The sound of Storm

**Caleb A. Anderson**

the sound of storm@Sophia Blues & Caleb A. AndersonChez Sophia, dans le quartier hispaniqueLe monde est conduit par d'innombrables rituels, du lever du soleil à son coucher, chaque être s’attache à recréer inlassablement des petits actes auxquels ils s’attachent pour trouver un certain équilibre. La peur est sans doute le principal moteur de ce cycle, cette émotion qui nous pousse parfois à actionner trois fois la poignée de la porte d’entrée pour savoir si elle est bien fermée ou encore à porter un gri-gri quelconque les jours les plus importants de notre vie. Qui n’a jamais entendu cette histoire du sportif et de son caleçon porte-bonheur ?

Le fait est que Caleb a beau être la récurrence d’un dieu protecteur, il reste profondément humain (pour l’instant) et il est lui aussi mue par les rituels. Premièrement il porte en permanence une petite statuette, longue comme un doigt, représentant Bès et lui servant de protection magique contre les autres divinités. Bien qu’il soit rare qu’il croise une autre récurrence, il se sent beaucoup plus rassuré quand il a son gri-gri. Deuxièmement, chaque soir, lorsqu’il part s’allonger dans son lit, il se sent obligé de jeter un œil sur ses petits protégés. Un simple regard à travers ses statues pour se rassurer, pour être certain que le monde tourne rond en quelque sorte. C’est sa manière à lui de trouver son équilibre.

Ce soir ne change pas tous les soirs, en boxer et allongé sur la couette de son lit, Caleb se prépare à ses visites nocturnes. Comme tout rituel, celui-ci est organisé et bien qu’il s’agit de simple coup d'œil, il y a un ordre à respecter. Première oeillade au QG des Enfants Terribles, ensuite viendrait le dernier sanctuaire qui a été créé et encore ensuite la maison de Sahar Benhadi. Oui cela pouvait sembler bien étrange, mais Caleb agit réellement comme un système de caméra de surveillance et s’il surveille la famille Benhadi, ce n’est pas pour rien. Sahar le lui avait demandé, avec insistance, elle craignait non pas pour elle, enfin si un peu, mais surtout pour Ilyes. Le jeune homme est quelque peu instable. Être la récurrence du dieu Seth ne l’aide pas à trouver un équilibre. Peut-être lui faudrait-il des rituels à lui aussi ?

Si les premiers coups d’oeil se passent pour le mieux, en ce qui concerne la maison des Benhadi, Caleb a toujours peur de ce qu’il pourrait y voir. Regarder dans le QG qui est un lieu “public” pour les Enfants Terribles n’a rien de stressant, mais plonger dans l’intimité des gens c’est autre chose. Caleb avait accès aux pièces à vivre et à la chambre d’Ilyes. Autant dire que les pires visions du nain ont eu lieu dans cette pièce. Bien entendu, la famille est au courant de sa surveillance, bien qu’elle n’ait pas les moyens de savoir quand elles s’arrêtent, mais Ilyes n’en avait cure. Un je m’en foutisme qui correspond bien au jeune homme.

Il commence par regarder dans le salon, voyant uniquement la lumière du réverbère extérieur se refléter sur les meubles il passe à une autre pièce. La cuisine est dans la même pénombre. Il se demande quelle heure il peut bien être, sans doute qu’il est tard et qu’il se doit de passer à la chambre. Juste pour être sûr qu’Ilyes est bien tranquille à regarder une série, écouter de la musique ou quelque chose du genre. Espérant secrètement qu’il participe à une activité solitaire.

Quand il vit la même pénombre que dans les autres pièces, Caleb se sentit quelque peu rassuré. Ilyes devait dormir, il força sur ses yeux pour regarder plus attentivement le lit. Ce qu’il y vit le glaça d'effroi. Vide. Aucun monticule de couverture, aucune silhouette humaine endormie, rien. Il pousse un soupir imaginaire, Ilyes à encore fait du Ilyes. Aucun doute que Sahar ne doit pas être au courant.

Caleb ferme ses yeux fictifs sur la demeure des Benhadi et se décide à passer à une autre vision. Ilyes est censé conservé sur lui un pin’s. Dessus se retrouve bien entendu l’image de Bès, plus exactement la photo d’une des créations du conservateur et une phrase d’accroche faisant croire que le dit pin’s a été offert pour la commémoration d’une exposition au musée d'Arcadia. En réalité ce pin’s uniquement distribué au jeune Benhadi est une balise de repérage divinement performante. Oui, Sahar considère son fils comme un homme sorti de prison et en période de probation. Ce n’est pas aussi efficace qu’une balise GPS mais assez pour “voir” ou se trouve Ilyes.

Le nain se retrouve alors dans une position étrange, ce qui lui paraît logique quand on sait que le dit pin’s se trouve sur la veste du jeune homme, et il voit ce qui ressemble à un salon. Du moins il en a bien l’impression. Sans doute qu’Ilyes à balancé sa veste sur un canapé. L’inconvénient de sa faculté de projection que l’on pourrait comparer réellement à une caméra c’est qu’il n’y a pas le son et malheureusement Caleb doit donc attendre de voir quelque chose d’intéressant. Il a développé une légère faculté pour lire sur les lèvres mais c’est loin d’être parfait.

