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"Tu veux que je te les explique?"
Je m'assois en tailleur et remonte un peu le saree, pour ainsi découvrir les cinq bracelets. Je lui montre le premier, un bracelet rigide en argent, surmonté d'un élephant serti d'une turquoise.
"Celui ci est en honneur aux dieux. Ama me l'avais offert lorsque j'ai commencé à danser pour eux, pour me porter chance, et en guise de protection. Celui là..."
Je désigne celui qui s'est glissé au dessus,un anneau simple où pend des grelots.
"...Je l'ai reçu lorsque j'ai commencé à danser professionnellement. La danse est devenue très importante pour moi à ce moment là."
Puis je glisse mes doigts dans le dernier de ce coté, en cuir et cuivre:
"Pavel m'a offert celui ci lorsque nous sommes venus habiter à New York. Jamais on aurait trouvé une telle matière en Inde!"
Je glisse mon pied droit devant l'autre pour montrer les derniers, et énumère:
" Le gros anneau d'or est typique du mariage. Il a été soudé le jour de mon premier mariage... Et je l'ai gardé depuis. Il fait autant parti de ma vie que le reste."
Puis je regarde le dernier avec tendresse et murmure:
"J'ai fais faire le même à Nisha. Ce sont des pierres pour les shakras,une pierre, une couleur, un shakras. Nous avions les paires...Elle adorait le triturer pour s'endormir..."
Me débarrassant de la tristesse, je fais un clin d'oeil à mon Amour:
"Tu me le met? On le fera souder si tu veux! De toute façon je ne les quitte jamais!"
L'idée est remarquable, et je suis si fière qu'il ait pensé à quelque chose de si précieux à mes yeux...J'ai encore du mal à retenir mon excitation.
J'éloigne mes yeux larmoyants des papiers si précieux, et serre Kyan contre moi. S'il savait...c'est la meilleure surprise de mon existence. Après ma cascade de bisous mouillés, je regarde les dates.
"On part la semaine prochaine?? Il faut que j'appelle Ama et Apa, ils vont t'accepter de suite, avec un tel cadeau!"
Je suis tellement choquée de mes présents que je suis rêveuse en ouvrant le dernier. Qu'est ce qui peut encore me tomber dessus? J'ai déjà les meilleurs cadeaux de l'univers...
Mais en reconnaissant les prières sacrées du Saptapadi, je comprend immédiatement que j'ai tord.
L'homme de ma vie me rejoint sur le tapis, et lorsqu'il me relève, je vois qu'il pleure aussi. Nous nous étreignons un instant, le bonheur échappant à toutes formes de dictions verbales...jusqu'à ce qu'il me murmure sa question à l'oreille.
Je ris de bonheur, et en collant son oreille contre mon coeur lui répond:
"Ecoute, et dis moi... De toute évidence je n'arrive pas à vivre sans toi, autant être piégée dans ton amour pour toujours!"
Ses doigts essuient les traces de ma joie éclatante, et après le moment d'émotion, réclame son cadeau. Je rougis, avant de prévenir en murmurant:
"Mon cadeau ne sera jamais aussi beau..."
Je monte à l'étage et prend la petite boîte cachée dans la chambre de Nisha, et redescend avant de le tendre doucement, nerveuse.
Cadeau:
C'est un Bojitch d'une dizaine de centimètre en argent, les cornes filigranées d'or, où sont accrochées des minuscules flocons bleus et blanc.
J'écoute attentivement l'explication fière de tous ses bracelets. Attendri, elle m'énumère tous les moments importants de sa vie les uns après les autres. Quand elle mentionne son ancien mari, je sens à nouveau son ombre planer au dessus de moi. Je sais parfaitement que Preeti est amoureuse de moi et que ce problème de rancœur envers lui n'est que mon seul et unique problème. Un jour, j'aimerai qu'on parle franchement, que je sois rassuré, qu'on perce l' abcès, mais pas tout de suite.
Je note dans un coin de ma tête que Nisha doit avoir gardé son bracelet à son enlèvement. S'il y aura bien une preuve indéniable au moment où nous la retrouveront, ce sera bien celle là.
Je glisse alors l'anneau sur le doigt de pied de ma Déesse dans un geste presque symbolique pour moi. Ensuite, j'accroche le bracelet autour de la gracieuse cheville. Six bracelets à présent ornent son corps, six étapes important dans sa vie. Six, le chiffre du diable. Cela me fait sourire.
Après les émotions, Preeti me parle de ses parents. C'est vrai, LA rencontre devient imminente. J'espère véritablement qu'elle dit vrai quand elle annonce qu'ils vont m'accepter. J'admets ne pas être tout à fait rassuré mais je suis sur que Preeti va parfaitement bien m'y préparer.
"Alors c'est un oui ?"
Je bondis de joie comme un enfant.
Quand je reçois mon cadeau, je reste perplexe devant le cerf aux bois d'or. Ce symbole me dit quelque chose mais il est tellement enfouis dans mes souvenirs sous des couches d'occidentalisation que j'ai presque du mal à savoir ce que c'est.
Je m'exclame alors :
"Un Bojitch ! Merci beaucoup ! Il est magnifique ! Tu as fais comment pour trouver cela ? J'entendais ses histoires quand j'étais petit garçon. C'est tellement étrange d'en voir à nouveau."
Je tourne la tête dans tous les sens.
"On le met où ?"
