Let the hunt begin ★ @Evgenia Vesari (tenue) + (soundtrack) La respiration courte et saccadée, l'avocate traçait sa route dans les ruelles désertes de l'Industrial District. Le quartier désaffecté et poussiéreux d'Arcadia offrait une étrange atmosphère, à la fois inhospitalière et mystérieuse aux quelques personnes qui venaient s'y aventurer en ce début de matinée. Son souffle chaud se diffusait dans l'atmosphère pesante, sous la forme de délicates volutes de condensation. Les talons de ses bottes venaient claquer sur les pavés en pierre d'une allée marchande, marquant le rythme presque militaire de ses grandes foulées. La belle semblait pressée, presque apeurée. Son regard fuyant aux reflets marins explorait les alentours, de façon presque désespérée, à la recherche d'une ombre ou d'une silhouette malveillante cachée derrière un muret. Rien. Elle était seule, ou du moins c'est que qu'elle espérait.
La menace avait d'abord été prise sur le ton de l'amusement, de la blague de mauvais goût. Les lettres avaient été mises au feu, une après l'autre, jusqu'à ce qu'il n'en reste qu'un vulgaire tas de cendre fumant. Les jours, les semaines, les mois avaient défilé, jusqu'à ce que l'avocate ne garde qu'un souvenir lointain de ces vaines provocations. Elle n'avait pas paniqué, n'avait prévenu personne. Seule dans son bureau du quartier Ashmill, la jeune femme avait vaqué à ses occupations personnelles et professionnelles sans se soucier de ce qu'elle avait reçu. Puis, un jour, l'ultime menace avait franchi la porte de son bureau, sous la forme d'une innocente boîte en carton malodorante.
La décomposition. La pourriture. Message fatal déposé sur le pas de la porte, représentant une colombe décapitée déposée sur une dernière lettre de menace. Le sang séché avait grignoté une majeure partie du papier, rendant difficilement déchiffrable le message délivré à son encontre. La mort, celle de l'avocate, annoncée si grossièrement à travers ce cadeau morbide qui empestait. A la découverte du colis, elle avait vomi sur le pallier et déposé le fond de ses tripes sur ce cadavre froid comme la glace. Le teint pâle, le visage luisant de sueur, la belle avait fuit le quartier après avoir appelé à l'aide la seule personne qui avait traversé son esprit à ce moment là : Evgenia Vesari. Sa sauveuse, sa confidente, sa fidèle amie. « Evge, ... problème ... matin ... colis ... oiseau mort. Je crois que ... en danger. Où te ... retrouver ? » Peu d'informations. Le débit de paroles d'Alexandra fut si soutenu que la moitié de ses mots furent mangé dans le dialogue.
Une réponse. Concise, directe, avant de raccrocher : Industrial district.
Le vent glacial de ce début d'année venait mordre la peau de son visage. Le col de son manteau remonté tant bien que mal sur ses oreilles pour les protéger, Alexandra tentait de retrouver les coordonnées laissées par son amie. Elle connaissait peu ce coin d'Arcadia, elle avait du mal à se repérer dans ce dédales de rues toutes plus glauques les unes que les autres. Soudain, un craquement suspect se fit entendre derrière elle, l'obligeant à faire volte face. « Qui est là ? Montrez-vous ? »
BLAZE : honey.moon ou le chat CREDITS : corvidae (ava) thinkky & bandersnatch (aes profil) vivien & doomdays (sign) FACE : masha sedgwick DOLLARS : 2802 SACRIFICES : 205 PORTRAIT : ANNEES : trente quatre. CŒUR : la rage au corps et le cœur libre. RÉINCARNATION : penthésilée, reine Amazone. TALENT(S) : furie guerrière, bouclier psychique. FACTION : obscuri. OCCUPATION : agent de sécurité chez ikaros. GENÈSE : héroïne vaincue durant la guerre de Troie. TALON(S) D'ACHILLE : la triade, le sang chaud, l'impulsivité, ikaros JUKEBOX : glitter & gold RUNNING GUN BLUES :
Let the hunt begin feat. Evge - Dim 12 Jan - 19:45
Elle n’avait même pas répondu. Quand le timbre haletant s’était mis à bondir comme un animal fou du combiné, elle avait simplement raccroché. Le temps de tapoter l’adresse d’un vieil hôtel sur le clavier, d’ajouter le quartier, sa mâchoire ressoudée s’était mise à grincer. De la colère, de l’inquiétude, de l’arrogance, s’étaient mises à lui taillader le ventre en même temps qu’une poussée d’adrénaline. La détresse contenue dans la voix de l’oracle avait suffi à l’alerter ; elle n’avait pas besoin d’en savoir plus si elle était déjà en fuite. L’histoire avait deux fins aléatoires : ou elle regagnait sa planque saine et sauve, ou sa traque s’achevait avant qu’elle puisse y arriver. Dans le premier cas, l’Amazone se chargerait des poursuivants. Dans le second, elle considèrerait l’évènement avec son habituelle amertume, se répétant qu’elle “l’avait prévenue”, pour mieux passer à autre chose, et se convaincre de n’être pas affectée.
