AccueilAccueil  tumblr  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  MembresMembres  GroupesGroupes  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
FORUM FERME
Le Deal du moment : -26%
Bosch BBS8214 Aspirateur Balai Multifonction sans fil ...
Voir le deal
249.99 €

You were never gone ☾ MAEVE&DELSIN

 :: abandonnés
Invité
Anonymous
You were never gone ☾ MAEVE&DELSIN Empty
You were never gone ☾ MAEVE&DELSIN - Lun 2 Avr - 15:08


you were never gone

I felt empty space, never could explain. Like you were erased, never could replace. Now it's so clear with you right here. Like you were never gone. How it's meant to be, you held the key. Now promise me you'll never leave. Time slipped away, we stayed the same.


Ce sont les murmures qui guident ses pas. Ce sont les voix perçues au loin qui la poussent à affronter le monde extérieur. Effrayant, et perturbant. Le dehors a quelque chose de tétanique pour la blonde. Comme si elle n’était plus faite pour y vivre. Les sévices subis par le passé ont laissé leur marque sur la jeune femme. Géhenne permanente avec laquelle elle se doit de vivre. Douleur qu’elle atténue par des moyens qu’elle maîtrise. Accro à ses médocs, il ne pouvait en être autrement après quasiment deux années passées complètement shootée par ses pseudo-médecins. Le simple fait d’imaginer vivre sans sa dose quotidienne lui brûle l’échine. Elle repense aux voix sorties de nulle part, celles qui la font frissonner. Celles qui lui donnent des cauchemars, visions d’horreur qu’elle contemple les yeux grands ouverts. Elles lui parviennent toujours, aléatoirement, malgré ses cachetons miraculeux. Elle ne les supporte pas, Maeve. Ça la rend dingue.

Mais ce sont d’autres murmures qui la traînent en dehors des docks. Des petites voix qu’elle n’était peut-être pas supposée entendre. Des bribes de conversation qui ne la regardent pas encore. Une discussion à laquelle elle n’était pas conviée, mais qu’elle a pourtant interceptée. Dans toute la discrétion dont elle sait faire preuve. S’éloignant à pas de velours des protagonistes ignorant tout de sa présence, le nom distingué ancré dans sa mémoire. Ça remue trop de choses, de l’entendre prononcé. Ça lui remue les tripes. Ça lui serre la gorge et surtout, ça lui rappelle toutes les erreurs qu’elle a faites. Et tout ce qu’elle n’a pas fait. Le temps a passé plus vite que sa volonté ne lui est revenue. Ce n’est pas faute d’avoir pensé à lui, pourtant. Elle s’est perdue dans une vie qu’elle a du apprendre à dompter. S’est murée dans un semblant d’environnement familier. Après avoir été brisée. Mais lui, ne l’a jamais quittée.

Le son de la clochette accrochée à la porte résonne dans tout le fast-food quand elle y pénètre. C’est la première fois qu’elle se rend dans cet endroit depuis sa sortie de l’asile. Elle le note dans un coin de sa tête, comme toutes les autres premières fois depuis sa délivrance. La première fois qu’elle a parlé. Qu’elle a sourit. Qu’elle s’est énervée. La première fois qu’elle est sortie ou qu’elle a frappé un con dans la rue. Des choses insignifiantes, mais qui avaient perdu toute leur saveur. Une forte odeur de friture la frappe quand elle s’enfonce un peu plus dans la salle déjà bien peuplée en cette fin d’après-midi. Il fait encore jour et pourtant, la renommée de l’endroit semble justifiée. Seule, Maeve s’installe à une table inoccupée. Dos à ce qui lui paraît être la cuisine, presque entièrement dissimulée derrière une de ces banquettes en cuir collées contre le mur. Les prunelles de la serveuse parcourent l’endroit, analysent les couleurs avant qu’un employé s’approche d’elle, l’air épuisé.

Elle commande un café, qu’il lui sert presque immédiatement. Maeve ne le quitte pas des yeux, se demandant si les informations qu’elle a entendues sont vraies. Si elles sont encore d’actualité. S’il travaille vraiment ici. Les différents manières de forcer son ancien complice à sortir de la cuisine défilent dans son esprit alors que le café rempli sa tasse. Finalement, elle se décide à ne pas attendre plus longtemps. À quoi bon. « J’aimerais parler au cuisinier. Delsin. On m’a dit qu’il travaillait ici », demande-t-elle au serveur avant qu’il ne s’évapore. Prononcer son nom lui brûle la langue. Elle ne l’avait pas invoqué à voix haute depuis bien trop longtemps. Le serveur hoche la tête, sans rien dire de plus, avant de se diriger vers l’arrière du restaurant. Elle ne le suit pas du regard, de peur de croiser celui du cuisinier trop tôt. Et de provoquer sa fuite. Partagée entre excitation et vague de remords. Les doigts se resserrent autour de sa tasse de café brûlant. L’angoisse la prend au ventre avant même qu’elle ne pense à ce qui pourrait arriver.

CODAGE PAR AMATIS
GIF PAR NANAMI (DELSIN)
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
You were never gone ☾ MAEVE&DELSIN Empty
You were never gone ☾ MAEVE&DELSIN - Lun 2 Avr - 19:40

you were never gone
I felt empty space, never could explain. Like you were erased, never could replace. Now it's so clear with you right here. Like you were never gone. How it's meant to be, you held the key. Now promise me you'll never leave. Time slipped away, we stayed the same.

Le front ruisselle, la graisse colle au tablier et le filet compresse la tignasse. Des détails qui grattent la patience peu à peu. Chaque jour, il se demande bien ce qu’il fout là à agiter des ustensiles de cuisine, à contempler cette bouffe qui l’écœure. Il ne supporte plus jusqu’aux couleurs des épices qui se mélangent sur l’étagère. C'est une remise en question stérile néanmoins. L’enragé a égaré ses rêves quelque part entre la nuque et l’épaule de Maeve. Pile à l’endroit où ses larmes se sont accumulées. A la serrer si fort, il a fini par y laisser tout ce qu’il était. Son nouveau départ n’est plus qu’une belle promesse rédigée au fond d’un carnet qu’il s’est empressé de brûler. Ne lui reste que les cendres pour seul oxygène. La suie dans la gorge, dans l’œil et dans le crâne. Les articulations aussi encrassées que le train des pensées. Cette mécanique organique tellement rouillée qu’il semble perpétuellement fonctionner au ralenti. Si jeune et pourtant, déjà si usé que ça en devient risible. Le regard passe du steak au fond de la poêle à son collègue avec indifférence. L’assiette juste à côté des doigts, la nausée juste au bord des lèvres alors que la viande se dépose sur le pain. Pas surprenant qu’il traine toujours cette allure chétive vu la façon dont ce travail a réduit considérablement son appétit. Sa dégaine fantomatique ne dérange personne ici, c’est l’un des rares avantages qu’il obtient à bosser en cuisine. La main glisse contre la sonnette pour alerter le serveur. Mais contre toute attente, au lieu de s’emparer du burger sur la desserte, ce dernier franchit les portes pour l’interpeller. « Je sais, je suis en retard pour la commande de la six. » Qu’il anticipe, Delsin en retenant son irritation manifeste. Les paumes s’emparent déjà de la laitue quand le gars l’invite à sortir de son antre. Les traits se crispent. Ils vont me virer, ça y est qu’il se dit. Et ça ne l’arrange pas au fond malgré son aversion pour cet endroit. Parce qu’il vit déjà sur le fil du rasoir avec ses deux boulots minables. Pas le moment pour tomber dans la pauvreté totale.

Penaud, il suit ainsi son collaborateur, retire ce qui lui comprime le front et s’arrête dans la salle principale où les clients s’entassent. Là son acolyte lui désigne une silhouette du bout du doigt. « On a demandé après toi. Là-bas, table huit. » Le cuistot ne comprend pas, reste hébété - lui qui croyait rejoindre le bureau du patron et pas la table d’une inconnue. Il se met à marcher sans trop savoir pourquoi vers la personne qui l’a fait demander. Un compliment au chef ? De quoi exploser de rire si c'est le cas. A peine trois enjambées avant de la discerner et ce sont une multitude d’étages qu’il dévale, la tête la première. Il s’arrête net et expérimente une mauvaise fièvre. Chaud, froid, chaud. Crépitements au bout des doigts, fourmis dans tout le corps. Il se sent tomber en gardant pourtant toute sa hauteur. Fuir parait être la seule solution viable pour lui. Alors c’est ce qu’il fait intuitivement. Les talons se tournent abruptement, deux pas mais le collègue intervient. «  Qu’est-ce que tu fous ? Elle est juste là. » Il l’oblige à refaire demi-tour, posant ses grandes paluches sur ses épaules et le pousse dans la direction de la blonde. Tétanisé, l’endeuillé ne sait plus comment faire coordonner le moindre de ses mouvements. Oh, il sait que ça n’est pas Maeve. Ça ne peut pas être elle, il a tenu son cadavre au creux de ses bras. Juste un sosie, voilà tout. Combien de fois n’a-t-il pas cru apercevoir son visage dans la foule ? Combien de fois a-t-il suivi de loin des étrangères qui lui ressemblaient, dégageaient la même aura, possédaient la même démarche ? Plus maintenant. Parce que ça ne le ramène qu’à sa douleur, que ça l’oblige à s’enliser dans plus de questions qui ne trouveront de toute façon, jamais de réponse.

