Il agite les doigts, défait le poing qui s'était formé. Tente la détente, alors que ça éclate à l'entrée du bar, une dispute qui, ils espèrent ou presque, ne va pas dégénérer plus que ça. Il est un peu plus loin, Alv, observe du coin de l'oeil. Détend les doigts, pour ne pas céder à l'impulsion, à l'envie de régler le tout, de les jeter dehors directement. Mais bien assez vite, les phalanges blanchissent plus encore, alors qu'il bouge subitement de sa position, qu'il défait la foule des curieux de mouvements vifs et presque ample, comme une plongée au sein même de la colère. Qui le percute à sa manière, au travers des mots qu'on se jette à la tronche, en face de lui. Prunelles perdues un bref instant, sur les visages. Deux hommes qui s'engueulent et Alv, il comprend pas un traître mot, parce qu'il a aucune idée de quelle putain de langue il s'agit. Et ça le gonfle un peu plus parce que même s'il comptait pas jouer le médiateur, il aurait aimé pouvoir capter la source de ce foutu conflit. Alors il va juste jouer des muscles, comme à l'habitude, plus tellement habitué à réfléchir véritablement quand il est au boulot. Parce qu'on lui demande pas ça, qu'on lui demande pas toutes ses ressources neuronales. Une sentinelle, qui balaye du regard les alentours, qui détecte les problèmes, qui les empêchent d'éclater. Comme de la poudre au sol et son pied qui vient écraser la traînée noire pour éviter que ça pète, ouais. Et il la balaye efficacement, à cet instant. Sans vraiment prêter d'attention à ce qui peut se gueuler, vu qu'il y comprend rien. Un puis l'autre, traîné par le col, la force d'une guerrière dans chaque pogne. Jeté dehors, les deux abrutis. "Allez vous engueuler ailleurs, abrutis." Un crachat verbale, tant le dernier mot était appuyé. Le regard mauvais, plein de cette force d'une guerrière tout aussi intransigeante. Et il reste là, barrière de chair, mur humain - ou presque. L'aura tout aussi mauvaise que le reste, de cette attitude qui semble hurler qu'il est prêt à écraser ses phalanges sur leurs gueules, s'ils dégagent pas fissa. C'est qu'elles ont besoin de couleurs. Mais ils se barrent, non sans quelques insultes. Il lui semble en reconnaître vaguement une, reconnaît ainsi qu'il s'agit d'espagnol ou d'italien. Un doute, alors qu'il lorgne sur les gens autour. "Pas de vague." Un marmonnement avant de rentrer de nouveau dans le bar. Les bras bien assez vite croisés alors que la sentinelle reprend sa surveille, qu'il scanne tout ce qui peut l'être, d'avec son instinct et l'expérience, à force. C'est qu'on lui donne pas mal sa chance, dans le quartier. Et qu'à force, il devient sacrément efficace, ouais.

Trois conflits, une bagarre. Foutue soirée de merde pour les gardiens des lieux. Peut-être aussi pour la patronne, mais en même temps, c'est si peu pour un samedi soir. Sa cervelle lui semble prête à éclater, à Alv, quand le dernier client est chassé gentiment. La musique est baissée et il peut respirer, alors qu'il retire les coupes sons de ses oreilles. Il balaie les quelques employés présents du regard. Lui s'étire, va pour s'en aller vers le vestiaire. "Faut aller signaler les incidents du soir." Argh. Regard du presque quarantenaire, sur l'interlocuteur. "... Et c'est moi qui m'en charge, c'est ça ?" Sourire en face. Message compris. Chemin rebroussé pour aller vers le bureau qu'on a bien pu lui désigner, qu'il avait déjà connu pour l'espèce d'entretien passé. Il retient mal le nom de famille de la patronne, doit le relire avant de rentrer. "Madame Al Khay...Zouran ?" Léger couac. Il y peut rien, qu'il se dit, le remarque pas lui. Pour autant, il pince les lèvres, quelque peu désolé de l'écorcher si tel est bien le cas. Il doute pas que c'est le cas, même. S'affranchit de la barrière que forme la porte pour s'avancer. "Désolé pour votre nom, j'vais l'apprendre par coeur à l'avenir." Il s'imagine déjà avec son portable à la main, à le prononcer plusieurs fois. L'image le fait qu'à moitié rire, parce qu'il a l'impression de perdre la moitié de son âge à cet instant. Mais pour l'heure, il observe la femme en face de lui, droit comme un piquet encore, sérieux malgré tout. "On a eu trois incidents, ce soir." Les prunelles posées sur elle, avant de se poser par réflexe vers ce qu'elle peut faire. Curiosité humaine, surtout que l'expression qu'elle peut arborer semble hurler que ça lui prend la tête. "Aucune casse à déplorer." Il croise les bras, le regard happé par les quelques chiffres et nombres qu'il peut apercevoir, en contre plongée. "Y'a eu une arcade pétée, mais c'était pas de notre fait." Alors ils s'en foutent, ne peuvent pas être poursuivis. C'était avant leur intervention. Mais faut signaler, juste au cas où, mettre de côté les vidéos de surveillance, si tant est qu'il y en a. "Voilà voilà." Il croise les bras, dans un geste presque mécanique, d'à force d'avoir pu le faire ce soir. Le cou légèrement tendu, à sauter de virgule en virgule, d'un calcul à un autre. Voilà longtemps qu'il en a pas fait, de la comptabilité et que ça lui manquerait presque, à cet instant. Presque. Être derrière un bureau, c'était pas tant que ça pour lui. Le blanc des nerfs tendus sur les phalanges, plus le noire de l'encre qui déborde sur le bout des doigts. "Je peux vous aider... ?" Qu'il demande, les pensées qui dépassent la frontière de sa tête. Il ne s'entend même pas poser la question, cet aveu de l'indiscrétion toute humaine.

Plusieurs mois maintenant qu’Alfonso lui avait passé la main. Il a voulu se retirer –à sa manière- et vu les pertes qu’ils avaient essuyé dans la Camorra peu de temps après ça, elle préférait encore qu’il ait mis les voiles et soit sain et sauf, plutôt que six pieds sous terre, comme d’autres de ses proches. Mais ça faisait un vide. Elle l’avait toujours considéré comme un second père –certes, bien plus jeune que le sien- quelqu’un qui l’a pris sous son aile, qui l’a aidé, qui a cru en elle, en son potentiel. Le Piada Bar comme héritage, comme souvenir aussi. De cette soirée où elle avait mis un mec trop lourd à terre, éveillant la curiosité du proprio par la même occasion. Elle voulait lui faire honneur. A Alfi, à ce lieu qu’elle aime tant et qu’elle veut garder ans la même veine que ce qu’elle a connu.
Un bar à l’ambiance particulière, jazzy, aux allures de cabaret, mais dont la véritable vie se passait en sous-sol. Une arrière salle accessible à peu. Des divins principalement. Les amis, les proches, les alliés de la Camorra ou les fidèles d’Alfi. L’accès y était contrôlé, les dérives aussi, bien que les excès y étaient monnaie courante, et ça, elle en savait quelque chose.

Lyra avait fait quelques apparitions au sous-sol, saluant quelques têtes, s’assurant du bon déroulement des choses. Gérer une partie casino, ce n’était jamais sans risque. Et elle avait fini par s’éclipser pour prêter main forte derrière le bar, en plein rush, dans la partie du haut. Beaucoup de mortel... Quelques réincarnations, juste là pour boire un verre. Elle avait dû enchainer les cocktails, et heureusement pour elle, ce n’était pas n monde qui lui était complètement inconnu. Surtout lorsqu’on lui demandait le meilleur whisky. Et lorsque ça s’était calmé, elle avait rejoint le bureau, où des tâches bien moins festives et créatives l’attendaient. Foutue compta. Des chiffres qui donnaient le tournis et qui semblaient s’assombrir au fur et à mesure qu’elle les regardait.

