es rues du centre-ville était baignée de la lueur jaunâtre des lampadaires, pour contrer l’obscurité de la nuit. Dans les ombres se glissaient de dangereuses créatures que le commun des mortels avait bonne idée de fuir, que ce fut conscient ou non. Même à une heure si avancée de la nuit, quelques voitures longeaient les trottoirs, crachaient leur gaz aux feux et passaient leur chemin lentement. Les habitants eux-mêmes se pressaient sur l’asphalte, frémissant dans la fraîcheur de la nuit pour certains, claudiquant d’un côté ou de l’autre, sous l’influence d’une substance étrangère, dans leur veine, pour d’autres.

Au milieu de toute cette vie, il y avait l’oupyr.

Ses yeux bleus fixés sur l’enseigne, de l’autre côté de la rue, Aina se tordait les mains et la bouche, comme un enfant qui ne saurait pas choisir entre deux jouets, mais qui ne pouvait pas s’emparer des deux. Un choix difficile qui méritait son temps de réflexion, des dizaines de calculs improbables, des prévisions impossibles. Elle n’allait pas jusque là, la blonde, mais ses pensées s’éloignaient, quelque peu, de l’objet de son désir.

La devanture soignée de la boite de nuit faisait honneur à son nom en nimbant son bout de trottoir d’une lueur sombre, carmin, qui donnait aux visages des clients une teinte étrange, aux faux airs de sang. Le sang qui coule et coule et coule dans sa gorge, inonde sa bouche et réchauffe ses lèvres. Aina secoua la tête. Elle n’avait pas faim ou soif, ou voilà. Elle ne devait pas se laisser distraire par des pensées inutiles et se concentrer sur l’essentiel : devait-elle tenter sa chance ou non ?

The Carmine éveillait, chez elle, d’étranges sensations, au creux de son ventre. Elle entendait une petite voix lui murmurer à l’oreille qu’elle devait se laisser tenter, comprendre, adopter les coutumes de ce monde et se laisser transporter par l’ambiance chaleureuse de la boîte de nuit. Évidemment, elle n’avait pas la moindre idée de ce qu’était une boîte de nuit, mais les sourires sur les visages qui se pressaient, à l’entrée, lui donnait envie d’y goûter. Elle aussi, elle voulait sourire de la sorte, rire à gorge déployée et ne plus se soucier de cette ombre, au coin de sa cervelle, qui l’incite, sans cesse, à soupirer, se poser dans un coin et attendre.

Aina n’a que trop attendu.

L’oupyr prit sa décision. Elle traversa la route sans vraiment regarder le passage des voitures et se mit à la queue. La file n’était pas longue, mais l’attente eut le don de ramener, en elle, son hésitation. Aina avait déjà essayé, une fois, d’entrer à l’intérieur de cette boîte de nuit. Elle s’était tenue sur le côté, près du mur, et s’apprêtait à faire un pas vers l’entrée quand un homme l’avait abordée pour lui poser une simple question : « T’es venue toute seule ? » La blonde n’avait pas saisi le sous-entendu, persuadée qu’on lui reprochait de n’avoir amené personne et qu’elle ne pourrait, alors, pas entrer. Elle avait fait la seule chose qui lui parut logique, sur le coup : fuir et rentrer chez elle.

Cette fois, elle irait jusqu’au bout !

La blonde se planta devant la porte, toisa le vigile à la peau si sombre et se sentit, soudain, petite. Toute petite, comme une fourmi au milieu d’une foule critique qui la pointe du doigt et l’accuse du crime. La panique revint serrer son cœur mort et Aina faillit bien faire demi-tour, ravalant difficilement sa salive. Elle faillit. Jusqu’à ce que son salut se présente sous la forme d’un inconnu qui passa tout près d’elle. L’oupyr ne réfléchit pas : elle attrapa la manche de l’homme, le tira à elle et sourit au vigile.



Je suis venue avec quelqu’un !


Le vigile haussa un sourcil, visiblement intrigué (à moindre mesure, tout de même, des fous il en voit tous les jours) par le comportement de la jeune blonde devant lui. Peu importait, au final, qu’elle fut seule ou accompagnée, il comptait la laisser entrer. Ce qu’il fit donc en ouvrant la porte et en lui souhaitant une bonne soirée. Il n’en fallut guère plus à Aina pour tirer sur le coude de son otage et l’embarquer à l’intérieur.

ina était très fière d’elle. Avec le soutien de son otage, elle put affronter le regard perçant du vigile et faire ses premiers pas dans la boîte de nuit. Évidemment, elle s’arrêta pratiquement tout de suite, sur le seuil de la porte, pour prendre le temps d’observer les lieux. L’obscurité ambiante ne la dérangeait pas autant que ça l’aurait dû. En tant qu’oupyr, elle avait le droit à une nyctalopie tout à fait pratique qui, du coup, réduisait à zéro ses dépenses d’électricité. Même le black out de la ville n’avait eu aucune incidence sur sa vie.

Bloquée dans l’entrée, elle observa les visages heureux qui passaient près d’elle, les mains qui se tendaient vers d’autres, des doigts qui glissaient dans le creux d’autres dos. Elle contempla les verres d’alcool qui se levaient vers les lèvres maquillées des femmes, souriantes des hommes. Son attention fut, soudain, happée par la piste de danse où les corps se trémoussaient sur un rythme endiablé, très collés les uns aux autres.

Ce spectacle stressa un peu l’oupyr, autant qu’il l’attira, en vérité. La blonde était quelqu’un de très tactile qui adorait toucher son entourage, s’accrocher aux bras des autres, câliner ses amis. Néanmoins, elle avait beaucoup plus de mal à supporter la proximité quand elle lui était imposée par autrui. Elle avait longtemps essayé de se sortir de cette peur étrange qui l’étreignait à chaque fois qu’une main se posait sur son épaule, se tendait vers son bras ou, pire, vers son visage. Elle se sentait immédiatement attaquée, en danger, souvenir persistant d’une vie passée dans les rues et les égouts à déceler, dans les mains amis, les intentions ennemies.

Aina revint à elle à l’instant où son otage s’emparait de son bras pour l’emmener ailleurs. Cette sensation de danger la prit à la gorge et elle eut très envie de se dégager, le plus vite possible, pour reprendre possession de son propre corps. Cependant, elle réussit à passer au-dessus de cette sensation désagréable, perturbée par toutes les informations que ses yeux essayaient de capter dans chaque coin de la boîte de nuit. Quand, enfin, l’inconnu s’arrêta un peu à l’écart de l’effervescence du bâtiment, la blonde reprit son bras, se frotta un peu la peau là où il l’avait touchée, mais ne fit aucun mouvement de recul. Elle se contenta de lever ses yeux bleus vers lui et de le détailler silencieusement.

Les mots qui sortirent de sa bouche la firent papillonner des cils, sans comprendre ce qu’il essayait de lui dire. Avait-elle peur de quelque chose ? À part qu’il ne l’attrape à nouveau pour l’égorger, non, Aina n’avait peur de rien ! Ou peut-être que la possibilité de croiser Rasmus dans un tel endroit lui faisait-elle un peu peur, d’accord. Mais elle doutait sincèrement de trouver l’oupyr dans the Carmine et préféra éviter de penser que son otage pouvait, à tout moment, sortir une dague de sa manche et essayer de la tuer.


Je n’ai pas peur, non. J’ai besoin de toi, oui. (Elle avait la fâcheuse tendance à répéter tout ce qu’on lui disait.) Je t’ai fait entrer, tu dois rester avec moi ! Et…

Elle baissa la tête et pointa ses deux index l’un contre l’autre, sans arriver à mettre de mots sur sa future demande. À la place, elle préféra relever le menton, le regard pétillant, un grand sourire aux lèvres, et s’emparer immédiatement de la main qu’il osait tendre vers elle. Elle la serra un peu fort, sans jauger sa poigne, et se promit de ne plus la lâcher, maintenant. Tant pis pour lui ! Aina ne lui laisserait pas la moindre occasion de la quitter.


Bonjour, Winston ! Et je suis Aina ! Aina Summers ! J’ai 31 ans et j’habite dans un super quartier ! C’est… euh…


Si Winston ne lui avait pas demandé son pedigree, Aina le lui offrait le sourire aux lèvres, prête à lui montrer ses beaux papiers d’américaine, même si son accent trahissait ses origines britanniques. Si elle n’alla pas jusqu’à lui donner son adresse, ce n’était que parce qu’elle n’aimait pas trop les visites impromptues. Sa maison était, plus ou moins, son territoire, et elle se devait de le défendre bec et ongles ! Puis, si elle était surprise à discuter avec un inconnu dans le salon… Elle préférait éviter, pour ne pas se faire disputer. Ceci dit, la porte était toujours déverrouillée et elle recevait, parfois, de la visite.

C’est la première fois que je viens ici, ajouta-t-elle, plus bas, comme s’il s’agissait d’un secret. Je ne sais pas ce que c’est, mais ça a l’air cool ! Tu connais ? Tu es déjà venu ? Tu aimes ? Tu surveillais, dehors, non ? Tu sais danser ?

Au milieu de ses questions innocentes, ses yeux brillèrent d’une lueur un peu plus dure et plus… intelligente ou mature, qu’à leur habitude. Maintenant qu’elle était bien en face de Winston, à parler très fort pour couvrir le bruit de la musique qui résonnait dans le moindre de ses os, Aina se rappelait avoir remarqué le grand Noir sur le même trottoir qu’elle, avant qu’elle ne se décide à faire la queue à l’entrée. Et en bonne prédatrice qu'elle était, l'oupyr était prête à parier qu'il surveillait la boîte de nuit.

es yeux de la blonde ne cessaient de voleter d’un endroit à un autre, comme un papillon exotique qui ne saurait pas sur quelle fleur se poser. Elle regardait les décorations, les lumières rouges, les visages heureux, les mouvements sur la piste de danse ou même l’alcool au fond des verres. Puis son regard revenait au grand Noir devant elle, si grand qu’elle était toute petite face à lui. Si petite qu’elle aurait pu se sentir mal à l’aise, impressionnée, en danger. Ce n’était pas le cas. Aina ne voyait là qu’un grand humain sur les épaules duquel elle aurait bien aimé se jucher pour voir plus loin, plus haut. Pour le moment, elle restait bien à terre, sans jamais lâcher sa main.

Tout comme elle ne comprenait pas pourquoi ses amis de la Calavera l’appelaient gringa, Aina ne voyait pas vraiment la différence entre sa peau blanche et celle, plus sombre, de son nouvel otage. Il aurait pu être vert ou violet, que ça n’aurait pas changé grand-chose. À ce sujet, l’oupyr ne remarquait que la pâleur extrême de ses propres bras qui, à une époque lointaine, avaient l’habitude de prendre le soleil et qui, aujourd’hui, n’en avaient plus le droit. Le reste n’avait pas la moindre importance, aussi ne remarqua-t-elle pas que son geste blessa Winston. Elle ne pensait qu’à se débarrasser de l’étrange sensation d’être attaquée, pour ne pas le lui faire regretter. Le reste lui passait clairement au-dessus de la tête. Tout ce qu’elle voyait, elle, c’était que dans les lueurs rouges du Carmine, tout le monde avait la peau rouge sang.

Aina fit la moue, boudeuse, alors que Winston rejetait les informations qu’elle venait de lui donner. À l’époque où elle avait eu le droit de rencontrer du monde, elle ne jouissait d’aucune adresse à offrir à ses nouvelles connaissances. Elle habitait tantôt dans les égouts, tantôt dans un coin de rue, là où personne ne viendrait l’embêter. Aujourd’hui, elle avait le droit à une grande maison et en était très fière, même si elle n’en prenait pas soin du tout. Elle n’aima pas, non plus, sa façon de mettre des si partout (non, elle n’exagérait rien) et le lui fit comprendre d’une grimace puérile.


Pourquoi je devrais pas ? Puis, j’ai rien dit ! Pourquoi on peut pas se connaître maintenant ? Quand nous nous recroiserons, bien, bien.


Elle tourna la tête pour montrer qu’elle n’était pas d’accord… et qu’elle ne lui demandait pas vraiment son avis, non plus. Ils se recroiseraient, sans le moindre doute. Aina retenait assez facilement les visages des autres et savait à qui elle avait déjà parlé. Il y avait peu de risques (ou chances, dépendant du point de vue) que dans une ville comme celle-ci, elle ne recroise pas, un jour, Winston. Et la probabilité était encore plus mince qu’elle le laisse tranquille si c’était le cas. Aina était plutôt du genre collante. Comme cette main qu’elle ne lâchait pas et qu’il valait mieux éviter d’essayer de lui enlever.

Une boîte de nuit ! répéta-t-elle, comme s’il s’agissait d’une chose incroyable. Musique, danse, alcool, ok. Draguer ? (Elle pencha un peu la tête sur le côté et papillonna des yeux.) Draguer, hmm… Je vois pas le rapport.


Sa définition de la drague remontait à un temps ancien où les danses n’étaient pas si collés et les intentions un poil plus mauvaises qu’une simple partie de jambes en l’air. Elle n’avait jamais été de ces gens-là, mais elle connaissait certains de ses… collègues, disons, qui s’amusaient à se donner des airs de gentlemen ou de femmes de joie pour refermer leurs griffes sur leurs proies. Généralement, ils revenaient avec quelques pièces en poche, mais Aina avait toujours préféré les voler sans toucher ses ennemis, sans être vue, ni entendue. Elle risquait moins de représailles ainsi.

Trop cool ! Tu sais danser ! Montre-moi, alors. J’ai essayé d’apprendre, mais je ne connais pas encore tout bien. (Est-ce qu’elle ignorait consciemment le fait qu’il n’aimait pas les boites de nuit ? Totalement ; elle raffermit même sa prise sur sa main pour qu’il ne tente pas de lui échapper.) Ta sœur ? Tu as peur de quoi ? Il faut la protéger ? Laisse-moi faire, je m’en occupe. C’est laquelle ?


Les yeux bleus de l’oupyr se teintèrent d’une lueur plus dure à l’idée de protéger la sœur de son nouvel ami. Elle se tourna vers la piste de danse et sonda tous les visages en quête d’un air de ressemblance avec le grand Winston. Il lui était plus facile, pour elle et sa nyctalopie, d’observer les danseurs dans l’obscurité de la boîte de nuit.