Mal à l’aise et affreusement secoué, il se place face à la cliente avec dépit mais est déterminé à ne pas relever les yeux. La courbe des cils pointe vers le bout des chaussures, comme un gosse qui a peur de se faire gronder. C’est bien à une punition qu’il veut échapper, celle qu'engendre le souvenir. La charlotte qu’il a ôté de sa crinière repose encore entre ses mains, il la tord nerveusement, frénétiquement. « Je peux faire quelque chose pour vous ? » Qu’il demande poliment sans parvenir à stabiliser totalement son timbre imparfait. Il est la risée de ce qui se joue à l’ombre des consciences, le cosmos doit vraiment se foutre royalement de sa gueule pour le forcer à croiser toutes les femmes qui ont la même apparence que celle qui l'a si lâchement abandonné.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
You were never gone ☾ MAEVE&DELSIN Empty
You were never gone ☾ MAEVE&DELSIN - Sam 7 Avr - 22:46


Les pas qui s’éloignent d’elle sont un soulagement, d’abord. Le serveur lui offre quelques seconde de répit avant d’affronter ce qu’elle redoute depuis des mois. Soulagement de courte durée quand elle réalise que la prochaine fois qu’elle percevra quelqu’un s’approcher de sa table, ce sera sûrement celui qu’elle est venue voir. L’angoisse soudain la prend aux tripes, nausée qu’elle ne peut pas réfréner. Elle a retardé cet instant un peu plus chaque jour. D’abord par contrainte, alors qu’elle n’était pas libre de ses mouvements. Pas même de son esprit. Par crainte, ensuite. Le temps qui passe et qui fait son oeuvre. La douleur qui se substitue au manque et qui devient quotidienne, normale. Qu’on finit par ne plus remarquer. Vivre avec devient ce qu’elle a toujours connu, elle ne se souvient même pas comment elle se sentait, avant. Avant d’en être arrivée là.

Des pas qui s’éloignent et d’autres qui reviennent bien plus vite qu’elle n’aurait pu l’imaginer. Les paumes se resserrent encore un peu plus autour de la tasse de café fumant. Moyen plutôt vain de concentrer son attention sur autre chose que sur ce qui l’attend. Autant dire l’inconnu total. Peut-être n’est-ce même pas lui, qui s’approche en traînant les pieds. Peut-être n’est-il même pas là. Peut-être a-t-elle confondu. Peut-être s’est-elle trompée. Au fond, tout au fond d’elle, elle l’espère presque. Redoutant tellement le regard qu’il pourrait poser sur elle en réalisant qu’elle n’est pas morte cette nuit là. Qu’elle n’a pas vraiment périt entre ses bras. Et que depuis, elle n’a pas daigné lui rendre visite. Elle a honte, à présent. Tiraillée entre son besoin irrépressible de le voir, de le toucher, de l’entendre, de sentir son ombre dans ses pas, et l’envie de se barrer de cet endroit plus vite qu’elle n’y est entrée.

C’est pourtant bien la silhouette de Deslin qu’elle reconnaît immédiatement en face d’elle. Son cœur s’emballe à l’instant même où ses prunelles avelines se posent sur son ancien complice. Ça lui fait mal rien que de le voir. Si elle a traversé le pire, nul doute que lui aussi a du affronter l’horreur en son absence. Ça se lit sur son visage. Les traits éteints et les yeux vides. Des yeux qui n’osent même pas se poser sur elle. Son estomac qui flanche, la blonde déglutit avec difficulté alors que ses yeux parcourent le cuisinier. Incapable de dire si c’est l’ambiance du restaurant qui lui donne cet air malade ou s’il l’est vraiment. Figée sur la banquette usée, Maeve se perd dans des souvenirs qu’elle ne parvient pas à remettre dans l’ordre. Elle qui avait silencieusement préparé tout un argumentaire pour justifier son manque de courage se retrouve à présent complètement désarmée.

« C’est plutôt à moi de te demander ça, non ? », souffle-t-elle machinalement, baissant les yeux à son tour sur sa tasse de café qu’elle n’a même pas entamée. C’est tout ce qui lui vient, dans un premier temps. Puisque c’est elle qui a carrément merdé, cette fois. Elle lui en a tellement voulu quand il l’a laissée tomber. Quand il a tout foiré et s’est retrouvé enfermé pendant des années. Elle lui en a tellement voulu qu’elle a du se sentir obligée de lui infliger la même punition pour qu’il comprenne à quel point ça lui a fait mal. Peut-être même encore pire que ça. « Je savais pas que tu bossais ici. Je serais venue avant, si j’avais su ». Le mensonge qui glisse sur la langue comme un doux poison. L’aurait-elle vraiment fait ? Ou se serait-elle terrée tout aussi longtemps en attendant de trouver la force de l’affronter depuis son geste fatal ? Maeve n’est plus sûre de rien. De personne. Ne sait plus très bien pourquoi elle est là. Rendue muette par le poids de sa propre faiblesse.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
You were never gone ☾ MAEVE&DELSIN Empty
You were never gone ☾ MAEVE&DELSIN - Dim 8 Avr - 0:11

you were never gone
I felt empty space, never could explain. Like you were erased, never could replace. Now it's so clear with you right here. Like you were never gone. How it's meant to be, you held the key. Now promise me you'll never leave. Time slipped away, we stayed the same.

Le regard continue de s’intéresser au carrelage, il suit avec grand soin les interstices entre chaque dalle. En quelques secondes, il en a sans doute plus analysé qu’en plusieurs mois sur ce sol quelconque. La texture entre ses doigts devient désagréable, résultat naturel lié à la moiteur de ses mains. La nervosité l’obligerait presque à effectuer quelques pas par-ci, par-là, à remuer sur place comme un gosse hyperactif. Pourtant, il continue à se tenir droit, figé comme un soldat devant son supérieur hiérarchique. L’attente lui parait interminable avant que la voix ne massacre le peu de sang-froid qu’il a réussi à mobiliser. Les paupières se ferment, il capture avec fébrilité ce timbre si semblable. Chaque sonorité relève du miracle, pousse presque un soupir de contentement hors de sa gorge. La sémantique ne vient que tardivement déranger le fil bien encombré de ses pensées. A la seconde réplique, il déglutit avec un peu plus de difficulté. Tout cela n’a aucun sens. L’esprit refuse de s’accorder à cette réalité, qui ne peut être qu’alternative. Les quenottes emprisonnent la langue, la mordent avec vigueur. L’hémoglobine hante la cavité buccale alors, les légers lancinements ne cessent de le ramener au présent. Non, il ne s’est pas assoupi dans un coin de la cuisine. Alors quoi ? Le champ de vision se rouvre lentement, les prunelles atterrissent avec précaution sur les traits voisins. La prochaine minute n‘est dédiée qu’à la contemplation. Livide et incertain, Delsin hésite même à poser sa mimine sur le bras de la trépassée. Un mirage ? Pourquoi est-ce que son collègue l’aurait interpellé si c’était le cas ? C’est que lui aussi l’a vue. Et lui, il ne peut pas dérailler au point de subir une illusion auditive et visuelle. La confusion brouille son expression. Il perd de vue les émotions qui se bousculent au-dedans.