Je reprend alors un peu de chocolat chaud épicé. Cela n'est pas raisonnable mais j'ai une dernière requête à formuler à ma douce et tendre.
"A propos de mes origines...
Je regarde alors Preeti dans les yeux, j'ai toujours un sourire mais je ne peux cacher le sérieux de ma demande à cet instant.
"Les billets de retour, je ne les ai pas encore achetés. Je voulais voir avec toi avant, cela t'ennuierait sur le retour qu'on passe par mon pays ? J'aimerais... me recueillir. Cela fait trop longtemps que je repousse quelque chose que j'aurais du faire il y a très longtemps." Je change mon humeur et retrouve une certaine joie. "Je te montrerai la ferme de mon père et mon village, ou ce qu'il en reste. Cela ne t'ennuie pas ?"
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Le bracelet posé délicatement par mon chéri, je tourne sur moi-même et contemple de nouveau mes pieds, les yeux remplis de ravissement.
Les yeux de Kyan deviennent un instant sérieux après l'allusion à mes parents, et je me rend compte qu'il ne sait tout simplement rien d'eux. Je pose ma main sur sa joue, et lui murmure tendrement:
"Tu n'as rien à craindre chéri: Apa et Ama t'aimeront, et si ce n'est pas le cas, moi je t'aime. C'est tout ce qui compte, et rien n'y changera. "
Mon chéri bondissant me fait pleurer de rire, et je lui répond:
"Evidemment que oui, oui, tu es l'homme parfait, comment je ne pourrais pas dire oui?"
Devant son regard pensif, je m'inquiète: est ce que je me suis trompée de culture? quelque chose ne va pas?
Mais son regard s'illumine finalement et je souffle: ces souvenirs étaient justes éloignés! Face à ces questions je m'exclame:
"Et bien ça a été très compliqué! Comme je ne trouvais rien qui était à la hauteur, j'ai finalement décidé de demander à un joaillier. Je lui ai expliqué ce que je voulais, lui ai donné les pierres qui forment les flocons, et a payé le double pour l'avoir dans les temps. Je suis heureuse du résultat, il y a un peu de nous deux dedans: le symbole pour toi, les pierres pour moi... Il te plaît?"
Son regard se pose sur toute la maison pour trouver un emplacement, et je lui dis tendrement:
"Garde le avec toi jusqu'à ce que tu viennes habiter ici, ça te fera penser à moi. Et quand tu seras finalement ici, on le mettras où tu voudras, il y a de la place!
Toutes ses émotions m'ont redonné faim, et je dévore une tartine avec gourmandise. Le ton de mon fiancé me fait pourtant relever la tête, et malgré son sourire je vois que c'est important.
Sa demande m'honore autant qu'elle me ravit, et je l'enlace avant de lui sourire amoureusement:
"Je crois que ce serait le meilleur moment en effet. Je suis heureuse que tu veuilles m'y emmener... je suis honorée. Ce sont tes origines, ça compte énormément pour moi. Et non, je suis enchantée que tu veuilles me faire voyager!"
Me voilà donc officiellement fiancé, un titre que je ne pensais jamais obtenir de ma vie. L'imaginer, le fantasmer, est tellement différent que de le vivre. Ma vie entière est à présent entre les mains de Preeti. Je regarde le Bojitch encore dans le creux de ma main et souris.
"Encore une bête à corne ! Au moins, celle-ci n'essaye pas de me faire demander des choses obscènes à ma fiancée..."
Je remercie Preeti d'accepter qu'on retourne voir mon petit village qui a du bien changer avec le temps et la guerre. Il faudra que je me renseigne pour avoir l'emplacement exact. Le registre de l'orphelinat de New-York doit pouvoir me donner une bonne piste. La rente que je touche tous les mois pour l'exploitation de la ferme est automatisée, certainement que je pourrais aussi obtenir la réponse auprès des établissements bancaires...
En tout cas, il n'y avait plus qu'à. Je crains simplement qu'après l'Inde, la Serbie nous paraisse bien terne en comparaison. Trêve de pensées, passons à l'interrogatoire !
J'attends patiemment que Preeti finisse sa tartine. Dès que la dernière bouchée disparait, je viens m'asseoir face à elle pour la prendre dans mes bras et l'embrasser. Sans la lâcher, je lui dis :
"Parlons sérieusement à présent. C'est effectivement dans une semaine. Que faut-il que l'on prépare ? As-tu besoin d'une robe ? Doit-on trouver des alliances ? Dois-je signer des papiers concernant Nisha pour l'adoption ? Peux-tu me préparer une tartine pour moi aussi ? Dis moi absolument tout !"
Je remarque alors mon bracelet à son pied. Je vois aussi les deux bracelets de Pavel qui viennent comme me narguer de leur présence. Oui, j'aurais tellement d'autres questions à poser.
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La précaution que prend mon homme avec le cerf entre les doigts me touche beaucoup. Evidemment, il ne risque pas de se briser, vu avec quels matériaux ils sont fait: même les petites touches polaires, en corindons et diamantins, ne risquent pas de voler en éclats.
Sa remarque sur le personnage hivernal me fait rire:
"C'est certain! En tout cas aucun de renseignement que j'ai pu trouver sur cette créature n'est sexuelle. Mais sait-on jamais..."
