Sal en tus heridas, Salsa picante en mis tacos {Lune&Tadeo} - Lun 11 Nov - 11:36
My dear, please see my dear How we invented the fear Inside that space No one could interfere
Nous avions pris nos marques. Nos rendez-vous n'avaient aucune fréquence régulière, mais nous étions mieux organisés : un love hôtel discret dans New Kabukichô, des vêtements de rechanges, des instruments stérilisés, une trousse à pharmacie... J'avais même pris soin d'offrir à Lune un ciré transparent pour qu'elle cesse d’abîmer ses froufrous. Au bout de la troisième ou quatrième séance, nos jeux avaient gagné en complexité, parfois en subtilité cruelle. Pour autant nous étions toujours des étrangers l'un pour l'autre. Nous étions simplement partenaire d'un marché qui nous comblait tous deux. Opposés complémentaires. Elle avait besoin d'infliger la douleur, j'avais necessité de la recevoir. Acte libératoire contre humilité du servage, nous combattions chacun à notre manière le divin pour mieux honorer l'humain.
- T'as faim ?
Je ne sais pas ce qu'il m'a pris. Ça n'est pas dans nos habitudes. En général, Lune s’éclipse pendant que je me douche et que je me soigne. Sans mauvais jeux de mots. De toutes les femmes que je côtoie, c'est l'une des rares qui ne me débecte pas. La plupart sont des calculatrices, des sorcières, des manipulatrices... Les seules épargnées par ce constat sont au nombre de trois. Je ne compte même pas ma génitrice dans le lot. L'inclassable reste "Bro".
Bro. Mon épine sanglante. Je n'arrive pas à la retirer.
- Non parce qu'j'ai envie d'tacos et j'en connais des bons. Ils livrent.
Pesant silence. Bon, tu te décides ? Quoi? Faut que je te le demande à genoux? La séance est finie, chérie.
Sociabiliser. Chienlit.
- Moi, j'commande, en tous les cas... que je fais en sortant ostensiblement mon téléphone et en tapotant sur les touches -innocemment- sonores.
Sal en tus heridas, Salsa picante en mis tacos {Lune&Tadeo} - Mar 12 Nov - 20:00
L'odieux connard était devenu un rocket sage et soumis. Il aimait être puni et Lune ne ratait jamais aucun de ses rendez-vous avec lui. C'était sans doute l'un des liens qui l'avait le plus marqué ces dernières semaines, aussi bien par son improbabilité que par ce qu'il entraînait chez elle : des élans de violences et de haine sans pareil. Celle que l'on prenait une pauvre aveugle, un peu trop sinistre au goût des gens, se montrait auprès de Tadeo, comme une créature atrocement vicieusement et bien heureuse de l'être. Face à la fenêtre, pipe entre les lèvres, Lune devine la nuit est tombée sur Aracadia, l'odeur de friture qui s'élève en provenance des nombreux restaurants du quartier. New kabukichō avait le chic pour se changer en fourmilière une fois la nuit venue. Restaurants, casino, hôtels... Et le tout, étrangement accessible. Le dépaysement était total ici, l'Amérique avait disparu sous un flot de néons grésillants aux écrits japonais, indescriptibles pour les néophytes.
« Hm... ? »
Lune sort de ses pensées, retirant la pipe de sa bouche en libérant un large nuage de fumée. L'opium dans le tabac, avait déjà commencé à lui engourdir l'esprit et à éveiller ses sens d'une manière bien plus douce que ne le faisait Tadeo. C'était différent, plus spirituel, là où Tadeo lui, veillait à réveiller la bête enfouie sous les froufrous de la jolie pouffiasse zombie.
« Oui oui, commande... Manger me fera du bien. Tu m'as vidé de mes forces... »
Constate-t-elle simplement avant de se détourner de la fenêtre. Elle dépose sa pipe sur la table de nuit et vient se hisser sur le lit, ajustant ses dessous à dentelles, ses bas maintenus par des porte-jarretelles et ourlés de jarretière. Tadeo était un rustre mais lorsqu'il la faisait venir, Lune prenait toujours soin d'être présentable. Entre eux, pas question de sexe, pour rien au monde Lune ne se serait offert à lui, mais elle était comme ça, sombre pin-up venue d'un autre temps.
« Tadeo... ? » L'interpelle t-elle. « Quand finiras -tu par te lasser de moi ? »
Lune en était sûre, cela finirait par arriver. Même si elle faisait tout pour repousser le moment fatidique. Elle y allait toujours plus fort, parfois même l'odeur du sang imprégnait ses mains pendant des jours malgré les lavages, le savon. Une odeur ferreuse et subtile que seul son nez pouvait capter. La femme reste là, le dos calé contre le dossier du lit en forme de cœur. Ironie du love hôtel. L'amour ici, ça n'existait pas. Les gens venaient juste passer leurs pulsions. Lune et Tadeo, c'était autre chose... Quelque chose de malsain, mais quelque chose qui prenait en consistance avec le temps.
