BLAZE : thinkky CREDITS : (c) myself & (c)ANAPHORE FACE : Charlotte Wessels DOLLARS : 2057 SACRIFICES : 253 ANNEES : (Vingt-neuf ans) suffisamment pour avoir vu son monde changer autour d’elle à plusieurs reprises, pour s’être écroulée, pour s’être fait enchaîner à des divinités dont l’unique intérêt est de la manipuler… CŒUR : (Célibataire), trop peu de liberté accordée au corps et à l’esprit. Les aventures s’enchaînent, sans que le cœur ne rencontre son âme sœur. Qu’importe, elle n’a pas ce souhait l’enfant… RÉINCARNATION : (Prophète juge), aucune divinité dans le corps. TALENT(S) : Le (jugement) dans les pupilles, la douleur causée par les fautes révélées aux hommes et femmes ayant multiplié les pêchés. Elle voit toutes les horreurs perpétuées par un corps, les lui fait subir en retour. Les esprits se brisent face au pouvoir, incapable de supporter le juste retour de leurs actes… FACTION : (Neutre), les barreaux d'or se sont retrouvés ouverts, fuite enclenchée pour la juge, traquée par la NC. OCCUPATION : (Serveuse au TeddyBeer), pour renflouer un compte en banque privé des chiffres factices. (Gérante & Directrice de la programmation aux Douze Coups), acheté par Ikaar, Nesryn y renoue avec son amour de la musique et du chant. TALON(S) D'ACHILLE : Sa famille, ses recherches, son innocence, son pouvoir effrayant.
Au début, il y avait évidemment la frayeur. Celle de ne pas être à sa place, de blesser par inadvertance. La Nuova Camorra l’avait utilisée à des fins de torture, au point où la suédoise avait imaginé le pire. Les couteaux auraient pu finir dans les globes occulaires, pour supprimer le problème à sa racine. Quitte à devenir aveugle, autant ne plus avoir aucun don maléfique. Néanmoins, elle n’était pas assez courageuse. S’infliger une telle souffrance physique, ce n’était pas son genre. Elle préférait se briser psychologiquement, se haïr, se dégoûter que d’en finir. Puis elle avait fini par s’y faire, d’éviter le regard des autres, de baisser les yeux, de fuir en permanence. Sans jamais penser que le stress finirait par la tuer. Même au milieu du Royaume et de ses membres, elle s’attendait à être attaquée. Pour avoir connu les italiens en leur cœur, elle les savait capable d’une roublardise à toute épreuve… Avaient-ils déjà infiltré cette autre mafia ? Seraient-ils capables de s’en prendre au Roi, tout simplement pour la faire tomber elle ? Avait-elle autant d’importance ?
Puis les doigts se posèrent sur la cicatrice sur sa paupière gauche. Evidemment qu’ils pourraient. Ils avaient déjà envoyé deux tueurs à ses trousses. Aucun des deux n’était parvenu à lui prendre la vie, mais des blessures étaient à déplorer. Il fallait qu’elle apprenne à se défendre. A se battre. A tuer. Elle déglutit à cette pensée. On lui avait appris à chérir la vie, à protéger les autres et ce monde. Aujourd’hui, si elle voulait se frayer un chemin dans cette nouvelle vie, il lui faudrait mordre, et aiguiser ses ongles. Autant métaphoriquement que réellement. Et pour cela, elle s’était rapprochée d’un homme du Royaume. Un duc. Bon, c’était plutôt lui qui était entré dans son champ de vision un jour où elle ne s’y attendait pas. Autant dire que sa carrure, ce qu’il dégageait, avait eu tôt fait de titiller la peur de Nesryn. Sa simple présence lui avait fait faire demi-tour ce jour-là. Car l’effroi avait toujours un impact sur son pouvoir, même si elle le maîtrisait de mieux en mieux. Un coup de stress, et la souffrance pouvait se déclencher. A Arcadia, personne n’était innocent.