Le voyage qui nous attendais faisait rêver: quoi de mieux pour des futurs mariés? Le fait de retrouver les origines de Kyan était exaltant, et même si la réalité serait certainement plus dure qu’enjôleuse, elle aurait le mérite de redonner quelques racines de son pays, chose qui était primordiale dans mon esprit.
Ma tartine terminée, je me sert en chocolat quand mon futur mari vient m'enlacer pour m'embrasser. Je lui rend son bisou, avant qu'une vague de questions de toutes sortes m'assaillent. J'essaye tant bien que mal de répondre à chacune, en prenant le pain pour la tartine commandée.
"Pour le voyage, des vêtements d'été à laquelle tu ne tiens pas, et pas du blanc, de l'anti moustique, des chaussures confortable, il faut prévoir aussi des cadeaux. J'imagine que si nous partons aussi en Serbie nous prendrons des vêtements d'hiver dans des bagages différents... et une carte. "
Une robe? Des alliances?
"Chéri, nous ne savons pas quand le mariage sera, d'abord il faut convenir de tout ça avec mes parents, puis nous verrons une marieuse et un prêtre qui eux nous dirons les dates propices... "
Là, la question était totalement inattendue, et je failli renverser ma tasse.
"Tu veux faire quoi?"
Le regard qu'il pose sur mes bracelets est troublé ,et après le cadeau magnifique qui en fait partie, je m'interroge.
Le blanc, je sais que c'était le symbole du deuil. Moi qui n'ai que des chemises de cette couleur, cela va être délicat à présent. Peut-être que je pourrais trouver quelques t-shirt ...
"Pas de blanc, donc. Le noir, ça irait ?"
Je me demande de quel genre de cadeaux Preeti parle. Je me renseignerai aussi sur les températures en hivers près de chez moi, remarque pertinente.
Je mime une grimace de dégoût quand elle m'annonce qu'on me retire mon droit à la décision.
"Confier à une marieuse l'organisation et la date de mon mariage ? Que je perde le contrôle des évènements ? Tu m'en demande trop !"
Et j'éclate de rire. Je pense qu'après tout ce qui nous est arrivé, je peux bien laisser au moins ça au destin.
"Je suis désolé, c'est juste que je m'imaginais rentré marié avec toi. Tu penses que ce serait quand même possible ?"
Ma Déesse laisse échapper sa tasse que je rattrape de justesse. Il me faut un moment pour me rappeler de la question qui l'a choquée. Nisha, c'était cela ? Je n'en voyais pas d'autres. Pour moi, cela coulait de source mais c'est sur qu'on en avait jamais parlé. J'ai sans doute été présomptueux de penser que notre mariage m'accorderait des droits sur sa fille.
"Je ne voulais pas te froisser. C'est juste que je pensais... Enfin, je ne sais pas comment ça se passe parce que je ne suis pas spécialiste des droits des mariages... Enfin, je pensais que le fait de me marier avec toi ferait de moi aussi un père. Tu ne veux pas ?"
Preeti remarque mon regard troublé. Je la prend à nouveau dans mes bras et la serre fort. Je lui demande sur un ton presque timide.
"Un jour, j'aimerai qu'on parle de ton premier mari. Cela t'ennuierait ?"
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Je me retourne vers mon trésor:
"A part si tu veux cuire, je te le déconseille."
Je réfléchis un instant. Kyan s'habillait toujours ainsi, et il serait certainement difficile de trouver autre chose dans sa garde robe...à part s'il s'habillait comme son jumeau corporel. Finalement, avec un geste de la main, je m'exclame:
"Tu sais quoi? On t’achèteras de quoi t'habiller la bas. Ce sera plus simple!"
Sa grimace sur la façon de faire me fais presque rire, mais je me retiens, met mes mains sur ses joues et les pinces pour débloquer sa moue de son visage. La question qui s'ensuit me laisse pensive un moment, mais je dit simplement:
"Il y a deux périodes plus choisis, et l'une d'elle est de novembre à février. Il faut croiser les doigts!"
Avec habileté, Kyan retiens ma tasse et s'excuse presque. Je prend une inspiration et murmure:
"Ma fille a bientôt trois ans. Quand je l'ai perdu, elle avait six mois, et deux parents. Je ne sais pas... Ecoute. On va d'abord la retrouver, et voir comment on vit en famille ensemble. Et si l'amour filial se forme entre vous, nous ferons tout pour que tu ais ces papiers. Ça te va?"
Avant tout la retrouver. L'espoir était toujours là, parfois tapi dans l'ombre, parfois criant dans mon esprit. Mais l'adoption... Je n'y avait pas pensé, trop occupé par sa disparition... Une minute, je m'en voulu de me remarier sans elle, et surtout d'être tombée amoureuse en déviant mon attention sur quelqu'un d'autre qu'elle. Pour faire taire cette culpabilité, j'enlace Kyan et colle mon oreille à son coeur, bruit qu'il me calme toujours...
Cette voix ne lui ressemble pas, et je tourne mon regard vers ses yeux. La demande est inattendue... mais compréhensible. Je lui remet une mèche de cheveux, et, gardant mes doigts sur sa tignasse, lui demande d'un ton doux:
Comment lui dire que si amour filial il y aura, je n'aurais plus spécialement besoin des papiers finalement ? Je regrette de voir son magnifique visage s'assombrir. Ma pauvre Preeti si courageuse...
"En fait, je pensais avant tout aux recherches justement. Si je peux justifier mon affiliation légale, moi ou Sheitan d'ailleurs, ce sera plus simple. Mais je peux comprendre que ça te dérange."