« Combien de temps encore, vas-tu tenir avant de me trouver inutile ? » Le tourment lui broie la poitrine. Elle se montrait souvent sous le visage d'une femme odieuse, imbuvable, cynique. Mais Lune avait cette peur farouche de l'abandon. Par on ne sait quel miracle, elle avait attiré l'attention de Tadeo à la sortie du tramway. Pour le pire, plus que pour le meilleur, mais à présent, il faisait partie de sa vie. Lui et ses travers, ses grossièretés, ses tares. Il était vulgaire, pas toujours gentil et absolument irrespectueux. Mais il était lui et parce qu'il ne mentait pas ce qu'il était, Lune voulait le garder. Juste qu'il reste encore un peu, rien qu'un peu...
« J'ai mal aux pieds. »
Souffle la femme, désabusée. Elle se penche et retire ses escarpins dont les talons portaient encore des traces de sang. Leur cuir était poisseux. Elle y avait été vraiment très fort ce soir...
Sal en tus heridas, Salsa picante en mis tacos {Lune&Tadeo} - Mar 12 Nov - 20:49
Lune, en fin de compte, porte parfaitement son nom : lunaire, lunatique, aussi instable que les marrées attirées par l'astre. Tantôt écumante de rage, tantôt alanguie, parfois puérile, souvent paumée. Drôle de fille. Comme aucune que j'ai connue.
Bro mise à part.
La commande passée, nous nous absorbons dans le silence. La quiétude après les cris. Nous partageons un moment de calme, nos deux petites solitudes, calées l'une à côté de l'autre.
- Tadeo... ? - Hum ? - Quand finiras-tu par te lasser de moi ?
La question dessine sur son visage une expression froncée que je ne lui ai jamais vu. Une forme de mélancolie.
- Je ne sais pas. Réponse honnête et franche. Je ne suis pas l'genre de gus qui fait des promesses sans les tenir. J'ai donc aucune promesse à t'faire.
Je sens vaguement que ça n'est pas la réponse qu'elle attendait. La psychologie féminine est un sable mouvant dans lequel je ne foutrais jamais le pied. - Combien de temps encore, vas-tu tenir avant de me trouver inutile ? - J'en sais rien, Lune. Soupir. J'étoffe ma réponse. Tu te lasseras sans doute avant moi. Tu finiras certainement par te trouver un amoureux, ou une amoureuse, qu'est-ce que j'en sais, qui ne voudra pas te partager avec.... un simple consommateur de douleur .... "un pervers taré" - J'ai mal aux pieds.
Je lève les yeux au ciel. Une putain de gosse.
- Si tu veux un massage, demande-le directement, que je grogne en venant tout de même m'asseoir au bord du lit.
Je pose un de ses pieds sur ma cuisse et entreprends de détendre la voûte plantaire par pression appuyée des pouces. Des gestes que j'ai appris en boxant, pour le bien de mes muscles. Ceux là même qui souffrent à chaque respiration trop brusque. J'ai le pectoral en charpie.
- C'est à cause des saloperies qu'tu portes. C'est certes parfait pour me marcher dessus, mais pas au quotidien. Tu vas te déformer les chevilles à forces.... Sérieux, normalement c'est à toi de prendre soin de moi après la séance, pas l'inverse. Enfin, je t'en demande pas tant, essaie simplement de respecter les mots de code, déjà. Le but c'est pas d'me tuer.
Silence qui s'étire. Ce n'est pas de cette manière revêche que je souhaiter lui parler. En vérité, il aurait mieux valu lui dire : "Tu m'es vitale, surtout en ce moment..."
Tu m'es nécessaire pour refréner Ekahau de me bouffer. Tu me rappelles qui je suis. Tu m'empêches d'oublier mon humanité. Tu m'empêches de penser à "elles".
- Hum... T'es pas inutile, que je marmonne.
Une chance qu'elle soit aveugle, parce que personnellement je sens nettement la gêne me chauffer la gueule à blanc.
Sal en tus heridas, Salsa picante en mis tacos {Lune&Tadeo} - Mer 13 Nov - 19:42
Je ne sais pas. Aucune promesse à t'faire.
