Ophéa & Maks

I'll be your shelter

Une heure du matin. Les clients affluent mais le calme semble être de mise, du moins, aucune véritable violence à déplorer. C’est ce qu’il croyait, avant que ses doigts ne frappent à la porte, paquet dans le sac et qu’il a pris le temps d’aller chercher. Hakon est resté en bas, montant temporairement la garde à sa place, le temps qu’il fasse ce qu’il avait à faire. Il pensait que la violence était esquivée pour cette nuit, surtout à cette heure-ci, mais à peine pose-t-il un pied dans la modeste chambre du dernier étage qu’il constate avec amertume sa pitoyable erreur. Le maquillage sait dissimuler et camoufler bien des choses, mais Maksim ne connait que trop bien le visage d’Ophéa pour ne pas noter des teintes qui ne devraient pas être là, même estompées sous la poudre. La porte se referme derrière lui dans un grincement significatif et bientôt l’ambiance tamisée de la pièce reprend ses droits. Ils sont bien loin des sons plaintifs et étouffés des étages du dessous, ici règne le silence salvateur dont elles ont besoin pour se ressourcer, et en voyant la blonde, il se dit que ce n’est pas un mal qu’elle soit déjà là. Qu'est-ce donc ? Le fin sourire vient étirer la commissure de ses lèvres tandis que Fraser s’avance doucement, tendant le sac qu’il tient encore entre ses doigts. « Je t’ai amené un petit quelque chose, je me suis dit que ça te plairait. ». Il n’évoque pas les quelques hématomes qui se lisent sous les coups de pinceau, n’ayant pas vraiment l’envie d’aborder immédiatement un sujet qui fâche. Avant qu’elle n’attrape le sachet contenant le fameux paquet, la fille de joie reprend la parole et le blond n’a que le loisir de l’écouter en silence. Les silences et lui, en règle générale c’est tout une histoire d’amour. Quel plaisir de voir un visage aimable tiens. Pas comme l'autre bourreau là. Il me désole à être aussi... Con tiens. Nul besoin de demander de qui elle peut bien parler, Maksim a sa propre idée sur la question et cette idée ne lui plait pas, pire encore, ça le met presque hors de lui, si bien que s’il ne contrôlait pas suffisamment sa colère en cet instant, nul doute que le tonnerre se mettrait à gronder au-dessus du red lantern, voire même dans la pièce. Il fronce les sourcils, celui chargé de la sécurité, protecteur de ces charmeurs de nuit, contrarié, pleinement contrarié. Enfin...Tu viens après la bataille quoi. Lèvres se pincent quand il se rapproche encore et la laisse enfin récupérer le sac entre ses mains. « Serait-ce un reproche ? ». Il souffle. « Tu sais pertinemment que membre de la bratva ou pas, il va forcément payer tôt ou tard le nouvel affront qu’il t’a fait. Je ne suis peut-être pas arrivé au bon moment mais je n’oublie pas ce qui a été fait. Jamais. ». Le rebelle n’a que faire dans le fond, des différents statuts de leur gang, il dit ce qu’il a à dire de la manière dont il le dit et en assume toujours les mots et conséquences. Qu’elles soient bonnes ou non, lui aussi est capable d’encaisser les coups et il préfère sûrement mille fois les prendre plutôt que de voir une femme être battue. Cela réveille des souvenirs bien trop ancré dans son for intérieur, de ceux qui sont lentement dénichés et qui, pernicieux, viennent à l’esprit pour le tourmenter. Enfant il a vu sa mère se déchirer mentalement face à ces injustices et actes odieux, il ne souhaite pas recommencer, avec quiconque. Et certainement pas elle. Elles toutes. C’est pour cette raison qu’il est ici, à supporter les gémissements et autres orgasmes faussés ou pleinement assumés. C’est pour les protéger. Alors bien évidemment qu’il enrage de la voir ainsi. Bien évidemment que la colère gronde en son sein et menace d’exploser. Mais Maks se retient car c’est mieux ainsi dans l’immédiat, et il préfère de loin lui voler des sourires plutôt que de la voir se flétrir.

« Tu ferais mieux d’ouvrir ton paquet… » qu’il intime en hochant de la tête et lui adressant finalement un plus large sourire. Puis il recule, de quelques pas pour venir s’asseoir sur le bord du lit, bref moment de répit qu’il s’accorde et où il retire les gants de cuir noirs qui ne l’ont pas quitté ce soir.