Néanmoins, après plusieurs discussions (quand la prophète n’avait pas l’occasion de fuir à vrai dire), elle avait fini par se calmer, par comprendre qu’il n’était pas là pour la manipuler ou la détruire. Décidément, le Royaume était un lieu bien étrange…
C’était la seule raison pour laquelle elle avait fini par lui parler de ses soucis, de son envie d’apprendre quelques techniques de défense. En tant que militaire, et mafieux, il devait s’y connaître non ? Pour une fois, elle n’était pas trop à côté de la plaque, et c’était dans l’un des hangars de la famille qu’elle devait le retrouver pour une première session. Le stress tordait les entrailles fragiles, et les ongles étaient déjà attaqués par des coups de dents alors qu’elle n’était que sur le chemin. Les chaussures couinaient à chaque pas, et les iris se dilataient sous la peur. Pourvu que rien ne se déclenche…
Elle poussa la porte du lieu, pour tomber sur une immense pièce vide. Parfait. Au moins, il n’y aurait qu’un blessé si elle perdait le contrôle. Elle se rapprocha de la silhouette présente, osa ouvrir la bouche « Bonjour Keenan. » Et le regard fuit, sans attendre. Elle avait le temps, avant d’affronter les iris de l’autre…
Je me souviens de cette émotion que le commun des mortels appelle la peur. Sensation qui, poussée à l’extrême, vous saisit jusqu’à vous donner des crampes au ventre, vous glace le sang et peut vous faire perdre la raison. Je n’avais rien ressentis de tel depuis bien longtemps, ceci était mon lot depuis maintenant trente-quatre ans. On s’habitue vite, dans certain cas, cela représente même un avantage. Je pense que je n’aurais jamais survécu à la guerre si mon esprit s’était laissé saisir par l’horreur et la terreur que les combats pouvaient inspirer.
Il y a peu, j’ai rencontré une jeune âme qui m’a paru, à chaque fois que je l’ai vu, transit de peur et d’angoisse à l’idée de se confronter à ses congénères. Il fut difficile de l’approcher et encore plus de lui parler mais, je décidais de ne pas la brusquer, libre à elle de faire ses propres choix. Cependant, je sentais que quelque chose n’allait pas, une petite voix en moi, un je ne sais quoi voulait me pousser à m’intéresser à elle, à l’aider. Ce n’était habituellement pas mon genre de jouer au preux chevalier mais, j’écoutais souvent mon instinct, à défaut de sentiments pour me guider, il avait su me tirer de bien des situations.
Avec le temps, je parvins à en apprendre plus sur elle et son histoire. Elle s’appelle Nesryn, traquée par la Nuova Camorra, elle fut blessée avant d’échouer au Royaume. Foutus italiens, infliger une telle épreuve à une femme, ils n’ont vraiment honte de rien ceux-là. Elle s’était rapprochée de moi pour que je lui apprenne à se défendre. Ayant accepté, je lui avais donné rendez-vous dans un des hangars situés sur les docs. Nous serions seuls, ainsi, nous pourrions parler librement, sans pression sociale ni risque d’être entendu. La demoiselle pourrait ainsi exprimer ses craintes, ses espoirs et ses attentes, cela me permettrait de l’aider au mieux.
En effet, la jeune Nesryn cachait quelque chose de bien plus important, je ne savais pas encore ce qu’il en était mais, cela ne saurait tarder. Apprendre à se défendre, c’est facile à dire mais, il faut être fort dans sa tête, être déterminer. La concentration est un point clé dans l’art du combat afin d’anticiper les mouvements et réactions de ses adversaires. Il faut agir sans hésitation ni pitié c’est-à-dire être prêt à faire souffrir, voir tuer son ennemi. Or, son esprit tourmenté ne lui permettrait pas de se maitriser, c’est donc pour cela qu’un long travail nous attendait. J’espérais juste qu’elle accepterait de s’ouvrir à moi afin que je comprenne d’où venait le mal qui la rongeait.