La jordanienne relève distraitement la tête, trouvant l’un de ses employés sur le seuil de la porte. Elle se pince les lèvres, se retenant de ne pas rire, mais y’a ses fossettes qui qui se creusent, la trahissant un peu. « Pas de soucis » Ah oui, le rapport de la soirée. Incidents et autres conneries. C’était toujours plus animé le week-end. Les gens se lâchaient un peu plus. L’alcool qui coulait à flot et les esprits s’échauffaient… Beaucoup persuadés qu’ils pouvaient boire qu’ils ne le pouvaient en réalité. « humains ou… comme nous ? » qu’elle demande, le plus naturellement du monde. Elle avait besoin de savoir qui mettait le trouble dans son établissement. Si c’était la première option, la solution était simple et sans doute n’avait-elle pas besoin de s’en inquiéter. Ils étaient presque… inoffensifs. Si c’était la seconde option, ça pouvait parfois se compliquer, et peut-être serait-elle obligée de mettre le nez dedans. Cette fois, elle a un rire nerveux qui s’échappe, incapable de le retenir. « s’il était ivre, y’a peu de chances qu’il se souvienne comment c’est arrivé » et puis… peu de chances qu’il n’ose s’attaquer à un établissement du quartier italien. Encore moins avec un nom comme le sien, qui avait encore –l’espérait-elle- un peu de poids. Merci Papa, sans doute. Dans le pire des cas, elle avait toujours la solution de jeter un coup d’œil aux vidéos. Elle soupire, lache son stylo en laissant sa tête reposée en arrière. Elle était crevée, et surtout, sa tête menaçait d’exploser. « Merci. Vous faites du bon boulot » lache-t-elle, sincère. A défaut d’avoir le bon nombre de barmans et un comptable, elle avait une sécurité sur laquelle elle pouvait compter. Lyra s’attendait à ce qu’il tourne les talons, retourne à sa vie, aille retrouver une famille ou quelque chose dans le genre. Mais sa voix la fait rouvrir les yeux, un peu surprise, et elle comprend en voyant son regard fixé sur les feuilles, et surtout tous les chiffres qui s’y trouvent. « vous vous y connaissez ? » Non pas qu’elle se plaisait à étiqueter les gens, mais la comptabilité n’était pas donnée à tout le monde –et visiblement pas à elle. Elle recule doucement sa chaise, comme pour l’inviter à s’avancer. Son truc à elle, c’était l’histoire, les langues mortes, la biologie un peu… Mais certainement pas les maths et la comptabilité. Elle devait en avoir un, depuis trois semaines déjà, et voilà qu’on lui avait fait faux bond et qu’elle devait se dépatouiller là-dedans. « Vous me sauveriez la vie… et puis, appelez moi Lyra, ça évitera à avoir à apprendre mon nom » qu’elle lache, avec un léger rire. « j’y comprends pas grand-chose… » finit-elle par avouer, un peu désespérée, les prunelles tournées vers Alv, appelant un peu à l’aide.

Pas de réprimande, sur l'écorche de ce nom qu'a rien demandé, surtout pas de tomber dans une bouche aussi peu délicate avec. Il a tenté quand même, Alv. Qu'importe. Rapport à faire. À sa manière, sans l'ombre d'un doute, même si elle lui coupe un brin le souffle la patronne. Il en reste con un instant, Alv, sait pas tellement quoi répondre. Comment on sait si c'est humain ou pas, un gens ? "... Euh, humains... ?" C'est qu'il a que la valkyrie comme point de repère et qu'elle ne sait repérer les auras, elle. Qu'à moins d'avoir une créature en face de lui, il ne pourrait le deviner et que même ainsi, ça le perturbe. Mais il continue malgré tout, donne vaguement le détail important, la tête désormais ailleurs. "Ouais, il était plein." Aucun doute sur le sujet. Pas besoin d'être particulièrement perspicace pour repérer cela. Alors le rapport fini, il aurait juste dû tourner les talons, Alv, plutôt que de se laisser distraire par quelque chose de foutrement trop humain. Comme un moyen de chasser le surnaturel et toutes ses questions-là, il lorgne sur les chiffres qui semblent l'appeler. Alors les mots s'échappent et c'est quand elle le regarde qu'il capte. Oups. Il pince les lèvres, se contente d'acquiescer à la question. Au mouvement de chaise, il bouge de sa place, piquet déraciné de son emplacement pour approcher, pour faire le tour et lorgner sur le tout. "La comptabilité, c'est de la merde." Alors vaut mieux rien y comprendre, dans le fond. "Je sais pas pourquoi j'ai fait mes études là-dedans." Il souffle un bref rire, le regard définitivement happé par les feuilles. Une pogne qui se pose sur le bureau, alors qu'il se penche, dos rond sans feulement ou animosité. N'est pas un chat qui le souhaite. Il se tait légèrement, étudie les chiffres, amène sa main libre à ses lèvres, pince l'inférieure tout en réfléchissant. Premier tic qui traduit qu'il est tout à réfléchir, à faire des points et des repères. "Alv, au fait." Qu'il marmonne, voix légèrement obstrué par la présence de ses doigts, léger sifflet qui se fait d'avec la lèvre en cornet. "Vous voulez une petite leçon ou juste le résultat ?" La pogne redescend, pour se poser sur un bout de papier, alors qu'il tourne légèrement la tête vers Lyra, pour avoir la réponse. Savoir à quoi s'atteler.

En voyant son hésitation, Lyra réalise son erreur. Les valkyries et autres créatures ne distinguent pas les récurrences. Son père n’avait cessé de le lui répéter… Et comme beaucoup de choses en ce qui concernait son paternel, elle n’avait écouté que d’une oreille. Ceux comme elle –à la présence divine- pouvaient différencier quelques différentes espèces. Et qu’elle le veuille ou non, la jordanienne différenciait toutes les auras, et ce, de mieux en mieux au fil du temps.  « si jamais vous tombez sur autre chose… hésitez pas » bien qu’elle ne se fasse pas de soucis. Les valkyries étaient réputées pour leur force et leur stratégie. Des guerrières redoutables. Mais s’il se retrouvait à  une récurrence bien remontée, Lyra ne pouvait que se demander ce que ça allait donner. Alors elle voulait lui faire comprendre, qu’il pouvait venir la trouver peu importe ce  qu’elle faisait.
Son attention est rapidement attirée par le regard d’Alv, fixé sur ses feuilles de calcul et ses quelques gribouillis. Le meilleur moyen de lui filer la migraine, c’était certain. Elle n’y comprenait pas grand-chose. Et elle allait devoir rapidement se dépatouiller si elle voulait continuer à faire tourner le Piada. « Je confirme » qu’elle réplique, avec un léger rire. « sérieusement ? » elle ne pouvait le cacher, elle était étonnée. Comme beaucoup, elle imaginait sans doute les comptables comme la caricature du mec trop maigre, un peu effacé, l’air trop sérieux avec de grosses lunettes sur le nez. Plus ou moins l’opposé du mec qui se trouvait face à elle. Elle s’est écartée, lui laissant un peu plus de place. Il semble happé par les feuilles –bien plus qu’elle en tout cas- comme s’il déchiffrait le tout. « officiellement enchantée » elle sourit légèrement, mais toujours paumée au milieux des nombres. « euh… les deux ? » répond-elle en tournant la tête vers son employé. « enfin… ce serait mieux que je comprenne ? sauf si vous voulez revenir ici régulièrement et m’aider à me coltiner tout ça » elle rit, imaginant mal la scène. Elle ne doutait pas un seul instant qu’il avait mieux à faire que quelques calculs pour sauver sa nouvelle patronne. Et puis, peut-être que s’il n’avait pas continué dans la compta, c’était pour une bonne raison ? « je suis désolée de vous embêter avec ça, vous aviez sans doute mieux à faire »

