aîné, ses bras posés contre les épaules et le visage qu’il dissimule dans le creux du cou. « - Tu imagines si j’avais été comme vous mais en ayant pris du côté de ma mère ? Des fois, je me dis que j’aurais bien aimé cette version-là. Le petit bâtard qui n’a rien de son père mais tout de sa mère, juste pour faire chier encore un peu. » Quelques notes d’un éclat de rire raté, grince un peu sur les accents d’un amusement mauvais. Petit dieu au rabais, divinité cruelle sous les lueurs de la lanterne rouge, il n’y a que là qu’il est divin. Celui que l’on prie à grand renfort d’offrandes émeraudes, sanctifie le sale et bénit l’indécence.

Il soupire doucement contre la gorge, y dépose sa bouche en baiser plume. Caresses d’infinie tendresse parcourant la peau, remontent jusqu’à redessiner la ligne de la mâchoire. Le coin des lèvres qu’il explore, lentement. Puis s’y dépose. A peine un contact. S’y retire pour mieux y revenir, dans l’esquisse de ces échanges sans fin, candeur miel du temps où s’apprivoiser rythmait encore les cœurs. Ses doigts se déposent contre la joue, le pouce effleurant le menton. « - Ca fait un petit moment que j’y pense, et je me dis que c’est l’occasion, de changer d’air un peu, m’occuper l’esprit. J’aimerai reprendre mes études, pour faire comme ma mère, infirmier. Tu me laisserais ? » Les regards s’accrochent, s’animent dans une discussion silencieuse. L’accord qui se donne dans un mouvement de la part du géant, les mains contre les reins qui s’y pressent plus fort et les bouches qui se lient. Baiser fureur aux échos amers de cet attachement qui prend aux tripes. Viscéral à rendre fou, le cœur s’affole dans la poitrine et Ariel s’accroche des deux mains au visage de son frère. Revit dans les éclats suaves de l’échange, frôle l’asphyxie et expire lourdement lorsque les lèvres s’abandonnent.

C’est là qu’il veut être, ici dans ces bras qui l’enlacent et le protègent. S’y blottir et ne plus en sortir. Se lover dans le creux du cou et fermer les paupières. Se laisser bercer par le familier de cette présence qui apaise. Bride les démences autant qu’elle les attise. Petit môme capable de s’endormir là, comme ça. Dans cette position bizarre qui appelle à bien d’autres choses qu’au sommeil. Il n’en a pas envie. Savoure seulement l’instant puisqu’il sait qu’il disparaîtra bien trop vite. Aux premiers éclats d’une aurore couleur morose. Se relever et recommencer. La pensée infernale de devoir repartir, encore une fois gravite dans le crâne, éclipse les beautés tièdes dans lesquelles il s’est enroulé. A se connaître par cœur et savoir, que le répit ne durera jamais assez.
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