Quand les lèvres s’entrouvrent ultimement, aucun son n’en sort. Arrêté sur une phrase à jamais inachevée mentalement. Elle ne peut pas être quelqu’un d’autre - ce discours, ce timbre, ce visage soutiennent activement et objectivement les faits. Pourtant, ça ne peut être elle. « Je ne comprends pas. » Qu’il finit par articuler, d’une voix totalement dématérialisée. « Je ne pige pas. Ça n’est pas possible. »  La main se pose sur la table pour conserver la posture, un point d’appui bienvenue. Alors qu’auparavant, les iris fuyaient celles de son interlocutrice, elles s’ancrent cette fois-ci jusqu’à noyer l’esprit. Il en loupe des battements, il en perd toute sa raison. Le regard devient fou. « Tu es morte, Maeve. J’étais là. » Qu’il finit par lui dire d’un ton dur, la douleur revenant au centuple se distiller dans la poitrine. Une plaie qu’il n’a même pas cherché à désinfecter ou à suturer. Un deuil qu’il n’a jamais commencé, qu’il n’a pas voulu accepter. Il oscille encore entre la colère et le chagrin constamment. Cette souffrance ne peut être illégitime et donc, elle ne peut pas se trouver là. Surtout pas après tout ce qu’il a traversé depuis son suicide. « J’ai voulu te réanimer, les secours aussi. Ils m’ont dit que c’était terminé. Tu … » Le ténor gagne en décibels, alerte même le client d’à côté dont la tête se tourne prestement vers l’emporté. « Ça n’est pas possible. Si c’est une farce… »  La paume posée juste là devant la tasse de café, claque avec force contre le plastique avant que les fesses ne viennent se coller au siège juste en face. S’il reste debout, il démolit quelque chose ou il s’effondre. S’asseoir parait donc être une option viable.

D’autres regards courent sur leurs silhouettes. Lui qui a horreur de se donner en spectacle en temps normal. Le crâne atterrit entre les mains. Le cuistot effectue quelques exercices de respiration pour se reprendre, régit les tremblements de sa carcasse. Il n’arrive même pas à lui demander des explications, ni à digérer cette vérité. Y croire reviendrait à espérer. L’endeuillé ne peut pas se le permettre, ne pourra jamais le supporter. Pas assez costaud pour subir un nouvel échec. En gardant les yeux fermés, il s’assure de la revoir bien inerte sur ce sol glacé où il l'a ramassée. Peut-être que quand il relèvera le menton, elle aura disparu. Bien joué, maintenant, il n’osera même plus fixer ses pupilles sur le décor et reste bloqué dans cette même position sans savoir quoi faire. Il a peur qu’elle soit vivante. Et il est terrorisé à l’idée qu’elle soit bien morte. Que peut-il donc attendre des minutes qui suivront ? Si déjà son propre souhait tarde à se matérialiser et que son mental subit un blocage que rien ne semble en mesure d'enrailler.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
You were never gone ☾ MAEVE&DELSIN Empty
You were never gone ☾ MAEVE&DELSIN - Dim 8 Avr - 23:01


Perdue entre deux univers opposés, le regard de Maeve oscille entre la silhouette masculine et sa tasse de café. Elle ne parvient à soutenir le regard de Delsin qu’une poignée de secondes seulement, avant de finalement le baisser à son tour. C’est presque de la honte, qui pèse sur ses épaules. Ou ce qui s’en approche le plus. Un profond sentiment de culpabilité. Des regrets qu’elle ne pourra jamais réparer. Des erreurs qu’elle ne pourra jamais rattraper. Sa voix est aussi frêle que la force de ses convictions. Elle qui n’est plus sûre de rien, depuis sa sortie de l’asile. Et l’homme qui se tient en face d’elle a tout d’un étranger. Sauf la colère qu’elle peut lire sur son visage. Cette colère latente qu’elle reconnaîtrait entre mille. Celle qu’elle a déjà provoquée. Trop provoquée. Il a l’air confus. À raison. Et la blonde aimerait lui dire qu’elle l’est tout autant que lui. Mais ce ne serait qu’un mensonge de plus. Une erreur supplémentaire qu’elle regretterait sur le champ. Alors Maeve ne dit plus rien. Et la minute qui s’écoule avant qu’il ne brise le silence lui paraît être une nouvelle éternité à traverser.

Chaque mot qu’il prononce est comme une aiguille enfoncée dans sa poitrine. Ça transperce l’échine et détruit ses vaisseaux. Chaque petit nerfs constituant son organisme est affecté. Mais la serveuse ne peut rien à dire. Elle ne peut se résoudre à le contredire. Car il a raison, au fond. Tout ça n’a aucun sens. Elle ne devrait pas être là. Elle ne devrait pas être en vie. Et c’est aussi peut-être un peu pour lui éviter cette triste vérité trop dure à admettre qu’elle n’est pas venue le voir plus tôt. Qu’elle n’a pas daigné le retrouver avant. Maintenant, c’est comme si ce qu’elle n’avait pas fait était trop ancré entre eux pour disparaître. L’impression délicate que quelque chose s’est brisé. Comme elle a été brisée. Tu es morte, qu’il insiste. Et ça la fait presque sursauter. Son cœur manque un battement quand elle doit affronter la vérité. Devoir l’affronter venant de lui est encore plus dur qu’elle ne l’aurait imaginé. Elle qui cherchait pourtant à fuir ce regard noir qu’il lui lance à présent.

« Je sais. Techniquement, je l’étais » C’est un souffle à peine audible qui franchit la barrière de ses lèvres. Elle ose à peine élever la voix, de peur de provoquer chez lui une réaction plus douloureuse encore. Elle se confond de douceur pour contraster avec la sévérité qu’il dégage. Se fond avec le cuir de la banquette du mieux qu’elle peut pour ne pas lui paraître plus envahissante qu’elle ne l’est déjà. Lorsque la paume s’abat brusquement sur la table, Maeve étouffe un cri de surprise, se recroqueville encore plus sur elle-même, ignorant les regards interrogateurs lancés par les autres clients présents dans le petit restaurant. Elle se fiche des autres. Tout ce qui importe, c’est lui. Sa détresse la rend malade. Littéralement. Son estomac se tord de le voir dans un tel état par sa faute. Il s’assoit finalement juste en face d’elle. La trafiquante le vit presque comme une délivrance. Un soulagement, tout du moins. Elle qui craignait qu’il ne prenne ses jambes à son cou en voyant son visage.

Ne pouvant retenir ce que ses tripes lui hurlent plus longtemps, elle se redresse, se penche doucement en avant, écartant sa tasse de café toujours pleine d’un geste lent. Les doigts effleurent le bras du cuisinier avant que la paume glacée ne s’y agrippe pour de bon. Son contact est comme un électrochoc et elle retient un mouvement de recul. Comme un réflexe. « Je suis vraiment là. C’est moi, Del. Je te jure que c’est vraiment moi », promet-elle dans un souffle, cherchant désespérément le regard de son ancien complice pour lui prouver ses dires. Le front plissé, elle prolonge son geste pendant plusieurs secondes avant de briser le contact salvateur. « T'as cru que je t'avais oublié ? », articule-t-elle dans une vaine tentative d'alléger le ton employé, alors que ses doigts glissent sur la table. La dernière fois qu’ils se sont touchés, elle venait de rendre ce qui était censé être son dernier souffle. Depuis, sa peau ne semble pas avoir retrouvé sa chaleur. Mais les mois qui ont passé depuis ce jour ont laissé leur marque sur la jeune femme qui craint d’avoir perdu pour toujours ce qui la maintenait sur pieds. Combler ce manque qui lui lacère les entrailles.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
You were never gone ☾ MAEVE&DELSIN Empty
You were never gone ☾ MAEVE&DELSIN - Lun 9 Avr - 2:14

you were never gone
I felt empty space, never could explain. Like you were erased, never could replace. Now it's so clear with you right here. Like you were never gone. How it's meant to be, you held the key. Now promise me you'll never leave. Time slipped away, we stayed the same.

Bloqués entre la table et le siège, coincés entre le passé et le présent, captifs des circonstances, n’ont-ils pas cessé toute leur vie de traquer leur liberté pour se retrouver là finalement ? Quand l’un a goûté à l’horizon, l’autre lui a reproché d’avoir avalé le ciel. Mais quand Delsin s’est brûlé en effleurant le soleil, Maeve a provoqué sa propre éclipse. En crevant, elle a fait disparaitre jusqu’à l’aube. Et elle aimerait lui faire croire désormais que le jour se lève à nouveau bien que les contrées soient désertes, infertiles, piétinées. Comme il voudrait réussir à la détester, ça serait tellement plus simple. Il a tenté, ça oui, il a voulu la haïr de tout son être dès le début du cauchemar mais plus il s’est obstiné à vouloir la chasser de son organisme, plus elle s’est insinuée dans ses pensées, plus elle a fait son nid au fond de ses entrailles. Maeve, il l’a dans la peau depuis bien trop d’années. Elle a toujours été bien trop mêlée à son existence pour qu’il réussisse à se définir sans l’impliquer. Jusqu’à aujourd’hui, même après son trépas, il l’a laissée gouverner sa vie. Il ne serait pas là si elle ne l’avait pas abandonné. Que croit-elle pouvoir encore brûler maintenant ? Comme il aimerait pouvoir lui demander. Il ne reste plus rien à consumer chez lui, elle a déjà tout emporté. Mais il sait, même dans cette confusion, dans ce surréalisme, qu’il lui filerait ses os à cramer s’il le pouvait. Il y a des erreurs qu’il est voué à répéter. On ne lui a rien enseigné. On ne lui a rien appris sur la survie. Il a dû apprendre sur le tas.