C’est elle ? demanda-t-elle, en pointant une danseuse. Elle a pas l’air en danger, mais je surveille.

inston n’était pas sur de savoir ce qu’il était censé faire là … Il n’avait pas forcément envie de se faire voir pas sa sœur, qui le prendrait pour un petit frère trop protecteur … mais il n’avait pas non plus envie de laisser une femme comme son inconnue dans les soucis… Après tout, n’était elle pas en train de lui demander de l’aide par sa manière de faire ?

- Il est dangereux de dire à un inconnu que tu connais à peine où tu habites, c’est tout. Nous pouvons nous connaître en effet…

En faite, si la jeune femme semblait être une adulte, plus il lui parlait plus il avait l’impression qu’elle n’était qu’une enfant … comme lui quand il a son pet au casque … sauf qu’elle, elle était clairement un cran au dessus. Il avait cet instinct protecteur. Ce sentiment qu’il doit toujours être en train de sauver les gens, ou de les aider. Bien sur, il se soigne en se souvenant des râclures et autres personnes ne méritant pas sa clémence, mais … Aina méritait qu’il fasse attention. Il le pensait en tout cas. Main dans la main, il se disait que si sa sœur le choper ici, pourrait il dire être là pour elle au moins ?

- Quand tu es en boîte de nuit, tu peux danser coller serrer, parler fort, te montrer, donc souvent les gens en profites pour … chasser le gibier ? Trouver un partenaire d’un soir ? Tout ça.

Il allait dire pour trouver des plans culs, il allait être un tout petit peu plus vulgaire… mais il s’était tu. Il ne gardait pas beaucoup d’estime pour les boites de nuits, mais il pouvait se souvenir de sa jeunesse et des femmes qu’il avait ramené chez lui…ça suffisaient pour que ça le fasse sourire de nostalgie.

- Te montrer quoi ? Comment on danse ? Ici ? Je ne sais pas danser ça !

Heu … non. Il n’était pas prêt psychologiquement à danser comme il se souvenait avec une jeune femme dont il ne connaissait rien … et la musique n’était pas adapté (excuse). Il préféra, assez étrangement, se défaire de la conversation « danse » pour parler de Lisa. Il suivit son regard mais ne pouvait voir que des formes informes, des visages comme tous les autres. Il s’approcha pour mieux voir. Il ne pensait pas que Lisa se déhanche comme cela de toute manière… sauf que sans l’avoir remarquer, il se retrouvait là où il faut danser pour ne pas être observé ….

- Je ne sais pas, mais quelqu’un lui veut du mal, alors je surveille. De l’aide pour trouver ce fils de pute et faire en sorte qu’il ne touche plus jamais ma sœur ne serait pas de refus.

Il ne savait pas le visage de l’homme qui avait blessé sa sœur … mais ce qui était sur, c’était qu’il allait être impossible ensuite pour lui de se regarder à nouveau dans un miroir, parce que Winston comptait bien lui faire payer à la manière de chez lui.

omme à son habitude, Aina était sur son petit nuage, raccordée à la Terre par cette main qu’elle serrait dans la sienne et ne lâchait plus. Il était fort à parier qu’elle ne le lâcherait pas de la soirée, d’ailleurs, dans un sursaut de possessivité qui cachait bien mal son besoin de proximité. Elle ne voulait pas le voir déguerpir à la seconde où elle ne le tiendrait plus, comme un chat tenu en laisse qui fait semblant d’être d’accord pour mieux échapper à ses propriétaires. Alors que si elle le tenait, au moins, elle pouvait se persuader qu’il ne disparaîtrait pas sans récupérer ses doigts et qu’il pouvait toujours essayer de le faire, Aina était plus efficace que de la super glue.

Sur son petit nuage, en tout cas, bloquée dans cette innocente naïveté que l’on retrouvait chez la créature, à l’instant où elle avait l’occasion de mieux apprendre le monde humain, Aina ne comprenait pas tout à ce qu’il se passait autour. Elle ne désespérait pas et savait pertinemment que, tôt ou tard, elle pigerait tout bien comme il fallait et elle pourrait, ensuite, revenir sans avoir besoin de kidnapper quelqu’un. Ce qui ne voulait pas dire qu’elle ne le ferait pas. La blonde aimait trop graviter autour des vivants pour s’en empêcher.

Ce qu’elle ne comprit pas, cette fois, ce fut les insinuations du grand Winston. Elle releva ses yeux bleus jusqu’aux siens et battit des cils, une fois, comme si ça suffisait à ouvrir un passage à la compréhension jusqu’à sa cervelle de morte. Puisqu’elle ne comprit pas, sur le coup, ce qu’il voulait dire, elle préféra d’abord se concentrer sur la fin des mots et se parer d’un grand sourire. Oui, ils pouvaient se connaître ! Il avait dit oui, maintenant, c’était trop tard pour lui. Aucun retour en arrière possible, le contrat était daté et signé. S’il regrettait, plus tard, il ne pourrait que s’en prendre à lui-même.

Qu’est-ce qui est dangereux ? demanda-t-elle, avec cette innocence enfantine qui était souvent la sienne. Ce serait pourtant cool que tu viennes me rendre visite, non ? Comme un ami !

Aina ne se gêna pas pour le regarder de haut en bas en essayant, à sa façon à elle, de déceler ce qui pouvait bien être dangereux, en lui. Elle avait, tout de même, trois siècles en pleine tête et la blonde pensait pouvoir se défendre contre un peu n’importe qui. De toute sa vie et sa mort aussi, elle ne connaissait que Rasmus pour lui tenir tête. D’ailleurs, elle ne voulait même pas essayer de se battre contre lui. Même sous ses airs de gamine, l’oupyr gardait un certain instinct de survie. Un instinct de survie qui, généralement, répondait au quart de tour à la moindre menace et, là, ce soir, face à Winston, elle ne ressentait pas l’ombre d’une menace.

Collé-serré, parler fort, te montrer… (Elle répétait presque en même temps que lui, accrochée aux lèvres de son professeur du soir.) Oh ! Chasser le gibier ? De… euh… hein ? Je ne comprends pas. Quel gibier ? C’est un terrain de chasse, ici ?

La blonde plissa si fort les yeux qu’ils ne furent plus que deux fentes obscures par-dessous ses sourcils sombres, à ce point froncés qu’ils se rejoignaient presque. Elle essaya de comprendre l’allusion à la chasse, mais sa version de la chasse ne collait pas du tout à l’environnement. Ses iris bleus glissèrent, finalement, sur la piste de danse, les visages contents, les éclats de rire ou de voix qu’elle entendait par-ci par-là. Elle eut beau chercher, chercher, chercher encore, elle ne trouva aucun signe d’une intention de meurtre, d’une envie de se nourrir autre que la sienne, bien endormie au fond de son ventre.


Un partenaire d’un soir, d’accord, d’accord.


Ce qu’elle ne comprit pas plus que le reste, mais concentrée sur le frisson de la chasse qu’elle ne sentait nulle part dans la boîte de nuit, elle fit mine que si et hocha même plusieurs fois la tête, élève modèle du premier rang de la classe. Puis une compréhension tout à elle passa dans ses yeux clairs, qu’elle releva pleins d’étoiles vers le grand Noir. Elle n’avait, évidemment, pas la moindre idée de ce qu’il sous-entendait dans ses mots et elle se contenta, elle, de les prendre comme il les lui donnait : très littéralement.

Tu es mon partenaire d’un soir, alors ! dit-elle, avec beaucoup d’entrain, ce qui attira des regards amusés. Enfin… Pas que d’un soir quand même, j’espère. C’est pas drôle, sinon.

Elle se para d’une moue déçue à l’idée de ne plus revoir son nouvel ami. La blonde ne comptait pas laisser ça arriver. Si certaines de ses connaissances la croisaient, de temps en temps, en ville, ce n’était pas seulement à cause de coïncidence. Aina avait sa manière à elle de provoquer un peu le destin, de tendre la main pour arrêter le dé sur la bonne face ou la roulette sur la bonne couleur. Elle ne voulait pas être abandonnée dans un coin, encore, à se lamenter seule dans sa grande maison pour quelques siècles de plus. Alors, oui, il lui arrivait de traîner volontairement dans les coins où elle savait qu’elle pourrait croiser fortuitement des visages connus.

Mais tu as dit que tu savais danser ! (Elle gonfla les joues, comme une gamine que l’on vient de gronder.) T’es nul ! Tu peux pas surveiller sans te mêler à la foule, de toute façon. Alleeeeez ! Montre-moi !

Aina tira un peu sur le bras de Winston, qu’elle n’avait toujours pas lâché (plutôt crever, et comme elle était déjà morte…), mais son attention fut plus ou moins détournée par cette histoire de sœur à surveiller. Forte de sa nyctalopie, la blonde essaya de repérer un visage qui ressemblait à celui de son partenaire d’un soir, dans la foule, mais elle ne vit aucun Grumpy Cat qui attendait en boudant dans son coin ! Oui, bon, elle était déçue de ne pas avoir ce qu’elle voulait, voilà.

Quand elle lui désigna une jolie femme, à la peau sombre, qui dansait sur la piste de danse, Winston dut s’approcher pour essayer de discerner son visage. Aina le laissa faire, évidemment. Parce qu’elle vit bien, elle, qu’il suffisait de quelques pas pour qu’ils se retrouvent sur la piste de danse. Elle n’en dit rien, mais un grand sourire vint étirer ses lèvres à l’instant où il s’arrêta, sans même voir qu’il venait lui-même de se condamner. Bien fait ! Ne jamais rien refuser à l’oupyr, c’était mieux.

S’il n’y a que ça pour te faire plaisir, alors tu peux compter sur moi. Je le trouverai et il ne recommencera pas, c’est promis. (Une lueur dure, sauvage et meurtrière, passa dans ses yeux bleus, sans toucher le ton enjoué de la gamine qu’elle n’était plus depuis longtemps.) Mais il n’y a personne, là. Et tu es sur la piste de danse, t’as vu ? Alors…

Très heureuse d’avoir pu, plus ou moins, le coincer, Aina tendit sa main libre et pointa un doigt sur les côtes de Winston. Elle le poka plusieurs fois, en gloussant tout bas, comme pour le pousser à se tortiller pour se mêler aux danseurs qui remuaient tout autour d’eux. Oh, Winston n’était peut-être pas prêt à danser avec elle, mais il n’était, sans le moindre doute, surtout pas prêt à voir danser l’oupyr. S’il voulait être discret, ça risquait d’être compliqué avec elle accrochée à son bras.


Danse avec moi !

inston observait le singe qu’il avait à ses côtés. Il la voyait comme une enfant hyper active … et il n’avait jamais été sur de comment se comporter avec eux. Les enfants, en général, il leur fait peur et se calme quand ils dépassent les bornes … les enfants trop motivés eux, n’avait pas cette peur, ils avaient juste une idée en tête et compter bien la faire. Il soupira doucement.

- Moi je suis cool. Je ne suis pas quelqu’un de méchant, et je ne ferais pas de mal à quiconque …

Il dit cela, et des tonnes d’images de ses « missions » revenaient dans son esprit … comme autant de fantômes venus pour lui rappeler qu’il ferait mieux de se taire une bonne fois pour toutes …il reprit cependant avant que le silence ne passe pour un aveu.

- Mais certaines personne pourrait prendre partit de ton innocence et te faire du mal, et ça ça n’est pas bien. Je sais ravi de venir chez toi si tu me promets de faire plus attention à l’avenir.

Peut être que l’enfant avait besoin d’un deal, d’une promesse, d’un échange… du donnant donnant qui fait « si tu me donnes ta sucettes je te donne mon biberot » parce que chacun trouve quelque chose à y gagner. Protéger la jeune femme pouvait être cette chose à protéger.

- C’est pour … le sexe. Le gibier sont les femmes ou les hommes que tu as envie d’avoir dans ton lit pour une nuit. La plupart du temps, cette chasse commence à partir du premier verre. C’est une manière plus poli que de dire que tu cherches juste à coucher…

Il essayait d’être discret alors qu’il pouvait remarquer déjà des regards lubriques sur sa partenaire de galère. Les mains jointes devraient en repousser certains, mais il ne doutait pas que la plupart n’aurait pas cette éthique et essayeront tout de même … une enfant, c’était comme ça qu’il voyait la jeune femme … et une enfant ne pouvait pas se faire draguer par un homme qui cherche à l’avoir pour un soir. Lui, il avait déjà eu des partenaires d’un soir, surtout avant, et il savait que souvent ce n’était pas doux et mignon …. Il essayait de lui expliquer … parce que le fait qu’elle l’appelle lui, son partenaire d’un soir, l’avait fait rougir jusqu’aux oreilles.

- Donc on ne va pas dire que je suis ton partenaire d’un soir, mais ton ami, si tu veux bien

Il préférait largement la voir comme une amie, que de l’imaginer dans un lit … son innocence était elle à ce point qu’elle ne comprennait pas les allusions au sexe ? Il ne savait même pas comment faire pour lui expliquer clairement … et surtout mettre des mots sur sa gêne … Il soupira une fois, mais son sourire apparu.

- N’essaie pas de l’approcher je veux me faire ce salopard moi-même.

Il disait plus cela pour la protéger mais il ne pouvait pas lui dire. Il était sûr maintenant qu’elle dirait qu’elle n’a pas besoin de protection et tout ça … alors lui demander de lui laisser était peut être une meilleure idée …  Il la laissa danser, en la regardant étrangement. Puis il sourit. Bon après tout. Il s’approcha d’une table mit un billet dessus et pris la bière entamé qui y trônait… s’il devait danser il avait au moins besoin de ça pour commencer.

Il se mit en face de la jeune femme et dansa comme il pouvait. La proximité de tout ce monde le déranger… il avait fait des années de hip hop, et certains mouvements revenaient naturellement alors qu’il observa Aina. Il dansa un peu. Puis s’arrête et repartit vers un lieu moins bondé.