La porte grinça, elle me salua d’une voix hésitante tout en baissant les yeux comme à son habitude. « Bonjour » répondis-je presque machinalement. Je ne cherchais pas à croiser son regard, insister risquerait de l’apeurer, elle pourrait se sentir menacer. Ce n’était aucunement mon intention, je voulais la mettre à l’aise, il fallait qu’elle apprenne à se détendre et à se libérer de ses peurs. « Comment vas-tu aujourd’hui ? Tu n’as pas eu de problème en chemin ? » lui demandais-je, l’air détaché. Je voulais lui changer un peu les idées avec quelques banalités avant de rentrer dans le vif du sujet.
BLAZE : thinkky CREDITS : (c) myself & (c)ANAPHORE FACE : Charlotte Wessels DOLLARS : 2057 SACRIFICES : 253 ANNEES : (Vingt-neuf ans) suffisamment pour avoir vu son monde changer autour d’elle à plusieurs reprises, pour s’être écroulée, pour s’être fait enchaîner à des divinités dont l’unique intérêt est de la manipuler… CŒUR : (Célibataire), trop peu de liberté accordée au corps et à l’esprit. Les aventures s’enchaînent, sans que le cœur ne rencontre son âme sœur. Qu’importe, elle n’a pas ce souhait l’enfant… RÉINCARNATION : (Prophète juge), aucune divinité dans le corps. TALENT(S) : Le (jugement) dans les pupilles, la douleur causée par les fautes révélées aux hommes et femmes ayant multiplié les pêchés. Elle voit toutes les horreurs perpétuées par un corps, les lui fait subir en retour. Les esprits se brisent face au pouvoir, incapable de supporter le juste retour de leurs actes… FACTION : (Neutre), les barreaux d'or se sont retrouvés ouverts, fuite enclenchée pour la juge, traquée par la NC. OCCUPATION : (Serveuse au TeddyBeer), pour renflouer un compte en banque privé des chiffres factices. (Gérante & Directrice de la programmation aux Douze Coups), acheté par Ikaar, Nesryn y renoue avec son amour de la musique et du chant. TALON(S) D'ACHILLE : Sa famille, ses recherches, son innocence, son pouvoir effrayant.
A inspirer profondément, à expirer, pour ne pas perdre la tête dans les multiples émotions qui lui traversaient l’esprit.
A Arcadia, personne ne ressentait la frayeur comme elle. Toutes ces divinités, tous ces êtres s’étaient habitués à la mort, à l’odeur de rouille s’élevant dans les airs, autant dans les ruelles que dans les rues passantes et commerçantes.
Pas Nesryn.
La faucheuse avait toujours des airs d’effroi dans ses pupilles, malgré les années passées sur le sol américain, et les vies qu’elle avait prises. C’était peut-être cela le problème. Elle, elle ne contrôlait rien. Elle n’avait pas demandé à être embarquée dans des histoires de mafias, de violence, de meurtres. Pourtant, elle avait fini par tuer. Ce don déjà si pesant avait pris une toute autre dimension après la première mort. Lui qui ne devait qu’infliger souffrances et malheurs avait été bien plus loin. Il avait détruit tout sur son passage, jusqu’au dernier fil de confiance qu’elle possédait. Nesryn n’était pas construite pour devenir comme de nombreux autres. Elle voulait juste une vie normale, et le destin en avait décidé autrement. Stupide force inexorable, avançant en permanence, quelle que soit la force appuyée en retour. Qu’on le veuille ou non, il nous mettra sur la voie qu’il désira. Même si vous la haïssez.