Ca le fait ricaner lui-même, parce que vrai qu'il s'y voyait pas non plus dans ce bordel. "Sérieusement." Un léger signe de tête pour appuyer le tout, un bout de sourire qu'effleure la surface normalement distante. "Les parents aiment bien quand leurs enfants ont des diplômes." Explication simple pour un type qui l'était tout autant à la base, qu'aurait jamais eu son quotidien basculé sans les conneries de son frère. Qui serait encore dans son trou, qui n'aurait jamais fait la rencontre qui a conduit à cette drôle de cohabitation interne. Mais plutôt que de s'épancher là-dessus, il se lance dans l'étude des documents à sa portée, dans les calculs offert, dans cet écrin précieux d'une Humanité bafouée et quelque peu oubliée en partie, qui lui tend les bras à cet instant, l'accueille en son sein au travers de chiffres qui forment des nombres, des informations qui le plonge dans une réflexion bien plus poussée que les habituelles désormais, que l'enquête personnelle pour retrouver son John Doe personnel. Tout est différent que de se concentrer avec son oeil directeur pour viser une cible, pour apprendre tout ce qu'il y a à savoir de la guerrière qui crèche en son sein. "Comme vous voulez." Lui, ça lui importe peu dans l'idée. "Me dérange pas de revenir à l'occasion, si vous avez besoin, hein." Il hausse les épaules, Alv. "Puis à cette heure-ci, à part rentrer me pieuter... Boarf." Langage quelque peu familier, parce qu'il s'en fout pas mal d'y faire attention. Qu'il est entier dans sa manière de causer et que c'est pas près de changer de sitôt, surtout pas après avoir pris conscience du temps qu'il avait pu perdre, à user que de beaux mots et faire attention à rien casser, des illusions qu'on peut se faire des gens. "Je vais quand même tenter de vous montrer." Un maigre sourire encore, avant de parler plus longuement, de lui montrer avec un crayon chipé au passage les lignes qui les intéressent, la corrélation entre toutes celles présentes. Sans doute une bonne part de charabia, parce qu'il n'a jamais été le plus pédagogique qui soit, qu'il y a des évidences que les études lui ont mise en têtes et qu'il ne saurait retranscrire, mais qu'aura le mérite au moins d'éclaircir un peu le tout à la patronne des lieux. Normalement. Peut-être. Avec de la chance. La somme d'un effort pas si conséquent pour la créature, quand il s'arrête, qu'il indique qu'une erreur dans ce bouzin de lignes et de chiffres. Puis il se redresse, avise la déesse. "Voilà. Ça va, ou ça reste toujours aussi merdique ?" Il se craque le dos, Alv, en carrant brièvement les épaules. Léger son qui en réchappe, avant de croiser les bras.

« Pas faux » réplique-t-elle en haussant les épaules, lui concédant ça volontiers. Ses parents avaient été pareils. Seulement elle ne s’était pas dirigée vers les études que son père espérait. Il aurait préféré la voir faire du droit, ou comme lui, se lancer dans une carrière politique. Il n’avait cessé de lui répéter qu’elle avait le charisme pour, mais ils savaient tous les deux qu’elle ne pratiquait pas la langue de bois. Elle était trop franche, trop rentre dedans pour ce milieu. La jordanienne avait préféré les anciennes civilisations, les mythes qui s’y raccrochaient, étroitement liés à sa famille. Elle préférait les langues mortes et les fouilles. L’aventure que ça pouvait engendrer plutôt que l’hypocrisie de la politique. Dire une chose et en faire une autre, très peu pour elle.
Alors elle le laisse faire, se met en retrait, bien qu’assez proche pour tout d même capter un ou deux trucs à ce qui semble avoir du sens pour lui. Si loin du mec qu’elle pensait avoir engagé. Un mec à la corpulence solide, là pour son charisme et ses muscles. Le genre de personne qui dégage quelque chose. Intimidant sans être effrayant. Subtil mélange qui suffirait à calmer certains clients pour ne pas mettre le bordel. Le côté valkyrie, c’est le bonus divin, et dans un ville comme Arcadia, c’est pas du luxe. « Oh » qu’elle lache, un peu bête, ne sachant pas si elle doit trouver ça triste ou bien l’envier un peu. « Dans ce cas… j’accepte volontiers tout l’aide possible » elle se met un peu mieux dans sa chaise, comme une étudiante à qui on filerait un cours particuliers et tenterait de mettre toutes les chances de son côté, jusque dans sa position pour être la plus concentrée possible. Et c’était pas gagné. Elle essaie de suivre, de comprendre ce qu’il essai de lui dire. Si c’est sans trop de ma au début, elle finit par plus le regarder lui, les yeux ronds et un peu désespérée, plutôt que les différentes lignes qu’il lui désigne. Il pourrait lui parler chinois que ce serait pareil. Lyra tourne de nouveau la tête, tente se reconcentrer, mais rien à faire. « je … » elle soupire, passe les mains sur son visage. Elle déteste avouer ses faiblesses, aussi futiles soient-elles. « j’ai pas tout compris… Désolée. » elle se redresse, les prunelles se posent sur alv, sincèrement désolée, pour lui, pour elle… « j’crois que j’vais vraiment avoir besoin de vous… Enfin temporairement. Si c’est ok pour vous ? » enchaine-t-elle un peu trop précipitamment. « j’vous paierais évidemment. Ou un accès aux stocks si vous préférez » finit-elle par ajouter en riant, réellement crevée.

Aide acceptée. Souhaitée même en sous-texte qu'il s'emmerde pas à lire, qu'il comprend sans ça. Alors il s'est contenté d'opiner du chef encore, de se lancer dans le tout, avec cette élève attentive mais qui, malheureusement, est jeté au beau milieu d'une fosse remplie de lionceaux qu'ont les dents solides quand même, qui mordillent avec force la pauvre cervelle de la déesse. Un combat qui n'essouffle pas, qu'intéresse pas la valkyrie qui reste cachée dans un recoin de l'homme qui s'évertue à tenter d'expliquer les choses. Mais, ah, dommage qu'il n'eut pas trouvé créature un brin plus fine pour se montrer meilleur professeur. Ainsi la pauvre Lyra se retrouve dépassée et quand il termine... Faut bien avouer qu'il est pas tellement surpris, que c'était même plutôt attendu et qu'il se rappelle pourquoi c'est si assommant pour la plupart de la population. Une banalité sans nom que tout ceci, mais qui le fait sourire intérieurement tout de même, de se savoir si barbant quand il s'y met. "Pas de souci, j'suis mauvais prof aussi je crois." Pas qu'un peu. Il hoche alors, souffle un rire nasal à la proposition. "C'est ok pour moi. Sans trop d'alcool par contre, ça serait un carnage sinon." Pas qu'il tient pas, non. Mais les maux de crâne, il évite au mieux, connaît bien assez déjà ainsi les céphalées au quotidien d'avec cette balle qui parfois s'amuse à lui titiller si bien le cortex qu'elle arrive à l'irriter. Et c'est lui qu'est de mauvais poils ensuite. Encore un sacrifice mais dont il se passe volontiers, après trop d'essais douloureux. "Puis ça le fait moyen quand on est à la sécu', non ?" Les dents qui se dévoilent, dans un sourire en coin qu'il ravale bien assez vite, parce que c'est son genre sans l'être, que les sourires ça va bien deux minutes après tout. "Z'êtes en rade de comptable, alors ?" Qu'il demande, curieux un peu du pourquoi de cette situation. Surtout avec un bar qui marche, les stocks à gérer en plus, des caisses qui se doivent d'être remplies pour gérer les foules d'individus. "Finalement, cette arcade pétée aura eu du bon." Haussement d'épaules, sans trop d'empathie pour le pauvre gars qui va se réveiller avec un sacré bobo. Parce que sans lui, sans doute que Alv n'aurait même pas eu besoin de monter.