Cela rendait l'autre partie de la conversation bien plus compliquée pour le coup. Je ne sais pas si j'ai juste besoin d'être rassuré, si c'est juste de la fierté mal placée ou s'il y a un problème sous-jacent beaucoup plus pernicieux. Quoi qu'il en est, je sers à nouveau Preeti contre moi, j'ai besoin de temps et de courage pour trouver des mots juste pour mes sentiments.
"La vérité est que depuis qu'on a commencé à sérieusement parler d'engagement, je me sens très mal vis à vis de ton premier mari. Je pense que c'est juste une passade mais j'ai pas envie que ça m'empoisonne l'existence à chaque fois que tu le mentionnes ou que je vois un témoin de son existence."
Je serre un peu plus ma Déesse contre moi.
"J'ai vraiment très peur que ce soit de la jalousie et je n'ai vraiment pas envie d'être ce genre d'homme. Je ne sais pas si c'est normal de ressentir ca. Tu me comprends ?"
Je me détache un peu de mon amour et la regarde dans les yeux. Du fond du coeur, je prie. Je t'en prie mon amour, trouve les mots justes pour soulager mon âme de ce mal terrifiant.
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Je ne voyais pas comment un lien adoptif pouvait faire avancer plus mes recherches. Mais son insistance me posait un conflit d'intêret: d'un coté Nisha ne l'avait jamais vu, et devrais le considérer comme son père déclaré dans un moment d'absence? De l'autre Nisha avait besoin d'un père, et Kyan en serait un parfait...
Je passe mes mains sur mon visage puis, ne sachant pas quelle décision prendre, je souffle:
"J'ai besoin d'y réfléchir. Et je crois que toi aussi... C'est pas facile d'élever un enfant. Et dans cette situation, je ne sais pas comment elle va réagir, même avec moi... Imagine si elle ne se rappelle pas mon visage... Et si elle pense que ses ravisseurs sont ses parents? Il y a déjà beaucoup de choses à gérer... Je suis désolée mon Amour, je t'aime et je suis heureuse que tu veuilles être un père pour elle... Mais il faut que je la retrouve et que je vois d'abord... tout ce que nous avons a rattraper. je ne veux pas te faire de peine..."
C'est la première fois que je ne faisais pas de concessions, mais le sujet étais trop importants, les enjeux trop grands. L'avenir était trop flou et incertains pour Nisha, après deux ans de vide, de recherches infructueuses, de résignations policières...
Ses mots m'inquiètent, parce que je ne les comprend pas:
"De quoi as-tu peur? Pavel est mort, Kyan. De quoi pourrais-tu être jaloux? Tu as mon amour, tu es le seul homme à l'avoir eu. Alors... Je ne comprend pas. Qu'est ce qui te manque?"
Je profite qu'elle soit dans mes bras pour m'autoriser à afficher un air de détresse sincère. Autant je ne me voyais pas fiancé, autant l'idée de ne jamais être père a toujours été un déchirement pour moi. Je sais très bien que ce n'est pas facile, comme de s'occuper d'enfants handicapés pour la première fois, ou d'assurer une vie de couple quand on y connait rien. Ça fait peur, mais c'est de la bonne peur, celle qui fait battre le cœur.
Je me reprend comme je peux, il ne faut pas être égoïste, surtout pas maintenant. Nous devons effectivement nous concentrer sur le fait de retrouver Nisha, le reste attendra bien...
... Malgré tout, Nisha est dans la nature, quelque part. Et je n'ai absolument pas la force de caractère de ma femme pour y faire face. Ses angoisses à son propos dont devenues les miennes. Cependant, ce droit paternel vient de m'être refusé pour le moment. Pour Preeti, je me dois de rester courageux.
J’acquiesce donc, sans rien rajouter. Elle a absolument tout dit.
Pour le coup, avec mon obsession de son ancien mari, je me sens totalement ridicule. Preeti a eu une vie avant moi, une vie de couple, je me dois de l'accepter. Je souris à ma Déesse d'un air totalement désolé.
"Absolument rien, ma chérie. C'est une peur totalement irrationnelle. Je te prie de m'excuser de l'avoir mentionné."
- Pour répondre, ouais, c' parfaitement normal de ressentir du ressenti pour un ex, surtout s'il est mort parce que tu reste un peu dans l'incertitude. Mais ça va partir, faut pas t'faire de bile pour ça. -
Je me redresse, cette idée à son côté rassurant. Je remercie intérieurement le Satyre pour sa sagesse et son expérience face à l'un des pêchés capital les plus dévastateurs.
- Maintenant, tu trouves vite un truc pour remonter un peu l'ambiance ou je te force à quitter le contrôle du corps... Ne crois pas que j'oserai pas ! -
Devant l'ultimatum, je ne peux pas m'empêcher d'échapper un rire.
"Sheitan me menace si je ne te fais pas retrouver ton sourire. Que penses-tu d'une balade dans le quartier ? Après tout, c'est le dernier jour du marcher de Noël et je me suis toujours promis de t'y emmener."
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Son visage change et celui ci est l'un des plus inquiétant qu'il ai pu me faire. Je m'en veut immédiatement: après tout... tout avait été si parfait aujourd'hui... et je gâchais tout maintenant. Quelle déception mon amour devait avoir... Lui qui était toujours si attentionné, si à l'écoute... Il serait parfait avec Nisha aussi... Je baisse les yeux et pose mon front contre sa poitrine.