Enfin, les pupilles osèrent se lever, effleurer celles de Keenan. Aucun déclenchement de pouvoir. Le stress, la peur, les émotions n’étaient pas suffisamment intenses pour qu’elle perde le contrôle. Tant mieux. Blesser un membre du Royaume qui l’avait recueillie malgré les traques de la Camorra, et la dangerosité d’un tel accueil. Enfin, Nesryn ne savait pas réellement qui était au courant pour son don ici, même si la cicatrice qui trônait désormais sur sa paupière gauche donnait un indice. Qui viserait les yeux si ce n’était pour la priver du pouvoir de jugement ? Ou alors c’était elle qui extrapolait encore une fois…
Discussion s’engageant, pour détourner l’attention sur les problématiques, l’esprit tourmenté. Elle hocha négativement la tête, avant de formuler des phrases. « Aucun. Les rues sont très calmes en ce moment. » Trop pour elle. Ca cachait quelque chose. Elle avait beau se concentrer sur des éléments positifs, comme la reprise du cabaret, les évolutions du pouvoir, le contrôle, une traque de plus en plus faible de l’autre mafia, y’avait toujours l’inconscient pour lui rappeler les potentiels problèmes. Pour lui dire de regarder par-dessus son épaule, de faire attention, que son tour viendra… La Camorra avait eu un réel impact sur sa personnalité, détruisant la partie insouciante de son passé. « Je pense que beaucoup ont d’autres préoccupations qu’une gamine ces derniers temps. »Pourvu que ça dure.
Elle se rapprocha, déposa son téléphone sur le coin d’un meuble un peu abimé. Personne d’autres qu’eux dans le hangar, mais la suédoise faisait suffisamment confiance à Keenan pour ne pas être tendue. Enfin, pas plus que d’habitude. « Dis… Tu penses que je pourrais apprendre à me défendre ? » Elle-même n’en était pas certaine. Y’avait trop de peur de prendre la vie à nouveau. Pourtant, rien que savoir utiliser ses yeux à la perfection suffirait normalement. Néanmoins, cela nécessiterait bien plus de temps qu’un entraînement physique. Et elle avait besoin de se savoir capable d’accomplir quelque chose. Prendre la gérance des Douze Coups, sur demande d’Ikaar, avait été un premier pas mais cela était lié au domaine professionnel. Pour continuer à vivre en dehors, il fallait qu’elle gagne en force, en puissance, en confiance. Au Cabaret, elle était protégée, puisqu’il s’agissait d’une propriété du Roi, avec donc des membres du Royaume pour surveiller les alentours. Dans la rue, elle était seule. Et si elle n’était pas capable de parvenir à s’en sortir à ce moment-là, rien ne fonctionnerait.
Apprendre à se défendre, tel était le souhait de la jeune femme qui se tenait devant moi, là, dans ce hangar. Je fus tout d’abord surpris par cette demande, en effet, je n’avais guère l’habitude de ce genre de requête. Puis, avec un peu de recul, il me parut évident que dans cette ville, savoir se battre était un atout pour survivre. Ceci était vrai que l’on soit un simple mortel, un civil sans prétention ou un gangster armé jusqu’aux dents. Le monde avait bien changé depuis mon retour, surtout ces derniers temps.
« Patience ! Je vais t’apprendre mais, saches que je ne serai pas tendre avec toi pendant nos leçons ! Se battre, même pour se défendre, nécessite de la concentration, de la rigueur et de la discipline. » En effet, la force ne fait pas tout dans un combat, savoir observer son adversaire afin de mieux le connaitre tout en gardant une grande maîtrise de soi est aussi important.
Je n’avais pas prévu de programme particulier pour cette première séance, je devais d’abord me rendre compte de sa condition physique et de sa détermination. « Comme tu peux le voir, nous sommes dans l’entrepôt où j’entraine mes hommes et les nouvelles recrues en général. Aujourd’hui nous n’allons pas utiliser le matériel qu’il y a ici, nous nous contenterons du ring. » lui dis-je en pointant du doigt la petite arène improvisée. Tandis qu’elle s’y rendait, je récupérai deux paires de gants et un casque, cela restait tout de même un entraînement.