Simple bouton pressé, message clair et concis envoyé, l’obscuri s’était levée d’un bond pour préparer l’assaut. Les siens hantaient les rues en ce début de matinée, le soutien était donc assuré, mais même seule, elle ne craignait pas d’affronter une armée de tueurs. La perspective d’un combat la grisait, toujours. Ce qui lui manquait véritablement, c’était la discrétion. Elle n’avait pas droit à l’erreur et il n’y avait qu’un endroit, même ici, où des cadavres pouvaient disparaître : ce repaire de cinglés où le rencard avait été donné.
Ombre létale au milieu des dédales de rues sombres, elle attendait à quelques mètres de l’adresse communiquée. Le col de son blouson relevé, elle ne sentait même pas le vent glacial qui lui mordait les joues, s’infiltrait dans ses manches, et aurait pu la congeler sur place. Le goût du jeu lui brûlait les entrailles, et devant l’impatience, les chevilles trépignaient. Tout reposait sur un odieux pari : celui de voir se dessiner la chevelure flavescente au bout de la rue embrumée.
Alors, quand elle aperçut la silhouette et ses courbes divines à quelques enjambées, l’Amazone esquissa un sourire carnassier. Sans plus attendre, elle s’élança à la poursuite de la traquée, bondissant dans la ruelle traversée, une main vissée sur l’arme à feu portée à sa ceinture. Son sillage dispersait son parfum délicat, rendant la filature trop facilement exécutable. Et les effluves ravivant les souvenirs, la Reine se laissa un instant submerger par les désirs sauvages, l’attirance que l’oracle avait su éveiller, sans jamais lui céder pour autant.
Fait chier, pensa-t-elle lourdement, avant de songer à couvrir ses arrières. Tandis que la blonde avançait, elle se dissimula au détour d’un croisement pour observer les alentours, et s’assurer qu’elles n’étaient toujours pas suivies. Moins douée en furtivité qu’en meurtre, elle relâcha la pression et sans vraiment s’annoncer, choisit de se laisser surprendre. Le pas lourd fut de suite entendu, et la silhouette de l’Amazone s’extirpa du brouillard, comme dans un mauvais film.
Elle la contempla longtemps, Sasha, avant de la rejoindre et lui passer devant. « Suis-moi», ordre intimé avant même un bonjour, elle s’interdit de s’arrêter à sa hauteur, et de la regarder encore. Maintenant qu’elle était là, elle allait la sauver, mais ça ne signifiait pas que la Vesari se montrerait tendre et sortirait les fleurs.
Elle connaissait les rues par cœur, et après avoir longé plusieurs petits commerces - qui en cachaient d’autres peu légaux pour la plupart, la Furie acheva sa boucle jusqu’à l’hôtel décrépi. « J’ai une chambre pour toi. Le grand luxe, façon princesse », lança-t-elle à l'oracle confuse, impératrice du sarcasme. Ce n’était pas les dorures et le faste que pouvaient lui offrir la Bratva, et pourtant, ce palais dégueulasse constituait sa garantie. C'est ce constat sur le moment qui la fit cogiter. Evgenia n’attendait qu’une seule chose : discréditer les russes et rappeler à l’avocate qu’elle avait refusé de l’écouter. Elle n'avait jamais supporté de la savoir entre leurs pattes, et la situation était tout bonnement ironique. Voilà où ça l’avait menée : elle se retrouvait obligée de fuir et d’assurer sa sécurité par ses propres moyens. Quel genre de clan laissait les siens se débrouiller tout seuls dans ce cas de figure ?