Ophéa & Maks

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Bien évidemment qu’au fond, le blond prend la remarque d’Ophéa pour son propre compte. Il aurait bien aimé être là au moment où l’hideux s’en était donné à cœur joie sur elle, juste pour empêcher qu’elle n’ait à maquiller ces traces que beaucoup jugeraient disgracieuses. Ce n’est nullement le cas de Fraser, mais il ne peut toutefois pas dire qu’il apprécie de la voir dans un tel état. C’est même tout le contraire, ça le rend fou. Fou de colère car il considère cela comme un échec, pression sur ses épaules trop haute qu’il se met sans douter une seule seconde des facultés qu’il faudrait avoir en sa possession pour être en mesure de couvrir tous les risques encourus. Heureusement pour lui, les clients commencent à connaître son caractère de merde et qui ne plaisante pas, au bout d’une dizaine d’années bien tassées et passées, ils le peuvent aisément. Maksim n’a jamais fait dans la dentelle et ne le ferait jamais, plus bourru et glacé que réellement doux et attentionné. En public du moins. Car il est malgré tout un bon vivant une fois qu’on le connait. Preuve en est du geste envers Ophéa, sourire finissant par s’esquisser pour ne pas penser au fléau du passé. « Il le paiera. Je t’en fais la promesse. ». Tôt ou tard. Paquet entre les doigts de la jeune femme, le blond se recule juste assez pour s’asseoir en bordure de lit et retirer les gants de cuir qu’il n’a eu de cesse de porter ce soir. Sa peau est libérée et semble respirer l’air se trouvant dans la pièce. Pas de dorures ici, alors que les couloirs et notamment les escaliers du rez-de-chaussée en sont presque imbibés. Arrivé à cet endroit il n’y pour ainsi dire presque plus que la simplicité d’un confort rustique mais pas pauvre pour autant non plus. En silence, il fourre le tissu dans la poche de sa veste en cuir et l’observe d’un sourire s’émerveiller sur tout l’attirail qu’il lui a ramené. Je... Mais comment tu as su... Avant qu’il n’ait le temps de répondre quoi que ce soit, Ophéa l’enlace déjà et il lui rend son étreinte amicale, ricanant doucement, yeux vairons se posant dans le regard clair de la poupée. « Les Post-it. » qu’il se contente de dire et hausse un sourcil amusé face à sa réaction. Fraser sait observer, il n’a eu de cesse de le faire dans son enfance, il sait repérer les détails intéressants.  

« Tu m’en vois ravi d’avoir bien choisi. ». Le fin sourire s’élargit à nouveau tandis qu’il l’observe découvrir davantage ses nouveaux accessoires de dessin, puis, à sa demande, il fronce légèrement les sourcils. « Wow, j’ai pas signé pour poser en tant que modèle vivant nu. ». Une petite taquinerie volatile qui s’échappe de ses lits alors qu’il vient s’asseoir en tailleur sur le lit malgré tout et qu’il laisse tomber sa veste dans son dos. « Je suis habillé en noir, je ne sais pas si je vais être très intéressant à… Dessiner. ». Ou même intéressant à dessiner tout court, habillé de noir ou non. Si j'avais su que y'avait des types aussi sympa ici, je serais venue plus tôt. Cette fois, Maks pince les lèvres et tourne la tête de manière à lui jeter un regard en biais et réprobateur. « J’espère qu’il s’agit bel et bien d’une boutade de ta part… Sans quoi je serais obligé de grogner. ». Et un Maksim qui grogne n’est jamais beau à voir. « Comment est-ce que tu veux que je me mette ? Je reste comme ça ou… ? ». Il n’y connait strictement rien lui à l’art et se retrouve bien pataud de ne savoir s’il est dans la bonne position ou s’il doit agir autrement, ne plus bouger du tout ou simplement suivre son instinct et faire comme si elle ne s’apprêtait pas à le dessiner, lui et tous ses défauts. Lui et son passé aux sombres côtés. Car si Ophéa le voit comme un type bien sous tous rapports, il y a bien des choses qu’elle ignore. Irrémédiablement silencieux, il attend. Il attend de savoir ce qu’elle veut, visiblement peu à l’aise, quoi qu’il puisse bien en dire ou montrer. Pour peu, sa nervosité se lirait presque sur ses traits d’ordinaire fermés.  