Je la rejoignis, lui tendis les équipements et lui dis sur un petit ton provocateur : « Tiens, mets ça, je ne voudrais pas abimer un si joli minois. » C’était certes une petite boutade, mais je voulais qu’elle comprenne que je ne lui ferais pas de cadeau. Il était temps maintenant de la tester. Sans attendre de réponse, je lui assenai un crochet du droit m ais, je m’arrêtai juste avant de la toucher. « Bon à ce que je vois, il va falloir travailler tes réflexes. Ce n’est rien, il faut dire que je t’ai pris en traître aussi mais, ça me permet de savoir ce qu’on va travailler ensemble. » J’avais surtout remarqué qu’elle ne me regardait pas dans les yeux et ce, depuis le début… Je ne sais pas si c’est moi qui l’intimide mais il va falloir remédier à cela, en situation réelle, elle serait blessée ou pire…
« Bon maintenant, c’est à ton tour, montres-moi ce que tu sais faire, frappes-moi ! » lui ordonnais-je. A peine avait-elle levé le bras que je me baissais et lui balayais les jambes afin de la faire tomber au sol. Cela peut paraître rude mais, ceci avait pour but d’imager les explications qui allaient suivre. « Relèves toi. Tu veux savoir pourquoi tu as fini au sol sans même pouvoir faire quoi que ce soit ? Tu ne me regardes pas ! C’est ta première erreur mais aussi ta première leçon ! Quand tu te bats, il ne sert à rien d’avoir des muscles ou de la force ! Si tu ne regardes pas ton adversaire dans les yeux, si tu ne l’observes pas pour anticiper ses actions, tu as perdu ! Tous les arts martiaux sont basés sur l’observation afin de savoir quand attaquer et quand se parer. Si tu n’intègres pas cela, tu ne sauras jamais te défendre ! »
Mon but n’étant pas de la brutaliser et ne voulant pas qu’elle se renferme sur elle-même, je décidais d’en parler avec elle. C’est ainsi que je lui demandai sur un ton plus calme et rassurant : « C’est moi qui t’intimide ou qui te fais peur ? Depuis que je t’ai rencontré, tu t’es toujours arrangée pour ne pas croiser mon regard. »
BLAZE : thinkky CREDITS : (c) myself & (c)ANAPHORE FACE : Charlotte Wessels DOLLARS : 2057 SACRIFICES : 253 ANNEES : (Vingt-neuf ans) suffisamment pour avoir vu son monde changer autour d’elle à plusieurs reprises, pour s’être écroulée, pour s’être fait enchaîner à des divinités dont l’unique intérêt est de la manipuler… CŒUR : (Célibataire), trop peu de liberté accordée au corps et à l’esprit. Les aventures s’enchaînent, sans que le cœur ne rencontre son âme sœur. Qu’importe, elle n’a pas ce souhait l’enfant… RÉINCARNATION : (Prophète juge), aucune divinité dans le corps. TALENT(S) : Le (jugement) dans les pupilles, la douleur causée par les fautes révélées aux hommes et femmes ayant multiplié les pêchés. Elle voit toutes les horreurs perpétuées par un corps, les lui fait subir en retour. Les esprits se brisent face au pouvoir, incapable de supporter le juste retour de leurs actes… FACTION : (Neutre), les barreaux d'or se sont retrouvés ouverts, fuite enclenchée pour la juge, traquée par la NC. OCCUPATION : (Serveuse au TeddyBeer), pour renflouer un compte en banque privé des chiffres factices. (Gérante & Directrice de la programmation aux Douze Coups), acheté par Ikaar, Nesryn y renoue avec son amour de la musique et du chant. TALON(S) D'ACHILLE : Sa famille, ses recherches, son innocence, son pouvoir effrayant.
La peur de combattre, de blesser était ancrée dans ses entrailles. Son pouvoir avait fait tant de mal, serait-elle capable d’utiliser ses mains, son corps pour en faire de même ? Même si, évidemment, son but n’était pas d’initier des combats. Juste de se défendre. La langue passa sur ses lèvres asséchées. « Je comprends, ça me va. » De toute façon, elle ne pouvait pas apprendre sans accepter les règles. Et surtout, Nesryn était de ces personnes plutôt soumises, acceptant la discipline, la rigueur. Son passé, autant dans le chant qu’au sein d’une mafia lui avait appris une certaine obéissance, tout comme à faire attention. Aux gestes, aux maux.
