BREAKING EVERY PROMISE MADE __ KHEIRA & SAHARA

Chaos, you got a one way ticket to. Chaos, you go down. Asphyxating while I pray, I'm dead. You can't make me compromise, I'm dead. I've got a cut in my soul. That just won't heal.

Fines gouttes de pluie qui se jettent dans les vastes étendues d’eaux salées, témoins des sombres machinations ayant abouties au pire. Choc d’une violence inouïe, expérience tragique ancrée au fond de ses tripes. Spasmes étouffés, souffrances abdominales mués en plaintes silencieuses. Souvenirs d’immondice qui rebondissent contre les parois de son crâne, actes d’exaltation assorties de promesses de damnation éternelle. Péchés mortels qui bouleversent un équilibre psychique déjà fragilisé. Font de lui le prisonnier d’une boucle sans fin, où l’existence n’est plus qu’une succession de journées qui n’ont ni début, ni fin. Un adepte fervent du châtiment corporel et moral. Parce qu’il le mérite. Que le désespoir s’abatte sur lui, réduisant ce qu’il reste d’exultation au néant. De se tordre sur le sol dans une lente et douloureuse agonie. Car il porte encore l’odeur du sel sur son corps. Épais voile d’ombre qui recouvre désormais le visage d’une beauté quasiment irréelle. Disparition qui torture le mental déjà bien éprouvé. Fait rougeoyer les braises incandescentes de son angoisse.

Le regard dans le vague, à se concentrer sur le clapotis régulier de la mer, les impénétrables murmures nocturnes du vent, qui souffle sa sonate assourdissante. Autant pour évacuer la culpabilité que pour distraire la douleur. A méditer tranquillement pendant que le reste de l’équipage s’active sans relâche. Certains élaborent déjà moultes stratégies pour redresser le navire bien endommagé. D’autres sont en opération capture, une épuisette à la main. Ou en train de construire un abri digne de ce nom. L’épuisement faisant une entrée fracassante à travers tous les muscles, tandis qu’ils commencent sérieusement à suer à grosses gouttes. En soulevant de nouvelles questions, en attendant des signes d’approbation, ils le sortent de sa torpeur. Celle dans laquelle il est plongé depuis l’avènement de cette nouvelle ère. Et les tensions, elles ne cessent de grandir. Parce qu’en prenant les rênes du groupe, il porte le poids d’une lourde responsabilité. Un précieux fardeau niché entre ses petits bras frêles. Difficile d’endosser le rôle de chef sans trop cogiter.

Pas certain de mériter autant d’éloges. Que de la force naisse le mérite. Que du mérite naisse la gloire. Et pourtant, il n’envisage pas vraiment de baisser les bras face aux difficultés. Persévérant et régulier dans ses efforts. A traîner, les pieds dans le sable, pour faire travailler en douceur les articulations. A la recherche de vieux matériaux à peine rénovés, occupé avec entrain au renouvellement du stock de provisions. Et il revient avec une grande bâche. Recouvre une structure en bois histoire de La protéger des dérèglements météorologiques. Dispose sur le sable fin quelques couvertures usées et élimées à plusieurs endroits. L’instinct protecteur inscrit dans les gènes. Refusant que le petit oisillon prenne son envol et trace sa vie tout seul. Toujours à en prendre soin comme de la prunelle de ses yeux. Petite créature étouffée jusqu’à l’asphyxie. A chercher dans la noirceur de la nuit, Sa silhouette sombre pour s’y agripper. L’ombre au lointain qui le défie du regard.

Il va vers Elle, une lueur d’affection dans le cœur. « Viens, j’ai quelque chose à te montrer ». La dévisage avec une douloureuse anxiété, toujours sonné à cause de l’énorme incendie, d’origine inconnue, ayant ravagé le White Fangs. Avant de se diriger vers le fruit d’un travail fastidieux. « Voilà. Tu as maintenant l’opportunité de séjourner dans un hôtel quatre étoiles et de profiter d’un raffinement sans comparaison. Sans le lit moelleux et confortable. Sans les tapisseries à fleurs et quelques frivolités sur les murs. Mais j’imagine que ça fera l’affaire ».  Sourire forcé scotché aux lèvres. Parce que la nuit ne porte plus aucune lumière. Parce que désormais, tout se ressemble. D’une morne couleur grise, signe d’une profonde tristesse. Et il le ressent. Le froid mordant qui paralyse les membres. Place une tige entre ses deux paumes. Friction importante jusqu’à obtenir de la chaleur et de la sciure. Et il l’entend enfin. Le crépitement du feu qui ronge le bois. Dépose une bûche fraîchement découpée, plonge son regard dans l’énorme brasier de flammes qui se tient au centre. « L’épidémie nous oblige à rester sur l’île. Nous allons avoir tout le loisir de comprendre ce qui est arrivé. Je vais avoir besoin de toi ». Qu’il demande. Parce qu’elle est la seule à s’attirer ses faveurs et sa confiance.