Acerbe et incisive, la Guerrière ne put bientôt plus contenir sa remarque : « C’est tout ce que tu vaux pour tes ruskovs ? Ou ils sont trop occupés pour te sauver la vie ? »
Let the hunt begin feat. Evge - Ven 17 Jan - 15:35
Let the hunt begin ★ @Evgenia Vesari (tenue) + (soundtrack) L'ange semblait désespérée, perdue dans les affres obscurs et terrifiants de ses propres cauchemars. La traque intensifiait les battements de son myocarde, qui tambourinait douloureusement dans sa poitrine. La peur envahissait peu à peu son enveloppe charnelle. Sournoise, tortueuse, fourbe, elle grignotait sa chair à petit feu, la rendant presque incapable de retenir les tremblements de ses mains tandis qu'elle évoluait prudemment dans les allées du quartier.
Son regard azuré divaguait inconsciemment, se glissant par moment sur de vieilles pierres rongées par le temps, ou encore sur quelques déchets soudainement animés par le passage furtif d'un animal abandonné. Son souffle se faisait court, à peine perceptible dans le brouhaha de la ville. L'oracle essayait de se fondre dans ce paysage presque apocalyptique, mais elle sentait que quelque chose ne collait pas. Alexandra se savait suivie, depuis maintenant de longues minutes. Le pas était léger, tel le bruissement fluet d'une brise sur un sol poussiéreux. Était-ce cet assassin qui voulait lui faire la peau, ou un simple badaud perdu dans les allées de ce labyrinthe en décomposition ? La gorge serrée, les poings serrés dans les manches de son manteau, la belle appréhendait sérieusement la rencontre avec cet inconnu qui l'avait pris en filature.
Sa voix menaçante tonna dans l'air tel un éclair. Rien, aucune réponse, seuls les miaulements lointain d'un chat sauvage brisèrent le silence qui s'était imposé en maître dans la ruelle. Puis, tout à coup, un timbre cassant, très familier, se fit entendre derrière elle. Alexandra se retourna en sursautant, à la fois effrayée et rassurée de voir le visage de son amie Evgenia apparaître sous son regard apeuré. « Evge, c'est toi. » Murmura-t-elle en tentant de reprendre son souffle électrisé par la surprise, alors que son amie avait laissé ses orbes sombres la dévisager avec insistance. « Excuse-moi, tu m'as fait peur. Oui je te suis. » Le ton sec de l'agent de sécurité imposait le respect. Inutile de préciser qu'en présence d'Evgenia, Alexandra ne faisait pas la fière. C'est la mine basse, et les ongles accrochés désespérément à l'une des manches de la veste de son amie que l'avocate accepta de la suivre dans ce dédales de rues.
Alexandra. Evgenia. Deux personnalités radicalement différentes, que tout pouvait opposer. La glace contre le feu. La pâleur d'une chevelure dorée qui venait s'écraser contre les nuances boisées de celles d'Evge. La nature sereine, face à la nature sauvage. Pourtant, dans tout ce contraste, les deux créatures parvenaient à trouver un point d'encrage, infime, gorgé d'une tendresse rare, qui formait le socle de leur amitié indéfectible. C'était elle qu'elle avait décidé de l'appeler, elle, et personne d'autre. Car Alexandra avait confiance en elle. Elle savait qu'elle pouvait l'aider, sans avoir besoin d'alerter les autorités bratviennes.