Quand l’ombre d’une femme lui arrive dans le coin de l’oeil, il se demande réellement si il doit continuer son espionnage. Il tient bon, trouvant quelque peu étrange la déco du salon, une ambiance trop méditative. Enfin c’est ce qu’il dirait en prenant compte de la bibliothèque en face de lui remplit de livre sur le sujet. Il attendit plusieurs minutes avant de voir le visage de la propriétaire des lieux, enfin voir était un grand mot car celui-ci était quelque peu masqué par une crème de nuit. Il nota tout de même mentalement quelques traits physiques qui l’aideraient plus tard à identifier la jeune femme. Il en toucherait également quelques mots à Sahar, histoire qu’elle sache que son fils fait le mur la nuit pour aller chez de parfaites inconnues. Il laisse là Ilyes à sa sortie nocturne pour envoyer un sms rapide à sa mère et se laisser bercer par les bras de Morphée. De toute évidence Ilyes n’était pas en danger.

❃ ❃ ❃

Caleb soupire. Il est dans sa voiture en plein milieu du quartier hispanique. Autant dire qu’il n’est pas à l’aise du tout. Un nain arabe entouré de latinos, c’est le début d’une bonne blague, pas celle d’une grande d’aventure. Si il est ici c’est encore une fois à cause d’Ilyes et de sa sortie nocturne d’il y a une semaine. Il aurait confié à sa mère qu’il avait eu besoin d’aide pour sa dissertation sur l’ASMR et qu’il avait demandé l’aide d’une prof de yoga du quartier hispanique qui avait déjà pour habitude d’aider les petites jeunes. Bien entendu l’histoire est intrigante, cela fait bien longtemps qu’Arcadia n’a pas accueilli une Mère Thérésa de ce genre. Autant dire que ça a mis la puce à l’oreille à Caleb. Lui qui est de nature beaucoup trop protectrice c’est donné la mission de démêler le vrai et le faux dans toute cette histoire. Tout ça l'a poussé à être là, planqué dans sa voiture devant la maison de cette fameuse prof de yoga.

Prenant son courage à deux mains, il saute de sa Corolla et se glisse sous le péron. Il sonne et prend le temps de rajuster son costard sur mesure qu’il aime porter en toute occasion. La jeune femme ouvre la porte et il lui faut une micro seconde pour que son regard se baisse sur Caleb. Qui s’attendait à avoir un nain au bas de sa porte ?

Il profite de ce petit moment de flottement pour se présenter :

“Bonjour, excusez-moi de vous déranger, je suis le parrain d’Ilyes Benhadi. Je sais qu’il est venu vous voir et j’ose espérer qu’il ne vous a pas dérangé mais…”il laisse quelques secondes de silence “cela vous dérange si je rentre quelques minutes pour que nous discutions de lui, je n’ai pas envie de parler de nos problèmes de famille sur le perron de votre porte”.

Il attend la réponse de la jolie blonde tout en se faisant la réflexion que l’entrée d’Ilyes chez elle avait dû être plus fracassante que la sienne. Comme si le ciel souhaitait lui donner une réponse il se mit à entendre un éclair au loin.

HRP:

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**Sophia Blues**

the sound of storm@Sophia Blues & Caleb A. AndersonChez Sophia, dans le quartier hispaniqueLa porte s'ouvrit sur une Sophia au visage beaucoup trop lumineux pour que cela soit normal. Si la présence de Caleb semblait incongrue à la jeune femme, elle ne le montrait pas, préférant soupirer de soulagement.
Jusqu'à ce que l'autre ne parle.

”Ah” commenta la jeune femme, cette fois-ci plutôt au bord du désespoir. ”Et donc vous êtes pas le plombier que j'ai appelé?” Evidemment que non, l'univers pouvait pas lui accorder le moindre répit.
Plusieurs jurons et malédictions, tous et toutes en espagnol, suivirent. Visiblement trop ivre de déception, Sophia n'avait pas prêté attention à qui était Caleb quand bien même l'autre pris la peine de se présenter. Elle l'invita néanmoins à entrer, plus par dépit qu'autre chose. Au point où elle en était...

Effectivement, il y avait de l'eau par terre et le robinet de la petite kitchenette fuyait. Un ensemble de bassines limitait les dégâts en attendant l'arrivée d'un professionnel. Professionnel qui justement, hé bien n'arrivait pas.

”La machine à café marche encore, elle. Vous en voulez un? “ Sophia en tout cas, oui. Sans attendre de réponse, la blonde sortit deux grands mugs aux couleurs flashy d'un placard et commença à préparer cela.