"Je suis désolée...Je ne voulais pas gâcher ce déjeuner merveilleux que tu m'as fais... Je ne sais pas si je refuse parce que j'ai peur que Nisha le prenne mal...Ou juste parce qu'elle est si loin de moi que je n'arrive pas à la concevoir de nouveau dans mes bras. Deux ans seule...Je crois que ça m'a plus affectée que je ne le pense. Et je crois aussi que j'ai besoin d'aide pour y faire face. Pour mes crises, je vois quelqu'un...Pour le reste être à tes côtés me sécurise plus que tout le reste, et je crois que ça, j'en ai autant besoin qu'elle. J'ai eu peur...ou je ne sais pas. Mais je m'excuse de cette réaction. J'ai été nulle. S'il te plaît... Tu voudras bien qu'on ailles voir pour ces papiers ensemble? Comme elle est née en Inde... Je pense qu'il seront en sanskrit alors je pourrait sûrement t'aider..."
Là aussi, son air indique que l'on ne se comprend pas. J'ai horreur des malentendus, des non-dits, des choses qui ne sortent pas et qui finissent pas empoisonner l'existence.
"Chéri... je ne veux pas que tu t'excuse d'éprouver quelque chose. Je veux comprendre ce que tu ressens, pour pouvoir t'aider à changer ton sentiment. Tu veux bien me dire ce qui te tracasse? Est ce que c'est mes souvenirs mentaux qui t'embête...ou mes souvenirs physiques?"
Et à cette énonciation, mon regard se pose de nouveau sur l'anneau d'or.
Enfin une démonstration positive. Ce rire me soulage, et la crispation que je sentais s'échappe peu à peu. Et avec cette invitation, l'humeur s'allège:
"Mais ton colocataire spirituel a tout à fait raison, j'irais lui chercher son cadeau si je n'avais pas encore envie de l'embêter! C'est une excellente idée mon Amour, un peu d'air frais nous feras du bien!"
Je ne peux absolument pas cacher mon soulagement par rapport à ces papiers. Mon sourire revient tout à coup, plein d'une émotion dont je ne me sentais pas capable. Avant de prendre la parole, j'ai besoin d'un temps.
"Preeti, j'aimerais juste que tu te dise que ça n'engage à rien affectivement parlant. Si cela peut te rassurer, tu peux te dire que ce n'est que pour les recherches, quelqu'un qui recherche sa fille est différent de quelqu'un qui recherche une fille. Je t'assure."
- Oui, merci ! J'ai déjà eu des accusations pour avoir demandé si quelqu'un n'aurait pas une jeune fille indienne de trois ans sous la main. -
Je fronce les sourcils et, encore en proie à des émotions contradictoires, je siffle entre mes dents, les nerfs à fleur de peau.
"Hé bien à présent tes recherches seront légales du point de vue de la loi ! Tu ne te fera plus traiter de pédophile !"
Je me rend compte que j'ai dit ça tout haut. C'est la première fois que je perds patience au point de lui répondre de vive voix. Je prend un temps pour me détendre, cette conversation devient hors de contrôle.
"Pardon mon amour..."
- Y pas d'mal, ma colombe ! -
"Juste, merci... Tu ne sais pas ce que ça peut représenter pour moi, au delà de l'aspect juridique. On fera ça quand tu veux et seulement si tu le veux."
Ma Déesse me ramène sur le sujet de son premier mari. Sans oser me l'avouer directement, je me rend compte que c'est exactement ce dont j'ai besoin. En parler, simplement en parler. Je la regarde dans les yeux, un air de sincère reconnaissance planté sur le visage. Je me blotti tout contre ma Déesse. Ma voix reprend, beaucoup plus assurée.
"En réalité, je ne sais absolument pas d'où ça vient ni ce que c'est réellement. C'est juste que quand tu en parles ou quand il y a quelque chose qui me rappelle qu'il a pu exister, cela m'attriste ou m'énerve. Je sais que rationnellement parlant, c'est totalement ridicule et ça l'est !"
A présent vient le fond du problème, l'incohérence de ma situation émotionnelle. Pour le coup, c'est un problème, un combat entre moi et moi.
"... Et pour autant, j'ai envie de te poser énormément de questions sur ta vie avec lui, ce que tu as ressenti quand tu l'a vu pour la première fois, quels ont été ses défauts, ses qualités..."
- ...S'il était meilleur au pieu que toi... -
Oui, cette question là aussi m'intrigue dans une curiosité presque malsaine. Je me déteste à cet instant.
"En fait, je crois que ça s'explique simplement par mon envie de savoir. Rester dans une ignorance de façade me rend dingue..."
- Alors si on me demande mon avis, ce qui n'est pas l'cas... Je préfèrerai à la limite qu'on aille dans la chambre pour se remonter le moral ! -
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Son soulagement me réconforte: J'ai réussi à ramener mon chéri dans son humeur matinale. A sa remarque, je lui dit:
"Tant qu'à adopter un enfant, autant le faire affectivement. Mais je sais que tu aime les enfants, ça ne devrais passer de problèmes!"
Sa remarque sifflée me fait relever la tête sur lui, et je comprend qu'elle ne m'était pas adressée. Au bout d'un moment de silence, Kyan s'excuse, et je lui fait un signe rassurant avant de suggérer:
"Pourquoi tu n'as pas tout simplement dit que tu étais son beau père? C'est vrai ... et tu n'aurais pas eu de remarques!"