- Assez je fatigue, je suis vieux moi.

ur son petit nuage, rien n’aurait pu perturber la joie de l’oupyr. Il y avait trop de choses nouvelles, à apprendre, dans la boîte de nuit, pour qu’elle perde son grand sourire et son envie de sauter partout, tout le temps, des centaines de questions aux lèvres. Les boîtes de nuit, ça n’existait pas, de son temps, ce n’était pas de sa faute, à elle. En trois siècles d’existence, elle n’avait jamais rien connu de tel. C’était un nouveau monde qui s’offrait à elle et elle était prête à parier que les premiers Européens, en Amérique, avaient dû être comme elle ! Des petites piles qui remuaient dans tous les sens. Évidemment, il serait vain d’essayer de lui faire comprendre que non.

Heureusement pour eux, ou pour elle, ou pour lui, bref… heureusement, elle était accrochée à Winston par cette main qu’elle ne lâchait plus et qui l’empêchait, en un sens, de courir partout. Sans ce kidnapping, la blonde serait déjà pendue à d’autres bras, dans tous les coins de la boîte de nuit, pour essayer de piger qui était qui, qui faisait quoi et pourquoi tout le monde souriait tant… sauf lui. Ce fut ce qu’elle comprit en relevant les yeux vers lui. Il était beaucoup trop sérieux ! L’avait-elle vu sourire ne serait-ce qu’une fois, depuis le début ? Elle en doutait sincèrement.

Ce fut donc, inévitablement, sa mission de la nuit.

Faire sourire les autres, ce n’était pas si compliqué, d’habitude. Celui-ci, pourtant, semblait bloqué sur les mauvais côtés de la vie, sans voir que, lui aussi, il avait le droit de s’amuser de temps en temps. Aina n’en avait pas grand-chose à faire des autres, des méchants qui pouvaient entrer chez elle. Elle eut presque envie de dire qu’ils faisaient toujours un bon quatre heures. Mais elle se retint. Elle préféra hocher la tête sans y penser, oui, oui, ils peuvent essayer, voilà ce que ses yeux disaient. Elle n’en avait vraiment rien à faire et il lui suffirait de le demander pour qu’elle le crie haut et fort.


Oui, promis, je ferai attention.


S’il n’y avait que ça pour le décoincer, Aina pouvait promettre tout ce qu’il voulait. De sa vie dans les égouts britanniques, la blonde retenait que les promesses ne voulaient rien dire. Celui qui jurait être votre ami le jour J n’hésitait pas à vous trahir le lendemain. Elle-même l’avait déjà fait, plus d’une fois. C’était ainsi, la survie. Elle préféra, tout de même, lui faire croire qu’elle ferait attention. Ce qu’elle ferait peut-être, au début, en se disant qu’il avait plus ou moins raison. Mais la blonde avait toujours été une très mauvaise élève. Tout ce qu’elle voyait, elle, c’était qu’il comptait venir chez elle et ça, c’était cool.

Les explications de Winston se perdirent quelque part entre un vieux souvenir et l’incompréhension totale. Aina eut beau essayer de s’accrocher, comprendre le rapport, elle ne put que se dire que oui, ce n’était pas si mal d’avoir quelqu’un dans son lit, elle pouvait comprendre. Sauf qu’elle ne voyait, elle, qu’un câlin chaste, comme un édredon serré très fort contre elle pour être sûre qu’elle ne serait pas seule, pour une fois, à essayer de combattre son ennui. Le reste lui passait clairement au-dessus de la tête, coincée dans un temps où le sexe ne servait qu’à trahir, voler, tuer. Ce qu’elle ne faisait jamais. L’oupyr haussa donc les épaules.

Je veux bien me coucher avec toi, ça me dérange pas, pas besoin d’être poli, suffit de le dire, j’ai un grand lit, répondit-elle, très franchement.

La blonde cligna plusieurs fois des paupières, grand sourire aux lèvres, sans s’inquiéter du reste du monde qui pourrait capter leur conversation. Elle s’en fichait, elle. Tout comme elle se fichait de beaucoup de choses, en vérité. Coincée dans sa propre vision du monde complètement biaisée. Elle ne précisa pas, non plus, que les lits de sa maison n’étaient peut-être pas très confortables, un peu sales, vieux comme le monde. Ce n’était qu’un détail pour une morte qui pouvait tout aussi bien dormir par terre, habituée à pire.

Même dans la rougeur du Carmine, Aina ne loupa pas la teinte nouvelle, sur les joues de son ami. Elle trouva ça fortement intéressant et se promit de tout faire pour que ça recommence. Le sang des vivants avait ces pouvoirs impressionnants qu’elle adorait regarder, que ce fut les joues rougies de l’homme gêné ou les veines pimpantes de l’inconnu énervé. Elle ne préféra, néanmoins, pas insister cette fois, consciente qu’il pourrait en profiter pour fuir. Ce n’était pas le but et elle ne remarqua pas tout de suite, concentrée sur la teinte de sa peau, que leurs doigts s’étaient quittés.


Comme tu veux. Mais si t’as besoin, faut pas hésiter. Je peux lui dire de ne plus le faire.


Lui dire, oui, puis le tabasser pour qu’il comprenne. L’oupyr n’en avait peut-être pas l’air, ainsi, à essayer de comprendre le principe d’une boîte de nuit, mais elle restait une prédatrice, une femme entraînée à tuer. Elle s’était toujours défendue, agile, précise, professionnelle. Elle savait où frapper et comment. S’il la laissait faire, l’inconnu disparaîtrait de la circulation sans que personne ne comprenne pourquoi. Elle était née pour ça. Sa deuxième vie, en tout cas.


Eh ! cria-t-elle presque.


Totalement outrée, Aina regarda le dos de Winston qui s’éloignait d’elle. Bouche bée, les sourcils froncés, elle gonfla finalement les joues et serra fort les poings. Comment osait-il lui échapper ? Pourquoi avait-elle détourné son attention des doigts qu’elle ne serrait plus entre les siens ? L’oupyr bouda tout le temps qu’il fallut à son ami pour aller picoler un coup. Elle finit même par croiser les bras sur le ventre et tourner la tête pour ne plus le voir – même si elle gardait un œil sur lui. Nan mais ! C’était quoi ces histoires ! Il n’avait pas le droit de l’abandonner, comme ça, sans rien dire !

Mais ses yeux, braqués sur les danseurs autour d’elle, finirent par se décoincer de leur moue boudeuse. Elle se dit que tant pis, il reviendrait vite en comprenant qu’il n’aurait pas dû partir. Ou quelque chose comme ça. En attendant, elle essaya de remuer les bras et le ventre, en rythme avec la musique, ce qui fut un échec total. Dans sa maison, sur les sons de la Calavera, devant Sophia, elle pouvait apprendre à remuer les hanches. En situation, en revanche… c’était une catastrophe.

Sa danse brouillon fut vite recouverte par l’ombre de Winston, enfin revenu, à qui elle ne lança qu’un regard absolument déçu, sans rien lui dire. Bah ! Bah ! Bah ! Le vilain ! La maturité à l’état pur. Elle ne voulait plus lui parler, et puis c’était tout. Au pire, elle se trouverait un autre partenaire, ce n’était pas ce qui manquait et elle pouvait, déjà, croiser quelques regards sur elle. Un regard, c’était tout ce dont elle avait besoin, l’oupyr, pour se faire un nouvel ami.

Vieux ?! (La blonde fit volte-face pour regarder Winston qui s’éloignait pour la seconde fois – il n’y en aurait pas trois.) Pff, n’importe quoi ! Vas-y, t’as quel âge, qu’on ricane ? C’est une excuse toute pourrie. Mais ! Reviens !

Aina remua un peu le popotin, comme un chat prêt à bondir sur sa proie, ce qu’elle fit plus ou moins. Elle trottina derrière Winston et profita qu’il lui tournait le dos – erreur à ne pas faire, surtout deux fois – pour lui sauter dessus et s’appuyer de tout son poids sur lui. Elle ne fut plus qu’une poupée de chiffon accrochée au gros ours mal léché qu’il était.

Moi aussi, je suis vieille et fatiguée, se justifia-t-elle, en lui pokant la joue, juste pour l’embêter. T’es mon ami, t’as pas le droit de m’abandonner.

Au moins, ce n’était pas à Aina qu’on allait reprocher de ne pas dire ce qu’elle pensait.

inston avait du mal avec la jeune femme et essayait de ne pas se montrer troublé par elle. Nul doute pour lui que s’il faisait un faux pas, elle allait le manger tout cru … C’était en tout cas une impression étrange qu’il avait au fond de sa tête. Qui taper pour s’exprimer. Cette impression disait qu’il ne devait pas se fier aux apparences, et qu’en temps de guerre, ça serait elle a qui il ne faudrait pas tourner le dos.

Cependant, il avait du mal à ne pas laisser son instinct fraternel prendre le dessus et vouloir la protéger de ce lieu. Il ne pensait pas que les boîtes de nuit étaient un endroit pour elle. D’ailleurs, il n’avait pas une très grande estime des boîtes de nuit au vue de ce qu’il savait, et de ce qu’il avait déjà fait.

- Non !

Avait il commencé à crier très fort alors que la jeune femme lui proposer de coucher ensemble … Oui. Clairement.

- Non. Coucher ensemble, c’est … on ne fait pas ça avec un ami. On fait ça avec son compagnon. Pas besoin de … lit.

Le dernier mot tomba dans son esprit comme une évidence. Elle ne parlait pas de sexe elle … elle elle parlait juste de dormir … à tous les coups. Il ne répondit pas plus à sa proposition … de … s’occuper de la personne qui emmerde Lisa. De toute façon, s’il le trouve, c’est lui qui va s’en occuper pour sur. Winston avait fait son travail … rapidement. Danser, repousser les personnes qui s’approche trop d’Aina … mais il était déjà fatigué par la danse et préféra repartir. Une bière ou deux, ça ne faisait jamais de mal.

- J’ai un âge certain. Et j’ai vécu encore plus. Ce n’est une excuse que si vous voulez que cela le soit.

Il avait donc eu raison de dire qu’il n’aurait pas du lui tourner le dos… a peine l’avait il fait qu’il se retrouva avec la jeune femme sur le dos. Il ne dit rien. Son autre soeur faisait souvent cela quand elle ne voulait pas qu’il parte aussi. Instinct fraternel vous vous souvenez ? Il sourit.

- Tu ne peux pas t’amuser dans la boîte de nuit si tu es là haut. Mais bon. Tu veux une bière ?

Dit il en lui tendant une bière par dessus sa tête sans la moindre gêne. Aina avait tout de ses soeurs, et une fois que ce constat fut validé dans sa tête, elle pouvait à nouveau parler de « coucher ensemble » qu’il ne le verrait plus du tout comme avant.

- Tu es une personne très étrange d'où vient tu pour ne pas connaitre les boites de nuit ?

lle n’en donnait peut-être pas toujours l’air, mais Aina essayait dur comme fer de comprendre ce que Winston essayait de lui dire. Sauf que plus il s’enfonçait dans les explications, moins elles trouvaient un sens aux yeux bleus de l’oupyr. Cette histoire de se coucher avec lui ne parut pas plaire au grand Noir qui l’a rejeta aussi vivement que possible. Ça lui fit un peu de mal, au fond, de l’entendre nier si fort qu’il ne voulait pas dormir avec elle. Elle ne comptait, pourtant, pas l’attaquer pendant son sommeil, ou pas dans le sens où il semblait l’imaginer, ni même dans un sens un poil meurtrier. Les seules conneries qu’elle était capable de faire, seraient de lui dessiner dessus en essayant de ne pas le réveiller.

Mais il ne voulait pas.
Soit.

Évidemment, elle ne comprit pas non plus pourquoi elle ne pourrait pas le faire avec son ami. Ni ce que le mot « compagnon » pouvait bien désigner, au fond. Rasmus était-il son compagnon ? Aina ne l’avait jamais utilisé comme nounours, en tout cas. Donc ça ne devait pas être ça. Serait-elle capable, la prochaine fois, de demander au premier inconnu croisé dans la rue s’il voulait devenir son compagnon ? Ce serait mal la connaître que de croire qu’elle allait se retenir de le faire… Mais cette histoire de se coucher sans avoir besoin de lit commençait fortement à lui taper sur le système, comme un enfant soûlé de ne pas comprendre les allusions des grands.

Pour le moment, elle préféra passer à autre chose.
Ce qui ne voulait pas dire qu’elle ne reviendrait pas sur le sujet quand il s’y attendait le moins.
Aina aimait comprendre.

La blonde s’insurgea du départ de son ami, essaya de danser sans y arriver, mata sans détour la danse de Winston et s’insurgea à nouveau alors qu’il osait lui tourner le dos. Tourner le dos à l’oupyr était aussi dangereux que de tourner le dos à un tigre. À la différence près que le gros félin n’attaquait pas de face alors qu’elle… elle ne s’empêchait jamais de rien. Aina fit, donc, la seule chose intelligente à faire dans la situation, au mépris total du vieux grincheux qui s’inventait des excuses : elle lui bondit sur le dos.

De là-haut, elle eut une vue étonnante sur le Carmine et s’intéressa de près à tout ce qu’elle vit briller, comme la pie qu’elle n’était pas. Heureusement, le contact chaud de Winston, sous elle, la força à garder les pieds plus ou moins sur terre (même si elle ne touchait plus le sol), tandis qu’elle prouvait, d’une poigne de fer, qu’elle ne le laisserait pas se débarrasser d’elle. Maintenant que la vigie était grimpée là-haut, il faudrait beaucoup d’effort au bateau pour la faire passer par-dessus bord.

C’est une excuse. Et une excuse toute moisie, même. T’es pas vieux, ça se voit, tu dis n’importe quoi. Tu ferais mieux d’être honnête, j’aime pas qu’on se moque de moi.

Boudeuse, la blonde continua de poker la joue de Winston, parce qu’elle trouvait ça fortement drôle. Mais elle put voir ses lèvres s’étirer en un sourire et ça rassura l’oupyr : au moins, elle avait réussi sa première mission de la soirée. Maintenant, il ne lui restait plus qu’à en trouver une autre.

Je m’amuse partout ! protesta-t-elle. Même ici. C’est très drôle. Et non, je veux pas de bière. (Elle repoussa le verre qu’il tendait au-dessus de sa tête pour qu’elle le prenne.) Je bois pas de ça, moi. Même si je voulais, je peux pas.