La vérité est pire qu'un coup de poignard dans le cœur et Lune a la sensation d'avoir un crochet de boucher qui s'enfonce dans sa poitrine pour mieux lui arracher les tripes. Immobile, elle reste là comme un pantin sans vie, elle et son air macabre à n'en plus finir. Sourire était un effort trop grand à donner en cet instant, parler pire encore. Elle voulait juste s'enfoncer dans un trou pour en plus jamais en sortir. C'est vrai que leur lien était particulier, malsain, beaucoup trop sans doute mais malgré elle, le petit astre avait fini par s'attacher à ce bonhomme un peu particulier. Tadeo n'avait rien à voir avec le tendre Lucjan, rien à voir avec le paternaliste Sullivan, rien à voir avec le protecteur Hadrien. Tadeo, c'était tout autre chose qu'elle n'arrivait pas encore à définir.
Tu te lasseras sans doute avant moi.
Il l'ignorait, mais il avait tord. Lune avait certes son caractère bien trempé, sa verve acide et ses répliques tranchantes comme le fil d'un rasoir. Mais lune, ce n'était pas quelqu'un qui jetait les autres. Son bras glisse mollement le long de sa hanche, le dos de sa main tombant sur le matelas alors qu'elle reste là, éreintée, dans tout les sens du terme. La sinistre poupée se sent achevé un peu plus et réalise combien elle s'était attaché à cette tête de nœud qu'était Tadeo.
Un attachement trop grand, en échange de quelques coups.
Alors qu'elle s'enfonce dans le silence, lui râle. Non elle n'attendait pas de massage, elle avait juste voulu de changer de sujet. Elle fuyait, comme chaque fois que l'émotion prenait le dessus. Pourtant elle se laisse faire quand son ami saisit son pied, minuscule entre ses grandes paluches et commence un massage doux mais vigoureux. Bon sang, cela faisait une éternité que personne ne lui avait fait ça. Un long soupir de bien être lui échappe alors qu'elle vient chasser une mèche de cheveux qui lui barre le visage.
« Notre accord c'était que je te fasse souffrir, assez pour que tu oublies tes problèmes, assez pour t'emprisonner dans le plaisir. J'ai pas signé pour te materner. »
Siffle la femme, le ton glaçant. Il lui a piétiné le cœur, elle n'avait pas l'envie de lui faire plaisir. Pas de cette manière là en tout cas. La mélancolie laisse place à une expression de colère, d'agacement. C'est presque de la haine qui passe dans ses yeux morts, lui donnant un air encore plus austère, presque effrayant. Lune passait d'une émotion à une autre en un claquement de doigts. Mais elle lui en voulait pour la réponse qu'il lui avait donné. Terriblement. Mais avant même qu'elle ne réplique une fois encore, avec la même haine qu'on lui connaît si bien, tadeo lui fait fermer son clapet avec une révélation improbable. Et là encore, son visage change du tout au tout. Envolée la colère, la surprise tire ses traits et plus surprenant encore, lui fait monter le rouge aux joues.
« Stupide clébard... »
Murmure t-elle en guise de réponse avant de replier la jambe, arrachant son pied à ses mains. Lune se penche, venant se mettre à genoux sur le lit, tendant les bras. Elle ne devrait pas faire ça, pas avec lui. Mais personne n'était là pour les voir et les juger. Ce moment leur appartenait, à eux et à eux seul. Dans un élan plus ferme que tendre, elle passe ses bras autours des épaules du mafia et le tire à lui pour le serrer dans ses bras.
« Si tu moufte, je te colle un gnon dans les dents. »
Qu'il n'envisage pas de répliquer ou même de s'échapper de ses bras. C'était un ordre et il se devait d'obéir, après tout. Lune soupir, venant enfouir son faciès contre la gorge humide de sueur de son ami et resserre son étreinte. Se dire amis n'était pas nécessaire, aucun des deux n'étaient obligé de s'infliger cette humiliation. Les gestes en revanche, valaient bien souvent plus que des mots et en cet instant, Lune était heureuse d'avoir une paire de bras, frêles certes, mais bien assez fort pour enlacer cet idiot et lui faire savoir son attachement.
Sal en tus heridas, Salsa picante en mis tacos {Lune&Tadeo} - Dim 8 Déc - 22:39
Les émotions de Lune passent d'un extrême à l'autre : d'assassine elle se dévoile soudain fragile, rougissante, comme une adolescente fleur bleue. Je la contemple avec un franc mouvement d'incompréhension. Ce que ça doit être épuisant d'être elle, ballotée de sentiments violents, constamment.
- Quoi ? - Stupide clébard...
Rien ne me prépare à la brusque attaque mammaire qui suit. Je me retrouve brutalement câliné par une caricature gothique d'Elvira.
- Si tu mouftes, je te colle un gnon dans les dents.