Le fait qu'il prenne en considération mon temps et mon sentiment me donne un sourire:
"Plus vite se sera, plus vite tu pourras chercher avec moi ta nouvelle fille!"
Alors, Kyan s'ouvre, et je découvre que mon premier mariage est une souffrance pour lui. Le passé est le passé à mes yeux, mais je n'avais pas considéré qu'il soit une blessure bien présente dans les pensées de mon aimé. Je m'enfonce dans ses bras dans un câlin tendre, et lui demande doucement:
"Quelles sont tes questions? Je te répondrais à toutes, si cela te permet de vivre plus heureux...Tu n'as rien à craindre de mes réponses."
"Ta nouvelle fille" Ces mots prononcés me donnent un sentiment étrange d'accomplissement nouveau. Je laisse ces pensées de côté, j'ai bien d'autre émotions en tête pour ne pas en faire une overdose. Je préfère me concentrer sur ce qui peut être fait dès maintenant, à savoir le soulagement de ma conscience.
"Très honnêtement... Celles que je viens d'énumérer."
- Plus une ! N'oublie pas celle-là ! -
J'approuve intérieurement. J'en ai effectivement marre des non-dits aussi et dans le cas inverse, j'aurais aimé qu'elle m'en parle sans ambage, sans barrières.
"Déjà, il faut que tu saches qu'à mon sens, tu as le droit d'avoir un passé avec des aventures. Et mes sentiments négatifs ne sont absolument pas dirigés contre toi."
Je me remémore mes propres questions, le ressenti, les qualités, les défauts ... Et sa propre question qui, une fois de plus, était encore très pertinente.
"Malheureusement pour moi, c'est à la fois tes souvenirs mentaux et physique, comme tu dis, qui me rongent. En substance, j'aimerai savoir ce qu'il représentait pour réellement pour toi. Si tu serai toujours avec lui aujourd'hui s'il avait vécu, s'il était gentil avec toi, ce que tu aimais ou pas chez lui et ..."
- Allez, bordel ! Dis le !! -
"S'il t'arrive de nous comparer sur le plan émotionnel tant sur le plan physique."
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Je vois mon Homme cherchant ses mots, et cette réflexion me montre à quelle point la question le travaille et est importante à ses yeux. Je souris lorsqu'il souligne que ce n'est pas un sentiment négatif envers moi: c'est déjà un soulagement.
J'écoute attentivement les points qui le tracassent, puis prend moi aussi un temps pour y réfléchir.
" Quand je me suis mariée avec Pavel, j'avais 23 ans. J'étais une danseuse professionnelle prometteuse, indépendante, et qui n'avais pas d'autres objectifs que de danser encore et encore. C'était le moment parfait pour me marier cependant: j'étais prisée, dans la fleur de l'âge, et j'avoue que l'idée d'avoir des enfants pointait dans mon esprit. Mes parents m'ont présentés des hommes. Pavel était connu: c'était un voisin, et un ami d'enfance. Nous n'avions rien en commun: il était un homme d'affaire, et moi une artiste. Nous nous sommes mariés, mais nous étions toujours des amis. Nous vivions dans la même maison, mais ne faisions que peu de choses ensemble, et jamais des choses d'amour. On regardais un film, nous lancions des blagues. Dans ses bons jours, c'était un bon amis. Dans ses mauvais, c'était un enfant capricieux. Il boudait souvent, on se chamaillait parfois.Mais il n'était pas violent. Nous avions des relations sexuelles parfois, dans ses très bons jours, rares cela dit. Nous avions presque complètement arrêtés après l'arrivée de Nisha: il ne voulais pas d'autres enfants, et c'était un crève coeur pour moi...ça engendrait des disputes. Mais lorsqu'il est mort, j'ai préféré garder ses bons souvenirs en mémoire."
Quand à la question de si je serais encore avec lui...
"S'il était encore vivant, je serais encore probablement mariée... Le divorce est extrêmement mal vu dans ma culture. Mais en temps que femme mariée, serais-tu tombé amoureux de moi?"
Je le pris dans mes bras, et, plongeant mon regard dans celui de l'homme que j'aime, lui dit sérieusement:
"Et non. Je ne compare pas ce qui n'est pas comparable. Les sentiments que j'ai pour toi sont uniques... et ce que je vis avec toi aussi. J'aimerais qu'il en soit de même dans ton esprit... Ne te compare pas avec Pavel, parce qu'il n'a jamais reçu ce que tu as eu de moi."
J'écoute le récit avec une grande attention. Je tique parfois mais je suis globalement plus serein. L'entendre en parler me fait beaucoup de bien. Je n'avais pas envisagé qu'ils n'aient vécu que deux ans ensemble. Déjà, l'ombre de Pavel semble moins menaçante.
"Tu avais rencontré deux hommes avant lui ? Pourquoi les as tu éconduits ?"
J'écoute la fin de l'explication et, n'y tenant plus, et pour calmer Sheitan aussi, je demande.
"Justement, à ce propos... Dis moi si c'est une question qui ne se pose pas ou si cela te dérange..."
- allez, courage, bordel ! -
"Quand nous faisons l'amour, par rapport à lui, je suis ... comment ?"
Je suis sur le point de retirer ma question et de m'excuser platement mais Sheitan m'en empêche farouchement. Il souhaite connaître la réponse presque autant que moi.