Aina ignora totalement les quelques regards qui se levèrent vers elle, accrochée à son ami comme si sa vie en dépendait, ou presque. La question de Winston lui glaça le sang et arracha son petit sourire innocent. Elle posa, un instant, sa joue contre l’épaule masculine, comme pour se gorger une dernière fois de la vie qui se dégageait de son corps humain. Puis elle desserra son étreinte et se laissa tomber à terre tandis que ses doigts agrippaient le haut de Winston pour l’empêcher de partir. La tête basse, incapable de savoir ce qu’elle devait dire ou taire, la blonde resta silencieuse quelques instants.

Quand, enfin, Aina releva la tête vers son ami, son sourire avait quelque chose d’un poil plus triste, à peine une ombre à la commissure de ses lèvres, mais elle était déterminée à parler. On lui avait appris à toujours répondre aux questions, après tout.

Je viens d’Angleterre ! Mais je n’avais pas le droit de sortir de chez moi. Maintenant que je peux sortir, il y a des choses que je ne connais pas. Les boites de nuit, les téléphones… même les voitures ! (Elle hocha la tête plusieurs fois, comme pour se persuader elle-même de la vérité qu’elle ne put s’empêcher de répéter.) Maintenant, je peux sortir, oui, oui. Je peux sortir.

La blonde lâcha le haut de Winston pour reprendre sa main, ce qui lui paraissait beaucoup mieux qu’un vêtement. Venait-elle d’avouer, sans la moindre honte, qu’elle était plus ou moins séquestrée chez elle depuis des lustres ? Nooon, ce serait mal connaître Aina, vraiment.


J’aime pas trop les boites de nuit, finalement, commenta-t-elle, avec un haussement d’épaules. Et j’ai pas tout compris.

Ce qui ne l’empêchera pas de revenir, puisque la blonde adorait pouvoir se pointer devant un ami et lui dire enfin, j’ai compris !

- C’est une excuse, et elle a au moins le mérite d’exister. Je suis fatigué, et je n’ai plus 20 ans tu sais.

Bon il abusait un peu … et s’il n’avait pas le doute que la jeune femme le prenne sérieusement, il ferait bien semblant d’avoir au moins 80 balais. Mais il avait le doute, alors il ne le faisait pas.

- Je ne me moque pas de toi, je te taquine, ce qui est sensiblement différent. On se moque des personnes que l’on ne connait pas. On taquine une connaissance ou une amie.

A la question, il eu une réaction qui le surpris. Il avait peut être dit ce qu’il ne fallait pas … cela ne l’étonnerait pas, il finissait par connaître un peu sa chance quand il s’agit de mettre les pieds dans le plat … Il l’observa silencieusement le temps qu’elle trouve ses réponses à sa question. Les réponses ne plurent pas à Winston qui fronçait déjà les sourcils. Elle ne connaissait pas les voitures et les téléphones ? Avait elle été maltraité, enfermé contre son gré ? C’était ce qu’il en déduit assez facilement de ses paroles.

- Je …

Il ne savait pas quoi lui dire … ni comment. Il ne pouvait pas comprendre comment quelqu’un peut faire ça à une autre personne. Inconsciemment, il finit par faire une petite pression sur la main de la jeune femme, comme pour dire qu’il allait la protéger maintenant. Il avait envie de l’aider mais il ne savait pas comment…

- Je t’expliquerais ce dont tu as besoin si cela te conviens. Je serais ravi de t’aider à appréhender ce monde. Si tu veux on peut sortir et aller trouver des endroits plus intéressant. Tu as déjà fait du bowling ?

Et il venait de sceller son destin. Sans le savoir bien sur, mais il ne pouvait pas laisser la jeune femme ainsi ... Si elle n'avait pas les idées claires, si elle ne pouvait pas tout comprendre à ce monde, alors elle pouvait être en danger. Et il n'était pas élu meilleur grand frère 25 années de suite pour rien ...

excuse de l’age ne plaisait pas vraiment à l’oupyr qui savait pertinemment que Winston n’était pas si vieux. Puis, vingt ans, elle ne voyait pas la différence avec l’age qu’il devait avoir maintenant. Sur son visage, elle ne voyait, elle, que la vie, la vie et encore la vie. C’était tout ce qui comptait, non ? D’avoir du sang qui pulse dans les veines et un petit cœur qui bat en deux temps, comme tout être vivant.

Elle ne préféra pas répondre, boudeuse, et se contenta de bougonner dans la barbe qu’elle n’avait pas, contrairement à lui, qu’elle était, elle aussi, vieille et pourtant pas fatiguée. Aina avait beau ne pas tout comprendre à la vie, elle savait qu’il ne disait pas la vérité et qu’il ne s’agissait que d’une excuse pour ne pas danser. Pourtant, elle, elle voulait danser. Tant pis pour lui ! Elle trouverait quelqu’un d’autre, une autre fois, pour danser avec elle et lui en apprendre toutes les subtilités. Même si elle l’avait déjà fait avec Sophia, il était fort à parier qu’elle trouverait une autre personne encore. À deux professeurs, elle avait plus de chance de pouvoir les squatter tous les jours de la semaine.

Le mot taquiner la força à plisser les yeux sur ses iris bleus et essayer de comprendre la subtilité. Elle était presque certaine, elle, que la différence n’était pas immense entre taquiner et se moquer. Était-ce simplement qu’elle devait pardonner les taquineries, mais faire regretter les moqueries ? Elle n’en était pas certaine, mais se promit de demander à quelqu’un d’autre, une autre fois. Si elle en demandait trop à Winston d’un coup, elle savait qu’il finirait par fuir.

Surtout qu’elle avait déjà des questions en attente pour lui.

Aina ne voyait pas vraiment le problème d’avouer à un presque inconnu (de toute façon, à ses yeux, il était son ami et rien d’autre) qu’elle avait été séquestrée pendant quelques années. Quelques années. Une petite centaine, vraiment si peu, pas la peine d’en faire tout un plat. Ce n’était pas comme s’il ne lui restait pas au moins le double à vivre en liberté.

La main dans la sienne, elle le fixait sans détour et attendait de comprendre ce qu’il se passait, dans son esprit. Le mot unique, laissé en suspens, la força à pencher un peu la tête sur le côté et cligner des yeux, comme si voir l’empêchait d’entendre la suite de la phrase. Ou quelque chose comme ça.

Quand Winston resserra son emprise, sur les doigts d’Aina, dans une pression qui était censée la rassurer, elle se para d’un grand sourire, satisfaite, consciente qu’elle venait de se faire un ami qui ne pourrait pas la rejeter. Pour le pourquoi du comment, elle n’en avait pas la moindre idée, mais désormais, Winston pourrait toujours essayer de fuir, elle ne le laisserait pas la quitter. Maintenant, elle se persuadait elle-même que s’il tournait le dos, il ne le voulait pas vraiment et qu’elle se devait de lui montrer que sa véritable envie, c’était de rester avec elle pour lui apprendre la vie.

Psycho-quoi ? Non, non, Aina est très saine d’esprit.



Il avait, sans aucun doute, trouvé les mots pour effacer la maigre pointe de tristesse dans l’esprit d’Aina et ramener, au grand galop, toute sa joie de vivre. Elle se permit même une attaque surprise : elle lâcha ses doigts et, aussitôt, se jeta contre Winston pour se serrer contre lui. Elle serra peut-être un peu fort, dans ses bras maigrichons, mais derrière ses allures de gamine surexcitée, Aina restait une tueuse surentraînée. Il ne fallait pas l’oublier.

Je veux sortir et aller trouver des endroits plus intéressants ! répéta-t-elle, comme souvent, en s’écartant de lui, non sans reprendre sa main. Allons nous taquiner et faire du bowling ! Comme des amis.

Très heureuse, Aina pointa même un index dans les côtes de Winston pour s’amuser, à sa manière à elle, à le taquiner. Mais elle se détourna aussitôt du grand Noir pour l’embarquer derrière elle et sortir des lumières rougeâtres du Carmine. Ses yeux bleus aux pupilles immuables ne virent, au final, que peu de différence entre l’obscurité étrange de la boîte de nuit et l’obscurité rassurante de la nuit, bien que dérangée par les lumières des réverbères.

Dehors, sur le trottoir, Aina lâcha enfin la main de Winston. Maintenant qu’il n’y avait plus grand-monde, autour d’eux, l’oupyr se savait capable de le rattraper sans être gênée, s’il osait s’éloigner. De plus, elle avait besoin d’une certaine liberté, dans les grands espaces, qui lui permettait de sautiller partout, incapable de tenir en place. Ce n’était pas tous les jours, après tout, qu’un homme acceptait de l’accompagner, de l’emmener quelque part ou même de lui parler. Plus souvent qu’elle ne le voudrait, la créature était reconnue pour ce qu’elle était et ça la blessait.

J’ai jamais fait de bowling, en fait. Je voulais pas le dire à l’intérieur, pour pas qu’on se moque de moi. Mais tu peux me taquiner, t’es mon ami maintenant, et tu vas m’apprendre ce que c’est, le bowling.

Est-ce qu’elle lui laissait le choix ? Absolument pas, mais Winston ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même. C’était lui qui s’était proposé et qui avait dit qu’il était son ami, aussi. Elle ne faisait que répéter. Répéter un peu trop souvent, certes, mais seulement répéter.



En équilibre sur le bord du trottoir, peu inquiétée par la route et les quelques voitures qui passaient, Aina releva ses yeux innocents, ou presque innocents, sur Winston. Elle n’avait pas oublié et n’oublierait pas de surveiller sa sœur, si elle la recroisait. Aina était peut-être étrange, sur les bords, mais elle prenait soin de ses amis, et de leurs amis, et de leur famille, voire des amis de la famille. Question de principe. Si ça pouvait lui attirer un peu d’attention, elle ne voyait pas ce qui l’en empêcherait.

Winston observa la jeune femme qui sauter dans ses bras … elle était étrange .. vraiment étrange, et Winston n’était pas sur de savoir comment complètement la gérer. Au moins avait il trouver l’idée du bowling, et prit il son téléphone pour chercher le bowling le plus proche. Assez incroyablement, il y en avait un d’ouvert à à peine 5 minutes à pied de la boîte de nuit.

- Il y en a un pas loin, le temps est brumeux,  mais je pense qu’on peut y aller à pied sans mourir d’hypothermie. Nous pouvons allez nous taquiner et jouer au bowling comme des amis.

Il répéta cela en souriant alors qu’il donna un dernier regard vers la salle… les danseurs et les danseuses, les femmes et les hommes, tout ça le mettait mal à l’aise maintenant. Il laissa la jeune femme le mener jusqu’à l’extérieur sans heurte.

- Tu verras le bowling, c’est pas sorcier, il suffit juste de viser et de viser juste. Personne ne se serait moquer de toi, puis au pire, tu les emmerdes ceux qui se moque. Allez allons y.

Il laissa encore une fois son regard trainé sur la boite de nuit où sa soeur était… Il réfléchit un instant, mais il savait que Lisa lui en voudrait d’avoir préféré perdre sa soirée amusante avec une nouvelle amie pour la surveiller…  

- Ma soeur, il faut la surveiller, mais je sais qu’elle me prendrait la tête si elle savait que j’étais là … et que je ne suis pas parti m’amuser.

Juste s’il lui arrive quelque chose cette nuit, il s’en voudrait toute sa vie et préfèrerait mourir que de voir son reflet dans un miroir, mais ça c’était une autre histoire. Alors que la jeune femme était en train de … faire l’équilibriste sur le trottoir, Winston prit sa main pour prendre le chemin vers le bowling. Il avait apprit par coeur le chemin, très court, sur Google maps et traversa les deux rues qui les séparer du lieu en un éclair.

Arriver en face de la rue, le bowling était en visuel… et Winston se demandait s’il faisait bien de venir dans ce lieu étrange. Il y avait sur le côté une grande pancarte qui devait dater de des années. Tous les lieux semblaient prêt pour la fête d’halloween des années 1980 …. Il s’approcha pour voir une pancarte avec une malédiction ...


Le tout accompagné de vieux squelettes terrifiants. Au loin, Winston était sur de voir des poupées en porcelaine qui avait subi des pluies certainement torrentiels et avaient une apparence de film d’horreur. Winston en eu la chaire de poule, mais il ne croyait pas du tout à toutes ses conneries.

- Charmant, une malédiction … Il a l’air délabré mais la page Google dit qu’il est ouvert alors allons y.

Avec ou sans le décor qui vient du tréfonds des enfers … Un bowling restait un bowling alors il n’avait pas à avoir peur.D’ailleurs, Winston ne ressentait pas du tout de peur en avançant vers l’entrée. Là, un petit bureau. Sur lequel il y avait un gros bocal en verre … et dedans … LES BONBONS. Des bonbons qu’il adorait, et que la créa aussi, ceux qu’on trouve souvent à l’accueil des hotels, et des restaurants. Winston en prit une. Oui oui une. Pas un bonbon mais une poignée de bonbons. Il était déjà en train d’en manger un … ou deux … quand une personne apparu sur le pas de la porte… Winston l’observa et tendit un bonbon avec toute l’innocence qu’il pouvait faire preuve pour avoir piquer un bonbon. Il en distribua aussi à Aina, et à une femme qui n’était pas une statue de sorcière qui était là aussi depuis le début.

- On voudrait de place pour faire du bowling s’il vous plait.

Dit il alors que les bonbons s’entrechoquent dans sa bouche et qu’il continua d’en piquer par la même occasion. L’homme en face eu un sourire, dévoilant des fausses dents de vampires.

- Oui, bien sur, pour cela vous devez passez un test simple. L’un d’entre vous doit mordre l’autre…

Il resta sérieux quelques secondes alors que Winston avait déjà envie de le frapper pour avoir oser dire ça. Il dit juste « Non » à Aina de la tête en espérant qu’elle est compris le message.  

lle ne sut pas dire, l’oupyr, s’il s’agissait d’un humour qui la dépassait ou si son nouvel ami était tout à fait sérieux. Ses yeux bleus glissèrent sur le temps brumeux, les volutes qui s’incrustaient entre les maisons pour s’enrouler autour des réverbères et baisser la luminosité de leurs ampoules. Elle était prête à dire que la brume, à une heure si avancée de la nuit, donnait un côté mystérieux à la ville et promettait, aux passants, quelque terreur à l’idée de se faire attraper dans une rue sombre, qui donne la chair de poule, ou de leur glacer le sang en passant près d’un bâtiment délabré, abandonné, aux allures de maison hantée lugubre, sinistre, digne d’un film d’horreur.