Si elle avait compris le début de l’explication et des calculs, la jordanienne avait été rapidement larguée. Et ça la désespérait complètement. Elle n’avait pas l’habitude de se sentir aussi dépassée. Mais il fallait croire que dernièrement c’était monnaie courante… que ça soit par sa vie de manière générale ou par ces foutus chiffres. « non non, ce n’est pas vous » elle le rassure et le pense. Elle se marre lorsqu’il fait référence à l’alcool. C’est vrai que pour bosser, c’est pas terrible. Quoique dans son cas, ça lui permettrait peut-être de remettre les calculs et les lignes dans le bon ordre. Ça pouvait difficilement être pire. Elle hausse alors les épaules, un peu amusée, elle doit le reconnaitre. « Pas pendant le service évidemment. Mais après » une fois le shift terminé, avant de rentrer, ou une bouteille à ramener, comme il le voulait. Un pseudo cadeau de remerciement. « enfin c’est comme vous voulez, j’voudrais pas qu’on m’accuse d’obliger mon personnel à boire » elle rit encore lyra, et ça lui fait du bien. C’est pas bien souvent dernièrement. Tout au plus, elle sourit face aux balbutiements de sa fille, s’émerveille devant son innocence. Mais rire… Non, ça fait bien longtemps.
Elle acquiesce d’un signe et soupire « J’en avais un, puis il m’a laché. J’en attendais un autre, un nouveau… Et il n’est jamais venu. Il pourrait bien être mort pour ce que j’en sais… Le fait est que je cherche encore… » et mort ou pas, ça lui était bien égal. Tout ce qu’elle voulait, c’était un comptable sur qui elle pouvait compter et qui était relativement discret. Elle n’avait pas besoin d’un mec trop bavard qui allait mettre son nez là où il ne le fallait pas. Une nouvelle fois, la déesse se met à rire face à la réflexion d’Alv. « Pour moi oui, pour lui… Pas si sure. » et l’un comme l’autre, ils ne montraient pas une très grosse empathie face aux blessures du malheureux. Après tout, il l’avait cherché, et si elle devait s’inquiéter tous les cons un peu trop ivres qui se battaient, elle n’avait pas fini. « Merci au fait. Et si j’peux me permettre, pourquoi vous avez laché la compta ? Même si j’suis la première à comprendre… » à nouveau, c’est un sourire amusé et compréhensif qui se dessine sur les lippes de lyra

L'orée d'un sourire, encore, e n c o r e. "Oh même après, imaginait si un collègue croit que je vole. Ça finit en clef de bras." Il se marre un brin, précise pas qui sera celui qui subira. Mais la bouille reste taquine dans l'ensemble, parce que vrai que rien que de l'imaginer, ça le fait un peu plus rire, s'imagine ça à la façon d'une série façon comédie. Le genre où tout est tourné au ridicule et vrai que c'est mieux que d'imaginer la brutalité de l'instant si ça devait advenir pour de vrai. "Si vous vous retrouvez avec cette réputation, je crois que vous aurez pas mal de cv quand même, en vrai." Des profiteurs qui veulent juste boire, au frais de la patronne et encouragés par celle-ci ? Ils demandant où qu'on signe. Ainsi, l'alcool sera oublié de ce deal, c'est le mieux pour tout le monde. Au moins n'a-t-il pas besoin de justifier plus en amont les choses. Puis c'était la première fois qu'il l'entendait rire et pour un premier réel contact, c'est pas si mal, ça évite les heures interminables à rester à côté, dans un froid mortuaire, à rien dire et juste remettre la feuille et le résultat de celle-ci. "Plus qu'à lui souhaiter qu'il ait une bonne excuse, dans ce cas." La mort peut en être une, ceci dit. Et sans le savoir, Alv a peut-être pas si tord, valait-il mieux cela que d'avoir simplement posé un lapin à une Al Khayzuran. Ou à la mafia à laquelle est affiliée aussi, très simplement. Trop tôt encore pour le savoir, mais ça reste jamais bon dans le milieu du travail ce genre de bail. En attendant, l'évocation du gamin à l'arcade éclaté fait surface et Alv se fait plus pragmatique encore. "Il avait qu'à être plus intelligent." B a m. La guerrière est d'accord pour ce coup-ci, n'apprécie que peu les têtes brûlées qui s'engagent dans des combats dont ils ne maîtrisent rien. Aime le sang-froid qui se confronte à l'adrénaline montante, dans une bataille. Apprécie d'imaginer les coups à venir pour mieux les encaisser si besoin est. "Cela lui servira de leçon." Qu'elle murmure au travers d'Alv. Dans le même temps, un signe de tête qui appuie les propos, harmonie étrange dont le monde ne se doute que peu, mais qui fait son oeuvre. Une rencontre sans étincelles, harmonieuse, étrange. C'est qu'ils n'avaient pas grande valeur en commun et que pourtant, c'est ce qu'il fait qu'ils marchent. Des concessions qui n'en ont pas l'air, qui ne semble rien coûter et qui leur vont. L'aura de la guerrière qui l'enveloppe, la même qu'il chérit à sa manière. Même si elle partage parfois pas le cynisme dont il est capable, qui effleure l'esprit. Une brève hésitation mentale, avant de lâcher le morceau. "Je voulais pas mourir une seconde fois." Sourire étiré plus en amont encore, sans langue de bois, qui s'amuse de tout ça. "C'est sympa de temps en temps, mais franchement, rester derrière un bureau toute la journée, toute la vie ? Bonjour l'ennui et alors, non merci." Il hausse doucement les épaules, Alv, retient un réflexe bête d'aller toucher la cicatrice, de ses bras croisés qu'il conserve dans cette position. "Puis elle n'aurait pas supporté non plus je crois." Clairement. Ça aurait été une lionne en cage, qui déjà visualise des barreaux à sa manière, au travers de la personnalité dominante que celle du porteur de leur carcasse. "Du coup... Nous voilà." Nous. Un duo, deux entités, une harmonie. N o u s.

Cette fois, Lyra rit de bon cœur en imaginant la scène. En lui proposant d’accéder au stock en guise de remerciement elle ne voulait pas que ça finisse en quelconques accusations et clefs de bas. « ok, on oublie alors » ça avait tout l’air d’un gag et pas d’un remerciement sincère. Ceci dit, elle pourrait tout de même lui faire envoyer une bouteille, ou quelque chose dans le style. Elle tenait à le remercier. Pour ce soir et pour ceux qui suivront. A ses yeux, ce n’était pas rien. « je suis pas sûre que ce serait les meilleurs cv au monde » commente-t-elle, toujours riante. Des profiteurs, plus intéressés par le fait d’accéder au stock de la patronne plutôt que le boulot en lui-même. Des alcooliques… Ou tout autre chose ans le genre. Non, elle allait définitivement passer.
Elle hausse les épaules, pas franchement concernée. C’était fait maintenant. Peu importe l’excuse qu’il avait, il n’était pas là. Et mieux valait pas qu’il se repointe un jour en demandant du boulot… Ce serait bien dangereux que de découvrir une toute autre facette de la jeune al Khayzuran. Un poil rancunière… Très caractérielle. Elle aimait les gens honnêtes et entiers. Ça ne l’empêchait pas de bosser pour une mafia et d’avoir une morale bien particulière… Tout pour sa famille, pour ses proches, la fin justifiant d plus en plus les moyens… Mais entière en ce qui concernait ses relations avec les autres. De boulot ou plus personnelles.
« ah ça… On ne risque pas de le revoir ici… Mais la connerie, en général c’est bien ancré… Il serait capable de recommencer ailleurs » légère grimace –bien qu’adorable- qui passe sur son visage. Les mecs comme ça s’arrêtent rarement. Quelques temps sans doute, le temps que l’ego ne se remette… Mais ils finissent toujours par replonger dedans tête baissée. « Je comprends » léger rire qui s’échappe en l’imaginant avec des grosses lunettes sur le nez  –le cliché- coincé derrière un bureau. « c’était pas mon rêve non plus » elle se demande qui voudrait de ça. Ceux qui se complaisent dans les routines assommantes peut-être. Ceux qui sont effrayés par la nouveauté et les aventures. A l’opposé de son mode de vie. « je… c’est comment ? avec la valkyrie ? enfin… la cohabitation ? » demande-t-elle, sincèrement curieuse, avant de bafouiller « désolée, vous êtes pas obligé de répondre. Juste que… enfin j’me demande c’est tout… enfin, au délà du côté… guerrier. Vous êtes un homme et … théoriquement elle, une femme… ou je sais pas… juste une entité ? » la scientifique qui ressort, la fan de mythologie et des anciennes civilisations avec.