"Si tu étais encore mariée ? Je pense que j'aurais voulu devenir ton ami, oui. Je me serais interdit d'éprouver quoi que ce soit d'autre. J'aurais éprouvé un amour profond et j'aurais tout gardé pour moi. Et si tu m'avais ouvert ton coeur de la même manière que tu l'as fait, je t'aurais mangé dans la main."
J'embrasse ma Déesse tendrement et murmure sincèrement reconnaissant :
"Je te remercie pour cette conversation. Ce n'a pas du être facile pour toi. Allez, mettons nos manteaux et allons-y !"
My fingers claw your skin, try to tear my way in. You are the moon that breaks the night for which I have to howl
Pendant mon récit de vie maritale, Kyan semble attentif et déjà plus calme. Après un moment à parlé des deux ans de mon mariage, il y eu un silence, rompu par une question.
"Ils ne semblaient pas compatibles avec moi. L'un d'entre eux avait une famille rigide, traditionnelle. Elle voulait une dot beaucoup trop conséquente, avec une maison pour tous, et que j'aille vivre dans la maison que ma famille avait payée avec trois autres générations. J'ai refusé dès le départ. Le deuxième avait une famille très bien, mais lorsque l'on s'est vu, il était nerveux, sanguin. Je ne me sentais pas en sécurité avec lui. D'autres ont demandés, mais ma famille a refusé, et d'autres ont été acceptés, mais n'avaient pas un profil compatible."
Je vois un conflit intérieur dans les yeux de mon aimé, puis lorsque je lui pose la main contre sa joue, la question fuse. Je m'exclame, catégorique:
"Tu veux comparer? il n'y a rien de semblable. Ce n'était pas sentimental, à peine affectif, silencieux, rapide. Le minimum syndical. Alors, tu veux vraiment comparer?"
"Si j'avais été mariée, je ne t'aurais rien dit. J'aurais fais pareil que toi: une amitié frustrante certainement. Je n'aurais rien dis, sauf au pied du mur, avec un coup dans le nez, ou mourante peut être..."
Son baiser est doux, et scelle la discussion. Espérons son coeur apaisé le maximum de temps... Puis la conversation tourne court, le marché nous attend!
Je met mes chaussures et ma veste et nous voilà parti. Je me sens infiniment plus serein. Je passe mon bras autour de ma Déesse et l'embrasse dans les cheveux.
Malgré tout, je n'ai pas aimé la description de l'amour physique entre Preeti et Pavel, ce n'est pas de la jalousie mais à présent que je me rends compte à quel point cet aspect du couple est important pour une femme, ça me fait un peu mal au coeur. Avec un sourire, je me dis que ce sera un plaisir que de compenser cette partie de sa vie.
Alors que nous sortons de la maison, j'ai une dernière question. Avec un regard amusé, je demande :
"A combien peut s'élever ta dote ? Je t'avoue que je n'avais pas pensé à ça mais c'est un aspect intéressant..."
My fingers claw your skin, try to tear my way in. You are the moon that breaks the night for which I have to howl
Cape et bottes mises, Je prend le bras de mon fiancé avec plaisir. Il semble tout à fait détendu à présent, et je suis contente d'avoir pu l'aider à se sentir bien. Ses lèvres dans mes cheveux me font frissonner de plaisir, et je le lui rend par un baiser dans le cou. J'en profite, et lui demande:
"Et maintenant qu'on est fiancés, est ce que je peux montrer ma chance de t'avoir au monde entier, ou il faut que nous attendions le mariage ?"
Rituel obligatoire, je sors la clé de la maison et la tourne dans la serrure. Une fois, deux fois, trois fois... Je me retourne d'un air gêné:
"Désolée que tu ais à subir ça. C'est assommant, autant pour moi que pour toi..."
Après une fermeture de porte beaucoup trop longue, mon homme me pose des questions sur la dot.
"Ma dot...s’élèvera en fonction de la demande de ton frère. Il faut que tu lui demandes de venir pour en discuter avec ma famille...C'est un passage obligatoire, désolée de devoir l'embêter pour ça... Une dot peut s'élever à des terrains, des propriétés, du bétails, des outils, des voitures... ça dépend de la caste du fiancé, et de ce que sa famille demande."
"De toutes façons, vu à quel point je te dévore du regard, je pense que je ne trompe personne. "
Je la regarde fermer encore et toujours sa serrure. Ce genre de choses, que je n'avais pas vu auparavant m'inquiète, comme ses crises. Je me demande sincèrement d'où ça vient, si c'est grave et si cela se soignera avec ses consultations.
Alors, elle me répond sur la dot, de manière très sérieuse. J'allais répondre que ce n'était qu'une blague et que jamais je n'oserai demander quoi que ce soit pour quelque chose que je considère comme un honneur.
"Il faudra que je lui en parle alors... mais je peux pas t'avoir gratuitement, simplement ? Ça me fera étrange de te négocier... "
Je garde le silence avant de demander :
"Il y a un risque que tes parents refusent et il y a un moyen d'éviter cette situation ? Je ferai n'importe quoi, y compris t'enlever..."
Je dis cette dernière affirmation à moitié sérieusement seulement. À moitié.
My fingers claw your skin, try to tear my way in. You are the moon that breaks the night for which I have to howl
Kyan accepte et je suis aux anges: Enfin libre de vivre notre amour au grand jour! Je me colle contre lui et l'enlace amoureusement avant de l'embrasser en le remerciant.