”Le parrain d'un de mes élèves donc, c'est ça? Ilyes...Bizarre, ça m'dit rien.” Des nouveaux inscrits, Sophia n'en avait pas vraiment eu ces derniers jours. Elle comptait d'ailleurs payer le plombier à crédit, chose que l'artisan devait certainement ressentir pour ne pas venir ainsi qu'il l'avait promis. Monde cruel...

”Attendez deux secondes.” Le mug claqua sur la table de la salle à manger tandis que Sophia le posait devant Caleb. Par miracle, elle ne renversa rien. ”On parle du débile qui m'a défoncé la porte en pleine nuit là non?” Ah, la colère revenait, et ce n'était certainement pas la flamme de l'affection qui faisait briller les yeux sombres au souvenir du jeune dieu.
La jeune femme regarda Caleb, cette fois-ci avec un peu plus de ressentiment. Néanmoins, il semblait moins dangereux qu'Ilyes ou alors se dissimulait avec plus de sagesse. La jeune femme n'avait rien su de Seth dans le corps du jeune homme, de la même façon qu'elle comprenait à peine l'étrange muse qui était en elle. Qui était elle, aussi...
De fait, elle était tout autant incapable de comprendre ce qu'était Caleb.
Arcadia, un endroit compliqué, le monde aussi d'ailleurs.

A son tour, Sophia prit place sur l'une des chaises et aussitôt, croisa les jambes. Elle porta son propre café aux lèvres, l'amertume la fit grimacer mais mieux valait se calmer sur le sucre ces temps-ci. ”Il voulait que je l'aide à faire sa rédaction et il était rempli de mauvaises ondes. Maintenant que j'y pense, c'est peut-être ça qui a déréglé mon robinet... du coup ça veut dire qu'il va payer le plombier pour moi? Allez on va dire ça comme ça, topez là et j'sors des cookies pour célébrer.”

Oui, la volonté de la jeune femme était faible face à l'argent et au sucre en vérité malgré toutes les belles choses que Sophia essayait de se dire pour tenir un peu. Elle ne tenait jamais à sa façon, trop humaine finalement, croquant dans tout ce qu'offrait la vie comme on se brûle à la flamme d'un incendie.

”Sauf si vous venez me tuer parce qu'en fait il a beau avoir deux neurones qui se touchent, c'est quelqu'un d'important?” Tout en parlant, la jeune femme se cala un peu mieux contre le dossier. Elle plaisantait, yeux goguenards, sourire léger, ou du moins s'appliquait à en donner l'impression. Quant à savoir ce qu'il en était réellement...

”Si c'est le cas désolé mais j'crois que j'pourrais me défendre pas trop mal face à vous.” Le jugement sur le physique était facile, beaucoup trop. Si Sophia tentait de se construire une image de femme fatale, ce genre de phrase faisait tout voler en éclat pour ne montrer d'elle que la jeune femme montrant les crocs avec frénésie, sans demie mesure.

”Bon pardon ok, j'aurai pas du dire ça. Sinon ce café, il est comment?”

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**Caleb A. Anderson**

the sound of storm@Sophia Blues & Caleb A. AndersonChez Sophia, dans le quartier hispaniqueLa réaction de la jeune femme fut assez inattendue, obligeant le nain à soulever un sourcil. De toute évidence elle attendait un plombier et était surprise de le voir, du moins elle lui demandait bien confirmation sur sa profession et venue ici. Pourtant il avait parlé de manière assez claire, mais il secoua cependant négativement la tête. Une floppé de jurons espagnol, du moins il pensait que c’était des jurons, se mirent à jaillir de la bouche de la jeune femme qui semblait ne jamais vouloir s’arrêter. Elle le fit cependant rentrer et Caleb ne put que constater la nécessité d’un plombier. Des bassines couvraient le sol en attente d’être secouru et le robinet de la petite cuisine fuyait abondamment.

Il s’installa difficilement sur une chaise tandis que son hôte proposait un café qu’il n’eut pas réellement le temps d'accepter. Le mug claqua sur le plan de travail avec force. La jeune femme commençait tout juste à comprendre qui était Ilyes et se qu’il avait fait. Bien que sur ce point Caleb n’était sûr de rien.

“On parle du débile qui m'a défoncé la porte en pleine nuit là non?”

Le nain soupire et se renfrogne quelque peu. La conversation sera dure à mener, surtout pour connaître la vérité. Il faut dire que la jolie blonde à la langue acérée et traiter de débile le filleul de Caleb ne semble pas la déranger plus que ça. Elle le dévisage maintenant intensément et le nain lâche sobrement :

“Celui-là même, oui.”

Elle semble le regarder de manière différente, les yeux voilés d’éclairs. Elle s’installe face à son invité, croise les jambes dans une posture d’assurance certaine. Caleb se demande ce qu’à bien pu lui faire Ilyes, mais surtout, il se demande ce qu'elle sait. Était-elle seulement au courant de ce qu’il représente ? Que quelque chose l’habite ?

Beaucoup trop de questions se pressent sous sa petite tête, mais il ne montre rien, il se contente de souffler sur le mug qui avait trouvé place dans sa main. Trempant ses lèvres, il retient une grimace avant de glisser sa main vers le sucre présent sur la table. Il écoute attentivement les explications de Sophia sur la venue d’Ilyes. Ces dires confirment ceux du jeune homme et Caleb s’en réjouit intérieurement. Son filleul n’était pas un menteur, juste un garçon un peu paumé, mais cela fait toujours plaisir de voir qu’il peut toujours lui faire confiance.

La jeune femme se permet une plaisanterie sur les “mauvaises ondes” qu’auraient dégagé Ilyes et qui auraient détruites sa plomberie. Caleb sourit et se fait la réflexion qu’elle n’avait sans doute pas tort. Être la récurrence de Seth peut impliquer certains désagréments.

Le ton de la conversation change soudainement, aussi vite que les sentiments de Sophia en vérité. Elle semble quelque peu versatile et pleine de vie. Elle demande alors, sous un air faussement amusé, si Caleb est venu pour la tuer. Elle soupçonne Ilyes d’être quelqu’un d’important, du moins il est facile de le penser, après tout le nain n’était-il pas présent aujourd’hui à cause de lui ?
Elle continue sa petite “plaisanterie” en affirmant qu’il serait difficile au nain de la “tuer” en vue de sa condition. Voyant sans doute le visage de marbre de Caleb face à ce genre de blague de mauvais goût, qu’il ne connaissait que trop bien, elle exprime son regret et se ratrappe en demandant comment est son café. Le nain se retient de lui dire qu’il avait noyer trois morceaux de sucre dans ce pauvre mug en espérant éliminer l’amertume de ce liquide sombre.

“Bon, merci.”

Il pose son mug dont il n’a presque rien bu et vient croiser ses mains sur son ventre.

“Pour en revenir à Ilyes, je crains de vous décevoir, mais il n’a sans doute d’importance que pour sa famille. N’espérez pas avoir eu affaire à un prince des Emirats Arabes.” Il lâche un petit rire avant de continuer “Il est malheureusement très instable et je suis désolé que vous ayez fait les frais de son instabilité. Vous a-t-il parlé de son père ?”

Aucune chance qu’Ilyes ait pu en parler et justement c’est ce genre de question qui ne peut que surprendre son interlocutrice, la déstabiliser et la pousser à parler.

“Il n’en parle jamais. La vérité c’est qu’il ne le connaît pas et nous ne souhaitons pas qu’il le connaisse. Vous vous en doutez, le manque de présence paternel ne l’a pas aidé à grandir convenablement. Il s'est réfugié dans la musique, cherchant dans le brouhaha à faire taire ses pensées et ses peurs. Malheureusement ça ne se limite pas toujours à ça...”

Il baisse la tête, laisse s’écouler quelques secondes de flottement.

“Parfois il est incohérent même dans ses propos. Nous faisons tout ce que nous pouvons avec sa mère pour l’aider mais il ne nous facilite pas la tâche. Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai été le chercher au poste de police. Vous a-t-il dit qu’il était “habité” ? Il dit souvent qu’un feu brûle en lui et que c’est lui qui le pousse à faire toutes ces choses.”

Le nain gigote sur sa chaise et se replace, se rendant compte qu’il était en train de glisser du siège. Il sait avoir abordé le sujet important et maintenant il se doit d'insister, de creuser un peu plus le sujet. Il relève la tête plongeant ses yeux dans ceux de son interlocutrice.

“On essaie de lui faire voir quelqu’un, un spécialiste je veux dire. Pour qu’il exprime sa colère et mette des mots sur ce qui l’habite. Il faut que je sache, vous a-t-il parlé de quelque chose du genre ? D’un être qui l’habite ?”

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**Sophia Blues**

the sound of storm@Sophia Blues & @Caleb A. AndersonChez Sophia, dans le quartier hispaniqueLa voix calme de Caleb inspirait au respect, Sophia estimait qu'il était en effet difficile de parler et, face à elle, l'homme parlait. Il semblait venu ici pour raconter une histoire, celle de l'homme qui s'était introduit chez elle en pleine nuit, et comme toutes les histoires, Les mots ne cachaient pas la douleur.
Sophia préféra se concentrer sur autre chose, sur le café brûlant par exemple. Pas avoir de père, ça faisait mal. Elle se souvenait comme d'un cauchemar des quelques jours après la mort de ses parents où il n'y avait eu rien d'autre que la solitude.
La jeune femme savait le poids que pouvait être un enfant, les décisions coûteuses que cela demandait de l'aider et de l'élever. Elle se demandait parfois elle-même si son oncle et sa tante l'avaient regretté...
A la fois plus tendue mais plus calme, la Muse regarda le Dieu, sa tête s'inclina légèrement comme pour un salut fait d'hésitation et de pudeur.

”Vous êtes quelqu'un de bien de faire ça pour lui alors, et tant pis s'il a pas de père puisque vous êtes là. J'espère qu'il s'en rendra compte.”

S'en était-elle rendue compte, elle, avant que les guerres de mafia ne lui arrachent son oncle? Les frissons qui lui marquaient la peau n'avait plus rien d'agréable mais Sophia n'avait rien pour y échapper. Calme (ce qui surprenait chez elle), elle continua d'écouter Caleb et pensa à son propre feu intérieur, à sa rage et ses envies de mordre et de déchiqueter tout ce qui pouvait détruire son univers. Des colères d'enfants qu'elle possédait toujours, cela n'avait rien à voir avec une divinité dans son cas.
Les morsures d'Erato se voulaient autre...

”Il m'a juste parlé de sa dissert' en vrai. Pas de feu quelconque mais c'est aussi normal de pas être bien et...”

La jeune femme soupira, puis se passa une main ennuyée sur le visage.

”Putain, désolé de la vulgarité mais vous parlez quand même bien. J'arrive à avoir de l'empathie pour lui alors qu'il me filait pas mal les chocottes... “

C'était à ça que servait les figures parentales, non? Sophia remarqua que Caleb ne semblait pas à son aise sur les chaises et se leva. ”Autant aller sur le canapé, c'est des chaises que j'ai récupéré parce qu'on les jetait, alors le confort...”

Tout en prenant place elle-même, elle tâchait de se remémorer Ilyes. L'un comme l'autre s'étaient feulés dessus comme deux chats en colère, Sophia n'avait pris la peine de se demander ce que pouvait ressentir l'autre ou quoi que ce soit. Tout ce qu'elle comprenait, c'était qu'il s'était invité sans autorisation chez elle et que mine de rien, à gérer c'était pas rien.

”J'suis prof de yoga, j'ai parfois besoin de gérer des cas difficiles pour accompagner mes élèves et que la discipline leur apporte réellement quelque chose. Parfois ils comprennent même pas qu'ils souffrent en fait... “ Un haussement d'épaule ponctua la phrase. Sauf que Caleb venait pour parler d'Ilyes, rien de plus.

”Il m'a rien dit de son père, j'crois me souvenir qu'il a évoqué sa mère rapidos mais il a pas montré grand chose en fait. Et pour ce qu'il peut sentir en lui ou autre... Non? Mais quand on est en colère comme lui, c'est plutôt normal d'avoir des humeurs d'incendie non?”

Et la Muse avait son propre fardeau également, un hybris qui l'effrayait encore, qu'elle maîtrisait peu, qu'elle vivait seule surtout. Cette envie irrépressible de ne plus rien porter et de n'être qu'un Corps pour que viennent les sensations... pas le genre d'instinct à avoir avec n'importe qui.

”C'était plutôt moi qu'était pas bien en fait...” Le regard calme de Caleb incitait la jeune femme à parler/ Elle savait pouvoir le faire, n'avait rien à cacher et cela était simplement sympa, quelqu'un qui prenait le temps de vous écouter.

”Désolé, j'vous suis pas d'une grande aide en fait...”

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**Caleb A. Anderson**

the sound of storm@Sophia Blues & @Caleb A. AndersonChez Sophia, dans le quartier hispaniqueMademoiselle Blues devient nettement plus douce face à Caleb. Sans doute ses paroles trouvent écho en elle, mais de ça, le nain ne sera jamais sûr. Voyant sa détresse physique avec cette chaise qui semble lustré de manière à faire glisser tous les postérieurs qui veulent s’y installer, la jeune femme propose de s’installer plus confortablement sur son canapé. Le conservateur ne dit pas non et est bien content de ce maigre confort gagner, même s’il aura bien du mal à se lever pour partir. Ses pieds battent naturellement l’air et il reprend une position d'impassibilité, les mains sur le ventre.

Sophia continue ses explications, exprimant avec maladresse qu’Ilyes est un enfant perdu comme les autres, qu’il a juste parlé de sa dissertation et qu’il n’a rien mentionné d’autre. Elle prend le temps de donner son avis sur la situation qui lui semble "normale" avec un passé comme celui du jeune homme. Que des humeurs d’incendie semble logique. Elle est cependant bien loin de se douter que chez Ilyes ce n’est pas qu’une expression, il peut réellement avoir une humeur incendiaire digne du Dieu Seth. La jeune femme aborde alors son propre sujet, exprimant le fait que c’était elle ce soir là qui n’était pas bien. Caleb la crois volontier capable d’un flot de jurons espagnol encore plus venimeux que ceux qui l’avait accueilli aujourd’hui, surtout quand on sait qu'en face cela devait être la même chose en arabe.

La professeure s’excuse de ne pas être d’une grande aide et Caleb ne peut que la rassurer à ce sujet. Elle en a dit beaucoup en ne disant rien justement. Il y a peu de chance qu’Ilyes lui ait confié quelque chose sur sa divinité, mais mieux vaut être sûr de ce genre de chose

“Oh non vous m’êtes d’une aide précieuse mademoiselle Blues, vous me rassurez de bien des façons. Je suis heureux qu’Ilyes ne se soit pas épanchés ainsi sur sa vie. Non pas que vous ne soyez pas une personne de confiance, mais comprenez que tout le monde n’est pas comme vous.” il s’arrête quelques instants avant de continuer : “Toutes ses bêtises l'ont rendu vulnérable, du moins il a été approché par des gens peu recommandables, vous voyez ce que je veux dire.”

Il se penche en avant tout en chuchotant :

“Des membres de la mafia. Vous savez comme ils sont nombreux dans cette ville.”, il se racle la gorge et reprend d’un timbre de voix normal “Il m’a dit qu’il avait refusé et qu’il les avait envoyé balader, mais on est jamais rassuré quand ça arrive. Il vous en a parlé ? De ces gens ?”

La question est loin d’être anodine, elle va permettre au nain de savoir si Ilyes a mentionné les Enfants Terribles, ce qui serait bien pire que de savoir qu’il a avoué sa réincarnation. S’exposer au danger seul est une chose, exposer sa “famille” en est une autre. Pour Caleb qui est la récurrence d’une divinité protectrice, une telle erreur est presque impardonnable. Bien qu’il ait pardonné bien des choses à Ilyes.

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**Sophia Blues**

the sound of storm@Sophia Blues & @Caleb A. AndersonChez Sophia, dans le quartier hispaniqueSophia éclata de rire, l'idée qu'Ilyes puisse lui faire des confidences était en effet comique. Comique et dérangeante, en vérité... Calée dans le canapé bien plus confortable que les chaises, elle secoua la tête. A côté, Caleb continuait de l'appeler Miss Blues, et il était facile de ne voir en cela qu'une marque de respect et de s'en contenter. Sophia savait que cela pouvait vouloir dire autre chose, quelque chose comme : je connais ton nom et donc celui de tes proches.
Peu import que cela soit ce que Caleb souhaitait exprimer ou non, les mafias apprenaient vite ce genre de langage.
Et c'était de mafia justement que voulait parler l'homme. ”Je suis restée deux ans loin de la ville, j'essaye de m'en sortir.” Des phrases à double sens toujours, des phrases pour dire : je ne sais rien.
Des phrases pour mentir, elle le faisait sans honte.
Son âme et sa jeunesse, tout cela appartenait à la Calavera quand bien même rien ne permettait réellement de relier la jeune fille blonde aux latinos du quartier.
Sophia savait effacer ses traces.

”Je sais rien de ses fréquentations, juste qu'il a une maman puisqu'il a geint devant ma porte qu'il se sentait malade et voulait boire un verre d'eau avant de l'appeler. C'est tout.”

La silhouette particulière de Caleb n'invitait pas à le penser membre d'une mafia. Sophia savait qu'il était dangereux de naviguer en ces eaux là : de croire pouvoir deviner, de déduire et de penser savoir. Elle piégeait les autres ainsi elle-même après tout...

”Personne ne va venir m'attaquer parce qu'il est le parrain secret d'une mafia n'est-ce pas?” bredouilla-t-elle, jouant un instant l'effrayée. ”Vous avez dit qu'il n'avait de valeur que pour sa famille. De toutes manières, moi nivau valeur, j'le fous dans le négatif...”

On sonna ensuite, un homme entra d'un pas lourd, caisse à outils sous le bras: le plombier. Dans un grognement qui passait pour un bonjour, il alla directement au robinet. Bien vite, Caleb comme Sophia eurent droit sur la vue plongeante de la pleine lune...

”J'avais pas trop d'expectatives sur la manière de passer ma journée, mais j'suis quand même déçue”, nota la blonde. Elle reporta son attention sur Caleb.

”Et à part être le protecteur de l'autre, vous faites quoi sinon? Si vous avez du temps libre j'suis rien contre un ange gardien moi aussi”

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**Caleb A. Anderson**

the sound of storm@Sophia Blues & @Caleb A. AndersonChez Sophia, dans le quartier hispaniqueLa jeune femme explique s’être éloignée de la ville depuis deux ans, manifestant ainsi son incompréhension des enjeux de la mafia à Arcadia. Caleb pense intérieurement qu’elle a eu affaire à eux, une intuition en quelque sorte. Bourreau ou victime ? Tel est la question et pour l’heure le nain n’est pas là pour trancher. Il n’est là que pour s’assurer qu’Ilyes n’a pas fait d’autres conneries. Pour l'heure on dirait bien que non, surtout que Sophia affirme ne connaître aucune de ces relations mis à part celle avec sa mère. Celle-ci tout le monde la connait, même leurs voisins la connaissent et la police aussi.

La professeure demande encore une fois si Ilyes n’est pas le parrain d’une quelconque mafia sur un petit ton de voix d’enfant ayant peur de poser une question risquée. Caleb éclate d’un rire franc qui lui met presque les larmes aux yeux. Ilyes parrain de la mafia ? Il n’en fait même pas réellement partie et encore heureux. S’il est capable d’autant de dégâts en simple récurrence sans implication politique, qu’est ce que cela serait avec l'appui des Enfants Terribles. Mieux vaut ne pas y penser, sinon l’apocalypse viendrait bientôt tomber sur Arcadia. Sophia affirme d’ailleurs que niveau “valeur” le gamin est plutôt dans le négatif. Cette phrase a pour effet de stopper le rire du nain. Décidément son interlocutrice à la langue acérée et le propos est quelque peu blessant.

Ilyes sera donc à jamais un être incompris. Il n’est pas mauvais, comme ne l’est pas sa divinité. En réalité c’est un être à apprivoiser, comme on le ferait d’un chien un peu trop mordeur. Après tout l’Humain n’a-t-il pas d’abord dressé le loup sanguinaire avant d’en faire le “meilleur ami de l’Homme” ?

Le jeune homme sous ses airs de grand rebelle n’est qu’un être au cœur pur et bienveillant. Si Caleb devait faire une comparaison, son esprit d’historien viendrait à parler de Séthi Ier, le père de Ramsès II, aussi appelé Ramsès le grand. Séthi qui à pris son nom en référence au dieu Seth est monté sur le trône pour la paix des deux terres comme le doit chaque pharaon avant et après lui. Il a combattu pendant tout son règne l’invasion des Hittites afin d’instaurer la paix et son fils devra d’ailleurs faire de même contre le même ennemi. On dit que son bras était animé par le feu du dieu Seth et que c’est lui qui lui aurait permis de gagner ces guerres. Peut-on alors dire que Séthi Ier était fondamentalement mauvais ?

Ce raisonnement peut s’appliquer à quelque chose de plus actuel. La seconde guerre mondiale s'est terminée par l’explosion des bombes nucléaires sur Hiroshima et Nagasaki causant entre 110 000 et 250 000 morts alors que le camp de Auschwitz-Birkenau a causé à lui seul 1 100 000 morts. Peut-on alors dire que les américains ont été foncièrement mauvais d’utiliser une arme de destruction massive contre une alliance qui détruisit un peuple à lui seul ?

En ce sens, tous ces paradoxes ressemblent à Ilyes, non foncièrement mauvais, non foncièrement bon. Au final l’archétype d’un être humain classique, bien qu’on puisse le considérer armé avec un fusil. La caricature d’un américain texan.

“Ilyes est loin d’être un parrain de la mafia, il en a effectivement pas l’étoffe. Il reste toutefois important à mes yeux, c’est mon filleul. Certes on ne choisit pas sa famille mais je me présenterais toujours à lui pour l’aider ou réparer ces conneries comme aujourd’hui. Je...”

La longue tirade de Caleb est soudainement interrompu par la sonnette de la jeune femme qui se précipite sur la porte. Cela doit être le plombier tant attendu. L’hypothèse est rapidement confirmée et Sophia revient se placer devant le nain, non sans une réflexion sur le fait qu’elle aurait préféré un plombier plus charmant. Il est vrai que l’on était loin du bellâtre des films érotiques. Souhaitant changer de conversation elle demande alors à Caleb ce qu’il fait dans la vie et il s’empresse de lui répondre.

“Oh ! Je suis conservateur à l’Arcadia Museum. J’espère un jour vous y croiser, nous avons une section asiatique qui devrait vous plaire. Des peintures zen qui correspondent à votre univers, quoi que je vous imagine beaucoup aimé l’art moderne également. Toutefois le reste du temps je reste auprès de ma famille.”

Le nain fouille ses poches à la recherche de son portefeuille.

“Je ne vais pas vous déranger plus longtemps mademoiselle Blues. Je pense que vous avez assez à faire avec votre plombier.” dit-il en laissant apparaître un sourire amusé et les yeux malicieux.

Il dépose sur la table basse quelques billets tout en affirmant : “Pour les mauvaises ondes d’Ilyes sur la plomberie.”

Le nain s’extirpe tant bien que mal du canapé, beaucoup trop moelleux pour lui. Et tirant sur sa veste de costume froissé, prend aimablement congé de la jeune femme tout en la remerciant encore une fois de son aide. Mi-soulagé mi-ennuyé de se retrouver seule avec son plombier, Sophia le raccompagne jusqu’à la porte.

Caleb reste de marbre, se tenant droit, malgré la pluie et l’orage qui avait maintenant éclaté sur la ville. Ce n’est qu’une fois arrivé derrière le volant de sa Corolla qu’il se laisse aller à un soupir de soulagement. Décidément Ilyes lui donnera toujours du fil à retordre, mais il ne peut s’empêcher de vouloir le protéger. Lui et les autres Enfants Terribles, mais il faut dire que la famille Benhadi à beaucoup d’importance pour lui. Il lui faut d’ailleurs faire un rapport à Sahar, la rassurer sur le fait que pour une fois Ilyes n’a pas fait de grosse connerie mise à part arriver en pleine nuit chez quelqu’un pour lui demander de l’aide pour sa dissertation. Ce qui en soit est largement suffisant.

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**Sophia Blues**

the sound of storm@Sophia Blues & @Caleb A. AndersonChez Sophia, dans le quartier hispanique”Mon oncle adorait l'art moderne, il m'emmenait souvent dans cette partie du musée ouais.”

Malgré ses couleurs de cheveux parfois volatiles, Sophia possédait quelques bribes de culture générale. En vérité, son oncle comme sa tante avaient mis un point d'honneur à ce que la jeune femme ait accès à tout lors de sa scolarité (et cela incluait les leçons de panio du diable de la muerte évidemment). Pourquoi? Parce qu'avec un cerveau on pouvait monter les échelons, peu importe la mafia...
Sophia ne s'était pas distinguée par une envie de grandes études, trouvant vite sa voie dans les rapports entre corps et esprit. Cela n'empêchait rien...
Quant à avoir pitié d'Ilyes, la compassion demandait une énergie que la jeune femme souhaitait dépenser ailleurs. Elle était jeune, elle était orgueilleuse. Elle apprendrait un jour peut être ou peut-être pas...

”Faudrait que j'y retourne, même si maintenant ce serait toute seule.” Parce que le problème dans la vie, c'était que les gens mouraient. Le décès de son oncle avait été brutal, injuste aux yeux de Sophia également. Figure paternelle à la fois dure et souriante, lui aussi avait pris la place d'un parent sans se poser de questions. Tout comme Caleb avec l'autre grande perche certainement...

Des gens biens et des héros de l'ombre, ceux qu'on ne remercient jamais ou lorsque cela est trop tard. Est-ce qu'Ilyes avait conscience de cela? Si le brun revenait un jour tambouriner à sa porte, Sophia se promit de lui faire appeler le conservateur pour qu'il lui dise “je t'aime, je suis ton fils, t'es mon soutien dans la vie et merci pour tout”. Peut-être parce qu'elle-même n'avait pas su dire tout cela...

”Oh...” L'homme venait de déposer une liasse de billets sur la table basse. Aussitôt, un sourire carnassier fendit le visage de Sophia. ”Merci m'sieur, j'vous revaudrais certainement ça un jour.”

Dans la vie, tout se paye non? Et finalement, Caleb prit congé pendant que derrière, le plombier tapait un code avec ses outils, du genre étrange et illuminati contre le tuyau bouché pour que celui-ci se décoince.
Depuis la rue, quelques visages aux traits ridés et burinés d'un soleil aujourd'hui absent, se tournèrent vers Caleb. Quelqu'un cracha par terre : la blonde recevait deux hommes en même temps maintenant?
Dépravée...
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**Sophia Blues**

the sound of storm@Sophia Blues & @Caleb A. AndersonChez Sophia, dans le quartier hispanique”Mon oncle adorait l'art moderne, il m'emmenait souvent dans cette partie du musée ouais.”

Malgré ses couleurs de cheveux parfois volatiles, Sophia possédait quelques bribes de culture générale. En vérité, son oncle comme sa tante avaient mis un point d'honneur à ce que la jeune femme ait accès à tout lors de sa scolarité (et cela incluait les leçons de panio du diable de la muerte évidemment). Pourquoi? Parce qu'avec un cerveau on pouvait monter les échelons, peu importe la mafia...
Sophia ne s'était pas distinguée par une envie de grandes études, trouvant vite sa voie dans les rapports entre corps et esprit. Cela n'empêchait rien...
Quant à avoir pitié d'Ilyes, la compassion demandait une énergie que la jeune femme souhaitait dépenser ailleurs. Elle était jeune, elle était orgueilleuse. Elle apprendrait un jour peut être ou peut-être pas...

”Faudrait que j'y retourne, même si maintenant ce serait toute seule.” Parce que le problème dans la vie, c'était que les gens mouraient. Le décès de son oncle avait été brutal, injuste aux yeux de Sophia également. Figure paternelle à la fois dure et souriante, lui aussi avait pris la place d'un parent sans se poser de questions. Tout comme Caleb avec l'autre grande perche certainement...

Des gens biens et des héros de l'ombre, ceux qu'on ne remercient jamais ou lorsque cela est trop tard. Est-ce qu'Ilyes avait conscience de cela? Si le brun revenait un jour tambouriner à sa porte, Sophia se promit de lui faire appeler le conservateur pour qu'il lui dise “je t'aime, je suis ton fils, t'es mon soutien dans la vie et merci pour tout”. Peut-être parce qu'elle-même n'avait pas su dire tout cela...

”Oh...” L'homme venait de déposer une liasse de billets sur la table basse. Aussitôt, un sourire carnassier fendit le visage de Sophia. ”Merci m'sieur, j'vous revaudrais certainement ça un jour.”

Dans la vie, tout se paye non? Et finalement, Caleb prit congé pendant que derrière, le plombier tapait un code avec ses outils, du genre étrange et illuminati contre le tuyau bouché pour que celui-ci se décoince.
Depuis la rue, quelques visages aux traits ridés et burinés d'un soleil aujourd'hui absent, se tournèrent vers Caleb. Quelqu'un cracha par terre : la blonde recevait deux hommes en même temps maintenant?
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