Mais là, maintenant, dans la seconde, il ne sait même plus comment faire pour reprendre pied. Il n’arrive toujours pas à y croire. Et quand la main de la petite chose recroquevillée atteint son bras, un sursaut désarçonne le corps tout entier. La tête s’échappe des mains, le membre réquisitionné tombe à plat sur la table. La volonté s’évanouit, il l’aurait repoussée s’il l’avait pu. Si une seule part de lui n’avait pas été fascinée par ce contact, cette tangibilité, il aurait réagi violemment. Le regard se fixe sur un coin de la surface qui les sépare, perdu dans le vide comme l’esprit. Au début du drame, le cuistot a pensé à la blague et à ce moment-là, il l’aurait cru sans hésiter, il en avait besoin. Mais maintenant, ça n’a pas de sens. Dans sa caboche, les mots reviennent, l’écho de ces voix étrangères lui annonçant le pire. Ce qui a hanté ses rêves durant de longs mois, ce qui le réveille encore maintenant en pleine nuit. « Ton cœur ne battait plus, ils ont dit que tes organes n’étaient déjà plus assez oxygénés pour espérer la moindre survie. Que même s’ils parvenaient à faire redémarrer ton cœur, tu aurais des séquelles trop lourdes pour que ça soit viable. Ils ont dit que tu avais fait du bon boulot pour te saboter, que tu savais ce que tu faisais quand tu l'as fait. » De la rage à l’abattement. Et avec ce discours, il tente de remettre en perspective ce qu’elle balaie par miracle. Comme si énoncer les faits allait rendre la situation plus limpide. Bien au contraire, elle accentue l’irréalité du moment. Totalement vidé de toute énergie, il l’écoute déblatérer une autre aberration. De celle qui resserre le cœur, le contamine d'émotions et le détache ensuite. Oui, comme il aimerait qu'elle n'ait plus ce pouvoir-là sur lui.

Alors les yeux reviennent la chercher, encadrés par les sourcils froncés. Heureusement, elle a ôté ses doigts de son bras. Il les aurait retiré lui-même sinon.  « Tu ne m’as pas oublié ? Vraiment ? Alors t’étais où si t’étais vivante tout ce temps ? Pas un coup de fil, pas une seule foutue lettre, pas le moindre mot... Tu n’as pas cherché à me joindre, tu m’as laissé croire tout ce temps que t’avais réussi à te tuer. » Si tout ça est vrai parce que ça lui semble toujours aussi tordu - alors, c’est à ça qu’elle doit répondre. « Et maintenant, tu reviens en me disant que ces trois dernières années d’horreur n’ont été que du vent et que t’es là maintenant ? » Qu'il lui demande d'une voix dure, grave. Sait-elle seulement ce qu’elle a fait de lui en disparaissant ? Sait-elle ce que ça fait d’ouvrir les yeux et de croire que tout est comme avant, avant de se rappeler de la réalité et de crever en silence, sans le moindre témoin ? Recroquevillé entre ses draps, à étouffer des cris contre l’oreiller, à ravaler ses sanglots en public ? Sait-elle ce que ça fait de voir partout celle qu'on a perdu ? De ne pas savoir ce qu’on a fait de mal ? De savoir, par contre, qu’on a pas réussi à sauver quelqu’un d’important ? Et tout ce qu’il voulait lui dire, tout ce qu’il aurait dû lui dire, tout ce qu'il n'aurait jamais dû dire ? Cette culpabilité, cette douleur, ce sentiment d’injustice, d’inachevé, d'impuissance, connait-elle tout ça ? Non, si Maeve savait tout ça, elle ne se serait pas pointée là avec l’idée de partager de vieux souvenirs autour d’un café. Elle aurait présenté des excuses, de vraies excuses. Elle lui aurait fourni des explications. Elle ne se serait pas présentée sans s’annoncer après autant d’années, comme s’il n’était qu’une connaissance lointaine avec qui elle tentait de renouer.  « Si c'est bien toi... Alors pourquoi tu ne m'as pas contacté plus tôt ? » Il y a tellement de trous dans cette histoire, tellement d’incohérences. Et il n’aura pas assez de l’heure pour tout comprendre. Ni assez de jours pour accepter. Pas assez de mois pour réaliser. Encore une fois, il a peur d'espérer. Il se raccroche à sa colère pour ne pas éprouver la moindre once de joie. Tout ce qui est trop beau, ne peut être vrai. Et c'est ça qu'il a appris sur le tas.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
You were never gone ☾ MAEVE&DELSIN Empty
You were never gone ☾ MAEVE&DELSIN - Jeu 12 Avr - 22:06



Le regard de la blonde se confond d’un mélange amer, entre excuses qu’elle ne parvient à formuler ouvertement et colère qu’elle ne veut pas crier maintenant. Pas devant lui. Elle ne veut pas que ce soit lui qui en fasse les frais une fois de plus. Elle revit sa propre mort chaque fois que ses yeux croisent ceux du cuisinier, les images défilent sur les rétines masculines qu’elle ne peut se résoudre à soutenir. Elle qui n’admet pas vraiment avoir commis l’irréparable. Comme si cela faisait partie d’une autre vie. D’une autre personne. Une personne qu’elle n’est plus mais qui doit apprendre à cohabiter avec des souvenirs passés, partagés. Elle ne peut que trop bien imaginer la douleur par laquelle il est passé. Pour l’avoir connue elle-aussi. Première victime de sa propre volonté. C’est elle qui a précipité leur chute. Sa chute. C’est elle qui a provoqué l’irréparable. Et la voilà désormais, à tenter l’impensable. Les mots qu’il déblatère ne font que remuer un peu plus le couteau dans une plaie déjà béante. Les bras croisés sur son abdomen, elle s’enfonce encore un peu plus dans la banquette usée, fuyant schématiquement une vérité qu’elle ne peut pas entendre. Qu’elle ne veut pas admettre.

« Pour une fois dans ma vie, je savais ce que je faisais, oui. Ça veut pas dire que je recommencerais » Le timbre devient presque sévère. Marque l’amertume qui se répand par tous les pores de sa peau. Elle resserre les phalanges autour de ses propres bras. Atténue sa voix, pour conserver un certain contraste avec celle de Delsin qui se fait de plus en plus dure. « C’est pas la seule chose que je changerais, si j’en avais l’occasion », avoue-t-elle sans même réfléchir, sans demi-mesure. Ça lui vient naturellement, dans un souffle, un soupir. Un rien du tout. L’aveu de trop, peut-être. Mais il fallait qu’elle le fasse. Ça ne lui apportera peut-être rien de bon. Mais ça ne peut pas être pire. Lui aussi, aurait des choses à changer dans son existence. Son passage en prison n’était pas une nécessité. Il a sûrement oublié, à quel point il lui a manqué, quand il l’a abandonnée. À cette époque, elle n’a rien trouvé de mieux à faire que de trouver de l’affection fictive chez un type qui n’en valait définitivement pas la peine. Ça aussi, elle l’effacerait de sa ligne de vie, si elle le pouvait.

Elle met fin au contact à peine l’a-t-elle initié. Prenant conscience qu’elle est sûrement en train de franchir une limite qu’il n’est pas prêt à accepter. Chaque mot qu’il prononce ensuite est une nouvelle aiguille venant se planter violemment dans sa poitrine à nu. Il lui fait voir tout ce qu’elle a délibérément occulté depuis des mois. Tout ce qu’elle a repoussé à plus tard, en espérant naïvement, au fond, que ça ne change rien. Mais bien consciente, malgré ça, que ça changerait tout. Elle aimerait pouvoir tout lui raconter, accélérer le temps pour s’épargner de longues minutes de récit qui la replongeraient dans des souvenirs qu’elle ne veut pas revivre. Des années de cauchemar pourtant bien réelles, des années d’horreur qu’elle a partagé avec lui. Bien qu’il n’en ait pas encore conscience. Elle se mord la lèvre inférieure, nerveuse alors qu’il la pousse à affronter tout ce qu’elle a mis de côté. Laissant son timbre presque enragé remplir leur espace jusqu’à l’étouffer. Il a raison. C’est ça, qui fait le plus mal. Toutes les justifications du monde ne pourront expliquer pourquoi elle n’est pas directement retournée le voir après sa sortie de l’enfer.