Leur course sportive se stoppa devant un hôtel. « Merci Evge. Mais tu sais que je n'ai pas besoin de luxe pour me sentir en sécurité. » Assez hypocrite quand on connaissait l'essence noble qui coulait dans ses veines. Ses mains avaient lâchés la manche de son amie, désormais fermement attachées autour du col de son manteau pour se protéger des violentes rafales de vents qui venaient les agresser sans relâche. La remarque acerbe d'Evge trancha l'air, comme une réaction vengeresse face à la fuite de son amie hors des contrées protégées d'Ashmill. La bouche légèrement tordue dans une moue boudeuse, la blonde finit par répondre sur un ton hésitant. « Tu sais Evge, il y a parfois des réactions qui se passent de commentaire. » Oui, la brune avait appuyé sur la corde sensible d'Alexandra. « C'est toi que j'ai décidé d'appeler. Car tu es mon amie et une personne de confiance. Je ne voulais pas ... alerter la Bratva pour ça. »
C'était pas prudent, du tout, mais Alexandra ne brillait jamais pour son côté pondéré. Bien au contraire. C'est bien son impulsivité naturelle qui l'avait poussé à contacter sa chère et tendre amie, espérant trouver une aide lointaine pour tenter de mettre la main celui ou celle qui s'était mis en tête de vouloir la dégommer. « Ne les dénigre pas comme tu le fais Evge, tu sais qu'ils sont ma famille. » Une main vint se poser sur l'épaule de la jeune femme, amicale, innocente, comme pour lui prouver à travers ce geste à quel point elle comptait pour elle. « Je ... On monte ensemble ? »
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Let the hunt begin feat. Evge - Mar 21 Jan - 23:35
Le fiel s’écoulait de ses lèvres comme un poison mortel. Si le recrutement de la belle avocate était sa première raison d’exécrer la Bratva, bien d’autres avaient suivi depuis. Evgenia avait pris la mafia en grippe et ses griefs contre elle ne cessaient de s’accumuler. Elle n’attendait qu’un geste, que le premier murmure d’un ordre pour se laisser aller à sa folie vengeresse et foncer dans le tas. Lorsque sonnerait l’heure de la revanche, qu’importe les risques, elle s’en donnerait à coeur joie.
En attendant, la répartie d’en face ne faisait qu’accentuer sa fureur silencieuse. La rage glissait dans ses artères tel un venin inarrêtable, et lorsque la prophète eut fini sa tirade, les prunelles azurées furent tout à coup zébrées d’éclairs. Elle avait ce regard pour tous ceux qui n’ouvriraient plus jamais les yeux une fois sa colère assénée. Impitoyable et sépulcral, aussi désert et glacial que la toundra en hiver.
« Une amie que tu prends pour ton larbin, en somme. Une amie qui mérite d’être dérangée pour sauver ton cul d’impératrice, Catherine II de Russie, pendant que ta Famille traite des affaires plus urgentes ». Une pause trouva sa place dans ses accusations, tandis que s’éclipsait la protectrice au profit de la prédatrice. Elle commença à lui tourner autour, lentement, comme un félin se jouant de sa proie, ignorant les suppliques. Oh, elle allait les monter, ces marches. Plus tard, et avec ou sans elle, cela restait encore à découvrir...
« Pour qui tu te prends ? », aboya-t-elle, une fois stoppée dans son dos. La main planquée sous le blouson torturait l’arme à feu. Les pupilles orageuses refusaient de lâcher prise, la cible aux courbes délicieuses faisant bondir son coeur dans sa poitrine.
Elle n’aimait pas le ton employé par la blonde. Ni ses airs supérieurs, et encore moins le contenu de son discours. Ses choix ne jouaient pas en sa faveur. En soi, il fallait qu’elle soit culottée pour revenir lui réclamer son aide ; mais Evgenia aimait l’audace, tant qu’elle ne virait pas à l’effronterie. Et sous-entendre qu’elle la croyait à disposition, prête à faire tout le sale boulot pour des connards qu’elle lui avait préféré, ça n’était pas un bon pari.
Rien n’empêchait la Furie de l’abandonner à son sort. Rien, si ce n’était ce lien ténu, ce pan de passé partagé où elle lui avait sauvé la vie ; et ce désir lubrique, son goût pour les physiques avantageux bien apprêtés, les poupées qu’elle rêvait de posséder au cours d’une nuit torride.
« Si j’étais toi, j’éviterais d’animer ces jolies lèvres pour raconter n’importe quoi ». Revenue face à elle, Evgenia s’approcha jusqu’à mêler leurs souffles, et effleurer sa bouche du bout de ses doigts fins. Les orbes s’adoucirent naturellement tandis que la Guerrière cédait à sa nervosité latente. « Je pourrais m’en aller et te laisser te débrouiller toute seule... » ; la mâchoire disloquée se mit à grincer bruyamment ; « ou en finir moi-même ». L’index s’approchant du pontet, elle fit glisser son pouce sur le cran de sûreté. Le tissu de sa veste dissimulait toujours l’arme, mais les bruits suffisaient sans l’image.
Difficile de cerner la Vesari, et de ne pas la croire capable du pire.
Trop longtemps immobile, elle finit par se détourner et désigner du menton l’escalier en ferraille qui jouxtait la façade. « Après toi ». L’invitation lancée, elle renversa ses orbes glacées vers le ciel et laissa échapper un ricanement empreint d’un mépris subversif. « Ils t’ont fait un lavage de cerveau. Tu es trop naïve, mia cara ».
Let the hunt begin feat. Evge - Sam 25 Jan - 14:38
Let the hunt begin ★ @Evgenia Vesari (tenue) + (soundtrack) La Bratva. Famille adoptive. Meute charismatique et sans pitié. Elle avait tissé autour d'elle, sans qu'elle ne s'en aperçoive, une forme de filet de protection rassurant, qui envahissait sournoisement son espace vital jusqu'à la rendre totalement dépendante. Tout s'était déroulé tellement rapidement. Envoûtée, captivée, presque hypnotisée par ces deux orbes glaciales qui avaient fondu sur elle tel un prédateur vorace sur sa proie innocente, Alexandra s'était laissée convaincre par cet homme qui était venu à elle pour la recruter. Manipulateur de génie, le Sovietnik avait retourné son esprit naïf et l'avait poussé à se lier à cette Famille jusqu'à faire d'elle une fidèle louve au sein de cette Meute. Fidèle, persuadée de suivre le juste combat, Alexandra parvenait cependant à comprendre l'aversion qu'avait son amie pour cette mafia à la terrible réputation.
Elle la comprenait, Evge. Mais au fond, l'avocate ne pouvait pas la laisser cracher son venin sur eux, comme s'ils n'étaient que des êtres pitoyables. Non. Impossible. Si Evgenia insultait sa famille, elle l'insultait elle, et Alexandra ne méritait pas tout cet étalage de violence qu'elle menaçait de faire exploser à la simple écoute du nom de ce gang. Terrible destinée qui les opposait. Les beautés sauvages étaient-elles destinées à s'affronter ? Alors que l'une baissait déjà son visage feint d'innocence en direction du sol pour se détourner du feu ardent qui brûlait dans les orbes de son interlocutrice, l'autre préparait déjà son assaut en réponse aux mots durs qu'elle venait de recevoir.
Alexandra vit le visage de son amie se décomposer peu-à-peu, laissant sa froideur naturelle se muer en colère, semblable à la haine qui pouvait gonfler d'une hardeur vengeresse les vaisseaux le long de son cou. Les paroles vinrent s'abattre violemment sur les maigres épaules de la jeune russe qui se sentait se tasser involontairement sous la dureté des mots qu'elle utilisait contre elle. Cette scène qui se déroulait dans cette ruelle déserte de l'Industrial Discret semblait presque irréelle, hors du temps. Plantée de manière rigide, telle une gamine apeurée qu'on venait corriger pour son insolence, Alexandra subissait les remontrances verbales de son amie sans parvenir à animer ses lèvres pour se défendre. Se défendre, concept impossible à mettre en place quand on pouvait percevoir toute la colère qui se massait dans les muscles d'Evgenia. L'avocate sentait que le fil de la raison, maigre parcelle de retenue qui maintenait encore son amie en état de conscience, était tendu à l'extrême. Une simple parole de sa part, un mot déplacé, un rictus incontrôlé, aurait suffit à le briser. Le point de non-retour aurait trop facilement été atteint, et Alexandra tenait bien trop à son intégrité physique pour redouter un tir de pistolet dans la chair ferme de l'une de ses cuisses ou de son fessier au galbe incendiaire.
Femme imprévisible, sauvage, parfois irréelle tant elle était rustre et sanguinaire, Evgenia formait un modèle de force aux yeux de la pauvre blonde qui sentait son souffle mordre ses lèvres tant elle était proche d'elle. Du bout de ses doigts, la redoutable prédatrice vint effleurer ces parcelles de chairs rosées qui ne parvenaient qu'à s'animer à travers de maigres tremblements d'hésitations. Le craquement familier du cran de sûreté d'une arme se fit entendre dans le profondeurs de la veste d'Evge, suffisant pour obliger l'avocate à murmurer un direct « on se calme, c'est bon j'ai compris », pour tenter de désamorcer la bombe qui menaçait d'exploser. Progressivement, les souffles parvinrent à s'apaiser, ralentissant leur cadence infernale jusqu'à revenir à la normale. Le conflit avait été évité, de peu. D'un mouvement sec de la tête, la brune indiqua un escalier en ferraille et l'intima à le gravir. « D'accord. » Peu de paroles, un ton à peine perceptible tant il était murmuré.
La Meute lui avait-elle fait subir un lavage de cerveau ? Peut-être. Sûrement. C'était certain. Fermement convaincue de l'utilité de son allégeance, Alexandra se contenta de taire sa réponse acerbe qui brûlait ses lèvres pour se laisser guider jusque dans les entrailles de cet hôtel en quête de protection. Elle avait fait appel à Evgenia, elle devait lui faire confiance. Elle, elle seule connaissait ses faiblesses. Elle seule avait été témoin des douloureux impacts de son don sur son mental, mais aussi sur son propre corps. Maintenant un silence de mort durant le trajet, elle poussa la porte de la chambre que leur avait réservé la sauvageonne au regard de braise, et se dépêcha de se coller à une fenêtre en quête d'un point d'observation sur les ruelles environnante. « Crois-tu que j'ai été suivie jusqu'ici ? »
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Let the hunt begin feat. Evge - Dim 16 Fév - 23:48
La tempête écartée, la sauvageonne regarda son amie abdiquer et obéir à l’ordre donné sans plus tenter de riposter. C’était là la sagesse dont savaient faire preuve la plupart des gens qu’elle fréquentait. Bâton de dynamite à manipuler avec précaution, il suffisait d’une étincelle pour voir la Furie s’embraser et dévaster son entourage en un éclair. Pas ce soir, ou alors, pas contre elle, l’oracle qu’elle était venue sauver. Il valait mieux garder sa rage pour les chasseurs de prime qui la traquaient, et elle devait rester lucide en attendant de les trouver.
Silencieuse, elle lui emboîta le pas sans se priver de contempler de près ses courbes incendiaires. A mi-chemin des escaliers, elle se retourna tout de même pour vérifier qu’elles étaient seules, et s’avança à reculons jusqu’à pénétrer dans l’hôtel. Toujours derrière Alexandra, elle referma la porte et la suivit dans un couloir étroit. L’endroit était peu rassurant ; sombre, poussiéreux, vieillot. Du papier peint à fleurs des années quatre vingt ornait toujours les murs et le plancher grinçant trahissait tous leurs pas.
Quand elle déverrouilla la porte, l’Amazone pressa la blonde à l’intérieur de la chambre et fit le guet une nouvelle fois avant de la rejoindre. Le visage déformé par un rictus réprobateur, elle la jaugea tandis qu’elle se plantait devant l’unique fenêtre. A la question qu’elle lui posa, elle s’approcha mains dans les poches, feignant la nonchalance. « A toi de me dire. Tu as pris des précautions ? ». Elle se doutait de la réponse à cette question. Sasha transpirait l’innocence dans ce domaine et elle ne s’en sortirait pas à coups de grands discours et de remarques pertinentes comme elle pouvait le faire au tribunal. Ce terrain là, c’était celui de la Guerrière et elle allait devoir jouer selon ses règles maintenant qu’elle était là.
« Tu sais ce que c’est qu’un sniper ? », enchaîna-t-elle à mesure que son ombre dévorait la silhouette de la blonde. Elle ne connaissait rien de ses pisteurs. Ni leur nombre, ni leurs méthodes, ni leur budget. Si l’un d’eux la repérait et trouvait un bon poste pour viser, une balle dans le crâne à distance pouvait bien faire l’affaire. « Ne t’approche pas de cette fenêtre », ordonna-t-elle avec rigueur tandis qu’elle tirait le rideau. Un nuage de poussière s’éleva dans la pièce et vint mourir aux pieds des deux donzelles.
« Ce n’est sûrement pas le genre d’endroit où ils s’attendent à te trouver ». Trop sale et miséreux pour une femme de sa trempe. Si par chance ils ne l’avaient pas filée, elles avaient du temps devant elles et Evgenia pourrait se renseigner. Peut-être même les surprendre et inverser les rôles en les débusquant avant eux…
« Il va falloir me dire tout ce que tu sais. Combien ils sont, les noms de leurs commanditaires si tu as des soupçons... » Elle s’échoua sur le lit solitaire et s’installa sur le rebord, près de la table de nuit. Une flasque d’alcool y trônait déjà aux côtés d’un petit étui laissé là sans aucune précaution. La Vesari l’ouvrit, en extirpa une arme qu’elle entreprit d’examiner avant de la charger, et la tendit une fois prête à l’oracle.
Impatiente et surtout redoutant de la voir hésiter, elle attrapa sa main et la tint fermement avant de lui confier le pistolet. « Tu sais te servir de ça ? »
Prison de fer. Prison dorée. Entraves protectrices offertes par la guerrière. Loin des tumultes extérieurs qui menaçaient d'attenter à sa vie. L'innocente créature au visage de porcelaine se murait d'angoisse, la peau laiteuse presque collée contre cette fenêtre, le regard inquiet rivé sur les rares mouvements qui pouvaient troubler la sérénité de l'instant. Quelques badauds égarés fuyaient la morosité de la ville. Des animaux errants venaient pisser contre les murs décrépis. Rien ne laissait présager qu'un chasseur de primes rôdait dans les bas-fonds sordides d'Arcadia. Rien. Si ce n'est ce sombre message, cette ode à la mort qui condamnait l'avocate sans la moindre pitié. La chasse avait bel et bien commencé, Evgenia l'avait bien compris. Avait-elle pris ses précautions dans sa fuite ? Nullement. Habituée à la protection constante de sa Meute, la belle aux orbes glaciales s'était contentée de rejoindre le plus rapidement possible la position indiquée par son amie. Rien de plus. « Je pense que non. Enfin, j'espère. » Son ton hésitant ne laissait aucun doute quant à la réponse envisagée. Evgenia était intelligente. Elle connaissait le tempérament de son amie, ainsi que son manque de réflexe lorsqu'il s'agissait de survie, de sa survie.
Créature naïve, nageant dans un océan d'innocence, la belle au teint pâle reportait avec précaution son attention sur ce qui se passait dehors, jusqu'à ce que la voix de son amie ne viennent brutalement stopper sa contemplation. « Euhm. » Timbre tremblant. Hésitante. Alexandra recula naturellement d'un pas pour laisser passer Evgenia qui recouvrit immédiatement la fenêtre de son vieux rideaux poussiéreux. Prise d'une quinte de toux, la blonde porta une main à sa bouche pour éviter de postillonner sur son amie. « D'accord. » D'une apparente docilité, l'avocate traquée s'adossa contre un mur, les yeux toujours accrochés à la silhouette de la vengeresse à la crinière sombre. C'était comme si elle attendait ses ordres pour bouger, pour penser, pour respirer. Suspendue à ses lèvres, comme si le moindre de ses mots était parole d'évangile, Alexandra sentait sa respiration ralentir pour laisser celle d'Evgenia imposer sa présence. « S'ils me connaissent bien, je pense qu'ils ne viendront pas me pourchasser jusqu'ici. » Personne ne viendrait pourchasser une princesse dans une décharge à ciel ouvert. A moins que.
A nouveau pensive, l'avocate oublia pendant une fraction de seconde la présence de son amie. Puis son timbre si particulier se fit à nouveau entendre, la rappelant à l'ordre comme une mère gronde sa fille. Juste. Préciss. Implacable. Ses questions fusaient avec aisance tandis qu'elle s'afférait à ouvrir une table de chevet. Les iris claires toujours accrochées à cette silhouette ténébreuse, et sur cette arme à feu qu'elle venait de dévoiler sous son regard inquiet, Alexandra s'empressa de lui répondre. « Le nombre. Peut-être un, ou deux. Aucune idée. Je n'ai reçu qu'un message, une menace qui court depuis quelques temps déjà. Un client insatisfait de sa sentence. » Peu d'information en réalité. L'homme. La femme. Qui que se soit, il avait bien prévu son coup. La guerrière se glissa à ses côté pour déposer une arme dans le creux de sa main. « Euh. Je. » Fit-elle, hésitante, passablement effrayée par ce qu'elle venait de lui offrir. Cela se lisait sur les traits de son visage qu'elle ignorait comment s'en servir. Alexandra était une avocate, non une tueuse à gage. « Non. » Une évidence. Tout-à-coup, brisant le silence glacial qui s'était imposé entre les deux jeunes femmes, l'alarme incendie du bâtiment se mit à retentir dans les couloirs. « Merde. »
Que se passait-il tout à coup ? Étrange coïncidence que, une fois mises à l'écart de cette traque sanglante, enfermées entre les murs protecteurs de cet hôtel, l'alarme incendie ne s'enclenche brusquement pour les obliger à s'extirper de leur cachette. « Qu'est-ce qu'on fait ? » Même pas peur. Enfin presque.