Ophéa & Maks

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Rien ne saurait changer le fait qu’il l’apprécie et souhaite la savoir au mieux. Il n’est pas idiot au point de penser qu’entre ces murs elle pourrait être la plus heureuse, mais le blondinet fait en sorte que ce soit le cas au maximum. Cela commence donc par un cadeau, par ci par là, des mots et des sourires. Des années qu’il fonctionne de cette manière avec les pupilles du red lantern. Faire honneur à sa mère, il l’exécute chaque jour qu’Arcadia fait, autant que possible et sans rien en dire à quiconque. Il n’y a que très peu de personnes en ces murs qui connaissent l’effroyable vérité de son passé. Oh, il y a bien des rumeurs qui coulent dont celle qu’il aurait assassiné sa mère purement et simplement, mais elles n’ont jamais eu de suite et il n’y a pour ainsi dire jamais répondu. Maksim est plus intelligent que ces langues bien pendues prononçant milles balivernes. Le visage éclairé d’un sourire vaut tous les remerciements du monde pour Fraser lorsqu’il observe la jeune ingénue s’enticher de son tout nouveau matériel. Très observateur, Monsieur Fraser. Mais c'est que dans le meilleur des sens. Le sourire en coin qu’il arbore lui-même ne fait que s’étirer davantage face à l’échange simple qu’ils ont. Il ne l’avouera pas mais leurs entrevues a le don de lui permettre de souffler à lui aussi, car un job n’est jamais facile, quel qu’il soit, tout comme les problèmes propres à tout à chacun. Et dernièrement, Maks en est bourré à souhait. Bourré à souhait sans toutefois en parler ni même l’évoquer, il préfère de loin garder ses airs temporairement amusés. L’atmosphère d’abord lourde finit par s’alléger et le gardien de la sécurité en oublie presque les hématomes dissimulés sous le maquillage d’Ophéa. Bien vite rattrapé par la conversation, c’est avant d’avoir le temps de dire ouf qu’elle lui demande de servir de modèle, ou plutôt qu’elle lui impose. D’abord forcé de froncer le nez car peu convaincu d’être le modèle idéal pour ce genre de chose, Maksim finit malgré tout assis sur le lit. Mais non idiot, quoique.... Un petit portrait pour ta conquête du moment pourrait lui plaire pour lui montrer tes plus beaux attributs. Qui sait ? Il hausse les épaules, par réflexe, toisant de ses yeux vairons celle qui se tient non loin de lui. « Il n’y a pas de conquête du moment, et s’il y en avait une, je pense que je servirais de toile vivante. » qu’il humorise en se dardant toujours de son sourire.  

En silence, le blond ne cesse de la regarder, se faisant oreille attentive de ses explications et faisant parfois disparaître son sourire. Nul besoin de retirer ses vêtements pour cette fois, ça le rassure mais ne balaye pas la nervosité d’un Fraser qui n’a jamais servi de modèle. « Le rouge m’irait vraiment au teint, tu crois ? ». Voilà qu’il se mettait à parler chiffon, il était vraiment en train de faire des efforts. « Je ne suis pas un habitué des poses mais je vais essayer, pour toi. » qu’il reprend avant de marquer une pause brève. « Pour ce qui est de la peinture en revanche, ça attendra un peu… Je ne suis pas sûr que tu le mérites… ». La taquinerie est bien présente dans l’intonation de sa voix ainsi que son attitude des plus amusées. Il relâche la pression en cet instant, décidé à s’accorder un peu de répit, à lui, mais surtout à elle. Cela aurait été mieux pour moi que de te connaître en dehors de tout ceci, vraiment. A dire vrai il n’en est pas certain, en dehors de ces murs Maks considère qu’il n’a strictement rien d’intéressant si ce n’est sa carrure de bad boy rebelle. Il n’est certes, pas de désagréable compagnie et sait en jouer mais il est bien plus souvent solitaire que véritablement accompagné. A force de vivre seul dans son adolescence il a fini par s’y habituer, quand bien même il ne manque pas d’amis. Il n’en a pas beaucoup mais sait qu’il dispose de certaines personnes sur qui compter en cas de besoin, et c’est ce genre de personne qu’il veut être pour Ophéa et la majeure partie de celles et ceux se trouvant ici.

La main féminine tapote la chaise positionnée près de la fenêtre et le blond comprend qu’il doit s’y rendre. Bien. Il a dit qu’il ferait un effort. Ni de une ni de deux, il se hisse hors du lit et vient prendre place, non sans avoir posé sa veste en cuir sombre juste avant. La fine lumière éclaire juste ce qu’il faut de son visage tandis qu’il rebalaye une mèche indomptée en arrière. Détend toi, sinon je risque de te dévisser le cou. Les lippes se pincent et le regard lance un bref éclair d’avertissement. Maksim le bougon fait une légère apparition aux yeux de la blonde mais il obéit presque docilement, relâchant ses épaules et posant son regard droit devant lui sans réellement l’observer elle. Il fixe un point et bientôt ne bouge plus, prêt à rester ainsi durant de longues minutes. Aux questions d’Ophéa il n’ose sourire ni pencher la tête malgré l’envie qui le prend au creux de ses entrailles. Il pense puis réfléchit à ce qu’il pourrait dire ou ne pas dire. « Je n’ai pas vraiment pour habitude de parler de moi. C’est un fait avéré. ». Et une première information donnée. « Je peux au moins te dire que non, je n’ai pas de petite amie. Tu connais déjà Hakon, mon chien. Je fume depuis que j’ai 15 ans et… Euh… Voilà ? ». Oui, Maksim n’était pas franchement doué pour parler de lui…