« Je pouvais pas », lâche-t-elle finalement, alors qu’elle n’en peut plus de l’écouter parler d’elle de cette manière. « C’est compliqué » L’enchaînement est rude. Chaque parole se coince un moment au fond de sa gorge avant de s’en échapper. Elle déglutit difficilement à chaque fois qu’elle tente de formuler quelque chose. Le moment qu’elle redoutait tant est finalement arrivé. Ce n’est pas exactement comme ça qu’elle imaginait leurs retrouvailles. Mais c’est sûrement celles qu’elle mérite. « Quelque chose à changé, depuis cette nuit-là » Elle en parle comme s’il ne s’agissait que d’un conte raconté pendant les nuit d’été. Une histoire d’horreur lointaine, qui ne la concerne pas. « Ça ne m'excuse pas complètement, mais je peux tout t’expliquer » Un soupir fend ses lèvres alors qu’elle se décide finalement à boire quelques gorgées de son café. « Ça risque d’être un peu long », ajoute-t-elle en reposant la tasse sur la table qui les sépare. Comme un cran de sûrement avant le coup fatal. Son regard devenu sombre se plonge dans celui de Delsin. Espérant sincèrement qu’il ait encore le temps et l'envie de l’écouter, après ça. Malgré tout ça.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
You were never gone ☾ MAEVE&DELSIN Empty
You were never gone ☾ MAEVE&DELSIN - Sam 14 Avr - 1:47

you were never gone
I felt empty space, never could explain. Like you were erased, never could replace. Now it's so clear with you right here. Like you were never gone. How it's meant to be, you held the key. Now promise me you'll never leave. Time slipped away, we stayed the same.

Comme il aimerait recevoir ses mots autrement que perché à deux mille mètres d’altitude. Si loin d’elle, si mal ancré dans le sol, définitivement propulsé dans une autre dimension. Il en a le vertige. Tout ça n’appartient pas à sa réalité, c’est presque ce qu’il a espéré, rêvé si longtemps. De la revoir là, les émotions bousculant ses traits si finement dessinés. Combien de fois a-t-il esquissé sa silhouette à l’autre bout d’une pièce ? Combien de fois l’a-t-il imaginé revenir pour tout réparer ? Les blessures n’ont pas disparu à son contact pourtant, ni même à ses paroles qu’elle veut sans nul doute rassurantes. Bien au contraire, Maeve fait ressortir chaque douleur, amplifie la profondeur des meurtrissures. Elles palpitent dans chaque fibre de son être. Ne peut-elle le voir ? Son beau rêve ne ressemble pas à un cauchemar mais il ne lui appartient plus désormais. Il n’a aucun contrôle sur ses émotions, sur la tournure des événements et il subit cet état de rage qui dresse quelques remparts entre eux. Elle se replie, elle se défend. Elle est acculée. Mais l’orphelin, il a arrêté de croire au miracle. Difficile d’avaler ce qu’elle lui balance toujours comme s’ils s’étaient quittés la veille. Lui a l’impression d’avoir vécu plusieurs décennies depuis leur dernière entrevue.

Un début de vérité s’échappe des lèvres adverses mais c’est un goût de trop peu qui se mêle à l’amertume. Elle amorce l’idée d’un long récit sans jamais l’entamer toutefois. Et le monde qu’il a sciemment occulté durant ces dernières minutes se réimpose à son bon souvenir quand le serveur l’interpelle. Le menton se redresse. Un signe pour chasser son collègue et puis, il l’observe à nouveau, totalement en décalage avec cette normalité qui ne reflète que son échec. Durant une poignée de secondes, il ne sert à la blonde qu’un regard hagard. Paumé, il cherche le Nord au fond de ses yeux et s’égare davantage dans la brume. Un grognement, une main qui passe devant les yeux. Il n’en peut plus d’être aveuglé. Mais c’est ainsi. Et il doute que ça change un jour.

En essuyant la sueur sur son front, le prophète tente de s’offrir une ligne de conduite à défaut de réellement capter ce qui vient chambouler sa vie depuis qu’il a mis son foutu pied dans la salle principale. Toujours livide et affreusement confus, il finit par reprendre de la hauteur. « Cet endroit n’est pas adapté à cette discussion. » Qu’il conclut. Plus de dureté dans le timbre. La voix est blanche, dématérialisée, à l’image de son mental en perdition. « Viens, suis-moi. » Il enjambe l’espace qui les sépare de la cuisine, passe la tête dans l’encadrement tout en ôtant son tablier pour le déposer à l’entrée, sur la desserte avec la charlotte massacrée par sa nervosité. « Je prends ma pause. » Peut-être même sa soirée à bien y réfléchir. Sauf qu’il ne réfléchit déjà plus. « Del… T’es sérieux ? » C’est tout ce qui lui parvient derrière les portes qu’il referme. Petite voix fluette et étouffée dont le mortel se moque bien. L’homme prend la porte de droite et invite sa comparse à le suivre. Ici, personne ne viendra les déranger. Les vestiaires sont même totalement déserts. Le brouhaha du fast-food semble lointain, écrasé contre la paroi métallique qu'il a refermée. Les bancs disposés au centre de la pièce sont encadrés par les casiers des employés. L’envie le démange de foncer vers le sien, récupérer son paquet de cigarettes et s’adonner à sa seule drogue. Mais ce n’est pas sa première action.

Avec plus de prudence qu’auparavant, ses prunelles viennent se poser sur la revenante. « C’est trop beau pour être vrai, Maeve. » Qu’il finit par lui avouer d’un ton légèrement moins neutre, un peu plus instable. Et comme pour tester cette réalité, il s’approche enfin d’elle. A chaque pas esquissé, l’impression qu’elle finira par s’évanouir, qu’elle disparaitra en un clin d’œil, ne laissant sur son chemin qu’une trainée de cendres, lui prend aux tripes. Une illusion de plus, qui sait ? Ses doigts coulissent avec précaution contre l'épiderme de la belle. Il croit manier une poupée de porcelaine quand ils se posent contre sa pommette, chassent une mèche de cheveux avant de retomber mollement contre le flanc. Ne jamais abuser de sa chance, se dit-il, toujours convaincu du délire ou de la duperie. « Tu dis que quelque chose a changé depuis cette foutue nuit mais c’est absolument tout qui a changé depuis que t’es… Partie. » Son existence morcelée par ce départ précipité, un aller simple pour les enfers et aujourd’hui, la promesse d’un retour en terres saintes ? Ça ne peut être aussi simple. Il ne sait même pas s’il arrivera à lui pardonner son geste. Encore moins ses années de silence. En attendant de tirer tout ça au clair, il poursuit sur cette lancée plus productive tant qu’il parvient à maitriser sa hargne. Il puise davantage dans sa cervelle cette fois-ci. « Pourquoi revenir maintenant alors ? Pourquoi aujourd’hui ? » Un murmure. Il veut comprendre. C’est une chance offerte pour qu’elle lui explique. Qu’il puisse peut-être parvenir à accepter les excuses qu’elle a presque amorcées et qui l’ont partiellement calmé. Encore faudrait-il qu’il cesse de penser qu’elle finira par s'évaporer dans un nuage de fumée.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
You were never gone ☾ MAEVE&DELSIN Empty
You were never gone ☾ MAEVE&DELSIN - Dim 22 Avr - 11:37



La distance qui les sépare est une brûlure contre sa peau diaphane. Distance aussi bien physique que morale, elle se débat en vain contre cette impression brutale qu’ils ne se retrouveront jamais vraiment. Elle qui a pourtant espéré le contraire si longtemps. L’espace entre leurs deux êtres est aussi palpable que le bras sur lequel elle a osé poser sa main glacée, malgré les signaux inverses qu’il s’efforce de lui lancer. Elle se perd dans la quantité d’informations à lui délivrer. Pas vraiment certaine que lui dire tout ce qu’elle a à lui dire aussi brusquement soit la bonne solution. Et ce constat n’en est que plus renforcé par le regard hagard qu’il lui lance. Les prunelles du cuisinier semblent la transpercer de part en part, comme si elle n’était pas réellement là, comme si elle n’était qu’une enveloppe invisible. Un souvenir devenu trop présent pour le mettre de côté. Un fantôme du passé qui ne retrouvera jamais sa place dans le présent. L’amertume lui brûle la gorge alors qu’elle se renferme un peu plus sur elle-même, enfoncée sur son siège, elle se laisse complètement aller entre l’envie de disparaître et de ne plus jamais partir. Elle tord ses phalanges dans tous les sens, rendue nerveuse par la demi-vérité qu’elle vient de livrer et l’attente d’une réaction, quelle qu’elle soit.