Je ne compte pas moufeter. J'essaie de me concentrer sur ma respiration pour éviter à ma cervelle de trop s'attarder sur mon malaise du contact peau à peau. L'affection a toujours été quelque chose de tarifée dans mon monde. Les démonstration de tendresse sont forcément calculées, obséquieuses, une monnaie d'échange pour obtenir autre chose. Je ne sais plus comment on fait pour être sincère, j'ai été déprogrammé à quinze ans.
Bronach me bouscule, et sa spontanéité me terrorise.
Lune me prend au dépourvu et mon intellect me souffle qu'il est impossible qu'elle ait prémédité cet acte : sa nature est par trop imprévisible. Lune est juste Lune. La tension dans mes épaules se dilue peu à peu. Je me laisse le droit d'accepter cette étreinte. Je me laisse cette infime possibilité d'avoir quelqu'un d'attaché à ma sale trogne.
- Je... euh...Je peux parler maintenant? Je n'ai pas osé bougé d'un pouce, la tronche emmitouflée par ses seins. Chuis.... erf... pas doué avec les effusions. Chais pas faire... Rectification. Chais plus...
Un ange passe et se défenestre sans broncher. Je cherche mes mots avec difficulté.
- Hum..... T'es le plus proche pour moi de ce qu'on appelle une amie. Petit ricanement qui se meurt dans la gorge. T'es la seule amie que j'ai, en vérité.
Sal en tus heridas, Salsa picante en mis tacos {Lune&Tadeo} - Lun 10 Fév - 11:29
Le silence s'impose en maître, l'ordre n'est pas contesté et pendant un instant, les deux comparses restent dans cette position. La chaleur d'un corps à l'autre mais sans ambiguïté, juste pour le plaisir d'une présence, pour prouver une affection. C'est bien de ce dont il s'agit ? De l'affection ? Une amitié ? C'était probable, il n'y avait rien d'autre que cela si ce n'est l’exutoire que représentait Tadeo. Et encore, un exutoire qui marchait pendant un temps seulement, c'est bien là le problème. Ce petit jeu malsain poussaient Lune à revenir sans cesse, à recommencer, le blesser, faire couler son sang... Mais il arrivait à un moment ou cette violence n'était plus suffisant, comme si rien ne pouvait apaiser sa frustration, sa haine viscérale qui serpentait en elle et la rongeait comme un cancer. Ce n'était pas faute d'avoir déjà des amis, comme Lucjan par exemple, le plus fidèle et présent entre tous ou encore Hadrien, lui le grand Thor, plus protecteur et aimant que jamais. Non, Lune n'était pas seule et pourtant, au fond, quelque chose manquait, mais quoi ? Là était toute la question.
« Une amie... »
Répète t-elle dans un souffle alors que sa prise se radoucit sur Tadeo. Pendant un instant, elle reste là, l'esprit dans le vague. Tadeo la considérait comme une amie, lui aussi. Malgré elle, Lune éprouva un sentiment de considération énorme qui lui arracha un bref sourire. C'était peut-être cela, le truc, qui lui manquait. Être importante pour quelqu'un, lui être utile, peut importe la façon.
« Moi aussi je t'aime bien, connard. »
Murmure t-elle avec un rire bref avant de le relâcher. Il était temps de le libérer de cette emprise que formait ses petits bras minces mais loin d'être dénué de force. Le petit astre moribond renifle doucement, reculant le buste alors que sa position se fait moins altière, le dos sensiblement voûté alors que ses longs cheveux laiteux retombe de chaque côté de son visage.
« Les amis... ça se dit des choses. Des choses qu'on ne dirait pas à d'autres... tu comprends ? » Elle relève le visage, dardant ses yeux blancs sur son ami, son cerbère. « Être des amis, c'est être là l'un pour l'autre. Ce qui veut dire qu'à l'avenir, si tu as un problème, toi ou... » sourire chafouin, elle tend la main et lui met une pichenette sur le front. « ou le dieu qui campe dans ta caboche... » Sa main retombe mollement. « Vous savez ou me trouver, je serais là pour vous. Et pas uniquement pour faire couler ton sang, maudit clébard. »
Vivement que la bouffe arrive, son estomac crier famine. Elle rêvait déjà d'un bon gros tacos, épicé au possible. Quand l'on perdait un sens, les autres se développait. Lune adorait manger, sentir le goût de chaque aliment consommé. C'était presque compulsif chez elle...
« D'ailleurs... Le jour de notre rencontre... Ton dieu à fait quelque chose... » Elle fronce les sourcils de désapprobation, la mine sérieux, sévère. « C'était quoi ? Tout ce fourbit avec le sang... Il est conscient que je n'ai plus mon pouvoir ? Mon sang de prophétesse demeure, mais ça s'arrête là. Mon utilité avec. »