Il est amusé Alv, des expressions qu'elle peut bien lui offrir. bien loin du sérieux qu'on pourrait se figurer, au vu de leur positions, alors qu'il est l'élément le plus en bas de la chaîne pratiquement et qu'elle est celle tout en haut. Ainsi, une sympathie naturelle s'installe pour Lyra et il consent à lâcher le morceau sans trop se cacher, d'avouer le pourquoi de sa présence ici, à moitié. Sans évoquer les meurtres, sans évoquer le type qu'il peut bien chercher. Mais sans doute que même sans tout ça, il aurait fini par le quitter, son bureau, ouais. Maintenant qu'il l'exprime ainsi, il en est persuadé. Avec ou sans sa colocataire, avec ou sans écho dans ses rêves. Et Alv hoche ainsi, quand Lyra exprime que c'est pas le pied non plus pour elle, tout ça. "Un ce des jours, venez au stand de tir avec moi, ça détend grave." Américain de mes deux. Alv combat beaucoup de chose, au travers de cette activité, mais il faut bien avouer que quand il visualise le visage de l'autre, ça lui fait un bien fou. Calme l'esprit et la guerrière dans le même temps, refrène ses envies de vengeance. Il se rappelle aussi du Mexique, du corps qui tombe, de cette exécution comme prix à payer pour la première vendetta qu'il a pu mener. Alors les muscle se relâchent toujours, après qu'ils aient vibré du tir. Et il peut respirer, alors. Les questions tombent, face à ce qu'ils sont. Eux. Un corps pour deux êtres. Il hoche vaguement, comme pour signifier qu'il a bien entendu mais semble réfléchir. Alors y'a un léger silence qui règne, avant qu'il n'ouvre la bouche, une seconde ou deux, puis de répondre enfin. "Disons qu'elle est arrivée avec ses valeurs, plutôt qu'un genre." Il fait de son mieux pour expliquer, Alv. "Que ça a été plus le bordel au départ parce que... Bah, c'était particulier, quoi." Découvrir un être, soudainement. Se penser fou au départ, avant d'accepter la vérité. "Mais sinon... Je crois que je suis pas le plus malchanceux du coin." Vrai qu'il s'estime même plutôt bien loti, malgré les points de divergence. "Elle cause pas trop, ça va." Et un sourire d'effronté qui naît, alors que ça grommelle intérieurement, face à l'intention mise derrière les paroles. Si bien qu'il fini par en rire, Alv, parce que le manque d'humour de la guerrière pourrait bien le flinguer de rire un jour. Vaut mieux en rire qu'en crever, pas vrai ? "Et vous alors, vous êtes quoi, exactement ?" Curieux de même, Alv, pas encore bien au courant de l'étendue de leur univers. Intéressé, aussi, par tout ça.

Elle le détaille, tente un instant d’évaluer si sa proposition est sérieuse ou non. Son authenticité et son naturel sont rafraichissants. Et son aide, plus que précise. « ça fait un moment que je n’y ai pas mis les pieds » manière subtile –ou non- d’avouer qu’elle n’est pas une inconnue des stands de tir, ou même des armes à feu de manière générale. Bien au contraire. Un milieu qu’elle connait depuis quelques années maintenant, où elle s’est perfectionnée. Mais pour ceux qui ne la connaissent pas, elle a l’air de quoi ? Une héritière au caractère bien trempé ? Une jeune femme accro à l’art et à l’histoire ? Tant de facettes cachées qui la définissent autant que celles qu’elles montrent. « mais ça me plairait bien ! » peut-être qu’elle aussi ça la détendrait un peu. Ça la reconnaitrait avec celle qu’elle était avant sa grossesse. Celle qu’elle a dû mettre de côté pour s’occuper de sa fille. Lyra est loin d’être devenue douce comme un agneau, bien au contraire. Comme Nyx, elle est surement devenue plus féroce, mais d’une manière différente, et surtout sans armes.
Et la curiosité prend le dessus. Peut-être qu’elle ne se retient pas non plus parce qu’Alv la met à l‘aise. Elle acquiesce, tente d’imaginer ce que c’est. Si c’est différent que ça d’elle et Nyx. « Vous saviez ? Pour tout ça ? ce … monde ? »  cette fois, lyra rit en l’entendant dire que la valkyrie n’est pas si bavarde. « tant mieux alors, faudrait pas que ça cause des migraines » elle sourit encore la jordanienne en voyant que c’est à son tour de répondre aux questions. Juste retour des choses. Elle n’ose même pas savoir ce qu’elle aurait, comment elle aurait pris tout ça si ses parents ne lui avaient parlé de rien. Si elle ne venait pas d’une famille plongée jusqu’au cou dans toutes ces histoires de divinités. C’était dans leur sang, et ça continuerait de l’être. Elle savait que ce serait le cas pour sa fille. Deux parents réincarnés, pas besoin d’être un génie de la génétique pour le savoir. « Réincarnation d’une déesse, même si ça fait un peu pompeux et prétentieux laché comme ça » répond-elle finalement en rigolant. « Panthéon grec, Nyx. Déesse de la nuit, les ténèbres… toutes ces choses là. Pas la plus connue… L’une de celles présente avant les olympiens » l’impression que a déesse et l’archéologue parlent d’une même voix cette fois. Et doucement, subtilement, elle laisse échapper ses ombres. Comme des filaments noirs, sombres, qui s’échappent de ses mains, tournoient autour de ses poignets. Elles pouvaient être envoutantes, mais aussi dangereuses et fatales si elle ne les contrôlait. Fine comme des filaments, ou comme un large bloc, un brouillard épais qui rendait chacun aveugle. « je le savais depuis à peu près toujours que ça arriverait… la variable c’était de savoir qui ce serait… » une déesse lumineuse, solaire… ou un déesse plus sombre et cruelle. Quelque chose d plus compliqué, ou de plus subtile.

La dame sait déjà tirer et ne ça surprend pas tellement Alv. Après tout, c'est le pays où la nouvelle est moins insensée que d'apprendre que le voisin est athée. "Alors quand vous voulez." Il était sérieux dans l'invitation, le bougre, ouais, se dit sérieusement que ça peut pas faire de mal de tout décharger ainsi. Les frustrations qui peuvent naître, de devoir se forcer à tenir un rôle qui nous été pas destinés. Parce que c'est bien ce qui se passe, ici, que lui a su s'en échapper du sien et qu'il regrette - presque - rien. Elle en fera ce qu'elle veut, Lyra, de tout ça. Semble bien partie pour accepter réellement et Alv tiendra parole, pour sûr. On ne revient pas sur une promesse. En attendant de tirer sur des cibles en papier, y'a un sujet bien différent qui s'invite, la valkyrie sur le tapis et Alv qui l'ausculte pour satisfaire la curiosité de la déesse. Alors il explique au mieux, d'avec ses mots maladroits mais qui sonnent vrais, au moins. "Non, j'y connaissais rien. M'a fallu un temps pour accepter de tout avaler." De plus se croire fou, de plus se dire que la balle avait endommagé sérieusement sa cervelle au oint de lui avoir foutu une voix dans la tête. D'accepter l'idée qu'il était vraiment pas seul et qu'elle l'avait bel et bien ramené d'entre les morts, que c'était tombé sur lui ce jour-là comme ça aurait pu tomber sur l'autre peut-être, si Alv avait su se défendre au point d'inverser les situations. Alors finalement, il en rit de cette situation, ouais, de cette compagnie que beaucoup auraient haïs, sans doute. "Elle m'en file quand même." Qu'il dit, effrontément encore, dans cette dynamique de se marrer cette nuit, plutôt que de s'en morfondre. Derrière tout ça se cache les insomnies, la parano et la peur de ce qui peut se cacher dans le noir, quand il éteint enfin la lampe pour tenter de dormir. Il reste un homme comme d'autres, quand la nuit est là. Un gars qu'écoute la réponse à sa question, qu'est plus surpris de ce que le monde peut cacher, à la majorité. Rien que pour tout ça, il peut remercier la valkyrie, de pouvoir le découvrir. "Ah ouaiiis... Ça sonne bien, dit comme ça." Un hochement de tête, qui confirme ce qu'il laisse échapper de lui. "Comment vous saviez ?" C'est qu'il est bien loin de tout savoir encore. Que la valkyrie n'a apporté que la connaissance des dieux avec elle, pas le fonctionnement dans ce monde-là. Et le regard qui lâche le visage, pour observer le tourbillon noir qui se forme, au niveau des mains, des poignets. Pour sûr que ça le fascine, à cet instant, parce qu'il est pas habitué, lui. "... J'perds mes doigts, si j'essaye de toucher ?" Ça brille dans le regard, cette curiosité soudaine, alors qu'il se rapproche un peu, subjugué à sa manière par ce danger aux allures de rien. "C'est en lien avec votre déesse ?" Il demande, préfère avoir l'air bête de poser la question que de la garder pour lui et conserver le doute. Puis il décroche un nouveau sourire, Alv. "L'ombre de Peter Pan vous aurait adoré." Parce qu'elle aurait pu la voler. Et le libérer.

Le sourire s’agrandit et elle acquiesce d’un signe de tête. « bien. Mais à condition que tu me tutoies. » parce que c’est toujours plus sympa, et que pour être complètement honnête, c’était quelque chose avec lequel elle n’était pas complètement à l’aise. Elle avait toujours été habitué aux grandes cérémonies, aux gens trop révérencieux qu’elle devait vouvoyer t qui se courbaient presque devant elle. Elle était habitué au monde de son père, fait de politesse et de bienséance, à  tel point que ça l’avait étouffé.  Alors avec ses employés, avec qui elle avait une plus grande proximité, elle avait parfois du mal à se faire à tout ça.
Lyra, elle n’imagine même pas ce que ça doit être que de se retrouver catapulté dans ce monde-là. Pas d’explications, pas de mode d’emploi. Juste se démerder avec cette nouvelle présence et les capacités qui vont avec. « ça n’a pas dû être simple… » et elle était loin de savoir à quel point. Sans doute un coup à se croire cinglé, à se laisser dépasser. C’était déjà bien facile e se laisser submerger par les émotions et les dons lorsque l’on savait de quoi il retournait… alors quand c’était le flou total…. « J’espère que ce n’est pas trop souvent quand même. » parce que la jordanienne, elle sait ce que c’est les migraines… Un hybris qui se fait parfois insupportable. Photosensible qu’ils disent… Aucun doute qu’’elle n’aurait jamais pu continuer à vivre sous le soleil d’Amman ou continuer à se balader dans le désert du Wadi Rum. Arcadia était bien plus nuageux… Un peu  plus adapté sans doute… Même si les journées trop ensoleillées restaient difficiles à supporter. Et elle se demandait parfois si elle allait finir par ne plus supporter le soleil ou la luminosité du tout. Elle rit un peu à Lyra consciente que ça peut paraitre un peu prétentieux… Ou pompeux. « Par ma famille… C’est dans notre sang depuis… » elle réfléchit, soupire, « toujours ? » les familles élues il y a des millénaires, celles destinées à transmettre l’essence même des dieux. « on sait que c’est censé arrivé à nos 16 ans… mes deux parents sont pareils. Ma fille sera comme ça aussi… Pour moi c’était 100% le panthéon grec… Mes demies sœurs, 50/50 égyptien ou grec… Et ma fille sera ça, une chance sur deux que ça soit le panthéon grec ou celte » Parce que c’était les origines de Finn, et que personne ne pouvait deviner ce qu’il en serait pour Andrea. Et ses ombres qui dansent, se tortillent autour de ses poignets… Ombres qui dépendant grandement de ses émotions… De sa colère ou de sa douleur… qui se font plus agressives au fil de ses humeurs. Elle sourit un peu plus, Lyra, appréciant cette curiosité et ce regard brillant. « Pas du tout » elle se redresse, se lève et s’approche d’Alv. « Là, elles sont inoffensives » au fond, c’est les intentions de son hôte qui comptent. « Ouais… Nyx c’est… la nuit, les ombres, les ténèbres… c’était un peu effrayant au début… » à se demander si elle avait une déesse maléfique ou quelque chose comme ça. Loin de là. Nyx était plus complexe, et au fond… comme elle. « ou alors Nyx n’en aurait fait qu’une bouchée » qu’elle réplique en rigolant

Ok, ça roule. Le tutoiement est accepté, vrai qu'il est plus à l'aise avec ça aussi et ainsi, aura fait très vite le changement. Sans doute trop à l'aise dans la conversation, alors qu'à la base, il venait juste faire son rapport sur la soirée. Mais aussi bien qu'il pouvait être, il ne peut avouer à quel point les migraines sont fréquentes, et le pourquoi de celles-ci. Parce qu'il s'agit pas de la guerrière, qu'il s'agit juste de lui, de son Humanité. Alors il a haussé les épaules, l'air de dire que ça va, alors que non. Trop tôt pour avouer ses faiblesses, parce qu'au travers d'elles, c'est dire aussi pour ses peurs. Celles qui bousillent si bien les enrailles qu'il préfère parler que de rentrer, même quand c'st pas si intéressant. L'esprit, pour cette fois, happé par la conversation. Qui se laisse prendre dedans, qui découvre un monde dont il ignore tout. "Des panthéons..." Qu'il marmonne, de cette manière qu'ont les gens d'assimiler des informations. Dans un léger murmure pour eux-mêmes, de telle sorte à avaler réellement le tout, de le dire pour mieux en prendre conscience. Et étrangement, la valkyrie garde le silence, en son sein, le laisse seul face au gigantesque de ce monde-là. "Je te pensais pas mère, tiens. Elle s'appelle comment ? L'a quelle âge ?" Il est marrant de constater comme l'esprit se raccroche aux choses qu'il connait. La famille, plutôt que les Dieux et leurs univers impitoyable. Mais c'est ainsi, Alv demande, curieux de ça aussi, de se demander aussi comment on prépare un enfant à ça, à cette présence quasi permanente dans sa tête. Sans savoir que ce n'est pas comme pour lui et la valkyrie, que tout est différent pour les réincarnés. Qu'ils deviennent l'être. Et peut-être qu'il pourrait finir par le comprendre, à regarder les ombres s'agiter. Lyra approche et lui ne recule pas, casse enfin la barrière que ses bras formaient. Distance cassée, quand il lève une pogne pour aller effleurer du bout de ses empreintes cette ombre qui plane par-dessus la peau. Là, elles sont inoffensives. Les mots font écho en Alv, alors que l'ombre d'un foutu gamin insupportable est évoquée et qu'il sourit, face à la réplique. "Bon appétit, alors." Lui apprendra à s'enfuir. Trois ans auparavant, Alv n'aurait jamais pu se douter de tout ça. Ne faisait que fomenter sa rancune vis-à-vis de son frère. Et le voici désormais à tout accepter, pour se sentir lui-même légitime, sans doute. "Comment ça se passe, pour vous ? Elle est toujours présente, elle aussi ?" C'est une autre question qu'il aimerait poser. Comment tu fais, pour rester toi, dis ?

Parce qu'il se perd un peu, lui.
J'ai oublié comment j'étais avant.

La jordanienne acquiesce d’un signe de tête. Des panthéons. Plusieurs. Nombreux. Grec, égyptien, celte, gaulois, japonais, aztèque, maya… et elle en passait sans aucun doute. Ça laissait le spectre des possibilités infini. Des divinités et réincarnations toutes aussi nombreuses, chacune avec son domaine, ses attributs… Des créatures, des héros, des monstres… Lyra en découvrait un peu plus tous les jours. « Un jour tu t’y feras… Ou tu t’y perdras un peu moins » elle sourit tendrement, compatissant au sentiment un peu flou qui devait l’entourer. Se sentir un peu paumé et complètement dépassé… elle ne pouvait qu’imaginer et compatir. Même elle, en ayant baignée dedans se demandait parfois où tout cela s’arrêtait. « ce fut… une surprise » elle ne savait pas franchement comme le dire autrement. Grossesse pas vraiment prévue, Finn qui se barre avant le terme… Et elle qui devait assumer. Mais peu importe le contexte, Lyra était littéralement dingue de sa fille. « Elle s’appelle Andrea, elle a sept mois. Et forcément c’est une vraie merveille » qu’elle ajoute, en rigolant, comme n’importe quelle mère. Des grands yeux bleus verts, qui ressemblent énormément à ceux de sa mère. Brune même si elle n’avait pas beaucoup de cheveux. Une petite princesse absolument pas prévue mais qui sublimait sa vie d’une toute autre manière. Et même si elle aurait voulu que les choses se passent différemment, la jeune Al Khayzuran acceptait les choses.
Levée, elle s’est approchée, espérant qu’il ne prenne pas peur face à ses ombres. Il semblait plus curieux qu’autre chose et ça la rassurait. Elle continue de sourire, amusée et finit par hausser les épaules ne sachant pas exactement comment décrire tout ça. « elle l’est de plus en plus mais… j’en sais rien, je trouve ça assez équilibré quand même… » elle passe sa main sur sa nuque cherche une explication plus compréhensive. « elle prend le dessus parfois, quand je suis énervée… enfin quand c’est des émotions vraiment fortes. Mais elle est toujours plus ou moins présente. C’est juste… équilibré. Et je crois qu’on se ressemble pas mal. J’imagine que j’ai eu de la chance de ce côté-là. » elle appris à grandir avec, à s’y faire. A gérer les envies et pulsions de nyx. Ses colères et ce côté impitoyable qui n’est pas si différent du sien. Les ombres dansent toujours, doucement, presque à hypnotise pour qui s’y perdrait à trop les fixer. « c’est différent pour toi ? » demande-t-elle, curieuse et peut-être un peu inquiète. Lyra et sa manie de se soucier de tous ceux susceptibles de la toucher.

Il ne doute pas qu'il s'y fasse un jour, Alv. Reste juste à savoir en combien de temps. Et surtout, tout ce qu'il peut avoir à assimiler, ouais. Parce que si faut apprendre tout ce qu'il en est des prétendues légendes, il est prêt à jeter l'éponge tout de suite. À rester dans ses quelques connaissances. Zeus et compagnie, Odin et compagnie... Et le reste, bon, il avisera quoi. Alors il acquiesce seulement, l'air de dire que seul le temps pourra leur donner cette réponse. De s'il s'y fera. Mais en attendant, il fuit, se fait terre à terre avec l'évocation d'une enfant. Pas qu'il ait jamais aimé particulièrement les gosses - ceux des autres ne le concernent pas, donc, quel intérêt ? - mais pour le coup, la surprise laisse de côté tout cela et il sourit en l'écoutant. Il remballe le premier commentaire qui lui vient à l'esprit, se lance dans le second plutôt. "C'est un joli prénom. Tu dois avoir hâte d'aller la retrouver j'imagine." Peut-être bien qu'il lui fait perdre un temps précieux, au travers de cette discussion. Il ne se rend pas bien compte, Alv, discute parfois comme il respire, sans difficulté, naturellement. Puis il est trop intrigué pour songer vraiment au fait qu'il dérange peut-être un quotidien, d'avec sa présence. Parce que les ombres dansent sous ses yeux, dans une lente mouvance qui, à n'en point douter, le fascine plus que ne le rebute. D'autant plus quand il se rend compte que c'est comme ne rien toucher. De voir les doigts se noircir de l'ombre, sans aucune sensation autre qu'une impression de froid qu'il se figure peut-être tour seul, pour donner du sens à tout cela. Il ne s'attendait pourtant à rien, mais cherche quand même après un quelconque sens, l'esprit encore trop cartésien malgré les deux ans de vie commune déjà d'avec sa propre entité. Alors il continue de s'y mêler, bien loin d'imaginer le danger qu'elles pourraient représenter. "Je vois..." Pas vraiment. Ça ne ressemble pas à ce qu'il vit, lui. Ne saurait définir les différences, sait juste qu'il n'aurait pas employé les mêmes mots. Il relève les yeux vers le visage de Lyra, cherche alors les siens, ceux qui ne sonne pas pareil que pour elle. "Elle est toujours là." En ce moment, elle danse aussi avec les ombres. "On parle souvent ensemble. On a défini des règles, pour éviter que ma tête se transforme en champ de bataille." Elle a déjà bien assez saigné. Alors il souffle un rire nasal, bref et équivoque sur ce qu'il peut bien en penser, dans le fond, de tout ceci. "Mais je crois que nos personnalités se sont un peu mélangées. Comme... Une fusion sur le milieu de deux êtres " Les côtés sont différents. Le tout, sans doute, disgracieux. Vilaine créature. "Ou alors je me fais des films." Et comme pour détendre son propre esprit, il se marre un peu. Un rire doux, usé aussi sans doute, d'à force d'exister juste pour se rassurer. C'est qu'il est devenu si sérieux, Alv. C'est qu'elle ne ri jamais, elle.

« tout le temps…» qu’elle avoue avec un sourire attendrit en pensant à sa fille. « des fois j’ai peur de la laisser, même si je sais qu’elle est entre de bonnes mains… » elle soupire, les traits qui sont un peu plus tirés, un peu plus inquiets aussi, malgré elle. « mais je dois admettre que parfois c’est aussi reposant » un rire nerveux s’échappe, celui d’une jeune femme se retrouvant mère un peu  par erreur, souvent dépassée par les pleurs et tous les cris. Elle a dû s’y faire, comprendre et déchiffrer. Elle s’était bien dit qu’un jour elle deviendrait mère, mais c’était une idée abstraite et lointaine. Pas quelque chose qu’elle avait prévu dans un futur proche. Et pourtant, elle était désormais là, avec une fille de sept mois. « tu me verras surement la ramener un soir où je serai à court de baby sitter » ajoute-t-elle de nouveau en riant. Elle sait pas bien quel genre de mère ça ferait d’elle, mais elle était prête à parier que ça finirait par arriver.
Pendant un instant, c’est elle qui se laisse hypnotiser. Pas par ses propres ombres, mais par ce mec qui semblait fasciné et curieux par ce qu’elle offrait. Il n’était pas effrayé ou méfiant. Seulement un curiosité presque innocente. Tout le monde ne réagissait pas comme ça. Alors elle reste en silence, se contente de le regarder jusqu’à ce qu’il ne reprenne la parole. Elle ne savait pas s’il voyait vraiment ce qu’elle essayait d’expliquer, mais elle avait tenté du mieux qu’elle pouvait. C’était plus une question de ressenti qu’une science exacte. Nyx était là, tout le temps… Parfois plus en veille qu’autre chose. Mais elle était là, dans chacune de ses réactions, dans ses colères et ses coups de sang. Elles se ressemblent et leurs réactions sont souvent similaires. Il est arrivé que la jordanienne se retienne, se maitrise un peu plus en rassemblant ses forces pour ne pas laisser la déesse prendre le dessus et faire ce qu’elle avait en tête.
Un rire qui s’échappe lorsqu’il parle de règles et d’un hypothétique champ de bataille. Pourtant, Lyra se doute que des fois, la guerre doit réellement faire rage à l’intérieur. Elle glisse son index sous le menton d son employé, lui légèrement relever la tête alors qu’elle penche la sienne, le fixant comme à la recherche de quelque chose. « Moi j’vois qu’Alv Rello » le doigt qui se baisse, mais le sourire reste. « la cohabitation c’est jamais simple. Je reste persuadée qu’il faut réussir à s’appréhender… avec plus ou moins de difficultés, je l’admets. Tu sens si elle prend le dessus des fois ? » elle n’a pas la moindre idée de si le fonctionnement est comme pour elle, s’il a plus son mot à dire ou si ça dépend juste du caractère de chacun… et celui de sa valkyrie.

Il peut pas tellement comprendre la problématique d'une personne qui est devenue parent sans le vouloir vraiment. C'est qu'il a jamais eu l'occasion de se poser assez pour avoir une vie de famille un jour. L'époque où ça aurait pu arriver est lointaine, a été brisée à cause de son frère. Et depuis, il n'a jamais rien retenté. Dans un pays pareil, c'est sans doute un peu une hérésie de pas se reproduire, de pas chercher à voir une descendance à tout prix, mais fort heureusement pour Alv, il s'en fout bien de ce que les gens pourraient en dire, de son éternel célibat. D'autant plus aujourd'hui, qu'une entité vierge de toute relation a pris vie en son sein et qu'elle l'encourage, bien entendu, dans cette voie. "Les babys sitter sont aussi rares que les comptables, dans cette ville ?" Qu'il taquine, dans un sourire qu'annonce qu'il est pas bien sérieux avec cette question. Il se doute pas encore que c'est plus coton qu'on pourrait le croire, de trouver quelqu'un de fiable dans cette ville, quelqu'un qui ne serait pas dans le camp ennemi. Une étape à la fois. "Après, si le bureau est bien insonorisé, ça devrait aller pour elle ?" Ça, il ne peut savoir. La musique a été coupée et ils sont comme loin du monde tout court. Alors ils peuvent bien se confesser, l'un et l'autre, sur ce qu'ils sont. Sur les ressentis, à danser sans bouger, au rythme de ces ombres qui s'agitent sans sembler souffrir d'une quelconque fatigue, de prime abord. Pourtant y'en a, dans le fond des prunelles de ce drôle de gars, qui s'offre trop facilement peut-être, sur sa nature profonde, tout en évitant soigneusement les bords et contours qui sont bien moins reluisants. Avouer la monstruosité sans montrer le réel monstre. Parce que c'est la première fois qu'il peut en parler aussi librement avec quelqu'un qui est à même de comprendre en parte les thématiques évoquées. La même qui lui fit relever la tête, juste ce qu'il faut pour reprendre un brin de dignité sans doute, pour retrouver un bout de sourire en tout cas, plus sincère que le souffle qui se voulait rire, juste avant. Alv Rello. C'est presque étrange d'entendre son patronyme ainsi. De se souvenir de qui on peut être, aux yeux des gens. Un individu, plutôt que deux êtres. Quelqu'un, plutôt qu'un hybride immonde. "Parfois, oui." Il sent l'éveil de la créature, qui écoute ce qu'il peut bien vouloir dire par là. "Dans les moments où le corps doit agir, plutôt que les mots." Pour ces moments où l'instant a des allures de bataille à remporter. "Je la laisse combattre et c'est comme se glisser dans la place du fond. Se laisser couler en arrière, apprendre en spectateur." Avoir les bras croisés, dans sa propre conscience. "Parfois, elle parle à ma place, sous les coups de sang. Quand elle est en colère, ou se sent insultée." Et ça arrive plus souvent qu'on ne pourrait le croire, parce que les hommes se permettent trop souvent des remarques sur les femmes qu'ils ne devraient pas. Et c'en est une, dans le corps de l'un d'entre eux, à qui on pourrait faire des commentaires plus que déplacés sous couvert de patriarcat et qu'elle va incendier. D'avec ses valeurs parfois désuètes, mais qu'on le mérite de persister malgré tout. "Mais ça va. On se respecte mutuellement. Et on se ressemble, quelque part." L'honneur, plutôt que la morale.

« Pire encore ! Parce qu’il faut une baby sitter en qui j’ai confiance… » répond-elle en riant mais néanmoins sérieuse. Entre ceux les différents camps ennemis, les traitres et ceux qui pourraient se retrouver au milieu d’une vengeance quelconque sans défense, c’était pas gagné. Il lui fallait quelqu’un qui ne soit pas effrayé avec les enfants et qui sachent se défendre un minimum… condition plus importante dans une ville comme Arcadia que l’expérience elle-même dans le domaine. C’était parfois avec des réflexions dans le genre que Lyra se demandait si elle avait bien fait de rester pour élever sa fille dans une ville pareille. Ce n’était pas la mettre en danger, déjà bien trop tôt ? « oui, de toute façon je crois que je n’aurais pas trop le choix. Tu verras rapidement son adorable bouille » ça c’était certain. C’était même étonnant qu’elle ne l’ait pas déjà fait. Mais andrea ferait sans doute tourner quelques têtes au Piada Bar. En tout cas celles des employés parce qu’elle la tiendrait bien loin des clients en tout genre.
Mais alv, étrangement elle lui faisait confiance. Ou au moins un début de confiance. Mais ce qu’elle voyait au fond de ses prunelles ne lui déplaisait pas. Loin de là. Y’avait ce quelque chose de rassurant. Un peu mystérieux, un peu sombre aussi, et pourtant étonnamment rassurant. « Oui je vois… ça me fait ça des fois. Plus rarement mais je vois » c’est surtout énormément perturbant au début. « Ou alors faut apprendre à la mettre en veilleuse… » elle ne savait pas exactement comment, ou à quel point la valkyrie se laissait dicter sa conduite. Mais s’il ne voulait pas qu’elle prenne constamment le dessus, il allait devoir apprendre. « je confirme… c’est ça le pire, quand elles se sentent visées d’une manière ou d’une autre… » qu’elle lache en rigolant, et elle savait quelque chose. Son attention est attirée ailleurs lorsque son téléphone vibre. Un message. Elle tourne brièvement la tête en regardant l’écran. Et merde. « J’suis désolée, il va falloir que j’y aille. Problème de babysitter justement…  » elle attrape son sac, son manteau et s’arrête un bref instant. « mais j’attends cette session au stand de tir. Et merci… pour tout. Le boulot et la compta… » elle s’habille, histoire de pas choper la crève directement en sortant. « Je t’en dois une » c’est avec un léger sourire sur les lippes, les fossettes creusées qu’elle finit par le quitter, et son bar avec.