La conclusion qu’il finit par tirer est celle qu’elle attendait. Qu’elle espérait, si fort qu’il l’a peut-être même entendue. Ce qu’elle doit lui avouer ne peut pas se faire dans des conditions aussi précaires, peu appropriées. Et lorsqu’il lui intime de le suivre, la blonde ne se fait pas prier. Elle se lève, immédiatement à sa suite, en oublie son café entamé sur la table où il refroidit déjà. Delsin prend congé plus rapidement qu’elle ne l’aurait pensé et elle n’a pas le temps de réfléchir à la manière d’aborder les choses qu’elle se retrouve déjà dans une pièce aux allures de vestiaires, seule avec celui qu’elle désespère de retrouver. Les iris ambrées de l’américaine analysent un instant l’endroit avant que la voix de Delsin ne vienne rompre le silence. Trop beau pour être vrai, certainement. Ce n’est pas de cette manière qu’elle a vécu son retour parmi les vivants, pourtant. Il lui a fallut des mois pour comprendre sa chance. C’est peut-être aussi cette donnée en particulier qui l’a empêchée de faire le premier pas vers lui. Il fallait qu’elle change. Et qu’elle le comprenne.

« La chance fini par tourner. J’imagine » Le murmure est à peine audible. Elle le formule difficilement, plus par politesse que par honnêteté. Elle ne veut pas l’alarmer, l’inquiéter plus qu’il ne doit déjà l’être. Pourtant, le moment qu’elle redoute va finir par arriver. Et cette simple idée lui tord déjà l’estomac. Elle n’ose pas vraiment le regarder, pour le moment. Préfère concentrer ses prunelles avelines sur ce qui les entoure et qui n’a pas grand intérêt. Elle ne discerne pas le geste du cuisinier. Pas immédiatement. Ne le capte qu’une fois que ses doigts se posent sur sa joue. Le contact la ramène brusquement vers lui et ses yeux se posent enfin sur Delsin, osent finalement croiser son chemin. Trop court cependant, pour qu’elle n’aie le courage de respirer, de peur de l’écourter plus encore. Elle soupire quand il s’éloigne, soulagée qu’il ne prenne pas la fuite. Change d’avis et la mette à la porte. « Toi aussi t’as des choses à me dire, dans ce cas » L’intérêt qu’elle lui porte n’est pas feint. Si elle a vécu plusieurs vies depuis sa tentative ratée, ça doit forcément être le cas pour lui aussi.

Les questions qu’il formule lui donnent le vertige. Elle n’a pas de réponse valable à lui donner, et sa réaction l’effraie. Elle peut sentir la colère grimper davantage tout autour d’eux. Nauséeuse et paumée, elle s’éloigne. Prend place sur un banc au centre de la pièce, genoux serrés et tête basse. Le cœur qui s’emballe, elle se force à calmer sa respiration. « Je te l’ai dit. Je pouvais pas », se contente-t-elle de répondre dans un souffle. D’une seule traite. Sans réfléchir. Les mains se crispent autour du bois sur lequel elle a pris place. Elle ne peut pas laisser le silence s’installer trop longtemps. Mais par où commencer, quand tout ce qu’on a à dire n’a aucun sens ? « Je me rappelle de rien, de cette nuit là. Pas après avoir perdu connaissance. Tout ce que je sais, c’est que je me suis réveillée à l’hôpital et que j’étais plus vraiment moi » Elle secoue la tête, frustrée de ne pas savoir de quelle manière formuler ce qu’elle a ressenti ce jour-là, incapable de poser des mots concrets sur ce qu’elle a vécu.

« Les médecins n’ont pas été capables de m’expliquer ce qui m’est arrivé. Ils n’ont pas compris comment je pouvais être en vie. Mais je me souvenais de rien. Je me souvenais pas de toi » La voix se brise à l’instant même où elle fait cet aveu. Encore trop douloureux. Honteux. « Ils appellent ça de l’amnésie partielle. Tout était censé s’arranger au bout de quelques heures. Quelques jours au maximum. Sauf que je me sentais mal tout le temps. J’étais pas comme avant. Je me suis regardée dans le miroir et mes cheveux étaient devenus blancs. Complètement blancs. Comme si ils étaient morts » Les yeux de la blonde à qui les teintures sont devenues familières se perdent dans un néant qui lui est propre. Elle revit ce qu’elle décrit à mesure que sa voix dessine des souvenirs douloureux. « Les voix sont arrivées peu après. Je les entendais quasiment tout le temps. C’était horrible. Je me réveillais en hurlant, alors j’ai arrêté de dormir. Mais je continuais de hurler. Les médecins, ils comprenaient pas alors, comme personne était venu me voir et que je me souvenais de rien, ils ont pris une décision radicale » Un rire amer échappe à ses lèvres. Elle lève les yeux au ciel, ne croyant pas elle-même à ce qu’elle raconte, l’ayant pourtant vécu. « J’étais devenue folle. Alors ils m’ont envoyée à l’asile. J’étais enfermée, Del. Pendant des mois. Tellement shootée aux médocs que je tenais plus sur mes jambes » C’est tout ce qu’elle parvient formuler pour le moment. Elle souffle une nouvelle fois, ses yeux retrouvent le sol, incapable de soutenir le regard du cuisinier après cette confession brûlante qu’elle aurait du lui faire bien plus tôt.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
You were never gone ☾ MAEVE&DELSIN Empty
You were never gone ☾ MAEVE&DELSIN - Lun 23 Avr - 0:58

you were never gone
I felt empty space, never could explain. Like you were erased, never could replace. Now it's so clear with you right here. Like you were never gone. How it's meant to be, you held the key. Now promise me you'll never leave. Time slipped away, we stayed the same.

L’atmosphère se charge en tension. Derrière les regards échangés, la même impression de suffocation qui survient avant l’orage, le même excès de chaleur qui annonce l'électricité. Son état ne lui permet même pas de s’abriter de tout éclair éventuel. Delsin, il évolue toujours dans ce monde parallèle où rien n’est réel. En apesanteur pour mieux retomber, les deux genoux fracassés sur le carrelage. Ils multiplient les fuites et les rapprochements en doutant de la signification de cette danse incontrôlable. Il n’y a plus de distance correcte entre eux, ils ont déraillé il y a une poignée d’années sans plus savoir où se situer désormais. Toujours calés sur la même voie, projetés sur le bas-côté ou bloqués sous le convoi ? Comme il aimerait le savoir. Le temps les sépare, les émotions les rassemblent. Maeve lutte, elle aussi, contre les vents contraires, s’abandonne à la gravité pour rencontrer le banc. Difficile de trouver le centre de l’Univers et de comprendre autour de quel astre orbiter. Le cuisinier se voit déjà retrouver sa place à ses côtés, tournoyer autour d’elle jusqu’à retrouver son foutu équilibre. Parvenir à tracer une route au lieu de dériver dans le néant. Mais la peur demeure. De se raccrocher à un système solaire défaillant, incomplet et de se retrouver face à une nouvelle explosion. Les dégâts que l’absence a causés, ne lui ont jamais paru plus irréversibles. L’espace que la miraculée observe, l’oblige à caler son épaule contre une armoire métallique à proximité. Ses yeux dévient comme ceux de la revenante, il fixe ses propres doigts figés sur le bras qu’il a replié contre sa poitrine. Ses mains rendues calleuses par tous ces combats, brûlées par endroit, coupées à d’autres - tellement de cicatrices accumulées depuis qu’elle a disparu. Ces mêmes paumes qui ne l’ont pas sauvée. Il se voit déjà s’en excuser, il a les mots au bord des lèvres. Cet élan de culpabilité se fait très vite balayer néanmoins.

Le récit débute alors et il l’écoute sans jamais réagir. Le corps ne remue pas, l’expression reste inchangée. Il se perd dans les images qu’elle lui balance, qu'elle lui colle à la rétine. Le souffle mesuré devient un peu plus anarchique à quelques reprises. Et quand elle termine enfin ses explications, il ne sait déjà plus ce qu’il est censé retenir et encore moins, ressentir. Cela fait longtemps maintenant qu’il ne sait pas lui-même comment il se sent. Alors quand elle revient pour lui jeter des justifications aussi folles que douloureuses, il ne peut pas savoir si sa psyché parvient seulement à l’encaisser. Lui pensait qu’avec ses justifications, il comprendrait mieux mais il est encore plus dépassé. La rage revient par vague, le titiller. Mécanisme de défense archaïque qui l'a toujours préservé. A tout ce silence qui s’est installé, à toutes ces personnes qui l’ont vu agripper la dépouille de la suicidaire et qui ne sont même pas revenus le chercher, il ne dédie que sa hargne. Déclarée orpheline, amnésique et folle, écartée de la société. Arrachée à lui. Le paranoïaque croit à cette persécution fictive qui lui fait croire que le cosmos tout entier conspire à leur malheur. Sa première vraie réaction s’articule sans qu’il ne le réalise, l'esprit trop immaculé pour lui donner le moindre indice. Le dos se décolle abruptement de son point d’appui, le corps tout entier se tourne vers la boîte métallique. Le poing se fiche dans le casier une fois. Deux fois. Trois fois. Le métal a rebondi contre la chair mais certaines marques apparaissent tout de même. Sa colère se disperse, laisse juste la souffrance dévorer le cœur. Il la voit si clairement, effrayée au fond d’une cellule capitonnée, à crier pour qu’on vienne l’aider.