Même si Aina ne connaissait pas les films d’horreur.

Néanmoins, elle ne voyait pas le rapport avec l’hypothermie, n’avait pas la moindre idée du sens de cet étrange mot et du coup, forcément, ne se sentit pas le moins du monde concernée. L’oupyr avait, plutôt, tendance à sortir les bras dévêtus, sans s’inquiéter de la température. Sa seule hantise, en vérité, c’était plutôt l’inverse : se retrouver coincée sous le soleil à devoir supporter la chaleur de la journée et… brûler. Ou quelque chose dans ce genre-là. Elle n’en mettrait pas sa main à couper (parce qu’elle y tenait), mais elle était persuadée que Rasmus avait évoqué une histoire dans le même style.

Viser. L’information se cala dans un coin du cerveau d’Aina qui était persuadée de pouvoir le faire à la perfection. Viser, ça faisait partie de son quotidien, de ce que son mentor lui avait appris à faire, l’une des qualités qu’il avait vues chez elle avant de la vampiriser. Elle savait faire et elle saurait faire au bowling également, même si elle n’avait pas la moindre idée de ce qu’elle devait viser. Une information que Winston ferait mieux de donner très vite à la blonde, s’il ne voulait pas perdre la tête. Littéralement, évidemment.

La sœur de Winston ne put que remonter dans l’estime d’Aina alors qu’elle lui permettait de sortir s’amuser avec lui. Même si la blonde ne lui demandait pas vraiment son avis, maintenant qu’il avait proposé de l’emmener au bowling, elle était tout de même contente de constater qu’il se sentait plus ou moins poussé à l’accompagner et qu’il ne trouverait aucune excuse pour l’abandonner sur son bout de trottoir. Il pouvait toujours essayer. Si ça l’amusait de creuser sa propre tombe, alors il pouvait essayer.

Aina gloussa comme une jeune enfant, à l’instant où son ami lui prit la main pour l’arracher à son numéro d’équilibriste et l’emmener dans les rues d’Arcadia. La petite promenade fut presque trop courte au goût de l’oupyr qui aimait galoper sur les trottoirs sans réel but. Habituellement, elle se contentait de sautiller d’un côté et de l’autre, puis de pousser la porte du premier bâtiment qu’elle trouvait plus ou moins intéressant.

Le bowling, lui, aurait sûrement été de la partie. Bien que sa devanture fasse, sans le moindre doute, froid dans le dos à plus d’un humain, Aina lui trouvait un intérêt tout particulier. Elle ne se faisait pas, continuellement, passer pour un fantôme pour rien ! L’oupyr adorait l’épouvante, admirer l’effroi sur les visages de ses victimes, entendre les cris et, surtout, les bruits des pas précipités qui sortent enfin de sa maison.

La blonde n’eut pas le temps de lire le panneau de malédiction, elle. Ce fut à peine si elle eut fini de lire le mot périls, quand Winston l’embarqua à l’intérieur. Il fallait, aussi, préciser que l’oupyr était clairement plus intéressée par les squelettes, qu’elle trouvait d’une décoration tout à fait à son goût, que par les mots trop compliqués à déchiffrer. Sans le moindre doute, si elle en avait un chez elle, elle s’amuserait à lui parler, le momifier dans du papier toilette et l’affubler de son beau drap de fantôme tout moisi.

Chacun ses hobbies.

Aina était tant concentrée sur une sorcière, dans un coin, qu’elle ne remarqua pas tout de suite le manège de Winston. Heureusement pour lui, d’ailleurs. Elle était concentrée sur l’expression utilisée par le grand Noir et qui lui échappait. C’est pas sorcier. Elle eut, évidemment, très envie de demander à la sorcière ce que ça voulait dire, mais la main de son ami passa dans son champ de vision et l’oupyr comprit qu’il distribuait des bonbons.

Les joues gonflées à la pensée de ne pas avoir été la première à en recevoir un de la part de son ami, Aina s’empara du bonbon et le serra fort entre ses doigts. Elle leva le menton haut pour signifier qu’elle boudait et rangea la friandise dans sa poche. Elle la mettrait sûrement dans un coin de sa maison, là où elle rangeait ses trésors. Pour l’heure, elle se concentra sur le drôle d’énergumène, de l’autre côté du bureau, qui présentait de grandes dents pointues qui fascinèrent l’oupyr.

Les mots, eux, eurent fini de sceller le destin de Winston. Les yeux brillants, Aina fixa le faux oupyr, de l’autre côté de son bureau, et trépigna sur place. Mordre, c’était sa spécialité et elle n’avait pas besoin des fausses dents de l’autre pour se faire. D’ailleurs, la blonde ne comprenait pas d’où lui venait une dégaine pareille, inculte des vampires alors même qu’elle était une oupyr. Mais pour l’heure, elle avait d’autre chat à fouetter et le visage rayonnant qu’elle leva vers Winston indiquait bien qu’il pouvait nier autant qu’il le voulait.

Il était cuit.

Aina retroussa ses lèvres roses sur ses dents blanches et pencha la tête sur le côté, en glissant ses yeux bleus dans le cou de Winston. Les artères l’appelaient, faisaient battre un sang qui, bientôt, pourrait couler dans sa gorge et la nourrir pour quelques temps. Puis ses iris clairs tombèrent sur l’épaule, le creux de l’épaule qui abritait, aussi, tant de sang. Elle pencha la tête dans l’autre sens et serra la main de Winston, dans la sienne, comme pour l’empêcher de fuir. Et ce n’est pas pour me faire l’avocat du diable, mais sa créa a dit oui, donc tant pis pour lui.

Soudain, l’oupyr leva la main noire qu’elle serrait entre ses doigts et la porta à ses lèvres, tandis que ses yeux bleus ne quittaient plus l’homme, derrière son bureau. Sans la moindre honte, pas perturbée pour deux sous d’avoir des témoins de son crime, Aina ouvrit la bouche et referma ses dents blanches sur l’index de Winston. Elle mordilla gentiment, sans appuyer, un sourire aux lèvres alors qu’il y avait, tout de même, dans son regard, quelque chose… d’avide. Une envie que l’autre n’aurait pas dû réveiller et qu’Aina dut faire taire du mieux qu’elle put. Sous ses yeux, l’employé était bouche bée, visiblement choqué, mais le rose à ses joues (pour une autre personne qu’Aina qui ne pigeait rien) laissait peu de place au doute : vraisemblablement, il aurait bien aimé se faire croquer le doigt, lui aussi.

On mord pas ses amis, d’abord ! bougonna Aina, en lâchant enfin Winston. Mais je peux te mordre toi, si tu veux, t’es pas mon ami, toi.

L’oupyr cligna plusieurs fois des cils, l’air innocent, mais l’attaque sembla faire mouche. Elle vit l’employé ouvrir plusieurs fois la bouche et la refermer, visiblement incapable de savoir de quelle manière il devait gérer cette étrange situation. En attendant, Aina souriait de toutes ses dents et caressait, sans y penser, l’index qu’elle venait de mordre, comme pour s’assurer qu’il n’aurait pas mal pour si peu. Ou pour attendrir la peau la prochaine fois qu’elle voudrait vraiment lui bouffer un doigt ? Nooon, quand même pas.



La blonde trépigna sur place, comme une enfant prête à faire un caprice, et se pencha un peu sur le bureau, ses yeux bleus fixés sur l’autre avec ses fausses dents. Elle se sentit presque insultée dans sa nature-même et eut, soudain, très envie de les lui arracher. Nan mais ! Elles étaient moches, de toute façon, ses dents.

Puis t’es pas beau avec tes crocs de chat, tu ferais bien d’enlever ça, c’est trop nul quoi. Allez, donne les places ! Je veux entrer et faire du bowling ! Et après, Winston et moi, on ira se coucher, oui, oui ! (Elle papillonna des cils, puis plissa les yeux très fort, visiblement rattrapée par la vérité.) Ah non, c’est vrai, ça se fait pas entre amis. Oh ! Mais lui, c’est pas mon ami !

Elle pointa l’employé du doigt en relevant un visage innocent vers Winston. Et toc ! Elle allait inviter le faux oupyr à se coucher, puisqu’elle ne pouvait pas inviter Winston. Non ? Ça ne marchait pas comme ça ? Dommage.

inston avait soupirer, inspirer, pour soupirer à nouveau. Il ne voyait pas d’autres choses à faire alors que la jeune femme prenait VRAIMENT tout au pied de la lettre … et il soupira encore quand il remarqua que la jeune femme le mordrait en effet …. Mais Mais … MAIS. Il soupira encore alors que ses yeux se posèrent sur l’homme de l’accueil. Il ne fallait JAMAIS dire ce genre de chose avec une idiote à proximité, il était con ou bien ? Ça se passe comment ? Il soupira un bon coup alors qu’il se plaça entre Aina et l’homme.

- Avant que mon amie ne décide de vous vampiriser, ou pire encore, pourrions nous avoir nos chaussures ?

Il fit un sourire qui expliquer très bien qu’il n’avait pas le droit de dire non… et que s’il refusait, c’était Winston qui allait lui faire la tête au carré… d’ailleurs il allait devoir parler à la jeune femme derrière lui, et au fait qu’on ne mords pas les gens. Amis ou non. Ça se fait pas. Sauf dans l’intimité encore une fois, mais il pensait la discussion trop compliqué dans son esprit pour le moment.  L’homme fit un oui de la tête et tendit des chaussures de bowling. Il avait deviné leur pointure … comment ? Tout le monde s’en fou ce n’était pas l’important. Il poussa Aina pour la faire rentrer par le petit corridor. Alors qu’il observa une dernière fois la sorcière au regard froid plus loin, il tourna la tête pour se prendre une toile d’araignée…. Il grogna comme l’ours qu’il était … et râla aussi, surtout à la sensation que la propriétaire de la toile se trouvait quelque part sur son corps. Il n’avait pas la phobies des araignées, mais si elles pouvaient ne pas être à proximité c’est mieux.

- Tu ne coucheras pas avec lui.

Dit il en se débattant encore avec un fil de toile qu’il sentait s’être coller à ses cils. Il soupira encore une fois, tellement qu’il paru se dégonfler.

- Aina, dit moi, est ce que je me suis pris l’araignée aussi, je t’avoue que c’est devenu une hantise depuis que j’ai fait un cauchemar ou j’étais obligé de me nourrir d’araignée vivante et qui continuait à grouiller dans mon ventre, alors ne pas l’avoir sur moi me …. Ferait plaisir, tu veux bien vérifier ?

Il était assit pour mettre ses chaussures et baissa la tête pour que la jeune femme puisse voir le haut de son crâne et surtout les fils de la toiles qui étaient toujours accrocher à sa tignasse.

- C’était peut être ça la teneur de la malédiction. « Vous allez tous finir avec une ou plusieurs maladies tant nous ne sommes pas aux normes sanitaires ». Heureusement que j’ai un très bon système immunitaire et toi ? La prochaine fois je t’amènerais dans un bowling un peu plus sérieux et moins … tiré d’un fil d’horreur, ok ?

e jamais donner l’autorisation à un oupyr de mordre quelqu’un. C’était pourtant clair, non ? Ne jamais, non plus, donner de défi à Aina. Elle était prête à tout, elle, pour découvrir les joies du bowling. Et si Winnie l’ourson (heureusement pour lui qu’Aina ne connaissait pas) n’était pas content, il n’avait qu’à s’en prendre qu’à lui-même ! C’était lui qui avait décidé de les emmener dans ce bâtiment hyper bizarre, avec des gens hyper bizarres et des défis hyper trop bizarres. Elle ne faisait qu’obéir aux ordres, elle, comme une enfant disciplinée. C’était tout. Pas de sa faute.

Évidemment, Aina remarqua bien que sa morsure ne plut pas à son ami et elle fit une moue déçue. Ce n’était pas de sa faute, alors il n’avait pas intérêt à lui en vouloir ! Sinon, elle trouverait un moyen de le décoincer un coup et là, il pourrait lui en vouloir, oui. Pour l’heure, elle préféra croire qu’il était en colère contre l’autre abruti qui lui demandait de mordre ses amis, ce que la blonde ne faisait jamais. Elle n’avait pas passé plus de deux siècles dans sa peau de créature pour ne pas avoir, un minimum, de manières. Comment ça, personne y croit ?

Elle aurait bien aimé mordre l’autre, aussi, puisqu’il ne semblait pas vouloir leur donner les places, ou elle ne savait trop quoi, pour entrer dans le bowling. Sauf que Winston décida de s’interposer entre eux et le duel de regards qui se jouait là. Bon, un duel gagné par Aina, sans le moindre doute, puisque ses yeux bleus ne quittaient pas l’employé qui, lui, ne savait plus où regarder. Sauf que Winston, peu content de perturber le jeu de la blonde, décida, aussi, de l’empêcher de l’attaquer.

L’oupyr, aussi, prouva qu’elle pouvait se dégonfler comme un ballon de baudruche (une chose fascinante qu’elle connaissait depuis peu), en expirant tout l’air de ses poumons. Déjà, elle ne vampirisait personne, même si le terme lui était inconnu, elle pensait en deviner le sens. Aina n’était pas oupyr à transformer n’importe qui. Elle partait du principe qu’elle ne le ferait jamais, d’ailleurs. Ce n’était pas une bénédiction, selon elle, et puisqu’on ne lui avait pas demandé son avis, elle ne ferait jamais subir la même chose à un autre.

Puis, elle ne voyait franchement pas ce qu’il pouvait y avoir de pire.