Le regard de mon chéri me rend d'autant plus nerveuse, et le toc dure d'autant plus: Il a bien fallu une quinzaine de minutes avant que finalement l'envie disparaisse...
Le regard incrédule me fait éclater de rire:
"Il peux juste demander une petite dot, mais si tu ne demande rien Apa et Ama le prendront mal: ça serait une façon de leur dire qu'ils n'ont pas de quoi me marier! Pour leur honneur, demande un truc simple, ou utile, ou demande à ton frère de demander ce qu'il a besoin."
Cette question...je reste en pleine réflexion un moment avant de simplement lancer:
"Je ne peux rien prévoir: tu n'es pas indien, tu n'as donc pas de castes, tu es d'une religion différente...mais je t'aime, ça jouera forcément!"
Mais sa remarque me laisse presque rêveuse: être enlevée par son amour, ça ressemble à un conte oriental ... Je lui prend la main et embrasse ses doigts, refroidie par l'air froid malgré le soleil.
Bon, visiblement, l'enlèvement est envisageable. Cela est une solution que je garde en tête. Devant l'obligation, je reste un peu perplexe.
"Ce dont mon frère à besoin ? Au vu de ses derniers messages, je dirais le numéro de ta cousine, une date précise pour qu'il puisse s'organiser, le numéro de ta cousine, qu'on vienne le voir à New-York, le numéro de ta cousine... et ... ais-je mentionné le numéro de ta cousine ?"
Plus sérieusement, en câlinant Preeti, j'ajoute :
"Il va être assez gêné je pense. C'est ennuyeux si tu me coach et que c'est moi qui m'en charge ?"
Au coin d'une rue, je prends Preeti dans mes bras pour l'embrasser avec passion. Les gens autour de nous se retournent parfois mais c'est quelque chose que j'ai désormais du mal à m'empêcher de faire.
My fingers claw your skin, try to tear my way in. You are the moon that breaks the night for which I have to howl
Je reste patiente face à la perplexité de mon futur mari :les mariages indiens étaient codés, étapes par étapes, transmises de générations en générations, et je lui dit:
"La meilleure façon de nous marier sans m'enlever, c'est encore de respecter les coutumes à la lettre. Alors ton frère fera bonne figure et pourra demander le numéro de ma cousine directement, il se prendra une nouvelle voiture de dot, et nous pourrons passer à l'étape suivante :établir une date. Et pour aller voir ton frère à New-York, aucun soucis, si il veut qu'on passer quelques jours avec lui avant l'avion... On pourrait même partir ensemble. "
Les câlins de diversions sont très tentants, et en lui faisant mon sourire le plus charmeur, je m'exclame:
" Chéri, est ce qu'il faut que je lui fasse les yeux doux pour qu'il accepte de faire la démarche pour pouvoir nous marier ? Ou est ce que le sacro-saint numéro d'Indira suffira ? Sérieusement, plus on fait les choses dans les règles, plus on a de chances qu'Ama et Apa acceptent facilement. Tu veux bien qu'on fasse ça mon fiancé chéri ? "
Mon cœur éclate lorsque les bras chauds de Kyan se referme contre ma cape et que nos lèvres se scellent ensemble. Enfin, mon homme était tout à moi, au su de tous. Mon cœur était léger comme jamais.
Cela m'ennuie énormément de mêler mon frère à ça et encore plus que je sois dépendant de lui pour la potentielle réussite de mon mariage. Cependant, Preeti se soumettait volontiers aux quelques règles du catholicisme auxquels je la soumet, je peux bien faire cela pour elle... enfin... Dmitri !
"Il n'y a que cette discussion auquel il devra se soumettre ? Enfin ça et de supporter que son frère, ascète invétéré, se marie avec la femme la plus parfaite que la terre ait portée..."
Aller à New-York en avance et partir avec lui est une très bonne idée. Cela lui permettra d'être briefé sur le déroulement des choses. Je lui en parlerai dès que je l'aurai au téléphone. D'une certaine manière, c'est sans doute mieux que ce soit lui qui se charge de cela. Il a sans doute un rapport plus réel aux possessions que moi.
Mais quand même ... négocier ma femme ? Pour le coup, mon éducation me paraît tout de suite beaucoup moins archaïque.
Le temps s'arrête pendant que j'embrasse ma fiancée. Je cherche sa langue, la peau de sa nuque avec ma main. Priant pour que ça ne s'arrête plus, j'en ai presque oublié l'endroit où nous sommes et pourquoi nous y sommes.
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La question montre que la condition est acceptée, et je lui souris, plus légère:
"Promis, juste cette discussion et ton frère sera libre de draguer et visiter tout l'Uttar Pradesh! Et s'il veut un guide, je vous montrerais quelques coins de la région...si on a le temps!"
Je passe mes bras sur ses épaules et l'embrasse tendrement.
"Je t'aime...Oh, je suis si heureuse de cette journée! "
Kyan m'embrasse de nouveau, mais cette fois plus intensément, et je rougis de cette démonstration de son amour en public. Finalement, l'étreinte s'allonge, et lorsqu'elle se termine finalement, mon fiancé à l'air aussi confus que moi.
"Oui, nous allions au marché... mais j'avoue que tant que je suis dans tes bras, qu'importe où on ira!"