La faiblesse artérielle le force à se laisser glisser jusqu’au sol. Recroquevillé sur lui-même, il tente de démêler tout ce flot d’informations, de catégoriser le probable et  l’impensable. Les mains reprennent le crâne en otage. Pour illustrer sa conduite, il délivre ses motivations. « Ils ne m’ont pas prévenu. A aucun moment. Ceux qui sont venus te chercher… Les secours. Ils savaient que j’étais... Qu’on se connaissait. Je leur avais donné mon nom et mon numéro… Enfin, je crois. Je sais plus vraiment comment ça s’est passé. » Toute cette panique et ce désespoir qui a réduit son monde. Devoir survivre à chaque seconde puis chaque minute et ensuite, chaque heure, ça lui a demandé tellement d’énergie que la mémoire a été atrophiée. Et donc, en plus de lui avoir caché sa résurrection, l’équipe médicale a pris des décisions drastiques sans le consulter. Comment a-t-elle pu subir cette horreur ? Comment a-t-elle pu survivre à ça ? Quelque part au milieu de ce chaos, le fou furieux se surprend à faire preuve de méfiance envers son alliée de toujours. Serait-elle capable de mentir ? Elle a bien été capable de se tuer sans jamais l’avertir de sa détresse. Sans même lui mentionner ses pensées noires. Lui qui croyait être suffisamment proche d’elle pour pouvoir le savoir. « C’est difficile. A comprendre, à avaler. C’est fou, ça ne parait même pas possible. Que tu finisses par survivre. Puis, t’imaginer en train de hurler dans un asile, droguée. Seule. » Sans moi. Sans même plus mon souvenir. Le timbre dérape, se brise. Le cauchemar de sa comparse le terrifie. Le visage disparu entre les doigts, se relève lentement. Les traits crispés par la peine et les pupilles contractées par l’aigreur, il cherche le regard de son interlocutrice. «  Tu as dit des mois, alors que ça fait trois ans là. » Sa voix devient plus forte, plus grave, plus accusatrice. « Ça fait trois ans, Maeve. Si tout ce que tu dis est vrai alors t’as vraiment mis tout ce temps à te souvenir de moi ? » Il aimerait ôter cet égoïsme de la discussion. Ce qu’elle vient de lui révéler lui en a coûté. Oui, il la connait encore assez pour l’attester à l’allure de sa posture, à la mélodie qu’elle met en forme de ses cordes vocales. Du moins, il espère toujours pouvoir analyser ce qu’elle dit tout en se taisant, ce qu’elle laisse échapper par tout ce qui se chuchote de ses gestes. L’endeuillé aimerait réussir à lui pardonner pleinement pour tout ce qu’elle l’a obligé à traverser. Il aimerait pouvoir mettre en sourdine ses propres difficultés afin de mieux se pencher sur ce besoin bien présent de se lever pour courir vers elle, l’étreindre jusqu’à lui faire tout oublier, la solitude, les traumatismes, l'enfer, les tourments. Mais il n’en est pas encore là. Il est loin de tout mais surtout d’elle pour l’instant.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
You were never gone ☾ MAEVE&DELSIN Empty
You were never gone ☾ MAEVE&DELSIN - Mar 8 Mai - 10:45



À mesure que les mots franchissent la barrière de ses lèvres, Maeve se rend compte de l’absurdité de ce qu’elle a vécu. De l’aspect peu crédible de son histoire. Prononcer les évènements à voix haute est un supplice. Une épreuve qui la replonge directement dans des souvenirs qu’elle préfèrerait oublier une bonne fois pour toute. Des souvenirs qui lui paraissent pourtant irréels car lointains. Influencés par la médication intensive qu’elle a subie pendant des mois. Elle n’ose pas lever les yeux, pendant de longues secondes. Ne veut même pas imaginer le regard de Delsin se pose sur elle après ces aveux douloureux. C’est trop dur de l’imaginer avoir pitié. Ou lui en vouloir encore plus. Ça lui ronge les tripes et lui fend le coeur en deux. Du moins, ce qu’il en reste. Elle, qui n’est plus que l’enveloppe charnelle d’un organe gelé. Ses phalanges blanchissent chaque fois que ses doigts se serrent autour des planches de bois sur lesquelles elle a pris place. Comme pour se raccrocher à la réalité, agripper un peu mieux ce qui semble lui échapper. Elle achève son récit déjà trop long, incapable d’aller plus loin. De s’enfoncer plus profondément dans sa mémoire troublée. Enveloppée de brouillard.

Elle sursaute quand le poing s’abat sur le casier non loin d’elle. Le bruit déclenché la fait frissonner. Première manifestation tangible de la colère ou de la déception que peut éprouver son ancien allié. Le seul qui a jamais compté. Celui qu’elle a pourtant occulté pendant des années. Violence répétée. Trois fois. Maeve ne cherche même pas à l’arrêter. Ne peut que comprendre l’état de rage qui semble l’habiter. Elle aurait certainement réagit de la même manière, si le rôles avaient été inversés. Peut-être pire encore. Une fois de plus, elle cherche comment justifier son absence désirée. Sans trouver les mots pour l’expliquer. Elle aimerait pouvoir le calmer, savoir quoi dire pour le retrouver. Mais ne reste que l’impression douloureuse qu’elle se bat contre un écran de fumée. C’est comme essayer d’attraper une brume volatile à mains nues. Impossible. Épuisant. Elle ose finalement poser ses prunelles avelines sur la silhouette du cuisinier. L’observe glisser jusqu’au sol et se retient de courir se blottir à ses côtés. L’envie est viscérale pourtant. Quelle idiote elle fait. Que pouvait-elle bien espérer ? Qu’il l’accueille à bras ouverts, après ce qu’elle lui a infligé ? Peut-être, au fond. Elle doit bien l’avouer.

« Alors t’étais vraiment là ? Ce soir là ? », parvient-elle à articuler malgré tout alors qu’il délivre une première bribe d’explication. Pourtant, elle ne fait que rendre le puzzle encore plus compliqué à résoudre. « J’étais même plus sûre de ça »  Le soupire est incontrôlé. Presque désespéré, de constater que même aujourd’hui, elle ne possède pas toutes les clés de sa propre vie. Se rendre compte qu’il était réellement présent au moment le plus critique de son existence a quelque chose de soulageant. Et presque autant inquiétant. Pourquoi n’a-t-il pas été prévenu, alors qu’elle se battait contre ses propres démons ? Pourquoi n’a-t-il pas été consulté, avant qu’elle soit envoyée à l’asile ? Elle qui n’est peut-être pas folle, après tout. Le front plissé, elle se perd dans des souvenirs qu’elle a longtemps mis de côté. Volontairement. Cherchant à y échapper, les oublier. Passer à autre chose. Mais revoir Delsin la force à revivre des épreuves qu’elle n’a déjà pas supportées la première fois. Elle peut sentir les dizaines d’aiguilles percer sa peau, les fluides conquérir ses veines contre son gré. L’eau glacée heurter son épiderme, projetée par un jet violent, soit disant destiné à éveiller son esprit. Lui faire retrouver la réalité. Torture moderne qu’elle a subit en silence.

C’est la voix masculine qui la tire de cette rêverie douloureuse. Pour tirer une conclusion qu’elle redoute depuis qu’elle a franchit le seuil de restaurant miteux. Trois ans. Le temps lui file entre les doigts. Les jours se sont écoulés plus vite qu’elle ne les a vécus. « Bien sûr que non. Tu es revenu après quelques jours, mais il était déjà trop tard » Elle le dit comme si elle avait perdu son bien le plus précieux, avant de remettre la main dessus sans s’y attendre. C’est l’effet que ça lui a fait, quand le visage de Delsin est réapparu dans sa mémoire alors qu’elle venait d’être admise à l’hôpital psychiatrique. Impossible d’en sortir sans un avis extérieur. « Quelqu’un est venu me chercher, un jour. On m’a sortie de là » Des gens qu'elle ne connaissait même pas, à l'époque. Un rire amer échappe à ses lèvres. Elle se trouve ridicule rien que de prononcer ces quelques mots.