Le sourire de Winston, aux yeux d’Aina, ne donnait pas l’impression qu’on devait lui dire oui et pas non, mais la blonde ne voyait, sans le moindre doute, pas les choses comme lui. Alors, elle se contenta de le laisser jouer de son autorité sur le pauvre employé qui, ce soir, raconterait à sa petite femme qu’il était tombé sur deux gros cinglés de première qu’il valait mieux éviter. Heureusement pour lui, d’ailleurs, qu’il était maquillé et affublé de fausses dents, car elle ne pourrait pas le reconnaître dans la rue, sinon elle serait venue lui parler.

La vue des nouvelles chaussures offertes si facilement fit briller des étoiles dans les yeux d’Aina. Elle aimait bien ses grosses chaussures beaucoup trop grandes pour elle, mais elle ne dirait pas non à une taille plus ajustée. C’était, parfois, un peu embêtant de perdre sa pompe au milieu de la route et de devoir traîner des pieds (quand elle avait la flemme) pour ne pas les faire glisser. Si elle savait faire les lacets, évidemment, ces choses-là n’arriveraient jamais.

Entendre Winston grogner à cause d’une toile d’araignée amusa beaucoup Aina qui gloussa, à côté de lui. Elle n’avait rien contre les toiles, ni contre les araignées, elle. Quand on vit dans une maison aussi sale que la sienne, il faut apprendre à aimer les bêtes qui vont avec. Puis la sentence tomba et l’oupyr prit la mine outrée de l’enfant gâtée que l’on vient de recaler sévère. C’était lui qui avait mis cette idée dans sa tête, mais elle n’avait le droit de le faire avec personne. C’était trop abusé.



Oui, elle boudait. Et le regard qu’elle lui lança voulait tout dire de ce gros boudin qu’elle lui faisait. Non, elle ne dirait rien ! Rien du tout ! Qu’il se démerde comme un grand ! En plus, cette histoire de cauchemar, elle trouvait ça super ridicule. Un grand garçon comme lui, manger des araignées vivantes et s’en effrayer ? La blonde fronça fort ses sourcils noirs sur ses yeux clairs et serra les poings, pour se retenir d’accéder à sa demande. Non, non et non !

Sauf qu’il baissa la tête, devant elle, et s’offrit à la merci de l’oupyr. Entre le boudin et l’envie de se jeter sur son ami pour lui faire regretter d’être si bougon et rabat-joie… Elle hésita. Une hésitation qui la fit pencher la tête d’un côté, puis de l’autre. Finalement, elle plia les genoux pour être à la hauteur de Winston et le regarder dans les yeux, d’un peu trop près. La blonde venait de décider que bouder, elle pouvait tout aussi bien le faire plus tard. Une très sage décision.

Je vais regarder, mais tu bouges pas ! Si tu gigotes, elle va tomber plus bas encore et courir paaaartout, partout, hihi ! (Oui, elle le taquina un peu, avant de se relever pour se pencher sur son crâne.) Je sais pas ce qu’est un système immunitaire, mais je ne tombe pas malade, moi ! Si tu tombes malade, je te donnerai des médicaments. Mais personne tombe malade à cause d’une araignée.

Aina passa les mains dans les cheveux de Winston pour enlever les derniers fils qui traînaient et qui, heureusement, se voyaient très bien dans ses mèches sombres. Elle frotta peut-être un peu plus que nécessaire, mais ça l’amusait beaucoup. Quand elle eut fini de regarder s’il avait des poux… euh… une araignée, l’oupyr se pencha encore plus pour regarder sa nuque. Puis elle tira sur le col de son haut et regarda, sans honte, le dos de son ami.

Si c’est sérieux, on peut s’amuser quand même ? (Elle ne perdait jamais son but de vue.) C’est quoi un film d’horreur ? Si tu enlèves ton t-shirt, je verrais mieux, parce que là… T’es sûr qu’il y avait une araignée ? Toutes les toiles n’en ont pas, tu sais. T’as peut-être juste inventé. Vas-y, enlève-le, pour être sûrs.

S’il voulait une amie pudique, Winston s’était trompée de blonde, ce soir. La seule attirance qu’elle avait, pour les corps, était une attirance sauvage, un besoin vital de repérer les artères, la peau fragile, les endroits où couper pour faire couler le sang en abondance. Le reste… ne la touchait pas le moins du monde. Ce qu’elle fit savoir à Winston en revenant s’accroupir devant lui pour le regarder de ses grands yeux bleus si innocents.



Oui, elle avait déjà essayé. Rappelons qu’Aina se faisait profondément chier à longueur de journée.

inston regrettait amèrement que le bowling se retrouve dans ce trou paumé ainsi … il avait presque envie de voir le prix du bâtiment pour le racheter et refaire tout ça … Ce n’était pas normal … et au vue des améliorations à faire, ils se doutaient que cela ne serait pas du luxe… Il pensait réellement à l’idée de le faire, mais préféré se préoccuper de choses plus « urgente » comme l’hypothétique araignée qu’il avait sur lui… les araignées étaient des animaux des enfers. Personne ne pourrait lui dire l’inverse, et … même s’il était un ours mal léché, tout le monde avait le droit à ses peurs secrètes … ou non dans ce cas là …

Winston avait remarqué ses chaussures, et il s’en fit la réflexion mentale … ce matin, Lisa n’avait elle pas dit qu’elle comptait jeter ses vieilles baskets ? Cela lui disait quelque chose, et Winston les trouvait en assez bonne état pour pouvoir les passer sans soucis à Aina. Il prit son téléphone et envoya un sms rapide à sa soeur « Ne jettes pas tes baskets ». Il reçu qu’un pouce en l’air pour dire OK et il se déconcentra sur la recherche de poux … euh d’araignée… dont il était la victime innocente mais consentante.

- Je ne suis pas drôle ? Dis toi que si tu le fais, je serais très triste et qu’une amie ne rends pas triste son ami.

C’était un peu de la manipulation. …. un tout petit peu… il n’osait pas aller plus loin en lui disant qu’il ne serait plus son ami si elle couchait avec l’homme qu’elle venait de rencontrer … parce qu’il n’était pas sur du fonctionnement de la jeune femme. Peut être dirait elle qu’elle n’était alors plus son amie, et qu’elle se jetterais dans les bras de l’homme inconnu ? Il ne préférait pas tenter le diable… surtout quand le diable était une femme naïve qui semblait clairement perdu dans sa tête.

Il ne bougeait pas en lui répondant à tout cela. Il n’avait pas envie qu’elle boude encore. Il sourit à sa taquinerie. Elle sous estimait sa phobie. Il finirait à poil et à sautait à pied joint pour tuer la petite bête. A l’armée, quand il y avait une araignée, il l’écrabouillait à mains nues. Il valait mieux une araignée morte sous sa paume qu’une araignée vivante qui grouille. C’est tout. Il ne changerait jamais d’avis la dessus.

- c’est … sérieux … pour La Défense immunitaire.

Il ne savait pas comment lui expliquer tout ça. Pour le fait qu’il ne parlait pas de l’araignée qui amène des maladies … mais que ça prouvait un peu la saleté des lieux.

- La Défense immunitaire c’est ton organisme qui se protègent des virus et des maladies, si tu es jamais tombés malade, c’est que tu en as un du tonnerre de Dieu. Un endroit sérieux peut être amusant, parce que ça veut dire que tu n’as rien à pensé d’autres que t’amuser. Un film d’horreur, c’est un film qui raconte une histoire pour faire peur et qui souvent est ou à suspense, ou glauque et morbide.

Il essaya de réfléchir s’il avait répondu à toutes les questions de la jeune femme sans savoir s’il avait pu en oublier. Répondre à autant de questions le fatigue parce qu’il faisait un effort sur humain pour répondre comme il le pouvait à chaque fois.

- je n’étais pas sur, je te demandais de vérifier justement, mais pas la peine que je me déshabille, tu as déjà fait un super travail et tu l’aurais trouvé s’il y en avais une, merci.

Aina s’entendrait certainement avec sa jeune soeur, celle qui était animatrice. Il n’en doutait pas. Il rit quand elle se mit à sa hauteur pour dire qu’il pouvait adopter l’araignée. NOPE. Jamais. Merci. Au revoir. Il ne savait pas pourquoi mais quand elle dit que l’araignée ne suivait pas les autres, il comprit qu’elle avait essayé, et ça le rendit triste. Il mit sa main sur sa tête et lui ébouriffa les cheveux dans une tranquillité et une douceur fraternel bien à lui.

- Merci d’avoir regardé pour moi. Mettons nos chaussures pour jouer au bowling je vais t’apprendre. Et ensuite, on verra pour notre prochaine sortie si tu en as l’envie.

Il avait envie de montrer des jeux à la jeune femme… Il était de plus en plus sur que son passé risquerait de lui faire péter un cable et il voulait l’aider comme il le pouvait. Au moins essayer en tout cas… C’était le minimum qu’il pouvait faire pour elle. .

es menaces de Winston ne plaisaient pas à Aina, mais il faisait bien, au final, de les prononcer. La blonde ne voulait pas le rendre triste, parce qu’elle voulait s’amuser, pas le voir bouder pour une idiotie qu’il avait pourtant lui-même mise dans son esprit. N’avait-elle pas le droit d’essayer de comprendre ce qu’il lui disait ? Apparemment, elle ne devait pas s’acharner sur cette histoire de partenaire de nuit. Tant pis ! Elle trouverait quelqu’un d’autre pour lui expliquer cette histoire incompréhensible.

D’un autre côté… si elle le rendait triste, elle aurait le droit de lui faire un câlin pour le réconforter, non ? Une pensée qui ramena, dans son esprit, l’envie de titiller Winston. Elle ne voulait pas le rendre triste, parce que la tristesse, elle connaissait et ce n’était franchement pas l’idéal, mais tout de même… un câlin… Aina était perdue dans son dilemme qui se traduisait, sur son visage, par une bouche qu’elle tordait dans tous les sens, de l’index et du pouce de sa main droite.

Winnie faisait bien, en tout cas, de ne pas menacer de ne plus être son ami si elle partait avec l’autre, car elle aurait décrété, alors, que plus rien ne les empêchait de se coucher ensemble dans un lit, ha ! Il ne fallait pas essayer de comprendre la logique de la blonde, seulement la craindre et s’en préserver.

Au moins, son ami faisait ce qu’elle lui demandait : il ne bougea pas alors qu’elle épluchait chaque parcelle de sa chevelure avec beaucoup d’attention… ou pas beaucoup de concentration, en vérité, puisqu’elle passait plus de temps à s’amuser avec ses mèches si courtes qu’à chercher une araignée. Sur ce point, Winston semblait plus obéissant qu’elle et ça lui plaisait bien. Elle se demanda même jusqu’à quel point il était prêt à faire ce qu’elle lui demandait pour se débarrasser de cette araignée qui n’avait jamais existée.

Heureusement pour lui, elle ne tenta rien.

À la place, elle essaya de comprendre ce qu’il lui expliquait. Néanmoins, ses mots n’avaient pas beaucoup de sens, dans les oreilles d’Aina. Après tout, la blonde débarquait d’une époque où l’on continuait de saigner le monde en croyant que perdre du sang, c’était méga hyper trop cool pour soigner des maladies. Et, évidemment, elle n’avait pas la moindre idée de ce que pouvait être un virus, elle.



La blonde était bien contente de trouver, à nouveau, une question pertinente à poser à Rasmus, pour le jour où il reviendrait dans sa vie. Elle avait pris l’habitude de lui poser tout ce qui lui passait par la tête, en croyant un peu bêtement, comme une enfant, qu’il s’agissait d’un bon moyen de capter son attention et de la garder. Au moins le temps qu’il réponde. Sauf qu’elle savait pertinemment que ses questions n’allaient pas chercher très loin et qu’elles ne plaisaient pas à Rasmus. Celle-ci était intéressante ! Elle était certaine que ça lui plairait !



Ce qu’elle ajouta avec un haussement d’épaules, peu inquiétée de sous-entendre que tuer pouvait être drôle. Ce n’était pas exactement le cas, mais Aina effectuait ses contrats avec beaucoup de méticulosité, avant de s’intéresser à un peu de… sa boisson favorite, disons, puis aux petites choses qu’elle pouvait voler chez ses victimes. La cleptomanie, c’était amusant, à n’en pas douter.



Ses boucles blondes sautèrent sur ses épaules, alors qu’elle penchait la tête sur le côté, les sourcils froncés pour essayer de se souvenir de ce que ça pouvait bien être. Elle n’en avait pas la moindre idée et était persuadée de n’en avoir jamais vu. Pourtant, Aina adorait tout ce qui faisait peur ! En revanche, Winston ne devait sûrement pas vouloir supporter la blonde devant du suspense. Rappelons qu’elle avait, un peu trop, l’âge mental d’une enfant qui découvre le monde. Alors, avec son hyperactivité habituelle, son besoin de bouger tout le temps et la tension provoquée par le suspense… Aina allait exploser.



Elle n’insista pas sur le fait qu’il ferait mieux de retirer son haut pour être certain de ne pas avoir la moindre araignée sur le corps. S’il sentait quelque chose courir sur son ventre, ce serait tant pis pour lui ! En attendant, son regard se voila, quelques secondes, d’une lueur mauvaise, alors qu’un goût acre s’emparait de sa bouche, à l’instant où Winston posa la main sur son crâne. Aina dut déglutir pour se débarrasser de la sensation d’être attaquée et comprendre, finalement, que ce n’était pas si désagréable et surtout empli d’une douceur qu’elle apprécia.

Alors, clairement, les yeux qu’elle releva vers Winston avaient de petites étoiles à l’intérieur, et réclamaient un gros câlin de papa ours à bébé chat. Aina était trop habituée au rejet, à la peur qu’elle inspirait aux autres, au dégoût, aussi, parfois. Elle se demanda même à quel moment son ami déciderait de ne plus tendre la main vers elle, de peur qu’elle morde. Pourtant, Aina ne mentait pas quand elle disait qu’elle ne mordait pas ses amis, jamais.



Aina préféra éjecter très, très loin ses mauvaises pensées et bondit sur ses pieds pour se débarrasser de ses grosses pompes aussi facilement qu’elle les mettait. Le seul avantage de ne pas savoir faire ses lacets. Ses petits pieds nus piaffèrent sur le parquet du bowling et la blonde les enfila rapidement dans les chaussures moches qu’on lui avait données. Elle n’aimait pas trop la forme, la couleur, mais encore moins le fait qu’elles soient si serrées, autour de son pied.

Évidemment, elle n’eut pas la moindre idée de ce qu’elle devait faire des scratchs et se contenta de les garder tendus vers le haut. Un style bien Ainien, sans aucune doute.

La prochaine fois, je veux aller sur la plage ramasser des coquillages et aller dans l’eau et faire des petits châteaux et… et… et me recouvrir de sable ! Oui, oui, j’ai vu ça, une fois, alors je veux faire pareil !

Elle ne précisa pas, l’oupyr, qu’elle ne pouvait aller à la mer que de nuit et qu’il serait un peu compliqué, pour Winston, de canaliser l’énergie de la blonde sur une plage. Tout comme elle ne précisa pas qu’elle n’avait jamais su nager, mais que ça ne l’empêcherait pas de plonger.

inston essayait de comprendre le fonctionnement de toutes les personnes avec qui il pouvait parler … la jeune femme ne faisait pas exception à cette règle même si tout lui crier de bien faire attention. Après tout, il ne connaissait rien d’elle …. Mais ce qu’il en savait suffisait à se faire une idée assez triste et …. Dangereuse …. Il ne savait pas comme le dire exactement, mais il ne voulait pas risquer de mettre en danger la jeune femme …. Son ignorance pouvait elle la mettre en danger ? Peut être … mais il préférait penser à une chose à la fois alors qu’il observait la jeune femme.

Une fois l’araignée oublier ou presque … il allait continuer pendant quelques temps à la « sentir » sur lui… comme si elle était là … ça passera bien sur, mais il n’aimait pas les araignées et son corps le lui rappelait sans cesse… heureusement pour lui, la plupart du temps il ne les voyait même pas et ne les croisait pas. De plus, une araignée tranquille sur sa toile ne lui ferait ni chaud ni froid. Il détournerait les yeux, mais si elle restait à sa place il n’y avait pas de soucis.

Il fronça les sourcils quand elle parla des dieux. Elle l’avait mit au pluriel, mais il ne dit rien, toutes les religions étaient à accepter en ce bas monde, alors il n’avait rien à dire sur cela. Winston espérait juste que son « ami » ne soit pas quelqu’un de malveillant vue son innocence…. Il faudrait qu’il vérifie ça.

- Tu me diras ce que ton ami te dira alors.

Bien sur, dans sa tête il pensait que l’amie de la blonde allait juste … expliquer mieux que lui les virus et comment ça marche, pas répondre à la question si oui ou non les dieux sont en causes… de toute façon, toutes les discussion avec Aina finiraient en quiproquo que Winston ne pourra que comprendre que bien plus tard …

- Je suis heureux pour toi, mais n’hésite pas à dire quand quelque chose te déplait et à mor … montrer les dents. C’est rare d’aimer son travail alors j’espère que tu le gardera sans te faire écraser.

Il avait failli dire « à mordre » … mais il s’était ravisé … ne pas dire à la jeune femme de mordre les gens quand elle était pas content, sinon il aurait le droit à des morsures lui aussi et non merci./… Winston joua sa Mélissa pour quelques instants alors qu’il ne posa pas de question. Pas que cela ne l’intéresse pas, plutôt l’inverse d’ailleurs, il se demandait bien ce qu’elle pouvait faire exactement.

- un film c’est une vidéo, avec une histoire inventée, pour faire plaisir aux gens.

Il avait répondu à la question, puis il s’était figé, elle ne savait même pas ce qu’était un film ? Il avait du pain sur la planche, pensa t il … puis il réalisa que ça allait au delà de ça … il allait devoir tout lui expliquer … et son manque de connaissance était affolant. L’affection qu’il ressentait pour la jeune femme n’était pas feinte, et ses réaction consolidaient toujours un peu plus son envie de lui venir en aide. Il sourit en la regardant s’exciter alors qu’il s’accroupi à ses pieds pour lui mettre les chaussures comme il faut.

Une enfant.

Voilà ce qu’i!l avait en face de lui, et qu’il avait du mal à comprendre les réaction. C’était une enfant et il fallait la traiter comme tel, il le pensait en tout cas. Il sourit à son envie d’aller à la plage. Encore une fois il réfléchit doucement.

- Je connais une plage, tu as pied sur bien un kilomètre, mais au moins, elle est propre. Les gens y viennent peu. Il y a des coquillages et des statues de sable qui sont fait tous les ans…. Ça pourrait être une bonne idée.

Une petite lueur de pensé s’approche de son esprit alors qu’il observa les chaussures trop grande d’Aina et sa tête d’ange enfant qui est tombé de son nuage. Il réfléchit une fois …. Puis deux …. Puis trois.

- je n’ai pas de maillot je crois ici, il faudra que nous allions faire les courses ensemble pour nous acheter ce qu’il faut. Maillot, serviette, bouée ….

Il n’avait pas envie de lui demander si elle savait nager …. Il savait que la plage où il allait l’amener avait pendant longtemps pieds … mais peut être devrait il avant lui demander … une enfant qui ne sait pas ce qu’est un film pourrait ne pas savoir nager aussi … Il pinça ses lèvres.

- dit moi Aina, c’est quoi ton sport préféré ? Tu aimes la natation ?

Il avait l’impression qu’à l’instar du bowling, il y allait avoir beaucoup de première fois avec la jeune femme ….Il lui tendit sa main pour la relever et l’amener devant l’ordinateur de leur couloir. Les boules au milieu étant rangés comme si personne ne les avait jamais utilisés.

oudain, elle ne fut plus tout à fait sûre de ce qu’elle devait dire à Winston. Devait-elle transmettre ce que Rasmus lui dirait en revenant ? Ou ne parlait-il que de ce qu’il dirait au sujet de la maladie et des dieux ? Il fallait, d’ailleurs, supposer déjà qu’Aina pense réellement à poser la question. Ce qui risquait d’être un peu compliqué, le jour où Rasmus reviendrait. Elle passerait une grande partie de son temps accrochée à lui, sans doute, mais elle aurait tellement de choses à lui raconter qu’elle finirait, sûrement, par ne rien dire du tout. Puis il aurait, lui-même, beaucoup d’histoires à lui conter, alors elle ne pouvait pas monopoliser la parole.

Dans tous les cas, Winston ferait bien d’être plus précis, avec Aina, où il finirait vite par le regretter. Elle était prête à lui rapporter la moindre parole de Rasmus, s’il le désirait. Ce n’était pas elle que ça allait déranger ou arrêter. Son colocataire, lui, en revanche, ne serait sûrement pas content d’apprendre qu’elle s’amusait à tout répéter, comme un vilain perroquet, à un homme qu’il ne connaissait pas du tout. Mais elle n’aurait qu’à le lui présenter et l’affaire serait réglée. Tout avait toujours une solution très simple dans l’esprit de la blonde.

Au pire, elle montrerait les crocs, comme il lui disait. Ce qu’elle fit, d’ailleurs, en relevant les lèvres sur ses petites canines pointues et ses dents blanches, bien droites ou presque droites. Elle aimait bien montrer les crocs, elle, ce qu’elle faisait souvent devant les chats et les chiens qui lui faisaient pareil. Aina n’avait pas peur des animaux, c’était généralement l’inverse, comme si elle traînait, sur elle, une odeur qui ne plaisait à aucun d’eux. L’odeur de la mort, sans doute, mais elle n’aimait pas y penser. Elle ne voulait pas y penser. Penser que ni les humains ni les animaux ne voulaient d’elle, ce n’était vraiment pas une bonne idée.

Évidemment, si elle ne répondit pas, ce fut surtout parce qu’elle n’eut pas la moindre idée de ce qu’il voulait dire par se faire écraser et qu’elle ne fut pas certaine d’aimer son métier. Elle faisait ce qu’on lui demandait et elle n’allait, généralement, pas chercher plus loin. La blonde avait été plus ou moins élevée (à sa deuxième naissance, disons) pour agir de la sorte. Ce n’était pas aujourd’hui qu’elle allait commencer à se poser des questions, pas alors qu’elle n’avait personne pour y répondre, lui tendre la main et la guider dans ses doutes. Il valait mieux qu’elle garde la tête vide de pensées.



La blonde se contenta de souffler la question tout bas, consciente que l’information semblait tant évidente, pour Winston, qu’il pourrait tout aussi bien s’énerver de sa bêtise profonde. Il arrivait que Rasmus agisse ainsi. Qu’il se mette à gronder parce qu’elle était idiote et qu’elle ne comprenait jamais rien de ce que tout le monde comprenait du premier coup. Elle, elle n’était pas née de ce siècle, ce n’était pas de sa faute si elle n’en connaissait pas encore les subtilités. Et une vidéo, elle n’en avait jamais entendu parler. Ou peut-être entendu, oui, mais sans jamais comprendre ce que ça voulait dire. Ce qui ne voulait pas dire qu’elle n’avait jamais vu de vidéo. Une nuance subtile qu’il fallait noter. Aina ne connaissait pas les mots, mais elle connaissait certaines choses qu’elle se contentait de ne pas nommer.

Winston s’accroupit devant elle et Aina eut, soudain, très envie de faire pareil, sans comprendre ce qu’il voulait faire. Néanmoins, comme le grand Noir était très proche d’elle, elle ne bougea pas, consciente que, sinon, ils finiraient par se rentrer dedans d’une manière ou d’une autre et qu’il risquait de se mettre à gronder. Comme une enfant, Aina était souvent dans les pattes des grands et on la disputait pour ça. Elle ne voulait pas risquer qu’il s’énerve contre elle, alors qu’il allait lui apprendre à faire du bowling et qu’il comptait l’emmener sur la plage. Oui, elle venait seulement de le proposer, mais pour elle, c’était acté.

Son ami se contenta de refermer les languettes, sur ses chaussures, et Aina le regarda comme s’il venait d’inventer l’électricité. C’était presque de la magie, pour elle qui ne connaissait rien, sûrement pas les scratchs. Elle connaissait les lacets, puisque c’était hyper tendance à son époque, mais elle n’avait jamais appris à en faire. Les corsets, trop peu pour elle. Aina s’était habillée de guenilles et rien d’autre. Elle savait donc faire un nœud normal, juste… entrelacer deux fils et tirer de chaque côté pour faire une petite torsade. Le reste, c’était bien au-delà de ses compétences.

J’ai un pied. J’en ai même deux. (Elle les pointa du doigt, chacun leur tour, en tendant un peu la jambe désignée.) J’aime les gens ! Pourquoi on doit aller là où il n’y a personne ? Si je veux personne, je reste chez moi, c’est plus simple, hein. (Elle boudait un peu, oui, ce qu’elle fit savoir en croisant les bras.) C’est une bonne idée. C’est la meilleure idée du siècle, même. Je veux aller à la plage. Je veux ramasser des coquillages. Je veux faire des petits châteaux. Je veux m’enterrer dans le sable. Et je veux aller dans l’eau !

Oui, Aina n’était pas loin de faire un petit caprice à son ami, mais elle n’aimait pas des masses sa façon de lui dire un demi-non. Elle voulait entendre un oui tonitruant, un oui qui n’admettait aucune négation, un oui qui était juste oui. En vérité, elle aurait même été capable de l’emmener directement sur une plage, si la perspective d’apprendre le bowling ne la retenait pas ici, devant lui, presque sage. Presque. Aina restait Aina et ses yeux bleus voletaient d’un coin à un autre pour chercher, déjà, ce qu’elle pourrait voler dans le coin.



Elle tira un peu sur son t-shirt long, piqué à un homme qu’elle avait sûrement vidé de son sang et caché dans un coin. Les serviettes, elle ne savait plus s’il en restait une dans sa maison et la bouée… Elle n’avait pas la moindre idée de ce que ça pouvait bien être, mais elle faisait confiance à Winston pour tout lui expliquer correctement.



Prendre voulait plus ou moins dire voler, en effet. Même si Aina n’avait pas la moindre idée de quelle manière on pouvait voler un maillot. À part en l’enfilant et faisant semblant qu’il était à elle depuis longtemps ? Ce qu’elle ne doutait pas être capable de faire. La blonde avait la capacité de faire croire à tout le monde qu’elle était chez elle partout, alors faire semblant qu’un t-shirt était le sien… ce ne devait pas être compliqué.

Mon sport préféré ? répéta-t-elle, en penchant la tête pour réfléchir. C’est quoi le tien ? (Oui, elle comptait copier sur lui.) Je ne sais pas ce qu’est la natation, mais ça a l’air amusant ! Je ne fais pas de sport, moi. Ou si ! Si, si ! Je cours et je saute partout ! C’est trop cool !

Ce qui pouvait être traduit, en langage du vingt-et-unième siècle par : free run, street run, parkour, etc. Aina avait passé ses derniers siècles à apprendre à grimper, bondir, atterrir, ne pas faire de bruit, se faufiler partout, partout, partout. Elle était devenue très douée pour ça, même si son apparence ne le laissait pas croire. Il lui arrivait de titiller la gravité et de prendre des risques inconsidérés, mais bon. Aina n’était que risque inconsidérés.

Explique-moi tout, vite, vite ! Je veux jouer. (Elle prit une boule dans ses deux mains et la leva devant son visage) C’est quoi les petits trous ? Il n’y a rien à l’intérieur, c’est tout vide. C’est pas très lourd et c’est tout rond. Hm. Il faut la lancer ?

Et, à ce point, Winston ferait mieux d’expliquer en quatrième vitesse, avant qu’Aina balance ça partout, sans même s’inquiéter de la piste, des sièges, de tout.

inston observa son amie. Etrange amitié que voilà. Il pouvait dire de manière certaine qu’il n’avait jamais rencontré un être comme Aina de sa vie. Et il pouvait aussi affirmer sans détour qu’il n’en recroiserait pas de ci-tot dans sa vie. Il ne pouvait l’expliquer avec des mots, mais il en était sûr. C’était comme une sensation, logée quelque part dans son esprit qui lui criait. C’était un cri pour dire « elle est comme toi ». Et ça ne parlait pas de couleur de peau. Il se sentait étrangement proche d’elle, et à la fois, il savait qu’il n’avait rien en commun. Comprendre le pourquoi du comment était assez difficile. Elle lui donna une nouvelle preuve de leur différence quand elle posa la question sur la vidéo. Il ne savait pas comment lui répondre.

Pour lui, une vidéo, était tellement quelque chose d’ancré dans ses habitudes, que tout le monde devait connaître, et connaissait, qu’il ne savait pas comment faire pour l’expliquer. Un quoi de son esprit se demande si elle ne se fichait pas de lui… mais il suffisait de poser le regard sur elle pour savoir que non. Elle ne se fichait pas de lui, elle était très sérieuse, et elle avait besoin alors de cette réponse pour avancer. Doucement, il prit son portable.

- Tu vois ça, dit il en lui montrant la caméra au dos de son téléphone, c’est ce qu’on appelle une caméra, avec ça, et un procédé un peu trop compliqué, on peut prendre des vidéos. Les vidéos sont des images qui bougent et qui ont du son. On pourra faire des essais sur la piste si tu veux.

Il se voyait mal sortir sa caméra et filmer … le sol… mais quand elle tirerait dans les quilles, il pourrait la filmer et lui montrer ensuite. Ses parents avaient toujours dit que le mieux pour apprendre quelque chose était la pratique. Et il pensait que dans ce cas, la pratique serait en effet la meilleure solution. Si elle acceptait que les vidéos soient des images qui bougent avec du son, alors elle pourrait plus facilement définir les prochaines vidéos qu’elle verra. Il lui mit alors les chaussures et sourit à sa manière si … … elle de répondre à chaque chose.

- En faite, quand nous sommes sur la plage, s’il y a trop de personnage, ça devient pas agréable. Trop de personne dans l’eau, ou sur le sable, on se marche dessus. C’est bien mieux quand il n’y a personne, ou que des gens qui savent où est la mer. Par exemple, si on va dans une plage où il y a plein de monde, on ne peut pas faire de château, ou s’enterrer.

C’était une réalité. Winston n’aimait pas les plages bondaient, où à perte de vue on ne voit qu’un océan de fourmi noir. Plusieurs fois avec ses sœurs, il est allé à la plage, pour attendre loin de tout le monde qu’elle revienne. Il n’avait pas envie de se mélanger aux gens, à la foule. Et si Aina voulait vraiment profiter de la plage, il lui fallait un endroit avec peu de personne. C’était bien, là, la réalité.

- Faire les courses, c’est acheter ce qu’il nous faut. Et je ne parle pas de ce genre de maillot. Je te parle de maillots de bain qui sont fait exprès pour aller à la plage.

Bien sur, il savait qu’en réalité, dans la définition du mot, elle n’avait pas tord quand elle montra son t-shirt pour montrer qu’elle avait déjà un maillot … Winston avait déjà eu le souci de devoir l’expliquer, et plus d’une fois, qu’un maillot pouvait être cela. Mais lui, il voulait bien sur parler d’un maillot de bain. Il sourit encore à la jeune femme.

- Exactement, tu essayeras les maillots de bain. Tu choisiras celui qui te plait. Puis une serviette et une bouée, et il nous restera plus qu’à aller se baigner et s’amuser.

Lui ne comptait pas voler. Rien du tout. Et d’ailleurs dans sa tête il se demanda s’il ne pourrait pas déjà emprunter des serviettes à sa sœur. S’il pouvait éviter ça en shopping… Il ne pensait pas au prix, mais plutôt aux étoiles qu’il pouvait lire dans les yeux de son amie… Elle ne pourrait peut être pas attendre pour aller à la plage, alors s’il pouvait lui éviter cela… Il comprit qu’elle voulait copier sur lui pour le sport, et il sourit.

- J’adore le basketball ! C’est mon sport préféré, j’en joue souvent avec des gens dans la rue. Je t’apprendrais la natation alors. Il y a tellement de chose à apprendre, tu es sur que tu n’en auras pas marre de moi à la fin ?

Il sourit, et rit même un peu, parce qu’on se moquait de lui, avant. Il est le genre à apprécier à répondre à des questions… et à ne pas penser d’ailleurs que les questions puissent être « fausses ». Si quelqu’un demande comment on fait une cabane, il ne comprends pas qu’alors on n’écoute pas la réponse en entier… Alors il était heureux de pouvoir aider la jeune femme et ses questions incessantes. Quand elle prit la boule, Winston se releva et lui prit des mains.

- Je te montre, tu écoutes bien.

Il montra au loin les quilles.

- Là bas, tu vois, tu as des quilles. Le but du jeu c’est d’envoyer la boule, sur les quilles, et de toutes les faire tomber. Tu dois mettre tes doigts dans les trous de la boule… comme ça.

Il lui montra sa main dans la boule. Il espérait qu’elle remarque, sans lui, que les trous de certaines boules étaient plus petits que d’autres. Bien sur, ce n’était pas réellement important, tant que les doigts ne restaient pas coincés … Ce qui était déjà arrivé à Winston, il n’avait pas aimé la balade.

- une fois que tu as bien mis ta main, tu te mets à la limite de la ligne rouge, et tu vises, tu lèves le bras, et tu tires.

Il fit la geste en même temps, et jeta la boule. Celle-ci se déporta un peu trop sur la droite et laissa quelques quilles sur la piste. Il montra à la jeune femme les quilles et reprit.

- Tu as deux essais à chaque fois pour faire tomber les quilles.

Il lança une autre boule sans regarder, qui passa directement dans la rigole. Il montra du doigt le panneau au dessus de sa tête, où il était écrit son prénom, et un nombre de point qui apparu, et le prénom d’Aina au dessous.

- Tu as des questions ?

ême si Aina ne comprenait pas tout à la vie, il y avait une chose, au moins, qu’on ne pouvait pas lui retirer : sa soif d’en apprendre toujours plus. À chaque nouvelle chose, la blonde pouvait passer des heures à essayer d’en saisir le sens, le pourquoi, les comment, à tout essayer pour enfin en piger l’intérêt. Évidemment, il fallait que la chose ait un minimum d’intérêt et qu’elle soit assez simple pour que la blonde ne se mette pas à bouder et renier totalement cet inédit, dans sa vie. Tout comme elle ignorait les téléphones, parce qu’elle ne comprenait rien à leur fonctionnement.

Le bowling, en revanche, avait l’air très amusant et ses yeux bleus venaient sans cesse lorgner vers la piste, là où quelques humains – une bande de cinq amis apparemment – s’amusaient à balancer de grosses boules sur le parquet. Elle aussi, elle voulait essayer. Balancer des trucs, avec l’autorisation de tout le monde, ça n’arrivait pas tous les jours et elle avait hâte d’avoir le droit de le faire. Winston avait, tout de même, grand intérêt à la garder bien à l’œil pour qu’elle ne fasse pas une bêtise, prise dans l’ivresse de la nouveauté.

Ce dont elle ne doutait pas, elle, ses yeux soudain rivés sur le visage de Winston qui prenait toujours le temps de tout lui expliquer. Sa façon de lui présenter son téléphone, de lui pointer le… truc au dos et de lui expliquer très calmement des choses qui, sans aucun doute, auraient dû faire partie des acquis de la blonde depuis longtemps, lui donnait très envie de lui sauter au cou et de lui faire un câlin. Parce qu’elle n’était pas habituée à tant d’attention, parce qu’elle était en manque d’attention, parce qu’il acceptait de lui donner tout ceci sans rechigner.

Docile, Aina resta bien droite, les yeux fixés sur l’écran du téléphone, les oreilles grandes ouvertes à ce qu’il lui racontait. À l’évocation d’images qui bougent avec du son, les yeux de la blonde s’ouvrirent en grand. Elle tapa légèrement dans ses mains et se para d’un sourire ravi. Ça, elle comprenait. En vérité, Winston venait d’utiliser pile les mots qu’elle utilisait, elle-même, pour désigner les vidéos qu’elle apercevait, parfois, dans les rues ou les magasins. Sur des écrans d’une taille démesurée, avec du son ou non, d’ailleurs.



La blonde joignit les mains, sous son menton, et releva un regard de chien battu vers Winston, pour l’entendre promettre qu’ils feraient ça. Ses yeux bleus, sans le moindre doute, lui criaient d’accepter, au moins pour elle, pour lui faire plaisir. Elle ne promettait pas qu’elle pourrait, elle, faire autant d’efforts que lui semblait en faire avec elle, pour se mettre à son niveau, mais elle serait gentille, avec lui, c’était sûr et certain. Pour ce qui était de ne plus le mordre, en revanche… elle n’osait pas le jurer, titiller par une envie malsaine de goûter à un homme si gentil avec elle. Ce qui devait être bien différent de ceux qui avaient peur ou étaient en colère, non ?

Heureusement, l’oupyr savait se tenir et se contenta de le regarder lui attacher ses scratchs en se retenant, du mieux qu’elle put, de poser une main dans ses cheveux si drôles. Ce qui était presque plus dur, pour elle, que de se retenir de lui mordiller le doigt, à défaut d’avoir le droit de le mordre pour de vrai. Parce qu’il avait dit que ça ne se faisait pas, donc elle ne devait pas le faire.



Aina connaissait la solitude, installée dans son cœur depuis tant de temps qu’elle ne savait plus s’en défaire, même la présence des autres ne faisaient que mettre mute sur les cris de son mal-être. Dès lors qu’il n’y avait plus personne, que les regards se détournaient d’elle, le volume revenait à son maximum et l’assourdissait.



Ce qu’elle dit dans un souffle, comme un dernier caprice, une demande qui ressemblait presque à une supplique. Winston ferait mieux de ne pas l’abandonner, ou la blonde ne répondrait plus de ses actes. La trahison, elle connaissait, mais elle ne voulait plus en être victime. Elle n’était pas capable de le supporter.



Aina fixa, soudain, Winston très intensément et se demanda s’il n’était pas l’heure de lui avouer qu’elle ne pouvait sortir qu’à la nuit tombée, ce qui voulait dire, de toute façon, qu’il n’y aurait plus grand-monde sur la plage et que la température risquait de chuter fortement. Si l’oupyr pouvait supporter ce genre de choses, elle n’était pas certaine que les humains le pouvaient de la même manière qu’elle et elle n’aimerait pas devoir essuyer un refus, une fois qu’il aurait compris l’embrouille. Mais comment le lui dire sans lui avouer qu’elle était un monstre ?

Pour le moment, la blonde préféra n’en rien dire et se concentrer sur la question du sport. Étant donné qu’elle n’en connaissait pratiquement aucun (vive le confinement forcé pendant plusieurs siècles), elle ne savait pas, elle, son sport préféré. Elle écouta attentivement celui de Winston, déterminée à copier sur lui pour leur trouver un point commun qui empêcherait le grand Noir de la quitter. S’ils aimaient les mêmes choses, ils étaient faits pour traîner ensemble, non ?

☼ Basketball ! Moi aussi ! J’adore ! J’aime aussi les gens dans la rue. (Elle cligna plusieurs fois des yeux, innocente.) Pourquoi j’en aurais marre de toi ? Je ne comprends pas. J’ai pas envie de comprendre. J’aime pas ce que tu dis.

Les joues gonflées, les sourcils froncés, Aina lui fit comprendre qu’elle boudait. S’il pensait pouvoir se débarrasser d’elle de la sorte, il se fourrait le doigt dans l’œil (même si elle ne comprenait pas l’intérêt). Elle ne comptait pas le lâcher de sitôt et elle était, d’ailleurs, plutôt persuadée que ce serait lui, qui finirait par la fuir, puisque tous les humains la détestaient.



La diversion du bowling était bienvenue, même si elle n’effaçait pas toutes les préoccupations de la blonde. Elle s’intéressa de très près à la boule, aux petits trous, à ce qu’elle pouvait voir à l’intérieur, grâce à ses yeux de monstre. Il n’y avait, de toute façon, rien à voir à l’intérieur, mais c’était toujours mieux que d’affronter le regard désolé de Winston qui devait, déjà, se douter qu’elle disait la vérité.

Puis, soudain, il lui vola sa boule et Aina releva le regard vers lui, totalement outrée. C’était elle, la voleuse, nan mais ! Mais puisqu’il le faisait pour lui expliquer, elle se cala sur le côté et regarda, très attentivement, chacun de ses mouvements. Avec elle, il fallait oublier la notion d’intimité et d’espace personnel.

Elle le suivit à la trace, à l’instant où il tenta de lui montrer comment tirer. Si elle ne se prit aucun coup, ce fut sûrement grâce à son instinct de survie qui lui indiqua de se pousser un peu pour mieux voir. La trajectoire de la boule et la vitesse ne permirent pas à Winston de faire tomber toutes les quilles d’un coup, mais Aina ne loupa pas une seule miette de tout ce qu’il lui expliqua.

Jusqu’à ce qu’il pointe l’écran, au-dessus de leur tête, et qu’il fut demandé à Aina de lire. Un peu paniquée, la blonde baissa les yeux sur Winston, les releva sur l’écran, Winston, l’écran, Winston, puis ses sourcils se tordirent, sur son front, un peu en panique. Dans l’urgence de la situation (oui, pour s’amuser, il y avait urgence) elle n’était pas certaine d’arriver à se concentrer assez pour déchiffrer tout ce qui était noté. Alors, quand il lui demanda si elle avait des questions…



Aina tira un peu sur le bord du t-shirt de Winston, alors qu’elle lui demandait l’autorisation de se jeter contre lui, comme pour profiter qu’il soit encore là, avec elle, et qu’il ne l’ait pas encore abandonnée. Habituellement, elle n’attendait pas vraiment d’avoir le droit, elle se contentait de le prendre. Mais face à lui, elle sentait qu’elle se devait de faire les choses autrement, ou il finirait par le prendre très mal.



Calculer sa force, des trajectoires, ne jamais rien laisser au hasard, c’était ce qu’on avait appris à la blonde, depuis qu’elle était enfermée dans une maison ou une autre. Aina était une tueuse professionnelle, parce qu’elle savait donner l’allure d’un accident à un meurtre. Les meurtres parfaits avaient besoin de cette expertise. Elle se sentait, donc, prête à rafler tous les points pour obtenir une récompense. Et pas n’importe quelle récompense, évidemment. La seule qui l’intéressait vraiment :