L’endroit où il entraînait ses hommes, ses nouvelles recrues, les combattants. La suédoise faisait tâche dans un tel environnement. Elle n’aimait pas le goût du sang, la sensation du combat. Pour elle, il s’agissait simplement de survie, pas d’une compétition quelconque. Quel plaisir pouvait-on prendre à détruire un autre être vivant ? Oh, elle s’en doutait, que chacun donnerait sa vie pour la mafia qu’il servait. Du côté des italiens, ils avaient tous ce mot à la bouche, ce sacrifice qu’ils pouvaient, devaient, commettre à tout instant. Beaucoup se battaient, tenaient une arme, tuaient pour toujours monter plus haut. A quel prix ? Pareil pour les combattants clandestins. Etait-ce là leur bonheur ? Enfin, ce n’était pas ce pourquoi elle était là. Les questions se poseront plus tard. Pour l’instant, seul l’entraînement comptait. Seule la détermination de pouvoir se défendre…
Profonde inspiration et le regard se heurta à celui, calme, neutre de Keenan. Ca avait quelque chose de rassurant, de pouvoir être un peu plus mortelle que d’habitude… Les équipements dans sa direction ne lui firent pas peur, pour une fois. « Tu as raison, c’est mieux de me protéger pour un premier entraînement. » Un peu comme la première fois où on faisait du vélo, où on apprenait le roller. Ou n’importe quel sport de combat. Elle enfila les divers éléments, sans se poser de questions. Quelques secondes, durant lesquelles l’esprit papillonna. Bien mal lui en prit puisqu’un poing apparut à quelques centimètres de son visage. Elle sursauta, loucha, déglutit. La migraine pointait le bout de son nez, comme à chaque fois que l’angoisse serrait sa gorge. Les pupilles se détournèrent, cherchèrent plus à s’attarder sur le corps que le visage. « Que… » Ce n’était pas du jeu. Mais elle retint les mots. Evidemment, elle apprenait à se défendre. La Camorra la prendrait forcément en traitre.
La demande lui fit hocher la tête. « Très bien. » Ordre intégrée, position incertaine prise, elle n’eut pourtant pas le temps d’esquisser le moindre geste offensif. Ses jambes furent balayées en un seul coup, et le sol la retint une nouvelle fois. La sensation de douleur s’effaçait déjà, habitude que le corps avait pris à force des excès de pouvoir. Les dents se serrèrent à l’écoute de chaque mot de Keenan. Evidemment qu’il avait raison. Evidemment que ce serait plus simple si elle était capable, si elle contrôlait ce don qui lui pourrissait la vie. Certains n’avaient aucun souci à se jouer de la vie des autres. Pas elle.« Je sais ! » Eclat de voix. Elle déglutit. Elle ne répondait jamais en temps normal. « Je sais que je dois arriver à vous regarder, si je veux réagir à temps. » Détourner le regard, fuir, c’était ce qu’elle avait préféré auparavant. « Je… »
Il fallait bien qu’il sache.
De toute façon, Ikaar était au courant. Ce n’était qu’une question de temps avant que le reste le sache, pour les protéger d’elle, de ses états d’âme. « Je peux tuer quelqu’un rien qu’en le regardant dans les yeux. » Bon, elle ne le savait pas mais cette affirmation était quelque peu fausse. Son pouvoir ne tuait pas. En revanche, certains ne résistaient pas à la douleur provoquée par leurs propres pêchés. Le cœur lâchait, plus à cause de la souffrance que le don lui-même. Il ne devrait pas provoquer la mort.« Je perds beaucoup trop le contrôle de mon pouvoir, donc j’évite de regarder les autres. » Murmures. C’était sa propre faiblesse qu’elle évoquait, celle dont elle ne parvenait pas à se défaire…