« J’avais peur, Del. J’avais peur de ce que tu pouvais penser de moi. J’avais honte, tellement honte. Et surtout, j’étais plus la même. J’étais persuadée que tu me reconnaîtrais pas. Je voulais essayer de retrouver un semblant de normalité, avant de revenir te voir » Chaque mot qui traverse sa gorge lui arrache un épine plantée dans son échine. Elle grimace tant c’est devenu compliqué pour elle d’expliquer ce qu’elle n’a pas été capable de faire. Finalement, elle ne peut plus contenir les tremblements qui lui parcourent la colonne vertébrale. Maeve se lève brusquement, croise les bras sur son abdomen en plongeant son regard perçant dans celui du cuisinier. « T’as tous les droits d’être en colère contre moi. Je peux pas t’en vouloir pour ça. Mais pour ce que ça vaut, tu m'as jamais vraiment quittée. Même enfermée, t’étais là tout le temps » La voix se brise alors que sa seule défense contre la vulnérabilité se met en place. Maeve croise les bras sur son abdomen. Se dévoilant sous son jour le plus fragile. Le plus instable. Le timbre ne correspondant pas à l'air décidé qu’elle veut bien se donner. La distance entre eux lui bousille les entrailles. Elle ne la supporte plus. Pas après tout ce temps séparée de celui qu’elle crevait d’envie de retrouver.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
You were never gone ☾ MAEVE&DELSIN Empty
You were never gone ☾ MAEVE&DELSIN - Ven 11 Mai - 23:23

you were never gone
I felt empty space, never could explain. Like you were erased, never could replace. Now it's so clear with you right here. Like you were never gone. How it's meant to be, you held the key. Now promise me you'll never leave. Time slipped away, we stayed the same.

Il y a des questions qui sont plus difficiles à recevoir que leurs réponses à être articulées. Un oubli volontaire ou conséquent à l’état déplorable dans lequel il l’a dénichée. Comment a-t-elle pu omettre jusqu’à sa présence ce jour-là ?  Comment a-t-elle pu perdre jusqu'au souvenir de ses bras la soulevant, la soutenant désespérément ? En la ramassant, Delsin n’a même pas réussi à crier, à la martyriser de quelques insultes bien méritées. Pendant les quelques misérables minutes qu’il lui restait à respirer, lui, il l’a suppliée. De ne pas perdre connaissance. De rester en vie. De ne pas le quitter. Des paroles qu’elle n’a même pas perçues donc. Tout ce flot de sentiments qu’il lui a jeté au visage afin que l’envie de vivre surpasse l’acte de mort. De la salive gaspillée à causer avec une junkie trop défoncée. Comme cela aurait été plus simple pour lui de le reconnaitre à l'époque. De l’accepter. Et de continuer à le penser désormais. Sauf qu’à ses yeux, la dépressive n’a rien d’une droguée, rien d’une âme décadente que les substances chimiques auraient consumé. Même maintenant, même bercé par la rancœur et l’amertume, le brun se surprend à ne voir que la gamine qu’il a côtoyé au foyer. Que la môme qu’il voulait impressionner. Cette même gosse qui avait une dégaine transpirant la fierté et le fond des yeux qui criait sa détresse. Il a toujours aimé ce contraste entre l’assurance et la déroute, entre la confiance et la douleur. A jouer sur deux plans, entre force et fragilité. Maeve, elle a toujours flirté avec cette limite jusqu’à décider qu’elle n’était que faible. Elle a fait ce choix seule. Peut-être aurait-il dû lui prêter son regard afin qu’elle s’observe avec la même indulgence, la même douceur. La même fascination.

C’est que rien de tout ça n’a pas déserté la carcasse recroquevillée, c’est qu’il lutte toujours contre ces sentiments inavoués. Et qu’il en crève de le reconnaitre alors qu’il voudrait pouvoir la rejeter. « J’étais là, oui. Pour te ramasser, pour te parler, pour te voir crever. » Qu’il lui réplique d’un ton affreusement dur, sévère, grave. La souffrance d’assister au pire spectacle qu’il soit. Peine qui s’est poursuivie ensuite avec ses cauchemars. A se réveiller en hurlant, à se mordre les lèvres pour arrêter de respirer jusqu’à ce que ça passe, jusqu’à ne plus avoir l’impression d’être en train de se fissurer, de se démanteler. « Comment t’as pu faire ça ? » Comment tu as pu me faire ça qu’il veut vraiment dire sans parvenir à ajouter la pointe d’égoïsme. Les yeux tombent sur le carrelage à nouveau. Le chagrin grignote la voix. Il oscille toujours, imprévisible la réaction alors qu'il jongle si mal avec ces milliers d'émotions. « Quelques jours. » Qu’il répète de cette voix dématérialisée qui ne lui appartient pas, la prunelle éteinte et l’esprit vide. Mutique, absent, le cuistot subit chaque parole qui suit sans même plus pouvoir interagir avec le monde extérieur. Les frissons redeviennent convulsions, les dents en claquent légèrement sous l’effet de la crispation, de tout ce qu’il retient à l’intérieur de sa poitrine. L’explosion silencieuse au fond des entrailles, la violence qui gangrène l'organisme. Il se tait, Delsin. Il se tait parce que sinon il va tout faire foirer. Elle est forte, impérieuse, cette envie de fracasser chaque objet, de réduire en cendres chaque détail de cette mauvaise scène. De concrétiser ce besoin d’en finir avec la douleur et tous ses déclencheurs.

Il a les bras qui compressent ses propres genoux, la gueule de travers pour ne pas l’observer. Même quand elle se relève. Même quand elle articule des mots qui lui arrachent le cœur et le posent à terre, juste entre eux. Combien de secondes avant qu’elle ne le piétine à nouveau ? Lui qui a mis trois ans à le remettre plus ou moins en place. En moins d’une demi-heure, elle lui reprend avec une facilité déconcertante. Il ne peut pas l’accepter. Il ne veut pas l’accepter. « Mais toi, tu n’étais pas là. Tu n’étais plus là. » Le ténor se fait aussi sec que l’iris se pare de colère. « En fait, si, tu étais là pour me torturer chaque nuit. Je revois tout, en continu à chaque fois que je ferme les yeux. Ton regard vide, tes lèvres blanches. Ton corps inerte. Et tout ce qui avait servi à te bousiller à côté de toi. » Des détails sordides qu’elle se doit de réaliser.

L’injustice de ce retour, le beau rôle qu’elle se donne, en passant pour la victime de tout ce drame. Alors qu’elle a été l’œil du cyclone, si encline à tout ravager. Surtout à le ravager, lui. Le fou furieux reprend de la hauteur à son tour. « Tu as attendu trois foutues années pour revenir. Sans te demander… Sans te dire que je devais être quelque part à me demander ce qui s’était passé. Ce que j’avais fait pour te perdre comme ça. » Les intonations montent de plusieurs octaves. Le hargneux ne se maitrise plus du tout, il perd définitivement le contrôle même partiel sur cette facette de sa personnalité. Il a la tête tellement vide et les failles, bien présentes. « Tu m’as foutu en l’air et tu crois que je vais me satisfaire de ça ? Que je vais te dire que tout est pardonné et que je vais tout oublier parce que t’as pas été bien tout ce temps et que t’avais … Peur ? »  Son pied rencontre très vite le banc brutalement, celui-là même que sa comparse vient de quitter. Il bascule, cogne contre un casier en faisant un bruit démesuré.

Ses cheveux voilent bien mal la fureur contenue dans l'iris quand il s'approche ensuite d'elle, pour s'arrêter à moins d'un mètre. Menaçant sans même le vouloir, sans même le savoir. « Maeve, tu t’es suicidée. Tu t’es suicidée et tu m’as laissé seul sans la moindre explication. Tu ne m’as même pas laissé une note, pas le moindre foutu… » Un grognement, les poings qui se resserrent. Le souffle qui est expulsé avec rage, bruyamment. « Mais je suis qui pour toi ? J’étais qui pour toi vraiment ? Le bouche-trou, celui que tu réclamais quand l’un de tes tarés de petits copains venait de te larguer ? » Plus de compassion pour le moment, plus la moindre considération pour cette normalité que l’ancienne captive a voulu invoquer. Non, il ne reste plus que l’homme qu’elle a brisé, que l’ombre du garçon qui s’est accroché à elle jusqu’à en faire son seul foyer.

Revenir en haut Aller en bas
You were never gone ☾ MAEVE&DELSIN -

Revenir en haut Aller en bas

You were never gone ☾ MAEVE&DELSIN

 :: abandonnés
 Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» We were hungry before we were born ft Delsin
» help me to escape this nightmare [ft Delsin]
» What do I do when lightning strikes me? [PV Maeve]
» SAMHAIN (caleb & Maeve)
» Let's hurt tonight ☾ MAEVE&SENUA

Sauter vers: