La maison est magnifique, dans un quartier calme.

Un homme m'ouvre et j'explique rapidement ma présence. Il me fait entrer aimablement et m'invite même à m'asseoir.

Dans le salon, pas loin de moi, vient une femme tenant un bébé entre les bras. Je me lève et retiens mon souffle, cette femme est d'une grâce et d'une beauté incroyable. Je détourne rapidement les yeux et salue poliment.

"Pardonnez moi de vous déranger. Je suis ici pour la collecte de vêtements, couvertures ou linge de maison dont vous n'auriez plus besoin."

Je me sens intimidé.


mots : 100

Pavel a ouvert la porte tandis que je finis de changer Nisha. Les voix résonnent dans le couloir, et j'entend une voix grave inconnue. Une nouveau collègue de travail?

Je passe la porte et m'arrête soudain. L'homme est assis en face de moi, et quelque chose m'estomaque subitement. Je suis sidérée.

Dès qu'il me voit, il se lève, un peu trop rapidement pour que ça soit naturelle, et me salue. Je m'incline, et entend Pavel répondre:

"Excusez la, elle n'est pas accoutumée aux us du continent."

Je comprend "linge", et lui dit d'un fort accent:

"C'est moi qui m'en occupe."


100 mots

Je n'ai absolument pas le temps de me remettre de l'apparition que sa voix me transporte. Son accent, ses intonation, tout invite à l'exotisme. Kyan, qu'est ce qui t'arrive ? On se reprend maintenant !

"Il n'y a aucun soucis."

Je me retourne vers la femme qui semble être plus au courant de ce qui peut potentiellement être donné ou non. Je me force à me calmer et lui adresse un sourire plus amical.

"Avez-vous des vêtements ou du linge à donner ? C'est pour le centre d'aide. Je vous en serait très reconnaissant"


100 mots

D'un air entendu je passe Nisha dans les bras de son père, et invite l'homme à me suivre. La maison est grande, mais nous arrivons à la buanderie, et je questionne:

" Vous prenez les vêtements d'enfants? Qu'est ce qui vous faut le plus?"

Je regarde mes doigts, consciente que cette attitude serait étrange pour lui, mais qu'importe. Ne pas rougir. Ne pas sourire trop fort.

Qu'est ce qu'il lui prenait? Elle invoqua ses dieux de lui enlever le trouble qui lui donnait de la fièvre, de l'arythmie, ou tout ce qu'elle ressentait de trop au contact de cet homme étranger.


100 mots

Je dois admettre que je regrette immédiatement de ne pas m'être adressé directement à l'homme de la maison. Me voilà seul avec elle dans une pièce exiguë. Encore cette voix, cet accent, ce trouble. Je me racle la gorge.

"Des vêtements d'enfants, c'est parfait. Sinon, nous avons toujours besoin de couvertures."

L'attitude de la femme semble être soumise et cela me met immédiatement mal à l'aise. Elle évite presque mon regard. Est-ce volontaire, cela fait-il partit de sa culture ?

"Je m'appelle Kyan, au fait. Enchanté."



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Le bruit de gorge me fait presque sursauter, et je ne comprend toujours pas le fait que je sois à fleur de peau.

Je sors des cartons d'affaires de Nisha trop petits. Nous n'envisageons pas d'autres enfants, même si mes désirs sont autres...

"Pour les vêtements enfants, nous avons des cartons d'affaires de naissance jusqu'à 3 mois, ça ira?"

Je sors ensuite quelques couvertures dont on ne se sert jamais (même neuves), et finis par m'excuser:

"Pour le reste je suis vraiment désolée, je ne porte pas d'affaires occidentales..."

Il se présente, et je lui souris en ajoutant:

"Je suis Preeti."


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Devant tout les vêtements pour bébé que je vois, je suis impressionné par leur qualité ainsi que par leur propreté. D'autres donateurs n'ont pas cette délicatesse.

"C'est parfait. Je vous remercie. Vous êtes surs que vous n'en voulez plus ?"

Les couvertures m'impressionnent encore plus. Pas une tâche, presque fraîchement repassées, voire carrément neuves.

A son nom, j'ai bien faillit répondre "oui, je confirme" avant de me claquer intérieurement.

"C'est un très joli nom."

Je constate qu'elle n'a pas l'air très à l'aise.

"Est-ce que tout va bien, madame ?"


mots : 100

Ça remarque m'attriste, mais j'essaye de ne pas trop le montrer:


"Je ne m'en servirai malheureusement plus. Mais quand vous repasserez dans quelques mois vois aurez des tailles plus grande..."


Repassez dans quelques mois ? J'hallucine de mon audace.


Son compliment me fait monter le rose aux joues, et je souffle:


"J'adore votre prénom aussi. Il sonne si doux..."


Je rougis encore plus de mon propre avis et une idée fulgurante me traverse.


"Il doit me rester quelques affaires à l'étage, suivez moi!"


Nous montons et j'ouvre une armoire dans le grand dressing familial que j'entretiens seule. Les costumes apparaissent alors.


100 mots.

Dans sa phrase, il y a du regret et je ne peux rien faire d'autre que compatir.

"Alors je reviendrai..." Au moins pour être sur que tout va bien ! De qui je me moque ? C'est aussi pour la revoir. Qu'est ce qui m'arrive ?

Elle me complimente sur mon propre prénom. Je pense qu'il s'agit juste d'une réponse normale mais ça me fait sourire.

Preeti ne me répond pas et je la suis docilement à l'étage, dans un dressing impeccable.

"Votre maison est très bien entretenue." Je ne peux m'empêcher de constater.



100 mots

Son annonce de revenir sonne comme une promesse, et je fais un sourire en coin sans pouvoir le réfréner.


Son prénom coule encore dans ma gorge, et je le murmure, plus pour moi même que pour mon interlocuteur, avec un accent prononcé.


"Kyan... Vraiment joli oui..."


Son allusion à la maison me fait plaisir, et je lui souris gentillement:


"Merci beaucoup. J'y passe beaucoup de temps, je suis heureuse que cela vous convienne."


Me reconcentrant sur le placard, je choisis trois costumes impeccable , des cadeaux que Pavel n'avait jamais porté, avant de les tendre à cet homme charmant qui me troublait.




100 mots

Je ne peux m'empêcher d'être surpris. Les vêtements qu'elle me tendait semble assez onéreux. Il s'agit de costumes d'homme. Encore une fois, je m'étonne.

"Vous êtes certaine de vouloir les donner ? Ils ont l'air neuf. Vous ne devriez pas demander à votre mari ?"

Dans le dressing, je constate que Preeti s'est rapprochée de moi pour me tendre les habits. Instantanément, devant l'intimité de l'endroit et la proximité avec une femme magnifique, je sens le feu me monter aux joues.

"Vous êtes vraiment très généreuse..." Je dis sans un souffle nerveux.


mots : 100

"Il ne les as jamais porté, et en ramène chaque mois de nouveaux. Je gère les vêtements, il ne remarquera pas leur absence, soyez en assuré."

Ses joues rosissent, et je fixe un instant son visage. Le rougissement lui allait merveilleusement bien. Les mains qui se frôlent me mettent la chair de poule.

"Si je pouvais j'en donnerais bien plus..."

J'aimerais le retenir, tenter de ressentir encore cette chaleur étrange, cette...paix intérieure. Continuer de le voir.

"Vous prendrez bien un thé avant de repartir? Vous devez avoir beaucoup de travail, un instant de repos...Enfin, si ça vous convient..."

100 mots

"Comme vous voulez"

Quand la maîtresse de maison m'invite a rester, je me dois de refuser, évidemment. D'ailleurs, c'est ce que je vais faire ! Un refus poli car beaucoup de travail m'attend. En même temps, je suis en avance par rapport au camion de récolte. Ce serait impoli de refuser après tout ce qu'elle m'a donné...

"J'accepte avec joie. Vous êtes vraiment très bienveillante."

Je dis en prenant les vêtements. Nos mains se touchent et une véritable décharge électrique explose dans tout mon corps. Il me faut un moment pour retrouver mon calme.



100 mots

Le fait qu'il accepte mon invitation me donne un battement de coeur en trop. Cela me fait sourire de nouveau, et lui passe devant pour ouvrir le chemin.

Je l’emmène au salon, où Nisha et Pavel jouent ensemble, et propose un thé.

Je me retrouve donc dans ma cuisine, le coeur qui bat anormalement, essayant de comprendre les causes de mon trouble, et reviens avec les boissons tandis que les deux hommes conversent:

"...et suis les courbes de fluctuations quotidiennement. Et vous, votre métier?"

Je m'installe en face dans mon fauteuil préféré et écoute sagement Kyan expliquer ce qu'il fait.



100 mots

Je regarde la femme s'éloigner. Pas de toute, elle est bien la cause de son trouble. Son mari m'apparaît d'un coup beaucoup moins sympathique. Je secoue la tête, je ne vais pas bien à me faire telles réflexions. J'allais répondre à la question quand Preeti revient de la cuisine, accompagnée de mon trouble.

"Hé bien je suis prêtre dans l'église de St John the Divine à Harlem. Du coup, ma vie est dévouée au service des autres, je pratique quelques offices religieux comme les mariages, les enterrements ou les baptêmes d'animaux... Et vous, Preeti ?"


mots : 100

Un prêtre.

L'idée ne m'avait pas encore traversé l'esprit, et l'évidence fit rater un battement de mon coeur. Pourquoi? Et pourquoi cela m'importe tant?

Lorsque Kyan pose la question de mon travail, je m’apprête à répondre lorsqu'une autre voix s'élève:

"Elle danse, elle_"

"Pavel."

Je fusille du regard le concerné avant de reprendre de ma propre voix.

"Je suis danseuse traditionnelle indienne, mais aussi danseuse orientale selon mes demandes. Je travaille à l'opéra central. Le reste du temps, je m'occupe de notre fille, Nisha."

Je pose alors mes yeux sur le bébé endormi au milieu du tapis du salon.


100 mots

Immédiatement, Pavel en question perd encore quelques points de sympathie pour moi. Répondre à la place de sa femme était quelque chose que j'avais du mal à supporter. Au moins, là, c'était légitime. La femme répond finalement et sa tirade n'en fini pas me de me faire rêver. Je pose mes pensées un instant avec une gorgée de thé.

"Une artiste ? J'aimerais beaucoup voir cela."

Je me serai bien flagellé sur place si je ne craignais pas de choquer mes hôtes. Mon Dieu, venez moi en aide.

"Et du coup, enchanté, Nisha. Elle est vraiment adorable."

Mots : 100

Je pose un regard sur Pavel, mais mon interruption l'a rendu boudeur. Il me fera une scène plus tard, et comme chaque fois je me fâcherais plus fort jusqu'à ce qu'il cède. Il avait ses bons jours...et ses mauvais.

"Et bien, si vous avez le temps, j'ai des représentations le mois de décembre, puis jusqu'à septembre prochain, à l'Opéra. Si vous venez, n'hésitez pas à passer en loge dire bonjour."

Cette fois, Pavel me regarde surpris, et mon audace me surprend moi-même.

à sa remarque, je lui donne un regard tendre: Nisha était effectivement un ange.

100 mots

La tension dans l'air devient difficile à supporter pour moi. J'ai horreur des disputes, des non dits, d'autant que je suis en train de dangereusement prendre parti. Preeti m'invite alors tout naturellement à venir la voir à l'opéra. Ce serait une grande joie de la voir danser, si seulement son mari ne la fusillait pas du regard à ce moment. Je dis quoi, maintenant ?

"Très bien, je n'y manquerai pas. Faites-vous des danses religieuses ? C'est cela que j'aimerai voir."

Je sens déjà que je vais payer pour avoir dit cette vérité.


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J'ignore superbement Pavel. Il savait mon travail, et j'avais mes libertés. Il était certes mon mari, mais ça ne lui donnais aucun droit de limiter ma vie professionnelle. Et c'est de cela que l'on parlait, d'ailleurs.

Comme d'habitude, il s’éclipsa de la pièce pour aller ruminer dans son bureau, et je m'incline largement pour son affront:

"Excusez le. C'est un sanguin, il ne supporte pas la contrariété. Dans d'autres circonstances, il peut être tout à fait charmant."

Je me relève et lui déclare avec une moue dubitative:

"Religieuse, oui. De votre religion, je ne pense pas, malheureusement. Pourquoi cette question?"



100 mots

Quand le mari se lève pour rejoindre son bureau, je me sens légèrement mieux... Pendant peu de temps. Mon trouble revient alors que je me retrouve seul avec Preeti. Ce qui m'achève est quand elle s'excuse pour Pavel. La vie de couple me sera à jamais étrangère et cela est tant mieux !

"Il n'y a absolument pas de mal." J'aimerai tellement lui dire que j'apprécie sa force de caractère mais j'en suis incapable.

Un petit rire s'échappe de mes lèvres quand me vient la réponse.

"Madame, dans ma religion, on honore en chantant."


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L'ambiance sans Pavel devient plus chaleureuse, surtout lorsque Kyan me fait remarquer nos différences de rites en laissant un petit rire solaire s'échapper. Cette solarité se répercute tout droit dans mon coeur, et par mimétisme je me met à rire, avant de lancer un regard amusé:

"Je peux chanter aussi, mais la encore les chants religieux que je connais ne sont pas chrétiens!"

Je baisse les yeux un instant et murmure:

"Malgré tout... j'espère vous y voir un jour. Par pure expérimentation ou par curiosité évidemment."

Ou par simple envie de me revoir, me dit mon fort intérieur.


100 mots

Quand Preeti se joint à mon rire, j'ai du mal à ne pas fondre littéralement devant elle. Pour me donner un peu de constance, je répond :

"Il n'y a pas de mal, toutes les manifestations de croyances m'intéresses. Je connais la chrétienté, mais votre exotisme me fascine. Je viendrai vous voir danser pour vos dieux avec plaisir."

Mais pourquoi j'ai dit ça ? On dirait presque que j'essaye de la séduire, et pas de la manière la plus habile en plus ! Ses yeux me clament la vérité quand elle me dit qu'elle aimerait me voir.



mots : 100

Notre moment devient réellement confortable, bien qu'incongru face à notre situation. Mais je passe outre, gardant cet instant précieux, unique.

Et lorsque nous reprenons notre sérieux, son acceptation finale me touche particulièrement, et je ne peux m'empêcher de murmurer:

"J'en suis vraiment très heureuse alors..."

Soudain, Pavel apparaît à la porte, les bras croisés, et en regardant le prêtre indique:

"Votre camion vous attend. Nous avons été heureux de vous recevoir."

Je me tourne vers Kyan. Le moment est rompu, et le sentiment déçu par l'instant trop vite passé.
Une vieille chanson française me reviens en mémoire, puis disparaît aussitôt.


100 mots

Je n'ai pas le temps de me réjouir de voir que son invitation la touche. Si on met mon trouble à part, j'aimerai vraiment revoir cette femme, apprendre à la connaître, comprendre la force qui l'anime. Je la vois presque comme un refuge quand ma solitude deviendrait trop pesante.

C'est alors que le mari tombe définitivement dans mon estime quand il nous sépare presque de force.

"Ce fut un véritable plaisir de vous avoir rencontré, ma dame. Et merci de votre accueil."

Je repars alors vers la porte avec mes lourdes offrandes, le cœur très léger.


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